Je soupire lorsque Bonnie sort son ordinateur portable pour le déposer sur la table basse du salon. J’ai à peine eu le temps d’aller déposer Samuel au centre asperger de la ville qu’elle se tenait déjà devant ma porte prête à en découdre avec le monde du marché, mais surtout avec moi. Nous sommes le 06 janvier, ce qui veut dire qu’elle ne m’aura même pas laissé le temps de m’acclimater à cette nouvelle année avant de venir m’emmerder -encore une fois- avec cette histoire de C.V. Bonnie est la babysitter de mon frangin et non la mienne même si parfois ça en a tout l’air. “Tu veux pas te rendre utile et me servir un café au lieu de tirer la tronche ?” - “Très drôle, ça.” Je rétorque en la fusillant du regard. Elle esquisse un de ses sourires machiavéliques et se met à pianoter rapidement sur les touches de son clavier tandis que je m’attèle à faire ce pour quoi j'excelle le plus en ce moment : la confection de boissons chaudes. Elle sait que je déteste mon nouveau boulot et que je m'emmerde comme un rat mort, ce qui ne l’empêche pas de sauter sur la moindre occasion pour remuer le couteau dans la plaie. “Bon, t’en es où dans tes recherches ?” Elle se prend pour qui ? Ma conseillère d’orientation ? “Toujours au même point qu'hier soir. ” Je réponds en appuyant sur le bouton de la machine à café alors que je peux l'entendre souffler. Il est grand temps d’aller de l’avant, c’est que me répète Dinis et sous-entend Bonnie depuis déjà quelques semaines. La nouvelle année a beau avoir commencé, j’ai toujours un pied dans celle qui vient de s’écouler. Pourtant, ils ont raison. Je suis devenu partisan du moindre effort, toutes les choses qui avaient le don de me motiver me laissent, dorénavant, complètement indifférent. Et tout ce que je croyais important me semble insignifiant. “Je t’ai fait une liste des offres d’emplois qui pourraient t'intéresser." Nombreux sont les gens qui se sont montrés distants depuis avril dernier. Des gens avec de bonnes intentions qui pensaient sans doute qu’il était nécessaire de me laisser de l’espace pour pouvoir faire mon deuil comme je l'entends. Bonnie a fait tout le contraire, elle ne m’a pas lâché d’une semelle et ne s’est pas gênée pour faire appel à son franc-parler lorsque j’ai eu tendance à un peu trop me laisser aller. “Fais-moi rêver.” Je dis en forçant un sourire. J’attrape nos deux tasses de café et traîne des pieds jusqu'au salon avant de prendre place à ses côtés. J’ai passé la dernière année à courir après une vie que je n’aurais jamais sans prendre le temps de profiter de l’instant présent. J’ai cru que pour réussir, il fallait à tout prix que je passe plus de temps au travail qu’auprès des miens. J’étais persuadé qu’en sacrifiant quelques années, ça finirait forcément par payer et que j’aurais tout le temps d’en faire profiter mes proches une fois que ce serait le cas. Je me suis trompé sur toute la ligne. Non seulement j’ai fini par démissionner, mais j’ai aussi appris que le temps était éphémère et qu’il pouvait arriver d’en manquer. J’observe la liste en mimant une négation de la tête par moment - à chacune des propositions pour être exact - avant de recracher mon café par les trous de nez. Elle est prise d'un fou rire tandis qu’il me faut un instant pour reprendre ma respiration. “J’ai une gueule à bosser pour un sex-shop ? ” Bonnie hausse les épaules en roulant des yeux alors que je m’empresse de faire défiler la liste pour passer aux propositions suivantes. “Ce que tu peux être coincé ! C’est quand la dernière fois que tu t’es envoyé en l’air ?” Elle a toujours été hyper à l’aise avec sa sexualité contrairement à moi. C’est un sujet que je ne préfère pas aborder et l'industrie des jouets sexuels feraient sûrement faillite si j'étais celui qui devait convaincre les gens d'en acheter. “Pas plus tard que cette nuit, merci de t'en soucier. D’ailleurs si tu pouvais baisser d’un ton, tu risques de la réveiller.” Je rétorque en chuchotant. Elle passe sa main sur sa bouche en faisant mine d’être mi surprise, mi heureuse pour moi alors que nous savons tous les deux qu’il n’y a personne à réveiller si ce n’est Dust, mon chien, qui doit taper sa meilleure sieste dans la chambre d’à côté. Mes yeux s’attardent sur la dernière ligne, la seule annonce qui a su me faire de l'œil lors de mes nombreuses recherches nocturnes. Et la seule qui m’a donné envie d’écrire une lettre de motivation, aussi. Lettre que je n’ai jamais eu le courage d’aller déposer. “C’est pas aussi cool que les sextoys, mais bon, je dirais pas non à une petite robe hors de prix.” Elle ajoute en souriant fièrement. Y’a un truc dans son rictus qui me fait dire que l'agencement des propositions n’avait rien d’anodin et qu’elle a sans doute voulu garder le meilleur pour la fin.
Bonnie a quitté l’appartement en fin de matinée juste après m'avoir fait promettre de profiter de ma journée de congé pour aller déposer ma candidature chez Weatherton. J'ai longtemps hésité avant de sauter le pas. Ma lettre de motivation est prête depuis un mois et je suis passé devant l’atelier trop de fois pour pouvoir les compter sans jamais oser y mettre les pieds. Primo parce que je n’y connais pas grand chose à la mode. J’ai toujours préféré les habits de secondes mains même s'il n'y a que dans un costard cravate que j'ai la sensation d'être important. Secondo, parce que je ne suis pas sûr d’être prêt à retrouver un job à haute responsabilité et tous les inconvénients que cela comprend. J’ai l’impression d’être rouillé et mon expérience à la MHI a quelque peu affecté mon égo surdimensionné. Pour autant, je crois qu’il est temps de remettre le pied à l’étrier au risque de vraiment finir ma vie à vendre des cafés. L’avantage après une première expérience professionnelle plutôt catastrophique, c’est qu’il ne peut pas y avoir pire. On se croirait à la fashion week. Sérieusement, même les salariés de la MHI n’étaient pas aussi bien sapés que ceux qui vont et viennent dans le hall d’entrée. “Psst, toi ! La version miniature de Carrie Bradshaw.” Oui, j’ai eu le temps de potasser au cours du dernier mois. En fait, je me suis juste contenté de binge watcher les saisons de The Carrie Diaries et de regarder quelques films sur la mode que google m’a gentiment recommandé. Je me dis qu’on me prendra un peu plus au sérieux si j’arrive à placer quelques références, par-ci, par-là et que le culot se chargera du reste. J’arque un sourcil lorsqu’une femme plus âgée se retourne l’air presque flattée. “Mais non, pas vous, elle !” Je m’insurge en pointant la jeune fille en question du doigt. Elle a l’air d’avoir mon âge ou peut-être un peu moins. Quant à l'usurpatrice, elle n’a jamais dû regarder la série. Elle est brune et trop ridée pour ressembler de près ou de loin à l'actrice qui incarne le rôle principale. “Tu sais où je peux déposer mon C.V ?” Je demande en agitant l’enveloppe en tissu léopard que j’ai confectionné avec soin. Ma première création. J'ai failli y laisser plusieurs de mes doigts, mais il faut ce qu’il faut pour arriver à se démarquer. C'est juste un stratagème parmi tant d'autres afin d'éviter à ma candidature de se perdre au beau milieu d’une pile que je devine déjà bien remplie. Y’a rien de plus hideux qu’un morceau de textile tacheté, non pas que je sois le mieux placé pour parler, mais j’ai des yeux et ça suffit savoir qu'elle risque de susciter quelques regards et de rendre aveugle, aussi. “Il est trop sym-pa ton sac, c’est un quoi ?” C’est à peine si j’y ai jeté un coup d'œil, mais vous savez comment ça marche, les gens sont plus emprunts à être aimables après avoir été complimentés, c’est scientifiquement prouvé.
BY PHANTASMAGORIA
Dernière édition par Angus Sutton le Dim 15 Jan - 11:23, édité 1 fois
Millie Butcher
les enfants du silence
ÂGE : vingt-cinq ans; les années s'ajoutant au compteur ne font qu'éloigner les souvenirs restés, eux, bloqués dix ans en arrière. SURNOM : millie en est déjà un, son prénom n'étant plus utilisé depuis des années désormais. mills, de temps en temps, quand l'humeur y est propice. STATUT : célibataire, incapable de se projeter dans la moindre relation sur le long terme, sabotant sa vie privée avec une aisance à faire peur. MÉTIER : mettre des oeillères n'aura pas permis d'éviter tout ce qu'elle tentait de mettre de côté depuis des années: son nom sera bientôt sur tous les écrans, alors elle a préféré démissionner sans donner d'explications pour éviter que les retombées se fassent sur les mauvaises personnes. LOGEMENT : #03 james street (vous saisissez l'ironie ?) dans fortitude valley, en colocation avec flora et un million de rouleaux de tissus entassés dans un coin de sa chambre. POSTS : 1491 POINTS : 40
TW IN RP : deuil, kidnapping, disparition. ORIENTATION : J'aime les beaux garçons. CODE COULEUR : slateblue. RPs EN COURS : (six) - present: cecilia #2 › emery › ottie #2 › riley › sloane | alternative: olive (sd) RPs TERMINÉS :
AVATAR : zendaya coleman. CRÉDITS : ultra-violences (avatar) › goobergifd (profil+signature gifs) › loonywaltz (ub). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 22/07/2022
Cela devait faire presque une heure que Millie était debout au milieu de l’atelier, à simplement prendre des notes. Elle n’avait aucunement compris pourquoi elle était supposée agir de la sorte, faisait d’elle plus une bête de foire au milieu de ceux qui s’agitaient dans tous les sens et couraient partout qu’une autre, mais elle s’appliquait à la tâche qui lui avait été confiée. Et puis, très honnêtement, cela faisait bien longtemps qu’elle avait arrêté d’essayer de comprendre tous les tenants et aboutissants des demandes de James. Peut-être que d’ici à quelques jours, quelques semaines, elle aurait une explication quant à la mission qu’elle était en train de mener à bien. Peut-être qu’elle n’en aurait jamais plus de nouvelles, aussi; c’était d’ailleurs une partie de son rôle qu’elle avait eu du mal à comprendre et à accepter au début, lorsqu’elle avait commencé à bosser pour le créateur, elle qui aimait bien comprendre ce qu’elle faisait et pourquoi elle le faisait. Désormais, elle arrivait à se tenir au milieu d’une fourmilière, stylo et carnet en main, sans se demander si ce qu’elle était en train de faire avait un réel sens ou non. Elle savait que l’importance d’un travail bien fait, dans des conditions correctes, représentait l’une des préoccupations principales de Weatherton père et fils, puisque si les employés travaillent dans de bonnes conditions, les résultats étaient meilleurs. Et ça, c’était un point important pour l’entreprise: de bons résultats. Alors, avec un peu d’imagination, elle pouvait se dire qu’étudier la façon dont travaillaient les artistes permettait d’améliorer les confections de certaines collections ) ou elle ne savait quoi encore, la liste des possibilités était presque infinie.
« Psst, toi ! La version miniature de Carrie Bradshaw. » Si elle pouvait imaginer bien des excuses à James pour la faire travailler sur des sujets qu’elle ne saurait deviner, en revanche cette phrase prononcée là au milieu de toutes ces personnes concentrées à leurs pupitres ne pouvait être une imagination de sa part. Relevant lentement la tête de son calepin, elle tourna cette dernière toujours au ralenti en direction de la voix qui s’était élevée au dessus du reste des bruits ambiants. « Mais non, pas vous, elle ! » La couturière qui se trouvait au milieu du jeune homme qu’elle pouvait désormais voir et elle semblait déçue; tant pis, à dire vrai. De son côté, Millie elle était surprise que quelqu’un lui adresse la parole alors que d’ordinaire, à peu près tout le monde la laissait dans son coin, faire son boulot, ne voulant également pas s’attirer les foudres de l’assistante de James. « C’est à moi que tu parles ? » Le ton emprunté ne comportait aucune agressivité ou nuance de ce genre là, mais simplement toute la surprise qu’elle pouvait éprouver en cet instant. Le visage qui s’imposait désormais à elle ne lui disait absolument rien: elle ne l’avait jamais vu au sein de Weatherton, ni sur aucun des podiums auxquels elle avait pu assister. Et même si elle croisait énormément de monde par mois, elle se souvenait de tous les visages car James était un homme capricieux au point d’en arriver à lui poser des questions sur les personnes qu’ils croisaient. « Tu sais où je peux déposer mon C.V ? » - « Un C.V ? » La question tombait un peu comme un cheveux sur la soupe. « Pas ici, ou pas vraiment. Si c’est pour bosser chez Weatherton, c’est presque le bon endroit. Sauf qu’ici c’est l’atelier et que les bureaux sont pas tout à fait au même endroit. » Son regard avait parcouru rapidement le jeune homme de la tête aux pieds, et s’était bien sur arrêté sur l’enveloppe qu’il brandissait sous ses yeux. Intéressant, curieux - l’enveloppe était affreuse en revanche. Elle tendit cependant la main pour attraper l’emballage à motif du bout des doigts, tirant légèrement dessus pour l’extirper de la prise du brun. « Mais c’est presque ton jour de chance, je m’y rends tous les jours et plusieurs fois par jour, donc je pourrais déposer ça pour toi si tu veux. » Son regard passa de celui du jeune homme à l’enveloppe, désormais en sa possession. « Curieux choix de motif. »
« Il est trop sym-pa ton sac, c’est un quoi ? » Ce fut à ce moment là qu’elle commença à plisser quelque peu les yeux, un air légèrement amusé accroché à sa moue, se laissant un instant de réflexion avant de répondre. Soit il était complètement idiot et tentait de gratter la sympathie, soit il était totalement idiot mais ne le faisait même pas exprès et parlait simplement sans faire attention à ce qu’il disait. Effectivement, le sac qu’avait Millie était sympa, elle le savait pour l’avoir choisi elle-même - un cadeau de son père pour son anniversaire. Cependant, la façon dont il lui faisait le compliment détonait avec le reste du tableau qui lui était présenté; elle aurait pu croire au compliment, simplement il n’avait en rien l’allure de quelqu’un qui saurait dire si son sac était sympa ou non. « Chanel, si ça t’intéresse vraiment. » Glissant l’enveloppe léopard dans le dit-sac, elle croisa par la suite les bras sur sa poitrine. « Mais je parie que t’en as pas grand chose à faire de la réponse, je me trompe ? » Il y avait une pointe d’amusement dans sa voix, et elle en était la première étonnée, elle qui était dérangée alors qu’elle avait encore masse de travail à abattre pour la journée. « Comment t’en es venu à choisir ton costume, toi ? T’as osé mettre un Weatherton ou t’as pas été jusque là ? » Oh, Millie savait pertinemment que ce n’était pas le cas, elle qui connaissait les collections par coeur sur les quinze dernières années. Mais il semblait avoir du toupet, alors elle désirait observer jusqu’où il était capable d’aller, savoir s’il était nécessaire de transmettre l’enveloppe qu’elle avait désormais en sa possession à qui de droit - elle ne savait même pas pour quel poste il s’aventurait jusqu’ici, le garçon.
Il existe plusieurs catégories de personnes dans ce monde : Celles qui préparent leurs tenues la veille pour être sûres d'être on fleek au petit matin et celles qui s’en moquent pas mal quitte à choisir leurs habits à l’aube, la tête encore dans le cosmos. En général, on les reconnait aux chaussettes dépareillées et aux vêtements froissés. Je faisais partie de la première catégorie quand je bossais encore à la MHI avant de tout plaquer et d’aller me réfugier dans un ranch à quelques kilomètres de Sydney. Je ne regrette pas d’avoir démissionné, le job à l’expresso patronum m’a même fait l’effet d’une bouffée d’air frais pendant un temps. C’était presque libérateur de ne plus être submergé par la peur de ne pas être à la hauteur et plutôt plaisant d’être pratiquement certain de toujours finir à l’heure; mais ce qui me plaisait par dessus tout, dans les début, c’était de ne plus avoir à porter le costume deux pièces. Alors certes, c’est un détail qui m’a longtemps donné l’impression d’appartenir à un groupe; d'être important. Le problème avec les impressions, c’est qu’elles sont faites pour ne durer qu'un temps. J’ai appris à mes dépends que les gens qui ne voyaient que par l'argent; manquaient cruellement de valeurs. J’observe les différentes personnes qui m'entourent, mon regard s’attardant sur leurs tenues plus que sur les traits de leurs visages. L'atmosphère qui règne dans la pièce m'est familière, la prestance qui se dégage des salariés, aussi. Des éléments qui, l'année dernière, m'auraient à tout prix donné envie de décrocher le job pour lequel je suis venu postuler. Aujourd’hui, ça me donne presque envie de faire demi-tour et d’aller déposer mon C.V chez le vieil antiquaire du quartier. Pour la simple et bonne réponse qu'à présent, je sais que plus on se trouve au sommet de la hiérarchie sociale et plus on est doué pour les coups bas. Je ne connais aucune des personnes ici présentes, mais j'en devine les vices. Derrière les sourires polis et les habits hors de prix se cache l'individualisme. C'est le problème avec la compétition, plus l'enjeu est grand et moins il y a de place pour les vraies relations. Je suis de ceux qui, désormais, pensent qu'il ne peut pas y avoir de relation sincère au sein d'une grande entreprise. Ces inconnus partagent peut-être la même passion et ils leur arrivent sans doute de s’entraider sur des projets, mais s'ils ont fait le choix de bosser pour une maison de haute couture, c'est soit pour essayer de se faire un nom dans le monde de la mode et donc d'être forcé de se démarquer; soit pour pouvoir se vanter de bosser auprès des plus grands. L'un dans l'autre, il arrivera bien un moment où ils devront choisir entre une amitié et la possibilité d’évoluer.
« C’est à moi que tu parles ? » Non, à la voisine. J'acquiesce de la tête tout en m'avançant pour aller la retrouver. Plus je la toise du regard et plus son visage me semble familier. Elle a tout d'une Carrie Bradshaw, les cheveux blond et ondulés, mais surtout la tenue qui gueule "regardez-moi, je suis une fashion victime." Plus victime, que fashion si vous voulez mon avis puisqu'elle n'a pas l'air de prendre part aux différents projets. Non, elle se tient debout et note quelques trucs sur son carnet. « Un C.V ? » Je la regarde en arquant un sourcil et m'apprête à lui pondre la définition d'un curriculum vitae avant de me pincer les lèvres. "Toi, t'as dû être pistonnée." Peut-être même que j'ai affaire à la nièce du patron ou à la fille d'un de ses collègues qui avait besoin d'un endroit pour faire son stage. Ce qui ne serait pas étonnant. Ca expliquerait pourquoi elle manie le crayon au lieu de manier les différents tissus qui sont exposés un peu partout dans la salle. « Pas ici, ou pas vraiment. Si c’est pour bosser chez Weatherton, c’est presque le bon endroit. Sauf qu’ici c’est l’atelier et que les bureaux sont pas tout à fait au même endroit. » Elle me reluque de la tête aux pieds et je peux presque l'entendre critiquer le choix de ma tenue. C'est néanmoins sur mon enveloppe que son attention se reporte ainsi que sa main qui tente l'attraper à la volée. Je fais un pas en arrière pour essayer de l'en dissuader et manque de faire tomber un des buste de couture. "Qui me dit que je peux te faire confiance ?" Je rétorque tout en tapotant l'épaule du mannequin pour qu'il cesse de trembler. Je murmure un "tout est sous contrôle. Keep up the good work !" en levant mon pouce en direction de toutes les personnes qui se sont retournées pour me dévisager. « Mais c’est presque ton jour de chance, je m’y rends tous les jours et plusieurs fois par jour, donc je pourrais déposer ça pour toi si tu veux. » Ouais, c'est bien ce que je pensais. J'ai devant moi une petite pistonnée ou la petite protégée du patron. J'aimerais lui dire de courir tant qu'il est encore temps, mais peut-être que le patron est un bon gars et qu'il n'est pas aussi exécrable que Saül. "Ok, mais je veux une preuve. Une photo de l'enveloppe sur le bureau de Mr Weatherton fera l'affaire." Parce qu'elle a beau avoir l'air aimable et sincère, elle peut toujours me la mettre à l'envers.
« Chanel, si ça t’intéresse vraiment. » Pas le moins du monde, mais il va bien falloir que je commence à m'y intéresser. Je me demande ce que ça doit faire de pouvoir dépenser des milles et des cents dans un objet aussi futile qu'un sac à main. Est-ce qu'elle est du genre à être de celles qui leur donnent un nom ? Ou de ces personnes qui utilisent une chaise pour y déposer leur accessoire fétiche comme si l'objet était un être humain. « Mais je parie que t’en as pas grand chose à faire de la réponse, je me trompe ? » Mon sourire en dit long, évidemment que j'en ai rien à faire de sa réponse, mais le fait que ça l'amuse me prouve qu'il y a peut-être encore un peu d'espoir pour la jeune fille et que son cerveau n'a pas encore été totalement rongé par l'argent. « Comment t’en es venu à choisir ton costume, toi ? T’as osé mettre un Weatherton ou t’as pas été jusque là ? » Elle arrive même à me décrocher un rire. "Non, je garde le costume et les chaussettes floquées à l'effigie du patron pour le jour de l'entretien." Je chuchote en me penchant vers elle comme si c'était un secret d'état. " "C'est un Christian d'or." J'ajoute sur un ton on ne peut plus pédant. Le costume que je porte a été acheté sur un site internet, il me reste trois jours pour en profiter avant de le renvoyer et ainsi me faire rembourser. Il est sobre et me donne l'air d'être intelligent, le seul hic c'est les deux étiquettes que j'ai pris soins de cacher et qui sont en train de m'irriter le haut du dos et le bas des reins. "T'as le droit à une pause ?" Je demande en jetant un coup d'œil à mon portable. Il est presque 13h soit à peu près l'heure à laquelle il m'arrivait de manger quand je bossais à la MHI. "J'ai repéré un food truck au coin de la rue." Peu sophistiqué, c'est vrai. Toutefois, je ne crois pas qu'il existe de restaurant gastronomique où le service est assez rapide pour pouvoir y aller durant la pause et quand bien même ce serait le cas, mon compte en banque n'y survivrait pas. "C'est moi qui offre." J'ajoute en lui faisant signe de me suivre. Un petit geste commercial pour que mon enveloppe puisse arriver à bon port, c'est à dire entre les mains de James Weatherton.
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Millie Butcher
les enfants du silence
ÂGE : vingt-cinq ans; les années s'ajoutant au compteur ne font qu'éloigner les souvenirs restés, eux, bloqués dix ans en arrière. SURNOM : millie en est déjà un, son prénom n'étant plus utilisé depuis des années désormais. mills, de temps en temps, quand l'humeur y est propice. STATUT : célibataire, incapable de se projeter dans la moindre relation sur le long terme, sabotant sa vie privée avec une aisance à faire peur. MÉTIER : mettre des oeillères n'aura pas permis d'éviter tout ce qu'elle tentait de mettre de côté depuis des années: son nom sera bientôt sur tous les écrans, alors elle a préféré démissionner sans donner d'explications pour éviter que les retombées se fassent sur les mauvaises personnes. LOGEMENT : #03 james street (vous saisissez l'ironie ?) dans fortitude valley, en colocation avec flora et un million de rouleaux de tissus entassés dans un coin de sa chambre. POSTS : 1491 POINTS : 40
TW IN RP : deuil, kidnapping, disparition. ORIENTATION : J'aime les beaux garçons. CODE COULEUR : slateblue. RPs EN COURS : (six) - present: cecilia #2 › emery › ottie #2 › riley › sloane | alternative: olive (sd) RPs TERMINÉS :
AVATAR : zendaya coleman. CRÉDITS : ultra-violences (avatar) › goobergifd (profil+signature gifs) › loonywaltz (ub). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 22/07/2022
L’étonnement sur le visage de Millie n’était pas dû au fait qu’elle ne connaisse pas la définition d’un C.V, mais tout simplement parce-qu’il était assez rare de voir les postulants au sein même de l’atelier plutôt que dans les couloirs menant aux bureaux des ressources humaines. C’était audacieux, il fallait l’avouer: si James s’était trouvé dans les parages, cela aurait pu être quitte ou double pour le jeune homme. « Toi, t'as dû être pistonnée. » Mais apparemment, il avait assez de cran pour s’en sortir s’il tombait nez à nez avec le patron, alors la pointe de compassion que la jeune femme s’était mise à éprouver à son encontre disparue rapidement à l’entendre. « Comment tu l’as deviné ? » Son ton était sarcastique, autant que ses paroles étaient fausse. En aucun cas elle avait été pistonnée; un coup de chance peut-être puisque l’ancienne assistante de James avait été mise à la porte au moment où elle s’était elle mise à chercher un travail, mais elle avait du prouver qu’elle méritait sa place comme tout le monde. Elle continuait d’ailleurs de le faire au quotidien. Mais en réalité, peu lui importait ce que la grande asperge devant elle pouvait bien penser, et elle était déjà bien gentille de se proposer pour déposer son C.V, donc, apparemment, sur le bureau de qui de droit. « Qui me dit que je peux te faire confiance ? » Elle haussa un sourcil. « Tout le monde ici pourrait te le dire, mais tu les connais pas plus que moi alors ça avancerait à rien. » Oh, même si bien des personnes présentes autour d’eux ne connaissaient pas son prénom, ils savaient tous qu’elle était l’assistante du grand chef; assez en tous cas pour avoir peur parfois de s’exprimer en sa présence, au cas où elle fasse un rapport à James en fin de journée - comme si James avait le temps pour ce genre de choses. « Ok, mais je veux une preuve. Une photo de l'enveloppe sur le bureau de Mr Weatherton fera l’affaire. » Elle retint un rire, mais pas le petit sourire allant de paire avec. « Oh, je peux t’envoyer une photo de ton enveloppe sur le bureau de monsieur Weatherton si tu veux… » Elle tira cette dernière d’entre les doigts du brun, la glissant dans son sac à mains. « … mais c’est pas lui qui traite ça et il risque de se demander ce qu’elle fait là. Donc je vais la déposer à qui de droit, et si jamais James me parle de toi, je pourrais peut-être lui glisser un mot ou deux en ta faveur. » Le burn pensait déjà qu’elle était pistonnée, alors elle en jouait peut-être un brin de trop pour ne pas s’amuser en cet instant. Bien sur, son patron ne mettrait jamais son nez dans ce type d’affaires, et Millie ne lui parlerait pas en faveur d’un jeune homme qui pensait pas grand chose de sa personne, de ce qu’il laissait paraitre. Mais elle savait prétendre quand il fallait, surtout lorsqu’elle savait que la discussion ne donnerait pas grand chose in fine.
Ce fut finalement une fois que l’enveloppe fut sécurisée que le jeune homme détourna la conversation pour la diriger vers un sujet que Millie n’aurait pas vu venir. Effectivement, elle avait là un beau sac entre les mains - vu le prix que son père avait mis dedans, il avait intérêt à être beau -; il n’était également pas arrivé dans ses mains aujourd’hui par hasard puisqu’avec le temps et les études, la jeune femme avait appris à accorder ses tenues avec ses accessoires et inversement. Cependant, elle était persuadée qu’elle pourrait donner la réponse la plus détailler du monde au brun qu’il n’en aurait rien à faire. Il n’avait pas la tête de celui s’intéressant à la mode et aux dernières tendances - et rien que le sourire qu’il étira lorsqu’elle émit son hypothèse à haute voix, au mois du fait qu’il n’en ait pas grand chose à faire de la marque de son sac, en disait long. Cela eut au moins le don de tirer un petit sourire chez Millie également, là où il gagnait un bon point de son côté. S’il posait des questions sur ce qu’elle avait choisi comme tenue et accessoires aujourd’hui, alors elle se donna seule le droit d’en faire de même en échange. Ayant jeté un coup d’oeil sur la tenue qu’il portait, elle osa tout de même demander s’il s’était risqué à porter un Weatherton ou s’il n’était pas tout à fait fou tout de même. « Non, je garde le costume et les chaussettes floquées à l'effigie du patron pour le jour de l’entretien. » - « Ouh, c’est osé mais j’aime bien. » Elle jouait le jeu, elle en ajoutait une couche même si ce n’était pas nécessaire. Le jeune homme se pencha ensuite vers elle pour lui chuchoter sa réponse, comme si cela relevait du secret. « C'est un Christian d’or. » Elle repassa son regard de haut en bas sur sa tenue, avant d’hocher quelque peu la tête d’un air entendu. « Dior est toujours un bon choix. Je veux dire, c’est Dior. » Et son petit air presque impressionné se transforma en petite grimace par la suite. « Mais c’est Dior, c’est de trop ici, même pour un entretien d’embauche. Heureusement que le boss te voit pas comme ça. » Parce-qu’il y avait malgré tout des codes à respecter, et mettre un Dior pour une simple visite en atelier n’était pas un bon choix. Même James ne prenait pas la peine de se saper de la sorte lorsqu’il venait là.
« T'as le droit à une pause ? » Croisant les bras sur sa poitrine, Millie plissa quelque peu les yeux. Il était marrant, ce grand dadais: il semblait ne pas avoir peur de prendre le taureau par les cornes mêmes lorsque cela n’était pas nécessaire. « J'ai repéré un food truck au coin de la rue. » Elle voyait de quoi il parlait sans mal, connaissant les alentours mieux que son propre appartement. Jetant un coup d’oeil à son téléphone professionnel, elle vit qu’aucun message n’attendait de réponse de sa part et que son agenda était libre pendant encore une bonne heure avant qu’elle ne doive rejoindre James pour une réunion dans l’après-midi. Elle ne prit même pas la peine de consulter son téléphone personnel, elle savait que rien ne l’attendait sur ce dernier. Millie était en train de peser le pour et le contre lorsque la voix du brun se fit de nouveau entendre. « C'est moi qui offre. » Ce fut avec un petit air amusé qu’elle remonta son regard vers lui, alors qu’il lui indiquait déjà la sortie du bâtiment d’un petit geste. « Est-ce que t’essaies de m’acheter ? » Elle aurait pu mimer être offensée, pendant un instant - mais préféra hausser quelque peu les épaules, suivant le mouvement indiqué. « Parce-que ça peut fonctionner, t’en sur la bonne voie en tous cas. » Elle ne nierait pas le fait qu’elle appréciait partager ses repas avec autrui et qu’elle était, de surcroit, plutôt gourmande. Passant devant le brun, elle avança d’un pas décidé, tirant la porte de l’atelier pour lui tenir sur son passage. « Après toi. » Ce ne fut qu’une fois qui furent sur le trottoir et à l’air chaud de l’été, posant ses lunettes de soleil sur son nez, qu’elle finit par tendre sa main droite devant elle en direction du jeune homme. « Millie, au fait. » S’ils s’apprêtaient à déjeuner ensemble, autant qu’ils aient au moins le prénom l’un de l’autre. « Qu’est-ce qui t’a poussé à venir poser ton C.V chez nous, alors ? » Plissant le bout du nez, elle remonta son regard sur lui un instant, appuyant sur le bouton pour déclencher le feu piéton la seconde suivante. « Car sans t’offenser, t’as pas du tout l’air dans ton élément, là-bas. Donc je suppose que t’es pas couturier, pas créateur non plus. »
Ma mère se moquerait probablement de moi si elle pouvait me voir. Travailler pour une entreprise de joaillerie, passe encore, j'ai toujours été doué pour faire les plus beaux colliers de pâtes quand j'étais gamin. Une maison de haute couture ? C'est là que ça devient marrant, car la mode n'a jamais été mon domaine de prédilection. J'étais plutôt le genre d'enfant à supplier ma mère de ne pas jeter le torchon qui me servait de pull préféré ou de ne pas remplacer un de mes pantalons sous prétexte que j'étais devenu trop grand pour le porter. Je détestais aller faire les boutiques. La queue, la cabine d'essayage, c'était plus une corvée qu'un réel plaisir. Je me rends compte que c'est pareil pour Samuel, il en a horreur. S'il pouvait porter les mêmes fringues pendant toute une semaine, il le ferait sans hésiter. Il y a une tenue pour chaque occasion. J'ai celle que j'aime mettre en rentrant du boulot et qui me fait me sentir à la maison ; celle qui me donne assez d'assurance et que je sors lors des soirées mondaines, par exemple et celles qui me donnent l'impression d'être vraiment moi et non pas celui que je prétends être. Je crois que c'est finalement ce que j'adore dans les vêtements, qu'il puisse en avoir pour toutes les situations. J'observe les salariés faire leur boulot tout en étant impressionné par la grandeur de la pièce et du nombre de rouleaux de tissus étalés sur des tables tellement longues, qu'elles ne rentraient pas dans ma cuisine. C'en est presque hypnotisant. Ils manient le tissu avec une telle délicatesse que j'ai l'impression d'assister à quelque chose d'exceptionnelle alors qu'en fait, y'a des gens qui font la même chose au fin fond du Bangladesh et qui sont payés une misère. Des femmes, pour la plupart. Payées 120 dollars australiens par mois pour six jours de boulot par semaine. Tout d'un coup, je trouve la scène beaucoup moins attrayante et j'ai presque honte d'avoir trouvé ça époustouflant. « Comment tu l’as deviné ? » J'arque un sourcil alors que mon regard se pose à nouveau sur la blonde. Son ton est sarcastique, pourtant, je reste persuadé d'avoir raison. Vu son jeune âge, elle ne doit pas travailler là depuis longtemps et puisqu'elle n'a pas l'air de connaitre la définition d'un curriculum vitae, je me dis qu'elle a dû bénéficier d'un passe-droit ou un truc comme ça. Sans parler du fait qu'elle soit la seule à prendre des notes sur son calepin. Tout le monde la pointerait probablement du doigt s'il fallait trouver une taupe parmi les employés. Je sors mon téléphone portable pour chercher une photo de James Weatherton sur Google. Le bras tendu, mes yeux jonglent entre l'image figée du patron et la jeune fille, à la recherche d'une quelconque ressemblance. Je dois admettre que je me suis peut-être trompé et qu'elle ne fait pas partie de sa famille, mais je persiste et je signe : elle a eu le droit à un pass vip. « Tout le monde ici pourrait te le dire, mais tu les connais pas plus que moi alors ça avancerait à rien. » Je fronce les sourcils puis me pince les lèvres pour ne pas rire. Son argument est un peu bancal. Je ne vois pas pourquoi je me fierais à l'avis de personnes qu'elle ne connait ni d'Eve, ni d'Adam. Ou alors, cela ne fait que confirmer mon hypothèse et ils la connaissent seulement parce que c'est la petite protégée du patron. Et quel employé serait assez bête pour dire de la merde sur la chouchoute de Mr Wheatherton ? Aucun. C'est pour cela que j'exige une preuve, une photo qui prouverait que mon c.v a bien été déposé dans le bureau de celui que je suis venu rencontrer. « Oh, je peux t’envoyer une photo de ton enveloppe sur le bureau de monsieur Weatherton si tu veux… » Elle tire sur l'enveloppe que je tiens encore fermement entre mes doigts. « … mais c’est pas lui qui traite ça et il risque de se demander ce qu’elle fait là. Donc je vais la déposer à qui de droit, et si jamais James me parle de toi, je pourrais peut-être lui glisser un mot ou deux en ta faveur. » James, hein ? Évidemment qu'il n’a pas de temps à perdre avec les entretiens d’embauche. Un rire s’échappe d’entre mes lèvres tandis que je secoue la tête. Le problème, c'est que je souhaite m'entretenir avec Mr Weatherton en personne et pas l'un de ses nombreux valets. Je ne veux plus bosser pour un enfoiré et quitte à voir ma candidature être rejetée, je préfère encore que ce soit lui qui me dise d’aller voir ailleurs si j'y suis plutôt qu’un mec qui lit je ne sais combien de C.V à la journée.
Je lui révèle la marque de mon costume en me penchant vers elle pour que personne d'autre ne puisse entendre ma révélation. « Ouh, c’est osé mais j’aime bien. » J'ai du mal à savoir si elle se fout de ma gueule ou si elle ne sait clairement pas faire la différence entre une création de luxe et une lamentable imitation. Ceci dit, peut-être que le porte tellement bien que j'y ajoute de la valeur, qui sait. « Dior est toujours un bon choix. Je veux dire, c’est Dior. » Sauf que là c'est D'or, pas Dior et que le made in china inscrit sur l'étiquette que je prends soin de cacher m'indique que le créateur ne doit certainement pas s'appeler Christian. « Mais c’est Dior, c’est de trop ici, même pour un entretien d’embauche. Heureusement que le boss te voit pas comme ça. » Cette information ne rentre pas dans l'oreille d'un sourd. Le boss n'est pas fan de Dior, c'est noté. Il ne faudrait pas lui faire de l'ombre en étant trop apprêté, ça aussi, c'est noté. Ma présence dérange, je peux le sentir aux nombreux soupirs qui émanent des lèvres pincées de la plupart des employés. À leur décharge, j'aurais été le premier à gueuler comme un chartier si un type avait débarqué en plein milieu d'un brainstorming sur les nouvelles collections de la MHI. L'avantage, c'est qu'ici, ils ont tous l'air d'avoir un balai dans le cul et qu'ils ne semblent pas être du genre à faire d'esclandre. Ce n'est pas classe, de gueuler, voyez-vous. Je lui propose de prendre une pause déjeuner avant que mon ventre ne gargouille et exaspère un peu plus les employés de l'atelier. Elle regarde son téléphone portable, jette un coup d'œil à son agenda jusqu'à ce que je propose de mettre la main au portefeuille. Tout de suite, la blonde, ne semble plus du tout être overbookée. « Est-ce que t’essaies de m’acheter ? » Je pourrais nier les faits, mais mon sourire en coin suffit à me dénoncer. Oui, j'essaye de l'acheter et non, je ne m'en cache pas. En réalité, j'ai peu d'espoir de décrocher le job. Premièrement, parce que je n'y connais rien à la mode et puis parce que mon expérience dans le marketing s'arrête à celle que j'ai pu acquérir au sein de la MHI. Je suis un novice et stratégiquement parlant, il serait plus raisonnable pour Mr Weatherton de miser sur quelqu'un de plus âgé et forcément plus expérimenté que moi plutôt que sur quelqu'un avec un profil comme le mien. « Parce-que ça peut fonctionner, t’es sur la bonne voie en tous cas. » C'est qu'elle est douée pour encourager les gens, même des inconnus. On dirait presque les phrases typiques qu'on peut retrouver sur les bulletins scolaires 't'es sur la bonne voie', 'continue comme ça'. Peut-être que j'aurai le droit à une bonne image si j'ajoute un dessert à l'addition. « Après toi. » Je m'arrête un instant devant la porte en plissant les yeux. "C'est quoi, un test ?" Je demande, un peu méfiant. De nos jours, il est devenu facile de passer pour un connard. Si je passe devant elle, je prends le risque de passer pour un mec qui ne connait pas les bonnes manières. Tandis que si je la laisse passer, alors je prends le risque de passer un macho qui pense que les filles ont forcément besoin d'un mec pour leur ouvrir la porte. "Trop aimable, merci !" Je dis avant de passer devant elle sans jeter un coup d'oeil en arrière. Tant pis pour la galanterie. C'est lorsque nous sommes enfin dehors que j'ôte ma veste de costard et désserre le noeud de ma cravate. « Millie, au fait. » - "Millie Weatherton ?" Je ne peux m'empêcher de demander en souriant. "Angus D'or, enchanté de faire ta connaissance." J'ajoute tout en lui serrant la main. « Qu’est-ce qui t’a poussé à venir poser ton C.V chez nous, alors ? » Mes yeux s'attardent sur le feu de signalisation alors que je me décale sur le côté pour laisser une maman avec sa poussette s'avancer un peu plus sur le trottoir. “Qu’est-ce que tu me conseillerais de répondre à cette question ?” Je rétorque tandis que je commence à traverser la rue une fois que le mouvement de foule me fait remarquer que le petit bonhomme est vert. « Car sans t’offenser, t’as pas du tout l’air dans ton élément, là-bas. Donc je suppose que t’es pas couturier, pas créateur non plus. » J'ai toujours trouvé ça drôle de commencer une phrase par 'Avec tout le respect que je te dois' ou 'sans vouloir t'offenser' pour ajouter une critique juste après. En l'occurence je ne suis pas vexé par son constat, puisqu'elle a raison. "J'adore la mode, ça se voit pas ?" Je réponds tout en défilant le long du passage piéton, ma veste de costard sur le dos. Petit déhanché à droite, petit déhanché à gauche. Je marque un temps d'arrêt et puis me retourne vers elle après avoir posé un pied sur le trottoir. "Alors ?" Alors j'ai la taille d'un mannequin et ça s'arrête là. "Je suis tombé sur l'annonce et ça m'avait l'air mieux que de servir des cafés." Je dis lorsqu'elle me rejoint. C'est vrai, même si les raisons sont un peu plus personnelles que ça. "Je suis pas ultra calé sur le sujet. Pour autant, j'aime la valeur sentimentale qu'on peut retrouver dans les vêtements." Je montre son accessoire d'un signe de la tête tout en marchant en direction du food truck. "Ton sac par exemple, tu l'aimes pour une raison spécifique, pas seulement parce que c'est un Chanel, je me trompe ?" Alors oui, le fait que ce soit la création d'une grande couturière doit sans doute peser dans la balance, mais j'aime à penser que c'est plus profond que ça. Un cadeau d'un être cher; le premier achat qu'elle a fait en recevant son tout premier salaire; la réplique du sac de sa grand-mère ou simplement l'objet de vengeance qu'elle porte fièrement pour montrer sa réussite à tous ceux qui n'ont pas cru en elle. "Je me fous pas mal de la beauté, c'est ce que ça peut procurer aux gens qui m'intéresse vraiment." Et c'est pour cette raison que je veux en faire partie. Je m'insère dans la queue qui fait face au camion avant de me tourner vers elle. "Et toi ? Pourquoi t'as eu envie de bosser chez Weatherton ?" Je demande alors que l'odeur qui émane du camion me donne faim. "Et c'est quoi ton rôle si ce n'est prendre des notes sur ton calepin ?" J'ajoute avec un sourire tout en avançant dans la file.
BY PHANTASMAGORIA
Millie Butcher
les enfants du silence
ÂGE : vingt-cinq ans; les années s'ajoutant au compteur ne font qu'éloigner les souvenirs restés, eux, bloqués dix ans en arrière. SURNOM : millie en est déjà un, son prénom n'étant plus utilisé depuis des années désormais. mills, de temps en temps, quand l'humeur y est propice. STATUT : célibataire, incapable de se projeter dans la moindre relation sur le long terme, sabotant sa vie privée avec une aisance à faire peur. MÉTIER : mettre des oeillères n'aura pas permis d'éviter tout ce qu'elle tentait de mettre de côté depuis des années: son nom sera bientôt sur tous les écrans, alors elle a préféré démissionner sans donner d'explications pour éviter que les retombées se fassent sur les mauvaises personnes. LOGEMENT : #03 james street (vous saisissez l'ironie ?) dans fortitude valley, en colocation avec flora et un million de rouleaux de tissus entassés dans un coin de sa chambre. POSTS : 1491 POINTS : 40
TW IN RP : deuil, kidnapping, disparition. ORIENTATION : J'aime les beaux garçons. CODE COULEUR : slateblue. RPs EN COURS : (six) - present: cecilia #2 › emery › ottie #2 › riley › sloane | alternative: olive (sd) RPs TERMINÉS :
AVATAR : zendaya coleman. CRÉDITS : ultra-violences (avatar) › goobergifd (profil+signature gifs) › loonywaltz (ub). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 22/07/2022
S’il voulait lui payer le déjeuner en pensant qu’il obtiendrait une meilleure remise en mains propres de son enveloppe, qu’il fasse: ce n’était pas Millie qui allait dire non. Elle commençait à avoir l’estomac dans les talons, et elle était restée debout toute la matinée à prendre des notes - elle avait déjà oublié pourquoi elle agissait de la sorte, presque, tellement la tâche n’était en rien épanouissante. Au moins, elle prendrait l’air pour sa pause et reviendrait avec un surplus de vitamine C qui ferait du bien. Sur le chemin pour sortir, elle tira la porte pour laisser passer Angus; ce dernier s’arrêta cependant dans son élan. « C'est quoi, un test ? » Si elle fronça les sourcils un instant perdue par la question, elle finit par lever les yeux au ciel sans même prendre la peine de répondre - s’il ne passait pas seul par la porte dans les secondes suivantes, il n’aurait qu’à tirer la porte tout seul comme un grand garçon. Il sembla cependant comprendre plutôt rapidement que non, ce n’était pas un test. « Trop aimable, merci ! » - « Oui, oui. » Pas besoin d’en faire des tonnes, non plus. « Millie Weatherton ? » Il allait finir par s’en prendre une s’il continuait d’insinuer sans même le cacher qu’elle avait le droit à un quelconque traitement de faveur. Ce n’était pas le cas, et oh que non ce n’était pas Millie Weatherton le secret qui n’existait pas. « Millie ce sont pas tes oignons. » Qu’elle rétorqua donc, avec un petit sourire un brin pincé. Non seulement elle ne voulait pas lui faire le plaisir de répondre à ses provocations, mais qui plus était elle ne donnait pas son nom de famille lorsque cela n’était pas nécessaire; cela ne lui avait jamais rien apporté de bon, de faire de la sorte. Trop de personnes faisaient le lien rapidement avec l’affaire Butcher, et si elle pouvait garder sa vie privée et sa vie professionnelle bien séparées, elle faisait son maximum - à quelques exceptions près, en tous cas. « Angus D'or, enchanté de faire ta connaissance. » Elle soupira, mais son sourire prit une teinte plus amusé aux mots prononcés cette fois-ci par le brun. « Enchantée. »
« Qu’est-ce que tu me conseillerais de répondre à cette question ? » Peut-être parce-qu’il n’avait pas du tout la tête de l’emploi ? Ou tout du moins, pas du tout dans les domaines de création; il semblait être le type de gars à l’aise derrière un bureau, ou dans des réunions interminables du matin au soir. Il lui manquait… cette étincelle là dans le regard, que toute personne réellement intéressée avait lorsqu’elle passait les portes de l’atelier Weatherton. « J'adore la mode, ça se voit pas ? » Et il se mit à défiler sur le passage piétons - et s’ils n’avaient pas été limités en temps par ce dernier, Millie aurait surement croisé les bras sur sa poitrine pour admirer le spectacle avec ce petit air jugeur accroché à sa moue. A la place, elle continua d’avancer sans cacher cette fois ci que son sourire était authentique. Il était peut-être un brin agaçant, mais il se rattrapait avec un humour un peu tiré par les cheveux. « Alors ? » - « Dix sur dix, tu défiles lors du prochain événement c’est sur. » Aucune chance que cela arrive. Elle finit de traverser la rue juste avant que le feu ne passe au vert et revint à hauteur du brun. « Et sérieusement sinon ? » Parce-que l’endroit où atterrirait son enveloppe dépendait de ce type de réponse, en réalité; elle ne disait pas tout à fait faux tout à l’heure lorsqu’elle mentionnait l’idée d’être achetée avec un déjeuner. « Je suis tombé sur l'annonce et ça m'avait l'air mieux que de servir des cafés. » Elle rehaussa l’un de ses sourcils; cela devenait peut-être vraiment intéressant. « Je suis pas ultra calé sur le sujet. Pour autant, j'aime la valeur sentimentale qu'on peut retrouver dans les vêtements. » Il avait peut-être réellement bien plus qu’un sourire Colgate à apporter, alors. « Ton sac par exemple, tu l'aimes pour une raison spécifique, pas seulement parce que c'est un Chanel, je me trompe ? » Avec une pointe de perspicacité, donc. Le regard de Millie se décrocha du visage d’Angus pour se poser sur son sac à main qu’elle avait emporté avec elle toute la journée accroché à son avant ras. Elle eut un petit rire. « C’est vrai. C’est mon père qui me l’a offert à mon dernier anniversaire, même s’il connait rien à la mode il a passé des heures à se renseigner pour essayer de trouver ce qui pourrait me faire plaisir. » Malgré l’esprit chaotique de leur vie, Benjamin Bucher avait toujours fait en sorte de faire passer les désirs, besoins et envies de sa fille avant le reste. Il avait toujours approuvé ses choix d’études et de carrière, même s’il n’avait aucune idée de ce qu’elle pouvait bien y faire. « Je me fous pas mal de la beauté, c'est ce que ça peut procurer aux gens qui m'intéresse vraiment. » Elle plissa un instant les yeux. « Tu gagnes des points, D’Or, continue. » Parce-qu’il y avait beaucoup de vrai dans son discours, beaucoup de points surtout qui plairaient à qui de droit - et surtout au grand patron s’il tombait sur son CV agrémenté d’une présentation de ce dernier de la sorte. « En tous cas, j’en connais un qui aimerait beaucoup ton petit speech là. »
« Et toi ? Pourquoi t'as eu envie de bosser chez Weatherton ? » Ils s’étaient insérés dans la queue devant le food-truck, quelques personnes ayant eu la même idée qu’eux. « Tu veux dire en plus de l’occasion de bosser pour l’un des meilleurs créateurs de sa génération ? » La question était réthorique, bien sur: toute personne postulant pour la maison de haute couture savait que c’était là un critère qui n’avait pas besoin de se retrouver sur le moindre contrat. James était une denrée rare dans le domaine, et travailler sous son nom était un privilège qui n’était pas donné à tout le monde ou à n’importe qui. « En réalité, c’est l’idée de bosser pour Weatherton, qui donne envie. » Elle plissa le bout de son nez. « Loin de moi l’idée d’être calife à la place du calife, mais déjà si je pouvais avoir ma chance en tant que créatrice grâce à mon parcours chez Weatherton, je serais la plus heureuse du monde je pense. » Parce-que la mode avait, contrairement à Angus apparement, toujours fait partie de sa vie et de se désirs de carrière. « Et c'est quoi ton rôle si ce n'est prendre des notes sur ton calepin ? » Si le brun affichait un sourire, peut-être qu’il repenserait à deux fois à l’idée d’avoir sous-entendu à plusieurs reprises qu’elle n’avait pas sa place dans l’entreprise sans piston; parce-que Millie faisait partie de ceux qui étaient les mieux placés finalement, dans la maison de couture. « Oh, c’est vrai j’ai oublié de préciser: je suis l’assistante personnelle de James. » Le sourire qu’elle étirait désormais était empli de fierté. « Les notes, c’est parce-qu’il me les a demandé. Me demande pas pour quoi c’est: j’en ai aucune idée. » Elle haussa brièvement les épaules, alors qu’ils avançaient encore un peu plus dans la file. « Mais c’est pour ça que je te dis que tu peux me confier ton CV sans crainte: James me confit les clefs de sa maison, je pense que je peux gérer une enveloppe. »
La mode m’a toujours paru surcôtée. Certainement parce que je n'ai jamais eu les moyens de me payer des tenues hors de prix. Peut-être que, dans une autre vie, j'apprécierais le fait de pouvoir me pavaner avec les dernières collections de mon créateur préféré. Dans cette vie, c'est impossible alors je préfère trouver le moindre prétexte pour pouvoir critiquer un domaine qui ne m'est pas accessible plutôt que d'aspirer à des choses que mon compte en banque ne pourrait pas supporter afin de ne pas me faire du mal pour rien. Prétexte numéro un : la mode détruit l'originalité. C'est à cause de ça qu'on se retrouve à voir tout un tas de personnes porter les mêmes chaussures, les mêmes couleurs et que, par peur d'être mis de côté, les gens finissent tous par se ressembler. Prétexte numéro deux : ça pousse à la discrimination et au harcèlement dans les établissements scolaires, mais pas que. Sam en a rien à faire de ne pas porter des habits de marque, il préfère choisir ses tenues en fonction de ses passions et possède tout un tas de t-shirt sur l'espace et les dinosaures. Mon frangin a dix ans, un meilleur ami qui s'est déjà battu dans la cours de récré pour prendre sa défense et un grand-frère qui serait prêt à tout pour le protéger. C'est pas le cas de tous les enfants malheureusement et ils ne sont pas tous capable de se comporter comme Lee en cas de moqueries, non plus. Troisième et dernier prétexte : Trop d'artifices et d'hypocrisie. Trop de sourires pincés, aussi. Heureusement que je suis tombé sur Millie, elle est clairement ce qui se rapproche le plus de la simplicité même si elle arbore un sac de luxe avec fierté. « Millie ce sont pas tes oignons. » Elle me donne le change et ça me fait l'apprécier davantage. Je veux bien lâcher l’affaire pour cette fois. On aura tout le temps d’apprendre à se connaître si j’arrive à décrocher un poste chez Weatherton. Il ne faudrait pas que je l'épuise avant même d'avoir été embauché. « Enchantée. » J’ai du mal à savoir si elle le dit par simple politesse ou si elle le pense sincèrement. Dans tous les cas, Millie ce-ne-sont-pas-tes-oignons finira bien par regretter ses mots un jour ou l’autre. C’est comme ça que ça marche avec moi. Les gens sont “enchantés” de faire ma connaissance avant de vite déguerpir.
Une fois dehors, je me sens déjà mieux. Beaucoup plus dans mon élément, ça c’est sûr. Cela fait un moment que les rues de Brisbane n’ont plus aucun secret pour moi. Adolescent, je passais les grandes vacances à cartographier la ville et à aller prendre une photo de chaque endroit visité pour pouvoir les coller sur l'immense carte que j’avais affichée sur l’un des murs de ma chambre. Ça permettait à mes parents de souffler un peu et à Samuel de prendre l’air même s’il était trop petit pour en avoir quelque chose à faire. Il finissait par s’endormir dans la poussette pendant que moi je me prenais pour son guide touristique. L’impression d’être de trop chez Weatherton a dû se faire ressentir car Millie ne met pas longtemps avant de me demander ce que je peux bien faire là. Enfin, c’est pas exactement comme ça qu’elle a formulé sa question, mais c'est clairement ce que ça laissait sous-entendre. J’essaye de gagner du temps en lui demandant son avis sur sa propre interrogation car c’est typiquement le genre de chose qu’on pourrait me poser à l’entretien d’embauche. Loin de moi l’idée de vouloir lui voler sa réponse, mais si y’a bien quelqu’un qui sait ce qu’il faut ou ne faut pas répondre pour dégoter une plein au sein de Weatherton, c’est le sosie de Carrie Bradshaw. J’adore la mode. Heureusement que ma bouche est habituée à débiter un nombre incalculable de mensonges parce que je n’aurais pas pu prononcer ces mots si elle avait été vierge de toute fourberie. J’aime les fringues, mais je les préfère usées et à un prix bon marché plutôt que rêches et hors de prix. Dorénavant le costume trois pièces me donne de l'urticaire et me ramène aux mois que j'ai passé à bosser pour Satan en personne. Je profite du passage piéton pour lui montrer mes talents de mannequin en imitant les mecs que j'ai déjà pu voir à la télé lors de la fashion week. « Dix sur dix, tu défiles lors du prochain événement c’est sur. » Si seulement ça pouvait être vrai. Enfin, je préfèrerais me rendre utile en utilisant mes neurones plutôt que mon physique, mais si ça peut mettre du beurre dans les épinards alors pourquoi pas me lancer dans le mannequinat. “Seulement si une autre maison ne me déniche pas avant.” Je réponds en souriant. Personne ne voudrait miser sur un type comme moi et c’est pour cette raison que je compte bien lire tous les livres que je pourrais trouver sur la mode afin de leur prouver qu’ils ont eu tort de ne pas m’avoir laissé ma chance. J’en ai déjà réservé pas mal à la bibliothèque du quartier et il m’en reste deux à terminer avant la fin de la semaine pour que je puisse y retourner. « C’est vrai. C’est mon père qui me l’a offert à mon dernier anniversaire, même s’il connait rien à la mode il a passé des heures à se renseigner pour essayer de trouver ce qui pourrait me faire plaisir. » Il ne m’en faut pas plus pour me dire que son père a l’air d’un type bien. Je suis à deux doigts de lui demander s'il reste de la place dans sa famille. “C’est quand ton anniversaire ?” Non pas que je sois du genre à croire en l’astrologie, je trouve ça débile, mais c’est toujours drôle de lire les profils qu’on peut trouver sur le net. “Tu crois que je pourrais me servir de cette anecdote lors de mon entretien d’embauche ? Tu sais, du genre : j’y connais peut-être rien à la mode, mais le père de Millie aussi et pourtant il a su choisir le sac qui saurait lui faire plaisir. ” Au final, ce ne sont pas tant les connaissances en matière de mode qui priment, mais c’est surtout de connaître les attentes de la population ciblée. Et ça, c’est largement dans mes cordes. J'ai peut-être l'air de m'en foutre la majorité du temps, mais je sais faire attention aux détails. « Tu gagnes des points, D’Or, continue. » Je m’incruste dans la file et tourne ma tête pour la regarder. “Moi, j’ai une casquette fétiche. Elle appartenait à mon grand-père. Mon petit-frère a le pull de ma mère. Tout ça pour dire qu’on a tous au moins une pièce qui nous est cher parce que ça nous ramène à quelqu’un qu’on aime ou qu'on a aimé.” D’une certaine manière, c’est la seule chose qui devrait être hors de prix. “Et c’est pour ça que je veux en être.” Je me surprends à en parler comme si ça me tenait vraiment à coeur et peut-être que c’est le cas finalement sinon j’aurais pas pris la peine de retaper mon c.v, ni pris le risque de me faire humilier. « En tous cas, j’en connais un qui aimerait beaucoup ton petit speech là. » J’hausse un sourcil avant de m’avancer un peu plus lorsque les personnes devant nous quittent la file. “Ton père a l’air d’être un chouette type, vraiment.” Je concède en marquant une pause. ”Mais j’espère que tu parles de Mr Weatherton et pas de ton géniteur.” J’ajoute en grimaçant. Non pas que je ne serais pas flatté de savoir que mon speech plaît à son paternel, mais c’est pas entre ses mains que se situe mon avenir. « Tu veux dire en plus de l’occasion de bosser pour l’un des meilleurs créateurs de sa génération ? » Ah ouais, j’ai affaire à une sacrée fangirl. Je ne sais pas si on peut trouver des maquettes taille réelle de James Weatherton sur le marché, mais si c’est le cas, y’a de grandes chances pour qu’elles se trouvent toutes dans la chambre de Millie. « En réalité, c’est l’idée de bosser pour Weatherton, qui donne envie. » - “ Tu l’as découvert comment ? Enfin quand est-ce que t’as entendu parler de lui pour la première fois ? ” Je suis un noob. Je sais pas trop combien de CV il doit recevoir dans le mois, mais j’imagine que les chances de bosser pour lui sont aussi minces que celles que j’avais de devenir le petit larbin de Saül Williams. « Loin de moi l’idée d’être calife à la place du calife, mais déjà si je pouvais avoir ma chance en tant que créatrice grâce à mon parcours chez Weatherton, je serais la plus heureuse du monde je pense. » Enfin quelqu'un avec de l'ambition. “T’as des photos de tes créations ? J’espère que tu penseras à moi le jour où tu seras devenue célèbre et que t’auras besoin d’un mannequin.” Non pas que j’y crois, mais sait-on jamais. Elle doit encore acquérir de l'expérience et peut-être que quand ce sera le cas, j’aurais la peau trop frippé que les gens aient envie de me voir défiler. Et si elle est aussi chanceuse que moi, peut-être même qu’elle deviendra célèbre après sa mort. C’était à la mode fut un temps, sacrément triste quand on y pense, d’avoir été un incompris pendant toute sa satané vie et d'arriver à percer le jour où on est plus là pour en profiter. « Oh, c’est vrai j’ai oublié de préciser: je suis l’assistante personnelle de James. » Elle dit ça comme si c’était un détail qui n’avait aucune d’importance. « Les notes, c’est parce-qu’il me les a demandé. Me demande pas pour quoi c’est: j’en ai aucune idée. » C’est parce que j’ai l’impression de me revoir en elle que je préfère la mettre sur ses gardes. “Et t’as un plan B ?” Je lui demande, parce qu’il faut toujours en avoir un surtout quand on est dans les petites affaires du patron. Généralement, on est ceux qui sont le plus à risque de se faire virer et en même temps, ceux qui ont le plus de chance de progresser. C’est à double tranchants. « Mais c’est pour ça que je te dis que tu peux me confier ton CV sans crainte: James me confit les clefs de sa maison, je pense que je peux gérer une enveloppe. » - “Les clés de sa maison ? Il te demande de faire son ménage et ses courses ?” Si elle me répond que oui, alors je me pointerais à l’entretien non pas pour espérer décrocher un job, mais juste pour le faire redescendre de son piedestal. “Je dis ça, je dis rien mais tu devrais pas divulguer ce genre d’info à un incconnu.” J’ajoute, parce que ça va que ledit inconnu se trouve être moi, mais elle aurait très bien pu tomber sur quelqu'un de mal intentionné. Le succès attise la jalousie et ça ne m'étonnerait pas qu’il existe quelques personnes qui donneraient cher pour s’introduire chez lui et en profiter pour lui voler le fruit de son travail. “Il est comment avec ses employés ?” Je demande en baissant mes yeux pour la regarder. “Je veux une réponse sincère, ça restera entre nous. J’ai déjà donné avec les connards et même si le job me plaît, je préfère encore vendre des café que de bosser pour un enfoiré.” Au moins ça a le mérite d'être sincère ce qui est loin d'être dans mes habitudes, mais j'ai décidé de prendre de nouvelles résolutions et je compte bien essayer de les tenir. "Tu veux quoi ?" Je lui demande alors qu'on est les prochains à pouvoir commander.
BY PHANTASMAGORIA
Millie Butcher
les enfants du silence
ÂGE : vingt-cinq ans; les années s'ajoutant au compteur ne font qu'éloigner les souvenirs restés, eux, bloqués dix ans en arrière. SURNOM : millie en est déjà un, son prénom n'étant plus utilisé depuis des années désormais. mills, de temps en temps, quand l'humeur y est propice. STATUT : célibataire, incapable de se projeter dans la moindre relation sur le long terme, sabotant sa vie privée avec une aisance à faire peur. MÉTIER : mettre des oeillères n'aura pas permis d'éviter tout ce qu'elle tentait de mettre de côté depuis des années: son nom sera bientôt sur tous les écrans, alors elle a préféré démissionner sans donner d'explications pour éviter que les retombées se fassent sur les mauvaises personnes. LOGEMENT : #03 james street (vous saisissez l'ironie ?) dans fortitude valley, en colocation avec flora et un million de rouleaux de tissus entassés dans un coin de sa chambre. POSTS : 1491 POINTS : 40
TW IN RP : deuil, kidnapping, disparition. ORIENTATION : J'aime les beaux garçons. CODE COULEUR : slateblue. RPs EN COURS : (six) - present: cecilia #2 › emery › ottie #2 › riley › sloane | alternative: olive (sd) RPs TERMINÉS :
AVATAR : zendaya coleman. CRÉDITS : ultra-violences (avatar) › goobergifd (profil+signature gifs) › loonywaltz (ub). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 22/07/2022
« Seulement si une autre maison ne me déniche pas avant. » Le réponse et le sourire d’Angus en cet instant réussirent à tirer un petit rire à la jeune femme. « Impossible, je suis la seule présente aujourd’hui et je représente une maison. Techniquement, c’est moi qui t’ai déniché. » Son discours n’était pas incohérent de bout en bout, en réalité; bien des mannequins de nos jours avaient été découverts de la sorte, parce-que l’oeil d’une maison de couture ou d’un photographe avait été aiguisé au bon moment, au bon endroit, et que le bouche à oreille avait fonctionné par la suite. De toutes façons, la question ici ne se posait pas réellement, puisque ce n’était pas pour ce type de travail qu’avait postulé Angus, et auquel il aspirait d’après ce qu’elle pouvait en ressortir; ils se contentaient d’ajouter une touch de légèreté sur une conversation qui avait démarré on ne pouvait plus sérieuse, et qui déviait de façon plutôt radicale en cet instant du sujet initial. « C’est quand ton anniversaire ? » Elle haussa un sourcil, plutôt curieuse de savoir ce qu’il pourrait bien faire de cette information. « Le sept mars. » L’année pouvait passer à la trappe - surtout que c’était davantage cette dernière qui posait soucis dans la vie de Millie, plutôt que la date exacte en elle-même. Plus elle prononçait son année de naissance à haute voix, plus elle se rendait compte qu’elle prenait de l’âge - et puis elle se rendait compte que c’était là du temps ajouté sans que son frère soit à ses côtés. « Tu crois que je pourrais me servir de cette anecdote lors de mon entretien d’embauche ? Tu sais, du genre : j’y connais peut-être rien à la mode, mais le père de Millie aussi et pourtant il a su choisir le sac qui saurait lui faire plaisir. » La jeune femme eut un instant, peut-être deux, de latence de temps de sortir des pensées dans lesquelles elle avait glissé malgré elle et pour recentrer son attention sur ce que lui disait le jeune homme. En guis de première réponse, elle plissa quelque peu le bout du nez. « Même si ça en ferait rire plus d’un, je sais pas s’ils en ont grand chose à faire de mon père, tu sais. » Millie était peut-être quelqu’un pour James chez Weatherton, mais beaucoup dans cette maison n’en avait que peu à faire de qui elle était et du reste tournant autour d’elle. En tous cas, pour leur travail et leur quotidien sur place, ils n’en avaient rien à faire; elle était à peu près sure que bien des personnes s’étaient retournées sur elle en étendant son nom de famille la première fois, avant de passer à autre chose heureusement.
« Moi, j’ai une casquette fétiche. Elle appartenait à mon grand-père. Mon petit-frère a le pull de ma mère. Tout ça pour dire qu’on a tous au moins une pièce qui nous est cher parce que ça nous ramène à quelqu’un qu’on aime ou qu'on a aimé. Et c’est pour ça que je veux en être. » Il avait des ressources, le petit - grand - devant elle. Cela se voyait qu’il savait manier son métier, qu’importe ce qu’il pourrait en dire et ce que d’autres pourraient voir à travers lui. Son ancien employeur avait surement perdu au change: il avait des qualités qui pouvaient plaire. « Ton père a l’air d’être un chouette type, vraiment. Mais j’espère que tu parles de Mr Weatherton et pas de ton géniteur. » Elle échappa un petit rire. « Oh, mon père saurait reconnaitre un beau discours aussi, mais c’est pas de lui que je parle effectivement. » Pour Angus, il était plus pratique qu’elle soit en effectivement en train de parler de Weatherton en personne plutôt que de n’importe qui d’autre. Et elle comprenait parfaitement qu’il préfère que la situation soit de la sorte: elle aussi, si les rôles avaient été inversés - et il l’avait bien été un jour avant qu’elle ne soit embauchée -, elle aurait préféré savoir que c’était James qui se trouvait être intéressée par ses idées plutôt que son père qui n’avait aucun poids dans le domaine de la mode haute couture. « Tu l’as découvert comment ? Enfin quand est-ce que t’as entendu parler de lui pour la première fois ? » Un instant, elle partit à la recherche de ses plus vieux souvenirs, détournant quelque peu le regard de Angus. « Je pense que ça remonte à ses débuts, ou à une période proche en tous cas. J’ai toujours suivi les évolutions de la mode, j’ai toujours eu le nez fourré dans les magasines. Et puis même, Weatherton est cité dans nos cours à l’école, alors impossible de ne pas en avoir entendu parler. » Le nom faisait partie des différentes maisons de couture évoquées au sein du parcours éducatif de Millie, et faisait de toutes façons partie de ceux à connaitre qui se trouvaient derrière être très convoités. Il n’existait pas une version de son parcours professionnel à ses yeux où elle ne convoitait pas à un moment donné d’atterrir sous les ordres de James, qu’importe la façon, qu’importe le poste. « T’as des photos de tes créations ? J’espère que tu penseras à moi le jour où tu seras devenue célèbre et que t’auras besoin d’un mannequin. » Il était étrangement marrant, Angus, à poser des questions là où d’autres seraient déjà passés à d’autres sujets depuis bien longtemps. Avec un petit sourire contenant une certaine fierté bien sur, elle haussa légèrement un sourcil. « J’ai tout un book dans mon bureau, je te montrerai ça le jour où t’auras décroché ta place parmi nous. » Cela semblait être raisonnable, comme proposition. Quant à la seconde partie de sa phrase, Millie était déjà en train de le regarder de la tête aux pieds, avec un air légèrement amusé mais une étincelle de sérieux dans le fond du regard. « Et pas besoin d’attendre que je sois devenue célèbre pour penser à toi en tant que mannequin. » Elle l’avait déjà statué: ce n’était pas une blague que le brun soit taillé pour endosser ce rôle.
« Et t’as un plan B ? » La première réaction du jeune homme quant elle nomma enfin sa position au sein de Weatherton à haute voix la surpris quelque peu; étant donné qu’il était porté vers l’idée de récolter les informations qu’il pouvait concernant James depuis le début de leur conversation, sans même s’en cacher, Millie trouvait cela plutôt étrange qu’il mette en avance une potentielle porte de sortie en première instance. Elle fronça les sourcils. « Autre que bosser pour James, tu veux dire? » L’étonnement s’entendait dans sa voix, et elle ne cherchait pas à le dissimuler. « Non, absolument pas. » Elle répondit ici en toute franchise, bien qu’étant un brin déstabilisée par ses interrogations. « J’ai pas besoin d’avoir de plan B, c’est ce que je veux faire, la question se pose pas. » Pour elle, les choses étaient véritablement aussi simples que cela: elle souhaitait travailler chez Weatherton, elle comptait y rester tant qu’elle pouvait continuer d’évoluer dans le milieu, et cela n’avait en réalité rien à voir véritablement avec seulement James. Elle était très satisfaite de la place qu’elle avait réussi à obtenir, celle qui lui permettait d’avoir été sélectionnée parmi tant d’autres personne pour mettre un pied dans un monde très sélectif, et il n’y avait pas de plan où elle reniait tout ça. Surtout maintenant que les choses entre James et elle s’établissaient de mieux en mieux et qu’ils trouvaient tous deux un certain équilibre. « Les clés de sa maison ? Il te demande de faire son ménage et ses courses ? » A cette remarque là en revanche, elle esquissa un petit sourire. « Pas ce type de courses là, mais il m’arrive de faire des courses quand il doit récupérer des trucs et qu’il est pas dispo, oui. » Et elle ne s’en cachait pas, parce-que c’était aussi cela de faire partie des rouages d’une telle maison: il fallait bien qu’ils restent huilés d’une façon ou d’une autre. « Souvent, je m’y plie parce-que je préfère encore m’en occuper moi-même que de le voir ronchonner toute la journée à la suite. » Elle ajouta ensuite: « Et parce-que c’est pas une surprise, c’était noté dans mon contrat. » Elle avait signé en connaissance de cause.
« Je dis ça, je dis rien mais tu devrais pas divulguer ce genre d’info à un inconnu. » Par rapport aux clefs. « Tu n’es pas un inconnu, Angus, j’ai toutes tes informations personnelles sur ton CV dans mon sac, tu te rappelles ? » Ce n’était pas une menace déguisée ou autre, mais bien la réalité: si c’était là le type d’information qui venait à se faire savoir sans raison, elle saurait à qui taper sur les doigts.
« Il est comment avec ses employés ? » A cette question là, elle releva son regard pour le planter dans celui que le brun lui offrait désormais en retour. Elle cherchait à jauger le degré de sérieux de cette question, de savoir où devait-elle se situer et ce qu’elle devait répondre, mais il dut s’en apercevoir car il anticipait la réponse de la jeune femme en apportant une précision. « Je veux une réponse sincère, ça restera entre nous. J’ai déjà donné avec les connards et même si le job me plaît, je préfère encore vendre des café que de bosser pour un enfoiré. » Au qualificatif employé, un sourire presque triste s’esquissa aux coins des lèvres de Millie. « Pas besoin de promettre que ça reste entre nous, j’ai rien à cacher à James. » Presque, à un ou deux détails près - mais en tous cas, elle ne cachait pas sa façon de voir les choses et ce qu’elle pouvait penser de ces dernières. Il l’avait embauchée pour être efficace et parfaite dans son rôle, pas pour le caresser dans le sens du poil; même si cela n’avait pas été évident au premier abord, elle avait fini par apprendre à lire entre les lignes et par s’apercevoir de la chose. Finalement, elle détourna son regard quelque peu de celui du brun. « James peut être comparé à un enfant capricieux, égocentrique et colérique. » S’il voulait vraiment entendre la vérité, ce n’était pas elle qui allait la retenir en guise de secret: il s’en apercevrait assez rapidement de toutes façons. « Il a un caractère qui est difficile à dompter, et parfois juste à comprendre. » Et une fois cette première partie de réponse donnée, Millie reporta ses noisettes dans celles d’Agnus, s’y accrochant cette fois-ci. « C’est aussi et surtout l’homme le plus passionné et le plus professionnel que j’ai eu la chance de rencontrer. Il ferait tout pour la maison, il ferait tout pour les personnes qui y travaillent aussi. Il est pas particulièrement doué pour le faire de la meilleure des façons, mais c’est pourtant vrai. » Elle haussa presque faiblement les épaules. « Si on me donnait le choix entre aller bosser pour quelqu’un d’autre avec un meilleur caractère, et rester aux côtés de James malgré tous ses défauts, je choisirais quand même James. » Pour toutes les raisons qu’elle avait déjà cité, pour toutes celles qu’elle ignorait surement encore aussi, pour même celles qui ne faisaient pas encore partie du décor pour auxquelles elle adhérerait sans même se poser la moindre question. « Je sais que beaucoup de personnes ne peuvent pas comprendre ça, mais c’est pourtant mon avis sur la question. Et une vision sincère de celui qui porte le nom de la maison. »
« Tu veux quoi ? » - « Je vais prendre une quesadilla avec une bouteille de limonade. Et toi ? » Elle se tourna vers Angus. « Je sais que t’as dit que c’est toi qui payais, mais j’ai changé d’avis: ça passera en note de frais au nom de Weatherton, alors prends ce qui te fait plaisir. »
« Impossible, je suis la seule présente aujourd’hui et je représente une maison. Techniquement, c’est moi qui t’ai déniché.» Je me retourne pour dévisager les passants autour de nous. C’est surtout la seule personne qui serait assez folle pour être intéressée par mon profil. J’ai peut-être la taille et la carrure d’un mannequin, mais je ne suis pas du tout à l’aise devant un objectif. En revanche, je suis beaucoup plus doué derrière un appareil photo. C'est plus facile d'être celui qui regarde que d'être regardé. « Le sept mars. » Je sors mon téléphone portable pour rechercher des informations sur son signe astrologique. “La femme poisson possède un grand sens artistique et créatif, elle est à la recherche d’un esthétisme inédit…” Je lis avant de décrocher mes yeux de mon écran pour la regarder en souriant. “Quel que soit le domaine, elle se laisse influencer par toutes les tendances et les courants qu’elle croise. Elle les mélange pour créer une nouveauté, la sienne.” Je n’ai jamais cru en l’horoscope. Néanmoins, j’ai toujours trouvé que mes proches étaient nés le bon mois. Coïncidence ? Je ne sais pas. Je ne connais rien de Millie, mais les premières phrases suffisent à me dire que son signe astrologique lui va parfaitement. “C’est dingue, non ?” D'accord, j'en fais peut-être un peu trop, mais quand même. C’est pas comme si elle était tombée sur le site internet à l’âge de six ans et qu’elle avait trouvé sa voie en faisant de la mode, une vocation. Contrairement à l’horoscope qui peut tout à fait influencer le cours d’une journée. Je suis né avec un caractère de merde et je l’avais déjà avant de lire la description de l’homme bélier. Dorénavant, je l’utilise juste comme excuse pour pardonner mon impulsivité. Millie met un moment à revenir sur la terre ferme, elle a l'air perdue dans ses pensées. « Même si ça en ferait rire plus d’un, je sais pas s’ils en ont grand chose à faire de mon père, tu sais. » Je veux pas attiser les rires en la citant, mais simplement imager ma vision de la mode.
« Oh, mon père saurait reconnaître un beau discours aussi, mais c’est pas de lui que je parle effectivement. » Plus elle parle de son paternel et plus j’aimerais qu’il soit à la tête de la maison pour laquelle elle travaille. « Je pense que ça remonte à ses débuts, ou à une période proche en tous cas. J’ai toujours suivi les évolutions de la mode, j’ai toujours eu le nez fourré dans les magasines. Et puis même, Weatherton est cité dans nos cours à l’école, alors impossible de ne pas en avoir entendu parler. » On a pas eu les mêmes cours, ni les mêmes hobbies. Les seuls magazines que je lis sont ceux qui parlent d’autisme et de neurosciences. Les fringues qui me font envie n’ont pas leur place dans les revues et ceux que je peux m’offrir, non plus. « J’ai tout un book dans mon bureau, je te montrerai ça le jour où t’auras décroché ta place parmi nous. » J’esquisse un sourire. Elle a l'air d'y croire et c'est dangereux parce que ça me donnerait presqu'un peu d'espoir. « Et pas besoin d’attendre que je sois devenue célèbre pour penser à toi en tant que mannequin. » Je ris rien qu’à l’idée de m'imaginer dans le rôle du top-modèle. “Ça risque de te coûter cher en tissus.” Je rétorque en me redressant pour la regarder de toute ma hauteur. Elle ferait plus d’économies en basant les mensurations de ses créations sur quelqu’un de plus petit. Elle me décrit son job et bien que je sois un peu épaté parce qu'elle me dit, j'ai quand même envie de la mettre en garde. « Autre que bosser pour James, tu veux dire? » J’acquiesce de la tête. Je lui souhaite de réussir, là n'est pas le souci. Cependant, je sais que plus on gravit les échelons et plus douloureuse est la chute. « Non, absolument pas. » Je pince mes lèvres pour me retenir de lui dire qu’il faudrait qu’elle y songe, mais elle a l’air si sûre d’elle que je me vois pas lui ôter ses œillères. « J’ai pas besoin d’avoir de plan B, c’est ce que je veux faire, la question se pose pas. » Elle est clairement sur la défensive alors je décide de lever les mains pour lui montrer que je suis loin d'être son ennemi. “C’est pas ce que je voulais dire, mais parfois ce qu’on veut faire ne dépend pas seulement de nous, tu vois ?” Parfois, ça ne suffit pas. Sinon tout le monde aurait la possibilité de réaliser son rêve et le concept même d’en avoir un n’aurait plus aucun intérêt. « Pas ce type de courses là, mais il m’arrive de faire des courses quand il doit récupérer des trucs et qu’il est pas dispo, oui. » C’est toujours de cette façon que ça commence en général et puis les “rares fois” se transforment en “souvent” et les “souvent” en “tout le temps”. « Souvent, je m’y plie parce-que je préfère encore m’en occuper moi-même que de le voir ronchonner toute la journée à la suite. » - “Tant que ça ne devient pas la tâche principale de ton travail.” Je réponds en haussant les épaules. Je dois me faire violence pour ne pas critiquer son patron, à croire qu’il a quoi ? Cinq ans. « Et parce que c’est pas une surprise, c’était noté dans mon contrat. » En même temps, c’est James Weatherton, il aurait pu rédiger une annonce pour une bonniche sous payée qu’il aurait réussi à trouver une personne prête à tout pour rejoindre ses rangs. Cela ne veut pas pour autant dire que c’est un bon patron. « Tu n’es pas un inconnu, Angus, j’ai toutes tes informations personnelles sur ton CV dans mon sac, tu te rappelles ? » Pas toutes, non. Elle possède mon nom, prénom et mon numéro de téléphone. C’est peut-être suffisant pour la police, certes. Cependant ça ne l'est pas pour me connaître, réellement. J’ai fait le choix de ne pas y mettre mon adresse parce que je ne sais pas encore si je donnerai la bonne lorsque quelqu’un se rendra compte de mon 'oubli'. “C’est pas faux. D’ailleurs, tu devrais partager plus d'infos à ton sujet pour qu’on soit à égalité.” Je demande en la regardant dans les yeux. Les inégalités creusent des fossés et j’ai toujours détesté être du côté de ceux qui sont désavantagés. « Pas besoin de promettre que ça reste entre nous, j’ai rien à cacher à James. » Je l’observe en haussant un sourcil. Mon cul, ouais. On a tous des secrets, alors peut-être qu’elle n’a pas grands choses à lui cacher, mais je doute qu’il sache absolument tout de sa vie. « James peut être comparé à un enfant capricieux, égocentrique et colérique. » Qui n’est pas capable de faire ses propres courses et qui boude quand il lui manque un truc. Le genre de problème de riche que je ne connaîtrai jamais. Toutefois, j’admire sa sincérité. Je n’aurais jamais eu les couilles de balancer les défauts de Saül à une inconnue. En même temps, pour ma défense, les défauts qu’elle vient de citer sont bien plus acceptables que ceux de mon ancien patron. Moi aussi, il m’arrive d’être un gamin capricieux et égocentrique. Je suis même certain que c’est ce que dirait Cam s’il devait citer deux de mes défauts. Quant à la colère, rares sont les fois où je la laisse vraiment s’exprimer. Il m’arrive de m’énerver, de plus en plus souvent, mais pratiquement jamais en présence de Sam et si ce n'est quand il est à l'école, on est toujours ensemble. J’essaye de la tempérer un maximum quitte à remplir la cruche jusqu’à prendre le risque qu’elle m’explose en pleine gueule à un moment ou à un autre. « Il a un caractère qui est difficile à dompter, et parfois juste à comprendre. » - “Il est bélier ascendant prout-prout ?” Je demande avec un petit sourire. Plus elle me dépeint son portrait et plus il me tarde de le rencontrer. J’ai un petit frère qui a du mal à faire face à ses émotions, je devrais pouvoir gérer les états d’âmes d’un patron ronchon. « C’est aussi et surtout l’homme le plus passionné et le plus professionnel que j’ai eu la chance de rencontrer. Il ferait tout pour la maison, il ferait tout pour les personnes qui y travaillent aussi. Il est pas particulièrement doué pour le faire de la meilleure des façons, mais c’est pourtant vrai.» C’est tout ce que je voulais savoir. Elle porte peut-être des œillères, mais elle a l’air plutôt sincère. Le seul problème, c’est qu’elle semble être bien trop gentille pour ce monde et la gentillesse peut pousser à la naïveté. Dans tous les cas, je suis du genre à vouloir me faire mon propre avis. Et puis il faudrait vraiment que James soit une énorme ordure pour être pire que mon précédent patron. « Si on me donnait le choix entre aller bosser pour quelqu’un d’autre avec un meilleur caractère, et rester aux côtés de James malgré tous ses défauts, je choisirais quand même James. » - “ C'est bon, tu peux t'arrêter là.” Je balance avec un sourire pour lui faire comprendre qu’elle n’a pas besoin d’en dire plus pour m’ôter l’envie de lui reprendre mon C.V. Elle est tellement douée pour le vendre que je suis à deux doigts de rejoindre le fanclub. « Je sais que beaucoup de personnes ne peuvent pas comprendre ça, mais c’est pourtant mon avis sur la question. Et une vision sincère de celui qui porte le nom de la maison. » - “L’engouement et la popularité ne sont pas toujours synonymes d'excellence. Les restaurants instagrammables ont plus de chances de te servir des produits congelés de mauvaises qualités que les petits bistrots locaux qui ne payent pas de mine.” Cela vaut pour tout. Heureusement qu'il existe encore des gens qui n'ont pas peur d'aller à contre-courant sinon on serait tous à se trimballer en chaussettes-claquettes et à écouter des artistes aux voix autotunées. « Je vais prendre une quesadilla avec une bouteille de limonade. Et toi ? » Je m’avance pour regarder rapidement le menu affiché sur le camion. J’ai tellement été pris par la conversation que je n’ai pas pensé à le faire avant. « Je sais que t’as dit que c’est toi qui payais, mais j’ai changé d’avis: ça passera en note de frais au nom de Weatherton, alors prends ce qui te fait plaisir. » Je me frotte les mains avant de poser mes avant-bras sur le comptoir du véhicule. “Bonjour, on va vous prendre le camion entier.” Je dis en marquant un temps d’arrêt alors que la vendeuse me demande écarquille les yeux en me demandant de répéter. “Deux quésadillas, une bouteille de limonade, un thé glacé et une glace à l’eau s’il vous plaît.” J’ajoute en essayant de ne pas rire.
“C’est toujours meilleur quand c’est gratuit alors merci.” Je dis après avoir essuyé mes lèvres à l'aide de la serviette en papier. Je passe une main sur mon ventre tandis que je termine les dernières gorgées de mon thé glacé et que je peux déjà sentir le coup de barre arriver. “La glace, c’est pour ton patron. C’est la préférée de mon frangin, il a dix ans. Ça devrait lui plaire, non ?” Je demande en souriant comme un gosse. “En tout cas, entretien ou pas, c’était cool de faire ta connaissance.” Je sors la glace du sac pour la lui tendre et jette la boule de papier aluminium et mon gobelet vide dans la poubelle improvisée. “N’oublie pas que t’’as mon numéro de téléphone sur le C.V. Tu sais, dans le cas où t'aurais besoin de quelqu'un pour porter tes créations. ” Je suis conscient de prendre des risques en faisant ce genre de proposition sans avoir jeter un coup d'œil à son book, mais il faut croire que son amabilité me pousse à l’être en retour. “Je dois filer, mais j’espère qu’on se reverra. La bise à James !” Je lâche, les doigts croisés avant de tourner les talons et de quitter le banc en jouant le mannequin pour ce qui sera sûrement la dernière fois.