Welcome to the playground, follow me Tell me your nightmares and fantasies Sink into the wasteland underneath Stay for the night, I'll sell you a dream (Bea Miller)
« Ils veulent plus d’toi ici, Dorn. Tu dois d’abord payer tes dettes et ensuite on avisera. » Le géant au costume parfait pose la main sur son torse et le pousse doucement vers la sortie. Pas un geste brutal mais suffisamment dégradant pour lui rappeler son statut : un bon à rien, un moins que rien. Il soupire. « Fais pas cette gueule. C’est la règle ! Tu la connais, tu la connaissais aussi avant d’arriver ici. » Edison grogne un juron bien qu’il ne peut que lui donner raison. Mieux ne vaut pas se lancer dans une nouvelle partie de poker … il risquerait de se ruiner davantage, il risquerait de détruire sa propre vie. Ce qu’il lui reste n’est pas grand-chose et il essaie – encore aujourd’hui – de ne pas mettre une hypothèque sur son appartement, sa seule possession, pour pouvoir s’incruster sur une table de poker privée. « Je reviendrais. Je vais la payer ma dette, on a repris la route des concerts avec les gars. » dit-il sur un ton convaincu, essayant d’être convainquant. En vain. Le géant hausse les épaules, fait une drôle de moue avant de secouer la main en direction de la ruelle. Il aurait pu lui dire « du vent ! », cela aurait eu le même effet. Edison et son foutu égo. Levant les mains en signe de reddition, il fait quelques pas en arrière : « C’est bon, je me casse... regarde ! » Il fait demi-tour et disparaît dans les rues de Brisbane, les mains dans les poches, les bras ballants. Crétin, on vient de lui sauver la mise. On vient de lui épargner une nouvelle défaite, de nouveaux crédits.
Il est calé sur son canapé, penché au-dessus de sa table basse avec un crayon entre les mains quand son téléphone se met à vibrer. Composer. Reprendre du service. C’est sa sortie de secours. Quand il saisit son téléphone et voit apparaître le nom de Jenna sur son écran, un sourire malicieux se dessine sur ses lèvres. Jenna, c’est cette femme qui a pris une place particulière dans sa vie. Jenna, elle n’est pas comme les autres. Elle n’est pas de passage. Elle est devenue une visite plus ou moins régulière. Avec elle, aucune prise de tête. Elle a mis les choses au clair dès le début, et il a acquiescé, tout aussi satisfait. Ils passent de bons moments. Sans plus. Les règles du jeu sont claires et précises. Et, Edison est bien conscient d’être devenu un jeu pour elle. Il est son outil pour mettre le temps sur pause, pour se créer une bulle dans laquelle elle n’a aucun problème, elle ne pense plus à rien. Il a accepté ce statut ; habitué à être un type de passage, convaincu de ne pas en valoir davantage. Pas de plan pour ce soir. Ma porte t’est grande ouverte., pianote-t-il sur son téléphone en accompagnant son message de quelques emojis, se demandant pendant une ou deux secondes sous quel nom, surnom ou mot il est enregistré dans son téléphone.
Il repose ce dernier néanmoins à ses côtés et se focalise sur ce qu’il aimerait présenter au sand witches pour les remotiver à se lancer en studio. Le plus tôt sera le mieux. Il a besoin d’argent. Il a besoin de s’occuper. Il faut qu’ils se relancent, qu’il se relance. Quand elle sonne à sa porte, il se lève d’un bond et se dirige vers la porte pour l’ouvrir, en affichant le plus radieux des sourires. « Attention ! Je pourrais commencer à croire que je suis sur le point de devenir ton passe-temps préféré. » dit-il d’une voix amusée, posant son coude sur le rebord de la porte avant de lui faire un signe de la main pour la faire entrer chez lui.
Tu pousses ton vélo, incapable de mettre un pieds dessus. Tes mains tremblent, tu sais que la chute sera inévitable. Alors tu pousses ton vélo pendant plusieurs mètres, à la recherche d’un endroit à l’abris des regards. Chaque visite à Joanne est un crève-coeur, chaque visite fait un peu plus mal mais aujourd’hui c’était particulièrement difficile. Tu n’avais pas besoin que sa mère te le dise, tu pouvais le voir de toi-même. La maladie avait gagné depuis longtemps mais cela n’avait jamais été aussi visible qu’aujourd’hui. Pourtant, devant Joanne, tu avais fait comme si de rien n’était. Tu lui avais parlé de tout et de rien, de la galerie surtout qu’elle ne verra jamais grandir et puis de ta famille. Plus tes pas t’éloignaient de ton amie, plus tu sentais les larmes monter. Elles étaient inévitables après pareille visite et tu n’essayais pas de les retenir. Pourquoi est-ce que l’univers décidait de vous priver des meilleurs de ce monde ? Ta tante et puis maintenant Joanne … Qui sera le prochaine ? Le grand-père de Matt ? Tu frissonnes à cette idée mais pour l’instant tu l’éloignes de tes préoccupations, Matt t’ayant confié que la maladie de son grand-père avait elle reculé. Tu t’installais sur un banc dans un petit espace vert prenant le temps de reprendre tes esprits. Il te fallait sécher tes larmes et te recentrer. Ta soeur avait un rendez-vous ce soir et tu ne pouvais pas la voir mais il t’était impossible d’envisager passer la soirée seule. Finn partirait au travail à cette heure-ci donc tu ne pouvais pas compter sur lui. Ces horaires décalés faisaient que tu ne le voyais guère malgré le fait que vous habitiez sous le même toit … Et puis, comme une évidence, c’est un autre prénom qui te vint à l’esprit. Machinalement, tu sortis ton téléphone pour composer le message suivant : Hello, dispo ce soir pour que je passe chez toi ? Ni plus, ni moins. Tu envoyais le message sans y réfléchir à deux fois. Edison … Le prénom brillait son ton écran de téléphone et encore aujourd’hui tu avais du mal à croire que le jeune homme faisait parti de ta vie. Un mauvais choix, c’est ce qu’aurait dit ta mère mais tu n’étais pas du même avis. Pas de plan pour ce soir. Ma porte t’est grande ouverte. Tu sentis un poids se soulever de tes épaules. Merci. Parfait ! Essuyant tes dernières larmes, tu enfourchais ton vélo et tu te mis en route vers Bayside.
Il était difficile de qualifier ta relation avec Edison. Vu que tu n’en parlais à personne et que cela ne regardait que toi, tu ne la définissais pas. Il représentait tout ce que tu avais toujours évité : irresponsable, beaucoup trop tatoué, chanteur dans un groupe, pas de métier stable mais bizarrement, c’était tout ça qui l’avait rendu irrésistible ce soir-là. Et puis toutes les autres fois où vous aviez fait en sorte que vos chemins se croisent. Il était ton antidote à tous les problèmes que tu rencontrais te permettant de mettre ton cerveau en pause et de ne penser qu’à toi. Une fois arrivé, tu attachais ton vélo en bas de son immeuble et tu t’approchais d’une vitrine. Ta tête te fit réellement peur. Fouillant dans ton sac, tu y attrapais une lingette démaquillante et une brosse à cheveux pour te rendre présentable. Il était immanquable que tu avais pleuré mais au moins, tu avais l’air un peu plus digne. Tu n’hésitais pas en rentrant dans l’immeuble sur les codes, tu connaissais parfaitement ton chemin. La porte ne tarda pas à s’ouvrir sur un Edison avec un sourire radieux sur les lèvres et déjà, tu sentais ton corps se détendre. « Attention ! Je pourrais commencer à croire que je suis sur le point de devenir ton passe-temps préféré. » Un sourire amusé sur les lèvres, tu lui répondis : « Je dirais plutôt que tu es mon seul passe-temps. » En faisant donc par défaut ton passe-temps préféré. C’était la première fois de ta vie qu’une relation était aussi simple. Edison ne te connaissait pas d’avant, tu n’avais aucun compte à lui rendre et lui non plus. Tu entrais dans l’appartement à son invitation et une fois qu’il eut fermé la porte, tu passais tes bras autour de son coup pour lui voler un baiser auquel il répondit sans hésitation. Tu l’entrainais ensuite vers le salon où, une fois ton sac par terre tu lui dis : « Désolé de passer à l’improviste, je peux te laisser finir si tu veux. » Dis-tu en montrant les feuilles disposées sur la table basse.
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« Elle apparait dans le cadre de la porte et il ne prenait pas conscience – pas encore – que le nombre de fois où cette scène se produit se fait de plus en plus nombreuses. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas dans ses habitudes. Aucune idée du pourquoi et comment cela s’était produit entre eux. Mais normalement, il ne donne pas son numéro. Normalement, il se contente de relation d’un soir. Une fois. Rien de plus. Pas d’attachement. Pas de connaissance. Pas de small talk. Rien. Mais, elle, elle avait même le droit à être enregistré dans ses contacts. Peut-être parce qu’elle était différente des autres. Elle n’aurait jamais dû apparaître dans son monde. Elle n’y appartenait pas. Du moins, à première vue. « Je dirais plutôt que tu es mon seul passe-temps. », lui dit-elle avec un sourire amusé. Mais son sourire amusé ne pouvait pas effacer son air triste et surtout ces yeux rougis par de trop nombreuses larmes. Il ne sait pas vraiment ce qui anime et tourmente Jenna, mais il est convaincu qu’il y a quelque chose de grave, de suffisamment grave pour qu’elle soit dans cet état. Néanmoins, il est pour lui inconcevable de creuser et poser les questions qui mettraient tout cela en lumière. Il n’en est pas capable. Edison agit de la même manière ; prétendre être heureux, prétendre que tout va pour le mieux. Il a toujours agi de la sorte, depuis son adolescence. Alors, il fait comme s’il ne voyait pas ses yeux rougis, comme s’il ne voyait pas son air triste et cette lueur éteinte au fond de son regard. Si elle est là, ce n’est pas pour s’épandre sur ses sentiments. Elle est là pour ne pas y penser ; il le sait. Il accepte. « Désolé de passer à l’improviste, je peux te laisser finir si tu veux. » A cette remarque, il tourne la tête vers la table basse sur laquelle il y a encore les feuilles griffonnées. « A l’improviste ? Tu passes pas à l’improviste, tu m’as prévenu … et … oublie ça, n’y pense même pas, je préfère jouer ton passe-temps préféré, je préfère cette version à celle du seul passe-temps, que bosser sur des titres qui verront sans doute jamais le jour. » Il repose son attention sur la rousse pour lui décocher un clin d’œil complice.
« Je t’offre quelque chose à boire ? », lui demande-t-il en désignant d’un signe de tête le coin cuisine. « Ou alors c’est juste un coup de tête spontané, vite fait et t’as pas l’intention de rester très longtemps ? » Il arque un sourcil, un air interrogateur sur le visage. « J’ai vraiment rien de prévu donc je suis tout à toi » ajoute-t-il en ouvrant les bras en croix, dans un éclat de rires pour finalement se diriger vers la table basse et rassembler les différentes feuilles noircies pour les déplacer. Non pas que ce soit un secret, c’est juste qu’il voulait lui montrer sans le moindre mot qu’il était réellement là pour elle, à cet instant. Il mettait, comme d’habitude, tout le reste de côté pour remplir son rôle habituel. Le médicament. L’antidote. Le mouchoir. S’il prétendait accepter ce rôle à la perfection, ce rôle ne faisait que montrer de plus en plus le trou géant qu’il y avait dans sa vie. Pas de relation sérieuse. Pas de relation stable. Rien que des instants de vie. Rien de fixe. Et du coup, aucune épaule sur laquelle se reposait. Personne avec qui il pouvait échanger sur ces démons qui le dévoraient doucement de l’intérieur. Alors, il devait prétendre et une fois de plus, il le faisait à la perfection avec Jenna. Cet air détendu. Cet air détaché. Ce sourire.
A cet instant précis, c’est difficile à croire mais tu fais aussi partie de ces personnes qui sourient sans cesse et qui font comme si tout allait bien. Seulement, ces derniers temps, tu n’en étais plus capable. Pas quand tu savais pertinemment que tu allais devoir dire au revoir à ton amie de toujours, à l’une des personnes qui te connaissait le mieux et en qui tu avais une totale confiance. La vie avait décidé de vous l’enlever et surtout, de l’enlever à ses enfants, une injustice dont tu n’étais pas certaine de te remettre. Tu chassais ces pensées de ton esprit car sinon tu allais te remettre à pleurer et il en était hors de question. Tu ne voulais plus y penser, pour quelques heures en tout cas. Et quel meilleur remède que le sourire d’Edison, sa présence près de toi ? Aucune, il ne faisait aucun doute que tu étais venue au bon endroit. Car même si vous ne vous étiez jamais rien promis, un lien s’était créé entre vous et il était beaucoup plus facile pour toi de te montrer vulnérable à ses côtés qu’avec certaines personnes de ton entourage. « A l’improviste ? Tu passes pas à l’improviste, tu m’as prévenu … et … oublie ça, n’y pense même pas, je préfère jouer ton passe-temps préféré, je préfère cette version à celle du seul passe-temps, que bosser sur des titres qui verront sans doute jamais le jour. » Tu le laisses mettre les feuilles de côté. Tu n’as pas cherché à en écouter, des chansons de son groupe dont tu connais vaguement le nom. Cela ne devrait pas être difficile mais tu préfères les entendre en direct, un jour peut-être si l’occasion se présente ou alors pas du tout. « Si toi non plus tu n’y crois pas alors non, ils ne verront jamais le jour. Moi je suis plus optimiste, je pense que tu n’as pas dit ton dernier mot. » C’était impossible, il ne pouvait pas abandonner alors qu’il n’avait pas encore trente ans. C’est fou comme les choses peuvent sembler fatales à cet âge-là mais toi, tu avais vécu, tu savais qu’il fallait juste traverser cette période et se donner les moyens de poursuivre ses rêves. « Je t’offre quelque chose à boire ? Ou alors c’est juste un coup de tête spontané, vite fait et t’as pas l’intention de rester très longtemps ? J’ai vraiment rien de prévu donc je suis tout à toi » L’idée de repartir aussi vite que tu étais venue ne t’avait même pas traversée l’esprit. Pourtant, cela t’est déjà arrivé. Ce soir toutefois, tu as juste besoin de compagnie et tu prendras ce qu’Edison peut te donner, peu importe ce qu’il peut te donner. « Je veux bien un verre d’eau dans un premier temps pour me remettre du trajet à vélo merci. » Tu restais la femme polie et bien élevée que tu avais toujours été. Quand tu étais aux côtés d’Edison, tu repensais à ces soirées guindées à New York où ton boulot était de convaincre les plus riches de la ville de dépenser des fortunes pour aider le MET à rénover telle ou telle aile ou à faire une donation d’oeuvre. C’était un autre monde … Quand Edison revint avec ton verre d’eau tu lui dis : « Non je n’ai rien de prévu, je peux préfère rester si cela ne te dérange pas. » A la place de dire une bêtise, tu pris une gorgée d’eau. Il y avait quelque chose chez Edison sur lequel tu n’arrivais pas à mettre le doigt. Personne n’est tout le temps heureux mais il semblait surtout solitaire, un peu comme tu l’étais en ce moment. Le verre toujours à la main, tu t’installes dans le canapé avant de dire : « Une de mes amies va bientôt mourir je … Imaginer un monde sans elle me paraît impossible. » Te retrouvas-tu à dire le regard perdu dans le vide. Tournant ta tête vers Edison, le regard brillant, tu souris tristement en secouant la tête. « Même ton beau sourire n’arrive pas à me faire tout oublier ce soir. » D’habitude, cela suffisait. D’habitude, vous ne parliez pas beaucoup même si vous parliez de plus en plus, presque sans vous en rendez compte ou alors sans vouloir le reconnaître.
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« Si toi non plus tu n’y crois pas alors non, ils ne verront jamais le jour. Moi je suis plus optimiste, je pense que tu n’as pas dit ton dernier mot. » « Optimiste, tu dis ? Mouauis… peut-être que c’est pas une si mauvaise idée, » dit-il sur un ton faussement indifférent. Parce que la seule chose qui comptait à ses yeux avait toujours été ce groupe. La nostalgie de ses rêves de gamin. La nostalgie de tous les possibles. A vrai dire, il avait été le seul à rester faire du sur-place. Les membres de son groupe étaient devenus des adultes, avec des plans B, il était le seul à n’avoir que le groupe.
« Je veux bien un verre d’eau dans un premier temps pour me remettre du trajet à vélo merci. » Il acquiesce pour finalement lui servir un verre d’eau qu’il lui tend quelques minutes plus tard. Il avait tendance à oublier combien elle était différente. Lui, il jurait comme un charretier, trainait avec des gens qui avaient une vingtaine de mots dans leur vocabulaire. Elle, elle avait la classe d’une femme moderne et indépendante. Elle semblait savoir ce qu’elle voulait. Elle semblait maîtriser sa vie, son petit monde. A chaque fois, il était attendri par ce grand écart des cultures qu’ils représentaient. « Non, je n’ai rien de prévu, je préfère rester si cela ne te dérange pas. » « C’est pas aujourd’hui que ta présence va me déranger, te fais pas de souci là-dessus. » Le cas contraire, il aurait ignoré le message comme il le fait parfois quand il a envie de s’enterrer seul, quand il est sur une table de poker à se ruiner, quand il se laisse dévorer par ses démons et ses tourments. Mais non, ce soir, il avait répondu dans la minute. Elle pouvait rester aussi longtemps qu’elle le voulait, tant que cela ne dépassait pas les vingt-quatre heures ; il y avait tout de même des règles à ne pas oublier. Edison la suit du regard venir s’asseoir sur son canapé et il finit par l’imiter, la regardant du coin de l’œil … attendant le moment où elle décidera de lui sauter dessus pour oublier la vie de femme parfaite ; c’est comme ça qu’il la voyait. Mais à la place, elle prit la parole pour lui dévoiler quelque chose à laquelle il ne s’y attendait pas. Loin de là. « Une de mes amies va bientôt mourir je … imaginer une monde sans elle me paraît impossible. » Les yeux se plissent, les sourcils se froncent, première fois qu’elle lui dévoile quelque chose de sa vie privée. Il tourne aussitôt la tête vers elle, et sa main se pose immédiatement sur sa cuisse. S’il y a une chose qu’il connaissait, c’était l’amitié. Cameron. Son accident. L’hôpital. La peur de perdre un être cher. Un monde qui s’effondre. Il comprend. Bien trop. « Même ton beau sourire n’arrive pas à me faire tout oublier ce soir. » Il secoue la tête doucement. « Je suis désolé. » C’est la première chose qui lui vient à l’esprit. La voix est calme, posée, presque un murmure alors que la main toujours posée sa cuisse, il y a son pouce qui la caresse d’un geste rassurant.
« Il y a certaines choses qu’on ne peut pas oublier, qu’on ne veut pas oublier. Et, je vais même pas tenter de te le faire oublier, Jenna. » Il esquisse un sourire qui se veut rassurant mais néanmoins plus timide, comme effacé.
« Elle s’appelle comment ? » Drôle de question, n’est ce pas ? Edison ne voulait pas connaître les détails et n’est pas du genre à sortir les phrases tout droit sorties des bouquins de positive vibes. Non, elle allait perdre une amie. C’est l’amie qui l’intéressait. Car, même si elle allait disparaître, elle serait toujours là dans ses souvenirs. Le roi des idiots n’était peut-être pas si antipathique que cela, tout compte fait.
Ça te fait mal au coeur de voir que tu es plus optimiste qu’Edison. Pourquoi est-ce que ses chansons seraient plus nulles que d’autres ? Il y a tellement de trucs minables qui passent sur les radios … Il faut qu’il croit en lui c’est tout, qu’il ait confiance en cet avenir qui lui tendait les bras même s’il était incapable de le voir. « Optimiste, tu dis ? Mouauis… peut-être que c’est pas une si mauvaise idée, » Planter cette petite graine d’optimisme dans la tête du jeune homme était suffisant pour l’instant. Il ne voulait pas parler de sa musique, tu pouvais le comprendre et de toute manière, tu n’avais pas réellement la tête à ça. Le silence avait toujours été ton meilleur allier, tu n’avais pas fait partie de ceux qui arrivaient à mieux travailler et se concentrer en musique. Tu demandais un verre d’eau à Edison qui alla te le chercher alors que tu prenais place dans le canapé. Tu sentais petit à petit ton rythme cardiaque se calmer, une forme de calme s’installer même si tes yeux continuaient à te piquer. Il était de plus en plus difficile de nier la réalité, de ne pas voir chaque visite à Joanne comme possiblement la dernière. Et tu t’en voulais de faire supporter ton état déplorable à Edison voilà pourquoi tu t’étais excusée. « C’est pas aujourd’hui que ta présence va me déranger, te fais pas de souci là-dessus. » Un sourire se dessina machinalement sur ton visage. Sous ses airs de méchant garçon, Edison était bien plus gentil qu’il voulait le laisser paraître et c’était sans aucun doute une des raisons pour lesquelles tu revenais aussi souvent. Tu sentais qu’il attendait, qu’il attendait que tu lui sautes dessus comme tu le faisais habituellement mais au lieu de cela, c’est un bagage bien plus lourd que tu mis sur la table. L’incompréhension est bien plus marquée sur le visage d’Edison que ne l’est la surprise. Ses sourcils se froncent mais il ne tarde pas à poser sa main sur ta cuisse, un signe de présence sans ambiguïté, dont il n’attendait rien et qui te permettait pour une fois, de ne pas te sentir seule face à cette situation. « Je suis désolé. » Tu ne réponds rien parce qu’il n’y a rien à répondre. Vous êtes tous les deux désolés de cette situation pour le moins tragique. Ta main se pose machinalement sur la sienne, comme pour le remercier d’être là avec ces petits gestes rassurants. « Il y a certaines choses qu’on ne peut pas oublier, qu’on ne veut pas oublier. Et, je vais même pas tenter de te le faire oublier, Jenna. » Il comprend ce que tu es en train de vivre ou du moins, il semble le comprendre. Pour un homme comme Edison, de ceux qui n’ont jamais grandi, cela te semble énorme et te laisse penser qu’il se cache sans doute beaucoup de choses derrière l’homme qu’il te laisse voir. Tu n’as pas la force de te montrer curieuse mais cela te rassure en quelques sortes. « Elle s’appelle comment ? » Question étonnante mais tu réponds sans réfléchir, presque par mécanisme. « Joanne. » Tu sens les larmes te remonter aux yeux alors que ces quelques syllabes sortent de ta bouche. Bientôt elle ne sera plus là … C’est inconcevable pour toi et pas uniquement pour toi. Elle va laisser beaucoup de personnes derrière elle et il ne te restera que des souvenirs auxquels te raccrocher. « On s’est rencontré à l’université, on étudiait toutes les deux l’histoire de l’art. C’est cette passion commune qui a permis à notre amitié de traverser les années. » Vous vous étiez éloignées, puis rapprochées, puis éloignées. C’était comme cela que fonctionnait votre relation. « Elle n’aura même pas eu l’occasion de mettre un pied dans ma galerie. » Dis-tu la voix remplie de regrets. Ton optimisme t’avait déserté ce soir, tu semblais incapable de t’y raccrocher. Essuyant les larmes qui avaient coulé sur tes joues, tu te tournais vers Edison en lui disant : « Je suis désolée de t’embêter avec mes histoires. » Ce n’était pas son rôle après tout. Il avait toujours été question entre vous d’une aventure sans histoire dans laquelle vous ne vous confiez pas, tu n’avais pas envie de l’enquiquiner avec tout ça. « Qu’est-ce que tu me proposes pour me changer les idées ? » A défaut d’oublier, que tu puisses au moins faire une pause, tu ne doutais pas qu’Edison était plein de ressources.
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Un geste anodin. Sa main se pose sur sa cuisse instinctivement et elle vient poser la sienne. Un geste anodin qui a néanmoins tellement plus de sens. Il représente quelque chose de bien plus profond. Une empathie. Un intérêt pour les émotions qui l’animent et qu’il devrait normalement ignorer ou ne pas considérer. « Joanne. » Elle s’appelle Joanne. Prononcer ce prénom a l’effet escompté, cela anime d’autres émotions plus fortes. Le prénom prononcé à voix haute donne davantage de relief aux souvenirs, prononcer ce prénom rend les choses plus réelles. Joanne est là, bientôt elle ne sera plus. Il conserve sa main sous la sienne, sur sa cuisse et de son pouce, il caresse doucement comme une invitation à continuer, à ne surtout pas s’arrêter. « On s’est rencontré à l’université, on étudiait toutes les deux l’histoire de l’art. C’est cette passion commune qui a permis à notre amitié de traverser les années. » Elle en dévoile davantage et il demeure silencieux. Il écoute avec intérêt car il sait qu’elle est en train de s’ouvrir, de dévoiler quelque chose qui compte. « Elle n’aura même pas eu l’occasion de mettre un pied dans ma galerie. » Sa voix se gonfle de regrets et il l’imagine déjà se noyer sous les regrets, sous les « et si », sous toutes ces idées qui ne se réaliseront jamais … jamais comme elle l’aurait voulu. Il se pince les lèvres quand il la voit essuyer d’un revers de la main les larmes qui s’étaient échappées pour venir s’écraser plus bas. « Je suis désolée de t’embêter avec mes histoires. » Il a un geste de recul, fronce les sourcils comme si elle venait de lui confier la plus grosse sottise du siècle. Non, elle ne l’embête pas. Elle n’est pas comme les autres, Jenna. Elle n’est pas la rencontre d’une nuit. Elle n’est pas la femme de l’instant. Elle est celle avec qui il ne craint pas de passer la nuit, de se réveiller le nez enfoui dans le creux de son cou, tout en s’endormant avec le souffle de sa respiration sur le torse. Elle est celle avec qui il rit de tout, tout le temps. Elle est celle qui est régulièrement là et même s’il est incapable de déterminer ce que cela signifie, elle est là. Toujours là. Elle compte, non ? Il secoue la tête de droite à gauche pour bien lui faire comprendre qu’elle ne l’embête pas et qu’elle est en train de se tromper. « Tsss, dis pas de conneries ! Ce ne sont pas des « histoires », c’est important, c’est quelqu’un qui compte … et tu m’embêtes pas, Jenna. Crois-moi, si tu me faisais chier, j’aurais déjà trouvé un moyen de partir … ou de te faire partir. » dit-il aussitôt tout en lui tapotant la cuisse. Fuir, c’était un peu son sport de prédilection. L’honnêteté, c’était quelque chose qui le caractérisait. Hélas. Parfois.
Dans son esprit, c’est un changement de plan. Il avait déjà imaginé la rouquine dans ses draps, dans ses bras et voilà qu’il l’imaginait simplement installée dans son canapé, à boire un verre d’eau tout en se servant de lui comme un mouchoir. Un boulot à la Edison. Son regard s’égare une demi-seconde avant de l’entendre essayer de reprendre le contrôle et surtout mettre de côté les émotions réelles qui l’animent. « Qu’est-ce que tu me proposes pour me changer les idées ? » Il sourit et étouffe un éclat de rire, en tournant la tête vers elle. « Ce que je te propose pour te changer les idées ? », qu’il répète, l’air faussement rêveur. « Pfiouuuh … Tu te doutes bien que j’ai pas mal d’idées en tête … » ajoute-t-il après sifflé comme submergé par les différentes idées qui lui traversent l’esprit. Et, il vient enrouler son bras autour d’elle pour venir l’attirer contre lui, le dos davantage appuyé contre le dossier du canapé. Juste une technique pour lui faire prendre place plus confortablement dans son canapé, essayer d’effacer ces tensions qui sont bien trop palpables. Le bras toujours enroulé autour d’elle, sa main libre se pose sur sa joue lui faisant ainsi tourner la tête vers elle. Et ils sont là, à quelques centimètres l’un de l’autre. Il lui adresse un sourire complice avant de déposer un tendre presque furtif baiser sur la commissure de ses lèvres, effleurant du bout des doigts la peau de son cou. « Avant, il va falloir que tu me promettes de te laisser souffler … de t’autoriser à souffler … parce que j’ai l’impression que tu es à deux doigts d’imploser … et ça tombe bien, ici, c’est l’endroit idéal pour imploser. » Un nouveau baiser sur ses lèvres alors que sa main quitte sa joue pour son cou qu’il n’effleure que du bout des doigts. Une invitation à lâcher prise. Que ce soit pour venir se blottir dans ses bras et craquer une bonne fois pour toute ou pour simplement lui sauter dessus et lâcher les rênes. Il répondrait présent.
Ce n’est pas grand chose finalement, juste une main sur ta cuisse et cette présence près de toi. Ce n’est pas grand chose mais cela change tout. Tu aurais pu te réfugier chez Matt ou chez toi pour retrouver Finn mais c’est vers Edison que tu t’es tournée parce que tu savais qu’il serait ta béquille et qu’il ne poserait pas trop de questions. Il était extérieur à cette situation et c’était ce qu’il te fallait. Juste quelqu’un sur qui s’appuyer pour ne plus être toute seule. Depuis ton retour à Brisbane, tu avais eu le sentiment d’être bien entourée, tu avais retrouvé tes marques et repris ta place auprès de tes amis mais il y avait toujours eu ce vide au fond de toi. Ce vide, il n’y avait qu’Edison qui arrivait à le faire disparaître. Cela aurait dû t’interroger, tu aurais dû te demander ce que cela signifiait mais tu n’avais pas la force de le faire, tu voulais simplement en profiter. Alors que vous vous étiez promis une relation simple, sans profondeur, pour vous amuser, voilà que tu en viens à décaler ce que tu as sur le coeur. Que tu en viens à parler de Joanne, cette personne si chère à ton coeur et que tu t’apprêtes à perdre. Tu n’aurais pas pensé être celle qui briserait la règle, qui dépasserait les bornes mais la réalité était bien là, sous tes yeux. Et tu t’en voulais de l’imposer à Edison qui devait avoir ses soucis à gérer de son côté. Il ne semble pas vouloir de tes excuses, au contraire même, il semble être satisfait de jouer ce rôle de personne réconfortante et présente pour toi aujourd’hui. « Tsss, dis pas de conneries ! Ce ne sont pas des « histoires », c’est important, c’est quelqu’un qui compte … et tu m’embêtes pas, Jenna. Crois-moi, si tu me faisais chier, j’aurais déjà trouvé un moyen de partir … ou de te faire partir. » Un sourire se dessine sur ton visage parce que tu connais l’honnêteté d’Edison. Tu en as fait les frais au début de votre aventure sans que cela ne te dérange plus que ça. Aujourd’hui plus que n’importe quel autre jour, tu lui en étais reconnaissante. Contre toute attente, tu t’étais attachée à ce bad boy qui cachait un tout autre homme derrière cette façade. « Merci de m’avoir écouté et je tâcherai de m’en souvenir si jamais tu montres des signes d’agacement la prochaine fois. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil pour le taquiner. Même si vous étiez attachés l’un à l’autre aujourd’hui, le contrat n’avait pas changé, vous ne vous deviez rien du tout.
Tu sens qu’il est temps de te reprendre, tu as envie d’essayer de chasser toutes ces pensées de ton esprit et tu n’as pas envie de décider comment. Tu t’en remets à Edison pour ce qui est de trouver un moyen de te faire penser à autre chose. « Ce que je te propose pour te changer les idées ? Pfiouuuh … Tu te doutes bien que j’ai pas mal d’idées en tête … » Les idées ce n’était pas ce qui manquait à Edison. Tu frissonnais rien qu’à l’idée de lui laisser les reines, de le laisser prendre soin de toi. Qu’est-ce qui pouvait se cacher dans son esprit ? Tu n’en savais rien mais tu avais envie de le découvrir. Instinctivement, tu te rapprochais un peu plus du jeune homme qui passa un bras derrière ton dos et tu te blottis dans ses bras. Ton corps était toujours bien trop tendu pour cette position mais tu sentais petit à petit les tensions disparaître. Cela n’allait pas être facile mais tu allas y arriver. Quand la main d’Edison vint se poser sur ta joue, tu sursautais légèrement mais tu ne résistas pas. Il approcha son visage doucement, si lentement par rapport à ce dont tu étais habituée mais cela ne faisait que faire grandir l’anticipation. Quand ses lèvres se posèrent sur les tiennes, ce fut un soulagement immense qui t’envahit. Ce fut rapide mais tellement nécessaire. « Avant, il va falloir que tu me promettes de te laisser souffler … de t’autoriser à souffler … parce que j’ai l’impression que tu es à deux doigts d’imploser … et ça tombe bien, ici, c’est l’endroit idéal pour imploser. » Ta gorge se serre de nouveau parce qu’Edison a raison. Tu es plus tendue que jamais et tu ne t’autorises aucun faux pas, aucun moment de faiblesse. Pas quand il y a tant de monde qui compte sur toi, pas quand tu dois avancer toute seule. « Je … » Tu arrivais à peine à parler, tu ne savais pas ce que tu voulais mais tu savais ce dont tu avais besoin. Tu avais besoin d’Edison pour oublier toutes ces tensions mais par dessus tout oublier que tu étais toute seule. La main qui caressait ton cou te faisait frissonner et la boule qui était dans ta gorge finit par remonter. Des sanglots te submergèrent et tu te retrouvais dans les bras d’Edison à lâcher prise, complètement. Ses bras vinrent se fermer autour de toi et tu te laissais aller. Ce sera certainement ta seule opportunité de le faire et tu lui étais reconnaissante de te l’avoir accordée. Tu ne sais pas combien de temps tu pleurais comme ça mais au bout d’un certain temps, tu relevais la tête, sentant ton corps moins tendu et ton esprit un peu plus clair. « Merci. » Tu te répétais mais tu t’en fichais, tu lui étais particulièrement reconnaissante. « Merci d’être là. » Tu comprenais aujourd’hui à quel point cela pouvait être plus simple de craquer avec des gens qui ne vous connaissent pas autant que vos amis proches. Tu essuyais tes yeux rougis avant de lui dire : « Je ne dois pas ressembler à grand chose, je peux t’emprunter ta salle de bain ? » Tu voulais te passer un coup d’eau sur le visage et essayer d’être de nouveau présentable. « Et je peux te retrouver dans ta chambre juste après. » Dis-tu avant d’ajouter : « Si mon apparence et mon attitude ne t’ont pas encore rebuté bien entendu. » Tu le comprendrais très bien, après tout cette rencontre n’avait rien à voir avec celles que vous aviez eues précédemment.
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Avec ces quelques mots, il ne voulait pas forcément la voir s’écrouler. N’allez pas croire qu’Edison se nourrit du malheur des autres et que c’était une manière de la torturer que de la laisser pleurer, ici, dans ses bras. Non ! Avec ces quelques mots, il voulait simplement lui faire comprendre que c’était possible, rien (ou presque) n’était interdit entre ces quatre murs. Il n’y avait qu’eux deux. Ils ne se connaissaient qu’en surface. Ils n’avaient rien à prouver à l’autre. Ils n’avaient pas à avoir honte face à l’autre car ils se répétaient et essayaient vainement de se convaincre qu’ils n’étaient rien d’autre qu’un amusement pour l’autre. Edison sait pertinemment combien il est difficile de s’autoriser une pause parmi les siens, de s’autoriser à craquer, à lâcher prise. Encore plus difficile quand le reste attend de vous de garder la tête froide, de demeurer rationnel. Alors, oui, ici, entre ces quatre murs, elle pouvait craquer. Elle voulait relâcher la pression, qu'importe ce que cela signifiait pour elle. Il ne la jurerait. Il n’interpréterait rien du tout. Il prendra tout simplement ce qui vient tel quel. Il ne détourne pas le regard quand il la voit un peu surprise par ces paroles. « Je … », et il ne détourne pas non plus le regard quand elle essaie de commencer à parler. Il ferme néanmoins les yeux quand elle finit par s’effondrer et venir se blottir contre lui, dans ses bras qu’il referme avec tendresse. Aucun commentaire. Aucune parole. Edison se contente de la garder en sécurité entre ses bras, caressant avec tendresse l’arrière de sa tête tout en posant sa joue contre le haut de son crâne. Il était là. Dans cette position, il avait la sensation qu’elle était devenue encore plus minuscule, encore plus frêle. Elle avait juste besoin d’une pause. Il tourna quelques secondes la tête pour déposer un baiser sur le haut de son crâne avant de se remettre dans cette position. Un geste bien étrange entre eux, disons que ce n’était pas avec cette tendresse et attention qu’ils avaient l’habitude d’échanger. Pourtant, ce geste avait été intuitif, naturel, spontané. Il desserre son étreinte quand elle semble se calmer. La respiration a repris un rythme normal. Le silence s’est de nouveau emparé de la pièce. Il baisse le regard vers elle qui lui souffle alors « Merci. Merci d’être là. » En guise de réponse, il lui offre un faible sourire. Il n’a pas fait grand-chose. Il n’a même pas trouvé les mots pour apaiser ses douleurs et sa peine ; mais il accepte ce merci avec simplicité. Typiquement Edison. « Je ne dois pas ressembler à grand-chose, je peux t’emprunter ta salle de bain ? », lui dit-elle après avoir essuyé les dernières larmes qui perlaient le coin de ses yeux. Ses yeux étaient rougis tout comme ses joues. Impossible de passer à côté du fait qu’elle venait de passer plusieurs minutes à fondre en larmes. Elle avait les traits tirés, un air fatigué indéniable. Pourtant, Edison la voyait d’un tout autre œil. Il roule des yeux pour lui faire comprendre qu’elle exagère et accompagne son geste d’une simple phrase, prononcée sur un ton détaché, démontrant qu’il n’en comprenait pas les raisons mais n’avait rien contre. « Fais comme chez toi. » Une phrase qu’il répète un peu trop à ses invités à bien y réfléchir. « Et je peux te retrouver dans ta chambre juste après. Si mon apparence et mon attitude ne t’ont pas rebuté bien entendu. » Les sourcils du géant se froncent aussitôt et il penche la tête sur le côté alors qu’elle s’était levée du canapé après les propos d’Edison. « T’es sérieuse là ? », qu’il lui demande, jouant à la perfection le gars hébété. Et, une seconde plus tard, il se tient devant elle et vient poser ses mains sur ses joues rougies. « Je viens d’apercevoir l’humain derrière l’habituelle ordinaire élégante dictatrice qui me rend parfois visite », souffle-t-il sur le ton de la plaisanterie. Dictatrice était évidemment exagérée ; mais elle était à ses yeux la femme moderne en personne. Indépendante, elle maîtrisait (ou du moins lui montrait cette image d’elle-même) sa vie professionnelle et privée d’une main de fer. Elle semblait savoir ce qu’elle voulait, elle avait avec lui instauré quelques règles strictes concernant cette aventure qu’il partageait par amusement et avec passion. Jamais, elle n’avait montré la moindre faille, la moindre fêlure. Jamais, il ne l’avait vu ainsi. Et, cela la rendait encore plus attirante. « et je dois dire que je la trouve tout aussi attirante » ajoute-t-il avant de venir l’embrasser, resserrant ses bras autour de sa taille pour la soulever du sol. « C’est moi qui t’y amène dans ma chambre » Un sourire complice échangé.
Craquer n’avait jamais été dans tes plans. Pourtant, tu savais à quel point s’était important de pouvoir lâcher prise, tu en avais fait l’expérience lorsque tu avais accompagné les derniers mois de ta tante. Mais à New York, là où personne ne te connaissait aussi bien qu’ici, cela avait semblait plus facile de se laisser aller. A Brisbane, c’était une toute autre histoire. Toutes tes relations étaient à reprendre ou reconstruire, tu ne te voyais pas imposer cette charge mentale à tes amis qui avaient assez à faire avec leur propre vie. Alors tu accompagnais la fin de vie de Joanne comme tu le pouvais. Jamais tu ne craqueras devant elle, ce n’est pas une option que tu te laisses envisager mais en dehors, tu sens que tu tiens de moins en moins le coup. Chaque visite n’est que le rappel poignant que ce sera peut-être la dernière … Et sans savoir dans quoi il s’engageait, c’était Edison qui avait répondu présent ce soir quand tu lui avais demandé si tu pouvais passer. Sa réaction à tout ce que tu mettais sur le tapis était contre-intuitive pour toi parce que votre relation s’était toujours inscrite dans le superficiel et tu pensais qu’il fuirait toute émotion quand elles pourraient apparaître. Pourtant, il n’avait cessé de t’encourager à te laisser aller, finissant par te convaincre qu’il serait là pour te rattraper. Et c’est ce qu’il avait fait. Il n’avait pas prononcé un mot mais ce n’était pas ce dont tu avais besoin. Il s’était contenté de resserrer ses bras autour de ton corps pour t’offrir ce réconfort que tu chérissais plus que tout à cet instant précis. Dans ses bras, tu pleurais à chaudes larmes, profitant de l’appui qu’il te donnait et de sa tendresse que tu n’attendais pas. Quand ses lèvres se posèrent sur ton crâne, ce geste te parut bien plus intime que tout ce que vous aviez pu faire jusqu’ici. Tu finis par te reprendre, les pleurs diminuant petit à petit jusque’à quasiment disparaître. Tu remercies Edison car même si ce n’était pas grand chose, il avait eu l’attitude exacte qu’il te fallait là tout de suite et pour toi c’était énorme. A ta demande d’utiliser sa salle de bain, il leva les yeux au ciel avant de te dire : « T’es sérieuse là ? » Tu hoches la tête comme pour le remercier et alors que tu te lèves, tu lui proposes de le retrouver ensuite dans la chambre. Un changement de pièce ne pourra que t’être bénéfique. Même si tu ne peux pas penser complètement à autre chose, tu veux continuer à vivre, ça tu l’as promis à Joanne. « Je viens d’apercevoir l’humain derrière l’habituelle ordinaire élégante dictatrice qui me rend parfois visite » Sa réaction te surprend, tu ne t’attendais pas à ce qu’il s’offusque mais tu n’as pas le temps de répondre qu’il est devant toi, ses mains sur tes joues. « et je dois dire que je la trouve tout aussi attirante » Un sourire amusé se pose sur tes lèvres. Tu ne te considères pas comme une dictatrice, loin de là mais il est vrai que tu peux avoir un côté autoritaire car tu savais ce que tu voulais et tu n’étais plus prête à faire beaucoup de concessions. « C’est moi qui t’y amène dans ma chambre » Il y a quelque chose de grisant dans cette proximité, cette intimité qui vient comme de se nouer entre vous. Ton esprit est trop embrouillé pour t’y arrêter réellement. Tu aimes cette intimité, loin de te faire peur elle t’apaise. Tu retournes le baiser d’Edison et tu prends sa main quand il t’attire dans sa chambre. Il n’est plus question de passer par la salle de bain désormais. « Tu es beaucoup plus attentionné que tu ne le laisses penser, c’est une belle surprise. » Souffles-tu avant de déposer un baiser dans son cou. Tes yeux sont toujours rougis, tu as du mal à comprendre ce qu’il peut trouver d’attirant en toi là tout de suite mais tu ne le questionnes pas trop. « J’avais besoin de lâcher prise et tu m’as offert un moment d’intimité auquel je ne pensais pas pouvoir prétendre, je ne l’oublierai pas. » Tu plonges ton regard dans le sien, tu lui dois quelque chose à Edison. Tu ne sais pas encore quoi mais tu comptes bien lui rendre la pareille un jour ou un autre. T’éloignant de lui, tu viens t’asseoir sur le lit, en plein milieu. Dehors, le jour commence à tomber mais la pièce est toujours baignée de la lumière estivale. Faisant comme chez toi, tu te déshabilles tranquillement, sans te presser sous le regard d’Edison en finissant par tes cheveux que tu laisses tomber en cascade sur ton corps désormais nu. « Si tu promets de me tenir dans tes bras toute la nuit, je suis à toi et rien qu’à toi jusqu’à ce que l’on ferme les yeux. » Subtile manière de s’inviter pour la nuit et de laisser à Edison une opportunité bien à lui de te distraire jusque-là.
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«Tu es beaucoup plus attentionné que tu ne le laisses penser, c’est une belle surprise. » souffle-t-elle avant de déposer un baiser dans son cou, y laissant comme une marque brûlante. Plus attentionné qu’il ne le laisse penser. Pas faux. Edison n’est pas l’adepte des câlins, des gestes tendres et romantiques. Il ne veut pas s’en lester. Cela ramène trop de problèmes, trop de questions pour les participants. Il a opté pour la passion. La passion protège. Elle est son moyen de tenir son palpitant loin de potentielles attaques. Il sourit néanmoins à cette remarque. Demain, il se dira sans doute que c’était une mauvaise idée, qu’il lui a ouvert la porte qu’il voulait toujours tenir close. Merde ! Il manque à sa propre règle. «Mais je suis un homme plein de surprises. Je pensais que tu l’avais compris, » dit-il d’une voix amusée. Pour lui, c’est un moyen de dissimuler le fait que cette scène intime entre eux était un imprévu, un relâchement de ses règles imposées à lui-même. «J’avais besoin de lâcher prise et tu m’as offert un moment d’intimité auquel je ne pensais pas pouvoir prétendre, je ne l’oublierai pas. » Il sait qu’il peut compter sur ses paroles. Elle lui rendra la pareil quand le moment sera venu, quand il en aura besoin. L’honnêteté de leur relation fait qu’il peut se reposer sur ses paroles. Elle plonge son regard dans le sien et il s’y accroche. Il s’y accroche car les paroles de la rouquine font écho à sa propre expérience, à sa propre réflexion. Un sourire lisible jusque dans son regard qui se met à pétiller.
Elle s’éloigne et il la suit du regard. D’abord un regard doux mais rapidement ce dernier change. Il a soudainement le regard du prédateur sur sa future proie. Incroyable comme l’ambiance peut changer car il la voit prendre les rênes et redevenir celle qu’il connaissait, celle qu’ils s’étaient autorisés à connaître. Rester à la surface. Se contenter du minimum, strict minimum. Pendant les premières secondes, il préfère ne pas bouger. Edison reste là, sur le pas de la porte de sa chambre, et observe sa peau apparaître au fur et à mesure dans la pièce baignée par la lumière de l’extérieur. Son sourire s’étire au fur et à mesure que les morceaux de tissus quittent son corps. De la magie ! Et c’est comme surpris par un électrochoc qu’il sort de ses pensées et se débarrasse à son tour des éléments qui sont de trop dans leur relation. Le plaisir des corps. Le plaisir de la chair. Pas de drame. Pas de pression. Pas d’obligation. « Si tu me promets de me tenir dans tes bras toute la nuit, je suis à toi et rien qu’à toi jusqu’à ce que l’on ferme les yeux. » L’invitation est le coup de massue à l’arrière de son crâne. Le prédateur a un sourire carnassier, le sourire de celui qui sait comment la soirée va tourner et comment il va pouvoir s’endormir, apaisé, satisfait, la tenant dans ses bras, s’enivrant de son parfum dans ses draps froissés par leurs ébats. Comment souhaitait-il terminer une soirée ? comme cela ! « Oh, ça c’est le genre de deal que je signe tout de suite … », réplique-t-il d’une voix amusée en se frottant les mains d’un air gourmand avant de venir s’élancer vers elle pour la surprendre et la faire rire. Un gamin qui se jette sur un cadeau. Un prédateur sur sa proie. Un Edison sur sa partenaire.
De manière générale, tu avais toujours considéré être quelqu’un de rationnel qui menait une vie tranquille. Mais tu avais déjà pu assister à des dérapages. Quand tu faisais face à une situation difficile à gérer pour toi, tu avais tendance à prendre des décisions qui ne te ressemblaient pas et qui étaient plus ou moins bonnes. Pour l’instant, tu ne voyais pas le mal qu’il y avait à avoir laissé Edison rentrer dans ta vie. Il n’y avait que des bénéfices à votre relation mais même si tu refusais de le reconnaître, vous aviez dépassé une limite ce soir. Lui aussi voulait entretenir ce déni mais il faudra bien un jour vous réveiller. Mais pas aujourd’hui, pas tout de suite. « Mais je suis un homme plein de surprises. Je pensais que tu l’avais compris, » Tu secouais légèrement la tête, amusée toi aussi. Tu avais d’abord cru qu’Edison n’était que ce qu’il te montrait, qu’il n’y avait rien de plus que ce que tu avais déjà découvert mais plus vous vous fréquentiez, plus il était clair que tu t’étais trompée. Et au lieu de t’alarmer en te disant que c’était peut-être mieux de s’éloigner avant de te brûler les ailes, tu ne faisais que revenir un peu plus souvent … Même si Edison ne répond pas à ta promesse de lui rendre la pareille un de ces jours, tu sais qu’il l’a entendu à son sourire et son regard qui a accroché le tien en pétillant. Il est temps de changer d’ambiance voilà pourquoi tu te diriges vers son lit décidant d’oublier tes yeux rougis pour te concentrer sur autre chose. Tu prends ton temps pour te déshabiller, enivrée par la puissance du regard qu’Edison pose sur toi. Tu le sens captivé et cela ne fait que te rendre plus puissante et plus sûre de toi. Une fois nue, tu plonges ton regard dans le sien et tu reprends la parole pour t’assurer que tu ne seras pas mise dehors, que tu ne seras pas seule cette nuit parce que tu ne le supporterais pas. « Oh, ça c’est le genre de deal que je signe tout de suite … » Ton sourire est aligné avec le sien. Il a déjà perdu ses habits et ne tarde pas à venir te rejoindre sur le lit. Ses yeux brillent comme ceux des enfants à qui on a enfin offert un cadeau longuement convoité. Pouvoir provoquer ce désir chez un homme plus jeune que toi vu tes yeux rougis et ton visage marqué était une victoire pour toi.
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Il a le front collé à sa peau, les paupières closes, le souffle court alors qu’elle vient de se laisser reprendre place dans ses draps. La respiration est saccadée. La poitrine se soulève au même rythme effréné que la sienne. Il porte une main sur son front avant de tourner la tête vers elle, un sourire accroché à ses lèvres. Il tend le cou pour déposer un baiser sur son épaule et finit par se tourner vers elle, s’allongeant sur le côté, une main posée sur son ventre pour l’attirer vers lui, l’invitant à elle aussi se mettre de côté. Elle est si frêle, si minuscule dans ses bras qu’il la tient davantage contre lui. Le plat de sa main se pose sur sa poitrine, plus pour sentir et ressentir le battement de son palpitant que pour autre chose. Les paupières se ferment une demi-seconde avant de les rouvrir et de venir souffler au creux de son oreille : « Tu es divine.» Parfaite aurait été exagéré et ne passe pas dans son vocabulaire. « Où est-ce que tu étais cachée, sérieusement ?» le naturel reprend le dessus et il doit sortir la carte de l’humour. Où avait-elle pendant ces années, sans elle, sans ce deal, sans ces nuits … Un moyen de lui faire comprendre qu’il était toujours aussi ravi de l’avoir parmi ses invités. La main posée sur sa poitrine vient remonter jusqu’à sa joue pour lui faire tourner la tête vers lui, qui s’est redressé et il vient cueillir un baiser sur ses lèvres, la mordillant pour anéantir cet instant qu’il ne veut pas niais, pas trop intime. Non, surtout pas … continue à faire l’aveugle, Edison. Continue à prétendre que ce n’est rien d’extraordinaire …
Le front du jeune homme est posé sur ta peau et instinctivement, tes mains viennent lui caresser les cheveux. Ta respiration est aussi saccadée que la sienne, tu as du mal à reprendre tes esprits mais tu n’as pas le choix, il faut revenir sur terre à un moment ou à un autre. Il se décale, doucement, tendrement alors que des baisers viennent se poser sur ton épaule et puis sur tes lèvres. Le contact n’est jamais rompu et c’est ce qui compte. Quand Edison t’attire contre lui, tu ne résistes pas, tu le laisses poser la main sur ton coeur qui bat encore à toute vitesse. Il met du temps à se calmer, c’est tout le temps ainsi quand l’expérience en vaut la peine. Tu fermes les yeux pour profiter de ce moment d’intimité et tu les rouvres quand il te dit : « Tu es divine. Où est-ce que tu étais cachée, sérieusement ? » Un sourire amusé se dessine sur ton visage et tu réponds à son baiser sans aucune hésitation. Tu te colles même un peu plus à lui alors que ton corps frissonne toujours sensible au moindre mouvement. Tes doigts se baladent sur sa peau, l’effleurant par-ci, par-là. Jamais tu n’aurais pensé qu’Edison pourrait devenir une constante dans ta vie et pourtant, c’était le cas aujourd’hui. Comment le qualifier exactement ? Tu n’en savais rien, une constante, cela te paraissait être le meilleur terme à utiliser pour ne pas trop se poser de questions. Tu sens tes yeux se fermer, la fatigue te rattrapant bien trop rapidement. « Je t’attendais au milieu des peintures. » Lui dis-tu doucement faisant référence à votre réelle rencontre dans une galerie d’art. « Ne me lâche pas d’accord ? » Lui murmuras-tu d’une voix à moitié endormie. Là, dans les bras d’Edison, tu te sentais enfin apaisée.