don't stop believing
@Rhett Hartfield & Jenna Caldwell

2023 venait de commencer mais cette année ne t’enchantait pas le moins du monde. Tu savais qu’elle allait commencer avec la mort de Joanne et tu n’arrivais pas encore à imaginer un monde où ton amie ne serait pas là, à y jouer un rôle important. Certains trouveraient ça ridicule surtout quand ils sauraient que tu ne l’avais pas vue pendant deux ans mais ce n’était pas pareil de ne pas voir les gens tout en sachant que vous pouvez les retrouver et ne pas les voir parce qu’ils ne sont plus là. Tu savais que c’était une réalité qui n’était pas facile pour Rhett non plus vu votre dernier échange même si tu ne lui en avais pas reparlé. Depuis, il y avait eu d’autres scandales … C’était par ton assistante à la galerie que tu avais appris la nouvelle, celle de la démission de Rhett à l’université et à ABC, tout cela sur fond de test de drogue positif. Il avait fallu que tu t’assois tellement la nouvelle fut un choc pour toi. Est-ce que cela voulait dire que Rhett était à deux doigts de l’overdose, une nouvelle fois ? Est-ce que c’était de nouveau de ta faute ? A cause de ton retour ? Très honnêtement, tu avais du mal à voir le rôle que tu avais pu jouer là-dedans mais Hassan le verrait lui, d’une manière ou d’une autre. Tu décidais de te préoccuper de cela plus tard car ce n’était pas le plus important. Le plus important était que Rhett avait perdu son lien avec le rugby et qu’il faisait la une des journaux pour une mauvaise raison. Faire la une pour sa relation avec Evelyn n’était pas ce qu’il avait espéré mais au moins c’était positif pour son image. Devoir démissionner pour un test de drogue positif alors que Joanne vivait ses derniers jours, tu osais à peine imaginer ce que ton ancien petit ami était en train de vivre. Alors tu pris une décision immédiate. Hassan étant entré en contact avec toi, tu essayais de lui soutirer l’adresse de Rhett mais sans succès. Cet homme n’avait décidément aucun coeur … Tu te tournais donc vers Rhett directement quelques jours plus tard en lui disant que tu n’avais pas eu l’occasion de lui offrir son cadeau de Noël et que tu voulais le lui déposer. Aucune mention de sa démission, aucune prise de nouvelle. Tu savais qu’il ne te donnerait pas son adresse si tu te montrais trop inquiète. Après tout, il pensait peut-être que l’information ne t’était pas arrivée, cela avait bien failli être le cas. Ton pari fonctionna car Rhett te proposa un jour et une heure avec son adresse. Tu ne pus retenir le cri de victoire qui s’échappa de ta bouche.

Maintenant, il ne te restait plus qu’à trouver un cadeau. Tu pensais sincèrement que ce serait la chose la plus simple au monde mais tu te rendis compte que ce n’était vraiment pas le cas. Même si ton lien avec Rhett te semblait indélébile et toujours puissant, vous étiez devenus des quasi inconnus. Vu que tu ne voulais pas que ton cadeau lui rappelle de mauvais souvenirs liés au rugby ou qu’il soit trop déplaisant si Evelyn habitait avec lui, tu avais peu de choix en vérité. Au final, tu te décidais pour une magnifique photographie d’un soleil levant sur une plage de Brisbane auquel tu attachais un petit croquis dessiné et colorié de ta main de Rhett à la une d’un magazine avec comme titre ‘Nobody saw it coming but Hartfield is back!’. C’était ta manière à toi de lui dire que son rêve n’était pas à jeter à la poubelle, qu’il avait le droit d’y croire. C’est donc après avoir fermé la galerie que tu attrapais tes cadeaux bien emballés pour monter dans le taxi. Tu lui donnais l’adresse de Rhett et il fallut plusieurs dizaines de minutes pour qu’il te dépose dans sur Parkland Boulevard à Spring Hill. Rhett avait toujours aimé les belles choses, cela ne te surprenait pas qu’il habite ici. Tu entrais les codes des portes que t’avaient donné Rhett et te rendit jusqu’à la porte de l’appartement indiqué, le numéro 09. Une fois devant, tu sonnais et ton hôte ne tarda pas à venir t’ouvrir : « Joyeux Noël et bonne année ! » Dis-tu avec le plus d’entrain possible tout en désignant les cadeaux. « En plus de tes cadeaux je nous ai amené les derniers muffins et cookies qu’il me restait de la galerie. » Ils étaient dans ton sac à main, tu l’espérais sains et saufs après le voyage.  

Il n’est pas naïf au point de croire qu’elle ne veut pas le voir en rapport avec tout ça, mais il n’a ni la force ni l’envie de se battre contre Jenna. Il sait ce qu’une telle tâche représente, et il ne veut pas se lancer là-dedans. Alors, à défaut, il préfère encore lui donner son adresse, ce qui n’a rien d’un secret à ses yeux. Si elle ne l’avait pas jusque-là, c’est uniquement parce qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion de se poser la question, mais cela ne signifie rien de plus. Ainsi, lorsqu’il l’entend sonner à la porte à l’exacte heure convenue, il s’étonne lui-même d’esquisser un sourire simple. Pour une fois, il n’a pas l’impression de devoir s’attendre à un interrogatoire, et pourtant il sait très bien que c’est ce qui finira par arriver. « Joyeux Noël et bonne année ! » Elle est rayonnante, Jenna. Plein d’entrain et de vie, aussi, et même sûrement plus que jamais. C’est cette attitude qui le fait sourire un peu plus encore, même si cela va de pair avec quelques soupçons. « En plus de tes cadeaux je nous ai amené les derniers muffins et cookies qu’il me restait de la galerie. » Il devrait la remercier, mais pour l’heure encore il a simplement comme réflexe de la serrer près de lui, à mi-chemin entre une accolade et une véritable étreinte. D’un ton plus bas et plus calme, il reprend donc. “Joyeux Noël, Jen.” Et tout aussi rapidement, il dégage les mains qu’il avait posées contre son dos.

Après avoir esquissé un pas en arrière, il invite la jeune femme à rentrer dans l’appartement, pour leur donner un peu plus d’intimité. “J’étais à deux doigts d’aller demander au voisin d’en face s’il avait des biscuits, tu nous sauves la mise.” Il tente de déjà alléger l’ambiance, tout en la remerciant à sa façon pour avoir eu l’initiative de ramener à manger. Ce n’est pas grand chose, mais pour lui cela signifie déjà beaucoup. “Tu es restée à Brisbane pour les fêtes ?” Il se montre curieux parce qu’il se rend compte toujours trop tard qu’il n’est jamais doué pour prendre des nouvelles de ses proches au bon moment. Il aurait dû lui souhaiter de joyeuses fêtes et une bonne année lors des bons jours, mais il doit maintenant se contenter de tout faire d’un coup, sur le tard. Il se dit au moins que c’est mieux que rien, et il tente autant que possible de croire à ses mensonges. “Je t’ai trouvé un cadeau sur le tard mais… j’espère qu’il te plaira.” Et puisqu’il n’a jamais été doué pour trouver des objets spécifiques et qui plaisent vraiment à ceux qu’il aime, Jenna n’aura au moins pas de grandes attentes. Il ne s’est pas amélioré depuis, même s’il aurait aimé. “Je peux au moins les mettre dans une jolie assiette et te proposer un café. Ou un thé, ce que tu veux.” Il tend les mains et sourit quelque peu, en attendant qu’elle lui donne lesdits cookies et qu’ils continuent à parler de la pluie et du beau temps pour les heures à venir.

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Difficile de savoir à quel accueil t’attendre, c’était toujours tout ou rien avec Rhett. Cette fois, il semblait de bonne humeur, du moins en apparence. Tu ne savais pas vraiment si tu devais te fier à cette première impression ou non car il avait perdu en quelques semaines le peu de choses qui lui permettait d’encaisser le fait qu’il ne pouvait pas jouer au rugby. Mais tu décidais de faire comme si de rien n’était pour l’instant, c’était bien mieux pour vous deux. Sur un ton très décontracté et joyeux, tu lui souhaitais un joyeux noël et une bonne année ce qui semblait l’attendrir car il te prit dans ses bras, du moins à moitié. Cela prouvait bien que ce geste était loin d’être naturel entre vous. Tu posais ton bras libre sur son dos également en gardant ton sourire bien accroché sur tes lèvres : « Joyeux Noël, Jen. » L’étreinte ne dura que quelques secondes et Rhett t’invita ensuite à rentrer. Tu réalisais que c’était la première fois que tu mettais les pieds chez ton ancien petit ami et tu savais déjà qu’Hassan trouverait quelque chose à te reprocher. Parce que oui, la rechute Rhett c’était certainement parce que tu étais réapparue dans sa vie, cela allait bien évidemment de soi. « J’étais à deux doigts d’aller demander au voisin d’en face s’il avait des biscuits, tu nous sauves la mise.” » Tu poses le cadeau emballé de la photographie sur la table en t’avançant dans la pièce derrière lui. « Tu es restée à Brisbane pour les fêtes ? » C’est drôle comme quelques mois ont pu changer beaucoup de choses. Avant de recroiser Rhett à ton retour, tu n’aurais jamais pensé que tu te retrouverais un jour dans son appartement à parler des fêtes de fin d’année. La vie était pleine de surprises et tu appréciais les bonnes quand elles faisaient leur apparition. « Oui j’ai passé Noël avec mes parents et ma soeur. Maintenant que ma tante n’est plus là je ne pouvais pas passer les fêtes de fin d’année ailleurs. » C’était un peu une tradition avant d’aller passer les fêtes à New York. Une autre manière de célébrer cette fête en famille car pour toi il était impensable de prendre un avion et de les passer à l’autre bout du monde, seul. « Tu les as passées en famille de ton côté ? Comment vont tes parents ? Et ta soeur ? » Pour ce qui était de son frère, tu avais déjà eu des nouvelles et tu en avais à peu près régulièrement donc tu ne pensais même pas à lui poser la question. « Je t’ai trouvé un cadeau sur le tard mais… j’espère qu’il te plaira. » Un sourire amusé se dessine sur tes lèvres. Tu n’étais pas venue ici pour recevoir un cadeau et vous le saviez très bien tous les deux. Vous ne vous en étiez pas offerts depuis votre dernier Noël en commun et pour toi, ton plus beau cadeau c’est que vous puissiez avoir cette conversation, cette relation assez inespérée vu votre passé. « Tu n’étais pas obligé tu sais ? Je suis sûre que tu auras vu juste. » Rhett n’avait pas de don pour cela mais il ne faisait pas vraiment de gros faux-pas non plus. « Je peux au moins les mettre dans une jolie assiette et te proposer un café. Ou un thé, ce que tu veux. » Tu lui tends les gâteaux pour qu’il puisse les sortir de leur contenant et les verser dans une assiette. « Je veux bien un café, je ne me suis pas mise au thé contrairement à toi monsieur le londonien. » Lui dis-tu avec un sourire taquin sur les lèvres. Tu cherchais à détendre l’atmosphère le plus possible mais il fallait bien que tu poses la question : « Comment vas-tu ? » Il devait en avoir assez de l’entendre et tu le voyais déjà lever les yeux au ciel alors tu enchainais en disant : « Je ne suis pas venue te tirer les vers du nez mais je me dois de te poser la question vu comment tout a semblé s’enchainé bien trop vite. » Contrairement à d’autres, tu ne cherches pas une exclusivité ou alors qu’il te confie ses plus profondes pensées mais tu voulais connaître son état d’esprit du moment parce qu’à sa place, tu ne serais vraiment pas bien.

« Oui j’ai passé Noël avec mes parents et ma soeur. Maintenant que ma tante n’est plus là je ne pouvais pas passer les fêtes de fin d’année ailleurs. » Ce n’est pas un sujet qu’il peut oublier. Jenna lui a parlé de beaucoup de choses au fil des années écoulées, et il mentirait s’il disait avoir tout retenu dans les moindres détails, mais il sait au moins que le sujet de sa tante est encore difficile à aborder et qu’il est la clé de voûte de bien des choses, à commencer par son retour au pays. Il se contente de hocher la tête sans l’interroger outre mesure, sans doute soulagé qu’elle réponde avoir passé les fêtes en famille. C’est le plus important, qu’elle ait été entourée. « Tu les as passées en famille de ton côté ? Comment vont tes parents ? Et ta soeur ? » - “Bien, bien. Ethel travaille pour Hassan maintenant. Pour le meilleur et pour le pire.” Il ajoute dans un sourire, lui faisant ainsi comprendre qu’il a bel et bien passé les fêtes en famille, même s’il s’est éclipsé le plus vite possible pour passer outre les repas artificiels. Il l’a fait uniquement pour qu’on ne lui pose pas davantage de questions. “Mes parents vont bien. Ils prévoient un voyage à Sydney, on entend parler que de ça.” Un nouveau sourire, un peu moins forcé cette fois.

Rhett s’improvise hôte comme il le peut, servant pourtant à Jenna les cookies qu’elle a elle-même apportés. Un jour, il le jure, il sera un adulte pleinement responsable à tous les niveaux. « Je veux bien un café, je ne me suis pas mise au thé contrairement à toi monsieur le londonien. » Et bien qu’il soit toujours en train de sourire, il dédie un long regard à la jeune femme, ne sachant décidément pas comment interpréter le sous-entendu londonien. Il l’a laissée tomber pour cette ville, et bien qu’il continue de penser que c’était la meilleure chose à faire (pour sa carrière du moins), il n’est pourtant pas naïf au point de croire qu’elle n’en a pas souffert. Mais Rhett a assez de problèmes, et il ne veut pas en rajouter, surtout pas avec une des seules personnes en ce monde qui ne lui casse pas les couilles - comme Mabel, par exemple. Sa silhouette s’échappe en direction de la cuisine, pour lui faire son café autant que pour mettre les cookies dans une assiette, histoire de. « Comment vas-tu ? » Il a un rire nerveux, plus que jamais habitué à entendre cette fameuse question. « Je ne suis pas venue te tirer les vers du nez mais je me dois de te poser la question vu comment tout a semblé s’enchainé bien trop vite. » - “Jenna, joue pas à ça toi aussi.” Il souffle en revenant en direction du canapé, où elle a déjà pris place. Les cookies sont posés sur la table, comme s’ils allaient changer quoi que ce soit à l’ambiance de leur discussion, laquelle change déjà drastiquement. “Tu sais très bien tout ce que ça signifie.” Le fait de perdre son travail, le fait d’être qualifié de joueur dopé, le fait de voir son nom traîné dans la boue. Ce qu’elle sait très bien, surtout, c’est toute l’importance qu’il donne à son image, bien avant tout le reste. “J’ai envie de passer un peu de temps avec toi, mais me regarde pas comme si j’allais te claquer entre les doigts à tout moment.” Et si elle continue de le faire, alors il n’hésitera pas à la mettre à la porte, lui et son manque probant de tact et d’empathie. Être Jenna est un immense passe-droit, mais il ne fait pas de miracles.

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La famille de Rhett, tu ne l’avais pas vue depuis des lustres. Du moins certains membres de cette famille. Tu avais gardé contact avec Ruben, un fait que l’homme en face de toi devait ignorer vu que la relation entre les deux frères, même si elle s’améliorait, ne devait pas permettre ce genre de confidence. Mais tu ne restais pas en contact avec Ruben pour te venger de Rhett, tu le faisais simplement parce que tu appréciais le jeune homme et qu’il avait été un soutien important dans une période compliquée de ta vie que tu préfèrerais oublier. « Bien, bien. Ethel travaille pour Hassan maintenant. Pour le meilleur et pour le pire. » Tes sourcils se soulèvent sous la surprise. Ce n’était pas un duo que tu imaginais bien travailler ensemble mais tu n’avais pas vu Ethel depuis un moment donc tu ne te sentais pas la meilleure personne pour juger. « Mes parents vont bien. Ils prévoient un voyage à Sydney, on entend parler que de ça. » Tu retournes le sourire de ton interlocuteur car tu n’as aucun mal à imaginer les parents de Rhett, toujours aussi amoureux, préparer un voyage à Sydney loin de leur quotidien à Brisbane. « Tout le monde a des projets, c’est une belle manière de commencer l’année ! » Fis-tu remarquer comprenant bien que Rhett ne voulait pas s’étendre sur le sujet. Tu tentais ensuite une petite blague sur le thé mais Rhett ne répondant pas, tu compris que c’était plus par vigilance qu’autre chose. Tu comprenais sa réticence, Londres était toujours un sujet compliqué pour toi cependant tu essayais de t’améliorer pour ne pas que cette ombre continue d’hanter vos relations encore et toujours.

Et finalement, tu la poses la question qui fâche, celle qui vient noircir le regard de Rhett. Tu ne cherches aucune confidence, tu veux juste t’assurer qu’il tient le coup à défaut de péter la forme. En quelques jours, il avait perdu beaucoup et tu trouvais ta question tout à fait légitime malgré sa réaction. « Jenna, joue pas à ça toi aussi. » Tu le regardes souffler de ta place sur le canapé. Rhett avait toujours eu tendance à dramatiser chaque situation, celle-ci en était encore la preuve. Justement, en prenant cet angle tu lui laissais la possibilité de te dire ce qu’il voulait mais à la place, il se mettait en rogne. « Tu sais très bien tout ce que ça signifie. J’ai envie de passer un peu de temps avec toi, mais me regarde pas comme si j’allais te claquer entre les doigts à tout moment. » Tu n’avais pas l’impression de poser ce regard sur Rhett justement. Il devait y avoir une partie de vrai dans ce qu’il disait mais l’autre partie était une fiction qu’il aimait se raconter. Tu étais venue pour lui changer les idées mais pas que, tu voulais aussi juger de l’étendue des dégâts. « Tu ne vas pas me claquer entre les doigts, je ne l’ai jamais pensé. » Tu es très sincère dans tes paroles, tu espères que Rhett l’entendra malgré son prisme quelque peu orienté victime en ce moment. « Maintenant que tu es au plus bas, c’est quoi ta stratégie pour redorer ton image ? » Vu qu’il ne voulait pas que tu prennes des gants, tu n’allais pas en prendre. Et au lieu de le faire se lamenter sur sa situation actuelle, tu préférais savoir dans quoi il s’était projeté pour l’instant. Cela te permettra de savoir dans quel mood il était réellement. Tu pris le temps de boire quelques gorgées de café avant de te lever et d’aller chercher ton cadeau que tu avais posé près de l’entrée. Tu l’amenais devant Rhett avant de lui dire : « Vas-y, ouvre-le. » Tu ne savais pas ce qu’il allait en penser mais tu espérais qu’il n’allait pas déchirer ton dessin en mille-morceaux. Pour la photo, pas de risque mais pour ton dessin, c'était quitte ou double. Tu l’avais dessiné sur la couverture élogieuse d’un journal australien comme faisant son come-back, soit c’était trop tôt, soit il serait touché de savoir que certaines personnes continuent de croire en lui. Tu espérais que ce serait la deuxième possibilité mais tu t’attendais à tout.  

Elle pose la question, comme tous ceux qu’il a vu avant elle, parce que c’est ce que tous ses proches ont sur le bout de la langue, sans que cela ne soit étonnant. Ils s’en font pour Rhett et cela n’a rien d’étonnant: tout hurle qu’il a besoin d’aide et qu’il le nie. « Tu ne vas pas me claquer entre les doigts, je ne l’ai jamais pensé. » Pour autant, elle offre une réponse différente que celle qu’il a l’habitude d’entendre, et il avoue aisément que cela le rassure. Qu’elle le rassure, parce que ses mots ont toujours eu le don de le calmer un tant soi peu. Elle n’a pas de pouvoir magique, mais à défaut, elle sait au moins comment il fonctionne. Il garde le silence un instant et se contente de reposer ses yeux dans les siens, sans doute dans l’attente qu’elle change un minimum de sujet et qu’il s’empresse de rebondir dessus comme si de rien n’était. « Maintenant que tu es au plus bas, c’est quoi ta stratégie pour redorer ton image ? » Face à cette nouvelle question, il sourit plutôt que de prendre la mouche. Jenna sait comment lui parler, c’est évident et cela l’a toujours été (du moins, après les premiers jours où ils ont fait connaissance et pendant lesquels elle l’a plus insulté que toute autre chose). “Ma biographie va être publiée dans quelques semaines. On l’écrit depuis un moment déjà, mais elle va permettre d’expliquer certaines choses que le public ignore.” Jenna en apprendra bien moins que le reste du monde, c’est une évidence, mais même pour elle il existe des sujets qu’il n’a jamais osé aborder à ses côtés, la plupart parce qu’ils ont fait partie de la vie de Rhett après qu’ils se soient quittés. Et une fois les choses défaites, il est incapable de les réparer, ou d’accepter qu’on le fasse à sa place. La biographie n’est pas un secret mais il n’en parle pas pour autant, ce qui fait d’elle une des rares personnes dans l’intimité de son secret. “Je pense qu’elle fera son petit effet.” Il l’espère, du moins, parce qu’il n’a pas le moindre plan B.

Jenna se lève pour chercher un cadeau et il est plus que jamais interloqué par la forme de ce dernier, chose qu’il ne cherche même pas à cacher, comme à son habitude. « Vas-y, ouvre-le. » Et il s’éxécute avec une certaine minutie, découvrant d’abord le coucher de soleil sur la plage australienne - ce qui le fait sourire avec une nostalgie qui n’a sans doute pas lieu d’être -, pour ensuite mieux découvrir le croquis de Jenna, qu’il met une seconde à comprendre. Pour autant, c’est un regard assez ému qu’il remonte en sa direction, véritablement pris de court par ses cadeaux. “Je parie que t’as préparé les cadeaux après le scandale ?” Rhett demande, dans un sourire à peine triste. Ce n’est pas une question à double tranchants, il le jure. “J’ai quelque chose pour toi aussi.” Ses remerciements sont passés sous silence, comme bien souvent avec lui, mais ce n’est que par pudeur et non par véritable obsession pour l’insolence. Ainsi, il ne tarde pas avant de ramener de sa chambre un petit cadeau réalisé directement au magasin, pour lequel il a sans doute dû payer quelques dollars supplémentaire (il n’en sait rien, en vérité) mais qui lui a surtout évité de s’énerver tout au long du processus. Avec soin, il pose face à elle sur le canapé la grosse boîte, contenant des crayons d’un pigment aussi rare qu’efficace, le genre qui coûtait le plus cher dans le magasin et qui, par conséquent, signifie qu’ils étaient les meilleurs à procurer pour une adepte d’art en son genre. “Je sais que tu vas user jusqu’au dernier millimètre tes crayons quoiqu’il en soit, mais…” Mais ceux-ci sont de la qualité qu’elle mérite pour travailler et s’adonner à sa passion, et si personne ne la force un tant soi peu, elle continuera avec ses vieux crayons jusqu’à ce qu’il n’en reste que des miettes. Pour ça, au moins, il la connaît. Du regard, il balaie son salon, à la recherche du parfait emplacement où accrocher le cadre de Jenna.

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A la réaction de Rhett à ta question, tu comprends que tu n’es pas la première à poser la question et tu ne seras certainement pas la dernière. Pourtant, tu ne peux pas t’empêcher de la poser parce que tu t’inquiètes. Il a toujours détesté ça Rhett, que vous vous inquiétiez pour lui mais malheureusement, il ne peut rien y faire. Alors tu changes de tactique. Parce qu’il n’y a que ça qui fonctionne et que tu ne veux pas qu’il te mette dehors. Il ne te faut pas longtemps pour la trouver, pour lui poser une question qui te permettra de juger à quel point il est au fond du trou et s’il s’en voit sortir à un moment donné. Tu ne sais pas à quoi tu t’attendais exactement mais tu étais certaine de ne pas avoir envisagé une seule seconde les paroles qui sortirent de sa bouche. « Ma biographie va être publiée dans quelques semaines. On l’écrit depuis un moment déjà, mais elle va permettre d’expliquer certaines choses que le public ignore. » Ta bouche s’entrouvre et machinalement tu répètes : « Ta biographie ? » Ce n’est pas rien, c’est même une nouvelle qui vient tout changer parce que si Rhett se met à raconter sa vie, il y a de fortes chances que tu y fasses une apparition. Ou justement, peut-être que comme il l’avait fait à l’époque il t’avait effacée de son histoire. Très honnêtement, tu ne savais pas ce qui te paniquait le plus mais la deuxième option était très certainement la plus cruelle. « Je pense qu’elle fera son petit effet. » Cela n’avait rien de rassurant à tes yeux. Bien sûr, tu achèteras cette biographie car il y a certaines périodes de la vie de Rhett que tu ne connais pas. Il valait mieux découvrir ces dernières par ce qu’il avait à en dire plutôt que de l’entendre de la bouche de quelqu’un d’autre. « C’est qui ce ‘on’ ? Avec qui tu l’as écrite ? » Demandas-tu d’abord le temps que toutes tes pensées et petites questions se forment. Une biographie … Effectivement, c’était une manière comme une autre de retourner sur le devant de la scène et quel meilleur moment pour la sortir qu’à la suite d’un tel scandale ? « Je dois m’attendre à faire une apparition dans cette biographie ? » Lui demandas-tu ensuite sérieusement avant d’ajouter : « Tu as prévu quoi pour sa sortie ? C’est quoi ta tournée de promotion ? » Tu avais rencontré assez d’écrivains pour savoir comment cela se passait et tout ce qu’il y avait à faire pour assurer la sortie d’un livre.

Il était temps d’offrir tes cadeaux. Un bon moyen de changer de sujet et surtout de montrer à Rhett que tu ne t’en étais pas uniquement servi comme une excuse pour venir prendre de ses nouvelles, tu avais bien fait les choses. Il était clairement intrigué de découvrir ce qui se cachait derrière ces formes peu communes mais n’en dit rien avant d’avoir déballé le contenu. « Je parie que t’as préparé les cadeaux après le scandale ? » Tu hoches la tête, rien ne sert de le nier. En même temps, cela faisait un petit moment que tout cela trainait dans la presse. Tu étais profondément soulagée car Rhett semblait plus ému qu’en colère face au risque que tu avais pris. Tu avais donc bien fait et tu espérais qu’il comprenait que toi, tout comme d’autres, vous croyiez encore en lui. « J’ai quelque chose pour toi aussi. » Tu es légèrement surprise. Avec Rhett tu t’attendais à tout et donc à ne rien recevoir mais cela te touchait tout particulièrement qu’il ait pensé à toi. Tu le regardes aller chercher une grande boîte et la poser devant toi. « Je sais que tu vas user jusqu’au dernier millimètre tes crayons quoiqu’il en soit, mais… » Tu ouvres délicatement la boîte et un léger cri de surprise sort de ta bouche car les crayons de couleurs qui sont devant toi sont tout simplement magnifiques. Leur qualité est indéniable, tu l’aurais su même si tu n’avais pas reconnu la marque. Te levant de ta chaise, tu allais déposer un baiser sur la joue de Rhett en disant : « Merci, ils sont magnifiques. » Tu pensais déjà à ce que tu allais faire avec, tu trouveras le moyen de refaire un petit quelque chose pour Rhett très certainement. Tu refermais délicatement la boîte, cherchant à la préserver avant tout. Rhett semblait chercher quelque chose dans son appartement alors tu pris ton courage à deux mains et tu lui demandais : « J’ai croisé ton frère qui m’a parlé d’un centre de désintoxication. C’est toujours prévu que tu partes ? » Le sujet avait été très rapidement abordé avec Ruben mais il était resté gravé dans ton esprit. Ce dernier t’avait d’ailleurs dit que Rhett refusait de lui parler depuis.

« Ta biographie ? » Il sait, oui. L’idée semble sortir de nulle part et pourtant, de la part d’un homme qui aime autant parler de sa personne, cela n’avait pas grand chose d’un saut dans le vide. Après tout, il s’est contenté de raconter toute sa vie à Greta et n’a pas écrit un mot de son côté, alors il a plutôt apprécié l’exercice, bien que certains passages de sa vie aient été plus difficiles que d’autres à aborder. « C’est qui ce ‘on’ ? » Pour peu, il jurerait que cette question aurait pu exister dans le contexte de leur couple, si tant est qu’ils étaient encore ensemble, justement. Elle n’a jamais été d’une jalousie excessive, et il n’a jamais été du genre à avoir d’yeux pour une autre non plus, alors le problème n’en a jamais été un. Mais cela n’empêche pas qu’il y pense, pendant une simple seconde, et peut-être avec une certaine nostalgie. « Avec qui tu l’as écrite ? » - “Une écrivaine avec qui j’avais un ami en commun.” Qu’il se contente de statuer, ne cherchant pas à lui cacher l’identité de Greta, sans pour autant avoir davantage à en dire. Il la considère comme une amie, aujourd’hui, mais elle ne l’était pas il y a quelques mois encore et il ne veut pas qu’elle pense que ce soit entré en compte. Peu importe avec qui il l’a écrite, après tout: il est le seul personnage principal de l’histoire. « Je dois m’attendre à faire une apparition dans cette biographie ? » Cette fois-ci, il ne peut pas se permettre d’autant éluder le problème, ou la question. “On a été ensemble pendant près de dix ans, Jenna.” Il se contente de statuer dans un premier lieu. Il n’a jamais pesé le pour et le contre à l’idée de la citer dans son livre. Pour lui, il était évident qu’elle en ferait partie, tout comme elle a longtemps fait partie de sa vie. Il l’a aimé comme un fou et n’a jamais cherché à le nier, que ce soit face à Jenna, à ses amis, ou dans le livre. Oui, bien sûr qu’elle est citée, et pas qu’une seule fois. “Et certaines vérités devaient être rétablies.” Comme celle au sujet des sponsors qui avaient exigé qu’il montre une image de célibataire sur les réseaux, poussant Jenna à vivre dans son ombre et en silence. L’homme qu’il est aujourd’hui peut se permettre d’en parler, et elle mérite d’avoir son image de restaurée, quand bien même elle aurait sans doute préféré que Rhett cesse de remuer le couteau de leur relation dans la plaie béante. “Je parle jamais de toi en mal.” Il la rassure, comme si cela pouvait être sa seule crainte.

« Tu as prévu quoi pour sa sortie ? C’est quoi ta tournée de promotion ? »
“C’est… compliqué.”

Il y en aura une, sans doute, mais entre les fêtes n’est pas le bon moment pour la débuter - et après, il risque de ne pas pouvoir s’en occuper non plus, pour des raisons assez évidentes dont il n’a pas encore eu le courage de lui parler. L’ancien rugbyman préfère encore temporiser en optant pour le moment de l’échange de cadeaux, sincèrement surpris et heureux de celui que Jenna lui offre ; tout comme elle semble l’être à son tour, en prouve le baiser qu’elle dépose contre sa joue. « Merci, ils sont magnifiques. » Et il se contente de sourire, heureux d’avoir visé correctement, quand bien même l’insouciance de l’instant ne dure justement qu’un simple instant. Il est toujours heureux de faire plaisir à Jenna, parce qu’il sait qu’il n’a pas toujours su en être capable au cours des dernières décennies. « J’ai croisé ton frère qui m’a parlé d’un centre de désintoxication. C’est toujours prévu que tu partes ? » L’air grave, il hoche la tête, les lèvres pincées. “C’est la sortie organisée par Ben et Hassan, ouais.” Celle à laquelle Rhett n’a jamais voulu participer, mais qu’on vient de mettre dans le (presque) premier avion, qu’il le veuille ou non. Autant dire qu’il ne digère toujours pas l’idée, et encore moins qu’elle vienne de son meilleur ami et de son propre frère. Il le vit comme une véritable trahison, et ne s’en cache pas. “Ils m’ont pas vraiment laissé le choix que d’y aller, de toute façon. J’ai juste une permission pour les fêtes.” Il parle comme un enfant, avec un sourire faux. Ils lui ont donné la permission de passer les fêtes en famille, parce qu’ils ont grand cœur ; mais après ça, il sait qu’il n’y échappera pas, et qu’il a le droit de rester en Suisse pour quatre semaines complètes. Autant dire qu’il n’y passera pas un jour de plus. “Je savais pas qu’il t’en avait parlé.” Il semble avoir l’idée d’en parler à tout le monde sauf à Rhett en personne, donc. Il a laissé le sale boulot à Hassan, comme si cela allait pouvoir suffire pour le tirer de cette mauvaise passe. Les choses semblent claires, pourtant: Rhett ne risque pas de lui pardonner. De leur pardonner. “J’irai pour pas faire plus de vagues, mais si j’étais toi je mettrais pas trop d’espoirs dans le processus.” Disons simplement qu’il a placé son argent à des endroits pas trop mauvais, parce que leur petite plaisanterie va lui coûter 200 000 dollars australiens, comme si de rien n’était.

don't stop believing
@Rhett Hartfield & Jenna Caldwell

L’idée que Rhett écrive une biographie t’avait surprise mais cela n’aurait pas dû être le cas. En y réfléchissant bien, c’était même un miracle qu’il n’ait pas sorti ce genre de récit avant. Les questions se bousculaient dans ta tête et la première concernait la personne avec qui il écrivait ce livre. « Une écrivaine avec qui j’avais un ami en commun. » Il était évident que Rhett ne voulait pas en dire plus sur le sujet et tu n’avais pas vraiment de raisons de chercher à en savoir plus. Vous n’évoluiez plus dans les mêmes cercles et tu n’allais pas la connaître. Le problème n’était pas dans le fait que ce soit une femme, tu voulais juste t’assurer qu’il pouvait lui faire confiance. Tu laissais quelques secondes de silence avant de lui dire : « J’espère qu’elle est digne de confiance. » Tu étais bien placée pour savoir que pour faire avancer sa carrière, Rhett était prêt à tout. Ses sponsors n’avaient pas été les personnes les plus humaines et tu ne leur avais jamais fait confiance. Enfin si, pour la carrière de Rhett ils l’étaient mais pour son bien-être à côté et ses amis, c’était une toute autre histoire. Tu changeais donc de direction et posait la question qui t’intéressait le plus c’est-à-dire, la place que tu aurais dans cette biographie. Rhett savait que tu n’avais nullement envie d’être mise en avant et tu espérais que si mention il y avait, personne à part vos proches de l’époque ne pourrait faire le lien avec toi. « On a été ensemble pendant près de dix ans, Jenna. » C’était bien de savoir qu’il en avait conscience mais tu n’avais pas du tout besoin de cette piqure de rappel. « Il paraît en effet. » Ne pus-tu t’empêcher de dire. Car oui, pour vous cela avait presque duré une décennie mais aux yeux de tous, cela avait été beaucoup moins long. Tu ne pouvais pas le nier, cela t’avait pesé à l’époque mais l’idée de perdre Rhett avait toujours été insupportable jusqu’à ce que le rapport de force s’inverse. « Et certaines vérités devaient être rétablies. Je parle jamais de toi en mal. » C’était rassurant parce que l’homme qui avait partagé ta vie pendant près de dix ans n’était pas un menteur et même si votre relation s’était terminée dans les larmes, tu ne voyais pas ce que tu avais pu faire de mal qui justifierait de te faire allumer dans cette biographie. Mais il n’en restait pas moins que tu étais curieuse d’avoir la vision de Rhett au sujet de votre relation, tu aurais juste préféré que cette vision ne soit pas partagée avec des milliers voire des millions de personnes. « Tu as intérêt, je sais où tu habites maintenant. » Lui dis-tu sur le ton bien plus léger de la plaisanterie. tu l’interrogeais ensuite sur sa tournée promotionnelle mais là aussi, tu mis le doigt sur un sujet sensible. « C’est… compliqué. » Tu décidais de ne pas chercher à en savoir plus, après tout cela regardait Rhett et pas toi.

Vous passiez à l’échange des cadeaux et tu fus particulièrement touchée par les crayons que t’offrit le jeune homme. C’était un cadeau personnel et qui montrait que les années n’avaient rien effacé à la connaissance que vous aviez l’un de l’autre finalement. Ce fut une belle parenthèse avant que tu n’abordes le sujet qui fâche, celui de la cure de désintoxication. « C’est la sortie organisée par Ben et Hassan, ouais. Ils m’ont pas vraiment laissé le choix que d’y aller, de toute façon. J’ai juste une permission pour les fêtes. » Ruben t’avait bien dit que son grand-frère était tout sauf enthousiaste à l’idée de partir en cure mais pourtant, il avait cruellement besoin d’y aller. Ruben n’était pas rentré dans les détails en ce qui concernait les problèmes de Rhett avec les médicaments mais tu avais compris que c’était un vieux problème et tu avais fait le lien avec son overdose passée. « Je savais pas qu’il t’en avait parlé. J’irai pour pas faire plus de vagues, mais si j’étais toi je mettrais pas trop d’espoirs dans le processus. » Tu fronçais les sourcils quand il te dit cela. Même si Rhett ne voulait pas le reconnaître, c’était pour son bien que Ruben et Hassan le poussaient à partir. Tu comprenais bien que le fait qu’il soit contre la chose n’allait pas aider à son sevrage mais pourquoi partir aussi défaitiste ? « Si tu pars en ayant décidé que par principe rien n’allait changer, c’est sûr que les espoirs sont minces. » Ne pus-tu t’empêcher de lui faire remarquer. « Tu as envie de continuer à être dépendant pour le restant de tes jours ? » Demandas-tu sérieusement. Car il allait finir par arriver un moment où la prochaine overdose ou celle d’après ou encore une autre sera fatale. « Je sais que cela peut paraître fou mais il y a des gens ici bas qui tiennent à toi et qui veulent que tu ailles mieux. » Tu en faisais partie mais tu n’étais certainement pas la seule, loin de là. « Et puis tu n’es plus tout seul, il faut que tu penses à Evelyn maintenant. » Tu savais que tu marchais sur un terrain bancal voir que tu venais de passer la ligne rouge mais tu te devais de le mentionner. Tu supposais que Rhett était toujours avec elle n’ayant rien entendu qui t’aurait amené à penser le contraire. Et si elle pouvait être un but de rémission pour Rhett, tu n’avais aucun problème à t’appuyer dessus.

« J’espère qu’elle est digne de confiance. »
“Elle l’est.”

Il n’en sait rien, bien sûr. Rhett est simplement trop naïf pour penser qu’il puisse réellement exister des personnes mal intentionnées en ce monde. Il s’est pris d’affection pour Greta, qui plus est, ce qui termine d’annihiler la moindre once d’objectivité en lui. Qui plus est, il a profité de ce livre pour livrer bon nombre de ses secrets, surtout ceux qu’il n’a jamais osé avancer à voix haute. Ce qu’il pourrait craindre, effectivement, c’est que sa parole puisse avoir été modifiée et les raisons derrière son geste ajustées d’une différente manière. Si tel était le cas, Jenna aurait raison de s’en faire, parce que non seulement la carrière de Rhett serait terminée, mais il serait surtout capable de finir derrière les barreaux pour bon nombre d’atteintes à la loi. Mais s’il y a bien une chose sur laquelle elle n’a pas à s’en faire, c’est ce qui est dit à son sujet. Jenna n’est jamais associé à quoi que ce soit de négatif, elle qu’il continue de placer sur un piédestal même après tout ce temps. « Tu as intérêt, je sais où tu habites maintenant. » Il sourit à son tour, ne craignant pas le moins du monde de lui avoir effectivement donné son adresse. Elle fait partie de ceux en qui il a une confiance aveugle, malgré leurs différents. Il ne la trahirait jamais, et il sait l’inverse tout aussi vrai.

Puisqu’elle semble en savoir assez sur le sujet, Rhett se contente de combler les trous et d’expliquer qu’il va bel et bien partir quatre semaines en Suisse pour suivre tout un processus dans l’espoir d’être un nouvel homme en revenant. S’il le fait, pourtant, ce n’est que parce qu’on ne lui laisse pas le choix. « Si tu pars en ayant décidé que par principe rien n’allait changer, c’est sûr que les espoirs sont minces. » Sa tête marque la négative, il souffle lentement. Ce genre de mots, il les connaît par cœur. “Je te l’ai déjà dit, joue pas à ça.” Il est heureux de passer un peu de temps avec elle, bien sûr, mais tout s’envole à la seconde où elle pense qu’il s’agit d’une bonne idée de jouer l’ange sur son épaule et de lui donner des conseils avisés. Elle a raison, bien sûr, et c’est justement une raison de plus pour détester le processus. Il ne veut pas qu’elle ait raison, il ne veut pas qu’on lui dicte la marche à suivre et, surtout, il ne veut pas qu’on le prenne en pitié. Il peut s’en sortir ; il s’en sort depuis cinq ans déjà. « Tu as envie de continuer à être dépendant pour le restant de tes jours ? » - “Jenna.” Il accuse, son ton plus ferme, ses yeux ancrés dans ceux de son ex-compagne. Ils passaient un bon moment jusque-là, elle n’a pas le droit de tout briser, tout ça parce qu’elle a elle aussi le syndrome du sauveur. Il n’a pas besoin d’être sauvé, à commencer par là.

« Je sais que cela peut paraître fou mais il y a des gens ici bas qui tiennent à toi et qui veulent que tu ailles mieux. » Rhett souffle à nouveau et, tel un adolescent en pleine rébellion, croise ses bras sur son torse lorsqu’il s’enfonce dans le dossier du canapé. « Et puis tu n’es plus tout seul, il faut que tu penses à Evelyn maintenant. » Il s’attendait à entendre de nombreux prénoms en exemple, mais certainement pas celui de sa petite-amie. “J’ai pas vraiment envie de parler d’elle avec toi, tu sais.” Il lui annonce avec bien moins de fermeté, parce qu’il n’y a pas à en avoir pour un tel sujet. Jenna n’aura sûrement aucun mal à comprendre le fond de ses pensées: il ne parle pas de l’une avec l’autre, et inversement. Par respect, par pudeur. Peu importe. “C’est peut-être pas une évidence, mais je fais tout pour aller mieux.” Simplement, il s’y prend à sa manière, et force est de constater qu’elle n’est pas particulièrement efficace. “J’aimerais juste qu’on arrête d’aborder le sujet dès que je retrouve un ami.” Peu importe qui, ils finissent toujours par parler de son addiction, forçant Rhett à éternellement remuer le couteau dans la plaie. Hassan, Ruben, Ethel, Channing, Elijah, Jenna. Chad, Amos. Tous. Absolument tous. Seule Evelyn s’y prend différemment, sans doute parce qu’elle vit avec lui au quotidien, mais il sait bien qu’elle ne s’en fait pas moins que les autres. “Tu me montreras ce que tu auras dessiné, avec ?” Il change de sujet et espère qu’elle aura compris qu’il n’est pas question de revenir sur celui de ses médicaments, pourtant sincèrement curieux de savoir ce qu’elle est capable de créer de ses mains aujourd’hui. D’un geste de la tête, il se contente de désigner son cadeau pour qu’elle comprenne parfaitement ses mots.