26 décembre 2022 Noël est passé et si elle a passé le réveillon en compagnie des Walker, et surtout avec Channing, Gabrielle doit reconnaitre qu’elle en garde un goût amer. La soirée ne s’est pas passée comme elle aurait dû, la présence d’une invitée qu’elle se serait passée de revoir la ramenant à un souvenir douloureux. Celui de la jeune femme présente chez l’héritier, en petite tenue, l’embrassant à pleine bouche alors que Gabrielle et lui étaient supposés être au moins un petit quelque chose. Du moins, à ses yeux. Une douleur vive, une blessure toujours présente et même si depuis, Channing et Gabrielle se sont avoués leurs sentiments réciproques, il existe toujours une part d’ombre en son profond intérieur concernant la relation que peut entretenir le jeune homme avec Mila. Surtout, ils n’ont jamais eu l’occasion d’en reparler et ce silence à ce sujet est sûrement plus désagréable qu’une discussion qui aurait été nécessaire. Retrouver donc la brune le soir de Noël, aux bras, cette fois, de l’autre Walker, aka Elijah, Gabrielle a surtout retenu que la Mila n’a pas manqué de se montrer désagréable avec elle – elle a tenté de le lui rendre à sa manière aussi – mais surtout que cette dernière n’a pas froid aux yeux en fricotant avec les deux frères, n'oubliant pas l’épisode de ce pied qui traînait sous la table, à l’attention de celui qui est censé être son petit-ami. Une situation qui a donc jeté un froid entre Channing et Gabrielle, en plus d’une matriarche qui n’en a rien rendu l’instant plaisant. Une matriarche à qui la californienne n’a pas manqué de tenir tête après qu’elle s'est montrée désobligeante envers sa propre fille et finalement, la soirée s’est terminée dans une ambiance plus que tendue et malaisante.
Et parce qu’elle a besoin d’extérioriser et d’avoir un avis objectif – en réalité, elle sait qu’elle ne l’aura pas de la part de Lucy concernant Channing, quant elle est consciente qu’elle ne le porte pas dans son cœur, mais il le sera toujours plus que quiconque aussi de ce fait – Gaby rejoint donc sa meilleure amie chez elle. Elle n’a pas pris la peine de la prévenir de sa venue, et le message qu’elle a reçu de la part de Channing dans l’après-midi a été la raison qui l’a poussé à aller lui rendre visite. Sa mine est décomposée alors qu’elle vient à frapper trois coups sur la porte d’entrée de son amie et il faut le dire, cela ne lui ressemble pas tant que ça. Disons que de la voir de la sorte est plutôt rare et Lucy le sait. Alors quand sa meilleure amie ouvre la porte, une petite lueur scintille dans ses yeux mais son sourire reste terne et manque terriblement de conviction « Joyeux Noël » Elle lui tend un petit paquet, une paire de boucles d’oreilles qu’elle pourra porter quand elle n’est pas en planque, parce qu’elles sont loin de passer incognito. Une étreinte est échangée entre elles alors que Gabrielle pénètre dans l’appartement, ayant penser évidemment à apporter une bouteille de vin, posant celle-ci sur la table basse avant de se laisser tomber lourdement sur le canapé de son ami, ayant retiré aussi dans l’entrée ses chaussures « Le mien ne l’était pas » joyeux, elle entend. Quand Lucy arrive avec un tire-bouchon et deux verres, elle lui prend des mains pour venir ouvrir la bouteille qu’elle a apporté et les servir. « Me regarde pas comme ça, je sais il est tôt mais… » Mais c’est vitale. Et si elle tente de faire comme si elle allait malgré tout, au fond d’elle, elle n’a jamais été autant perdue qu’à l’heure actuelle.
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Dernière édition par Gabrielle Strange le Mar 31 Jan 2023 - 21:37, édité 1 fois
Les coups portés à sa porte d’entrée la font esquisser une moue : elle était bien, devant sa télé, blottie sur son canapé, à regarder un téléfilm de Noël. Le pitch est toujours le même ou presque : un mec obsédé par le travail débarque à la campagne ou à la montagne, et croise la route d’une nana qui adore les fêtes de fin d’année et qui finit par lui redonner goût à la vie et lui faire revoir son sens des priorités. Rien de bien compliqué à suivre, ni doté d’un suspense insoutenable, mais une recette qui marche et qui permet aux femmes, comme Lucy, en cette période de fêtes, qui sont désespérément seules avec leur cœur brisé, d’imaginer que tout espoir est encore possible ! Lucy s’extirpe de son canapé pour aller ouvrir et n’est pas surprise d’y trouver sa meilleure amie. Rares sont les gens qui passaient chez elle à l’improviste, et Gaby savait qu’elle serait toujours la bienvenue, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Et puis, en réalité, la brunette attendait l’avocate bien plus tôt. Après tout, Gabrielle avait partagé un repas de Noël avec les Walker en grand complet, et Lucy s’attendait presque à un debriefing dès que son amie aurait quitté le loft d’Elijah. Elle s’était dit que le silence radio de Gaby était finalement un bon signe, qu’elle avait dû passer une nuit torride avec Channing. Mais la mine défaite de sa meilleure amie lui révèle qu’au contraire, le tout a dû virer au cauchemar. Lucy esquisse une moue compatissante en plongeant ses yeux bleus dans ceux de Gabrielle.
« Joyeux Noël. »
L’enquêtrice attrape le paquet qu’elle lui tend, la remercie et serre contre elle sa meilleure amie avant de la laisser entrer. Pendant que Lucy ouvre son cadeau, découvrant une magnifique paire de boucles d’oreille, Gaby prend ses aises, comme l’habituée de ses lieux qu’elle est. Elle ôte ses chaussures, s’installe sur le canapé et dépose sur la table basse une bouteille de vin.
« Merci pour le cadeau, elles sont magnifiques. »
Avant de ramener à l’avocate le présent qu’elle lui a elle-même trouvé, elle agit par ordre de priorité, ramenant à son amie un tire-bouchon et posant sur la table deux verres de vin.
« Le mien ne l’était pas. »
Lucy esquisse une nouvelle moue, puis pense à son propre réveillon.
« Le mien non plus. Le mépris de Brianna et de mes parents m’a achevé. Je me consolais devant un film de Noël. »
Elle désigne du menton la télévision, toujours sur pause. Le vin et la présence de Gaby seraient en revanche bien plus effectifs pour oublier le dédain avec lequel sa famille l’avait traité. Lucy n’était pas un enfant désiré, elle n’était qu’un accident, un bébé que ses parents n’avaient jamais voulu avoir, déjà comblés après avoir eu une fille puis un garçon. La déception n’avait été que plus grande quand, en grandissant, Lucy s’était révélée incapable d’arriver à la cheville de ses aînés. Et à 37 ans, l’enquêtrice souffrait toujours de leur jugement et de leurs remarques sur sa vie, qu’elle avait à leurs yeux ratée. La brunette observe son amie déboucher la bouteille et leur servir des quantités de vin bien au-delà de la bienséance.
« Me regarde pas comme ça, je sais il est tôt mais … »
Lucy lève les mains en signe de reddition.
« Loin de moi l’idée de te juger ! »
Et c’est la vérité : elle aussi a bien besoin de cette bonne bouteille ramenée par Gaby, et elle avale une longue rasade de vin avant d’aller récupérer dans la pièce à côté le cadeau de son amie qu’elle lui tend.
« Joyeux Noël. »
Une robe noire pailletée, ultra courte et très décolletée : une tenue sexy, parfaite pour aller danser en boîte. Une robe qui mettrait en valeur les jambes de l’avocate, mais qu’elle n’aurait jamais osé s’acheter en se disant qu’elle ne la porterait jamais. Un cadeau fait pour qu'elle se dépasse.
« J’ai hâte de te voir te trémousser avec ! »
Autrement dit, elle est prête à sortir si Gaby le souhaite. Elle finit par s’asseoir à côté de son amie, laisse un instant le silence s’installer avant de le briser enfin.
« Tu veux parler de ce que ce connard de Chan a encore fait ? »
Parce qu’il avait encore merdé, à n’en pas douter, à voir l’état dans lequel elle récupérait sa meilleure amie, encore …
26 décembre 2022 « Merci pour le cadeau, elles sont magnifiques. » Gabrielle lui sourit mais sans réelle conviction. Elle aimerait avoir plus d’entrain en lui offrant son présent mais le cœur n’y est pas, l’esprit bien trop préoccupé depuis quelques jours. L’incapacité de penser à autre chose que ce réveillon qui n’a pas été une réussite, celui-là même qu’elle a passé avec la famille Walker pour la première et peut-être unique fois. Et surtout cette prise de conscience, suite à cette soirée, face à cette relation avec Channing qui semble ne plus fonctionner. Des remises en questions nombreuses, l’empêchant de trouver le sommeil depuis plusieurs nuits et cette crainte d’aller le rejoindre, quand elle sait déjà que la conversation qu’ils auront ne sera pas des plus plaisantes… « Le mien non plus. Le mépris de Brianna et de mes parents m’a achevé. Je me consolais devant un film de Noël. » La tête de Gaby pivote vers la télévision, constatant effectivement qu’elle a interrompu sa meilleure amie dans un grand moment « J’aurai dû penser à apporter de la nourriture aussi » Elle tente l’humour avec un mince sourire au coin des lèvres, peu convaincant, il faut le reconnaître « Je suis désolée que ton Noël ait été un fiasco aussi » c’est par un soupir qu’elle conclut ses propos alors qu’elle s’attaque à l’ouverture de la bouteille de vin qu’elle a apporté, servant ensuite généreusement les deux verres que Lucy a déposé sur la table basse. « Loin de moi l’idée de te juger ! » « Surtout que tu sembles en avoir tout autant besoin que moi » et que ces grands verres les aideront autant l’une que l’autre à se confier plus aisément sur leur réveillon chaotique et à apaiser leurs peines. C’est du moins ce qu’espère l’avocate. « Joyeux Noël. » Son verre en main, elle n’a pas vraiment le temps d’en prendre une gorgée que Lucy lui présente un cadeau en retour. Gaby s’en saisit, la remerciant au passage et, lorsqu’elle s’enquit de l’ouvrir, elle découvre une robe noire clinquante, bien courte et très décolletée, une de celle qu’elle ne mettra pas pour se rendre au bureau lundi matin, c’est certain « Elle est splendide » et c’est sincère, tournant la robe dans tous les sens pour en observer chaque détail. « J’ai hâte de te voir te trémousser avec ! » La remarque ne manque pas de faire naître un rire spontané chez la californienne « Ok, je suppose qu’un de ces quatre, tu comptes me trimballer dans un bar ou en boite de nuit, je me trompe ? ». Oh, elle sait que Lucy en serait capable, bien que cette dernière connaisse suffisamment Gabrielle pour savoir qu’elle n’est pas des plus friandes à se trémousser sur une piste de danse, comme elle dit. Si elle souhaite qu’elle se prête au jeu, Lucy sait aussi qu’il va falloir beaucoup de grammes d’alcool dans le sang de Gaby pour se faire. Elle repose soigneusement le beau tissu à côté d’elle sur le canapé alors que sa meilleure amie vient s’installer à son tour sur celui-ci. Gabrielle se saisit de son verre mais aussi celui de son amie, qu’elle lui tend. « Tu veux parler de ce que ce connard de Chan a encore fait ? » C’est un regard réprobateur qu’elle reçoit en premier lieu pour avoir insulté l’héritier « Le qualifié de connard n’est pas nécessaire ». Même lorsqu’elle le haïssait au plus haut point et ne pouvait se le voir en peinture, jamais elle n’a été capable d’user de noms d’oiseaux à son encontre. Gabrielle soupire à nouveau, ses épaules se détendant un tant soit peu, bien que son regard lui, s’attriste « C’est même pas à cause de ce qu’il a pu faire… c’est tout le contraire en réalité. C’est tout ce qu’il ne fait pas… » ou plus. C’est tout ce qu’elle ne retrouve plus chez lui depuis cet accident, c’est toute cette attention qu’il ne lui offre presque plus qu’il la chagrine et qui la fait remettre tout en question « Il n’est plus lui-même, il n’est plus Chan’… Et j’ai cette impression que notre relation va droit dans le mur » Une première gorgée, nécessaire pour poursuivre son récit « Je comprends ce qu’il traverse, je sais à quel point cette situation est compliquée pour lui et je n’ai pas envie de passer pour une égoïste en disant ça mais… elle le fait du mieux qu’elle le peut je ne peux pas être la seule à me battre pour deux » Elle a besoin de se protéger, la peur de se retrouver dans une situation similaire à celle d’il y a quelques années en arrière toujours présente, ne souhaitant pas souffrir à nouveau. « Je sais plus quoi faire, Lucy… » Son regard attristé retrouve celui bleuté de sa meilleure amie, lui lançant un appel au secours alors qu’elle ne parvient plus à savoir sur quel pied danser. Un cas de figure rare pour elle quand on connaît sa force de caractère, mais face à cette situation, elle est tout bonnement perdue.
Alors que Lucy était pelotonnée sur son canapé, devant une comédie romantique censée lui remonter le moral après la catastrophe des fêtes de fin d’année, Gabrielle, sa meilleure amie, débarque à l’improviste. Celle-ci lui avoue avoir passé un Noël horrible, et la détective compatit à la peine de son amie : devant son silence des dernières heures, elle espérait sincèrement que Gabrielle était avec Chan, en pleine séance de galipettes.
« J’aurais dû penser à apporter de la nourriture aussi. »
Lucy secoue la tête en haussant les épaules. Elle sort de sa table basse des flyers, les feuillette rapidement et en tend deux à Gaby.
« On pourra commander ! Italien ou chinois ? »
Les deux verres de vin que la Cavanagh déposent sur la table basse sont rapidement remplis par Gaby. La quantité est nettement supérieure à celle habituellement servie, mais elle ne fera aucune remarque : les deux brunettes semblent bien avoir besoin de cela pour digérer le fiasco de Noël. Pour tenter d’alléger l’atmosphère, rien que pour quelques minutes, Lucy offre son cadeau à Gaby. Elle sait que, rapidement, les deux jeunes femmes devront bien se confier l’une à l’autre et vider leur sac. D’ailleurs, après s’être fait de la peine en se remémorant des souvenirs catastrophiques, peu profondément enfouis, elles seront finalement soulagées d’avoir pu extérioriser et se remonter le moral. Mais en attendant, Lucy profite d’un moment d’accalmie pour prendre une grande bouffée d’oxygène et regarder Gaby ouvrir son cadeau : une robe noire ultra sexy. Elle sait qu’elle n’aurait jamais osé s’acheter une robe aussi courte et aussi décolletée et pourtant, elle méritait de pouvoir mettre en valeur ses courbes, et Lucy était convaincue qu’elle serait magnifique dedans.
« Ok, je suppose qu’un de ces quatre, tu comptes me trimballer dans un bar ou en boîte de nuit, je me trompe ? »
Lucy tente de prendre un air innocent en haussant les épaules.
« Peut-être bien … D’ailleurs, vu que la robe est là, ça pourrait même être ce soir. »
Elle bat outrageusement des cils pour tenter de faire davantage passer sa proposition. Elle se pliera dans tous les cas à l’avis de la Strange, étant elle-même partagée quant à la suite du programme de la journée. Après s’être confiées l’une à l’autre, elles pourront continuer à se saouler en regardant une comédie à la télévision. Ou bien elles pourront aller se déhancher sur des pistes de danse jusqu’au bout de la nuit, et draguer tous les beaux mecs qui croiseraient leur route. Lucy se saisit du verre que lui tend son amie et en prend une longue gorgée, avant de se jeter dans le bain : l’accalmie est terminée, il est temps d’aborder les raisons de la venue de son amie, à savoir, sans aucun doute, le comportement de Channing Walker.
« Le qualifier de connard n’est pas nécessaire. »
Le regard réprobateur que lui lance Gaby ne fait que sourire Lucy, qui hausse les épaules avec désinvolture.
« La preuve que si, vu que tu ne sembles pas le comprendre … »
Qu’il est un connard, puisque Gabrielle semble continuer à lui faire confiance et que le Walker, de son côté, ne cesse de lui briser le cœur.
« C’est même pas à cause de ce qu’il a pu faire … c’est tout le contraire en réalité. C’est tout ce qu’il ne fait pas … »
Lucy écoute attentivement son amie, sans l’interrompre, fronçant cependant les sourcils : elle ne comprend pas encore où veut en venir Gaby. L’avocate poursuit son récit, sous l’œil attristé de la détective, qui entend toute la souffrance de son amie.
« Je sais plus quoi faire, Lucy … »
Et son regard noisette qui reflète toute sa détresse bouleverse au plus haut point Lucy, qui esquisse une moue et serre son amie contre elle un instant. Elle aimerait pouvoir trouver les mots pour la réconforter. Elle aimerait pouvoir puiser dans son expérience personnelle, mais sa seule véritable histoire d’amour s’est terminée dans la douleur, les cris et les larmes, après une énorme trahison.
« Tu sais que je ne veux que ton bonheur, Gaby, même si ça doit être avec Chan. Je serai ta demoiselle d’honneur, je te soutiendrai dans toutes tes décisions, même si je laisserai une voiture à ta disposition avec les clés sur le contact, au cas où tu voudrais t’enfuir. »
Elle laisse échapper un petit rire dans lequel on entend toute sa tension, qu’elle tente d’occulter.
« Mais est-ce que c’est lui, le bon, quand votre histoire ressemble tant des montagnes russes ? Est-ce qu’être fait l’un pour l’autre suppose autant de tristesse, et demande que l’on se batte ? Ca devrait être facile. Ca devrait être fluide. Ca devrait être évident … »
Certes, dans toute relation, il y avait des hauts et des bas, des concessions et des ajustements à faire. Mais un couple n’était pas un bras de fer ou un combat à mener. En tout cas, pas dans l’esprit de la brunette. Pour autant, elle lève les bras en signe d’apaisement.
« Mais bon, est-ce que je suis réellement de bon conseil, alors que je suis célibataire depuis maintenant plus de sept ans … »
Rien n’est moins sûre. Pourtant, son célibat n’est pas dû à des mauvais choix ou à un comportement inadapté. Il est simplement dû à une volonté de la brunette qui, trahie, est incapable de rouvrir son cœur et de laisser quiconque y pénétrer. Elle boit plusieurs gorgées de vin, faisant fi de toutes les règles de bienséance, et son regard fixe un point au loin, alors qu’elle refuse d’affronter le regard de sa meilleure amie pour ce qu’elle va dire.
« Je suis bien sans mec, mais … je veux un bébé. »
La bombe est lancée, impossible de revenir en arrière.
26 décembre 2022 « On pourra commander ! Italien ou chinois ? » Le fait que Lucy dégaine, à la vitesse de l’éclair, deux flyers de dessous la table, fait pouffer légèrement Gabrielle, prise au dépourvue par la spontanéité du geste. C’est là aussi la démonstration parfaite qu’elles sont similaires, quand elles ont toujours à leur portée une solution de secours pour pouvoir s’accorder un repas convenable – encore puisse-t-il être autorisé de considérer une pizza ou des nouilles chinoises comme tel « Va pour du chinois ». Gaby s’empare du flyer, attarde son regard sur celui-ci que quelques secondes à peine quand Lucy en profite pour lui offrir, à son tour, son cadeau de Noël. Une robe qu’elle n’aurait pensé s’acheter, une de celle qu’elle lui a désigné quelques semaines plus tôt dans une vitrine alors qu’elles se sont accordées une petite virée shopping. Et au vu du style de la robe, Gabrielle comprend que le choix fait par son amie n’est pas totalement innocent « Peut-être bien … D’ailleurs, vu que la robe est là, ça pourrait même être ce soir. » Elle évoque le fait de sortir en boite de nuit et la proposition à ce que cela se fasse le soir même prend Gaby au dépourvu. Mais sa réponse, silencieuse, ne laisse aucun doute cependant sur son choix alors que sa tête se pivote doucement de gauche à droite, signifiant ainsi à sa meilleure amie qu’elle ne souhaite pas sortir ce soir. L’avocate n’a pas la tête à ça et n’estime pas que cela soit la solution pour faire passer ou soulager ses maux.
« La preuve que si, vu que tu ne sembles pas le comprendre … » C’est un gros soupir à la fois agacé et las que Gabrielle laisse échapper face à l’entêtement de sa meilleure amie. Elle sait que Lucy ne porte pas particulièrement Channing dans son cœur mais elle n’a pas besoin d’entendre de mots pareils. Pour elle, il ne fait pas partie de cette catégorie et qu’importe la plaidoirie que serait surement prête à lui desservir son amie pour lui prouver qu’elle a raison – ce n’est pas le cas – Gabrielle ne veut pas l’entendre. Ce n’est pas ce qu’elle lui demande, cherchant là une oreille attentive sur cette situation qui est la sienne – et la leur – et face à laquelle elle ne parvient plus à faire face. Et face à la détresse visible sur les traits de la californienne, Lucy vient à la prendre dans ses bras avant de lui répondre par les mots. Cette étreinte fait indéniablement du bien à la jeune femme dont un mince sourire apparait au coin des lèvres pour la remercier pour le geste. « Tu sais que je ne veux que ton bonheur, Gaby, même si ça doit être avec Chan. Je serai ta demoiselle d’honneur, je te soutiendrai dans toutes tes décisions, même si je laisserai une voiture à ta disposition avec les clés sur le contact, au cas où tu voudrais t’enfuir (…) Mais est-ce que c’est lui, le bon, quand votre histoire ressemble tant des montagnes russes ? Est-ce qu’être fait l’un pour l’autre suppose autant de tristesse, et demande que l’on se batte ? Ca devrait être facile. Ca devrait être fluide. Ca devrait être évident … » Les mots de son amie l’atteignent bien plus qu’elle ne le démontre sûrement. Parce que c’est le silence qui en est la réponse, tant Lucy la met devant le fait accompli. Elle utilise des qualificatifs qui étaient pourtant ceux de leur relation par le passé, et qui ne semble ne plus l’être depuis l’accident. Ils ont beau avoir ouvert leur cœur – en partie – s’avouant réciproquement s’aimer, cela ne semble pas être pour autant suffisant pour que leur couple retrouve sa facilité, sa fluidité et son évidence d’antan. « Mais bon, est-ce que je suis réellement de bon conseil, alors que je suis célibataire depuis maintenant plus de sept ans … » « Dis pas ça ! » Un fin sourire étire ses lèvres quelques secondes alors qu’elle se laisse retomber un peu plus en arrière sur le canapé, son verre de vin à la main dont elle ingurgite une gorgée « Je ne sais pas, Lucy ». Ce n’est pas d’elle d’avoir des doutes, ce n’est pas d’elle de ne pas savoir quelle direction prendre, quand elle a toujours su quel chemin suivre dans sa vie. L’hésitation n’a jamais existé dans sa vie, ou très peu, et jamais elle s’est sentie aussi démunie qu’à l’instant. Son regard reste dans le vide un long instant, perdue dans ses pensées et laisse ainsi l’opportunité à Lucy de reprendre la parole – et changer de sujet, ce qui est sûrement préférable « Je suis bien sans mec, mais … je veux un bébé. » La gorgée qu’elle s’apprêtait d’avaler est presque recrachée dans le verre – presque, elle a la politesse de l’avaler mais… de travers, ce qui ne manque pas de la faire tousser quelque peu « Comment ça tu veux un bébé ? » Qu’elle ne se lance pas dans l’explication de la conception d’un enfant, ce n’est pas là ce que Gabrielle lui demande. Reposant doucement son verre sur la table basse, elle s’installe en tailleur, pivotée de sorte à faire face à son amie « J’ignorais que tu en avais envie dans l’immédiat. Est-ce que tu as déjà envisagé quelque chose ? ». Les alternatives ne manquent pas et si Lucy lui balance une telle nouvelle ce soir, ce n’est pas juste de manière irréfléchie, Gaby ayant la certitude qu’elle a sûrement déjà pensé à une solution pour atteindre ce qui semble être son nouvel objectif de vie. Et il n’y a aucun doute là-dessus que Gabrielle sera là pour l’épauler et l’accompagner dans ce choix.
Gaby est là, sur son canapé, à consulter un flyer de plats à emporter, à boire du vin dans des quantités non raisonnables et à relater les difficultés de sa relation avec Channing. Lucy n’apprécie pas le Walker, elle n’aime pas ce qu’il fait endurer à Gaby, et peu importe que cela soit volontaire ou non. Leur histoire est trop tumultueuse pour que l’enquêtrice puisse la cautionner pour sa meilleure amie. Elle est convaincue que Gabrielle mérite mieux, et elle espère sincèrement que Gabrielle trouvera mieux.
« Je ne sais pas, Lucy. »
La brunette esquisse une moue et vient frotter le dos de son amie dans un geste de réconfort. Elle comprend sa détresse, et n’insistera pas. Elle a déjà répété cent fois ce qu’elle pensait de l’héritier et de leur relation. Gaby n’a pas besoin de rationnel, elle a besoin d’apaisement, d’une épaule sur laquelle se reposer. Elle change donc de sujet et, après avoir laissé le silence s’installer, en profite pour lancer son envie d’avoir un bébé. Gaby s’étouffe, et Lucy ne peut s’empêcher de lui lancer un regard noir : est-ce la surprise qui la fait avaler de travers, ou le fait d’imaginer que la détective puisse devenir mère ?
« Comment ça tu veux un bébé ? »
Lucy lui lance un regard blasé alors qu’elle hausse les sourcils. Qu’elle est cette question ? Et quelle est cette surprise que Gaby ne peut dépasser ? Elle se sent vexée, le prend pour une attaque personnelle et ses éventuelles capacités maternelles, et la voilà qui s’adosse dans le canapé, croisant ses bras sur sa poitrine et faisant la moue.
« Comment ça quoi ? »
Son ton est tranchant et clairement, elle ne fera pas de cadeau à Gaby sur ce sujet-là. Elle sait que son amie la soutiendra, peu importe ses choix, comme elle-même la soutiendrait dans tous les domaines, et notamment sa vie sentimentale. Mais Gabrielle est la première à qui elle parle de cette volonté de devenir mère, et elle aurait aimé des cris de joie et des félicitations, pas une telle stupeur. Elle sait que son choix n’est pas évident, et que la vie sera semée d’embuches. Mais c’est un choix mûrement réfléchi, et elle est persuadée qu’elle pourra y arriver.
« J’ignorais que tu en avais envie dans l’immédiat. Est-ce que tu as déjà envisagé quelque chose ? »
Lucy hausse les épaules.
« Pas dans l’immédiat … Je veux dire … »
Elle laisse échapper un petit soupire le temps de réunir ses idées et de les ordonner.
« J’ai 37 ans, Gaby. Aucun homme à l’horizon, et je ne suis pas certaine de pouvoir refaire confiance un jour. Alors disons que mon horloge biologique commence tout de même doucement à s’activer … Surtout que ça peut encore prendre du temps, de tout mettre en place … »
Elle prend une gorgée de vin, se détend peu à peu. Elle a en effet bien réfléchi, a fait des recherches, une véritable enquête. Elle se sent un peu plus dans son élément quand elle doit exposer un projet concret, avec différentes étapes.
« Je pensais à une FIV. Il faudra que je prenne rendez-vous avec une clinique, que je fasse des tests de fertilité, qu’ils fassent des prélèvements, etc … Et que je réunisse la somme demandée aussi. »
Elle secoue la tête.
« Ce n’est pas pour demain, tout ça va encore prendre du temps, rien que pour la mise en route, donc même si ça devait marcher du premier coup, on n’est pas sur l’arrivée d’un bébé avant mi 2024, et il aura du coup une maman de près de 39 ans … »
Lucy semble affolée, d’un coup, et elle plonge son regard bleuté dans celui de Gaby.
« Je viens de passer sept ans à vivre pour mon boulot, au jour le jour, pour oublier le passé. Il est temps que je pense à moi et à l’avenir. »
Un avenir déjà tardif, alors que son horloge biologique est déjà lancée dans sa course folle.
26 décembre 2022 « Comment ça quoi ? » C’est une réaction spontanée qu’elle a eu, Gabrielle, elle ne cherchait pas à offenser Lucy ou à remettre en question ce choix qui est le sien, ou du moins sa capacité à être mère. C’est plus l’aspect soudain de cette confession qui l’a prise au dépourvue, et c’est pour cette raison qu’elle se repositionne en tailleur sur le canapé afin d’accorder toute son attention à son ami, l’interrogeant avec plus de parcimonie à ce sujet, afin que Lucy étaye un peu plus ses propos, ou plutôt, son envie. « Pas dans l’immédiat … Je veux dire … » Elle remarque l’hésitation et ses sourcils se froncent, cherchant le regard de Lucy afin de l’encourager à poursuivre « J’ai 37 ans, Gaby. Aucun homme à l’horizon, et je ne suis pas certaine de pouvoir refaire confiance un jour. Alors disons que mon horloge biologique commence tout de même doucement à s’activer … Surtout que ça peut encore prendre du temps, de tout mettre en place … » Elle n’a pas besoin de lui rappeler son âge et cette histoire d’horloge biologique. Gabrielle la comprend pour en être au même stade. A la différence toutefois, c’est que la californienne ne se pose pas de question à ce sujet. Elle a bien trop de craintes attenantes à la maternité, à celle potentielle qui pourrait être sienne dans un proche ou lointain avenir et, pour ainsi dire, c’est quelque chose à laquelle elle ne veut pas penser. Les traumatismes de son enfance sont bien trop présents encore, tout comme sa vie bien trop prise professionnellement parlant et instable, sentimentalement parlant. « Je pensais à une FIV. Il faudra que je prenne rendez-vous avec une clinique, que je fasse des tests de fertilité, qu’ils fassent des prélèvements, etc … Et que je réunisse la somme demandée aussi. » « Je serai là, pour tout ça, tu le sais. Je t’accompagnerai et t’aiderai dans les démarches, si tu le souhaites ». Elle se saisit de ses mains pour appuyer sa proposition, et même si elle ne le précise pas, parce qu’elle sait comment Lucy va réagir si elle lui fait une telle proposition à voix haute, sa proposition englobe aussi l’aspect financier. « Ce n’est pas pour demain, tout ça va encore prendre du temps, rien que pour la mise en route, donc même si ça devait marcher du premier coup, on n’est pas sur l’arrivée d’un bébé avant mi 2024, et il aura du coup une maman de près de 39 ans … » « Une superbe maman. Et une superbe tata aussi ». Elle parle évidemment d’elle, tente surtout de détendre l’atmosphère pour aider Lucy à retrouver un semblant de sourire. Gabrielle a conscience que toute cette démarche ne sera pas une simple affaire, que le chemin est encore long et est donc une source de stress pour la belle brune, mais ne veut pas que cela lui pèse outre mesure. Car avant tout, cela est une décision plus que louable et belle qu’elle prend là et Gabrielle souhaite lui montrer qu’elle s’en réjouit d’avance pour elle « Je viens de passer sept ans à vivre pour mon boulot, au jour le jour, pour oublier le passé. Il est temps que je pense à moi et à l’avenir. » « Et tu as plus que raison de le faire, Lucy. Tu mérites d’être heureuse. Et je le suis, pour toi. Si c’est ce que tu as envie, alors fonce ! ». Son regard planté dans le sien le reste encore quelques instants avant qu’elle ne vienne étreindre son amie. Après ça, elle se saisit des deux verres abandonnés sur la table basse et invite Lucy à trinquer, une raison de plus aussi pour remplir à nouveau leur verre et profiter de cette soirée entre amie qui ne manquera pas d’apaiser, le temps de quelques heures, les blessures de la californienne.