Mi-janvier 2023. Si elle a mal terminé l’année avec une rupture, Gabrielle ne peut pas dire que son début d’année se déroule sous les meilleures auspices. Encore le nez plongé dans une affaire qui dure depuis plusieurs mois, une de celle qui lui prend la majorité de son temps mais qui l’aide ainsi à mieux faire passer la pilule, la Strange ne s’attendait sûrement pas à ce que son passé revienne de plein fouet la frapper. A croire que cela n’a pas été suffisant, un ancien collègue du cabinet dans lequel elle travaillait à Los Angeles, débarqué tout fraîchement à Brisbane – nous ne parlerons pas de la surprise qu’elle a eu en le voyant lui, tout particulièrement – lui a annoncé qu’elle devrait prochainement retourner à Los Angeles pour témoigner dans l’affaire du double meurtre qui a eu lieu en juillet 2019. Un double meurtre duquel elle a été témoin, les images de son client et celui d’un agent de sécurité tombant au sol, une mare de sang se formant autour d’eux, aussi rapidement que les coups de feu sont arrivés. Un double meurtre qui aurait pu compter le sien, quand les tireurs n’ont pas hésité à faire demi-tour pour la viser explicitement elle, l’avocate sauvé de justesse grâce à l’intervention de Jackson Mills. Depuis qu’elle a appris cette nouvelle il y a quelques jours, Gabrielle n’a pour ainsi dire pas trouver le sommeil. Elle n’en a parlé à personne, même pas à Matthew ou Lucy même si tout deux sont au courant de cette fusillade et surtout de celle-ci qui est à l’origine de la venue de Gabrielle à Brisbane et donc de sa fuite de Los Angeles. Pour ainsi dire, ce n’est pas tant ce procès qu’il l’effraie, c’est sûrement le fait de retourner à cet endroit quand sa vie semble avoir été totalement remise en question ces derniers temps. Comme si, d’une certaine façon, on lui renvoyait un signe, celui qu’il serait peut-être temps pour elle d’y retourner, surtout quand le tireur survivant finira ses jours derrière les barreaux. Mais le risque zéro n’existe pas, le gang qui s’en est pris ouvertement à elle et à son client n’étant toujours pas démantelé et il serait imprudent de sa part d’envisager de retourner vivre à Los Angeles… bien que cette idée soit dans le coin de sa tête.
En attendant, c’est surtout avec une vieille connaissance – elle aimerait dire ami mais au vu de leurs rapports inexistants du fait d’une grosse dispute en avril dernier, elle ne se permet pas l’appellation – que Gabrielle doit renouer. Jackson était présent sur les lieux et lui aussi est appelé à témoigner. Ayant informé Harrison qu’elle s’occuperait personnellement de le lui dire, c’est donc un simple message qu’elle a envoyé à l’agent pour lui demander une rencontre. Un échange bref et concis, qui fait évidemment appréhender l’avocate, n’ayant pas le cœur à se disputer une nouvelle fois avec Mills. Le rendez-vous est donc donné le samedi à 10heures tapantes devant le city hall. Comme lors de leur dernière rencontre, où elle s’était pointée chez lui – elle ne s’est pas risquait à l’exercice à nouveau, vous le remarquerez – c’est muni de deux gobelets qu’elle débarque sur la grande place très peu fréquentée à cette heure-ci. Jackson est déjà là et elle le rejoint « Un café sans sucre et une cup qui ne vole pas, comme tu l’as demandé » Elle reprend ses dires de manière sérieuse, cependant mais reste quand même touché par cette rencontre qu’ils s’autorisent afin à avoir après des mois. « Bonjour, Jackson. Merci d’avoir accepté ce rendez-vous ». L’échange est cordial et ça lui tient à cœur qu’il en reste ainsi. « Comment tu vas ? » se risque-t-elle à lui demander alors qu’elle tient dans sa main sa cup remplie pour sa part d’un thé matcha.
Il arrive au pied du City Hall avec quelques minutes d'avance, l'esprit plus agité qu'il ne l'avait imaginé à l'idée de revoir Gabrielle. Depuis ce texto mystère qu'elle lui a envoyé, Jackson cogite. Impossible de deviner les raisons de cette repise de contact. L'agent a beau chercher, aucun justificatif ne lui vient à l'esprit ...
Leur dernier face à face s'était terminé en engueulade et en menaces proférées sur le pas de sa porte, alors qu'il s'apprêtait à commettre ce qui aurait pu devenir la pire connerie de son existence. Après avoir finalement laissé la vie sauve à Hoover, Jax n'avait pas trouvé la force d'aller s'excuser auprès de Strange pour son comportement de connard irrévérencieux. Sa conviction d'avoir fait le bon choix en épargnant le colonel était alors trop faible et trop vacillante pour qu'il s'inflige de la heurter à un quelconque discours moralisateur de la part de l'avocate. Il n'avait pas eu envie de débriefer avec elle à propos de son coup de folie meurtrière, pas souhaité lui donner l'occasion de souligner à quel point il s'était montré borderline ce matin là, armé jusqu'aux dents et plus glacial qu'un robot. Son attention s'était concentrée sur l'organisation du marathon, puis il avait accompagné Andrew aux States pour sa tournée promotionnelle tant et si bien que le temps était passé à une vitesse déconcertante. Il avait bien songé lui envoyer un message afin de partager avec elle la bonne nouvelle de sa réintégration - un événement dont Strange n'avait de cesse de lui parler lorsqu'il était encore sur son lit d'hôpital dans le but de le motiver et de lui donner la force de se battre contre l'amnésie pour revenir sur le terrain - mais la distance lui avait semblé trop grande pour ce genre de petite attention. Jax avait tout simplement fini par se convaincre que certaines personnes passeraient leur vie à ses côtés quand d'autres n'étaient que de passage. Il avait pardonné en silence mais n'avait pas tenté de reconstruire ce que son sale caractère avait détruis ce matin là.
« Un café sans sucre et une cup qui ne vole pas, comme tu l’as demandé » Mills se retourne. Face à lui, Gabrielle apparaît munie de deux gobelets très similaires à ceux qu'il porte lui-même dans chacune de ses mains. Les cups de l'avocate sont opaques - chaudes ; les siennes sont transparentes - froides. Instantanément, un sourire désabusé étire ses lèvres closes. Ils ont eu la même présence d'esprit d'arriver équipés de drapeaux blancs. « Un thé matcha. » Répond-il en présentant la boisson qu'il a acheté pour elle sur la route le menant au point de rendez-vous. « Frappé. Parait qu'il va faire chaud aujourd'hui. » Raison pour laquelle il s'approche du muret encadrant l'escalier du City Hall et pose sur ce dernier ses boissons. Le liquide ne risque pas de refroidir, son autre cup est remplie de café glacé. Gabrielle pourra toujours emporter le thé froid avec elle en partant ... « Salut. » Reprend-il en même temps qu'il accepte l'offrande que lui tend Strange. « Mieux qu'en avril, tu peux te détendre. » Jax fait de l'humour parce qu'il s'attend à ce que l'image de lui que la brune garde en mémoire ne soit pas la plus rassurante de toutes. Combiné à l'embout du silencieux, cette arme était presque aussi grande qu'elle ... « Laisse-moi commencer par te présenter des excuses. » Le timbre plus grave et plus sérieux de sa voix atteste qu'il ne plaisante pas. « T'avais raison, j'avais tort. J'étais pas en état de l'entendre. » Mais depuis qu'il s'est rendu à Syndey pour se recueillir sur la tombe qui aurait du être la sienne, Jackson a semble-t-il tourné la page de cette rancœur incontrôlable à l'encontre de son agresseur. Évidemment qu'il ne pardonnera jamais à cette enflure d'avoir collé une cible sur son front, mais l'agent a retrouvé le sommeil et parvient désormais à vivre sans constamment s'attendre à ce qu'on cherche à nouveau à l'assassiner. Ce pèlerinage, s'il n'a pas guéri la paranoïa dont il souffre, l'aide grandement à en gérer les pics et les effets indésirables. Modération est le mot d'ordre pour 2023 et cela fonctionne, en tout cas pour l'instant. « Bonne année. » Mills tend sa cup en direction de Gabrielle. Nouvel an, nouveau départ. Il ne veut pas que leurs rancœurs s'immiscent dans la conversation, quelle qu'en soit la nature.
Mi-janvier 2023. Elle sait qu’il n’est pas passé à l’acte ce jour-là, auquel cas, elle en aurait entendu parler. Qui plus est, elle s’était rendue au tribunal ce même jour pour épauler son associé en charge du dossier et l’angoisse ne l’avait pas quitté jusqu’à la fin du procès, jusqu’à ce que ce Hoover quitte le tribunal sans aucune balle dans la tête. Ce jour-là, Jackson aurait été capable de commettre l’irréparable et faire vivre un cauchemar à plus d’un, similaire au leur, du moins le sien, lors de la fusillade à Los Angeles trois ans plus tôt. Ce jour-là, Gabrielle avait l’impression d’être complice de ce potentiel acte, consciente que le risque existé mais n’a averti personne quant au fait qu’un potentiel tireur pouvait se trouver sur les toits environnants le tribunal, en plein centre-ville de Brisbane. Faisait-t-elle confiance à Mills sur sa capacité à retrouver la raison et ne pas commettre l’irréparable ? Ou souhait-t-elle protéger l’agent parce qu’il était son ami ? Ou est-ce une part d’elle, inconsciente, qui donnait raison à Jackson de vouloir agir de la sorte, quand l’homme mis en cause aurait sûrement mérité un traumatisme similaire à celui qu’il avait fait subir à Jax quelques années auparavant ? La californienne ne saurait le dire elle-même, incapable de répondre à ces interrogations si on venait à le lui poser… « Un thé matcha. » Elle a été celle qui a fait le premier pas vers lui – sûrement par la force des choses, il faut le reconnaitre - et si elle apporte un café sans sucre à Jax en signe de paix, il fait cet effort lui aussi, ce thé matcha hissant entre eux un drapeau blanc nécessaire. Gaby est touchée par le geste, un sourire se dessinant au coin de ses lèvres à la présentation de la boisson « Frappé. Parait qu'il va faire chaud aujourd'hui. » « Merci ». Elle ne peut s’en saisir toutefois car ses mains sont aussi occupées et tend alors le café à Jax qui s’en saisit tout en la saluant. Elle lui demande alors comment il va, ne souhaitant pas entrer dans le vif du sujet tout de suite, que ce soit sur celui de leur dernière entrevue ou des suivantes qui s’ensuivront, du fait de son procès qui s’annonce prochainement et qu’ils n’auront le choix d’affronter à deux. « Mieux qu'en avril, tu peux te détendre. » sa tête se penche sur le côté, pouffant légèrement et si elle pourrait rétorquer qu’elle est détendue, elle ne le fera pas, car elle ne l’est pas. Ce n’est pas Mills qu’elle craint, c’est plus leur capacité à tous les deux de parvenir à discuter… sans que cela ne prenne la même tournure que la fois précédente. « Laisse-moi commencer par te présenter des excuses. » Son sourire s’estompe alors qu’elle entoure de ses deux mains sa cup et que son regard plonge dans celui qui est censé être son ami « T'avais raison, j'avais tort. J'étais pas en état de l'entendre. » Gabrielle ne s’y attendait pas et cela explique ce tic qui se manifeste sur ses traits, son sourcil s’arquant durant une fraction de secondes. Surprise, elle reste silencieuse et finalement, porte son regard sur sa cup quelques secondes avant de retrouver celui de Jax « Je les accepte son ton est tout autant sérieux, parait froid et sûrement parce qu’elle a aussi des efforts à faire, elle ajoute j’aurai peut-être dû m’y prendre autrement pour te faire entendre mon point de vue… Jouer l’hystérique et jouer de mon pouvoir d’avocate n’était pas très judicieux de ma part non plus et pour ce que ça vaut je suis désolée aussi » elle est sincère, son regard et son ton s’étant radoucis dès qu’elle a prononcé ces mots. Et un petit sourire se forme cependant au coin de ses lèvres « Même si je suis contente que tu ai retrouvé la raison » elle n’aura pas la prétention – et elle ne le pense pas de toute manière – de dire que c’est grâce à elle qu’il n’est passé à l’acte.
« Bonne année. » Gabrielle acquiesce et vient trouver la cup de Jackson pour trinquer – kind of – à cette nouvelle année qui s’annonce. Pas des plus terribles cependant pour l’avocate au vu de la manière dont elle débute, une grimace tordant ses traits quelques secondes « Bonne année à toi aussi, Jax ». Suite à ça, elle prend une gorgée de son thé, laissant un petit silence s’installer avant de proposer à l’agent de s’installer sur les marches du city hall « On s’assoit ? » fait-t-elle en les désignant, le contournant pour venir prendre place la première. Elle le laisse s’installer et lorsqu’il l’a fait, elle prend une profonde inspiration et passe aux aveux des raisons de leur rencontre « Il va falloir qu’on retourne à Los Angeles prochainement, toi et moi… son regard vient alors à trouver celui de Jackson pour témoigner. Contre le tireur survivant… ». Elle sait qu’elle n’aura pas davantage de précisions à lui donner pour le moment pour qu’il comprenne de quoi il en retourne.
Gaby s'excuse à son tour. Mills n'en attendait pas tant. Il sait qu’elle n'avait d'autres choix que de réagir ainsi. Les cas de conscience, les serments et les obligations professionnelles, l'agent connait. Il déplore simplement le fait que leur appartenance commune au camp du bien trouve ses limites dans leur définition personnelles de ce que sont, justement, les limites à ne pas franchir. La vie est ainsi faite, Jax a fait le deuil des divergences de points de vue. Avec sa tête à claques et ses idées tranchées à la hache, l'agent n'en est plus à son coup d'essai. Des murs d'incompréhension, il s'en prend tous les mois ces derniers temps ... L'important pour lui ce matin est de sauter par dessus celui qui trop longtemps l'a séparé de cette femme dont le métier ne prime pas à ses yeux sur sa qualité d'amie. Mills n'oublie pas les longues heures passées à son chevet et le mal de chien qu'elle s'est donné pour lui remettre le moral d'aplomb. Gabrielle mérite qu'il s'excuse d'avoir été un connard intransigeant avec elle, c'est pourquoi il lui rend son sourire. La raison ... quelque chose dont Jax manque cruellement lorsque ses émotions prennent le contrôle de son âme.
L'entrechoquement de leurs cups tourne la page de 2022. Ils commencent 2023 sous de meilleurs hospices. C'est du moins ce que s'imagine l'agent en prenant place aux côtés de l'avocate mais les aveux de cette dernière viennent modérer ses espoirs utopistes : « Il va falloir qu’on retourne à Los Angeles prochainement, toi et moi … » Un léger froncement de sourcils traduit l'incompréhension de Mills face à cette affirmation. « ... pour témoigner. Contre le tireur survivant … » Silence. Le regard de Jackson reste plongé dans celui de Gabrielle tandis que des souvenirs flou de la fusillade lui reviennent en mémoire ...
Strange fait partie de ces rares personnes dont Mills avait oublié le nom à sa sortie du coma. Rencontrée durant l'été 2020, lors de ce procès auquel l'agent avait été cité à comparaître, Gaby s'était vu rayée de sa mémoire par la balle qu'il avait reçu en pleine tête. Victime collatérale de l'amnésie, retrouver les souvenirs de ce qu'ils avaient vécu à Los Angeles s'était avéré long et fastidieux pour l'agent. Cela n'avait rendu que plus intenses les longues heures passées ensemble pendant sa rééducation. Pour que cette inconnue s'attache à ce point à lui rendre visite et prendre de ses nouvelles, il fallait qu'elle lui soit vraiment reconnaissante ... À force d'acharnement, ils avaient fait remonter à la surface suffisamment de souvenirs pour construire une amitié mais tous les détails n'étaient pas présents dans la frise chronologique. Jax se rappelle l'avoir plaquée au sol et recouverte de son corps mais plus exactement des gestes ayant précédé cette roulade. Il se souvient avoir tué le conducteur, mais plus de la couleur ni de la marque de la voiture ...
« Hmm ... » Mills hésite, boit une gorgée de café et fixe un point au loin tout en cherchant ses mots. Comment lui dire sans mal se faire comprendre ? L'agent ne souhaite pas créer de malentendu : il est tout à fait disposé à l'aider. Mais sera-t-il seulement utile dans cette entreprise ? Rien n'est moins sûr. « La partie adverse va me tacler sur l'amnésie. » Anticipation. Les réflexes policiers de Jackson ne sont jamais très loin. Il s'imagine sans mal un type en robe venir lui coller sous le nez les comptes rendus médicaux disant que sa cervelle n'est plus ce qu'elle était à l'époque et plaidant au jury que l’homme ayant sauvé la vie de Strange est peut-être mort avec les souvenirs de ces 10 mois de vie partis aux oubliettes dans l'accident. « Tu crois que ça vaut quelque chose ? » Interroge-t-il tout en reportant son regard sur la brune. Jax ne voudrait pas que son choix de témoin se retourne contre elle. Il pourrait s'inquiéter du danger colossal que cela représentera pour eux de retourner aux États-Unis, dans la ville même ou leurs têtes sont probablement mises à prix par le gang responsable de la fusillade, mais l'agent est bien trop courageux pour se laisser impressionner par ce genre de détail. Par ailleurs, même s'il ne se souvient pas de tout, Mills se rappelle parfaitement de l'incompétence des américains à la sortie du tribunal. S'ils avaient verrouillé la zone comme elle aurait dû l'être, il ne serait même pas question aujourd'hui de procès et de témoignage contre un quelconque tireur que ce soit.
La personne avec laquelle Gabrielle est la plus susceptible d'être en sécurité dans ce nid de vipère, c'est lui.
Mi-janvier 2023. Si les souvenirs sont embrumés dans l’esprit de l’agent, ils ne peuvent pas être que clairs comme de l’eau de roche pour l’avocate. Elle n’oubliera jamais ce jour de juillet où elle avait toutes les raisons d’être fière d’avoir clos ce dossier sur lequel elle planchait depuis plus d’un an. Un dossier qui lui a pris la majorité de son temps, passant des jours et des nuits entières dessus pour défendre bec et ongles son client injustement accusé. L’issue favorable lui a retiré un gros poids sur ses épaules et a été un grand soulagement pour elle à l’annonce du verdict, quand ce cas a pu être une source de pression et de stress. Mais cette saveur victorieuse n’a été que de courte durée, le temps à peine d’atteindre l’extérieur du tribunal. Un crissement de pneus et des coups de feu ont suffi pour envoyer valser ce sentiment de libération, que ce soit pour son client que pour elle. Si elle a réchappé à un destin tragique, ne pouvant en dire autant de son client, ce n’est pas pour cela qu’elle n’en garde pas un certain traumatisme. Les cauchemars se sont estompés au fil des mois qui se sont écoulés, suite notamment à cette fuite en direction de l’Australie, mais la simple évocation de cette affaire ramenée au goût du jour ne manque pas de lui couper le sommeil depuis plusieurs nuits. Des nuits où elle ressasse ce qu’il s’est passé, des nuits où elle imagine comment son retour à Los Angeles va se dérouler, des nuits où elle imagine se retrouver devant celui qui a tenté de l’assassiner. Des pensées qu’elle ne peut partager parce qu’elle n’en a encore parlé à personne et, d’une certaine façon, le faire présentement avec Jackson l’allège un tant soit peu. « Hmm ... » Gaby sent la réticence chez Jax et sait exactement ce qu’il s’apprête à dire « La partie adverse va me tacler sur l'amnésie. » Son amnésie. Cette perte de mémoire qu’il a subi suite à une balle reçue en pleine tête par ce même homme qu’il voulut descendre d’une balle en avril dernier en guise de revanche. Des mois de vie envolés pour l’agent dont Gaby a, de son mieux, tenté de lui faire retrouver, notamment concernant les raisons de sa présence à son chevet. Ce besoin qu’il se souvienne pour quelles raisons elle lui est redevable à jamais, même si elle aurait préféré lui épargner le rappel de cet événement traumatisant. « C’est certain et ils vont le fair d’entrée de jeu ». Elle le sait, elle le ferait elle-même si elle appartenait à la partie adverse et qu’elle avait face à elle un témoin dont les souvenirs sont bancals. « Tu crois que ça vaut quelque chose ? » « On va faire en sorte que ça vaille le coup » parce que, malgré la crainte qu’elle peut ressentir face à ce retour en arrière, Gabrielle est plus déterminée que jamais à emporter le procès et voir pourrir cette ordure en prison pour le restant de ses jours. Il a assassiné deux personnes, à en blesser d’autres et c’est tout ce qu’il mérite. « Même s’ils ne prennent pas en compte ton témoignage, il finira en prison… il ne peut pas en être autrement… » elle termine sa phrase dans un presque murmure alors que son regard est toujours fixé devant elle. Finalement, elle pivote sa tête vers l’agent « Mon ancien cabinet a souligné cette possibilité… mais nous pensons que ta présence est indispensable ». Elle s’est entretenue longuement avec certains de ses anciens collègues de Los Angeles, comme les nouveaux qui sont chargés de l’affaire, et tous sont unanimes sur la question, quoi qu’il en coûte. « Et je te mentirai si je disais que ça ne me tient pas à cœur que tu sois à mes côtés quand j’y retournerai… » Ses sourcils se sont affaissés, son regard n’ayant cependant pas flanché dans le sien. Elle ne cherche pas à le prendre par pitié ou à le forcer avec ce dernier argument, mais elle ne peut nier que sa présence la rassurait, quand il a été celui qui l’a sauvé d’une mort certaine.
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Dernière édition par Gabrielle Strange le Dim 5 Fév 2023 - 19:56, édité 1 fois
« On va faire en sorte que ça vaille le coup. » Mills acquiesce. Essayer, c’est le mieux qu’il puisse faire ; c’est donc ce qu’il fera. « Même s’ils ne prennent pas en compte ton témoignage, il finira en prison ... » Durant le court temps d’hésitation que marque l’avocate, l’agent observe les traits de son profil. Face à eux, la place du city hall est aussi calme que déserte en ce samedi matin. Ce regard teinté de doutes et d’insécurités, tourné vers l’avenir incertain, lui rappelle les heures sombres de l’automne 2021 et l’état mental épouvantable dans lequel il se trouvait à l’approche du procès. « … il ne peut en être autrement … » Jax s’abstient de commentaire. Gabrielle a besoin de se convaincre que la balance de la Justice penchera du bon côté. Il ne souhaite pas lui faire part de son scepticisme. À ses yeux, la condamnation de Hoover reste un petit miracle que son esprit peine à assimiler, en témoigne la paranoïa s’étant développée suite au stress généré par toute cette histoire …
Strange lui confirme qu’ils sont plusieurs à penser que la présence de Jackson est indispensable. Mills ne remettra pas en question cette affirmation. S’il est suspicieux vis-à-vis de l’impartialité des juges, l’agent fait confiance aux avocats pour toujours tirer la couverture dans le sens leur étant le plus profitable, que leur motivation soit pécuniaire, étique ou personnelle. « Et je te mentirais si je disais que ça ne me tient pas à cœur que tu sois à mes côtés quand j’y retournerai… » Jax pose sa cup sur l’une des marches de l’escalier afin de libérer son bras qu’il finit par passer autour des épaules de Gabrielle. Ce geste de réconfort vaut plus qu’un long discours. L’agent est d’autant plus capable de se mettre à la place de la jeune femme qu’il y était à peine un an auparavant. Si leur amitié s’est pris des coups dans la gueule avec ses pulsions de vendetta, leur collaboration, elle, n’a jamais failli. Gabrielle était là du début à la fin de l’enquête, du début à la fin du procès. « J’accepte. » Répond-il simplement après une minute de silence passée côte à côte, à la rassurer de sa présence imposante et protectrice.
Finalement, Jax reprend son bras, sa cup et le fil de la conversation : « T’arrives à dormir ? » Question rhétorique. L’agent mettrait sa main au feu que ce n’est pas le cas, que Gaby passe ses nuits à réfléchir et à s’imaginer le procès. Il la comprend tellement, c’est pourquoi il ajoute : « Appelle si t’angoisses. » Les chances qu’elle finisse aussi à cran que lui, prête à tuer son prochain, sont minces mais l’agent connaît mieux que personne les dommages psychologiques que l’isolement peut provoquer. Le secret professionnel a beau faire partie des closes qu’il a accepté lors de son intégration au Projet Epsilon, il n’en reste pas moins qu’avoir à tout garder pour lui l’a plus d’une fois poussé vers des comportements autodestructeurs. S’il peut éviter à Gabrielle de finir roulée en boule dans un coin de sa chambre, rattrapée par la peur de se faire tirer dessus dès qu’elle aura posé le pied à L.A. , Mills répondra présent.
Mi-janvier 2023. Les conséquences de cette victoire ont été désastreuses, et Gabrielle mentirait si elle disait n’avoir jamais pensé qu’une défaite aurait peut-être été préférable pour son client. La Justice a fait ce qu’il fallait mais, ce jour-là, les deux tireurs, dans cette voiture noire aux vitres teintées, ont fait basculer la balance du mauvais côté. Ils ont été finalement les gagnants de ce procès, quand ils ont mis six pieds sous terre celui qu’ils cherchaient depuis le départ à faire tomber. Ils ont été les gagnants quand ils ont aussi ôté la vie à un autre innocent et qu’ils ont tenté d’en assassiner d’autres, Gabrielle compris. Une chance inouïe qu’elle a eu de s’en sortir, la présence de Jackson lui ayant permis de ne pas voir sa vie défiler une dernière fois devant ses yeux avant de laisser échapper son dernier souffle. Et alors que ce procès revient au goût du jour, où tout le monde souhaite que le seul tireur rescapé paye pour la mort de Jayden mais aussi de l’agent de sécurité, la présence de Jackson semble être la suite logique des événements, tels qu’ils se sont déroulés. Il n’était que témoin dans cette affaire, il s’est ensuite retrouvé au cœur même de celle-ci et sa présence est tout bonnement indispensable aux yeux de l’avocate. Que ce soit pour son témoignage mais aussi et surtout pour des raisons plus personnelles, la présence de l’agent à ses côtés lui paraissant être nécessaire pour l’aider à se sentir en sécurité le jour où elle devra retourner sur les terres californiennes.
Gabrielle lui en fait la demande plus ou moins explicitement et la réaction de l’agent est assez immédiate. Un de ses bras vient s’enrouler autour des épaules de l’avocate, un geste réconfortant face auquel elle se contente de lui répondre par un sourire reconnaissant. Elle fait preuve d’une certaine retenue, volontaire, alors qu’elle revêt son masque habituel où elle tente de ne laisser rien transparaître de ce qu’elle peut réellement sentir face à tout ça, face à cette sensation que tout s’écroule autour d’elle « J’accepte. » Un court silence de plus s’installe avant qu’elle ne murmure un « Merci » penchant légèrement sa tête vers lui pour venir la poser, durant une fraction de secondes à peine, sur son épaule.
« T’arrives à dormir ? » Gabrielle pouffe légèrement face à la question et se l’autorise parce qu’elle sait que Jackson en connaît la réponse. Non, elle n’arrive pas à fermer l’œil et cela a commencé bien avant qu’elle apprenne pour ce procès. La première et principale raison étant celle de sa rupture avec Channing et la deuxième étant celle de cette affaire actuellement en cours dont elle est en charge depuis des mois et qui est cruciale pour sa carrière professionnelle australienne. « Comme un bébé » c’est une réponse volontairement ironique qu’elle lui offre, un sourire toujours présent au coin de ses lèvres « Appelle si t’angoisses. » Le sérieux reprend place sur ses traits face aux mots de l’agent, son regard retrouvant le sol quelques instants « Ce n’est pas tant de l’angoisse qui me rend insomniaque elle le confirme finalement c’est surtout que je suis incapable de ne pas penser à tous les scénarios possibles et imaginables elle a retrouvé le regard de Jackson en prononçant ces derniers mots et si nos preuves n’étaient pas suffisantes ? Et même si nous parvenons à le faire tomber, est-ce que le schéma ne va pas se répéter en mettant d’autres personnes en danger ? Le gang est toujours debout elle ne pense même pas à sa propre sécurité dans tout ça et cela n’a rien d’étonnant quand il a fallu la convaincre de quitter Los Angeles sur le champ après la fusillade – Jackson a été le premier dans ce rôle, d’ailleurs. Elle marque à nouveau un temps de silence avant de reprendre je ne suis pas sûre que tu ais envie de passer des nuits entières à te torturer autant l’esprit » En réalité, elle sait qu’il en est capable, ce n’est pas comme s’ils ne se ressemblaient pas sur ce point et qu’ils ne l’avaient pas déjà fait pour le cas Hoover.
Tous les scénarios possibles et imaginables. Jackson affiche un sourire à la fois compatissant et désabusé. La valse des " et si ", il la connait par cœur. Un tourbillon entêtant d'interrogations toutes plus pointues les unes que les autres, virevoltant main dans la main jusqu'à donner le tournis. Combien de fois ce phénomène l'a-t-il tenu éveillé au cours des mois ayant précédé le procès ? Trop pour qu'il tienne le compte. Rendu insomniaque par les ruminations, l'agent avait fini par tromper l'ennui et la toxicité de ses pensées en séances d'exercices nocturnes. Tractions, pompes, abdos, course à pied ... À défaut d'arriver à ses tests de réintégration en parfait équilibre psychologique, Mills était revenu sur le terrain plus athlétique que jamais, au top de sa forme physique.
« Je ne suis pas sûre que tu ais envie de passer des nuits entières à te torturer autant l'esprit. »« Y'a des manières plus agréables de passer ses nuits, c'est certain ... » Mills plaisante par-dessus le rebord de sa cup. Il aimerait que son humour déride le front de l'avocate, qu'elle se sente comprise et soutenue dans sa galère. À la fin de son rire, il se montre aussi affirmatif que le fut Strange à l'époque où il était celui des deux doutant le plus de l'avenir : « On va le faire plonger. Le reste, on peut pas le prévoir maintenant mais on y fera face. » C'est l'heure pour l'agent de reprendre ses exercices de mémoire, de renouer avec tous ces rituels neurologiques qu'il a quelque peu négligé ces derniers mois. Sa réintégration et le retour de Marley dans sa vie l'ont détourné de beaucoup de ses bonnes habitudes, il s'en rend compte et prend la décision d'y remédier. Son amie a besoin que ses souvenirs soient les plus clairs possible au moment de prêter serment. Travailler sa mémoire ne lui garantira pas d'être inattaquable le jour J, mais cela le rendra plus confiant que s'il arrive sans s'être entraîné en amont. Quant à ce qui est de la menace que représente le Gang, au moins cette fois ils savent à quoi s’attendre. Jax ne se laissera pas surprendre deux fois de suite.
« J'te déconseille de rester seule, en tout cas. » L'inflexion est sincère, bienveillante. Jackson ne donne pas de leçons, il partage à demi-mot tout le mal qu'a pu lui faire la forteresse de solitude construite par ses soins autour de sa propre personne, espère pour l'avocate un autre dénouement que de finir paranoïaque et incapable de sortir de chez elle sans être persuadée que des forces obscures complotent à son encontre et lui veulent du mal ... Sa remarque se ponctue d'un clin d'œil complice destiné à rendre la conversation plus légère. De ce qu'il a pu pister de brushings désordonnés et de suçons mal camouflés aux matins de leurs réunions préparatoires, en 2022, l'agent soupçonne l'avocate d'avoir de quoi s'occuper l'esprit autrement qu'en ruminant. Si c'était à refaire, Mills s'y prendrait différemment. La colère et la frustration ressenties à l'encontre de Hoover l'ont rongé de l'intérieur tant il ne restait focalisé que sur l'affaire, obsessionnel et compulsif. À bien y réfléchir, s'accorder du bon temps contre la peau douce d'une femme l'aurait probablement aidé à décompresser un peu.
Mi-janvier 2023. Jackson a cette bienveillance de lui proposer sa compagnie lorsqu’elle est prise de réflexion bien trop tardives et désordonnés qu’elle lui énumère. Gabrielle n’est pas sûre que l’exercice lui plaise, tant les réflexions sont poussées à un point tel qu’elles pourraient le pousser lui-même à des insomnies, qui sont devenues son quotidien nocturne à elle. « Y'a des manières plus agréables de passer ses nuits, c'est certain ... » Et la spontanéité de cette réponse ne manque pas de dérider ses traits, son air préoccupé laissant place à un plus léger. Un sourire nait donc sur ses lèvres, amusé, alors que sa tête se penche sur le côté, acquiesçant silencieusement à cette idée qu’il évoque. Certaines étreintes lui manquent suffisamment pour qu’elle comprenne de quoi il parle, quand ces manières charnelles de passer ses nuits ne font plus parties de son quotidien depuis quelques semaines. Il est certain que celles-ci auraient le mérite de lui faire oublier tous ses tracas quelques heures mais elle n’est même pas certaine d’être capable de se laisser aller à quelques folies du genre – surtout quand son cœur est ailleurs. « On va le faire plonger. Le reste, on peut pas le prévoir maintenant mais on y fera face. » Il a cette conviction qu’elle partage avec lui, cette détermination que ce procès leur donnera gain de cause, malgré toutes les embûches sur leur chemin, celles face auxquelles ils devront se confronter pour y arriver. Il ne peut en être autrement, Gabrielle envisage tous les scénarios pour cette même raison, loin de vouloir baisser les bras d’avance quand elle sait l’équipe adverse tout autant redoutable que son ancien cabinet. Cela n’a pas le don de la faire flancher pour autant et c’est pour cette raison qu’elle acquiesce une nouvelle fois aux dires de l’agent avec une certaine détermination.
« J'te déconseille de rester seule, en tout cas. » Après un court silence, la réflexion la sort à nouveau de sa rêverie et une sensation étrange la transperce. Gabrielle ne s’est jamais sentie aussi seule qu’à présent, quand elle n’a partagé avec personne d’autre la nouvelle de ce procès à venir, jusqu’à cette fusillade qui a été la principale raison de sa venue, ici, à Brisbane. Si Jackson adopte un air bienveillant et qu’elle comprend à nouveau le sous-entendu par le clin d’œil qu’il lui offre, l’air de l’avocate reste, cette fois, on ne peut plus sérieux, un soupir s’échappant même d’entre ses lèvres « Tu parles en connaissance de cause, n’est-ce pas ? ». Elle le pique inconsciemment par cette question qui se veut rhétorique, sûrement pour éviter de parler de son cas. Elle se renferme, elle le sait, la Strange se réfugiant dans son travail pour éviter de penser à ce soutien qu’elle aimerait pourtant avoir toujours à ses côtés. Channing ne fait plus partie de sa vie, il ignore même jusqu’à l’existence de cette histoire de fusillade et elle se sent incapable, pour l’heure, d’aller le retrouver pour lui en parler. « Désolé, je ne cherche pas à te blâmer, à nouveau elle retrouve le regard de l’agent, un fin sourire reprenant place sur ses lèvres. j’essaye juste de ne pas montrer que j’emprunte sûrement le même chemin et que, dans quelques temps, tu pourras me dire i told you so » Gaby a toujours un fin sourire, ce masque éternel duquel elle semble incapable de se défaire. mais je vais m’appliquer à ce que ce ne soit pas trop le cas, cependant ». Une promesse qu’elle lui fait, une qu’elle se fait également pour elle-même. « Merci pour ton soutien, Jax ». Quoi qu’il arrive, Gabrielle sait qu’il sera là et que, d’une certaine manière, elle ne sera pas totalement seule.
« Tu parles en connaissance de cause, n’est-ce pas ? » Le sourire de Jackson se fane mais ne disparait pas totalement. Il laisse place à une approbation silencieuse pas tout à fait sereine, mais résolument résiliente. Ce genre d'infime mouvement de tête à première vue anodin mais derrière lesquels se cachent des étendues kilométriques de '' si c'était à refaire ... '' aux sons de cloche bien différents de ce que fut la mélodie de sa dérive personnelle durant l'année 2022. « Désolé, je ne cherche pas à te blâmer, j’essaye juste de ne pas montrer que j’emprunte sûrement le même chemin et que, dans quelques temps, tu pourras me dire i told you so ». Un rire échappe à l'agent dont les épaules tressautent au même rythme que le café contre les parois de sa cup. « J'espère avoir le bon goût de ne pas faire ça ... » Répond-il malicieusement, pas convaincu de l'avoir le moment venu mais suffisamment solidaire pour noter dans une coin de son esprit de faire l'effort, s'il en a l'occasion. Le fait est que leurs caractères ont tendance à facilement se percuter et que, lorsque le ton monte, ni Gabrielle ni lui ne semblent disposés à mettre de l'eau dans leur vin. Cela ne dérange toutefois pas outre mesure l'agent dont l'estime a plutôt tendance à s'orienter vers les personnes capables de lui tenir tête que vers celles trop disposées à courber l'échine. Jax est un cœur vaillant, il sait reconnaître chez ses semblables cette qualité indispensable au respect. « ... mais je vais m’appliquer à ce que ce ne soit pas trop le cas, cependant. »« J'y crois. » Il est sincère.
Les remerciements de l'avocate viennent clore la conversation. Mills en profite pour changer de sujet, prendre de ses nouvelles, faire le point sur tout ce qu'il a manqué des actualités de Strange depuis leur dispute. Il en apprend d'avantage sur les dossiers ayant rythmé sa vie professionnelle, discute avec elle de ses projets et de ce qu'elle veut bien lui dire sans insister sur les coins d'ombre qu'il devine mais ne cherche pas à mettre en lumière. Lui parle de la réussite de ses tests de réintégration et du succès de RUN FOR JUDY, de ce que cela implique de responsabilités d'être désormais le président d'une association sponsorisée par la municipalité de la ville. Il tait ses déboire sentimentaux, sa paranoïa délirante et ses comportements borderline depuis le retour de Marley à Brisbane.
L'heure avance à toute vitesse, prouvant que, passés les désaccords, leur lien d'amitié est toujours bel et bien présent, peut-être même rendu plus solide par cette nouvelle affaire dans le cadre de laquelle ils devront se serrer les coudes. « On devrait s'entraîner. » Lâche-t-il lorsqu'il sent qu'ils ont fait le tour et que l'heure de se quitter approche. « Passe à l'appart. Si tu m'poses les questions avec lesquels ils essayeront de nous piéger, j'pourrai préparer mes réponses ... » Et potentiellement travailler sa mémoire afin d'avoir le plus de détails possibles à offrir le jour de l'audience. Maintenant qu'il a accepté d'accompagner Gabrielle dans cette entreprise périlleuse, Jax - qui fait rarement les choses à moitié - mettra un point d'honneur à être le meilleur allié possible. Cela passera forcément par la reprise de ses exercices de mémorisation et de sollicitations neurologiques afin d'aller creuser les abysses de tout ce qu'il lui reste encore à retrouver de souvenirs. Probablement qu'il reprendra également les entraînements de gestion des émotions longuement pratiqués en prévision de ses tests de réintégration afin de ne pas se laisser démonter par le jury psychologique. Cela ne lui fera pas de mal car Jax anticipé sans peine le fait que les questions de la partie adverse risquent fort de l'exaspérer et de défier son orgueil toujours prêt à renvoyer la balle ...
Mi-janvier 2023. Elle ignore dans quel état elle ressortira de tout ça mais a le pressentiment que la nouvelle de ce procès à venir va la pousser à se renfermer un peu plus dans son cocon, celui dans lequel elle aime se réfugier quand tout autour d’elle tend à s’écrouler « J'espère avoir le bon goût de ne pas faire ça ... » Il est préférable en effet qu’elle ne se mette pas à dos le seul allié qu’elle a, pour l’instant, dans cette affaire, les deux forces de caractère qu’ils peuvent être ne faisant jamais bon ménage quand le tout explose. Des éclats de voix, il y en aura sûrement, notamment après des heures de discussion, de suppositions et de pratiques qui vont les épuiser autant physiquement que moralement. La patience laissera place à l’énervement, l’angoisse à la colère mais ils semblent tout deux prédisposés à faire avec, à jongler au mieux pour qu’ils ne revivent pas une dispute similaire à celle d’il y a quelques mois de ça. Gabrielle promet de faire l’effort de ne pas se renfermer et Jax, dans ce « J'y crois. » spontané et sincère qu’il réplique, l’aide à s’accrocher à cette idée.
La conversation s’allège au fil des minutes, dans un échange qui se veut semblable à celui de deux amis qui se retrouvent après un long moment passé sans se donner de nouvelles. Il n’y a aucune amertume dans celle-ci, au contraire, quand leur amitié reprend place aussi facilement qu’elle a pu exploser. Gabrielle discute brièvement de son affaire en cours, celle que certains journaux se complaisent à narrer en y racontant ce qui les arrange – ce qui les feront le plus vendre surtout – mais aussi l’arrivée de sa petite sœur en ville et sa colocation avec celle-ci. Elle évite le sujet houleux de sa vie sentimentale, volontairement, et préfère se préoccuper des nouvelles que Jackson lui raconte à son sujet. L’évocation de sa réintégration – elle en est ravie et lui fait savoir – et le fait qu’il soit à la tête d’une association dont la cause est plus que louable la fait le féliciter et elle évoque même la possibilité de s’y inscrire très prochainement.
« On devrait s'entraîner. » Gabrielle termine la dernière gorgée de son thé alors que son regard est porté sur les passants qui défilent plus nombreux devant eux. « Passe à l'appart. Si tu m'poses les questions avec lesquels ils essayeront de nous piéger, j'pourrai préparer mes réponses ... » Elle ne peut être plus que d’accord avec ça et c’est pour cette raison qu’elle acquiesce vivement d’un signe de tête « Ce sera nécessaire. Je vais me pencher sur toutes les failles qu’ils pourront trouver te concernant, au sujet de ta perte de mémoire, de ta réintégration récente et du procès de Hoover pour nous y préparer elle va sûrement s’y pencher dès l’instant où elle retrouvera sa villa, ce qui annonce en parallèle, la couleur de son weekend. Une certaine hésitation peut se lire autant sur ses traits que dans ses paroles quand elle reprend ce ne sera pas agréable elle est certaine que c’est à ces exacts moments que leurs nerfs seront mis à rude épreuve on devra aussi travailler sur ta mémoire à propos de ce jour-là celui de la fusillade, elle entend. Elle semble l’avertir mais elle ne lui apprend rien, en réalité. Jackson en a conscience mais le formuler à voix haute leur permet aussi de mieux se préparer, autant l’un que l’autre, psychologiquement parlant face à ce qui les attend dans les jours, les semaines et mois à venir. Elle est confiante cependant du travail remarquable qu’ils parviendront à faire à deux et, après que Jackson ait confirmé qu’il était prêt à faire face à tout ça – elle n'en doutait pas une seule seconde –, les deux amis décident de se quitter là. Une étreinte est échangée cette fois, Gaby s’empare du thé glacé qu’il lui a offert un peu plus tôt, levant la cup pour l’en remercier à nouveau et ils se promettent de se recontacter le plus rapidement possible.
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