| (rhessan 7) overthinking, lonely, drunk at 3 a.m |
| | (#)Lun 09 Jan 2023, 20:01 | |
| Mentalement, Rhett se rejoue le combat et se demande où est-ce qu’il aurait pu viser pour lui faire plus mal encore et à quel moment il aurait dû esquiver pour limiter les dégâts contre sa propre personne. Il réfléchit en s’en jugeant capable, lui dont les pensées sont pourtant largement altérées par le trop plein d’alcool autant que le trop plein de coups reçus. Il s’est déjà battu, mais jamais il n’avait essuyé une défaite de près ou de loin, et puisque Mickey est sorti du bar avec la gueule bien moins amoché que Rhett, alors ce dernier estime avoir perdu. Cela ne lui donne qu’une rage de victoire supplémentaire, ainsi qu’une revanche que personne sauf lui n’a demandée. Il ne sait pas se contenter d’autre chose du meilleur, ce qui pourtant semble impensable à en juger par l’état de sa vie actuelle. C’est justement à cause de cette dernière, et parce qu’il sait avoir sacrément merdé, que c’est Hassan à qui il envoie un message sans même y réfléchir à deux fois. Il ne pense pas une seule seconde à son frère, qui voudrait terminer de le tuer lui-même, et même s’il pense un instant à Evie, il se souvient tout aussi rapidement qu’elle n’est pas en état de l’aider. Hassan lui en voudra, il sera dur, mais il sera juste. Quand bien même il choisit avec soin les mots qu’il lui envoie, il sait qu’il ne pourra pas faire illusion bien longtemps. A la seconde où Hassan posera son regard sur lui, même baigné dans l’obscurité de la nuit, il trouvera son nez amoché ayant abondamment saigné, sa mâchoire qu’il jurerait déjà présenter un bleu, et son cou sur lesquels se lisent les doigts de la main de Mickey. Il réchappe au moins à la vue de son flanc abîmé une première fois à cause de son altercation avec l’agresseur d’Evie et une seconde fois à l’instant, avec Mickey, qui a trouvé le moyen (sans même le vouloir ni le chercher) de frapper exactement au même endroit, rouvrant aussitôt la plaie qui n’avait pas vraiment eu le temps de suturer correctement. Et encore moins solidement.
Il a tenté de se nettoyer le visage avec un mouchoir, autant pour ne pas effrayer Hassan que pour ne pas en faire de même avec les passants, lui qui semblerait avoir raté la date d’Halloween. La tension est maintenant descendue et vient le moment où il se rend enfin compte de l’absurdité de ses gestes et de ses idées. C’est parce qu’il n’est pas fier de quoi que ce soit qu’il s’engouffre dans la voiture d’Hassan à la seconde même où il la reconnaît, n’ayant aucune envie de passer une seconde supplémentaire à l’extérieur, et encore moins d’être éclairé par les phares de sa voiture. A l’intérieur, il croire les bras comme un enfant puni, son regard invariablement posé sur le bout du tableau de bord et partout sauf près du profil d’Hassan. Au bout de quelques secondes, il trouve tout de même la force de parler tout bas. “Merci.” S’il n’était pas venu le chercher, il ne sait pas comment il se serait débrouillé. Ruben l’aurait tué, il ne le dira jamais assez. Si un jour on découvre son corps, il faudra accuser son frère. “Désolé pour le taxi.” Rhett aurait eu les moyens d’appeler un véritable taxi, une personne dont c’est le métier, mais il ne voulait pas risquer d’aggraver un peu encore son image publique. Elle en a déjà assez bavé. “On peut faire un détour par les urgences ? Je pense que j’ai besoin de points.” Rhett demande finalement, comme il pourrait demander s’il pouvait ouvrir la fenêtre: comme s’il n’y avait rien de plus normal en ce monde. Il ne remonte pas son t-shirt pour autant, parce que son ami n’a pas besoin d’un appui visuel pour le croire, et parce que la situation dans son entier parle pour elle-même. “Je crois qu’on pourra plus venir voir de match ici, ils m’ont black-listé.” Il voudrait sourire et ajouter un rire, mais il n’a la force que du premier. Un sourire pour accompagner son ironie noire, voilà tout ce dont il est capable, pour autant désolé de mêler à nouveau Hassan à ses éternelles conneries. |
| | | | (#)Mer 18 Jan 2023, 21:07 | |
| I wish I didn't press send, I'm never going back again, I only did it 'cause I'm overthinking, lonely, drunk at 3 a.m. You should have left it on read, I really meant what I said when I was sober, and I told you I was happy that it came to an end. ☆☆De tous les talents plus ou moins utiles que possédait Hassan, la maîtrise de la poker face n’en était assurément pas un et Ethel n’avait pas eu besoin d’attendre qu’il ouvre la bouche, déjà à la recherche d’une excuse pour s’éclipser, pour lui demander « Tout va bien ? » en arquant un sourcil de façon suspicieuse. “Là maintenant, ou en général ?” avait-il d’ailleurs failli demander avec un rire nerveux, avec déjà la certitude que quelque soit l’option la réponse ne serait jamais un “oui” franc. Ce qui lui avait échappé ressemblait pourtant plutôt un « Hein ? Oui, pardon. Oui. » bafouillé avec si peu de conviction que lui-même n’y aurait pas cru. Mais lorsque la dernière Hartfield avait questionné à nouveau « C’est Joanne ? » avec l’air d’avoir emmagasiné bien plus de connaissances à son sujet qu’il n’aurait aimé qu’elle le fasse, si cela signifiait d’être capable de détecter lorsqu’il manquait de sincérité, il avait eu un brusque sursaut de raison et repris d’un ton plus assuré « Non. Non, c’est … Owen. » Sorry, bro. « Il a oublié ses clefs, du coup il attend que je rentre. » Rien donc de nature à creuser une telle ride du souci entre les deux yeux d’Hassan, mais si Ethel n’était probablement pas dupe elle n’avait pas insisté plus que cela. Une aubaine pour le brun, mais une aubaine surtout pour Rhett, qui s’était à l’évidence (encore) fourré dans de sales draps et s’éviterait au moins que l’information ne transite par sa soeur, puis son frère, puis tout le reste de la liste des personnes qu’il avait délibérément choisi de ne pas contacter ce soir-là pour préféré s’en remettre à celui qui à coup sûr viendrait d’abord et poserait les questions ensuite. Hassan ne blâmait pas (encore) : il aurait raisonné exactement de la même manière si la situation avait été inverse. Par chance, le restaurant asiatique dans lequel il avait invité Ethel à dîner ce soir-là – en tout bien tout honneur, et pour parler boulot, bien sûr – n’était pas si éloigné de l’endroit où Rhett lui avait demandé de venir le récupérer (le ramasser), et si Hassan se doutait bien que son ami ne lui aurait pas envoyé une bouteille à la mer s’il n’avait pas au moins eu un petit problème, il ne s’attendait certainement pas à le voir se jeter sur la portière côté passager pour s’engouffrer dans l’habitacle comme un animal blessé, bonus poursuite par le chasseur de bambi. « Merde, Rhett, qu’est-ce qui s’est passé ? » Plutôt que de répondre, l’ancien sportif avait attrapé la ceinture de sécurité en grimaçant, probablement pour s’éviter la négociation d’un Hassan qui refuserait de démarrer s’il ne s’attachait pas. « Merci. Désolé pour le taxi. » Un autre jour le brun aurait peut-être plaisanté, prétendu vouloir lui envoyer la facture avec tarif de nuit, mais la situation ne le faisait pas rire et la phrase suivante n’avait qu’enfoncer le clou un peu plus. « On peut faire un détour par les urgences ? Je pense que j’ai besoin de points. » Où ça ? Il n’osait même pas demander, et la vérité c’est que Rhett avait l’être de s’être fait rouler dessus des pieds à la tête. « Génial. » Mâchoire crispée, il s’était néanmoins exécuté sans plus se faire prier, le pied enfonçant un peu plus l’accélérateur qu’à l’accoutumée – s’ils se faisaient arrêter, Rhett n’aurait qu’à ressortir la même excuse à l’agent de police qui toquerait à la vitre. « Je crois qu’on pourra plus venir voir de match ici, ils m’ont black-listé. » Il y en avait au moins un que cela faisait rire, ma foi. « Tu fais chier, Rhett. » Qu’il attende de lui qu’il vienne le ramasser au pied levé à la sortie d’un bar ? Soit, Hassan était le genre d’ami à le faire sans même y penser à deux fois. Qu’il estime ne même pas devoir une explication en retour ? Là, il exagérait. « Tu m’expliques ? Ou je suis juste bon à faire le taxi et pas poser de questions ? Sinon tu me dis, je m’inscris sur Uber et tu me laisses cinq étoiles pour trajet sans interaction sociale. » Et même une étoile bonus pour le laisser mettre du sang frais sur ses sièges en cuir.
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| | | | (#)Jeu 02 Fév 2023, 16:42 | |
| « Merde, Rhett, qu’est-ce qui s’est passé ? » “Rien de grave.”
Pour une fois, il n’amenuise pas la gravité de la situation par simple déni. Ce n’est pas non plus la fin du monde, il serait le premier à le dire, mais il veut avant tout faire comprendre à Hassan qu’il n’a pas à s’en faire outre mesure. Il ne le voit pas sous son meilleur jour, ni sous son meilleur angle, mais il jure que ce n’est pas aussi pire que les idées que son ami pourrait avoir en tête. Il ne rayonne pas, mais sa santé n’est pas en cause, et pourtant la suite de l’explication tarde à arriver, sans doute parce que toute sa concentration va dans la boucle de la ceinture qu’il peine à fermer, la faute à une plaie nouvellement rouverte. Si le sang arrive jusqu’au siège, il est clairement un homme mort - ou tout du moins il préférerait l’être avant qu’Hassan ne s’en rende compte. Avant que son ami ne redémarre, il se contente de préciser la nécessité d’un léger détour par le service des urgences de la ville, ce qui va se compter en heures à en juger par son aspect éternellement surchargé. « Génial. » Ce à quoi Rhett ne répond rien, pas vraiment fier de lui. Il se sent à nouveau adolescent qui se fait sermonner par ses parents après avoir laissé deux appels en absence et dépassé l’heure de retour demandée. C’est à peu près pareil, à peu de choses près.
Il n’a cependant jamais été l’adolescent doué pour faire redescendre la tension (c’était Ethel ça - parce que Ruben ne faisait rien de répréhensible, bien sûr), preuve en est de l’explication qu’il croit bon d’ajouter maintenant, à savoir son back-listage du bar. Ce dernier vaut sûrement pour le restant de ses jours, d’ailleurs, et le fait qu’il soit Rhett Hartfield le gars de la télé n’y change rien. A commencer parce qu’il n’est plus le gars de la télé, justement. « Tu fais chier, Rhett. » Je sais. « Tu m’expliques ? Ou je suis juste bon à faire le taxi et pas poser de questions ? Sinon tu me dis, je m’inscris sur Uber et tu me laisses cinq étoiles pour trajet sans interaction sociale. » Sa main droite étant enroulée autour de sa plaie pour limiter les dégâts, ou au moins faire office de cataplasme psychologique, c’est donc la gauche qu’il lève pour lui demander de baisser d’un ton et de se calmer. “C’est sûr, t’as encore le temps d’ajouter un job à ta vie, entre trois heures trente et quatre heures du matin.” Il répond d’abord à cette partie-là de sa phrase, parce qu’elle est évidemment celle qui est la plus facile à aborder ; celle qui lui demande le moins d’effort aussi. “J’ai cherché la merde au mauvais gars.” Ce qu’il ne précise pas, c’est qu’il savait pertinemment qu’il était en train de jouer avec les nerfs d’un ancien champion de boxe. Ce qu’il précise encore moins, c’est que c’est justement parce qu’il le connaissait qu’il l’a fait. “Mais je lui en ai mis une belle aussi. Cet enfoiré a eu de la chance de taper là où j’avais déjà mes points.” Il reprend rapidement, comme si le plus important dans toute cette histoire était de rassurer Hassan en lui disant qu’il n’avait pas reçu une déculottée. Qui plus est, son ami a déjà reçu le récit l’opposant à l’agresseur d’Evelyn ; celui-ci dans lequel, pour le coup, il en ressort pleinement vainqueur, à l’exception de cette foutue plaie qui a dû être rapidement recousue. Il faut croire qu’il a gagné le droit de recommencer. “Je suis pas venu avec l’intention de me battre mais tu sais, quand je l’ai vu, je sais pas, j’ai juste vrillé et je pensais plus qu’à ça.” Il erre comme un chien des rues depuis qu’il a perdu son travail, ce n’est un secret pour personne. Il est un corniaud qui a encore son luxueux appartement à Spring Hill, mais c’est loin de l’empêcher de traîner dans les endroits peu recommandables de la ville, uniquement parce qu’il espère y trouver un amusement d’un temps.
Tout en soufflant, il ferme un instant les yeux et pose son doigt et son index de part et d’autre de l'arête de son nez, fatigué. Il sait très bien qu’il est en train de prendre la mauvaise route, mais c’est la solution de facilité face à tous les efforts que demanderaient un changement de voie. “Je pourrai appeler un taxi après l’hôpital. T’es pas obligé de rester. Ça va durer un moment.” Il aurait pu prendre la décision seul, il en sait son ami largement capable, mais Rhett souhaite tout de même souligner l’évidence. A croire qu’il ne veut pas être un boulet trop lourd à sa cheville, peut-être. “Je sais que t’es occupé.” Ce qui ne l’a pas empêché de l’appeler, parce qu’il est son ami le plus précieux, et surtout le seul sur qui il sait qu’il pourra toujours compter, même s’il aurait sans doute bien envie de le tuer de ses propres mains parfois. "J'ai juste du mal à rester calme. Ça va passer." Toute sa vie, ce sont le rugby puis son travail qui l'ont forcé à trouver cet équilibre mais aujourd'hui, il doit apprendre à le puiser ailleurs, et ça s'annonce compliqué pour Rhett. |
| | | | (#)Jeu 09 Fév 2023, 03:07 | |
| I wish I didn't press send, I'm never going back again, I only did it 'cause I'm overthinking, lonely, drunk at 3 a.m. You should have left it on read, I really meant what I said when I was sober, and I told you I was happy that it came to an end. ☆☆Hassan se revoyait avec une précision que lui-même ne s’expliquait pas, dix-huit ou vingt ans en arrière, à ronger son frein de la même manière en tenant son volant avec toute la force qu’il aurait voulu mettre à secouer l’occupant du siège passager. La voiture était seulement moins miteuse, sa patience naturelle assurément grignotée par les années, et l’aîné Jaafari avait été remplacé par l’aîné Hartfield sur la place à côté de la sienne. Même le trajet jusqu’à l’hôpital n’était pas une première, et pour un peu Hassan se serait presque imaginé en Bill Murray revivant encore et encore le jour de la marmotte. Au lieu de cela il se contentait de serrer les dents avec agacement, partagé entre l’envie de piler à chaque feu et à chaque croisement simplement pour passer à Rhett l’envie de recommencer, et celle de conduire aussi raisonnablement que possible par peur que son « Rien de grave. » veuille dire absolument tout le contraire. S’il n’y avait eu “rien de grave” ils seraient en route pour Spring Hill plutôt que vers les urgences, pour commencer, mais même au moment de fournir une explication l’ex-rugbyman avait visiblement besoin de se faire prier, adoptant la posture de l’adolescent en rébellion au moment de rétorquer « C’est sûr, t’as encore le temps d’ajouter un job à ta vie, entre trois heures trente et quatre heures du matin. » en se renfrognant un peu plus encore sur son siège. « Dans ce cas, c'est peut-être toi qui devrais y penser. » avait pour sa part répondu Hassan un peu vite, à demi désolé seulement d’appuyer sur la nouvelle condition de chômeur à temps-plein d’un Rhett qui semblait mettre beaucoup d’efforts dans le fait de foutre en l’air ce qu’il avait passé les cinq dernières années à (re)construire. « J’ai cherché la merde au mauvais gars. » avait-il finalement repris, le brun se gardant cette fois-ci de tout commentaire pour mieux l’inviter à développer – parce que ce n’était pas une réponse, ça. « Mais je lui en ai mis une belle aussi. Cet enfoiré a eu de la chance de taper là où j’avais déjà mes points. Je suis pas venu avec l’intention de me battre mais tu sais, quand je l’ai vu, je sais pas, j’ai juste vrillé et je pensais plus qu’à ça. » Je sais pas, j’ai juste vrillé et je pensais plus qu’à ça. « Tu t’entends parler ? » S’il avait voulu rajouter de l’huile sur le feu il aurait proposé de le déposer à la fourrière plutôt qu’aux urgences, puisqu’il avait décidé de se comporter comme un animal, mais Rhett avait probablement eu assez d’une joute physique ce soir-là pour ne pas y ajouter une joute verbale en complément. « Tu pourrais au moins faire semblant de pas avoir l’air fier de toi. » s’était-il donc simplement contenté de marmonner, agacé. Pas fier de l’avoir appelé à la rescousse, non, mais d’avoir lui aussi distribué suffisamment de coups pour être rassasié ; Ils auraient de la chance s’ils ne croisaient pas son adversaire aux urgences, en somme. L’habitacle de la voiture avait retrouvé un silence relatif, troublé seulement par le bruit du moteur, des clignotants et des soupirs las des deux occupants. À intervalles réguliers, les oeillades du brun vers son passager ne lui servaient pas tant à envoyer un quelconque signal qu’à vérifier qu’il avait toujours les yeux ouverts, et alors qu’ils étaient dépassés par une ambulance qui se rendaient probablement au même endroit qu’eux Rhett avait fini par reprendre « Je pourrai appeler un taxi après l’hôpital. T’es pas obligé de rester. Ça va durer un moment. Je sais que t’es occupé. » Ça ne semblait pas tant l’inquiéter lorsqu’il avait eu besoin d’un chauffeur, mais ne se fatiguant pas à le faire remarquer au risque d’être inutilement acerbe Hassan s’était contenté de répondre « J’ai encore un créneau de libre entre trois heures et demi et quatre heures, comme tu l’as si bien fait remarquer. » d’un ton faussement égal, et avait enchaîné presque aussitôt en soupirant « J’avais déjà prévenu que je rentrerai tard, personne m’attend. » Mo irait au lit en même temps que ses neveux, ils devaient déjà tous y être depuis longtemps d’ailleurs, et c’était bien mal connaître Hassan que d’imaginer qu’il n’allait pas raccompagner Rhett jusqu’à l’intérieur de son appartement pour être certain qu’il y reste, des fois que ses poings le démangent à nouveau sur le chemin du retour pour Dieu savait quelle raison qui n’en vaudrait (encore) pas la peine. « J'ai juste du mal à rester calme. Ça va passer. » Lui qui n’avait jamais voulu remettre en doute la sincérité de son ami en venait cette fois-ci à douter. Comme s’il savait bien, au fond de lui, que Rhett n’avait pas encore atteint le fond et pouvait encore creuser, mais sans aucune certitude quant au fait qu’il parviendrait à se donner l’impulsion nécessaire pour remonter seul à la surface ensuite. « Et si ça passe pas ? » Y’avait-il encore qui que ce soit pour croire que cela passerait tout seul, seulement ? Même Hassan n’y avait jamais cru, simplement persuadé que le changement viendrait de Rhett lui-même – lorsque le moment serait venu. Mais il tardait et tout le monde perdait patience, y compris l’intéressé. La voiture s’immobilisant finalement sur la première place libre à proximité de l’entrée des urgences, Hassan était descendu et avait fait le tour du véhicule pour rejoindre le côté passager et ouvrir la portière « Ça va aller ? » Il parlait de l’aider à marcher jusqu’à l’accueil, pour sûr – pour le reste, il savait déjà que la réponse serait probablement “non”.
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| | | | (#)Jeu 09 Fév 2023, 13:39 | |
| « Dans ce cas, c'est peut-être toi qui devrais y penser. » Le coup est bas et, de toute évidence, il blesse. Rhett sait quel est le but recherché par son ami, raison pour laquelle il ne lui en veut pas outre mesure, mais il mentirait s’il disait qu’il n’était pas déçu de son attitude. Hassan a toujours été là pour lui, avec aussi peu d’objectivité que possible à son égard, et Rhett n’est de toute évidence pas habitué à le voir prendre un autre chemin que sa défense pure et entière. Il ne répond donc pas et s’enfonce une fois de plus dans son fauteuil, même si son envie de croiser les bras sur son torse est rapidement oubliée lorsque la douleur revient en force à cause de la pression maladroitement exercée près de sa plaie. « Tu t’entends parler ? Tu pourrais au moins faire semblant de pas avoir l’air fier de toi. » - “J’ai appelé Hassan ou Ruben, là ?” Et il sait, Hassan, à quel point la comparaison avec son frère n’a rien d’une bonne chose venant de lui. Il ne parle pas de sa carrière ni de ses connaissances médicales, mais bel et bien de son incroyable capacité à être imbuvable, chemin que semble prendre son ami en cet instant. En l’appelant, Rhett pensait avoir le droit à un instant de répit, toujours occupé à fuir ses problèmes autant que la réalité des faits.
Il sait être en tort, tout comme il sait être un véritable poids accroché à la cheville de son ami, et c’est la raison pour laquelle il tente de lui laisser des sorties de secours sur le chemin, pour qu’il puisse décider du moment où il en aura marre de soutenir le monde pour Rhett qui ne le lui rend pas vraiment. « J’ai encore un créneau de libre entre trois heures et demi et quatre heures, comme tu l’as si bien fait remarquer. » A défaut de se vexer une fois de plus de la remarque, utilisée cette fois-ci contre lui, Rhett préfère en sourire maladroitement, à peine amer. Le coup est bien renvoyé. S’ils avaient été sur un terrain, il aurait sans douté admiré quelque peu sa stratégie. « J’avais déjà prévenu que je rentrerai tard, personne m’attend. » Ce qui est en réalité assez triste à entendre, si on y pense un peu plus sérieusement. Ils n’ont plus personne qui les attend chez eux, désormais. Les belles années semblent loin. “Je t’ai que pour moi, alors. La chance.” Son sourire, toujours présent, tend à lui démontrer que son ironie n’est que partielle. Il se sent véritablement chanceux d’avoir un ami capable de lui rendre un tel service jusqu’au bout, il sait que peu de gens seraient capable d’en faire autant que lui.
J'ai juste du mal à rester calme. Ça va passer. - « Et si ça passe pas ? » C’est la seule chose à laquelle Rhett pense, c’est le seul espoir qu’il garde aussi. Il ne peut pas penser à la possibilité que ça ne passe pas, simplement parce que cela ferait s’effondrer ses espoirs. “Ça doit passer.” C’est déjà passé une fois, quand il était jeune, alors la boucle va revenir à ce même moment, tôt ou tard. Il n’a aucune idée de comment arriver à cet objectif, mais il sait qu’il y arrivera, parce qu’il risquerait de courir à sa perte dans le cas contraire. Ce sont les pensées qui occupent son esprit durant les minutes qui suivent, son air grave à peine conscient de la route qui se déroule sous ses yeux, à peine ramené à lui lorsqu’il entend le moteur de la voiture se couper. « Ça va aller ? » - “Alors c’est toi le prince charmant que toutes les filles cherchent ?” Il s’en moque avec un sourire calme, mais il le remercie pourtant de lui avoir ouvert la porte, geste aussi simple que stupide mais qui lui aurait valu de tourner son buste et, par conséquent, de grimacer de douleur. “Ça va, tant qu’on fait pas la course.” Il peut marcher, même s’il est aussi lent que pathétique, son dos légèrement courbé pour ne pas tirer les derniers fils encore accrochés mais déjà amochés. Il a souvent eu meilleure allure, de toute évidence.
Après avoir expliqué la raison de sa venue sans aucune fierté (j’ai eu des points il y a quelques jours et ils se sont rouverts) et décliné son identité (Garrett… Hartfield) tout en priant pour que son frère n’entende pas parler de lui, il a sagement trouvé place sur un des sièges métalliques de la salle d’attente. Il n’a de toute façon rien à faire de plus que d’attendre, justement. Hassan à ses côtés, il souffle un instant avant de reprendre le cours de leur conversation. “Le livre va sortir dans quelques semaines. Je vais sûrement faire un peu de promotion. Ça va m’occuper.” Il va sourire devant les caméras, on aura maquillé ses cernes et coiffé ses cheveux. Il va faire des blagues, on va en rire, et tout le monde va trouver son histoire incroyable et inspirante. Après ça, bien sûr que tout ira mieux. Ce n’est que dans quelques semaines à peine. A l’échelle d’une vie, ce n’est rien du tout. “Vois le bon côté des choses, t’as deux nounous à ta disposition pour le petit, maintenant.” Mais à choisir entre lui et Owen, sans doute qu’il n’y a même pas à réfléchir pour se rendre compte que l’ancien prêtre est bien plus digne de confiance, surtout lorsqu’il s’agit de la garde d’un jeune enfant. “C’était un ancien boxeur, le gars. Il a un bar un peu douteux, maintenant.” Il passe du coq à l’âne, il ne raconte que les bribes d’histoires qui l’intéressent. “J’ai pas envie de finir comme lui. Je veux garder un lien avec le rugby.” Et le livre, ce n’est qu’une pause, un moyen de rebondir pour mieux arriver à ses fins ensuite. Il ne deviendra pas comme Mickey. |
| | | | (#)Mar 14 Fév 2023, 17:26 | |
| I wish I didn't press send, I'm never going back again, I only did it 'cause I'm overthinking, lonely, drunk at 3 a.m. You should have left it on read, I really meant what I said when I was sober, and I told you I was happy that it came to an end. ☆☆Plus que la situation en elle-même, c’était la désinvolture avec laquelle Rhett tentait de faire passer cela pour une anecdote dont ils se contenteraient de rire ensemble d’ici quelques jours, qui était en train de grignoter le peu de patience qu’il restait à Hassan. Lui se faisait un sang d’encre et Rhett traitait cela comme une blague, cela faisait probablement un moment que cela durait mais pour la première fois le brun ne se sentait plus ni l’énergie ni l’envie de trouver des excuses à son ami, ou de lui accorder le bénéfice du doute quant au fait qu’il finirait par prendre conscience du problème par lui-même. Le problème grossissait, la situation s’enlisait, et empêtré dans sa mauvaise foi le Hartfield n’avait su que répliquer « J’ai appelé Hassan ou Ruben, là ? » – ce qui, dans sa bouche, avait tout d’une insulte. Les doigts serrant silencieusement le volant, Hassan s’était donc contenté de secouer la tête avec lassitude et n’avait pas renchéri, certain que rien d’autre de ce qu’il aurait à dire ne saurait amener la conversation dans une direction qu’ils ne regretteraient pas tous les deux. Il fallait bien, alors, que Rhett ait été pris d’un peu de culpabilité pour finalement décider, après plusieurs minutes d’un silence pesant, de reprendre la parole pour tenter de décharger le brun de son obligation de jouer les chaperons à la seconde où ils auraient passé les portes des urgences. Coupable, ou seulement désireux de se débarrasser de lui, maintenant qu’il réalisait ne pas s’en sortir beaucoup mieux que s’il avait appelé son frère pour faire le sale boulot ; L’un ou l’autre, Hassan n’avait aucune intention de perdre son ami des yeux jusqu’à l’avoir ramené chez lui. Et si Ruben attendait sur le canapé pour le cueillir et lui passer un second savon, pour une fois, Rhett l’aurait bien mérité. « Je t’ai que pour moi, alors. La chance. » s’était-il en attendant contenté de commenter, la plaisanterie peinant néanmoins cette fois-ci à dérider l’enseignant tandis qu’ils atteignaient enfin le parking de l’hôpital. Ça va passer, d’abord. « Ça doit passer. » ensuite. L’un dans l’autre, l’ex-rugbyman avait le ton de celui qui peinait à se convaincre lui-même, et avait donc peu de chance de parvenir à convaincre qui que ce soit d’autre, pas même un Hassan pourtant toujours si prompt à le croire les yeux fermés. « Ça passera pas tout seul. » avait-il alors asséné en coupant le moteur, le ton faussement neutre pour ne pas sembler désespéré, quand bien même il y venait, lentement mais sûrement. La portière ouverte et la ride du souci à nouveau creusée, Rhett était tout de même parvenu à lui arracher un bref rire en commentant « Alors c’est toi le prince charmant que toutes les filles cherchent ? » et lorsqu’il avait ajouté « Ça va, tant qu’on fait pas la course. » le brun avait hoché la tête et refermé la portière derrière eux, se fendant d’un « Au moins y’a pas de risque que tu t’échappes en courant aux douze coups de minuit. J’avais pas les bonnes chaussures pour te courir après. » et se calant sur le rythme (lent) de son ami jusqu’à l’accueil des urgences, où l’agent d’accueil les avait accueillis avec l’air las de celle qui voyait passer tout et n’importe quoi à longueur de journée, avait arqué un sourcil en tapant le nom de famille de l’heureux (non) blessé mais en se gardant de tout commentaire, et leur avait indiqué la zone d’attente sans se fatiguer à leur donner un délai – c‘était le propre des urgences, on savait quand on y entrait, mais jamais quand on en sortait. Du temps, ils n’avaient donc plus que cela devant eux. Et si celui d’Hassan venait de lui servir à détailler un peu mieux la mauvaise allure de Rhett, auquel la lumière blafarde des néons d’hôpital ne rendait clairement pas service, ce dernier semblait quant à lui subitement avoir besoin de parler, après avoir passé tout le trajet en voiture à se faire tirer les vers du nez comme un adolescent en rébellion. « Le livre va sortir dans quelques semaines. Je vais sûrement faire un peu de promotion. Ça va m’occuper. » Jusqu’à quand ? Et après ça ? Tout dans ce qui faisait Rhett actuellement ne ressemblait qu’à des problèmes que l’on repoussait à plus tard, en espérant à tort qu’ils se règleraient d’eux-mêmes d’ici là. Ça ne passerait pas tout seul, ils ne faisaient qu’y revenir. « Vois le bon côté des choses, t’as deux nounous à ta disposition pour le petit, maintenant. » Pour détendre l'atmosphère autant que pour botter en touche à ce sujet, gageant déjà que la situation ne pourrait pas s'éterniser telle qu'elle était plus loin que la fin de l'été, Hassan avait répondu « Tu devrais leur demander de vérifier aussi ta tête, y'a visiblement pas que le nez qui a pris. » Rhett, volontaire pour du baby-sitting ? On frisait la commotion cérébrale. « Relax, ton physique de Bachelor n'est pas remis en question, Romeo. » avait-il par ailleurs aussitôt ajouté en voyant que la mention de son nez avait provoqué chez le rugbyman un rictus inquiet. Son nez avait survécu à des face-à-face avec les All Blacks, il avait à priori vu pire qu’une bagarre de pub. Le moment avait alors semblé opportun pour que Rhett se sente de préciser « C’était un ancien boxeur, le gars. Il a un bar un peu douteux, maintenant. » comme si cela ne rajoutait pas de l’inquiétude à l’inquiétude. Se battre avec un inconnu et tomber sur plus fort que soi, c’était de la malchance. Se battre avec un ancien boxeur en sachant que l’on ne faisait pas le poids, c’était au mieux de l’inconscience, et au pire … Bon. « J’ai pas envie de finir comme lui. Je veux garder un lien avec le rugby. » avait pourtant repris Rhett, à l’évidence persuadé d’avoir eu affaire à l’une des options qui lui pendait au nez. « Je sais. » Comme il savait que son poste chez ABC l’avait toujours frustré, et que celui de l’université ne lui semblait pas assez. « Mais tu y arriveras pas si tu règles pas les choses dans l’ordre. Et toi et moi on sait que c’est pas le plus gros de tes problèmes, actuellement. » Le mot “addiction” n'était peut-être pas prononcé, Hassan s’était toujours empêché de le faire, mais l’intention n’était pas moins claire.
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| | | | (#)Lun 20 Fév 2023, 16:08 | |
| « Ça passera pas tout seul. » Il le faut. Rhett ne lui fera pas l’affront de répéter les mêmes mots une seconde fois, mais il le faut. Il ne compte pas prendre la moindre décision par lui-même, alors il s’en remet simplement au Destin et au temps qui passe. Ca ira mieux avec le temps, c’est ce que tout le monde dit. Il doit bien y avoir un fond de vérité là-dedans. Les deux hommes s’enferment à leur tour dans un silence de convenance, lequel n’est brisé que par une pointe d’ironie ici et là. Elles les font à peine sourire, maintenant. « Au moins y’a pas de risque que tu t’échappes en courant aux douze coups de minuit. J’avais pas les bonnes chaussures pour te courir après. » En effet, il n’y a pas le moindre risque qu’il s’échappe, et c’est autant parce qu’il n’en a aucune envie que parce qu’il ne le peut tout simplement pas, sa blessure au flanc ayant besoin d’être vue par un médecin. Rhett n’est pas du genre douillet, mais il sait quand les choses sont assez sérieuses pour qu’il ne puisse plus nier. “Je vois que tes craintes sont très ancrées dans la réalité.” Et à peine influencées par des dessins animés pour enfant ; c’est tout ce qu’il dit. Sa blague l’occupe pendant une demie-seconde, la maigre discussion pendant au moins vingt de plus, et ensuite ils se retrouvent déjà avec plusieurs heures à tuer. Il voudrait rire et dire qu’il aurait dû commander un verre dans un gobelet pour l’emporter, mais peut-être que ce n’est pas le moment pour déjà s’amuser de la situation.
L’arrière de son crâné reposé contre le mur derrière eux, il parle de tout et de rien avec un ton bas. Les yeux fermés, c’est comme s’il ne faisait pas réellement des confessions. Mais après qu’Hassan soit venu le chercher et ait accepté de patienter avec lui, Rhett sait qu’il lui doit au moins ça, en plus de sa reconnaissance pleine et entière. « Tu devrais leur demander de vérifier aussi ta tête, y'a visiblement pas que le nez qui a pris. » Son crâne roule contre le mur, juste assez pour que ses yeux se posent sur la figure de son ami lorsqu’il les rouvre. « Relax, ton physique de Bachelor n'est pas remis en question, Romeo. » Et Rhett de sourire parce que oui, bien sûr que ça l’a inquiété pendant au moins trois secondes. “Je dis que je suis libre pour du baby sitting, pas que je serais bon dans le rôle.” Et qu’il n’appellerait pas Hassan après deux minutes top chrono, pour lui demander tout et son contraire et s’assurer qu’il ne fasse pas quoi que ce soit de dangereux pour l’enfant - il n’aime pas réellement ces petites bêtes, mais il veut leur bien, surtout celui-ci en particulier. Quand Rhett parle de Mickey, sans pour autant le nommer, le sujet est autrement sérieux. C’est sa façon à lui de se confier sans en avoir l’air, notamment parce qu’il en profite pour préciser qu’il n’aspire pas à devenir comme lui et à tremper dans quoi que ce soit de louche. A ses yeux, ce n’est une vie qu’on ne voit que dans les films et séries, et certainement pas une possible vision d’avenir de la sienne. Il ne mange pas de ce pain là. Ni aujourd’hui, ni jamais. « Je sais. Mais tu y arriveras pas si tu règles pas les choses dans l’ordre. Et toi et moi on sait que c’est pas le plus gros de tes problèmes, actuellement. » - “Je sais.” Il répète en écho, sans aucune force ni même conviction. Il a beau le savoir, il n’est pas prêt à faire le moindre pas en avant pour changer son quotidien. Voir le mur arriver face à lui n’est pas suffisant pour qu’il décide de changer de direction. “Ça se voit peut-être pas comme ça, mais j’fais au mieux.” Ça ne se voit définitivement pas, non, et n’importe quelle oreille indiscrète a sûrement le plus grand regard interloqué et jugeur en sa direction à cet instant même. “Le livre. Et après… J’essayerai de retrouver un poste quelque part.” Quelque part rimant avec peu importe où, sans qu’il ne veuille avouer les choses de cette façon. Cela voudrait dire qu’il serait prêt à quitter le pays à nouveau, et pour l’heure ce n’est pas une discussion qu’il veut avoir avec Hassan. “On est loin de ton emploi du temps, mais ça va m’occuper.” Et qui dit être occupé, dit ne pas avoir trop de temps pour penser à tout et son contraire, mais surtout aux mauvaises idées qu’il pourrait mettre en action. “C’est la dernière fois que je t’appelle pour mes conneries, c’est promis.” Il ne dit pas que c’est la dernière fois qu’il fait une connerie pour autant: tout ce que ça sous-entend, c’est que si ça arrivait à nouveau, il embêterait simplement un autre numéro de son répertoire. Hassan a déjà bien assez fait pour lui, même Rhett arrive à s’en rendre compte. |
| | | | (#)Dim 05 Mar 2023, 19:24 | |
| I wish I didn't press send, I'm never going back again, I only did it 'cause I'm overthinking, lonely, drunk at 3 a.m. You should have left it on read, I really meant what I said when I was sober, and I told you I was happy that it came to an end. ☆☆La situation ne se prêtait pas vraiment à ce qu’Hassan ait le cœur à plaisanter, mais l’habitude qu’avaient les deux hommes de communiquer de cette façon était tellement ancrée que la chose lui venait comme un réflexe. Un mécanisme de préservation, presque, comme si tant qu’ils parvenaient encore à plaisanter la situation se devait forcément de ne pas être si terrible. L'inquiétude du brun était pourtant palpable, toutes les plaisanteries du monde n'effaçant pas le fait qu'ils se trouvent dans un hôpital et que Rhett donnait l'être d'être passé sous les roues d'une voiture – les poings d'un boxeur, ce n'était pas beaucoup mieux. Il y avait même un peu de pire dans l'idée que Rhett se soit frotté sciemment à plus (trop) fort que lui, comme s'il essayait d'obtenir par le biais d'un autre ce qu'il ne parvenait pas (ou n'osait pas) à s'infliger tout seul … Ou bien était-ce là simplement l'imagination d'Hassan, qui moulinait trop à force de détails qui, mis bout à bout, creusaient une inquiétude qui couvait déjà depuis des semaines ? « Je sais. » avait en tout cas répété Rhett dans un souffle similaire au sien, l'arrière du crâne roulant à nouveau contre le mur pour permettre à son regard d'aller accrocher celui de son compère. « Ça se voit peut-être pas comme ça, mais j’fais au mieux. » L'état de son visage et le sang que l'on devinait entre les doigts qu'il gardait crispés contre son flanc ne donnaient en effet pas cette impression. « Le livre. Et après … J’essayerai de retrouver un poste quelque part. » Sauf que ça non plus, ce n’était pas le plus gros de ses problèmes, et pas vraiment celui auquel Hassan faisait référence en tentant de garder un semblant de subtilité. « On est loin de ton emploi du temps, mais ça va m’occuper. » avait fini par ajouter le rugbyman pour continuer sur sa lancée, et secouant la tête Hassan avait fait remarquer « J’ai jamais dit que j’étais un exemple à suivre. » avec un brin de cynisme. Il ne l’aurait jamais dit pour la bonne raison qu’il ne le pensait pas, conscient de s’ensevelir sous les obligations professionnelles pour ne pas se laisser le temps de s'appesantir sur le reste. « Personne te reprochera de prendre un peu de temps pour toi … T’es pas aux aboies, t’as le temps de régler les choses dans l’ordre. » Elle était de plus en plus floue, la limite entre la subtilité et les gros sabots. Le silence s’installant à nouveau, Hassan avait passé une main lasse sur sa nuque et jeté un coup d’œil absent autour d’eux, l’attention et le regard revenant à Rhett lorsque ce dernier avait repris la parole « C’est la dernière fois que je t’appelle pour mes conneries, c’est promis. » Il aurait préféré l’entendre promettre qu’il ne se remettrait plus volontairement dans ce genre de situation, plutôt que de promettre qu’il appellerait quelqu’un d’autre la prochaine fois – mais c’était visiblement être un peu trop optimiste. « Arrête, tu sais que tu peux m’appeler n’importe quand. » Qu’on ne s’y trompe pas, Hassan aurait préféré passer la fin de sa soirée ailleurs que dans la salle d’attente des urgences, et aimait mieux la compagnie de Rhett lorsqu’il ne lui donnait pas l’impression de jouer à l’adolescent en rébellion … Mais au bout du compte, cela ne changeait rien à l’indéfectibilité de son amitié dans les moments où justement, il était important qu’elle le soit. « Je préfère ça et être certain que tu rentres chez toi en un seul morceau. » Comme ce soir-là en définitive, car c’était bien la raison pour laquelle il était assis à côté de lui et ne s’était pas contenté de le déposer à l’entrée des urgences pour repartir aussi sec. Au comptoir de l'accueil, une infirmière avait attrapé le dossier suivant sur la pile et donné de la voix pour appeler le nom de famille de Rhett, interrompant la discussion et leur faisant lever la tête à tous les deux. « Va te faire rafistoler, je t’attends là. » Et pour le reste, ils verraient plus tard.
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| | | | | | | | (rhessan 7) overthinking, lonely, drunk at 3 a.m |
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