I'm sinkin' inside and the mass and lines are broken down tonight. I swallow my pride but we're drowning in the ocean, and it's tearing my heart open. We're high then we're low, first it's yes then it's no, and we're changing like the tides. Yeah, but I want you, I need you and I guarantee you we'll make it out alive. 'Cause I don't wanna fight no more even when the waves get rough.
(outfit) La soirée a tout pour être parfaite, autant que peut l'être le cadre de ce diner que le danseur s'est efforcé de soigner pour marquer le coup de l'année tout juste entamée. La table est d’ailleurs réservée depuis deux semaines, une précaution qu'Eddie se devait de prendre pour s'assurer une place dans un restaurant aussi prisé que l'Interlude, un établissement étoilé tenu par le mari d'une amie d'Halston que le couple a le mérite de bien connaître puisque leur tout premier diner s'y était déjà tenu. À l'époque il n'était encore question que d'un repas professionnel avec les autres membres de l'équipe du film et deux ans plus tard, c'est en tant que futurs parents que l'agente et son protégé retrouvent le célèbre restaurant français avec toute la symbolique qu'un tel lieu peut revêtir à leurs yeux. Les sorties comme celle-ci se font rares compte tenu de leurs emplois du temps respectifs et des journées à rallonge qu'Halston peut enchainer à l'agence et Eddie au théâtre, alors tous deux comptent bien en profiter avant que l'arrivée prochaine de leur enfant ne vienne voler le peu de temps que le couple parvient encore à trouver pour s'offrir ce genre de parenthèses en dehors de leur domicile. Et le maître mot ce soir pourrait bien être la célébration, aussi bien de la nouvelle année annonciatrice de bonnes choses que de leurs accomplissements professionnels, sans oublier la venue de plus en plus imminente d'un nouveau membre dans la famille que le ventre arrondi de l'américaine ne pourrait pas plus fièrement révéler.
Eddie espère surtout que l'année 2023 débutera d'une bien meilleure façon que la précédente pour leur couple car il y a un an, presque jour pour jour, ils traversaient leur plus grosse crise et ne parvenaient plus à se comprendre, ni même à se parler. Un souvenir amer que le danseur s'emploie à chasser de son esprit ce soir, préférant regarder droit devant lui et mettre de côté les doutes qu'il a récemment pu avoir sur la communication encore fragile entre l'américaine et lui. Il veut sincèrement croire que le plus dur est désormais derrière eux et que plus aucun obstacle ne peut entraver leur équilibre, c'est après tout dans cette optique qu'Eddie a pris ses distances d'une partie de sa famille et la raison pour laquelle il n'est toujours pas décidé à entreprendre le moindre pas vers Sun-Hi. Leur réconciliation semble encore loin de voir le jour, cette année le motivera peut-être à œuvrer dans ce sens mais en attendant il ne désire pas s'en soucier, refusant d'accorder de l'importance à celle qui a trop souvent saisi l'occasion de cracher sur son bonheur. Heureux, justement, Eddie estime avoir de quoi l'être alors que sa compagne porte le fruit de leur amour et que le plus beau rôle de sa vie s'apprête à lui être confié. D'ici trois mois leur petite famille devrait être au complet et même si ces nouvelles responsabilités s'accompagneront de doutes et de craintes que le danseur ne peut déjà pas contourner, il n'en a pas moins hâte d'ajouter une nouvelle corde à son arc. Bientôt il sera un père en plus du reste et rien ne pourrait l'empêcher de se réjouir face à cette idée, surtout pas ce soir alors que les étoiles semblent toutes merveilleusement alignées.
Son regard se porte avec intérêt sur le menu entre ses mains, sans parvenir à faire un choix entre les différents plats français lui faisant envie. Eddie n'est pas très familier avec cette cuisine réputée pour être l'une des meilleures et c'est certainement ce qui le fait tant hésiter, contrairement aux prix sur lesquels le danseur choisit de ne pas s'attarder afin qu'ils ne puissent aucunement l'influencer. Il règlera le repas ce soir, la question ne se pose tout simplement pas et tant pis si son porte-monnaie doit sévèrement trinquer à l'arrivée, l'occasion étant trop belle pour ne pas se faire plaisir. Halston est elle aussi invitée à prendre tout ce qu'elle désire, Eddie peut même déjà présumer que son choix se portera sur un plat agrémenté de pistache et cette pensée suffit à l'amuser comme en témoigne le sourire accroché à ses lèvres. « Mis à part un enfant en bonne santé, qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la nouvelle année jagi ? » Il n'a aucun mal à supposer qu'il s'agit de son souhait le plus cher comme c'est aussi le sien, sans avoir néanmoins l'intention de réduire Halston à son futur rôle de mère comme si elle ne risquait bientôt plus que d'exister à travers ce dernier. Elle n'en sera pas moins une femme, une agente et une directrice, ce qui l'autorise à émettre d'autres souhaits qu'Eddie n'est peut-être pas en mesure d'anticiper pour l'heure. « Pour ma part je crois qu’obtenir mon permis rapidement trône au sommet de mes priorités. » Ce ne sera pas la seule car la réussite de son spectacle tient une importance bien plus conséquente à ses yeux mais il résonne surtout en terme de pratique et prend déjà la chose au sérieux, bien décidé à prouver sa bonne volonté à Halston. Il n'en faisait pas forcément une urgence comme elle jusqu’ici mais il admet que tout sera plus simple quand il pourra se déplacer en voiture en plus de sa moto, à laquelle Eddie pourra ainsi offrir un répit bien mérité de temps à autres. « Et je pense pouvoir dire que c’est assez bien parti pour, sans vouloir me vanter. » Ce n'est peut-être pas la modestie qui l'étouffe mais il ne fait que reprendre les mots de son moniteur, celui-ci n'ayant pas manqué de souligner à quel point il se débrouillait bien après quelques heures de conduite. Le permis n'est pas encore dans la poche et ça le danseur le sait bien, ce qui ne l'empêche pas d'y voir une bonne raison de porter un toast ce soir – au vin pour lui, à l'eau ou à toute autre boisson dépourvue d'alcool pour Halston, et c'est précisément sur le choix d'une bonne bouteille que le danseur vient après ça se pencher. « Je te laisse choisir à quoi d'autre trinquer ce soir, supériorité numérique oblige je ne peux que m'incliner. » Son sourire s'élargit avec cette référence à l'enfant qu'elle porte, lui octroyant selon lui une double voix et le pouvoir de trancher sur ce qu'ils peuvent bien encore célébrer. Eddie ne pourrait pas être plus serein qu'à cet instant, à mille lieues d'imaginer ce qu'il vient en réalité d'enclencher.
Dernière édition par Eddie Yang le Lun 16 Jan 2023 - 22:49, édité 2 fois
Errors become mistakes when we perceive them and respond to them incorrectly. Mistakes become failures when we continually respond to them incorrectly.
L’année s’était terminée sur des notes plus que positives, Halston était soulagée que celle-ci se soit beaucoup mieux terminée que la précédente. Elle vivait paisiblement sous son toit actuel et cela n’avait pas de prix, tout comme la paix qu’elle avait su préservée en gardant une certaine distance avec sa famille. Une tranquillité qui aurait pu être troublée par l’un de ses membres ; Harrison, celui-ci ayant décidé qu’il s’agissait d’une bonne idée de lui rendre une visite surprise en plein mois de novembre. Elle avait tout de même un peu de chance dans son malheur, il était venu un matin où Eddie était absent, ce qui évita au danseur d’avoir une entrevue aussi désagréable que celle qu’elle avait pu avoir avec sa belle-mère. La brune n’avait pas le moins besoin du monde que son aîné ne vienne mettre son grain de sel dans sa vie, elle ne savait pas vraiment à quoi il jouait, mais elle avait prévenu le père de son enfant qu’il n’avait pas à s’en inquiéter. L’américaine s’était persuadée que son frère ne viendrait pas sérieusement s’installer en Australie, qu’il devait juste s’amuser à lui faire peur. Elle préférait se concentrer sur le positif ; sa grossesse ne posait pas de problèmes particuliers et les chiffres d’affaires de son agence étaient bons, la cerise sur le gâteau était la confirmation de l’enfermement de son deuxième cambrioleur. Elle n’en avait pas encore informé Eddie, préférant garder la bonne nouvelle pour la soirée qu’ils passeraient à l’Interlude. Ils n’y avaient pas mis les pieds depuis une éternité, elle dirait même qu’ils n’y étaient pas retourné depuis la fois où ils y avaient mangé avec l’équipe de son unique film. La symbolique plaisait beaucoup à Halston, même si leur relation n’était que purement professionnelle à ce stade, elle se souvenait qu’il s’agissait de la première fois qu’ils avaient longuement discuté sur des sujets personnels. Rien n’avait laissé présager qu’il ne se passerait quoique ce soit entre eux à ce moment-là, mais la vie pouvait être surprendre de la bonne façon. C’était avec une fierté incommensurable qu’elle caressait son ventre, qu’elle ne pouvait plus dissimuler même avec l’aide d’une tenue noire. Elle n’avait pas manqué de prendre des photos de l’évolution de son corps, en compagnie du futur père, l’immortaliser lui avait juste paru indispensable, même si elle ne partageait rien des clichés. Il lui arrivait d’avoir un pincement au coeur, parce qu’elle s’était toujours imaginée qu’elle les enverrait à ses parents si elle avait été amenée à tomber enceinte en Australie. Était-elle cruelle de faire cela ? Elle le pensait parfois, jusqu’à ce qu’elle ne replonge dans l’humiliation que lui avait fait subir Sun-Hi, qui était similaire à celle que son protégé avait subi à Los Angeles, même si elle pouvait considérer la sienne plus faible au vu du grand comité qui avait assisté à celle du brun. Elle rêvait secrètement du jour où sa famille serait de nouveau unie, où ils pourraient faire une photo tous ensemble incluant Eddie qu’elle pourrait accrocher dans son salon, un jour qui arrivera peut-être grâce à sa progéniture.
Elle ne confirmerait peut-être pas de sitôt qu’elle représentait l’espoir qu’elle attendait, mais celle-ci avait décidé de faire des mouvements suffisamment forts pour être sentis par autrui pour la première fois, juste avant qu’ils ne pénètrent dans le restaurant. Halston demanda donc à Eddie de s’arrêter pour pouvoir en profiter, au travers de sa robe de soirée. « Le bébé se manifeste toujours lorsqu’il est l’heure de manger, nous allons avoir un petit glouton. » Elle préférait s’en amuser plutôt que de s’en inquiéter, elle trouvait les nourrissons dodus très mignons. L’agente de stars allait pouvoir le gâter avec des plats luxueux, qu’Eddie voulait lui offrir. Elle ne comprenait toujours pas son obstination à vouloir régler la note, alors que son compte était bien plus garni que le sien, mais elle ne lui avait fait aucune réflexion pour ne pas le froisser inutilement. Il lui demanda ce qu’il pouvait lui souhaiter pour cette nouvelle année. « Du succès, un oscar, les australiens en gagnent si peu. » Ce souhait pouvait paraître superflu, puisqu’elle n’était pas celle recevant la récompense, mais cela représenterait une véritable revanche sur son pays d’origine, qui l’avait salement déchu. Elle avait beau être directrice, elle ressentait toujours autant le besoin de montrer qu’ils avaient tort. Il lui avait annoncé que son permis était sa priorité numéro une, elle était ravie de voir qu’il l’avait écouté. Le danseur se vantait d’être un bon automobiliste, qui allait glaner son permis sans trop tarder. « J’ai hâte que tu sois au volant de ma voiture, alors. » Elle n’était pas trop étonnée de sa facilité d’apprentissage, puisqu’elle jugeait plus difficile de manier une moto, ce qu’il savait faire depuis des années. Halston ne détestait pas conduire, mais elle savait qu’elle rêverait d’être bien plus souvent passagère une fois qu’elle aurait donné la vie, toutes les mères qu’elle connaissait le lui avaient confirmé, le post partum était rude. Elle saisit le cocktail sans alcool qui lui avait été servi, dont la rougeur se rapprochait presque assez de celui du vin pour faire illusion. Il lui laissait choisir ce pourquoi ils allaient trinquer, elle ne se fera pas attendre. « Je trinque à cette année, qui s’annonce beaucoup plus belle et plus sereine que la précédente. » S’exclama-t-elle avec un grand sourire, la sérénité n’étant pas censée être de mise avec un nouveau-né, elle décida d’apporter des précisions. « Tous les cambrioleurs sont derrière les barreaux. » Elle venait d’enclencher le minuteur d’une bombe, mais elle n’en avait aucune idée, puisqu’Halston attendait que son compagnon se réjouisse de cette bonne nouvelle. Il ne devait plus l’attendre, elle se demandait même s’il lui était arrivé de repenser à ce criminel, puisqu’elle avait pris le soin de ne plus mentionner cette tragédie depuis l’immense dispute qu’elle avait générée. Elle n’en parlait plus que de façon ponctuelle avec son psychologue, mais elle espérait ne plus avoir à en parler maintenant qu’Eddie savait que ce chapitre était clos.
I'm sinkin' inside and the mass and lines are broken down tonight. I swallow my pride but we're drowning in the ocean, and it's tearing my heart open. We're high then we're low, first it's yes then it's no, and we're changing like the tides. Yeah, but I want you, I need you and I guarantee you we'll make it out alive. 'Cause I don't wanna fight no more even when the waves get rough.
C'est avec une tendresse infinie que ses yeux se posent sur l'américaine lorsque celle-ci l'avertit que le bébé a choisi cette soirée pour les honorer de ses premiers mouvements réellement perceptibles. La symbolique de ce diner en est d'autant plus grande et Eddie ne résiste pas à l'envie d'en profiter lui aussi, déposant une main sur son ventre à travers lequel il a enfin le sentiment de pouvoir communiquer avec leur enfant. Il ne ressent pas grand-chose, pas encore tout du moins mais c'est suffisant pour lui faire apprécier ce moment et toute la soirée à venir car c'est à ses yeux le signe que rien ne pourra empêcher le bon déroulement de cette dernière. Le bébé est avec eux et participe déjà à sa façon, choisissant d'ailleurs très bien son heure pour se faire remarquer comme si l'appel de la nourriture était effectivement le plus fort. Cette remarque ne manque pas de faire sourire le danseur, peu inquiet à l'idée d'accueillir prochainement un petit ogre sous leur toit car leur enfant ne manquera de rien, c'est bien la seule chose qui puisse lui importer. Sa bonne santé sera une priorité pour les futurs parents qui chériront sa venue comme il se doit mais Eddie se doute que cette année pourrait aussi gâter Halston sur d'autres tableaux, ce que celle-ci ne tarde pas à lui accorder. Un oscar décerné à l'un de ses protégés ne serait apparemment pas de refus, voilà des paroles audacieuses prouvant bien que l'agente devenue directrice ne manque pas d'ambition pour ses acteurs et qu'à ses yeux, nul besoin d'être américain pour décrocher la récompense suprême. « Tu sais au moins déjà que je n'en serai pas l'heureux détenteur. » Eddie préfère à vrai dire s'en amuser, assumant le fait que l'acting ne fera jamais concurrence à la danse dans sa vie. Il ne s'y adonne qu'occasionnellement, laissant volontiers ce métier à ceux qui y sont destinés puisque c'est sur une scène que le danseur entend pour sa part continuer à briller. Et un oscar n'a aucune chance de le faire rêver un jour, même s'il n'en contestera jamais l'importance pour d'autres. « Mais ce serait une sacrée consécration pour l'agence, je te le souhaite vraiment. » Sa main recouvre alors la sienne dans un geste tendre, car elle sait que pour ça comme pour le reste son soutien lui sera de toute façon garanti. Ses accomplissements le rendront toujours fier, c'est une chose dont Halston ne sera jamais autorisée à douter. « Une idée de celle ou de celui qui pourrait le décrocher ? » il questionne par pure curiosité, bien incapable pour sa part d'émettre le moindre pronostic parce qu'il ne met pas assez souvent les pieds à l'agence et ne suit pas non plus les projets des autres protégés d'assez près. Eddie ne cache pas viser l'obtention de son permis et cela sans tarder en ce qui le concerne, aussi bien pour honorer sa promesse faite à Halston que par satisfaction personnelle. Ça ne lui ressemblerait pas de laisser trainer les choses, pas alors qu'aucun obstacle ne l'a jamais empêché d'atteindre ses objectifs. L'échec ne sera pas permis cette fois encore, Eddie y met même un point d'honneur. « Je sais que ce ne sera pas forcément très pratique de se la partager mais promis, si je gagne un jour au loto une deuxième voiture sera mon premier investissement. » Certaines questions pratiques seront tôt ou tard amenées à se poser mais peut-être pas dans l'immédiat, car Eddie compte profiter du futur congé de l'américaine pour prendre le relai et la décharger de son rôle de conductrice attitrée. C'est bien le minimum qu'il puisse faire et non, il ne veut certainement pas entendre que sa compagne participera à l'acquisition de son propre véhicule car Eddie tient à l'acheter seul, avec un argent qu'il mettra de côté comme pour sa moto cinq ans plus tôt.
Halston semble fortement croire que l'année qui débute sera bien plus reposante que celle venant de s'achever et Eddie ne demande qu'à lui donner raison, espérant lui aussi que l'univers les épargnera même s'ils ne goûteront pas forcément au repos tant désiré avec l'extension de leur petite famille. Les prochains mois pourraient même être synonymes de très grands chamboulements pour les parents qu'ils s'apprêtent à devenir mais le danseur se plait malgré tout à croire que les choses seront aussi belles que l'américaine le prétend, et que leur bonheur ne fera aucun doute à côté de la fatigue qui s'installera sûrement elle aussi sous leur toit. « Je crois qu'un certain petit Yang te donnera bientôt raison, même s’il risque d’arriver dans nos vies comme une véritable tornade. » Il serait de toute façon naïf de penser que cette nouvelle page de leur histoire ne s'accompagnera pas parfois de moments difficiles, le temps au moins que l'adaptation s'effectue et que leur enfant fasse pleinement ses nuits. Mais tout ça en vaudra très largement le coup, Eddie veut y croire même si ses doutes en tant que père n'auront pas attendu la naissance de leur enfant pour le malmener. Des doutes dont il refuse de s'encombrer ce soir, car ils n'ont tout simplement pas leur place à cette table. « Encore trois mois mon amour. » il souffle dans un sourire et jamais le danseur n'a tenu aussi précisément les comptes pour quelque chose, ni attendu avec une telle hâte de voir venir le mois d'avril. Aussitôt commandé le vin se voit déjà apporté par un serveur remplissant aussitôt son verre, de quoi leur permettre de trinquer sans attendre à cette grande aventure qui les attend et à tout ce qu'Halston désirera de son côté célébrer. Le dernier mot lui est laissé là-dessus et la précision qu'elle apporte ne manque pas de l'intriguer, la simple mention de cambrioleurs tombant à elle seule comme un cheveu sur la soupe. « Comment ça ? » il relève dans un léger froncement de sourcils, ne sachant pas bien ce qu'il doit exactement en déduire. « On parle bien de tes cambrioleurs, là ? » Car c'est bien sûr la toute première pensée que ses mots lui inspirent, aussi confuse soit-elle. Cette histoire n'a pas été évoquée depuis un bon moment entre eux et à vrai dire, Eddie avait un peu perdu l'espoir que les choses connaissent la conclusion espérée. Il n'a jamais fait confiance à la police, quand bien même sa meilleure amie en fait elle-même partie car les cambriolages ne doivent pas être une priorité pour les flics de ce pays. Mais il avait peut-être tort de penser que cette affaire était tombée aux oubliettes, tout comme de croire qu'il serait le premier informé si les choses venaient à connaître une quelconque avancée. « Je suis pas certain de comprendre où tu veux en venir, aux dernières nouvelles le deuxième est toujours dans la nature non ? » Aux dernières nouvelles, oui, mais il se demande soudainement si la communication ne laisserait pas à nouveau à désirer entre eux. C'est bien la conclusion qu'Eddie devra en tirer s'il s'avère que cet heureux dénouement lui a échappé car sans Halston, il n'a aucun moyen de savoir où en est cette histoire. « Sauf si je ne suis pas à jour. » il poursuit en posant sur elle un regard inquisiteur, car les dernières secondes lui font étrangement craindre une discussion qui pourrait ne pas lui plaire. Il redoute même d'en entendre davantage et pour cause, le mauvais pressentiment qu'il tente d'ignorer depuis des jours revient le saisir au ventre sans qu'il ne comprenne encore pourquoi.
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La grossesse était un moment extraordinaire dans la vie d’une femme, mais Halston ne s’en était jamais rendue compte à quel point cela pouvait l’être avant d’être elle-même enceinte. Tout son corps avait été chamboulé, mais les plus gros désagréments n’étaient pas physiques, contrairement à ce qu’elle aurait pu pensé. La brune était devenue plus sensible qu’elle ne l’était déjà, elle arrivait de moins en moins à contrôler ses émotions, il tenait du miracle qu’elle n’ait encore jamais pleuré devant ses collègues et ses clients. Le danseur quant à lui, n’y avait pas échappé, elle était tellement à fleur de peau, que des larmes s’échappaient de ses yeux à la moindre scène un peu trop émouvante qu’elle voyait sur son téléviseur. L’américaine avait également été émue lors des premiers coups reçus par son ventre, qui avaient rendu sa grossesse plus réelle que jamais, plus encore que la première échographie qui trônait sur leur frigo. Elle ne pouvait en partager que des bribes avec lui, qui ne pourrait même pas vivre un quart de ce qu’elle allait traverser durant neuf mois. La future mère ne pouvait pas faire plus fort que de laisser sentir les plus grands mouvements de leur futur enfant, qui auraient certainement été plus magiques si elle avait pu découvrir son ventre, hélas elle ne pouvait pas faire mieux. Elle pourrait peut-être se rattraper plus tard dans la soirée, s’il daignait se manifester de la même façon une fois qu’ils seraient dans l’intimité. Le père se montrait modeste, comme toujours lorsqu’il s’agissait de cinéma, ses ambitions n’avaient jamais grandi à ce niveau et cela lui convenait à présent très bien, puisqu’elle voulait l’avoir le plus souvent possible à ses côtés et non en vadrouille. Il comprenait que la réalisation de son rêve serait une véritable consécration pour son agence et il lui souhaitait d’y parvenir. « Est-ce qu’il existe des récompenses aussi prestigieuses pour les danseurs et les chorégraphes ? » La réponse était certainement affirmative, mais ces prix étaient bien moins connus du grand public que ne pouvaient l’être ceux des oscars. Eddie l’interrogea sur la personne qu’elle verrait bien décrocher ce fameux oscar, elle avait bien évidemment son avis sur la question. « Je mise sur Joaquin, il s’agirait d’une très belle revanche sur la vie pour nous deux. » Il ne l’avait peut-être jamais vu jouer, son nombre de projets s’étant amoindri, il ne devait même pas savoir qu’il était un acteur sur lequel des rumeurs terriblement injustes s’étaient abattus. Elle se reconnaissait en lui, mais la réciproque n’était pas vraie. Cependant elle ne baisserait pas les bras pour autant, elle voulait relever ce défi avec brio même si la barre était terriblement haute. Le danseur nourrissait une ambition bien plus répandue, pour laquelle il ne se faisait pas de soucis. Il pensait aux désagréments qu’un partage de voiture pourrait générer, alors que sa moto serait toujours là pour lui permettre d’aller travailler. Il mentionna le loto comme une solution, elle savait que cela n’était pas sérieux, mais elle était quelque peu dépitée qu’il ne compte que sur lui-même pour s’en sortir. « On s’en sortira avec une seule voiture Eddie et si ce n’est pas le cas, je pourrais t’aider. » Lui répondit elle en saisissant ses mains, pour mieux lui faire avaler la pilule. Il avait beau se révéler moderne sur beaucoup de points, il avait beaucoup de mal à l’être sur le plan financier, elle venait à s’en demander s’il ne cherchait pas encore à prouver qu’il n’était pas avec elle pas pur intérêt, comme si son unique qualité était d’être à l’aise financièrement. Fort heureusement, elle savait qu’il ne s’agissait pas de son seul atout et que ses sentiments en son égard n’étaient pas simulés.
Il n’était pas encore né, que leur enfant était déjà comparé à une tornade, un adjectif fort mais qui ne lui semblait pas exagéré. Les futures nuits sans sommeil ne la rendait pas angoissée, parce qu’elle savait qu’elles seraient temporaires et minimisés grâce au bonheur que lui apporterait ce bébé qu’elle avait tant désiré. « Je suis prête à l’affronter. » Elle pourrait ajouter qu’elle la maîtriserait, mais cela sonnerait peut-être un peu trop présomptueux. Élever un enfant n’était pas quelque chose de facile, elle ne connaissait pas encore toutes les problématiques auxquelles un parent pouvait être confronté, elle commençait à se documenter sur le sujet grâce à ses nouveaux livres, qui avaient détrôné ses romans dans ses priorités de lecture. Elle l’intellectualisait peut-être un peu trop, mais elle voulait absolument éviter de tomber dans les mêmes écueils que ses propres géniteurs, pour cela il n’y avait rien de mieux que d’avoir autant de points de vue que possible et d’en avoir quelques-uns provenant de professionnels. « Trois mois. » Qu’elle répéta après lui, elle n’arrivait pas à croire qu’elle était si proche du terme, qu’elle allait le tenir dans ses bras très prochainement. « C’est court et long à la fois. » Elle ne pouvait pas en dire autant de la poursuite de son dernier malfaiteur, qui elle ne pouvait être classée que dans la seconde catégorie. Un scélérat qui ne pouvait plus nuire, ce que le danseur ne saisira pas instantanément. « Oui il s’agit bien de ceux qui m’ont cambriolés, ils sont tous les deux en prison maintenant. » Elle ne pouvait pas être plus claire et que cela et pourtant, la nouvelle n’avait pas eu l’effet escompté sur son interlocuteur. Il n’arrivait pas à croire à la vraisemblance de son histoire, dont il n’avait pas tous les détails. Elle aurait pourtant parié que Charlie lui en aurait touché un mot, que la blonde en aurait tiré un peu de fierté, parce que son équipe avait réussi à faire triompher la justice et à préserver d’autres personnes. Halston devina un début de mécontentement au travers de ses dernières paroles, elle entrouvrit la bouche sans en sortir aucun son pendant plusieurs secondes, avant de reprendre la parole. « Charlie ne t’en a pas parlé ? » Il fallait qu’elle lui fasse part de sa surprise, parce que de ce qu’elle avait compris des dires du danseur, ils se disaient tout. L’inspectrice avait finalement su se montrer professionnelle, en ne laissant rien fuiter, mais cela ne durerait certainement pas, car elle savait que le brun allait lui demander des comptes. « Diana et moi avons récemment été appelés que nous puissions départager les suspects, il n’a pas réussi à passer à travers les mailles du filet indéfiniment. » Une victoire qui avait été quelque peu différée, à cause du dernier tournage de l’actrice qui l’avait empêché de se rendre rapidement au commissariat. Elles avaient toutes les deux eu l’air de s’être faites désirées, mais cela n’avait aucunement été le cas, contrairement à ce qu’avait pu croire Charlie au tout début. Une croyance qui l’avait poussé à faire l’impensable, elle lui avait fait une confidence qu’elle n’avait faite à personnee, une confidence qui ferait totalement perdre son sang froid à Eddie s’il l’entendait. La joie débordante qu’elle ressentait avant d’avoir mis les pieds dans le restaurant, s’était volatilisée au profit d’un stress grandissant. La directrice de l’agence de stars avait commis des erreurs qu’elle ne pourrait pas effacer, mais elle avait encore l’espoir que cela ne prendrait pas des dimensions gigantesques comme l’année précédente...
I'm sinkin' inside and the mass and lines are broken down tonight. I swallow my pride but we're drowning in the ocean, and it's tearing my heart open. We're high then we're low, first it's yes then it's no, and we're changing like the tides. Yeah, but I want you, I need you and I guarantee you we'll make it out alive. 'Cause I don't wanna fight no more even when the waves get rough.
Le temps où Halston s'évertuait à faire de lui un acteur semble bel et bien révolu et Eddie n'ira pas s'en plaindre, ne s'étant jamais pris de passion pour l'acting et pour tout ce qui pouvait toucher de près ou de loin à celui-ci. Ce n'est tout simplement pas son monde et l'américaine semble l'avoir enfin compris, une acceptation évitant à leur couple des tensions inutiles liées au travail alors que le danseur ne pourrait pas être plus occupé au théâtre que ces derniers temps. Il ne voit pas où il parviendrait à caser des castings dénichés par son agente même s'il le voulait, la préparation de son spectacle lui volant absolument tout son temps et son énergie car son dernier projet est aussi son plus ambitieux jamais entrepris. Pas de quoi améliorer son image de protégé fantôme entre les murs de la Shining Stars Agency, il s'en doute, mais si la danse y était un peu mieux représentée Eddie présume que son nom y serait aussi un peu plus reconnu. Car s'il n'a effectivement pas crevé l'écran et marqué les esprits dans l'unique film à son actif, il peut en revanche se targuer d'être l'un des meilleurs dans son domaine ainsi que l'un des plus titrés. Halston ne se trompe donc pas en présumant que la danse compte elle aussi des récompenses prestigieuses, quand bien même Eddie n'irait pas jusqu'à comparer celles-ci à un oscar. « Bien sûr, ce ne sont pas les prix qui manquent non plus dans notre discipline. Je sais par exemple qu'il existe le Prix de Lausanne pour les danseurs classiques et qu'il est particulièrement convoité. » Un nom qui ne parlera sans doute pas à l'américaine et il ne prétendra pas s'en étonner, le classique n'étant après tout pas non plus son genre de prédilection. À ses yeux le talent d'un artiste ne s'évalue de toute façon pas aux prix qu'il peut rafler, le sien ne dépend par exemple pas des nombreuses coupes et médailles ornant les murs de son studio de danse car ce n'est pas ce joli palmarès qui fait la différence une fois sur une scène. Il reste malgré tout gratifiant d'être salué dans son domaine et Eddie s'intéresse justement à l'acteur qui pourrait selon Halston décrocher le graal des récompenses du cinéma, sans s'attendre toutefois à récolter un prénom qui ne lui parle aucunement. « Un inconnu au bataillon, non, ce Joaquin ? » Il aurait au moins pensé obtenir un nom de famille car en l'état, on ne peut pas dire que ce Joaquin lui éveille grand-chose. Mais il doit s'agir d'un protégé de l'américaine dont elle ne parle simplement jamais, un acteur qui a de toute évidence des choses à prouver et en ce sens, il doit être assez optimiste de faire reposer de pareilles ambitions sur lui. « Je te taquine, tu sais bien que je n'y connais rien et que les autres acteurs de l'agence ne m'intéressent pas vraiment non plus. » Autant l'avouer, ils ne sont pas des concurrents à considérer alors Eddie ne s'attarde pas grandement sur eux, pour ceux qu'il a eu l'occasion de croiser et ils n'étaient pas bien nombreux. Halston suggère après ça qu'un seul véhicule restera suffisant pour deux mais le danseur n'est pas sûr de s'en contenter très longtemps, car s'il passe son permis c'est pour accroitre toujours plus son indépendance et ne dépendre de personne, à l'image des ressources de l'américaine dont il n'espère sûrement pas profiter. « Halston, tu sais que je peux me débrouiller. » Le sujet n'est jamais évident à aborder entre eux, comme en témoigne son regard la fuyant subitement. Eddie ne tenait pas à faire de l'argent un tabou dans leur couple mais tout serait plus simple si Halston le laissait s'arranger avec lui-même sans proposer son aide sous prétexte que ses moyens le lui permettent. Elle finira un jour par donner raison à ceux affirmant que sa compagne l'entretient et Eddie n'aime vraiment pas cette idée consistant à faire de lui un parfait assisté, car l'argent dont elle dispose est bien la dernière raison justifiant qu'il bâtisse tout un avenir à ses côtés.
Prête à affronter les vastes chamboulements qui déferleront prochainement sous le toit, l'américaine l'est certainement bien plus que lui. De son côté Eddie aurait encore du mal à se dire prêt à voir son quotidien changer du tout au tout mais il ne le verbalisera pas ce soir, ne désirant pas que ses doutes puissent peser sur ce diner et sur le bonheur d'Halston. Des doutes concernant ses propres capacités à endosser le rôle qui l'attend et les grandes responsabilités allant avec, l'amenant pour la première fois de sa vie à perdre un peu confiance en lui. Leur enfant n'est même pas encore né que la pression sur ses épaules lui semble déjà immense, une pression qu'Eddie n'a aucun mal à se mettre tout seul et dont il n'a pour l'heure fait part qu'à sa meilleure amie, ne souhaitant pas être porteur de mauvaises ondes susceptibles de déteindre sur Halston. La préserver de cette négativité reste sa priorité et il s'y emploiera durant les trois mois restants, afin de lui assurer une fin de grossesse aussi paisible que possible. Elle le sera un peu moins pour lui mais ce n'est pas important, tout simplement parce qu'il n'est pas celui portant la vie. « On a fait le plus gros du chemin jagi, dis-toi que tout va arriver très vite maintenant. » Il ne serait pas surpris de ne pas voir passer les prochaines semaines et que le temps se mette à filer à une vitesse folle, c'est même tout ce qu'il souhaite pour qu'ils ne s’impatientent pas trop de rencontrer leur petit trésor. Ce dernier trimestre sera le plus symbolique, autant que cette soirée devrait l'être même si sur ce point, Eddie s'avère de moins en moins serein. La dernière insinuation d'Halston le laisse même particulièrement perplexe, il ne sait pas ce qui lui vaut d'entendre à nouveau parler de cambrioleurs mais le sujet s'invitant soudainement à leur table n'augure rien de très bon à ses yeux. Elle lui confirme que les individus en question sont bien ceux qui avaient sévi chez elle et Eddie exerce aussitôt un mouvement de recul pour prendre appui contre le dossier de sa chaise, l'air quelque peu perdu. « C'est une.. bonne nouvelle, je suppose. » Son enthousiasme manque à l'appel et pour cause, ce n'est pas la façon dont il aurait pensé l'apprendre. Halston peut très bien avoir choisi cette soirée pour lui partager la grande nouvelle mais quelque chose lui fait dire que ce n'est pas tout, et que cette information en dissimule potentiellement d'autres. Sa prochaine question lui vaut d'ailleurs de se redresser brusquement puisque de toute évidence, il est encore le seul à ne rien savoir et le dernier que l'on consent à informer. « Charlie ? Qu'est-ce qu'elle vient faire là-dedans ? » Cette histoire ne lui plaisait déjà pas beaucoup avant ça mais apprendre que sa meilleure amie n'est pas étrangère à celle-ci renforce en lui le sentiment d'avoir été proprement évincé. Comment Charlie peut-elle être au courant et pas lui, son compagnon vivant littéralement avec elle ? La question ne peut que s'imposer à ce stade. « Et pourquoi est-ce qu’elle m’aurait parlé d’une chose que tu étais visiblement supposée me dire, au juste ? » Ce n'était sans doute pas à sa meilleure amie de lui en parler la première, quand bien même le fait de la savoir impliquée n'est pas vraiment pour lui plaire. Elle l'a probablement été en tant que policière mais il ose espérer que le secret professionnel n'existe pas en ce qui le concerne, même s'il ne laissera pas l'américaine se dédouaner sur son dos pour une annonce qu'elle et elle seule était manifestement censée lui faire. « C’est quoi cette histoire Halston, je peux savoir pourquoi je ne l’apprends que maintenant ? » Ça recommence, voilà ce qu'il se dit en cherchant déjà une réponse dans le regard de sa compagne. Les cachotteries, les non-dits et cette communication aux abonnés absents entre eux. Eddie prie intérieurement pour ne pas retomber dans les tensions de l'an passé mais il peine à voir en quoi les choses sont vraiment différentes cette fois, alors même que toutes les précisions ne lui ont pas été apportées. « Récemment quand ? » il questionne sèchement, défiant déjà Halston de ne pas aggraver les choses. Il vaudrait mieux qu'il apprenne que cette incarcération a eu lieu hier et sûrement pas avant, car il ne pourrait pas comprendre ce qui l'aurait retenue de lui en parler jusqu'ici. « Je veux savoir quand. » L'insistance dans sa voix prouve que le sujet ne sera pas rapidement écarté car il veut tout savoir, dans les moindre détails. « Tu recommences à faire les choses de ton côté, après tout ce qu’il s’est passé ? » Après leur houleuse discussion sur le sujet et après l'avoir fait douter de sa légitimité en tant que compagnon ? Il ne manquerait plus qu'il ait aussi été exclus de cet évènement-là, comme si son dernier affront en date n'avait pas déjà assez fait trembler leur couple. « Je ne comprends plus rien. » Eddie soupire bruyamment en reposant son verre dans un geste las, fatigué à l'avance par la discussion qui se profile mais déterminé avant tout à tirer cette affaire au clair.
Errors become mistakes when we perceive them and respond to them incorrectly. Mistakes become failures when we continually respond to them incorrectly.
Le prix de danse le plus convoité du pays ne l’était pas par son compagnon, cela ne l’étonnait pas car il n’avait jamais manifesté le souhait de courir de quelconques récompenses. Elle savait que de nombreux acteurs rêvaient plus ou moins en secret d’en obtenir, mais il n’en était peut-être pas de même pour les danseurs. Halston n’en avait que très peu croisé au cours de sa vie, elle n’en connaissait donc pas trop les mentalités, mais elle se doutait que le fait qu’ils soient tous dans un milieu artistique ne faisait pas d’eux des clones. Elle serait même prête à parier qu’ils étaient généralement plus humbles que ses protégés, qui avaient été toujours perçus comme des divas par son père. La brune s’imagina un instant Eddie dans un rôle d’agent de danseurs, il ne ferait certainement pas long feu, elle esquissa un sourire en coin. « Tu penses chercher à décrocher une récompense un jour ? » Le questionna-t-elle dès qu’elle se recentra sur le sujet. Il attendait peut-être d’en recevoir une pour le spectacle sur lequel il travaillait actuellement. Il s’était intéressé à la personne qu’elle verrait réaliser son rêve, il la taquina instantanément en le traitant d’inconnu. Elle aurait pu en rire si elle pensait que l’acteur en question aurait pestiféré en entendant ses propos, mais il y avait de plus grandes chances qu’il y soit totalement indifférent, au vu de son état morose. « Il était bien parti pour voler le titre de Joaquin le plus connu à Joaquin Phoenix, mais une tragédie l’a brisé. » Un drame qu’elle avait trouvé terrible et dont elle ne devait pas saisir toutes les conséquences, même si elle s’était elle-même sentie coupable pour des actes moins graves, dont elle ne lui parlerait pas. Joaquin lui rirait probablement au nez si elle se comparait à lui, en lui parlant des deux hommes accusés d’agressions sexuelles qu’elle avait défendu par le passé. Les yeux verts de la brune étaient devenus presque livides, ils retrouvèrent de l’éclat lorsque son compagnon lui parla de l’aboutissement de son projet. Un projet qui les fera dévier sur le sujet de l’argent, qu’il n’était jamais bon de mettre sur la table. La directrice de l’agence de stars était fatiguée de le voir toujours refuser son aide, à quoi bon gagner autant si elle ne pouvait pas en faire profiter ses proches ? Les apparences étaient plus importantes pour lui que ce qu’il ne consentait à lui avouer. Elle savait qu’il n’était pas avec elle pour son compte bancaire, il n’avait pas besoin de refuser tous les coups de pouce qu’elle lui proposait. Halston avait connu suffisamment d’hommes pour savoir qu’il ne fallait jamais s’attaquer à la virilité, chose dont il était actuellement question dans ce restaurant, dans lequel il s’était engagé à régler la note avant même de la connaître. « Je sais. » Elle sait qu’il est débrouillard, elle sait surtout qu’il est sacrément têtu et qu’elle ferait mieux de ne pas le contredire. Il était honorable qu’il veuille s’en sortir par ses propres moyens, mais elle espérait que le jour où il sera dans le besoin, il sera capable de lui demander de le dépanner, l’entraide dans un couple pouvant aussi être de nature financière.
Le plus gros du chemin était effectivement parcouru, même si celui-ci avait été plus long et périlleux qu’Eddie ne pouvait l’imaginer. Il ne savait pas avec précision depuis combien d’années elle nourrissait le désir d’être mère, ni qu’elle s’apprêtait à essayer de le réaliser juste avant de se séparer de son ex-mari. Tout ceci lui paraissait irréel parfois, elle se demandait si tout allait bien se finir, sa vie n’ayant jamais ressemblé au conte de fées dont elle avait rêvé. Il pouvait se passer tellement de choses en l’espace de trois mois, mais ce n’était pas le moment pour être pessimiste. « Oui, c’est la dernière ligne droite. » Celle où il ne faudra pas se louper, celle où elle finira tôt ou tard par mettre sa carrière en pause. Elle n’avait pas encore choisi la date à laquelle elle s’arrêterait de travailler, mais son ventre de plus en plus lourd n’allait pas tarder à la contraindre de le faire. Halston préféra se concentrer sur le positif, notamment sur une nouvelle qu’elle décida de partager au danseur. Un an s’était écoulé depuis l’intrusion dans son logement, elle s’imaginait donc que ce sujet n’apporterait plus de négativité au sein de leur couple, l’histoire se terminant finalement bien. « Bien sûr que ça l’est, ils ne nuiront plus à personne. » C’était tout ce qu’elle voulait retenir, malgré le flou dont lequel elle avait été plongée durant de nombreux mois. Eddie ne comprenait pas pourquoi elle mentionnait soudainement Charlie, alors que la raison était évidente. Elle avait participé à petite échelle à cette enquête, elle avait peut-être eu le fin mot de l’histoire, elle ne savait pas qui avait interrogé Diana après son passage. Il la questionna de nouveau en démontrant plus de mécontentement. « C’est avec Charlie que j’ai dû reconnaître le coupable. Je ne m’y attendais pas, puisque c’était un homme qui m’avait laissé un message la veille. » Une précision qu’il jugera sûrement inutile, mais la brune n’avait rien manigancé avec la blonde. « Je pensais que vous vous racontiez tout, mais elle est plus professionnelle que je ne me l’imaginais. » Une mauvaise impression qu’elle avait eu à cause de son attitude, qui lui laissait croire que cette affaire était de bien moindre importance que toutes les autres, alors qu’il était tout de même question de la sécurité des habitants et des femmes. « Parce que je ne voulais pas que tu laisses tomber ton boulot pour une chose que je pouvais faire toute seule, tu le fais déjà pour ma grossesse ce que je trouve amplement suffisant. » Elle pensait lui avoir fait une fleur, mais elle voulait surtout se prouver à elle-même qu’elle était plus forte qu’elle ne le paraissait. Il lui demanda d’être plus précise, en lui demandant deux fois quand le criminel fut appréhendé. « Ça remonte à quelques semaines. » Pas de quoi en faire un foin, mais le ton montait déjà, il lui reprochait de retomber dans ses travers. Elle chercha à saisir sa main, avant de se lancer dans des explications. « C’est différent cette fois, jagi. » Un autre homme n’avait pas été mis dans la confidence pendant qu’il était dans l’ignorance, elle ne pensait donc pas avoir lourdement fauté. « Tout va bien maintenant. Le cambriolage c’est de l’histoire ancienne, comme tout ce qui m’est arrivé de mal. » Elle voulait placer cette nouvelle année sous le signe de la positivité. « On va avoir un bébé, j’ai l’homme que j’aime à mes côtés et j’ai obtenu le poste de mes rêves... C’est tout ce qui compte. » Elle mettait volontairement de côté son envie de renouer avec sa famille, auquel il n’adhérera probablement pas. Elle avait encore le temps avant d’en discuter avec lui, elle lui avait déjà parlé de la présence d’Harrison sur le territoire américain, même si elle n’avait joué aucun rôle là-dedans. Halston ne dirait pas qu’elle lui avait pardonné, il avait toujours des excuses à faire à Eddie, mais avant de s’en soucier, elle devait se préoccuper de la façon dont allait terminer cette soirée.
I'm sinkin' inside and the mass and lines are broken down tonight. I swallow my pride but we're drowning in the ocean, and it's tearing my heart open. We're high then we're low, first it's yes then it's no, and we're changing like the tides. Yeah, but I want you, I need you and I guarantee you we'll make it out alive. 'Cause I don't wanna fight no more even when the waves get rough.
La dernière question de sa compagne ne le fait pas un seul instant hésiter et pour cause, Eddie n'a pas la prétention de chercher à décrocher quoi que ce soit. Il est bien plus humble qu'il n'en a l'air derrière cette assurance qu'il a toujours fièrement revendiquée, s'il est vrai qu'il ne doute pas facilement de lui en tant que danseur il n'est en revanche pas attiré par la moindre forme de gloire ou de célébrité, ce que l'américaine partageant sa vie a déjà eu l'occasion de vérifier. Eddie ne dirait donc pas qu'il court après les prix décernés dans sa discipline, aussi réputés soient-ils, car ce n'est avec ce genre d'objectif en tête qu'il veut aborder son métier au risque d'oublier qu'il fait avant tout ça par passion et par amour de la scène. Les artistes obsédés par l'idée d'obtenir des récompenses ne vivent que pour la reconnaissance de leur milieu, au point de perdre parfois tout leur naturel. Il peut être facile de penser que cela s'applique d'avantage aux acteurs puisque ces derniers peuvent aisément surjouer mais les danseurs ne sont pas forcément en reste, du moins pas ceux qu'Eddie a pu côtoyer entre les murs du théâtre ou en dehors. On peut lui reprocher d'avoir agi par opportunisme par le passé mais être ambitieux et prétentieux sont deux choses très différentes, et certains feraient bien de connaître leur valeur selon lui avant de vouloir à tout prix vanter celle-ci. Quand Eddie se prend au sérieux sur une scène c'est avant tout par souci d'excellence et par sévérité envers lui-même car son énergie, le jeune chorégraphe préfère l'investir dans son éternel perfectionnement plutôt que dans la recherche perpétuelle de gratification. Il n'étalera donc pas son palmarès ce soir face à Halston, quand bien même celle-ci semble ignorer qu'il a justement plus d'un prix à son actif. « Non. C'est honorant je ne dis pas, mais je n'ai personnellement pas besoin d'agrandir l'étagère à trophées de mon studio. Ils ne sont pas tous très prestigieux mais ils ne manquent pas pour autant de valeur à mes yeux. » Elle est américaine et elle baigne dans l'univers outrancier du cinéma, deux points l'amenant à penser que ces récompenses gagnées lors de concours ou de plus petites compétitions ne vaudraient pas forcément grand-chose à ses yeux. Ce n'est pas équivalent à la distinction d'un oscar c'est certain mais ces prix reflètent bien son parcours en tant que danseur, et le chemin parcouru depuis la création de son groupe avec lequel Eddie considère avoir véritablement signé ses débuts sur une scène. Il n'a pas besoin de plus mais qui sait, dans quelques temps c'est peut-être en tant que metteur en scène qu'il sera amené à se démarquer sans pour autant viser, là encore, un Green Room Award à tout prix. Eddie n'avance pas non plus avec l'idée de surpasser les plus grands noms de la danse alors la prochaine comparaison effectuée d'Halston ne risque pas de l'impressionner, peu regardant quant au fait que le dénommé Joaquin ne soit pas passé loin d'écraser un célèbre acteur en terme de notoriété. Il y a bien assez de place selon lui pour que deux acteurs du même nom puissent briller mais d'après ce qu'il comprend, un événement fâcheux a finalement mis un terme à la gloire annoncée de son cher protégé. « Quel genre de tragédie ? » il questionne malgré tout avec un brin de curiosité, uniquement pour se figurer de quelle façon les choses ont pu mal tourner pour lui. Eddie ne connait rien de cet homme se retrouvant au beau milieu de leur conversation et il n'est pas certain de vouloir en apprendre beaucoup plus à son sujet, mais Halston semble croire suffisamment en lui pour que le danseur lui accorde à son tour un minimum d'attention. Il préfère même s'attarder sur le fameux Joaquin que d'entendre qu'elle pourra l'aider financièrement au besoin parce qu'il n'a pas besoin qu'on l'entretienne, ce n'est sans doute pas la façon dont sa compagne voit les choses mais c'est ainsi qu'Eddie ne peut s'empêcher de le ressentir. Par fierté et non pas par masculinité mal placée, parce qu'il n'a longtemps pu compter que sur lui-même et que solliciter de l'aide autour de lui serait comme s'avouer en position d'échec. Il ne s'y résoudra pas avant d'avoir épuisé toutes ses ressources personnelles, aussi obstiné puisse-t-il (encore) être sur le sujet – sensible, comme on le devine.
Parmi tous les bonnes nouvelles que l'américaine aurait pu lui partager, Eddie était à des années lumière de s'attendre à voir son cambriolage évoqué comme un problème officiellement résolu. Ses malfaiteurs sont aujourd'hui hors d'état de nuire et c'est effectivement la meilleure issue que l'on pouvait souhaiter compte tenu du profond traumatisme que cette histoire avait causé à Halston, mais le mauvais pressentiment du danseur n'en est pas calmé pour autant alors que subsiste une zone d'ombre qu'Eddie désire par-dessus tout éclaircir. La raison pour laquelle le nom de sa meilleure amie se trouve notamment mêlé à cette histoire et le rôle que cette dernière a pu y jouer, puisqu'il devine que Charlie et sa compagne se sont vues sans qu'aucune d'elles ne l'ait informé de leur rencontre. La policière l'aurait accompagnée dans l'identification du dernier cambrioleur en liberté et Halston n'aurait apparemment pas pu s'y attendre, à l'image d'un Eddie effaré de l'apprendre dans de telles circonstances. Ce n'est pas le genre de chose que l'on cache à son compagnon, encore moins lorsque sa meilleure amie se trouve être comprise dans l'équation et c'est un rire jaune qui transperce la barrière de ses lèvres quand Halston ose s'étonner que Charlie ne lui ai rien dit. « Moi aussi, je pensais qu'on se disait tout. » il reconnaît avec aigreur mais à vrai dire, le reproche est autant valable pour l'une que pour l'autre. Toutes deux se sont bien gardées de lui en parler et Eddie se sentirait facilement trahi par leur silence mutuel, lui que l'on met une fois de plus à l'écart sans l'informer de rien. « Ça a toujours été le cas entre Charlie et moi, contrairement à nous deux. » Ce petit tacle envers l'américaine n'est même pas cher payé compte tenu de sa déception car c'est une vérité qu'Eddie ne cherchera jamais à nier. Il a toujours pu compter sur la transparence de Charlie jusqu'à présent, contrairement à celle d'Halston qui a trop souvent laissé à désirer à son goût depuis leur rencontre. Quant au professionnalisme de sa meilleure amie, il ne cherchera pas à en débattre ici et maintenant, encore moins avec elle. Les yeux du danseur s'arrondissent subitement lorsque l'américaine avoue avoir préféré entreprendre les choses seule, sous prétexte qu'il se décarcasse déjà bien assez depuis quelques mois pour ne pas en plus déserter son travail pour elle. Pourquoi ne pas affirmer aussi qu'elle pensait lui rendre service, tant qu'elle y est ? Ces mots Eddie ne peut évidemment pas les entendre, quand bien même Halston ne semblait pas avoir de mauvaises intentions en l'écartant. « Suffisant ? Arrête un peu, j'agis comme n'importe quel mec devrait agir pendant une grossesse et j'ai certainement pas besoin d'une médaille pour ça. » Son investissement n'a rien d'exceptionnel et si on l'écoute, Eddie prétendrait même aisément qu'il n'en fait pas assez. Il lui tient à cœur d'être le plus présent possible malgré l'organisation de son spectacle lui volant tout son temps et il ne fait aucun doute qu'il aurait tout mis sur pause pour accompagner Halston si elle le lui avait demandé, ce qu’elle n’a pas fait. « Tu peux pas savoir à quel point c'est vexant d'être encore mis de côté. J'aurais voulu être là, tu le sais alors si tu comptais utiliser mon boulot comme excuse, c'est raté. » Il reste en droit de s'absenter quelques heures en cas d'urgence comme n'importe lequel de ses collègues car il a une vie en dehors du théâtre, alors il ne comprend pas qu'Halston n'ait pas au moins tenté de le joindre pour l'en aviser et lui permettre surtout d’être là. C'était après tout son rôle, en théorie du moins car il a déjà cru à tort qu'il pouvait être un confident pour elle quand leur précédent manque de communication a précisément prouvé le contraire. « Plusieurs semaines ?! » il répète en vrillant un regard abasourdi vers elle, autant par l'information qui lui parvient que par l'indifférence avec laquelle l'américaine la laisse entendre. « J'hallucine Halston, tu te fous vraiment du monde. » Il rejette aussitôt la main tentant de s'emparer de la sienne, bien trop secoué pour tolérer le moindre contact physique dans l'immédiat surtout si ce dernier a pour but de l'endormir. Non, ce n'est pas différent à ses yeux à partir du moment où le problème initial demeure le même : cette manie de vouloir faire les choses de son côté, sans jamais lui parler de rien. Ce n'est pas parce qu'un autre homme n'est pas impliqué cette fois que la pilule passera mieux, pas alors que cet épisode le ramène inévitablement un an en arrière lorsque leur couple faisait déjà face à ce genre de crise. « À aucun moment tu t'es dit que ça me concernait aussi ? Que j'étais en droit de le savoir au lieu de l'apprendre après coup, presque par hasard ? » Soutenir son regard s'avère difficile mais Eddie s'y oblige, ne serait-ce que pour s'assurer que sa compagne ne pourra pas fuir cette discussion et les conséquences de son dernier affront. « Que tout simplement ma place était auprès de toi ? Et que si tu devais être confrontée à ton cambrioleur, mon soutien ne serait pas de trop ? » Un soutien dont Eddie ne peut désormais s'empêcher de questionner la valeur puisque l'américaine s'en passe si bien, tout comme elle se passe visiblement très bien de lui. « Non bien sûr, tu n'y as pas pensé puisque cette fois encore, je n'existais pas. Tu as préféré y aller seule plutôt que de m'en parler et ça, tu vois, c'est juste la preuve qu'on ne partage plus rien. » Il se fiche de paraitre dur car à aucun moment ses mots ne dépassent ses pensées, de la même façon qu'Eddie ne prête pas la moindre importance au fait de hausser le ton. Les autres clients n'ont qu'à les dévisager si ça leur chante, il ne reverra pas ses décibels à la baisse pour autant. « Et puis merde Halston, t'es enceinte ! Ça signifie que tu n'es pas libre de prendre tous les risques que tu veux quand tu portes aussi mon enfant, encore moins sans m'en parler. Rappelle-toi de ce que le docteur Lachlan a dit, le stress n'est pas bon pour toi ni pour le bébé. » Il ne peut qu'imaginer que cette dernière épreuve a été angoissante et il lui en veut d'autant plus d'avoir choisi de l'affronter sans lui, quitte à prendre des risques vis-à-vis de sa grossesse. Ce stress ils auraient pu l'endosser à deux, c'est encore une occasion qu'Eddie a perdu d'être présent à ses côtés et c'est assurément l'occasion de trop. Halston prétend que son cambriolage appartient au passé et que tout va désormais pour le mieux, mais ces mots ne risquent vraiment pas de s'appliquer à leur couple où rien ne va justement plus. « L'homme que tu aimes, tu veux dire celui à qui tu ne confies jamais rien ? On parle bien du même, là ? » Elle a une notion bien à elle de l'amour, consistant apparemment à laisser sa moitié dans l'ignorance de faits importants comme si leur première discussion sur le sujet n'avait servi à rien. C'est sûrement même ce qui agace autant le danseur, le fait qu'elle n'ait aucunement appris de ses erreurs et se permette en plus de prendre les choses à la légère comme s'il n'y avait cette fois aucun problème. Le calme revient soudainement à leur table mais Eddie n'est pas décidé à en rester là, comme en témoigne son regard confrontant le sien et le sérieux animant plus que jamais ses traits. « Si tu me caches d'autres choses Halston, c'est le moment de tout dire car je ne supporterai pas d'autres secrets. » Il vaut mieux pour elle qu'il n'apprenne plus rien ensuite, c'est bien ce que ses paroles se chargent d'insinuer car si cette histoire doit en cacher d'autres, il tient à le savoir. Le vin a soudainement mauvais goût et lui laisse une profonde amertume en bouche, à l'image de ce diner que rien ne semble plus pouvoir sauver.
Errors become mistakes when we perceive them and respond to them incorrectly. Mistakes become failures when we continually respond to them incorrectly.
La réponse d’Eddie était en décalage avec son côté compétiteur, mais il avait déjà plusieurs récompenses à son actif et n’irait pas en chercher d’autres. Elle pouvait le comprendre, contrairement à son père qui déplorerait sûrement un manque d’ambition, puisqu’il semblait avoir été un minimum intéressé par son métier de chorégraphe. Henry avait souvent donné plus d’importance à ceux qui tiraient les ficelles qu’aux marionnettes, c’était ainsi qu’il avait l’habitude d’appeler les acteurs et c’était pour cela qu’il ne voyait pas l’intérêt d’être leur agent. Elle ne comprenait pas comment il pouvait se considérer comme un fan de cinéma avec ce genre de raisonnement, mais elle ne cherchait plus à le décrypter depuis longtemps. « Tu as raison, il ne sert à rien d’en avoir trop au point de ne plus savoir quoi en faire. » Il ne s’amusait pas à les montrer au plus de monde possible, sinon il aurait essayé d’en glisser dans leur salon. Elle était pour le coup plus démonstrative que lui, puisqu’elle avait gardé son fameux wall of fame, dont elle ne se lasserait probablement jamais, il lui rappelait chaque jour tout le chemin qu’elle avait parcouru. Il lui remontait le moral lorsque son travail s’avérait difficile, il lui remémorerait qu’il finissait toujours par porter ses fruits. Elle ne pouvait pas en dire autant de l’acteur qu’elle avait mentionné à Eddie, qui lui avait donné envie de se mettre une corde autour de son cou à plus d’une reprise. Cependant, elle restait persuadée que dans le futur il lui aspirera de la fierté et de la joie, lorsqu’elle aura réussi à le remettre sur les bons rails. Halston ne pensait pas que son compagnon chercherait à en savoir plus à son sujet, mais il était agréable de le voir aussi intéressé, même si le sujet n’était pas joyeux. « Il a causé un accident de voiture lors d’un tournage, qui a rendu handicapé son collègue et principal rival, alors les médias ont joué les vautours avant même de savoir s’ils s’en sortiraient... Joaquin n’avait rien prémédité, il n’a toujours compté que sur son talent pour réussir. » C’était ce que Claudia lui racontait, étant donné qu’elle le connaissait bien mieux qu’elle, elle voulait la croire. Un homme bon devait se cacher derrière cette carapace, dans laquelle il se terrait depuis maintenant des années. La directrice de l’agence de stars aurait pu finir comme lui, si Diana ne lui avait pas proposé de refaire sa vie à l’autre bout du monde. Elle pensait donc qu’il lui suffirait d’avoir le bon entourage pour le sortir de là, il n’était pas fini, il était plus âgé qu’elle mais cela ne l’empêchait pas d’avoir encore beaucoup à offrir au public. La brune se donnait un an pour y parvenir, si elle échouait alors elle lui foutrait la paix comme il le lui demandait si gentiment. Elle savait lâcher prise lorsqu’il le fallait, chose qu’elle savait aussi faire avec Eddie, même si le fait qu’il soit son compagnon pourrait l’encourager à se montrer encore plus tenace. Il ne cherchait pas à alimenter la conversation qui pourrait être source de conflits, des tensions qui n’avaient de toute façon rien à faire à cette table, autour de laquelle ils se retrouvaient pour célébrer.
Les tensions étaient pourtant plus que présentes, pour un autre motif, qui ne leur était pas inédit puisqu’il venait d’être déterré de ce qu’elle nommait son cimetière des mauvais souvenirs avec son psychologue. Halston était fautive, c’était elle qui l’avait amené sur cette tombe, dont Charlie avait été la dernière visiteuse malgré elles. Toutes ces métaphores avaient été insérées dans son esprit pour ne pas être complètement dans le déni, parce qu’elle ne pourra jamais avoir l’assurance de ne plus jamais y penser, mais pour qu’elle se dise que si tout trouvait six pieds sous terre cela l’éloignait considérablement de sa personne. Ils l’atteindraient infiniment moins comme ça, une conclusion qu’elle avait tirée elle-même, mais qui s’avérait fausse. Ces événements négatifs pouvaient encore lui faire du mal, ils écorchaient actuellement son couple. Eddie n’éprouvait pas que de la déception envers elle, mais aussi envers la blonde cela lui était pourtant d’aucun réconfort. Il souligna la solidité de sa relation avec celle-ci, dans laquelle ils se disaient tout. Halston détourna son visage, qu’elle baissa légèrement avant de faire un mouvement circulaire avec son menton, pour conserver son calme. L’amitié du danseur et de la policière n’était pas parfaite, il était impossible qu’elle le soit au vu de leurs deux caractères. Aucune relation n’était parfaitement rose, elle devait cesser de la jalouser à cause de son imagination débordante. Elle regagna le regard du danseur, dans lequel elle avait besoin de s’ancrer pour lui présenter ses explications. Des justifications qui sonnaient creuses à ses oreilles, puisqu’Eddie pensait avoir un investissement tout à fait normal et qu’il n’avait pas besoin d’être encensé pour ça. Il marquait des points, mais il était tellement investi dans son spectacle qu’elle n’avait pas voulu le déranger. Le danseur aurait voulu être informé, se rendre au commissariat avec elle, son travail aurait pu être mis de côté. Une réaction qui n’aurait rien d’illogique, au vu de ce qu’il avait pu lui reprocher l’année précédente sur le cambriolage. « Je pourrais te donner toutes les explications du monde, tu ne comprendrais pas pour autant. » Parce qu’il n’avait pas vécu ce qu’elle avait vécu, parce qu’il n’était pas elle. Elle aurait tort, quoiqu’il arrive il était inutile d’épuiser sa salive, elle se fichait du monde. « Tu ne l’as pas su par hasard je comptais t’en pa... » Halston ne l’avait certes pas fait de façon immédiate, mais elle l’avait fait et il valait mieux tard que jamais. Eddie déblatérait seul, elle ne manquait pas une miette de ses paroles incisives. Lorsqu’elle l’entendait parler, elle avait l’impression qu’il ne valait rien dans leur couple, qu’il oubliait tous les bons moments qui les avaient rapprochés. « Bien sûr que j’ai pensé à toi. Je pense toujours à toi, ce n’est pas parce que je n’exige pas ta présence tout le temps que tu ne comptes pas. » Est-ce qu’elle avait aussi pensé au stress que générerait ce passage au commissariat ? Assurément. Était-ce un motif suffisant pour se défiler ? Absolument pas et être accompagnée n’aurait pas effacé l’existence de celui-ci. « Je ne craignais rien là-bas, j’étais dans un endroit sécurisé, ne me parle pas comme si j’avais cherché moi-même à attraper le coupable dans la nature. » Halston n’avait jamais pensé une seule seconde à le rechercher d’elle-même, ce n’était pas son rôle. « Je ne suis pas aussi inconsciente que tu le dis, je ne suis pas une enfant, bordel j’ai l’impression d’être face à Harrison là. » Elle n’avait pas eu l’intention de jurer, le mot s’était échappé tout seul de ses lèvres. Les clients s’interrogeaient après les avoir tous les deux entendu hausser le ton, ce qui ne lui plaisait pas du tout. Il avait rejeté sa tentative d’apaiser les choses, elle n’en fera pas une seconde qui serait vouée à l’échec. Elle ne lui confiait jamais rien, il était dans l’exagération, mais il était vrai qu’elle ne l’avait pas mis dans la confidence pour les épisodes les plus sombres de sa vie. Il exigeait d’elle qu’elle lui dévoile tout, ce qu’elle ne ferait jamais au beau milieu d’un restaurant. Le serveur s’approcha d’eux durant ce court moment d’accalmie et leur servit leurs entrées. « Je suis désolée, je n’ai plus faim et nous devons partir. » L’appétit de la brune avait véritablement été coupé, elle se leva délicatement de sa chaise avant de gagner la sortie du restaurant.
Une fois à l’extérieur, elle respira un bon coup l’air frais et attendit que le danseur ne la rejoigne. Elle savait qu’il ne partirait pas comme un voleur, qu’il allait régler l’addition avant de se planter devant elle pour découvrir le reste. Halston ne pouvait plus garder ses agressions sexuelles pour elle, pas après les avoir dévoilées à Charlie, qui n’allait peut-être plus tarder à lui en parler, puisqu’elle avait qu’Eddie allait lui demander des comptes. Le compagnon de la brune sortit de l’établissement, elle se pinça les lèvres avant de se lancer. « Tu ne sais pas tout, c’est vrai. » Elle ne pouvait pas le contredire là-dessus, mais comment pourrait-il tout savoir sur elle alors qu’ils avaient une relation relativement récente ? Du moins par rapport à son mariage qui avait duré plus longtemps, de son côté à lui elle était peut-être sa plus longue relation, mais comme il ne lui avait pas suffisamment parlé de la femme qui l’avait précédé, elle ne pouvait pas l’affirmer. « Ce n’est pas le seul événement traumatique que j’ai vécu ici en Australie, en réalité il y en a eu deux autres. » Deux autres de la même nature, causés par le même homme, mais elle jugeait utile de les dénombrer. « J’ai été agressée sexuellement par un caméraman, à deux reprises, à plusieurs mois d’intervalle, avant que nous ne soyons ensemble. » Une précision qui était capitale, pour qu’il ne s’imagine pas qu’elle l’avait déjà mis de côté aux prémices de leur couple. « Un barman m’a aidé à m’en sortir la première fois, la deuxième fois je me suis débrouillée toute seule, même si mon ex prétendrait qu’il a joué un rôle majeur dans ma sûreté. Il s’est juste retrouvé là par hasard. » Est-ce qu’elle avait besoin de l’expliquer plus longuement, alors que le métier de son agresseur justifiait qu’il baignait dans le même milieu qu’eux ? « Je n’ai jamais aimé être considérée comme une demoiselle en détresse, ni être résumée à mes relations masculines, sans lesquelles on prétendait que je ne serai rien. » Elle avait été jugée incapable d’innombrables choses, notamment de ne pas réussir à exister sans elle. Elle avait été considérée incapable de se défendre sans son aîné durant ses jeunes années, puis comme une personne à un poste d’importance uniquement grâce à papa, avant d’être la femme de la coqueluche de ces dames. « J’ai besoin de me prouver que je peux m’en sortir par mes propres moyens, j’ai trente-sept putains d’années Eddie. » Elle n’était plus une adolescente ni une jeune femme, mais une adulte à l’âge avancé. « Je veux être forte, je ne veux plus être une chose fragile. » Dit-elle avec conviction. « Tu me vois peut-être comme ça, mais je ne le suis pas. Je gère mon agence, je vais avoir un bébé, je tiens tête à mon frère et à mes parents, j’ai ENFIN l’impression de contrôler ma putain de vie. » Tous ces accomplissements représentaient beaucoup pour elle, elle n’était plus la femme perdue qu’elle était en débarquant ici, elle était devenue quelqu’un d’accompli. « Et tu m’en veux pour ça ? » Qu’elle lui demanda sérieusement.
I'm sinkin' inside and the mass and lines are broken down tonight. I swallow my pride but we're drowning in the ocean, and it's tearing my heart open. We're high then we're low, first it's yes then it's no, and we're changing like the tides. Yeah, but I want you, I need you and I guarantee you we'll make it out alive. 'Cause I don't wanna fight no more even when the waves get rough.
Le sujet des récompenses mis de côté et ses ambitions à présent clarifiées, Eddie laisse sa curiosité dériver sur le cas du fameux protégé de l'américaine dont la carrière aurait connu un sacré contrecoup. Il ignore encore de quel type et même s'il n'est pas particulièrement friand du fait de ramener son travail d'agente jusque dans leur vie privée, Halston en a trop dit pour ne pas lui en apprendre davantage sur le dénommé Joaquin et sur la tragédie que ce dernier aurait traversé. Un accident sur un tournage que l'intéressé aurait lui-même causé et un rival qu'il aurait malgré lui évincé, en entendant ça Eddie ne peut qu'imaginer le tollé que cette histoire a suscité du côté des médias surtout si l'acteur était à l'origine bien parti pour briller dans son domaine. C'est le genre de destin brisé que l'on rencontre parfois et qui ne connait bien souvent pas de fin heureuse, quand bien même Halston semble croire que son protégé n'est pas un cas perdu. Le danseur a un peu plus de mal à y croire de son côté mais il ne connait pas personnellement le concerné, simplement il ne doit pas être évident de regagner la confiance d'un tel milieu après l'avoir perdue tout comme il doit être ardu de bénéficier d'une seconde chance quand les jeunes talents prêts à éclore ne manquent pas à côté. Ce n'est pas si différent de son monde à lui et des danseurs blessés qui ne revoient jamais la couleur du devant de la scène car la concurrence est rude, et une place perdue profitera toujours à quelqu'un d'autre. « C’est malheureux pour lui mais je doute que son talent lui soit encore très utile s'il est grillé dans le milieu. » C'est avec toute l'honnêteté qui le caractérise qu'Eddie le laisse entendre, pas connu pour s'encombrer de mille et un détours quand il peut exprimer simplement son opinion sur les choses. Peut-être qu'il se trompe et que ce Joaquin a encore quelques ressources à faire valoir ainsi qu'une motivation à toute épreuve pour retrouver le chemin des plateaux de tournage, mais la façon dont Halston en parle n'indique pas franchement le retour imminent de son heure de gloire. Il n'a cependant aucune raison d'enterrer cet homme avant l'heure, car quelque chose lui fait dire que ce Joaquin y parvient très bien tout seul. « Et tu lui prédis malgré tout un oscar dans les douze prochains mois, ma foi on ne pourra pas te reprocher de manquer d'optimisme jagi. » Il le souligne cette fois dans un sourire loin d'être moqueur car Halston l'attendrirait presque quand elle prend le cas de ses protégés autant à cœur. Tant que son investissement pour ces derniers n'outrepasse pas certaines limites il n'a rien à redire mais si l'américaine s'obstinait à faire de nouveau briller l'acteur déchu par tous les moyens au point de friser l'obsession, il n'aurait aucun scrupule à lui rappeler qu'elle ne pourra pas sauver tout le monde.
L'ambiance à leur table, elle, ne semble en revanche plus pouvoir être sauvée alors qu'un fossé se creuse toujours plus dangereusement entre l'agente et le danseur. Il ne s'attardera pas davantage sur sa relation avec Charlie et sur la communication qui n'a jamais laissé à désirer avec celle-ci, mais la comparaison est malgré tout posée là dans l'espoir de la faire réagir. Eddie n'aurait pas pris l'initiative de mentionner lui-même sa meilleure amie si Halston ne l'avait pas fait la première, et même si l'américaine a tenté de lui faire porter le chapeau un peu plus tôt ce n'était définitivement pas à Charlie de le mettre à jour sur la récente capture de son cambrioleur. C'est à elle et elle seule d'assumer son silence des dernières semaines et le fait de l'avoir privé d'une telle nouvelle, pour la simple et bonne raison qu'Halston est la femme partageant sa vie ainsi que la mère de son futur enfant. Cette proximité est bien censée signifier quelque chose et pourtant, Eddie s'interroge sur le sens à accorder à celle-ci quand il constate qu'Halston parvient encore à l'écarter des grands évènements de sa vie comme si faire appel à lui ou solliciter son oreille attentive n'avait encore rien de naturel. Il n'est toujours pas un confident vers lequel l'agente entreprend de se tourner, pas plus que sa présence n'est apparemment nécessaire quand Halston se retrouve face à ses plus grands traumatismes. Elle prétend penser à lui malgré tout et le considérer quand elle ne l'informe pourtant de rien, des mots qui ne trouvent pas le moindre écho chez le danseur car ils ne prouvent strictement rien. « Ce n'est pas seulement une question de présence, si tu m'en avais parlé le soir-même je n'en aurais pas fait toute une histoire. Et tu sais pourquoi ? Parce que l'apprendre après plusieurs semaines est vraiment pire que tout. » C'est bien ce qu'il ne digère pas dans toute cette histoire, alors que les occasions de lui en parler ont certainement été nombreuses entre le jour de sa convocation au commissariat et ce soir. Qu'est-ce qui l'a empêchée de lui en toucher un mot plus tôt au juste ? Oh, qu'elle ne s'avise surtout pas de prétendre qu'elle conservait la grande nouvelle pour pouvoir la célébrer à l'occasion de la nouvelle année car Eddie n'en croirait pas un traitre mot, bien trop certain que l'américaine a surtout repoussé le moment autant qu'elle a pu. Elle n'avait pas hâte de lui en parler voilà tout, sinon elle l'aurait fait dès le départ et n'aurait pas attendu qu'une perche lui soit enfin tendue pour ça. Ce n'est après tout pas la première fois qu'Halston tarde à l'informer au point de négliger le compagnon qu'il peut être et l'écoute qu'il désespère à force de lui offrir, comme en témoigne le regard assombri que le danseur reporte sur elle. « Ne m'oblige pas à remettre un certain sujet sur la table Halston, tu sais que je n'ai pas oublié. » Il n'a pas pardonné non plus en vérité, pas alors que l'ombre de Jenson plane encore lourdement sur leur couple et ne semble pas près d'être dissipée. Eddie ignore toujours dans quelles circonstances l'américaine a finalement décidé de s'en éloigner mais elle ne l'aurait pas fait si la présence du médecin dans sa vie n'avait pas donné lieu à de vives tensions entre eux, le danseur en est au fond de lui convaincu. Elle continuerait même sans doute de le voir en secret, et cette idée ne manque pas de lui tordre le bide. Le commissariat est selon elle un lieu sûr où elle n'encourait pas le moindre danger et Eddie n'ira pas dire le contraire, car ce n'est pas ce qu'il sous-entend en soulignant les risques qu'elle a pu prendre. « Je te parle du stress que tu t'infliges en voulant à tout prix gérer les choses seule car oui, c'est une double pression que tu te mets. C'est ridicule, imprudent et je saurai qui blâmer si tes prochains examens ne sont pas bons. » Il ne pourrait pas être plus sérieux à cet instant alors que sa voix trahit aussi une inquiétude grandissante, autant vis-à-vis d'elle que vis-à-vis du bébé. Eddie n'a pas la prétention de la traiter comme une enfant, simplement comme quelqu'un d'extrêmement têtu et inconscient, peu importe la façon dont elle préfère de son côté se voir. Elle n'en reste pas moins une femme confrontée à une grossesse à risques et pour cette raison, le danseur estime être en droit de lui faire la leçon. Ses prochains mots ont par ailleurs tout pour lui déplaire, à l'image du froncement de sourcils significatif animant aussitôt son regard. « Laisse ton frère en dehors de ça et surtout, évite de me comparer à lui. » Ce n'est vraiment pas un compliment à lui faire, il appréciera donc qu'elle s'abstienne à l'avenir de les mettre dans le même panier. Difficile après ça de croire à l'amour qu'elle prétend lui porter quand elle ne cesse de le faire douter de son importance à ses côtés, cet affront n'est malheureusement pas le premier et pour cette raison, Eddie tient à savoir s'il doit encore s'attendre à ce qu'elle lui cache des choses. Il n'en serait pas franchement surpris après tout ça mais de toute évidence, si Halston a d'autres révélations à lui faire ces dernières n'auront pas lieu ici. « Maintenant ? » il questionne d'un air déconcerté alors qu'elle précipite sans attendre la fin de leur repas tout juste entamé. Eddie a lui aussi perdu son appétit mais il ne comprend pas pour autant ce qui motive Halston à partir si vite, lui laissant tout juste le temps d'aller régler leur repas ou plutôt le peu qu'ils ont finalement consommé. Un verre de vin en ce qui le concerne, et en y repensant c'est plutôt une bouteille entière qui aurait été nécessaire.
Eddie se traine après ça d'un pas lent à l'extérieur, son attitude trahissant à elle seule sa confusion quant au fait qu'Halston ait eu besoin de quitter précipitamment les lieux pour se sentir plus libre de lui dévoiler la suite. Ce n'est visiblement pas le genre de choses que l'on apprend à quelqu'un au beau milieu d'un restaurant et ce n'est pas tellement censé le rassurer, il s'en doute. « Très bien, je t'écoute. » Il ne sait pas tout, c'est elle-même qui consent à l'avouer et c'est une preuve de plus qu'Halston avait jusqu'ici plus d'un secret pour lui. Saura-t-il vraiment tout ce soir ou gardera-t-elle des épisodes à lui révéler pour plus tard, le danseur se pose légitimement la question mais ses interrogations sont bien vite terrassées par les soudaines confessions de l'américaine. Deux autres traumatismes dont il ne serait pas informé, c'est ainsi qu'elle commence par lui présenter les choses avant de poser des mots insupportables sur le reste. Il devient brusquement question d'agressions de nature sexuelle commises par un seul et même homme et cela à deux reprises, un homme dont Eddie n'avait encore jamais entendu parler au même titre que l'existence même de ces deux épisodes. Il se fiche pour le coup de savoir qui est intervenu pour lui venir en aide, ce n'est pas ce qu'il risque de retenir car ces informations ne pèsent pas bien lourd à côté de l'ouragan qu'Eddie vient de se prendre en pleine figure. Elle a été attouchée, peut-être même plus encore, et le simple fait d'y penser lui déchire le ventre et le cœur. « Dis-moi que ce n'est pas vrai. » il l'implore d'un regard affligé et d'une voix douloureuse tandis qu'un horrible frisson le parcourt. « Dis-moi que tu ne m'as pas caché ça aussi. » Qu'elle n'a pas gardé ça pour elle durant tout ce temps surtout, car il y a sans doute des choses qu'Eddie aurait choisi de faire différemment s'il avait su. Dans leur intimité bien sûr, le temps d'un instant il craint même d'avoir pu paraitre brusque quand il n'avait aucune intention de l'être mais Halston n'a jamais laissé paraître quoi que ce soit, rien qui aurait pu l'aiguiller sur ses agressions subies. « Je dois donc te supplier de me confier des choses maintenant ? J'ai l'impression de t'arracher des aveux et je déteste vraiment ça. » Il n'arrive pas à croire qu'ils en soient arrivés là et qu'Halston ait toujours autant de mal à lui parler de ses tourments, car c'est possiblement une autre chose qu'Eddie n'aurait pas su de si tôt s'il n'avait pas lourdement insisté dans ce sens. Il n'est pas fier d'avoir forcé ces dernières confidences, bien au contraire, mais il ne reviendrait pour rien au monde dans son ignorance. « Tu as porté plainte contre cet enfoiré, au moins, rassure-moi ? » Il ne pourra accepter qu'une seule réponse ici et Halston n'a pas intérêt à lui mentir, car il ne faudrait pas grand-chose pour qu'Eddie décide d'en faire une affaire personnelle. Un soupir passe après ça la barrière de ses lèvres car à aucun moment il n'a considéré l'américaine comme une demoiselle en détresse, pas même le jour de son cambriolage où le danseur a de toute façon bien conscience de n'avoir servi à rien. Personne ici ne la réduira à quoi que ce soit, ce n'est pas demain la veille qu'Eddie entreprendra de la ranger dans une case alors si elle doit prouver des choses à quelqu'un, ce n'est certainement pas à lui. Halston tenait à reprendre le dessus par ses propres moyens, c'est apparemment une revanche qu'elle avait à cœur de prendre sur son passé et même s'il en comprend le fond, il n'est pas pour autant d'accord avec tout ce qu'il entend. « Je t'en veux de garder ce genre de choses pour toi, surtout quand elles pèsent aussi lourd, la nuance est là. » Une nuance qui a son importance ici, quand bien même Halston choisira peut-être de ne pas la voir. « Et même si tu ne veux pas l'entendre, oui, je te trouve inconsciente d'affronter ça toute seule alors que te reposer sur moi de temps en temps ne te rendrait pas moins forte. Si c'est le genre d'idée que tes parents t'ont mis en tête, laisse-moi te dire que c'est une belle connerie. » Il ne la verra jamais comme une chose fragile, à cet instant c'est la même la dernière chose qu'Eddie peut penser d'elle alors qu'il connait bien peu de femmes aussi fortes que l'américaine. « C'est bien beau d'avoir le contrôle Halston, mais demande-toi plutôt à quel prix tu l'as obtenu. Regarde-nous, regarde où on en est. C'est vraiment ça que tu veux ? » Leur couple va mal, c'est bien ce que tout ça tend finalement à montrer et Eddie en est le premier dépité. Son regard peine désormais à rencontrer le sien, préférant s'égarer autour d'eux pendant que ses pas s'alignent eux aussi sans but d'un bout à l'autre du trottoir. « Je suis écœuré là en fait. Ce n'est pas la soirée que j'imaginais passer en t'invitant ici, et pas la façon dont j'espérais commencer l'année non plus. » Rien ne s'est déroulé comme il l'avait prévu et Eddie ne sait plus très bien quoi attendre de 2023 si les choses sont amenées à si mal débuter pour eux. L'espoir est encore permis grâce à leur enfant mais il mentirait s'il disait que tout ça le rassure beaucoup pour la suite et pour les derniers mois les séparant de sa venue au monde, censée avoir lieu dans un foyer uni et heureux – deux mots lui paraissant tristement étrangers ce soir.
Errors become mistakes when we perceive them and respond to them incorrectly. Mistakes become failures when we continually respond to them incorrectly.
Grillé dans le milieu, elle connaissait plus que bien cette expression, puisqu’on l’avait utilisé à plus d’une reprise pour parler d’elle. Elle n’aimait donc pas l’entendre, elle n’aimait pas qu’on enterre si vite ceux qui ne le méritaient pas tout court. Le passé de la directrice de l’agence de stars n’était pas autant derrière elle qu’elle ne le clamait, c’était celui-ci qui la poussait à s’occuper des « cas perdus » avec autant de hargne. Elle avait toujours aimé les jolies histoires, celles qui se terminaient bien malgré de nombreux ouragans étaient encore plus belles et puissantes que les autres à ses yeux. Halston n’était pas devenue une agente pour gérer uniquement des situations faciles, elle avait connu suffisamment de célébrités avant de se lancer dans ce métier, pour savoir que celui-ci ne serait pas composé que de paillettes. Le danseur se rattrapa en constatant qu’elle ne manquait pas d’optimisme, l’espoir était un moteur sans lequel elle n’aurait pas pu survivre dans ce milieu. « Peut-être qu’on le surnommera Le Phoenix grâce à moi, un jour. » Le parallèle avec l’acteur portant le même prénom était une boutade dont elle n’avait pas pu se priver. Elle adorait se référer à cet oiseau mythique bien qu’imaginaire, elle aurait pu rester à l’état de cendres après la chute de l’empire hôtelier et de celle de son mariage, mais elle avait toujours fini par se relever. Les possibilités de se réinventer dans ce monde étaient multiples, elle n’avait véritablement changé de voie qu’une fois, mais elle ne le regrettait pas le moins du monde. Persister dans sa passion l’avait maintenu en vie et lui avait permis de rencontrer le père de son futur enfant. « D’ailleurs si c’était mon genre de me tatouer j’aurais probablement opté pour cette créature. » Cette réflexion ne devrait pas déplaire à son interlocuteur, qui se permettait bien plus de libertés avec son apparence qu’elle. Il devait se douter que cela ne restera qu’une idée, l’excentricité et elle étant loin de ne faire qu’un, même si son couple pouvait laisser penser le contraire. Elle se voyait encore comme une femme bien ordonnée et elle voulait conserver cette image, qui allait de pair avec son poste actuel. Une apparence qui avait commencé à s’émietter à partir du moment où elle avait annoncé sa grossesse, ce qui avait sonné comme une mauvaise blague pour certains de ses collaborateurs. Halston avait préféré passer au-dessus de ces propos désagréables en faisant la sourde oreille, mais ce n’était pas la seule chose qu’elle avait pris à la légère. La brune avait minimisé l’importance de tenir son compagnon au courant de ce qu’il se passait dans sa vie en temps et en heures. Elle avait probablement préservé cette mauvaise habitude qui avait vu le jour pendant ses années de mariage, durant lesquelles elle s’était souvent retrouvée loin de son époux, les informations différées avaient donc été monnaie courante. La directrice de l’agence de stars ne s’était jamais retrouvée à des milliers de kilomètres de son protégé et pourtant, cela ne l’avait jamais rendue prédisposée à tout lui raconter. Elle aurait pu éviter cette dispute si elle lui en avait parlé le jour même, c’était ce qu’il voulait lui faire croire, mais elle parierait plutôt sur l’inverse. Il n’aurait pas mieux digérer qu’elle se passe de lui à l’époque, c’était justement d’en être consciente qui l’avait poussé à ne pas l’ébruiter trop vite. Il avait beau sous-entendre que les occasions de lui en parler avaient été multiples, aucune d’entre elles n’étaient idéales à ses yeux. Eddie était à deux doigts de lui reparler de Jenson, elle n’arrivait pas à croire qu’il était encore aussi rancunier à ce sujet. « Pourquoi tu veux remuer ces souvenirs là ? » Halston lui avait pourtant fait preuve d’obéissance, elle avait rayé le chirurgien de sa vie, mais cela ne lui avait pas suffit. Les sourcils de la brune s’étaient froncés, elle n’avait pas oublié qu’elle n’avait pas été la seule à avoir commis un affront. « Ne te fais pas passer pour blanc comme neige, revoir ton ex en secret n’était pas plus glorieux. » Il lui avait rendu visite après s’être refait une beauté chez le coiffeur et cela ne lui avait jamais paru anodin, il avait sûrement cherché à la surprendre, à voir s’il lui faisait encore de l’effet ce jour-là et cela l’avait rendu folle. Les contextes étaient différents, les confidences faites dans l’ombre au blond avaient pu paraître louches, mais elle n’avait pas eu la moindre intention sournoise elle. Si Eddie allait jusqu’au bout de sa menace en remettant ce sujet sur la table, il n’en ressortirait pas gagnant, en réalité ils en ressortiraient tous les deux perdants à coup sûr, mais elle refusait de se laisser faire. Ils feraient mieux de se concentrer sur le présent, parce que c’était ce qui importait vraiment à cet instant. Il ne manquera pas de lui rappeler que le futur était tout aussi important, qu’elle pourrait être tenue coupable de mauvais examens à l’avenir. Elle ravala sa salive dès qu’il prononça ces mots. « Ne porte pas malheur au bébé, il se porte bien. »Il se portait bien aux dernières nouvelles, elle ne voulait pas croire qu’elle avait impacté négativement sa grossesse. Elle représentait une lourde responsabilité qu’elle était la seule à porter, ce qui la rendait aussi bien fière qu’effrayée, une peur qu’elle essayait d’enfouir en mettant de côté la possibilité qu’elle puisse mal se terminer. Halston fut amenée à faire l’une des pires comparaisons possibles, qui ne manquera pas de piquer son interlocuteur. Le regard de la brune se noircit, être ramenée aux heures où on lui dictait comment elle devait se comporter lui était insupportable. « Be different, then. » Elle consentira à laisser son frère en dehors de ça si et seulement si il arrêtait d’avoir une attitude similaire. Néanmoins, elle accepta d’accéder à sa dernière demande sans le lui dire de façon explicite. Il en fut décontenancé, elle se contentera de se tourner brièvement vers lui et de lui répondre à travers ses yeux.
Halston ne pouvait plus se murer dans le silence, elle n’avait plus d’excuses pour ça maintenant qu’elle s’était éloignée de ce restaurant et des oreilles indiscrètes de ses clients. Eddie était plus que disposé à l’écouter, parce qu’il n’avait pas la moindre idée ce qu’elle avait pu vivre avant ce cambriolage. Il s’agissait de son secret le mieux gardé, elle n’y avait jamais fait une seule allusion et le fait de ne pas fréquenter régulièrement ses deux témoins, l’avaient aidé à ne plus trop y songer. Le danseur ne voulait pas y croire, elle n’avait rien inventé. « Je... me suis sentie fautive un moment. » Parce qu’elle avait laissé une chance à cet homme, parce qu’elle aurait dû flairer que ce n’était pas un chic type, pour d’autres raisons qu’elle allait à présent lui donner. « Comme si le karma avait cherché à me faire payer mes erreurs, d’avoir soutenu des personnes qui ne le méritaient pas... » Dit-elle en croisant ses bras avant de laisser ses mains se mouvoir sur eux, pour s’auto-assurer qu’elle ne le méritait pas. « Comme si je ne m’en étais pas assez voulue de ne pas avoir été une alliée pour toutes ces femmes. » Il savait où il voulait en venir puisqu’il savait quel impact le mouvement MeToo avait eu sur sa vie. Elle détourna son visage, honteuse que le destin ait décidé de lui faire connaître le même sort que ces victimes. La colère s’était dissipée pour laisser place à la tristesse, qui fut accentuée par les propos du père de son futur enfant. Halston chercha à contenir ses larmes, mais sa voix la trahit instantanément. « No... non. Je ne veux pas que ça se passe comme ça entre nous. J-j’ai... juste des blocages que je ne saurai expliquer. » La brune n’avait pas réponse à tout, elle savait que cela ne lui plairait pas, mais elle ne pouvait pas lui mentir. Elle fut interpellée par sa prochaine question, dont la réponse n’avait pas parue assez évidente à Eddie pour qu’il n’évite de la poser. La directrice de l’agence de stars le regarda droit dans les yeux. « Bien sûr que j’ai porté plainte, il était hors de question qu’il puisse s’en sortir comme ça. » Il n’était pas derrière les barreaux, mais il n’exerçait plus le travail de caméraman et elle avait obtenu une ordonnance restrictive. L’agresseur de la brune ne méritait pas d’être en liberté, elle espérait qu’il avait au moins cesser de nuire aux femmes. « Je m’en serais tellement voulue s’il avait pu aller plus loin avec d’autres victimes. Je m’en suis plutôt bien tirée malgré tout. » Elle soupira de soulagement, cette histoire aurait pu se teinter de davantage de noirceur si elle s’était déroulée dans des endroits privés. Si elle avait bien retenu une chose de tous les témoignages qu’elle avait entendu, c’était bien qu’il ne fallait jamais accepter de rejoindre un homme très tôt chez lui ou dans un hôtel. Halston lui confia l’un de ses plus grands désirs, qui était celui d’avoir le contrôle qui lui avait tant manqué pendant de nombreuses années. Eddie devina aisément que cette idée avait été ancrée dans sa tête à cause de son éducation, dont elle n’avait jamais réussi à se défaire totalement. La brune était dégoûtée d’avoir cette sensation que ses parents avaient encore beaucoup d’influence sur elle, finalement. Le père de son futur enfant la confronta à ce qu’ils étaient devenus à cause de celle-ci en lui demandant si c’était ce qu’elle voulait. « Non, ça ne ressemble en rien à ce que je veux. Je veux que nous soyons heureux. » Elle avait appuyé sur ce pronom pour bien lui signifier qu’être la seule à être épanouie dans leur relation ne rimerait à rien pour elle. « Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais non plus. » Elle voulait que ce mois de janvier débute mieux que le précédent, mais encore une fois la nouvelle année ne commençait pas sur de bons augures. « On ferait peut-être mieux de rentrer. » À quoi bon rester sur ce bout de pelouse en pleine nuit ? Ils n’allaient pas régler leurs différends en restant indéfiniment plantés là. Retourner chez eux ne lui apporterait qu’un maigre réconfort, mais elle était prête à se raccrocher à n’importe quoi pour remonter ne serait-ce qu’un peu la pente.
I'm sinkin' inside and the mass and lines are broken down tonight. I swallow my pride but we're drowning in the ocean, and it's tearing my heart open. We're high then we're low, first it's yes then it's no, and we're changing like the tides. Yeah, but I want you, I need you and I guarantee you we'll make it out alive. 'Cause I don't wanna fight no more even when the waves get rough.
Le phœnix n'a peut-être pas anéanti toutes ses chances de briller à nouveau dans son milieu, une éventualité contre laquelle Eddie ne s'amusera pas à aller alors qu'il ne connait pas assez le monde du cinéma et les aptitudes du concerné pour pouvoir personnellement en juger. Il se contente donc de faire confiance à Halston là-dessus, conscient que ce sera effectivement grâce à elle si le fameux Joaquin parvient un jour à renaitre de ses cendres car il ne pourra pas retrouver le prestige autrefois associé à son nom sans l'intervention d'une bonne agente prenant son cas très au sérieux. Elle n'est pas reconnue pour rien dans sa profession, ses protégés peuvent se targuer d'être très bien accompagnés et Eddie le premier, alors il n'a rien à ajouter ou juste que ce Joaquin a beaucoup de chance que quelqu'un soit encore disposé à croire en lui. Ce n'est pas donné à tous les artistes sur qui le sort s'est acharné, mieux vaut donc pour l'acteur qu'il y mette lui aussi de la bonne volonté et se donne les moyens d'honorer les grandes ambitions de l'américaine. Le danseur sait mieux que personne qu'Halston peut parfois voir très grand pour eux, elle était après tout bien décidée à le lancer comme acteur et il n'a pas été simple de la faire renoncer aux projets qu'elle pouvait avoir pour lui. Ses traits s'animent d'un regard étonné quand l'américaine laisse entendre qu'un phœnix serait aussi son premier choix de tatouage si cela lui ressemblait, et il a en effet le plus grand mal à l'imaginer franchir le pas quand bien même cette idée ne serait pas pour lui déplaire. « Tu en apprécies la symbolique je suppose. » il note dans un fin sourire car pour quelle autre raison songerait-elle à un phœnix si ce n'est pour son pouvoir de résurrection. Il ne nie pas que ce symbole lui correspond bien et si Halston venait à envisager sérieusement l'idée de se faire tatouer un jour, ce n'est pas Eddie qui l'en dissuaderait. « J'avoue que je n'ai jamais réfléchi à la question de mon côté. » Il n'a même jamais effleuré l'idée tout court de faire marquer sa peau à l'encre indélébile, et ignore donc pour quel symbole il opterait si la question venait tôt ou tard à se poser. La naissance de leur enfant sera peut-être pour le danseur une source d'inspiration insoupçonnée, Eddie ne ferme la porte à aucune nouveauté au niveau de son apparence même s'il n'a pas touché à celle-ci depuis des mois, délaissant ses éternelles colorations au profit d'un spectacle ne lui laissant même plus le temps de malmener ses cheveux comme il se doit. Du temps, pourtant, Eddie estime ne jamais en manquer quand il s'agit d'être à l'écoute de sa compagne et apprendre qu'Halston a une nouvelle fois choisi de le tenir à l'écart d'évènements survenus dans sa vie ne peut que le faire douter de la complicité qu'ils étaient censés avoir pleinement retrouvée. Elle ne lui parle encore de rien, ou seulement bien trop tard alors qu'il attendait comme elle que ses cambrioleurs soient arrêtés. A-t-elle oublié que le danseur a orienté leur déménagement vers Spring Hill pour qu'elle soit au plus près d'un commissariat et se sente ainsi en sécurité ? Ce n'était certes pas l'unique raison pour laquelle Eddie a opté pour ce quartier mais c'était bien la première, il pensait avoir prouvé son intérêt pour cette affaire ainsi que pour son bien-être mais il n'est pourtant pas la personne à qui Halston s'est empressée d'en parler – le fait qu'elle n'en ait possiblement parlé à personne n'y change d'ailleurs rien, car il estime avant tout que ce genre de nouvelle ne devrait pas lui parvenir après plusieurs semaines quand elle s'accompagne pour elle d'un stress évident. Et puisqu’un affront en remue inévitablement un autre, Eddie se risque à lui rappeler qu'elle l'a déjà exclus de cette manière même si la première fois, c'était pour mieux se confier à un autre dans son dos. Il ne fait que démontrer son incapacité à tourner la page malgré les mois écoulés et leur pseudo réconciliation sur l'oreiller, et le danseur n'est pas fier de laisser sa rancœur ressurgir tout comme il déteste le fait que cette histoire puisse encore le faire souffrir. « Parce que ça me reste en travers de la gorge, même un an après. » il admet alors que cette gorge qu'il mentionne devient douloureuse, tandis que son regard soutient tout aussi difficilement le tien. Un rire jaune transperce toutefois la barrière de ses lèvres lorsqu'elle n'hésite pas à comparer ses retrouvailles avec Alexis et ses propres cachotteries avec Jenson, que le danseur a pour sa part toujours autant de mal à mettre dans le même panier. Et pour cause, il y a bien longtemps que l'attirance pour sa première petite amie appartient au passé. « Je vois que tu considères toujours que nos deux situations se valent, comme si j'avais avoué que mon ex me plaisait encore. Ce que toi tu as fait avec ton satané médecin, je te rappelle. » Il n’est pas déplaisant à regarder, c'est elle-même qui l'a avoué devant un Eddie médusé à l'époque et ces mots ne sont pas près d'être oubliés eux non plus. Il ne sait pas s'il aurait préféré qu'elle lui mente ou qu'elle se contente d'esquiver sa question mais cette confirmation était la pire à lui donner, de quoi garantir que le nom de Jenson ne serait pas facilement laissé derrière eux malgré sa disparition de la vie de l'américaine. Eddie redoute aussi que le stress récemment enduré par sa compagne ne mette leur enfant en danger car c'était bien la dernière chose préconisée pour une grossesse comme la sienne, comportant des risques qui leur ont déjà été présentés. Sa réponse le fait aussitôt rouler des yeux car pour peu, elle lui reprocherait presque de penser au pire comme s'il n'était pas précisément en droit de s'inquièter. « Bien sûr, oui, c'est moi qui lui porterai malheur s'il arrive quoi que ce soit. » Il est vrai que leur enfant se porte bien d'après les derniers examens effectués mais qu'en est-il depuis, avec ces contrariétés qu'Halston a décidé d'endosser seule ? Les tensions animant actuellement leur couple pourraient aussi ne rien arranger et Eddie en est conscient, ce qui ne l'empêche pas de réagir vivement à sa dernière comparaison car il y a quand même des limites au fait de se laisser insulter. Il n'a qu'à se comporter différemment d'Hector s'il ne veut pas être renvoyé à ce dernier selon elle, des paroles réduisant le danseur au silence mais parvenant surtout à mettre plus que jamais ses nerfs à l'épreuve. Leur sortie précipitée du restaurant après ça n'est finalement pas une mauvaise chose car Eddie ne promet pas de garder encore très longtemps son calme, le ton étant déjà suffisamment monté à leur table pour laisser un souvenir probablement marquant de leur passage.
À l'extérieur les esprits ont au moins le mérite de s'échauffer un peu moins et la pression peut quant à elle légèrement redescendre, même si l'accalmie est de courte durée pour Eddie avec ces révélations tombant entre eux comme si une bombe venait d'exploser sous ses yeux. Il n'arrive pas à croire, mais surtout à entendre, qu'Halston ait pu subir de telles choses sans qu'il ne se soit jamais douté de rien car c'est son sens de l'observation que le danseur remet subitement en question, supposant qu'un traumatisme de cette ampleur aurait pu être décelé d'une façon ou d'une autre s'il avait été un peu plus attentif. Halston n'a pourtant laissé échappé aucun indice qui aurait pu l'amener sur la piste d'un aussi lourd passé mais son silence ne lui sera cette fois pas férocement reproché, quand bien même Eddie aurait préféré l'apprendre dans d'autres circonstances, et bien avant aujourd'hui. Il remue lentement la tête quand elle avoue avoir porté la culpabilité de ses deux agressions subies comme si ces dernières n'étaient qu'un juste retour des choses, un coup de karma qu'Halston attribue au fait d'avoir choisi le mauvais camp par le passé et d'avoir manqué de soutenir des femmes victimes comme elle de véritables prédateurs. Elle ne devrait pas tout mélanger selon lui, ces erreurs qu'elle évoque ne justifient aucunement que de telles choses lui arrivent et c'est d'autant plus difficile à entendre quand le seul fautif devrait être l'homme qui s'en est pris à elle. Non, Halston ne méritait pas de subir ne serait-ce que le tiers de ce qu'elle a subi et Eddie ne sera jamais silencieux à ce sujet. « Tu es tombée sur un sale type Halston, ce n'est pas l'univers qui a cherché à te punir mais bien le genre d'enflure qu'il est malheureusement trop courant de croiser à notre époque. » Les histoires comme la sienne ne manquent pas et certaines finissent même beaucoup plus mal, il n'irait pas jusqu'à dire comme elle que l'américaine a eu de la chance mais il se réjouit au moins de savoir que l'homme en question n'est pas parvenu à ses fins avec elle puisqu'il en a été empêché à deux reprises. Il ne vaudrait mieux pas qu'Eddie croise un jour sa route puisqu’il ne sait pas de quoi il serait exactement capable face à lui, apprendre qu'elle a d'ailleurs porté plainte ne lui procure qu'un très léger soulagement car il devine que les choses en sont aussi restées là comme bien trop souvent dans ce genre d'affaires. Un soupir s'échappe d'entre ses lèvres à la mention des blocages ressentis par Halston, que cette dernière n'est pas en mesure d'expliquer mais qu'Eddie peut lui-même aisément percevoir compte tenu d'une communication toujours aussi compliquée entre eux. « Je ne pourrai pas t'aider à te sentir mieux si tu me mets constamment à l'écart de ce que tu ressens, mais j'ai l'impression de me répéter sans cesse en le disant alors je vais juste arrêter d'insister. » C'est sans doute le mieux qu'il puisse faire à ce stade, cesser de batailler pour obtenir des confessions qu'Halston ne semble pas disposée à lui accorder sans y être constamment forcée. Il ne doute pas des bonnes intentions qu'elle peut avoir et du fait que poser des mots sur les choses ne soit pas toujours simple, mais il se fatigue à attendre un rôle de confident dont il ne semble pas près de voir la couleur. Ces problèmes entre eux ne datent de toute façon pas d'hier et Eddie ne peut pas continuer de ramer seul, ces aveux étaient donc les derniers que le danseur viendrait lui arracher car tout ça devrait être naturel, et il constate que c'est au contraire très loin d'être le cas. Halston devrait selon lui profiter de ces consultations avec le psychologue pour travailler sur ces blocages dont elle parle mais Eddie garde ces mots à l'état de pensée, ne sachant pas comment l'américaine pourrait les prendre et préférant laisser cet autre sujet de côté. Il n'y a de toute façon plus grand-chose à dire face à cette situation de crise, leur couple connait des tensions similaires à celles qui l'avaient secoué un an plus tôt et cet épisode n'aura probablement pas droit au même dénouement que le précédent, Eddie n'ayant cette fois aucune envie d'évacuer sa frustration et le reste dans leurs draps. « Tu ne fais rien pour qu'on le soit, pardon de te le dire. » il souffle d'une voix lasse car sa définition du bonheur est très éloignée de ce qu'ils peuvent connaître aujourd'hui. Ils ont de quoi être heureux pourtant, un petit être viendra bientôt illuminer leur foyer et apporter une dose incommensurable d'amour sous leur toit mais à côté leur couple souffre, l'un comme l'autre ne peuvent pas le nier. Ils tombent au moins d'accord sur le fait que rentrer soit leur meilleure option à ce stade, car s'éterniser ici n'arrangera rien et ne pourra surtout pas sauver cette soirée gâchée en tous points. « Je crois aussi. J'ai suffisamment pris l'air pour ma part, j'irai me coucher tôt ce soir. » Eddie n'exclut pas de faire chambre à part pour décompresser de son côté, bien trop certain qu'Halston s'enfoncera comme lui dans un profond mutisme et qu'ils n'arriveront pas mieux à dialoguer une fois de retour chez eux. Le danseur se tourne alors une ultime fois vers elle, juste le temps de prononcer des mots qui seront aussi ses derniers pour ce soir. « Tu t'excuseras auprès d'Alexandra pour la gêne occasionnée. » En admettant que leur querelle ait attiré l'attention d'autres clients et du personnel de l'Interlude, la moindre des choses est sans doute de s'en excuser auprès de son amie et du mari de celle-ci. Eddie lui emboite le pas en direction de leur domicile situé dans le même quartier sans un mot de plus, laissant s'installer entre eux un silence pesant l’amenant déjà à redouter que les prochains jours puissent l’être tout autant.