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PENNY STRINGER & @FLORA CONSTANTINE

Les chances que Flora ne soit pas occupée en cet après-midi en pleine semaine étaient minces, mais tu avais besoin que quelque chose tourne en ta faveur. Une chose, rien qu’une seule et l’univers semblait t’avoir entendu quand un message de la brune te confirma que tu pouvais passer la prendre. C’est seule que tu avais quitté l’hôpital. Seule avec tes pensées, seule les événements de la dernière heure qui se rejoue constamment dans ta tête, ça et une immense dose d’incrédulité face à ce qui t’attend, face à ce qui vous attend. Tu voudrais qu’Isaac soit là, qu’il soit avec toi mais rien ne se passe comme prévu et c’est de plus en plus compliqué de ne pas céder à une panique soudaine. Tu te concentres sur la route qui défile sous tes yeux, la distance n’est pas immense entre l’hôpital et l’appartement de la Constantine. Contrairement à tes habitudes, tu ne sors pas de la voiture pour lui dire que tu es là. Tu ne te rends pas à la porte de son appartement, restant plutôt assise dans ta voiture, lui témoignant ta présence par un simple message texte. Tu crains que si tu te lèves et que tu te retrouves devant elle, tu ne retrouveras pas le courage de te poser derrière le volant et la seule chose que tu sais presentment, c’est que tu n’as pas envie de t’enfermer dans un appartement. Tu as besoin d’espace, tu as besoin d’air et puis surtout, surtout, tu as besoin de l’océan. Tu veux Flora à tes côtés, le sable sous tes pieds, le bruit des vagues et un peu de temps pour enfin pouvoir analyser tout ce qui se passe.

« On s’en va à la plage. » que tu annonces pour toute forme de salutations lorsque ta meilleure amie ouvre la portière passagère de ta voiture et se glisse sur le siège à tes côtés. Ton message texte le disait déjà, mais tu lui répètes, pour te rappeler un élément de la réalité à laquelle te raccrocher, pour la prochaine heure au moins. Le temps que ça vous prend pour quitter le centre-ville de Brisbane et vous rendre le long de la côte, là où les différentes plages de multiplient. Le trajet se fait sans la moindre tentative de conversation, ni de toi, ni de Flora. Tu n’as pas besoin de lui dire que tu ne peux pas parler, pas tout de suite. Il lui suffit de te jeter un coup d’œil pour le savoir. Vous vous comprenez à ce point là, sans avoir à dire quoique ce soit, sans être obligées d’offrir la moindre explication. Il n’y a que la route et la musique, ta voix qui se mêle parfois aux chansons et quelques regards échangés avec ton amie. Rien qui ne lui laisse présager pleinement comment tu te sens, rien qui ne lui donne le moindre indice de ce qui a pu provoquer la tempête qui tourne présentement dans ta tête. Les mots viendront. Tu sais déjà ce que tu veux dire, ce que tu dois dire, mais tu n’y es pas encore prête. Il manque encore la plage, le sable et l’océan. Tes points d’ancrage. Et ils apparaissent enfin, quand la voiture est finalement stationnée et que vous parcourez les quelques mètres qui séparent la route du sable. Tu échappes un long soupir lorsque tes pieds s’enfoncent dans le sable brûlant et ta main vient retrouver celle de Flora, tes doigts s’entremêlant entre les siens. « Je suis enceinte. Encore. » Tu échappes un rire. Tu as l’impression de vivre un moment de déjà-vu, toi qui lui annonçais cette même nouvelle pleine de surprise il y a à peine plus d’un an de cela. « Des jumeaux. » C’est là que l’histoire change un peu, que ton rire semble laisser place à quelque chose qui sonne bien plus comme de la panique et que tes doigts serrent les siens avec force. Tu ne réalises pas encore et même lorsque les mots franchissent la barrière de tes lèvres, tu as l’impression que ce n’est pas toi qui parles.

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L’effet de l’océan est instantané. Une fois que tes pieds sont submergés dans l’eau, que ta peau picote sous le soleil et que tes doigts serrent ceux de ta meilleure amie, tu retrouves une légère sensation de contrôle qui t’avait complètement échappée dans les dernières heures. Tu sais toutefois que tu ne pourras pas te perdre éternellement dans la sensation, que tu n’as pas emmenée Flora jusqu’ici pour ne rien lui dire. Mais elle est patiente, la Constantine, bien plus sans doute que tu ne le serais si les rôles devaient être inversés. Elle ne juge pas, ne presse pas et toi, tu as le temps de faire le tri dans ce qui s’est passé ce matin. Des plans avortés avec Isaac, cette journée qui devait être vôtre, pour ce rendez-vous si important. La première échographie, une qu’il avait manqué lors de ta grossesse avec Maia. Tu n’avais pas annulé le rendez-vous et il t’avait promis de se libérer au moins pour pouvoir être avec toi, même si ça n’avait rien à voir avec ce qui était réellement prévu. La simple idée de l’avoir à tes côtés était rassurante, mais il était arrivé en retard et tu n’avais pas réellement su te détendre lorsque ta sage-femme était allée chercher la technicienne qui allait performer ton échographie. Et puis quand l’image était apparue sur le petit écran, tu savais qu’il y avait quelque d’étrange, de différent. Tu n’aurais pas su dire quoi en un clin d’œil, tes connaissances pour le sujet encore bien trop limités pour pouvoir déchiffrer en profondeur ce que tu tentais pourtant de comprendre, d’analyser. Et puis la nouvelle était tombée comme une bombe que tu n’avais pas vu venir. Vous étiez plutôt doués pour ça, Isaac et toi. Gérer les effets de bombes qui vous tombent dessus sans avertissement, des nouveaux défis, des nouvelles bien plus grandes et plus grosses que tout ce que tu aurais pu t’imaginer.

J’entends deux petits cœurs.

Tu ouvres les yeux, te souviens que tu n’es plus dans la petite salle d’examen, mais bien à la plage, les pieds dans l’eau, avec Flora. Flora qui t’a soutenu pendant ta première grossesse. Flora qui est déjà une tata gaga, autant avec Maia qu’avec Jude, qu’importe si tu n’as aucun lien de sang avec ce dernier. Flora dont un sourire apparaît sur son visage quand tu lui annonces que tu es à nouveau enceinte, dont la joie devrait être contagieuse, mais tu es bien trop prisonnière de ta panique pour te laisser atteindre. Jumeaux. Le mot semble surréaliste entre tes lèvres, tu n'y crois toujours pas. La nouvelle t’a assommé et tu as à peine eu le temps de la digérer avec Isaac que déjà, il devait filer, retourner à l’urgence, à son travail qui lui volait toujours beaucoup de son temps. Tu ne lui en voulais pas, tu ne lui en voulais jamais même si tu trouvais ça difficile, de voir ton quotidien tourner complètement autour des enfants et voir ton temps avec Isaac de plus en plus limité. Et avec des jumeaux en plus? 4 enfants en bas de 4 ans? Oui, tu paniques, et il y a de quoi, du moins, c’est ce que persiste à dire la petite voix dans ta tête. Flora le sent, son pouce flatte doucement ta main et tu t’efforces à rester dans le moment présent. « Eh, ça va super bien se passer. C’est une super nouvelle, non? » Tu veux dire oui, tu veux dire non, tu ne sais plus du tout ce que tu penses. Tout va vite, trop vite, alors tu concentres ton regard sur l’eau, sur les minuscules vagues qui frappent vos chevilles. Inspire. Expire. Tu finis par hocher doucement la tête, mais les mots te manquent. Tu es heureuse, tu le sais au fond de toi, mais tu n’arrives pas à secouer cette impression que tout t’échappe. « Tu le sais depuis quand? Isaac est au courant? » Un nouveau hochement de la tête. Tu déglutis et tu sens tes lèvres qui tremblent légèrement, et tu sais que ça n’a rien à voir avec la température de l’océan. « Tu n’as pas à me répondre tout de suite, prends ton temps. » C’est comme si elle pouvait lire dans tes pensées. Flora avait toujours su trouver les bons mots pour t’apaiser, elle te connaissait par cœur et savait exactement ce que ça te prenait pour enfin te délier la langue. « On a appris que j’étais enceinte à Noël. » C’était un beau cadeau. Une belle surprise. C’est ce que votre famille était dans son ensemble : la plus belle surprise de ta vie. Quelque chose te disait que ces deux petits cœurs qui battent déjà dans le fond de ton ventre ne seraient en rien différent. « Je sortais de l’hôpital quand je t’ai envoyé un message. Isaac était avec moi, mais il devait retourner bosser. » Tu inspires une nouvelle fois. Puis tu expires. Tes ongles serrent un peu plus fort contre la paume de la brune, tu ne veux pas lui faire mal, mais de sentir sa présence te fait du bien. « On devait passer la journée ensemble, mais il a été appelé à l’hôpital. Il a réussi à se libérer pour l’écho, mais il pouvait pas rester et je… T’es la première à qui je voulais parler. » Un léger sourire apparaît sur ton visage et tu tournes la tête pour croiser le regard de ta meilleure amie. « Tout arrive si vite, Flora, j’ai l’impression que je me fais à peine à mon rôle de mère avec Maia, et de belle-mère avec Jude et je sais pas… Des jumeaux Flo, c’est… C’est fou. »

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La joie qui se lit facilement sur le visage de ta meilleure amie parvient à effacer légèrement toute la panique que tu ressens depuis ton rendez-vous à l’hôpital. Il n’y a aucun jugement qui paraît sur le visage de la Constantine, son esprit ne s’égare pas dans tous les sens comme le tien et tu as envie de te perdre dans la simplicité qui radie de sa personne. Elle a toujours été une vent de fraîcheur, Flora, un ancrage dans tes tempêtes, et tu avais tout fait en ton pouvoir pour pouvoir apporter le même sentiment de calme et de sécurité dans sa vie. Tu t’efforces à te concentrer sur le bruit de l’océan, sur la sensation des vagues contre le bas de tes jambes, sur tes pieds qui s’enfoncent dans le sable mouillé. « Comment il a réagi? » Tu fermes les yeux, tentes de te souvenir des moments avant, quand vous avez entendu le cœur battre, avant que la réalisation qu’il y en avait deux ne tombe. « Isaac était émotif, quand on a entendu le premier cœur. Surpris quand la médecin a dit qu’il y en avait deux. Mais il est heureux, je pense. » Tu réalises que vous n’avez pas vraiment eu le temps de discuter de vos réactions respectives parce que tout a dérapé trop vite, que ta surprise a pris le dessus sur tout le reste et qu’une chose en entraînant une autre, vous n’êtes pas partis dans une humeur complètement sereine, chose qui te serrait le cœur à chaque seconde depuis que tu avais quitté l’hôpital. « J’ai été brusque avec lui. J’ai dit des choses sous le coup de la surprise que j’aurais pas dû dire. Pas comme ça. » Tu te mordilles légèrement la lèvre, baisses le regard sur l’eau claire pour calmer ta respiration. « Tu as bien fais Penny, je suis là. Et je ne vais nulle part, d’ailleurs. » C’est pour ça que tu te tournais toujours vers Flora en cas de crise, elle était présente, à l’écoute, une présence douce et rassurante comme tu en avais éperdument besoin.

« Je suis tellement heureuse pour toi – et fière aussi. » « C’est vrai? » Ta voix tremble, et un léger rire t’échappe. « J’espère que tu es prête à faire encore plus de mini habits. » Tu n’avais pas le moindre doute que la Constantine mettrait son talent à l’œuvre pour créer de nouvelles pièces personnalisées pour les jumeaux, comme elle l’avait déjà fait pour Jude et Maia. Et juste cette idée semblait apporter un peu de normalité à ton choc, bien que cela n’effaçait pas pleinement le sentiment d’inquiétude et de panique qui t’habitait. Tu craignais si fort de ne pas savoir être à la hauteur que tu te refusais de ressentir la joie et le soulagement qui accompagnaient la nouvelle que les bébés allaient bien. Que la grossesse se déroulait normalement et que rien ne laissait sous-entendre que cela devait changer, malgré l’attente de jumeaux. « Eh, ma belle. » Tu souffles doucement, tes yeux se fermant naturellement quand sa main se pose avec tendresse contre ta joue. « Tu es formidable – en tant que personne, en tant que mère et en tant qu’amie. Ces jumeaux, même si tu n’as pas pu t’y préparer, tu vas assurer. Tu es bien entourée, tes proches t’aiment et te soutiennent, et tu ne vas pas traverser ça toute seule. On est là pour toi. » Un nouveau soupir t’échappe. Elle dit exactement ce que tu as besoin d’entendre Flora, apaise tes peurs, même si tu ne les as pas encore admises à voix haute. « Je suis gaga avec Maia et Jude, et je le serais tout autant avec eux. Je t’aiderais, et je ne suis qu’un quartier plus loin – dans le pire des cas. » « Pas de chance que tu aies envie d’un job de nounou à temps plein? » que tu lui offres en blague, tentant d’effacer seconde après seconde les traces de tes angoisses. Non, Flora a beaucoup trop de potentiel pour devenir une nounou à temps plein, même si tu ne serais pas contre l’idée de pouvoir la voir plus souvent, comme lorsque vous aviez tout juste vingt ans et que la vie était pleine de mystère et d’aventure. Vos vies n’avaient jamais été semblables, toujours à des années lumières l’une de l’autre, mais avant, vous aviez toutes les deux la liberté de la jeunesse. Aujourd’hui, tu étais une maman à temps plein qui accumulait les enfants à une vitesse hallucinante, cette simple pensée t’arrachant d’ailleurs un nouveau rire nerveux. « Et, même si tu as tous les droits de t’inquiéter et de te poser plein de questions – tout ira bien, j’en suis persuadée. » « J’ai peur de pas être assez. » que tu lui admets un sourire triste sur ton portrait. « Jude est tellement émotif depuis que sa mère est partie, j’ai peur que ce soit trop, trop vite pour lui. » Tu avais peur pour Jude, tu avais peur pour Maia qui était si petite, tu avais peur pour Isaac qui était encore si occupé au travail, puis tu avais peur de te perdre aussi, au travers de tout ça. « Il y a deux ans, ma plus grande crainte était de savoir si j’arriverais un jour à me refaire un nom dans le monde du cinéma après ce qui s’est passé avec Byers… » Le souvenir t’arrache un frisson de dégoût, mais tu poursuis, t’efforçant à garder la tête haute. Matthew Byers n’avait plus de pouvoir sur toi, tu le lui refusais. « Et maintenant, je sais même pas si j’aurais un jour le temps ou l’envie de recommencer à penser à ça. » Ton travail te manquait, mais ce n’était plus une priorité, et ça aussi finalement, ça te faisait peur.

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Les secondes filent, les vagues montent et redescendent, le bruit de l’océan t’apaise un peu mais la réalité reste bel et bien la même : tu es enceinte de jumeaux. Il y a deux petits cœurs qui battent simultanément sous le tien et l’immense amont de responsabilités et de changements que cela implique ne cesse de te frapper de plein fouet, sans que tu ne saches comment contrôler les peurs et les craintes qui t’envahissent soudainement. Celles qui t’empêchent de voir la nouvelle comme étant une bonne nouvelle, qui cachent la joie sous une montagne d’insécurité et qui t’aveugle à ce qui fait pourtant semble faire tant de sens aux yeux de ta meilleure amie. Flora est ton ancrage en ce moment, dans cette tempête bien plus violente et virulente que les minuscules vagues à vos pieds, et tu te demandes si elle réalise, la Constantine, à quel point tu es reconnaissante pour sa présence, sa patience et son support en toute circonstance. Surtout quand toi, tu peines à t’accorder le moindre répit et que tu tends à prendre tout le blâme du monde sur tes épaules sans même le réaliser. « Sûrement un peu comme toi – vous êtes tous les deux chamboulés un peu chamboulés, mais ce n’est pas synonyme de mauvaise chose. » Tu pinces légèrement les lèvres, hoches doucement la tête en approbation aux propos de la brune, même si tu ne peux t’empêcher de te sentir extrêmement coupable pour ce que tu as dit, mais surtout sur la manière dont tu l’as fait. « Ce n’est pas grave – tu as réagi à chaud, lui aussi. Vous allez en reparler une fois la surprise passée et ça va aller, sois en sûre. » Tu veux la croire, vraiment, plus que tout. Tu en as besoin. « On a pas l’habitude de se laisser en mauvais termes, Isaac et moi. » Pas l’habitude de se quitter sur des termes un peu brusques, loin d’être des habitués des conflits en tout genre. Vous avez toujours prôner l’ouverture et la communication, et en ce moment, tu as l’impression plus que jamais de ne pas savoir exactement ce qu’il pense de la situation et cela ne fait qu’ajouter à la montagne d’inquiétude qui pèse lourdement sur tes épaules.

Au fil des minutes toutefois, tu parviens à te laisser bercer par la joie qu’éprouve Flora pour ta nouvelle et parviens même à laisser un sourire s’étendre sur ton visage fatigué. « Bien sûr – pour la fierté et les mini vêtements. J’adore en faire et les voir se pavaner avec, tu n’as même pas besoin de demander. » « Je t’imagine déjà avoir beaucoup trop de plaisir à leur créer des matching outfits. » Parce que tu connais Flora parfaitement, tu sais qu’elle va s’y donner à cœur joie. « J’ai le droit de leur préparer une peluche chacun à eux aussi? » La pensée fait immédiatement gonfler ton cœur d’amour.   « Évidemment. » que tu réponds, l’émotion si puissante que ta voix tremble légèrement. La peluche que Flora avait créé pour Maia était l’un des premiers cadeaux que ta fille avait reçus, et tu avais adoré le fait qu’elle prenne le temps d’en faire une pour Jude aussi, qui avait clamé être trop grand pour aimer les peluches, mais qui chérissait cette dernière avec la plus grande des attentions. « À temps partiel? » Tu échappes un rire. Tu sais parfaitement que Flora n’a pas sa place dans une maison à jouer à la nounou, que sa vraie place est dans un atelier, là où doit encore faire ses preuves pour montrer ce qu’elle vaut, même si à tes yeux, c’est une évidence si simple de dire qu’elle est bourrée de talents. Mais Flora ne peut pas gérer tes lacunes, elle ne peut pas remplir les trous que tu as peur de laisser derrière parce que tu crains de ne pas être assez pour tout le monde et tu ne peux pas lui en vouloir pour ça. Ce n’est pas son rôle à elle. Tu n’es pas certaine que ce soit le rôle de quiconque et c’est ce qui te fait le plus peur. Si personne n’est qualifié pour t’aider, alors qui peux-tu blâmer sauf toi-même lorsque tout ne se passe pas à la hauteur de tes attentes? Attentes bien souvent inatteignables malheureusement, la malédiction des mères il semblerait. « Penny, bien sûr que tu es assez, tu l’es amplement. » Tu te mordilles légèrement la lèvre, faisant de ton mieux pour ne pas laisser l’émotion te happer une fois de plus et te mettre à pleurer. « Mais il n’est pas seul – aucun de vous ne l’est. Vous êtes une famille, et vous allez tous être là les uns pour les autres. Tu as le droit d’avoir peur Pen – mais tout ira, crois-moi. » « Si tu savais comment j’ai besoin d’y croire. » que tu admets, bien incapable de retenir quelques larmes de venir parsemer tes joues. Elle semble si certaine alors que toi, tu croules sous les doutes, sous la peur de tout gâcher parce que tu ne sais pas comment faire pour jongler toutes les responsabilités qui sont désormais les tiennes en tant que mère de famille. « Une chose à la fois, respire. » Tu fais ce qu’elle te demande, te concentres complètement sur ta respiration. Inspire, expire. Une fois, deux fois, trois fois. Les larmes sur tes joues se calment finalement et les légères caresses que ta meilleure amie effectue sur le dos de ta main te force à rester les deux pieds dans le présent. « Tu n’as pas à apporter toutes les réponses maintenant, même si c’est normal que tout se bouscule et que tu ne saches pas trop sur quel pied danser. Ne t’inflige pas une énième pression, et accorde-toi le temps de gérer une chose à la fois. » « Je manque déjà de temps. » que tu réponds en reniflant légèrement, le commentaire se voulant humoristique malgré ta voix serrée et ton regard encore mouillé. Tu sais qu’elle a raison, même si tu peines à mettre en pratique ses bons conseils. « Tu n’es pas uniquement maman, mais si cette facette te prend plus de temps dans l’immédiat alors compose avec plutôt que de la redouter. Tu te concentras sur le reste quand tu te sentiras plus légère sur ce plan – sinon tu vas vouloir te dédoubler, et tu seras présente partout et nulle part à la fois. » Tu hoches la tête avec un peu plus de vigueur cette fois, utilisant ta main libre pour effacer le sillon que les larmes ont tracé sur tes joues. « Je savais que je pouvais compter sur toi et sur la plage pour me calmer. » que tu soupires doucement. Tous tes problèmes ne sont pas réglés, il te faut encore faire face à Isaac et revenir sur vos réactions respectives à l’annonce des jumeaux, et tu sais que tu lui dois tes plus plates excuses. Mais en ce moment, tout te semble moins lourd et moins intimidant, et tu sas que tu dois cela à la présence de Flora. « Mais dis-moi, comment tu vas toi? » Tu avais pris toute la place avec ta nouvelle crise à gérer, mais cela ne voulait pas dire que tu ne souhaitais pas prendre des nouvelles de ta meilleure amie. Votre confiance allait dans les deux sens, tu savais qu’elle pouvait t’aider à braver tes tempêtes tout comme elle pouvait compter sur toi pour la guider, qu’importe de quoi était présentement composé son quotidien. « Est-ce que tu as quoique ce soit que tu veux laisser dans l’océan, toi aussi? » Des soucis, des pensées trop lourdes, quelque chose que tu aurais manqué dans les dernières semaines, toujours trop occupée avec les nouveaux twist and turns de ton quotidien haut en couleur?

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Ta respiration s’est calmée. Le flux de tes pensées s’est finalement ralenti. Tu te sens déjà bien plus calme que tu ne l’étais lorsque tu as quitté l’hôpital. C’est le mélange des minutes qui s’écoulent, de la présence de Flora et le bruit des vagues qui t’aide finalement à prendre un pas de recul et réaliser que cette nouvelle, aussi choquante et déstabilisante puisse-t-elle être, demeure une bonne nouvelle. Que tes jumeaux, bien qu’inattendus, seront aimés et chéris par tes proches, par ton amoureux, et par toi aussi. Que ta réaction initiale ne viendra pas teinter tout l’amour que tu leur portes déjà, malgré ce que ta culpabilité pourrait tenter de te faire croire. Tu ne te sens pas prête à lâcher la main de ton amie et tu n’as certainement pas besoin de le dire qu’elle le sait, qu’elle comprend Flora. Elle sait quoi dire, quoi faire. Elle ne te pousse pas, ne te brusque pas. Elle agit comme la voix de la raison, douce sagesse qui te rappelle qui tu es, tout ce dont tu es capable lorsque tu n’es pas en mesure de t’en souvenir toi-même et si tu sais que les défis seront nombreux dans les mois et les années à venir, tu sais aussi que tu pourras toujours compter sur son support et son soutien pour traverser la moindre tempête. La promesse d’un « Toujours. » que t’offre la Constantine calme un peu plus les battements affolés de ton cœur et tu as l’impression de retrouver un semblant de contenance que tu avais laissé derrière il y a plusieurs heures de ça maintenant. Vous vous éloignez doucement de l’eau, vos pieds foulant les larges étendus de sable qui s’éparpillent sous vos yeux, et au bout d’un moment, vous vous installez l’une à côté de l’autre, ton regard s’attardant plus longuement sur elle, prenant en considération chacun de ses traits, la fatigue présente sous ses yeux qui témoignent des nombreuses heures qu’elle offre à son travail.

« Ça va – c’est la course comme d’habitude, mais ça va. » Tu n’es pas surprise par sa réponse, Flora a toujours été le genre de personnes à enchaîner les projets et aimer quand il y a beaucoup de choses à gérer en même temps. Tu lui proposes de laisser ses soucis derrière, si elle en ressent le besoin, mais l’air posé qui habite les traits de ton amie te laisse croire que rien de trop lourd ne semble lui peser sur les épaules en ce moment. « Je suis contente que August soit revenu. » Un sourire s’étire sur tes lèvres à cette nouvelle. Tu avais suivi de loin les déboires du jumeau de ta meilleure amie, avait été triste d’apprendre pour le mariage avorté et la distance qu’il avait ensuite imposé entre lui et ses proches, une réaction que tu pouvais toutefois comprendre malgré l’impact que cela avait eu sur Flora. « C’est un peu délicat entre nous, mais ça va. » qu’elle t’avoue et tu espères sincèrement que le temps et la proximité entre eux sauront bien faire les choses. « Il va bien? Il est de retour pour de bon tu penses? » que tu lui demandes, souhaitant sincèrement que ce soit le cas pour ton amie. « Oh, et j’ai mon premier vrai client à Weatherton – le frère de l’égérie masculine de la maison, Elijah Walker. Il veut que je lui confectionne une tenue. » La fierté qui transparaît dans la voix de ta meilleure amie te réchauffe le cœur. « C’est un pas en avant – ça ne veut rien dire, mais je suis vraiment contente de pouvoir travailler sur un projet comme ça pour un client de ce standing. » « Ça ne veut pas rien dire Flo, c’est une superbe nouvelle. Le début d’une nouvelle ère! » que tu annonces avec assurance, persuadée que c’est loin d’être la dernière fois que ton amie t’annonce être responsable de l’habit d’une célébrité. « Avec tout mon respect pour les tenues de tes toi miniatures. » Tu ne peux t’empêcher de rigoler de bon cœur avec elle. Tu ne te fais pas d’idées, les rêves de Flora sont loin de se limiter à seulement faire des vêtements et des accessoires pour tes enfants, même si elle crée les plus jolies robes pour Maia et les plus beaux habits pour Jude. « Tu rigoles, mais chaque fois que je poste une photo de Maia dans une de tes robes, je reçois des centaines de commentaires pour savoir d’où vient la robe! » À défaut de vivre encore tes plus grandes aventures devant la caméra, tu as pris goût à filmer des morceaux de ton quotidien en tant que mère et partager ces petits bouts de votre famille et de votre routine avec le reste du monde, créant ainsi un certain trafic sur tes réseaux sociaux malgré ton absence notable dans le monde du show business. « Je suis certaine que tu pourrais faire fortune dans le haut de gamme pour enfants, j’espère qu’Elijah Walker réalise sa chance. » que tu commentes avec un rire. « Tu as déjà une idée de ce que tu veux créer pour lui? » que tu enquiers, éternellement curieuse sur les maintes idées flottant dans l’esprit brillant de la Constantine.