| (keegans #16) we've been through some wars together |
| | (#)Dim 15 Jan 2023 - 15:48 | |
| Elle ne sait toujours pas si inviter son frère à venir voir sa fille était une bonne ou une mauvaise idée. Très sincèrement, elle n’en a aucune idée, et elle n’arrive pas à laisser pencher la balance davantage vers un côté ou de l’autre. Tout est flou, rien n’est lisible, et le manque de sommeil la rend déjà dingue et irritable. Elle aime Alice de tout son cœur, elle la chérit comme la prunelle de ses yeux, mais elle doit aussi constater que rien ne se passe comme prévu. Elles ont pu quitter l’hôpital dès la première minute autorisée parce que sa fille est en pleine santé et elle aussi, mais sourire face au personnel hospitalier a été l’une des choses les plus difficiles qu’elle ait eu à faire dans sa vie, et pourtant Dieu seul sait que l’échelle est haute. Au moins, elle se rassure en se disant qu’Ezra s’en sort très bien, lui, et que leur fille a toute l’aide qui lui est nécessaire à son âge, en plus bien sûr de l’amour que tout enfant devrait recevoir. Pour avoir revu Carl aujourd’hui, Lily s’en rend d’autant plus compte.
Carl est reparti, Joseph arrive. Le bal continue, et elle se dit que si elle a toujours de quoi occuper son esprit et des boissons ou de la nourriture à servir, alors rien ne peut mal se passer. Alice pleure parfois, elle lui donne son biberon, elle la laisse se rendormir contre elle, et elle retourne dans son lit. Play again. La routine s’installe, et d’ici quelques jours, tout ira mieux. Elle a demandé à Ezra de prendre son temps aujourd’hui, parce qu’il sait qu’elle revoit un ami et son frère, tout comme il sait que sa relation avec ce dernier est toujours aussi particulière. Il le respecte, et elle l’aime sincèrement pour ça, pour le fait de toujours lui faire confiance malgré ce qui arrive dans leur vie. Ainsi, lorsqu’on sonne à la porte, elle est parfaitement seule dans leur immense maison, père et fils étant occupés à s’empiffrer de toutes les pizzas de la ville. “Jo.” Elle l’accueille singulièrement, ses talons se décollant simplement du sol lorsqu’elle s’avance pour l’enlacer, sans même lui faire de commentaire sur son odeur ou la façon dont il est habillé. Elle le prend dans ses bras sans commenter son geste, sans commenter non plus le fait qu’elle serre un peu plus sentimentalement encore la main qu’elle laisse se réfugier dans la nuque de son aîné. Lily commente tout aussi peu ses lèvres maquillées de rouge qu’elle serre entre elles, mettant à mal la perfection du trait de son maquillage. Peu importe. “Rentre.” Elle souffle finalement, comme si de rien n’était, laissant place au brun pour qu’il puisse rentrer dans la maison sans encombre. “Alice est… -” Les pleurs du nourrisson la coupent dans sa phrase alors qu’elle esquisse un sourire en coin et un rire maladroit. “Alice est bientôt réveillée, effectivement.” Il faut dire qu’elle l’est souvent, et qu’il n’y a rien de plus normal à son âge. Les cernes sont visibles sous les grands yeux bleus de Lily mais il n’y a rien là-dedans qu’une mère ne connaisse pas.
Alors, elle laisse son frère trouver place jusqu’au canapé, ou où bon lui semblera, alors que de son côté elle prend la direction de la chambre du bambin, pour déjà, à nouveau, venir la porter contre ses bras et la calmer. Sa main lovée à l’arrière de sa nuque, elle lui parle doucement pour tenter de la calmer et lui faire comprendre qu’elle n’est déjà plus seule. “Elle a déjà un sacré caractère.” Lily commente à la seconde où elle revient dans le salon, présentant ainsi la prunelle de ses yeux à son frère, déjà prête à analyser la moindre de ses réactions et agir en conséquence. “Comme maman.” Et il valait mieux qu’elle le tienne de leur mère que de leur père, de toute évidence. |
| | | | (#)Lun 30 Jan 2023 - 3:25 | |
| Les fourmis dans les jambes, dans les bras, dans le ventre, dans la tête, dans les mains jusque dans ses doigts qui tiennent immobiles à la hauteur de la sonnette. Joseph est devenu une fourmilière. De chacun des pores de sa peau s’échappent les petits insectes et lui hérissent les poils. Il a aussi froid que chaud. Un souffle sur deux se casse. Comme un enfant à l’avant de la classe incapable de mâcher un seul mot de son oral, Joseph stagne.
Lily change toujours d’avis. Lily ne pèse pas le pour ni le contre avant de prendre des décisions. Elle se laisse porter par ses émotions. Ment au sujet de l’identité du père de l’enfant que Joseph rencontrera aujourd’hui, promet à son frère qu’il ne s’approchera jamais d’elle parce qu’il signifie un mauvais présage. Et, pourtant, c’est elle qui lui a envoyé un message tandis qu’il comptait les jours avant son accouchement sans savoir quand le nourrisson pousserait ses premiers cris. Il avait une idée approximative de la date, et elle avait été confirmée quand son téléphone avait vibré dans sa poche pour annoncer la nouvelle.
Alors il se trouve là, contre toute attente, même si le destin a fait de son mieux pour le pousser du chemin de sa sœur et même si tous les doigts le pointaient, lui, comme élément perturbateur. Il est devant la porte en train de gruger les secondes avec la pointe de ses canines, son index toujours suspendu à la sonnette maintenant que son bras ne supporte plus le poids de sa main surélevée. Ses habits sont propres contrairement à l’argent avec lequel il les a achetés. « Et puis merde. » Qu’il lâche, abandonne, tout en avalant sa salive pâteuse et acide, ses lèvres cherchant une cigarette qu’il ne pourra pas leur approvisionner parce qu’il n’a pas le droit de laisser glisser entre ses doigts sa dernière chance. “Jo.” Le visage de la jeune femme est pâle comme un fantôme, contrastant avec la cendre de ses cils, et Joseph n’a pas le temps de prononcer son nom à son tour qu’elle vient l’enlacer. Le geste le surprend mais ne le déstabilise pas. Il reste droit et fort quand elle s’accroche à lui, la bouée de la nouvelle mère perdue au milieu de la mer. « Hey. » Il murmure, l’enroulant de ses bras pour la couvrir, la protéger des démons desquels elle semble prise. Il a l’impression qu’il doit s’attendre à une mauvaise nouvelle ; il n’aurait jamais imaginé Lily dans cet état maintenant qu’elle avait enfin réalisé son rêve de devenir maman. Docilement, il entre dans la maison quand elle lui propose de le faire. Comme d’habitude, il laisse son sac tomber au sol et il prend même soin de retirer ses chaussures pour ne pas salir le plancher. Il ne quitte pas sa sœur des yeux, l’air véritablement inquiet quand elle reprend enfin. “Alice est… -”Sa tête se redresse aussitôt, suit la direction des pleurs qui s’élèvent de la pièce adjacente. C’est peut-être aussi dans son ADN, de répondre aux cris des enfants. “Alice est bientôt réveillée, effectivement.” Ses poumons se gonflent d’air, il examine ailleurs quelques secondes de plus et rabaisse ses yeux vers la jeune femme, les sourcils froncés. « Qu’est-ce qui n’va pas ? » Il demande déjà, parce qu’il a bien vu la mélancolie dans ses yeux, celle qui se mélangeait avec son maquillage légèrement effacé et la brillance de ses yeux, effacés eux aussi.
Il prend place dans le salon, n’exerce aucune opposition, ses gestes sont lents et calculés comme ils ne l’ont jamais été, et ses fesses ne soulèvent aucune poussière quand elles rentrent en contact avec le canapé. Il reste bien droit au bout de celui-ci, ses coudes posés sur ses genoux, sa colonne vertébrale comme une ligne incassable, le cou tendu et attentif aux mouvements de sa sœur quand elle revient dans le salon. Mais il ne peut pas maintenir sa position, et aussitôt qu’il voit le petit pied d’Alice dépasser du bras de Lily, il se relève mais reste immobile, essuyant ses paumes moites sur ses jeans neufs. “Elle a déjà un sacré caractère. Comme maman.” Le gloussement qui s’échappe de ses lèvres est comme mécanique parce que son cerveau semble s’être détaché de la réalité. Il regarde l’enfant, et seulement elle, sa fragilité, sa peau de porcelaine entre les couches de tissu rose (évidemment), puis enfin son sourire s’étire, timide au début, admiratif par la suite. « C’est… » Quoi dire ? « Euh… » Quoi dire ? « Alice, c’est bien ça ? » Il demande alors qu’il en est déjà certain puisqu’il n’aurait pas laissé cette information passer à côté de ses oreilles. Il s’approche de sa sœur et de sa nièce avec l’attention d’un chirurgien, ses mains battant l’air partout puisqu’il ne sait pas où les poser. Ce n’est pas le genre de chorégraphie à laquelle il est habitué. « Elle… Elle va bien ? » Il s’ose à demander, conscient des inquiétudes qu’avait Lily vis-à-vis de la santé de celle-ci. Et, au coin de ses paupières, des larmes sont clairement visibles : il trouve un nouveau rôle à ses mains qui viennent rapidement les essuyer pour les empêcher de se montrer entières et réelles.
@Lily Keegan |
| | | | (#)Jeu 2 Fév 2023 - 16:46 | |
| « Qu’est-ce qui n’va pas ? » Ses pas s’en vont déjà chercher sa fille, cela lui donne l’excuse parfaite pour ne pas avoir à observer Joseph les yeux dans les yeux. “Rien. Les bébés pleurent tout le temps, c’est normal.” Elle catapulte la question en direction de sa fille, pourtant pas assez naïve pour croire qu’elle ne lui était pas destinée en premier lieu. Ce n’est pas à son frère dont elle a envie de parler de ça, et pour cause: elle ne veut pas en parler à qui que ce soit, pas même à Ezra. Sa fille est la cause de bien des problèmes mais aussi l’excuse parfaite pour ne pas en parler, parce que tout parent se doit d’accourir au moindre cri, ce qu’elle fait à la perfection sans même avoir à y réfléchir à deux fois.
« C’est… Euh… Alice, c’est bien ça ? » La jeune mère hoche la tête sans ajouter le moindre mot, parce qu’elle se doute déjà qu’il connaît parfaitement le prénom de sa fille et qu’il ne cherche qu’à gagner du temps, toujours aussi peu à l’aise lors de contacts humains. Même avec sa propre sœur, il ne sait pas y faire, et le fait qu’Alice se rajoute à l’équation n’arrange en rien les choses pour lui. « Elle… Elle va bien ? » La réponse de Lily tarde à venir, la faute à son regard qu’elle pose un instant sur son aîné dont les yeux brillent à cause de larmes qu’il refuse pourtant de laisser couler. Sans doute est-elle émue par la scène, oui, même elle ne suffirait pas à lui faire oublier les trois dernières décennies. “Elle est née avec un peu d’avance mais les médecins disent qu’elle se porte à merveille.” Aucun signe du moindre problème, à aucun niveau. Alice se porte très bien, elle est la typique fille à papa, et le monde des parents ne tourne déjà plus qu’autour d’elle. Lily choisit de ne pas commenter l’attitude de son frère et préfère pour l’heure encore se concentrer sur sa fille qu’elle berce doucement contre elle, pour faire cesser ses larmes.
Sans proposer à Joseph s’il veut la tenir entre ses bras, parce qu’elle juge avoir encore besoin de temps pour accepter pleinement une relation normale entre eux, c’est donc Lily qui trouve place sur le canapé, sa fille toujours lovée entre ses bras et son regard tourné en direction de son aîné. “Elle est née le même jour que le fils d’Ezra, elle joue déjà la compétition.” Puisque son frère ne le fait pas, elle parle pour deux, elle dit des choses sur Alice, elle le nourrit d’anecdotes dont il se moque sans doute éperdument. “Mais elle a du coffre. J’espère qu’elle ne nous fera pas de crise d’adolescence, parce que je crains qu’on y survivrait pas sinon.” Elle ajoute dans un rire simple, sa main toujours posée à l’arrière du crâne du nourrisson, qu’elle tient toujours contre elle. “J’espère que tu n’as rien prévu de ta soirée parce que le repas va durer une éternité avec elle dans les environs.” Puisqu’elle accapare l’attention de sa mère à chaque instant, la moindre tâche devient une montagne à elle seule, même les plus simples. “Mais je voulais profiter de t’inviter tant que je ne travaille pas encore. Je compte reprendre rapidement.” Hors de question de laisser les rênes de l’association à une autre personne, peu importe à quel point il sera difficile de son côté de coupler sa profession à sa nouvelle fonction de mère. Personne n'a à le savoir. |
| | | | (#)Jeu 23 Fév 2023 - 0:05 | |
| “Rien. Les bébés pleurent tout le temps, c’est normal.” Joseph perd aussitôt le regard de sa petite sœur, elle qui profite du moment pour tourner les talons et disparaître dans la pièce où se trouve l’enfant qui pleure tout le temps, puisque c’est normal. Il oublie de respirer un instant, se pince les lèvres pour s’empêcher de relever un détail, celui qui tachait le bleu des yeux de Lily, l’assombrissait, annonçait un orage plutôt qu’un ciel dégagé. Lily a l’habitude de s’occuper des gens en peine : elle est infirmière. Elle s’est d’ailleurs occupée de son frère alors qu’il aurait dû être là pour elle, plutôt que le contraire. Un bébé qui pleure ne déclencherait pas de telles émotions chez elle. Elle connait la douleur. La souffrance lui est familière. Quelque chose de plus plane au-dessus de cette maison, mais Joseph n’a pas le courage de prononcer ses inquiétudes. Il ne voudrait pas briser le moment qu’il attendait depuis longtemps sans le savoir.
Elle revient en compagnie de la petite Alice, minuscule être fragile à la beau de cire et blanche comme la poudre qui cache les imperfection du visage de sa mère. D’abord, il ne se sent pas à l’aise : après tout c’est la première fois qu’il se trouve en compagnie d’un bébé et il connait bien ses habitudes qui le poussent à briser tout ce qu’il touche. Heureusement, Lily ne semble pas lui faire entièrement confiance (et avec raison, d’ailleurs, pourquoi l’a-t-elle invité en premier lieu ?) et le préserve loin de son frère, tout comme son frère préserve une distance nécessaire pour se protéger des gaffes qu’il pourrait faire. Il observe la mère et l’enfant, sent sa gorge se nouer, l’air peine à passer son œsophage, mais il n’est pas question de perdre pieds. Il trouve place sur le canapé en face de Lily, ne détache pas ses yeux des siens, les capte à la moindre occasion qui se présente à lui, essaye de lire dans ses pensées. “Elle est née avec un peu d’avance mais les médecins disent qu’elle se porte à merveille.” Cette affirmation est assez puissante pour détendre les muscles de Joseph qui ne cesse pourtant pas de tendre le cou vers l’avant, les coudes posés sur ses genoux couverts de jeans neufs, cherchant à voir la couleur des yeux d’Alice, bien qu’elle préfère garder ses paupières complètement closes. C’est peut-être normal. Il n’y connait rien, en bébés. « J’suis content pour toi. » Il se suffit à répondre, une affirmation vraie, sincère, qu’il ne détaillera pas. Il est heureux pour elle parce qu’elle borde dans ses bras son plus grand rêve. C’est tout. Inutile de rappeler que cette nouvelle famille efface l’ancienne, qu’elle a enfin une chance d’apprécier son arbre généalogique parce qu’une deuxième chance s’est offert à elle. Elle pourra en faire bourgeonner toutes les feuilles, créer de nouveaux embranchements, soigner les fleurs en les arrosant et en les posant sous le soleil pour qu’elles s’épanouissent de la meilleure des façons. “Elle est née le même jour que le fils d’Ezra, elle joue déjà la compétition.” Il relève ses yeux, observe Lily plutôt que sa protégée silencieuse. “Mais elle a du coffre. J’espère qu’elle ne nous fera pas de crise d’adolescence, parce que je crains qu’on y survivrait pas sinon.” C’est étrange de l’entendre parler de cette façon. Elle parle d’une autre personne ou, plutôt, d’un être qui deviendra une personne dans le futur. Elle n’est plus une sœur, plutôt une mère. “J’espère que tu n’as rien prévu de ta soirée parce que le repas va durer une éternité avec elle dans les environs.” Il secoue machinalement la tête, lèvres entrouvertes, pensifs, avant de souffler : « Non, non. Évidemment que j’n’ai rien d’prévu. » Et il pourrait lui dire qu’il ne trainera plus jamais dans les rues, qu’il ne se trimbale plus avec les poches remplies de poudre et qu’il ne contaminera plus jamais personne de sa malédiction mais il n’a pas le droit de le faire. “Mais je voulais profiter de t’inviter tant que je ne travaille pas encore. Je compte reprendre rapidement.” Il se perd un moment dans ses idées, toutes plus insensées les unes que les autres, mais il sait déjà qu’il n’arrivera pas à convaincre sa sœur de prendre plus de temps pour elle. Il ne peut pas lui dire quoi faire. Hésitant un moment, innocent, il finit par demander en se massant l’arrière du crâne : « Et tu as l’intention de la faire garder par qui ? » Parce que, lui, il aurait du temps à lui offrir. Il se doute déjà que la réponse sera un grand NON en lettres majuscules mais il veut au moins lui faire savoir qu’il existe et qu’il ne partira jamais, contrairement à ceux qui font une escale dans la vie d’un pour disparaître quelques semaines plus tard sans laisser de traces ou de petit mot sur le réfrigérateur. « Je… J’y connais peut-être rien en bébé mais j’crois bien que j’pourrais apprendre. » Il tente du bout des lèvres, timidement, toujours bouleversé par de nouvelles émotions qu’il n’avait jamais ressenties auparavant.
Puis, la question qui flottait dans le salon depuis le début sans que personne n'ose l'épeler : « Et... Ezra, alors ? » Inutile de préciser le fond. Il sait qu'elle sait. Elle sait qu'il sait. Qu'est-ce qu'il vaut réellement, cet homme ?
@Lily Keegan Bonjour je m'appelle "j'ai oublié de suivre le sujet alors j'avais pas les notifs" |
| | | | (#)Jeu 23 Fév 2023 - 12:25 | |
| « J’suis content pour toi. » Et aujourd’hui plus que jamais, elle le croit. Joseph l’a vu passer de déception en déception, de fausse-couche en fausse-couche. Il a suivi pendant plus d’une décennie la difficulté qui a été la sienne avant d’enfin devenir mère, et il sait à quel point ce moment est important pour sa petite sœur. Ils n’en parlent bien souvent qu’au travers des cris d’une dispute, mais cela ne change rien à la finalité: il sait. Elle hoche la tête et esquisse un sourire, geste simple qui permet de le remercier de ses mots. Il est content pour elle, et Lily en profite pour l’enfermer dans l’idée d’un repas pour la soirée toute entière. Seulement elle, lui, et la toute jeune Alice et ses diverses sautes d’humeur qui ne sont que peu souvent explicables. « Non, non. Évidemment que j’n’ai rien d’prévu. » Bien sûr que non. Elle se passe de tout commentaire sur l’aspect infiniment pathétique de la vie de son frère et se contente de lui sourire. Un sourire est toujours une réponse universelle.
Plutôt que de se consacrer davantage au déroulement de la soirée, qui n’est officiellement rien de plus qu’un simple repas entre une sœur et son frère, et la toute dernière née de la famille, Lily préfère lui faire part de son plan d’avenir. Ce n’est pas parce qu’elle est devenue une mère qu’elle risque d’en oublier ses ambitions professionnelles. Elle veut être la meilleure sur tous les plans à la fois, comme à son habitude. « Et tu as l’intention de la faire garder par qui ? Je… J’y connais peut-être rien en bébé mais j’crois bien que j’pourrais apprendre. » La proposition de son frère est timide, elle trahit aisément l’idée qu’il n’est pas assuré de la réponse que Lily pourrait lui apporter. Il a toutes les raisons du monde de ne pas être serein, en réalité. “Ezra peut s’en charger.” Elle répond sans difficulté, sans vouloir se montrer trop dure non plus. Alice est trop jeune et trop fragile pour qu’elle puisse accepter de la laisser entre les mains d’un autre que son propre père. Plus tard, peut-être, elle apprendra à faire confiance à d’autres. Mais pour l’heure, ce n’est pas envisageable. Ezra a un travail moins important que le sien, il peut la garder lorsqu’il ne travaille pas, et il peut aussi l’emmener avec elle lorsqu’il doit aller au bureau. Pour lui, Lily ne se fait pas l’ombre d’un souci. Il est un bon père, elle le sait depuis des années grâce à Noah, et elle s’en rend d’autant plus compte depuis quelques jours avec Alice. “Je sais que tu veux aider, mais… Une chose à la fois.” Il revient de loin et a besoin de faire ses preuves avant que Lily n’ose à nouveau lui faire confiance - jusqu’à sa prochaine erreur, comme à son habitude.
« Et... Ezra, alors ? »
En réalité, la question lui glace le sang, surtout alors qu’elle sait maintenant plus que jamais ce qui est advenu de Callum. Lily a pour réflexe de serrer un peu plus sa fille près d’elle, la berçant au gré de ses pas lents et calculés. “Il est le meilleur père qui soit.” Elle lui répond avec sérieux bien plus qu’amour. Non qu’elle en manque à l’égard d’Ezra, ce n’est pas le cas, mais elle préfère mettre l’accent sur ses mots plutôt que de leur donner trop de force sentimentale. Il est parfait, absolument parfait, et Joseph n’a pas intérêt à seulement en penser du mal. “Et si tu penses que je te dis ça pour que tu ne t’en mêles pas, tu as parfaitement raison.” Elle protégera toujours sa famille, Lily, et Ezra et Alice est celle qu’elle a choisi et s’est créée. Ce sont eux qu’elle protégera contre tout et tous, sans se demander une seule seconde le prix à payer. “Je voulais te présenter Alice et faire les choses comme il faut, pour elle, mais ne t’avise pas à toucher à un seul cheveu d’Ezra.” Comme il a touché à un cheveu de Callum, à l’époque. Ils ne sont même pas comparables, et Joseph n’a pas intérêt à vouloir jouer le sauveur de l’ombre. Pas alors qu’elle n’en a pas besoin le moins du monde. |
| | | | (#)Lun 6 Mar 2023 - 3:02 | |
| Les torts sont momentanément oubliés, mais ils ne seront jamais complètement effacés, comme tous les précédents. Les erreurs ont marqué la peau des Keegan, leur confiance l’un envers l’autre, aussi, mais les liens du sang restent comme une sorte de fardeau pour Lily, une bénédiction pour Joseph. Aujourd’hui, sa sœur lui a offert une autre chance et, le problème, c’est qu’il sait que ce n’est pas la dernière. À force, il la connait. D’ailleurs, ce n’est pas qu’avec lui qu’elle pardonne. C’est avec tous les autres qui sont passés avant. “Ezra peut s’en charger.” Qu’elle affirme sans hésiter lorsque Joseph propose de lui donner un coup de main si elle en a besoin. La réponse est réaliste et il ne peut pas lui en vouloir de l’effacer de sa liste de possibilités. Ezra s’y connait mieux que lui. Ezra était déjà père et il saura réitérer l’expérience. Il sera toujours plus naturel qu’un Joseph qui ne s’est jamais occupé de personne d’autre que lui-même et ses problèmes, ses accumulations, ses pertes de contrôle. Alice n’aura pas besoin de lui. “Je sais que tu veux aider, mais… Une chose à la fois.” Lèvres pincées, Joseph se contente d’hocher la tête et de joindre ses mains devant lui, docile petit chien qui garde la queue entre les jambes. Parfois, il se demande comment il pourrait aider, de toute façon. La dernière fois qu’il a voulu protéger sa sœur, il a provoqué un accident sur l’autoroute. Mais il l’avait un peu mérité, Callum… “Il est le meilleur père qui soit.” Il s’accroche à son regard. Elle est formelle, comme si l’information qu’elle venait de lui donner était un fait irréfutable. Mais qui serait-il pour donner son opinion, de toute façon ? Ce qu’il connait du type, c’est qu’il sait vendre des voitures et qu’il a un excellent service à la clientèle. Cette discussion qu’ils ont entretenue au garage n’a pas vraiment révélé son visage, jadis masqué par son professionnalisme. “Et si tu penses que je te dis ça pour que tu ne t’en mêles pas, tu as parfaitement raison.” Il se redresse sur le canapé, soulève sa main devant lui comme pour l’arrêter dans sa lancée. « J’ai pas l’intention d’faire une autre connerie, Lily. » Qu’il prononce pour tout de suite mettre les choses au clair. Il ne fera plus d’erreurs ; du moins, plus le genre d’erreur qui vole la vie à un individu qui ne l’aurait pas vu venir. Tout ce qu’il souhaite, c’est que sa sœur soit en sécurité, et sa première impression d’Ezra était bonne. Trop bonne, d’ailleurs. La jeune femme n’avait pas l’habitude de s’entourer de gens comme lui. Tout comme son frère, elle attirait les ennuis, les petits diables, même ceux qui ne prenaient même pas la peine de cacher leurs cornes en dessous de couches superficielles. “Je voulais te présenter Alice et faire les choses comme il faut, pour elle, mais ne t’avise pas à toucher à un seul cheveu d’Ezra.” Dents serrées, il bredouille : « Promis. » C’est ce qu’elle veut entendre. Inutile de tourner autour du pot, de trouver des excuses. La promesse est faite et, s’il le faut, il liera son petit doigt à celui de Lily. Quoique, ils ne sont plus des enfants qui misent toute leur confiance sur une stupide manipulation.
S’humectant les lèvres, il hésite un peu. Il attarde son regard sur Alice qui geint un peu sans pour autant que ses caprices ne se transforment en crise de larmes. Elle est belle, sa sœur qui porte un enfant. : « T’es belle. » Qu’il laisse s’échapper sans faire tourner sa langue dans sa bouche. Il déglutit, réalise trop tard que ce n’est pas le genre de mots qu’ils s’échangent habituellement. C’est plus naturel de se battre avec Lily que de la complimenter. Alors il se reprend bien rapidement : « J’ai voulu faire bonne impression alors j’ai acheté cette paire de jeans. » Il explique en tendant ses deux jambes devant lui. Il ricane ensuite : « Ça coûte la peau du cul, des fringues, aujourd’hui. » Il passe ensuite sa main dans sa chevelure bien trop longue et désorganisée : « J’avais prévu d’passer chez l’coiffeur mais j’ai pas eu l’temps d’prendre rendez-vous avant aujourd’hui. » Et, aussi, son budget est un peu trop serré maintenant qu’il a prévu de quitter ses responsabilités, de se donner lui-même une deuxième chance. Malheureusement, cette nouvelle-là, il ne peut pas la partager avec sa sœur même si cette dernière se doute qu’il trempe encore dans les affaires louches alors qu’il a déjà fait un passage en prison. « J’espère qu’Alice m’en voudra pas d’ressembler à un membre d’un band de Metal. Ça lui donnera p’t’être la passion d’la musique. » Parce qu’il l’avait fait pour elle, pour cette occasion, pour sa rencontre avec cette nouvelle membre de la famille. « J’me mettrai pas à chanter, par contre, pour pas la rendre sourde. »
@Lily Keegan tiens, ton occasion de lui couper les cheveux
Dernière édition par Joseph Keegan le Lun 6 Mar 2023 - 23:37, édité 1 fois |
| | | | (#)Lun 6 Mar 2023 - 19:07 | |
| Peu importe comment elle se sent ou ce à quoi ressemble sa vie, Lily trouvera toujours le temps et l’énergie de défendre ceux qu’elle aime. Peu ont la chance d’être dans ce cercle très restreint, mais pour ce groupe elle serait prête à absolument tout pour leur assurer un avenir radieux. « J’ai pas l’intention d’faire une autre connerie, Lily. » Pour le moment, c’est ce qu’il dit, mais il est trop instable. Elle ne peut pas lui faire confiance, parce qu’elle ne peut pas prévoir comment il réagira à la première contrariété, ou au premier indice qui le laissera penser qu’Ezra n’est plus aussi parfait que l’image que Lily en donne. “J’ai besoin de temps.” Avoir volontairement mis fin à la vie de quelqu’un n’est pas le genre de chose qu’elle peut pardonner en claquant des doigts - en réalité, elle n’est même pas certaine de vouloir lui pardonner, justement. « Promis. » Promis, il ne touchera pas à un seul cheveu d’Ezra, et c’est honnêtement tout ce qu’elle veut entendre, parce qu’elle sait au moins qu’Alice est sauve. Il a une morale particulière et à laquelle elle trouve de nombreux défauts, mais elle épargne au moins sa nièce.
La tension redescend naturellement lorsque l’attention du frère autant que de la soeur se portent en direction de la toute jeune Alice, à peine née et déjà parfaite aux yeux de sa mère. « T’es belle. » Elle accuse une seconde de réaction, le temps pour elle de se rendre compte qu’il lui parle à elle, et non à Dieu sait qui. Ses grands yeux bleus remontent en silence dans ceux de son aîné, prise de court par des mots qu’elle n’est même pas certaine de déjà avoir entendu une fois dans sa vie - de sa part, du moins. « J’ai voulu faire bonne impression alors j’ai acheté cette paire de jeans. » Il lui donne la parfaite excuse pour déloger son regard du sien et les poser plutôt contre le fameux jean. “C’est un bon choix.” N’importe lequel serait meilleur que ses habits troués et pas à sa taille, si jamais vous demandez à Lily. Mais ce jean en question est simple et discret, il est ce dont il a besoin pour avancer dans la vie plutôt que de continuer à faire ce qu’il fait ; peu importe ce que c’est exactement. « Ça coûte la peau du cul, des fringues, aujourd’hui. » La remarque la fait sourire, c’est comme si Joseph venait d’accéder à l’âge adulte et découvrait la valeur et la nécessité de l’argent. Il est un enfant qui a le statut de grand-frère sans que cela ne fasse de sens, bien souvent. « J’avais prévu d’passer chez l’coiffeur mais j’ai pas eu l’temps d’prendre rendez-vous avant aujourd’hui. » Elle observe ses cheveux, note qu’il aurait sûrement aussi besoin d’un bon shampooing. “Viens dans la salle de bain.” Et finalement, elle se contente de le demander avec la voix de la mère qu’elle est (enfin) devenue. Elle n’est pas coiffeuse, et elle n’a bien sûr jamais aspiré à l’être, mais elle peut au moins lui faire une coupe digne de ce nom, et surtout bien plus courte.
« J’espère qu’Alice m’en voudra pas d’ressembler à un membre d’un band de Metal. Ça lui donnera p’t’être la passion d’la musique. » Étrangement, Lily se garderait bien qu’elle se prenne d’une passion pour ce genre de chose. La musique, la danse ou l’équitation, ce serait bien. N’importe quel sport, pourquoi pas. Mais certainement pas ce genre de musique. « J’me mettrai pas à chanter, par contre, pour pas la rendre sourde. » - “Tu pourras pas faire pire que son père.” Elle commente dans un sourire simple mais attendri: Joseph se doute bien qu’elle ne tiendrait pas de véritables reproches sur son petit-ami, encore moins face à lui. “On va te faire une coupe, comme ça tu seras parfait pour la rencontrer.” Comme ça il sera présentable, voilà ce qu’elle pense en réalité de la situation. Lui et ses cheveux, ses affaires troués, son haleine souvent hasardeuse et sans parler de la taille de ses pupilles. Ce soir, il n’y aura rien de tout ça, parce qu’il n’est plus question seulement d’eux mais bien d’Alice aussi.
“Je peux te les raccourcir ?” Elle demande tout de même, bien qu’il semble évident que c’est la seule chose dont elle a envie: lui couper les cheveux courts pour laisser à sa mâchoire la possibilité d’exister, sans être cachée par ses longues mèches. “Ça te stresse, d’être tonton ?” Il en a toujours été question dans les mots de la jeune femme, mais elle a eu besoin de deux décennies avant de rendre l’idée concrète. Depuis le temps, peut-être avait-il oublié la possibilité que cela finisse véritablement par exister. En réalité, elle lui demande surtout parce que de son côté, elle est véritablement terrorisée, une boule d’émotions qu’elle peine à gérer, pour la première fois de sa vie. Finalement, le reste de ses questions est coupé court par le regard qu’elle dépose une fois de plus sur la petite silhouette de sa fille. “Tu peux la tenir pendant que je te coupe les cheveux. Elle sera contente.” Elle aime l’attention, et Joseph lui en donnera, c’est au moins une certitude. |
| | | | (#)Ven 10 Mar 2023 - 0:11 | |
| “J’ai besoin de temps.” Encore. Ils ne seront jamais complètement en paix, du moins, pas sur cette planète. Peut-être que le paradis existe réellement et, avec un peu de chance, Dieu sera assez conciliant pour leur y laisser une petite place à tous les deux. Et, là-haut, ils n’auront plus besoin de faire des erreurs pour avoir l’impression de vivre. « Oui. » Prends ton temps, lui dont tu as besoin, je ne sais faire que ça, attendre.
Il voudrait que la discussion soit normale. Il y a ce nouveau membre de la famille qui geint, cette maison dont Joseph découvre les murs pour la première fois, l’odeur de nourriture dans la cuisine (certainement un plat mis au four), ce frère et cette sœur qui n’ont pourtant jamais connu la normalité. La nouvelle paire de jeans du garçon est normale. Elle n’est pas déchirée ni par choix, ni involontairement. Ses poches sont assez grande pour contenir les quelques effets dont il a besoin. Son portefeuille, son téléphone, le double des clefs de l’appartement de Deborah qui ne lui appartient d’ailleurs plus. Un jour, il pourra faire une petite surprise aux nouveaux propriétaires. Son sac à dos, il ne l’a pas apporté avec lui puisqu’il ne contient plus rien de nécessaire. Il ne lira pas chez Lily, ne fera pas un passage à la douche et, surtout, ne touchera à aucun sachet de poudre. De toute façon, il vendra bientôt son tout dernier. “C’est un bon choix.” Ce n’est pas vraiment intéressant. Pour deux habitués des montagnes russes, le sujet du style vestimentaire paraît très vague et emmerdant. C’est toujours mieux que de commenter les températures chaudes ou le prix exorbitant de l’essence. Ou le prix d’une coupe chez le coiffeur. “Viens dans la salle de bain.” Le genre de proposition qui ressemble davantage à un ordre et il vaut mieux l’écouter, quand il est prononcé par Lily sans même qu’elle ne le regarde. Hochant de la tête, il se redresse, profite de sa hauteur pour avoir un autre aperçu du visage trop pur d’Alice, laisse s’échapper un autre sourire enfantin. “Tu pourras pas faire pire que son père.” C’est ainsi qu’Ezra pourrira la vie de Lily, alors. En lui faisant perdre l’ouïe. C’est une amélioration. « Ça reste à voir. » Il rétorque, implantant une graine de défi à cette discussion. Aussi, il partage discrètement son désir de lui parler dans le blanc des yeux, à ce père, non pas dans la peau d’un client mais bien dans celle du frère de sa petite amie. “On va te faire une coupe, comme ça tu seras parfait pour la rencontrer.” Il abdique, suit Lily jusqu’à la salle de bains, toujours en cherchant à voir un peu plus le bébé qui se met déjà à se plaindre quand sa mère lui impose un mouvement. « En fait, j‘crois qu’c’est elle qui gagnera l’concours. » Elle pourrait déjà briser des verres, avec cette voix strident et exigeante.
Comme d’habitude, il évite de voir son reflet dans le miroir alors, aussitôt entré dans la salle de bain, il part à la recherche d’un endroit où s’installer. Il trouve son bonheur sur le rebord du bain, là où il se pose, interrogeant du regard sa sœur afin de s’assurer qu’il n’est pas en train de faire une connerie. Joseph qui déambule dans une jolie maison, ce n’est pas très naturel. “Je peux te les raccourcir ?” Une question qu’il prend à la légère : « J’suis le dernier informé des modes alors tu pourrais faire n’importe quoi que j’saurais pas t’dire si c’est beau ou pas. » Ça lui laisse beaucoup de choix et, aussi, peu de chances de faire une erreur. « Après, si c’est terrible, le coup d’rasoir est permis. » Et c’est pratique, un crâne rasé, dans un climat aussi chaud. “Ça te stresse, d’être tonton ?” Il repose ses yeux sur Alice par automatisme, comme si son regard était le pôle négatif, et, elle, le pôle positif. Tonton de ce petit morceau de chair qui pleure. C’est étrange comme sensation et il n’y avait pas réfléchi jusqu’au bout. « J’y ai pas trop pensé. Avant ton message, j’croyais que j’le serais pas vraiment. » Il admet d’un ton qui ne se veut pas accusateur. Il aurait compris, si elle ne l’avait pas rappelé. Vraiment. Il y a bien une raison pour laquelle il évite de dévier ses yeux vers le miroir. “Tu peux la tenir pendant que je te coupe les cheveux. Elle sera contente.” Il relève la tête, surpris, étonné, ébranlé, mais ses bras se soulèvent machinalement devant lui comme si elle lui avait donné un autre ordre. Quand ils accueillent la petite forme fragile et gigotant, il a aussitôt l’impression qu’il va en perdre le contrôle mais ça n’arrive pas. Au contraire, il rapproche Alice de lui, sa main soutenant sa minuscule tête comme s’il avait déjà appris à le faire. Les deux immenses perles bleues de la petite se mettent à le fixer, à découvrir ce nouveau visage à la fois familier et inédit, et c’est plutôt un ricanement qu’un pleure qui s’échappe de sa gorge serrée. Il la pose sur ses deux jambes jointes, méticuleux, se mordant le bout de la langue pour ne pas perdre sa concentration et sa prise. Tandis que le peigne de Lily s’attèle à faire un peu d’ordre à sa chevelure, il lâche : « Elle… C’est la même… Que sur la photo d’famille qu’Marie avait mise sur sa table de ch’vet. » C’est Lily, qu’il revoit sur ses genoux. La même tête ronde, les mêmes cils déjà noirs et bien définis. « Tu avais r’marqué ? » Surtout, ce qu’il remarque, c’est qu’elle a arrêté de pleurer, maintenant occupée à tâter la main de Joseph pour en attraper l’index qu’elle serre.
@Lily Keegan |
| | | | (#)Dim 12 Mar 2023 - 15:26 | |
| « Ça reste à voir. En fait, j‘crois qu’c’est elle qui gagnera l’concours. » La palme se retrouve vulgairement dérobée sous les yeux d’Ezra, ce dont ce dernier ne saurait tenir rigueur à la chair de sa chair. Elle voit bien comment il regarde Alice, et elle voit aussi comment Alice le regarde, elle et sa vision pourtant particulièrement paradoxale à en juger par son âge. Lily replace sa main contre le crâne de sa fille, elle dont le visage est près du cou de sa mère. “Je te l’avais dit.” Elle le commente dans un sourire, lequel cache pourtant beaucoup de crises de nerfs et autant d’heures de sommeil perdues.
Une fois rendus dans la salle de bain, Lily lui pointe une chaise dans la chambre d’en face pour qu’il puisse l’attraper et l’amener à son tour. Il est à peine plus grand qu’elle, mais tout serait plus facile s’il s’asseyait simplement. « J’suis le dernier informé des modes alors tu pourrais faire n’importe quoi que j’saurais pas t’dire si c’est beau ou pas. » Il ne lui apprend rien, en effet. Joseph est même le dernier au courant des annonces dans leur propre famille, alors la jeune femme se doute facilement qu’il en a tout aussi peu à faire des tendances en tous genres. “Les cheveux courts te vont bien.” Ils lui vont bien, ils lui vont mieux, et ils seront aussi plus faciles à entretenir pour lui. Et qui sait, peut-être que cela lui donnerait une raison de la retrouver dans quelques semaines, quand ils auront déjà repoussé. « Après, si c’est terrible, le coup d’rasoir est permis. » - “C’est ce que tu veux ? Je peux le faire aussi.” Les deux options lui semblent être bonnes, alors elle lui laisse le choix final. Elle n’aurait qu’à retrouver la tondeuse à cheveux d’Ezra quelque part, cela n’aurait rien de difficile pour elle. Et les cheveux rasés lui vont bien, eux aussi. Tout lui irait mieux que la façon dont il les porte en cet instant, en réalité.
Pourtant, après avoir reposé les yeux sur sa fille durant une seule seconde, à son tour assise sur le rebord de la baignoire en attendant de savoir ce qu’elle doit faire de ses cheveux, Lily l’interroge sur la nouvelle configuration de la famille et ce qu’il peut en penser à son tour. « J’y ai pas trop pensé. Avant ton message, j’croyais que j’le serais pas vraiment. » Elle admet un sourire triste, la faute à plusieurs années de bataille avec et contre son corps pour enfin réussir à mettre au monde un enfant. Elle commençait à perdre espoir à son tour, en effet. “Ca a été difficile.” Elle admet à voix basse, son index caressant la joue de sa fille pour se souvenir qu’elle est bel et bien là ; enfin. Alice glisse finalement dans les bras de son oncle, sous le regard plus soucieux que jamais de sa mère, qui s’assure qu’il la tient correctement et qu’elle réagit positivement à ce changement. Puisqu’elle ne semble pas s’en plaindre, la nouvelle mère trouve le temps de respirer à nouveau, soulagée lorsqu’elle fait glisser le peigne dans les cheveux noirs de son aîné. « Elle… C’est la même… Que sur la photo d’famille qu’Marie avait mise sur sa table de ch’vet. Tu avais r’marqué ? » Elle est son portrait caché. Tout le monde le lui dit ; tout comme tout le monde disait qu’elle était celle de sa propre mère, à l’époque. “On est au moins assurés qu’elle n’a pas été échangée à la maternité.” Lily commente dans un sourire pâle. Elle est sa mère, sans l’ombre d’un doute, à défaut que la paternité d’Ezra soit évidente et assurée. C’est ce qu’elle dit pourtant, et c’est ce en quoi elle veut croire. “Maman insiste pour la voir, je crois qu’elle pense qu’elle va pouvoir la garder tous les jours et revivre ses premières années de mère.” Elle avoue, elle confesse. N’importe quel parent apprécie sûrement l’aide des grands-parents, mais ce n’est bien sûr pas le cas de Lily, éternellement butée et bien trop obnubilée par l’idée de tout vouloir gérer elle-même. “Je pense qu’elle essaie de se rattraper, pour pas avoir été la meilleure avec nous.” Avec Joseph, surtout, bien que la comparaison entre leur enfance et celle que connaîtra Alice est impossible: jamais Lily ne sera absente et jamais ô grand jamais Ezra ne lui fera le moindre mal. Les yeux de Lily s’imprègnent de larmes lorsqu’elle évoque leur histoire, et elle chasse rapidement le tout d’un revers de la main. “Les hormones.” La fatigue, l’accumulation de tout. Beaucoup de choses pourraient expliquer son émotivité, qu’elle juge pourtant ne pas avoir lieu d’être. |
| | | | (#)Dim 19 Mar 2023 - 17:50 | |
| “Les cheveux courts te vont bien.” Tout sauf la longueur qu’il arbore actuellement, n’est-ce pas, Lily ? Ce n’est pas très masculin, des pointes de cheveux qui atteignent les épaules et qui peuvent se remonter en chignon. Ça fait sale, aussi, parce que c’est un reflet direct du revenu aléatoire de Joseph et du sens de ses priorités. Il n’investira jamais une somme, grande ou petite, dans un salon de coiffure. Son forfait téléphonique bouffe déjà une grande partie de son budget, ainsi que ses passages improvisés dans les auberges de jeunesse quand il n’a pas envie de saluer les étoiles et qu’il veut faire un détour à la douche. C’était plus facile quand il pouvait finir sa nuit dans l’appartement de Deborah, là où un lit portait son nom ainsi qu’une bouteille de shampoing. “C’est ce que tu veux ? Je peux le faire aussi.” Il ne sait pas ce qu’il veut au niveau de sa tête ; non, en fait, il veut mieux dormir, ne plus supporter les migraines qui accompagnent son abstinence. Elles ne sont jamais vraiment parties même s’il n’a pas glissé l’aiguille depuis deux ans. « Fais c’que t’as envie d’faire. » Il conclut en croisant son regard dans le reflet du miroir, n’accorde pas un coup d’œil à sa propre personne, préfère reposer son attention sur l’enfant qui gazouille parce que ce dernier est encore beau et plein de vie. « Mais le rasoir te permettrait pas d’pratiquer sur moi avant qu’ce soit l’temps d’couper les cheveux d’Alice. » Elle a encore le temps. Le crâne de l’enfant est couvert de quelques centimètres dont la texture s’apparente plus à du duvet.
Ce n’était pas un reproche, d’admettre qu’il n’avait pas eu le temps de concevoir l’idée d’être devenu un tonton. “Ca a été difficile.” Il ne pourra jamais se retrouver à sa place. Il peut faire preuve d’empathie parce qu’elle est sa petite sœur, et parce qu’il a toujours eu l’impression de pouvoir lire dans ses pensées, tout comme la réciproque était valide. « J’comprends. T’inquiète. J’t’en veux pas. » Il ne lui en a jamais voulu, à vrai dire. Tous les mauvais coups, toutes les portes fermées, il avait l’impression de les mériter. Plutôt se blâmer lui que celle qui a réussi à faire tourner sa vie à son avantage plutôt que de se laisser couler au fond du lac. Il n’a plus envie de se battre avec elle. Quoique, le naturel revient toujours au galop. Ils restent frère et sœur. C’est dans leur nature d’alimenter la compétition. Il se demande alors si elle aura un petit frère ou une petite sœur, l’enfant couché sur ses genoux. Il ne posera pas la question parce qu’il a conscience que ce n’est pas le moment. La fatigue se lit dans les traits ankylosés de Lily, et elle a beau essayé de les couvrir de maquillage, ils percent la superficialité. “On est au moins assurés qu’elle n’a pas été échangée à la maternité.” Ça, c’est certain, Joseph pense en gloussant. La prise qu’il fait autour de ses minuscules bras est délicate, il ne décroche pas ses perles bleues des siennes, contemple la beauté qu’elle partage avec sa mère. “Maman insiste pour la voir, je crois qu’elle pense qu’elle va pouvoir la garder tous les jours et revivre ses premières années de mère.” Sans faire trop de mouvement brusque pour ne pas gâcher les coups de ciseaux dans sa coiffe, il regarde à nouveau Lily par le reflet du miroir. L’idée ne le déstabiliserait pas autant s’il ne la savait pas dans une maison de retraite, à moitié lucide, la maladie ayant pourri ses muscles. Comment pourrait-elle s’occuper d’Alice si des gens s’occupent déjà d’elle ? “Je pense qu’elle essaie de se rattraper, pour pas avoir été la meilleure avec nous.” Ses sourcils se froncent mais il n’impose pas cette vision, cet avis, à sa sœur. Il rabaisse la tête, se remet à tirer la langue à Alice pour la faire sourire. « Et t’en penses quoi, toi ? » Il ne veut pas parler à sa place mais… il lit encore dans ses pensées. Lily, le livre dont Joseph a décortiqué chaque page, chaque paragraphe, chaque chapitre. Il pourrait prévoir la suite, d’ailleurs, et…
Elle pleure ? Quoi ? “Les hormones.” Ce n’est pas une excuse qui convient à Joseph qui tourne la tête vers elle pour la regarder tandis qu’elle essaye de dissimuler sa peine pour ne pas faire couler son mascara. « Qu’est-ce qu’il s’passe, Lily ? » Il demande doucement. « Pourquoi t’as l’air malheureuse ? T’as enfin réalisé ton rêve, pas vrai ? » S’il s’attendait à voir de la brillance dans ses yeux, ce n’était pas ce genre-là. « Alice est là, en santé, et tu lui offriras la meilleure vie qu’tu peux lui offrir. » Elle ne vivra pas le même enfer. Il n’y a plus de violence dans les parages, plus de hiérarchie injuste, mieux qu’une ferme mal climatisée, une école à quelques kilomètres, beaucoup de parcs, pas de coin isolé dans lequel les cris n’atteignent aucune oreille.
@Lily Keegan |
| | | | (#)Lun 20 Mar 2023 - 12:23 | |
| « Fais c’que t’as envie d’faire. » Il ne donne pas son avis quand il ne veut pas risquer de donner la mauvaise réponse, voilà ce qu’il fait, Joseph. Il ne dit rien, il mime que toutes les options lui conviennent, et il agrémente le tout d’un simple sourire. C’est ce qu’il fait toujours, Joseph, quand il ne tire pas sur son meilleur ami. « Mais le rasoir te permettrait pas d’pratiquer sur moi avant qu’ce soit l’temps d’couper les cheveux d’Alice. » Il n’est pas le premier à qui elle coupe les cheveux, ayant connu une vie bien avant qu’il ne soit assez correct pour revenir dans la sienne. Elle ne dit pourtant rien, ne voulant pas à son tour le blesser volontairement en précisant la réalité des choses. Elle comprend qu’il préfère simplement se faire couper les cheveux, et elle s’exécute, non sans jeter un regard à sa fille aussi souvent que possible, pour la rassurer ou pour se rassurer elle-même, Lily n’en sait trop rien. “Elle ira chez le coiffeur. Je veux qu’elle s’habitue.” Elle veut que sa fille soit la plus parfaite petite chose qui puisse exister sur cette Terre, et ça passe par un parfait entretien de ses pointes, qu’elle est bien consciente de ne pas pouvoir lui procurer par ses propres moyens.
Alors, Lily profite d’avoir son frère à ses côtés pour lui parler et pour se confier, au moins sur les sujets qu’elle accepte de partager avec lui - c’est à dire pas tant que ça, en réalité. Elle peut au moins parler de leur mère et de son caractère changeant, parce que ce n’est une surprise pour aucun d’eux. Elle a toujours été ainsi, la maladie n’ayant fait qu’empirer un peu plus les choses encore. Les rides du lion se forment sur le visage de son frère lorsqu’il relève le regard et tente de capter celui de Lily, ce qu’elle ne lui accorde pas, faussement concentrée sur ses mèches de cheveux dont la longueur diminue de seconde en seconde. « Et t’en penses quoi, toi ? » Alice se retrouve au coeur des questions, sans que cela n’ait quoi que ce soit de juste. Il a beau parler à sa fille avec toute la douceur du monde, cela ne suffira pas pour faire oublier trois décennies. “C’est à toi que je posais la question Jo.” Du haut de ses quelques jours, Alice ne mérite pas d’être catapultée au coeur de problèmes d’adultes, et encore moins de lui servir d’échappatoire alors qu’elle tente d’avoir une conversation sérieuse avec l’adulte qui est normalement devenu il y a longtemps.
Son index roule sous ses yeux lorsque Lily tente soudainement d’en chasser les larmes autant que de limiter les traces que pourrait laisser son mascara en coulant. Elle retire un instant les ciseaux du crâne de son frère, pour ne pas risquer un mouvement malheureux. « Qu’est-ce qu’il s’passe, Lily ? Pourquoi t’as l’air malheureuse ? T’as enfin réalisé ton rêve, pas vrai ? » Elle referme les lames des ciseaux et lève sa paume de main, pour signifier qu’il n’a pas à s’inquiéter et, surtout, qu’il n’a pas à poser autant de questions. “C’est rien je t’ai dit. Les hormones.” Il risque de penser à nouveau qu’Ezra ne la rend pas heureuse, et elle refuse que la moindre faute retombe sur les épaules de son petit-ami, qui fait toujours du mieux qu’il peut malgré les circonstances. « Alice est là, en santé, et tu lui offriras la meilleure vie qu’tu peux lui offrir. » - “Ezra s’occupe très bien d’elle. Il a ça dans le sang.” Ezra. Pas elle. Ezra, parce qu’il sait bien mieux y faire avec Alice, sans que Lily ne puisse l’expliquer, parce qu’elle a passé la dernière décennie de sa vie à lire tout ce qui était humainement possible pour apprendre à s’occuper au mieux d’un enfant et le rendre heureux. “Je te coupe rapidement les cheveux, le repas est bientôt prêt de toute façon. Je veux pas que ça refroidisse.” Tout ça pour dire qu’elle ne veut pas en parler. Elle lui coupe les cheveux, il a le droit de garder Alice près de lui pendant ce temps, ils mangent et chacun retourne ensuite à ses occupations. Elle retrouve rapidement Ezra, et Joseph fait Dieu sait quoi, comme à son habitude. D’une main, elle chasse les dernières traces de larmes et se remet à lui couper les cheveux, pour qu’il cesse au moins de l’interroger comme si elle était une enfant et, surtout, comme s’il était réellement un grand frère pour elle. |
| | | | (#)Mer 29 Mar 2023 - 2:32 | |
| “Elle ira chez le coiffeur. Je veux qu’elle s’habitue.” Contrairement à Joseph ? Il ne passe pas le commentaire, se contente d’acquiescer et de reporter son attention sur l’enfant qu’il ne pourra pas vexer en disant n’importe quoi parce qu’elle est encore bénie par l’insouciance et l’incompréhension face au monde qui l’entoure. Elle ne sait pas ce qui est bien et ce qui est mal, ne différencie pas la propreté du sale et, devant ses yeux ouverts et curieux, Joseph ne représente rien de plus qu’un énième jouet qui fait de drôles de grimaces.
Mais, même si Alice ne pourrait pas comprendre qu’elle se fait bercer par des bras qui n’ont pas seulement commis le bien, Joseph surprend une pensée égoïste le traverser. Il n’aurait jamais monté sur ses grands chevaux ou levé le ton mais, il ne peut pas mentir, l’idée de voir Marie tenir l’enfant le dérange. Ce n’était pas elle la source du problème, elle n’a jamais frappé Joseph, tiré ses cheveux ou couper ses phalange avec des lames de papier, mais celui qui n’agit pas est tout aussi fautif. “C’est à toi que je posais la question Jo.” Peut-être, mais il n’est pas le père d’Alice. Il a l’impression que Lily veut l’entendre insulter celle qui l’a mis au monde et qui n’a jamais su s’occuper de lui. Souhaite-elle rappeler à son frère qu’elle ne fera jamais un travail aussi bas que Marie ? Il le savait déjà. Le ciseau murmure à son oreille, il inspire doucement, se mord le bout de la langue puis marmonne : « J’pense qu’elle a déjà eu sa chance d’être mère, et que maintenant c’la tienne. » Et elle possède entre ses mains toutes les ressources nécessaires pour savoir quoi faire, quoi éviter, quoi prôner. « Si elle voulait tant d’un enfant, elle n’avait qu’à pas merder la première fois. » Son ton est strict mais ses yeux posés sur le bébé restent joueur et lumineux. Il ne veut pas qu’elle perçoive dans l’air toute la négativité qui s’écoule toujours d’un échange de Keegan, qu’ils se trouvent dans le même camp ou pas.
Il ne pensait pas voir le visage de Lily passer de la neutralité (cette fameuse neutralité qui le dérange) à la tristesse, mais les premières larmes qui fuient ses joues l’alertent. Elle n’est pas en colère. Ses joues sont blanches, la structure de son visage détendue. Ce ne sont pas les mots qu’il a prononcés qui l’ont plongé dans ces émotions. “C’est rien je t’ai dit. Les hormones.” Il voudrait tant la croire parce que ce serait facile de blâmer un phénomène sur lequel ils n’ont aucun pouvoir. Mais, hormones ou pas, Lily peut se battre contre une armée entière et ses plaies ne saigneront pas. “Ezra s’occupe très bien d’elle. Il a ça dans le sang.” Elle préfère parler de celui qui ne peut pas donner son avis et celui dont Joseph ne connait pas assez le caractère pour se faire une opinion. « J’ai pas parlé d’Ezra. » C’est à son tour de détourner les questions ? Ils peuvent jouer à ce petit jeu très longtemps. Ils ont tout le reste de la vie devant eux. “Je te coupe rapidement les cheveux, le repas est bientôt prêt de toute façon. Je veux pas que ça refroidisse.” Parfait. Elle ne dira rien. Elle ne lui fait pas confiance ; mais qui pourrait lui en vouloir de ne pas faire confiance en un homme qui ne croit même pas en lui ? Elle gagne cette fois, et Joseph le laisse savoir en reposant ses yeux sur Alice pour mieux replacer son minuscule col plein de salive. Ils mangeront dans le silence, ou en parlant du bon et du mauvais temps. Ça ne changera pas des habitudes. Avec un peu de chance, il aura assez d’appétit pour ne pas déshonorer le temps qu’elle a consacré à la concoction du repas. Et, dans le meilleur des mondes, ils ne se jetteront pas des couteaux d’un bout à l’autre de la cuisine.
@Lily Keegan je te laisse décider si c'est la conclusion ou si tu réponds une autre fois. Après on pourra lancer la suite des échanges sms. |
| | | | | | | | (keegans #16) we've been through some wars together |
|
| |