Sans aucune surprise, Ophelia était arrivée bien plus tôt que qui que ce soit. Avait pris son café sur le banc de parc, avait senti les flashs des caméras sur sa nuque une petite heure après qu’elle s’y soit posée. Elle avait pris le temps de marcher à travers le parc, de s’arrêter plusieurs fois pour des raisons qu’elle n’a pas pris la peine de trouver. Ophelia était dans son habitat naturel même si rien ne la rattachait à cet endroit pour n’y avoir que très peu mis les pieds avant la tragédie. Elle le connaît pourtant par coeur, l’a étudié dans tous ses angles, a participé à toutes les fouilles et à toutes les discussions autour des résultats - absents - de celles-ci. Elle pourrait décrire le parc les yeux fermés, y situer chaque arbre, chaque caillou, chaque buisson et chaque jeu. En faire une reproduction grandeur nature ou une peinture même, si Auden était assez naïf pour la laisser entrer dans son atelier en croyant qu’elle n’allait faire qu’observer les pinceaux et les toiles qu’il y laisse traîner. Ophelia était des heures d’avance mais elle n’avait pas prévu passer la journée nulle part ailleurs. Elle serait même arrivée à minuit pile, si le cliché de la chose ne l’avait pas gardé de le faire. À la place, elle avait pratiqué son reflet dans la glace, étudié ses froncements de sourcils, tenté d’aller chercher une nouvelle manifestation d’inquiétude sans avoir à plisser du front elle qui remarque lentement mais sûrement de légères fines lignes tracer leurs sillons sur sa peau. Elle se réinventait cette nuit donc, à la lumière des chandelles, une coupe de Bordeaux posée sur le comptoir de la salle de bain et les prunelles rivées à leurs doubles dans le miroir. Comment avoir l’air toute aussi détruite qu’elle l’était il y a dix ans de cela, sans avoir besoin de doubler sa dose de rétinol ?
Le jardin se remplit, autant de gens que de lampions. Ils ont amené des fleurs même si Reggie avait une allergie au pollen, mais Ophelia ne l'avait pas écrit, dans son livre. Elle avait tué certains éléments, tantôt parce qu’ils n’étaient pas assez baroques à son goût, pas assez sensationnels pour qu’elle puisse taper sur le clou de la fiction lorsqu’on lui reprocherait de trop s’inspirer du vrai. Mais il y avait des détails qu’elle gardait jalousement pour elle et elle seulement. Ophelia était d’une nature plus que généreuse ; mais Reggie avait toujours été tout et son contraire pour elle. L’écrivaine les entend parler, elle entend la foule qui discute de tout et de rien, qui murmure pour la plupart soucieux de ce qu’ils peuvent bien avoir l’air à se rappeler du “bon vieux temps” alors qu’ils viennent à une veillée. C’est un événement triste et Ophelia a donc choisi d’assumer la couleur, laissant les vêtements noirs à d’autres. La majorité des gens ici, en l’occurence, arborent des teintes d’enterrement. Ils ont tous l’air d’aller au cimetière et d’avoir fait un détour ici avant. Ça lui briserait le coeur, si elle ne l’avait pas doucement emballé dans des dizaines d’épaisseur de clôture barbelée. Ni Ophelia ni aucun des Butcher n’a eu droit au moins à ça, un enterrement. Personne ne leur a offert le luxe de retrouver un corps, d’au moins savoir que Reggie n’avait pas souffert trop longtemps, qu’il n’était pas catapulté dans un autre monde à subir Dieu sait quoi dans les bras de Dieu sait qui. Alors non, Ophelia ne porte pas de noir. Elle sourit, à la place.
Dans l’une des poches de son sac s’accumulent quatre lettres. Elle est persuadée que deux autres doivent l’attendre dans sa boîte postale. Si elle se fie à la date où la postière a estampée les enveloppes, il met toujours très exactement cinq jours avant de poster la suite de ses messages cryptiques. Elle sait qu’il est un homme, celui qui lui écrit depuis un peu plus d’un mois maintenant. Mais Ophelia a choisi de garder le tout bien en marge, elle n’en a parlé à personne et encore moins à l’un ou l’une des représentants du corps de police qui errent un peu partout autour du parc en s’assurant que tout se passe bien. Qui oserait venir troubler ce genre d’événement ? Ophelia n’a pas prévu le moindre discours, du moins, pas un de ceux qu’elle livrait au tout début des battues. À la place, elle se promène entre les visages, les salue tous les uns après les autres. Reconnait des amis perdus, des connaissances vagues, des anciens voisins, des professeurs retraités. Et Millie, qui vient tout juste d’arriver. Lâche au possible, Ophelia change tout de suite de trajectoire et s’engouffre entre un petit groupe qui devrait arriver à la cacher de sa nièce le temps qu’elle disparaisse. Ce parc a tendance à engouffrer les enfants de la famille, de toute façon.
Millie Butcher
les enfants du silence
ÂGE : vingt-cinq ans; les années s'ajoutant au compteur ne font qu'éloigner les souvenirs restés, eux, bloqués dix ans en arrière. SURNOM : millie en est déjà un, son prénom n'étant plus utilisé depuis des années désormais. mills, de temps en temps, quand l'humeur y est propice. STATUT : célibataire, incapable de se projeter dans la moindre relation sur le long terme, sabotant sa vie privée avec une aisance à faire peur. MÉTIER : mettre des oeillères n'aura pas permis d'éviter tout ce qu'elle tentait de mettre de côté depuis des années: son nom sera bientôt sur tous les écrans, alors elle a préféré démissionner sans donner d'explications pour éviter que les retombées se fassent sur les mauvaises personnes. LOGEMENT : #03 james street (vous saisissez l'ironie ?) dans fortitude valley, en colocation avec flora et un million de rouleaux de tissus entassés dans un coin de sa chambre. POSTS : 1491 POINTS : 40
TW IN RP : deuil, kidnapping, disparition. ORIENTATION : J'aime les beaux garçons. CODE COULEUR : slateblue. RPs EN COURS : (six) - present: cecilia #2 › emery › ottie #2 › riley › sloane | alternative: olive (sd) RPs TERMINÉS :
AVATAR : zendaya coleman. CRÉDITS : ultra-violences (avatar) › goobergifd (profil+signature gifs) › loonywaltz (ub). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 22/07/2022
Elle détestait absolument chaque instant qui allaient composer cette journée. Elle détestait le fait que le soleil réussisse à briller correctement dans le ciel, elle détestait l’idée même que le monde autour d’elle puisse tourner rond comme si tout allait bien, elle haïssait le simple fait qu’elle ne pouvait pas agir comme tel de son côté. Les moindres détails s’étaient mis à lui donner la rage au ventre dès l’instant où elle avait ouvert les yeux après une longue nuit - comme si elle avait pu fermer l’oeil de cette dernière -, et elle savait d’avance que rien ne pourrait améliorer les vingt-quatre prochaines heures, même si elle mettait le peu d’efforts dont elle disposait à contribution. Rien, ni personne, ne pourrait améliorer la journée où il allait être célébré l’anniversaire des dix ans de la disparition de Reggie. Rien, personne.
Ce fut en traitant des pieds alors que Millie s’extirpa de sa chambre, s’assurant que Flora n’était pas encore dans l’appartement par n’importe quel miracle. Un café en main et ce serait surement la seule chose qu’elle réussirait à avaler de la journée, de toutes façons. James lui avait gentiment accordé son jour de congé sans trop creuser le pourquoi elle en avait besoin - avait-il compris pourquoi aujourd’hui et pas un autre jour, ou s’était-il simplement dit qu’elle méritait un jour de temps à autre de repos, de vrai ? Pour la première fois même, elle coupa son téléphone professionnel; elle savait qu’à moins que ce soit la pire des mauvaises surprises, Weatherton n’irait pas jusqu’à la contacter sur son téléphone personnel - en réalité, c’était la partie d’elle qui était persuadée qu’il avait fait le rapprochement entre elle et son histoire qui pensait de la sorte. D toutes façons, si elle voyait son nom apparaître sur son écran, elle ne décrocherait pas: aujourd’hui, de tous les autres jours de l’année, elle pouvait se permettre d’agir de la sorte. Enfilant une veste et glissant plusieurs paquets de mouchoirs dans les poches de cette dernière ainsi que dans son sac à mains, ce ne fut qu’après plusieurs poignées de minutes d’hésitation que Millie finit par sortir de l’appartement. Elle fut presque étonnée de ne pas voir de journalistes sur le pas de sa porte, avant de se rappeler que cette adresse là n’était pas connue du publique et donc qu’elle ne devrait pas croiser de suite les vautours, comme elle les appelait. Elle savait qu’une fois sur place, ils seraient présents et c’était bien suffisant.
Le soleil brillait toujours autant lorsqu’elle arriva dans le parc, et déjà son estomac était noué fermement. Il y avait trop de gens. Il y avait trop de bruits. Il y avait trop de tout - sauf de la présence de Reggie, malgré tout. Il était partout et pourtant nulle part à la fois, et c’était surement ça qui lui fendait le coeur en cet instant: il brillait par son absence. Il aurait tellement eu les capacités de briller par sa présence, plutôt. Une personne qui avait oublié de ne pas être une star aujourd’hui en revanche, c’était une homonyme de la jeune femme - et déjà, à la voir au loin, elle soupira longuement. Ce n’était pas étonnant et promis ce n’était pas de mauvaise surprise qu’elle soufflait là. Simplement, les choses n’étaient déjà pas simples, elles auraient pu au moins tenter de ne pas se compliquer davantage aujourd’hui. Cependant, il y avait des jours où les choses ne pouvaient garder la même direction et la même teinte; prenant plusieurs longues inspirations, Millie finit par parcourir la distance la séparant de sa tante - alors que cette dernière tentait de jouer à l’anguille entre plusieurs groupes de curieux prétendant venir se recueillir - pourquoi, pour qui, ils n’avaient connu personne ici. « Promis, je viens en paix. » Que la jeune femme finit par verbaliser, pour être sure d’accaparer l’attention d’Ophelia. Elle tentait en parallèle d’ignorer les regards qui étaient en permanence bloqués sur elles, autant parce-que cela la rendait réellement mal à l’aise que parce-que cela risquait de lui faire péter un câble. « J’ai pas envie de faire la guerre, aujourd’hui. » Elle n’était plus qu’à deux ou trois mètres de la brune, quelques pas derrière elle, prononçant ces derniers mots avec un certain ton las. Aujourd’hui de tous les jours de l’année, elle n’avait la force de rien d’autre que de pleurer en silence l’être qui lui était le plus cher sur cette planète.
« Promis, je viens en paix. » Ophelia était pourtant persuadée que jamais Millie ne serait venue. Elle avait tout fait en conséquence, planifié au quart de tour pour la garder le plus loin possible de l’événement. Déjà, en faire un “événement” était un plan parfait pour que la jeune femme qui resterait à ses yeux une éternelle adolescente ne veuille pas y mettre le pied. Elle avait contacté les journalistes, invité au-delà de ses médias préférés. Fait tourner dans son réseau d’écrivains le faire-part, motivé son éditeur à en faire une mention dans l’infolettre bi-mensuelle de son agence. Elle avait passé le mot à tous ceux et toutes celles qui de près ou de loin avaient connu les Butcher avant, pendant, et après le drame. Au-delà de ça, elle avait fait installer un petit podium, une scène pour suggérer des discours, des memoriums, le genre de mots devant public qui mettraient Millie dans le mal. Elle avait fait faire des affiches, des publications sur les réseaux sociaux, une mention à la radio. Il y avait même une table avec des bouchées, aménagée à quelques pas à peine de la glissade, celle-là oui. Ophelia avait coché tous les points de sa fatale liste mentale pour s’assurer que jamais Millie n’ait l’envie ou le courage de venir… et pourtant, elle se tenait bien droite devant sa tante. « J’ai pas envie de faire la guerre, aujourd’hui. » sans la moindre intention de faire une scène qui plus est. Ophelia doit se remettre de ses émotions et lutte de toutes ses forces pour n’en montrer rien, évidemment.
Qu’est-ce que Millie peut bien vouloir, dans ce cas ? Quel est le motif derrière sa venue ? Est-ce qu’elle est venue tenter de s’acheter un peu de temps et de bon vouloir d’Ophelia, pour peut-être espérer ralentir les tournages ? Les arrêter ? Est-ce que Millie souhaite ainsi, en levant le drapeau blanc, qu’Ophelie fasse de même ? Réalisant qu’elle fixe sa nièce depuis une longue minute sans lui avoir adressé le moindre mot, Ophelia se ressaisit du mieux qu’elle peut. « Pas de guerre au menu de mon côté non plus. » par contre, elle ne peut rien promettre si Millie croise ce producteur californien qui est à quelques pas d’elles et qui mentionnait à peine un moment plus tôt à l’éditeur d’Ophelia qu’il serait plus qu’intéressé à discuter d’une suite une fois le premier film terminé. « Est-ce que tu es venue… » seule ? Accompagnée ? Ophelia fait mine de se mettre sur la pointe des pieds pour chercher Ben des yeux, même si elle sait très bien que jamais son frère ne viendrait ici. Pourtant, elle pensait la même chose de Millie. « Tu as grandi. » je croyais que je ne te reverrais jamais en langage Ophelia. Mais elle n’est pas douée pour les démonstrations d’affection et encore moins face à quelqu’un qu’elle sait totalement fermée. Ophelia serre donc ses doigts les uns entre les autres, pariant que Millie ne se souvient pas du tout que ce tic était celui qu’elle entretenait lorsqu’elle était nerveuse, avant. Depuis que sa vie se résume à charmer les gens à travers la lentille d’une caméra ou les pages d’un bouquin, Ophelia a énormément travaillé sur son trac et son stress constant, en public. Certains publics sont plus durs que d’autres par contre, et les yeux de Millie venue en paix sont pour le moment, les pires des juges.
Millie Butcher
les enfants du silence
ÂGE : vingt-cinq ans; les années s'ajoutant au compteur ne font qu'éloigner les souvenirs restés, eux, bloqués dix ans en arrière. SURNOM : millie en est déjà un, son prénom n'étant plus utilisé depuis des années désormais. mills, de temps en temps, quand l'humeur y est propice. STATUT : célibataire, incapable de se projeter dans la moindre relation sur le long terme, sabotant sa vie privée avec une aisance à faire peur. MÉTIER : mettre des oeillères n'aura pas permis d'éviter tout ce qu'elle tentait de mettre de côté depuis des années: son nom sera bientôt sur tous les écrans, alors elle a préféré démissionner sans donner d'explications pour éviter que les retombées se fassent sur les mauvaises personnes. LOGEMENT : #03 james street (vous saisissez l'ironie ?) dans fortitude valley, en colocation avec flora et un million de rouleaux de tissus entassés dans un coin de sa chambre. POSTS : 1491 POINTS : 40
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AVATAR : zendaya coleman. CRÉDITS : ultra-violences (avatar) › goobergifd (profil+signature gifs) › loonywaltz (ub). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 22/07/2022
D’avance, elle n’avait pas besoin de regarder le visage de sa tante ou de sonder son regard pour savoir qu’une partie de la façon dont Millie se comportait présentement serait surprise à ses yeux. Les fois où elle était venue à sa rencontre sans avoir envie de déclarer une nouvelle guerres étaient peu nombreuses - mais elles n’étaient en rien la faute de la jeune femme, dommage collatéral d’une vie qui avait décidé d’être dure et déchirante avec elle. « Pas de guerre au menu de mon côté non plus. » La phrase d’Ophelia était venue après un long instant de silence, après qu’elle ait pris son temps et mis une dose supplémentaire de ce dernier pour lui faire face. Aux mots prononcés, Millie se permit d’hausser légèrement un sourcil, ne feintant en rien l’étonnement que provoquait les paroles de sa tante. « J’aurais eu du mal à le croire si tu me l’avais pas souligné. » Ses prunelles s’étaient à la suite concentrées sur le foule qui les entouraient et sur tous les badauds qui ne pouvaient s’empêcher de les détailler de la tête aux pieds. C’était ça, toute cette partie là, qu’elle détestait; elle était intimement persuadée que c’était aussi une information qui n’était pas étrangère à sa tante et qu’elle jouait sur cette dernière. Si elle pensait cependant que sa nièce ne mettrait pas les pieds dans ce parc en cette journée, c’était se fourrer le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. « Certains sont là au moins pour autre chose que satisfaire leur curiosité mal placée ? Des proches à toi ? » Parce-que c’était bien beau d’avoir du monde autour d’eux, c’était presque appréciable de voir autant de personnes se montrer présentes; cependant, Millie savait parfaitement que ce n’était pas pour les bonnes intentions que tous ces âmes en peine se trouvaient autour d’elles aujourd’hui.
« Est-ce que tu es venue… » Le regard d’Ophelia était en train d’analyser la foule à leurs côtés, le sillage de Millie à travers cette dernière pour la rejoindre - ce qui arracha un soupire à la jeune femme. « Papa n’a pas voulu venir, non. Tu penses bien. » Ce n’était en rien à reprendre à l’attention de son père, loin de là; de tous ses proches, il était celui qui partageait une peine le plus similaire à la sienne. Cependant, il avait toujours été aussi le plus discret d’entre tous sur ce qu’ils pouvaient ressentir. Ruminer en silence dans son coin, ajouter des heures à son horaire pour la journée, voilà la façon dont Ben se comportait lorsque les dates anniversaire pointaient leurs nez. « Il a surement bien fait. » Elle ne saurait dire si elle ajoutait ces mots là plus pour elle-même, ou s’ils étaient destinés à elles deux. Ce qui était certain, c’était que son père avait bien fait de ne pas mettre les pieds ici aujourd’hui - cela l’aurait rendu malade.
« Tu as grandi. » Se retenant de lever les yeux au ciel, Millie finit par cette fois-ci pleinement tourner son regard et son attention vers sa tante. Elle avait d’autres choses à faire ici aujourd’hui, bien sur, mais chaque chose serait faite en son temps et pour le moment, il fallait cocher la ligne Ophelia de sa to-do avant toute autre chose. « Et toi tu as vieilli. » Tirant un petit sourire faussé, elle ne s’excusa même pas d’oser un tel comportement et un tel langage avec elle. Elle finit par secouer quelque peu son visage. « Je suis pas venue rattraper le temps perdu, Ophelia. Si jamais tu as eu le temps d’envisager une conversation comme ça, j’en ai pas envie. » Surtout que ce n’était pas là le type de conversation qu’elle désirait avoir avec sa tante, puisque si tel était le cas, cela allait amener au fait qu’elle se permettait de continuer de faire de l’argent sur leur dos - et il y avait bien plus urgent à traiter. Peut-être qu’une fois qu’elles auraient décortiqué la raison qui avait poussé Millie à entrer en contact avec sa tante, elle en viendrait au film et à tout ce qui se tramait dans son dos; ce n’était pas le plus urgent. « On s’éloigne un peu de la foule ? Je veux te parler de quelque-chose. » Son sourcil était légèrement levé, interrogateur. Elle ne forcerait pas la brune à la suivre, mais cette dernière savait parfaitement qu’elle lui devait au moins une discussion en privée, à l’abris des regards et des oreilles indiscrètes surtout. Que les autres présents les voient discuter n’était pas un crime; en revanche, elle souhaitait que le contenu de leur conversait reste secret aussi longtemps que cela puisse être possible.
« J’aurais eu du mal à le croire si tu me l’avais pas souligné. » c’était particulièrement étonnant de voir la froideur avec laquelle les deux Butcher avaient réussi à se faufiler si aisément depuis les dix dernières années. En un claquement de doigts, tout ce qu’elles partageaient comme intérêts et points communs s’était envolé, laissant place à une rigueur inconfortable, à des coins pointus et à des angles tranchants dès qu’elles se retrouvaient à respirer le même air. Grâce à Aiden, Ophelia avait aussi mis la main sur quelques-uns des mots que Millie avait à son égard, quand elle n’était pas là pour les entendre. Sans aucune surprise, Ophelia avait appris ce qu’elle savait déjà, mais mettre un visage sur des commentaires désobligeants blessait toujours un peu plus que lorsqu’ils provenaient d’un anonyme. « Certains sont là au moins pour autre chose que satisfaire leur curiosité mal placée ? Des proches à toi ? » si elle est venue pour juger la foule, c’est très bas et tout sauf gracieux qu’elle pense, Ophelia, omettant volontairement de parler de sa tendance à inviter les médias et à disposer les caméras autour de son meilleur profil comme s’il s’agissait d’agissements dénotant plus de grâce à leur tour. On repassera. « Ezra doit être dans le coin. Matilda va passer un peu plus tard. » Millie les connaiît déjà, de leur vie passée, elle qui les a probablement oubliés depuis le temps. Ophelia ne lui en tiendra pas rigueur.
La question doit être posée, et si la surprise de voir Millie dans le coin n’est pas passée inaperçue, l’inquétude de voir Ben arriver d’une seconde à l’autre est plutôt insupportable pour l’écrivaine. « Papa n’a pas voulu venir, non. Tu penses bien. » Ophelia soupire, laissant échaper un « Tant mieux. » qui sonne en même temps que le « Il a surement bien fait. » de Millie. Faisant comme si elle n’avait rien entendu de la bouche de sa nièce et évitant qu’elles partagent un regard qui aurait jadis pu être complice mais qui aujourd’hui serait tout l’inverse, Ophelia feint chercher quelqu’un d’autre dans la foule. Elle dira qu’elle a vu Ezra, ou que Matilda vient tout juste d’arriver, si Millie lui demande de se justifier. Le plan est parfait. « Et toi tu as vieilli. » du moins, il l’était avant que l’insulte de la plus jeune pince Ophelia dans ses sourires forcés. Elle glisse une mèche de cheveux derrière son oreille et sourit de plus belle. Comme si elle assumait ses rides et ses cernes, tout ce qui se cache sous les efforts de sa maquilleuse qui a fait de son mieux pour que sa peau ressemble le plus possible à de la porcelaine. Millie attaque déjà ? Personne n’est étonné. « Je suis pas venue rattraper le temps perdu, Ophelia. Si jamais tu as eu le temps d’envisager une conversation comme ça, j’en ai pas envie. » tant mieux, pour ça aussi. Ophelia n’est pas d’humeur à devoir justifier le moindre de ses faits et gestes à une gamine qui sera toujours une adolescente à ses yeux. Hochant de la tête de la positive, elle ne donne toujours pas l’impression d’être à contre-courant de ce que Millie souhaite lui dire, ou faire de la suite. « On s’éloigne un peu de la foule ? Je veux te parler de quelque-chose. » c’est évidemment ce moment-là que choisit l’un des journalistes pour se frayer un chemin parmi les gens présents et se rapprocher d’elles. Ophelia le voit dans son angle mort, assez vite pour détourner la tête et lui faire un signe en guise de salutation. Se plaçant suffisamment devant Millie pour qu’il ne la remarque pas - tout de suite, du moins - elle leur évite une entrevue inconfortable en engageant le pas probablement un peu plus vite que ce à quoi sa nièce s’attendait. « Je te suis. »
Millie Butcher
les enfants du silence
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AVATAR : zendaya coleman. CRÉDITS : ultra-violences (avatar) › goobergifd (profil+signature gifs) › loonywaltz (ub). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 22/07/2022
« Ezra doit être dans le coin. Matilda va passer un peu plus tard. » Les noms que lu donna Ophelia résonnaient dans son esprit comme des vieux souvenirs, alors qu’elle avait l’impression d’être replongée dix ans en arrière. Bien sur qu’elle connaissait ces gens, alors que sa tante en avait parlé plus d’une fois lorsque le contact existait toujours entre les deux Butcher. Aujourd’hui en revanche ce n’était pas Millie qui allait s’empresser de demander des nouvelles de personnes qui ne partageaient plus indirectement son quotidien - elle se contenta alors d’hocher la tête brièvement, accusant réception des informations que sa tante lui donnait. En réalité, ce n’était pas celle là à laquelle Millie s’attendait, mais elle n’allait pas pointer du doigt le fait qu’il y avait bien plus que deux personnes autour d’elles, et qu’aucune d’elles n’étaient ni Ezra, ni Matilda; elle n’était pas dupe et comprenait très bien que tous celles qui n’étaient pas un visage familier faisaient partie des curieux qui n’avaient pas leur place ici. Ce n’était de toutes façons pas sur ces badauds que l’intérêt d’Ophelia se porta, mais sur un homme portant le même nom de famille qu’elles et autant important pour l’une que pour l’autre. Non, Benjamin n’était pas présent aujourd’hui; il n’aurait pas eu sa place dans ce décor de toutes façons. Un « Tant mieux. » qui s’échappa d’entre les lèvres de la brune, alors que la plus jeune évoquait la même conclusion. Au moins, elles étaient sur la même longueur d’ondes pour une fois.
Et elles l’étaient également quand finalement, leur discussion tourna plus d’une poignée de minutes autour de balanites qui les dérangeaient plus qu’autre chose: elles n’étaient pas là pour ça. Rattraper le temps perdu, discuter comme si de rien n’était alors qu’elles se tenaient dans un lieux qui, aux yeux de Millie en réalité, était sacré: ce n’était pas pour leur duo. Plutôt donc que de rester au milieu de personnes qui auraient bien sur les oreilles trop indiscrètes, la jeune femme proposa à sa tante de s’éloigner un petit peu, sous entendant qu’elles se devaient de trouver un coin un peu plus privé pour la discussion qui allait s’en suivre. « Je te suis. » Elle dut faire un effort pour retenir la surprise de la voir obtempérer si facilement, alors qu’elle était plutôt du genre bon caractère à faire seulement ce que bon lui semblait. Millie n’attendit pas d'autre signe pour se mettre en marche, sans se retourner non plus pour savoir si sa tante la suivait. Elle ne s’arrêta que lorsqu’elles furent à la lisière de la forêt, là où le reste de la population présente les oublierait. Par réflexe, elle jeta un coup d’oeil circulaire autour d’elles avant de sortir une enveloppe de son sac. « J’ai trouvé ça chez papa. » Après encore une seconde d’hésitation, elle tendit le papier à Ophelia. « Il est en déplacement pour l’université, alors je m’occupe de relever le courrier. » C’était là quelque-chose d’habituel, pour le père et la fille, que de se retrouver à ce qu’elle lui rende ce type de services. Elle nourrissait le chat aussi, au passage - mais ce n’était pas sur cette partie là qu'elle avait besoin d’insister aujourd’hui. « J’ai eu une drôle de sensation en voyant l’écriture sur l’enveloppe, et le fait qu’il n’y ait pas de timbre montrait qu’elle avait directement été glissée dans la boite aux lettres. Alors, je l’ai ouverte… » Le soupire qui s'en suivit racontait tout ce qu’il y avait à savoir, en réalité. Le papier contenait des mots qui, s’ils avaient été démontrés par des actes, s’apparentait à un couteau sous la gorge. Millie n’avait aucune espèce d’idée d’où ce type de lettre de menaces pouvait sortir, mais cela lui suffisait pour ne pas aimer cette situation. Hésitant encore un instant, elle releva son regard vers Ophelia, pinçant les lèvres, fronçant les sourcils. « Je suis obligée de te demander. » Forcément que la question n’allait pas plaire. « Est-ce que ça vient de toi ? Ou de quelqu’un que tu connais ? » Même après tout ce qui s’était passé, Millie n’y croyait pas; mais elle ne saurait passer à d’autres questions ou à plus loin dans la discussion en retenant cette idée dans un coin de son esprit, alors autant la faire sortir au plus rapidement.
« Il est en déplacement pour l’université, alors je m’occupe de relever le courrier. » sans même forcer, Ophelia sait tout de suite de quoi le reste de la conversation sera faite. Elle pince les lèvres, consciente de ne pas cacher ce tic à sa nièce et absolument désintéressée de le faire. Son énergie se met à faire autre chose que se cacher derrière des filtres et se peindre des masques. « J’ai eu une drôle de sensation en voyant l’écriture sur l’enveloppe, et le fait qu’il n’y ait pas de timbre montrait qu’elle avait directement été glissée dans la boîte aux lettres. Alors, je l’ai ouverte… » l’aînée Butcher ne regarde même pas la plus jeune, elle attend de voir l’enveloppe, elle attend qu’on la lui mette entre les mains. Qu’elle la déchire, la brûle, qu’elle noie les cendres. Qu’on retire toutes traces de cette personne qui se croit importante au point où il va cogner à la porte des autres. Ophelia déteste peu de gens dans la vie ; elle est au-delà de la rage dans ce cas-ci. « Je suis obligée de te demander. » sortant une fraction de seconde de ses pensées, l’écrivaine redresse la tête pour attraper le regard de Millie du sien. « Est-ce que ça vient de toi ? Ou de quelqu’un que tu connais ? » les soupçons ont le mérite d’être clairs ; elle les écarte d’une seule question. « Ben l’a vue ? » elle n’a pas le temps pour les attaques et les fausses accusations. Pourquoi perdrait-elle son temps à fausser sa calligraphie pour faire peur à une éternelle adolescente qui la déteste ? Le jeu a-t-il l’air si amusant que ça de l’extérieur ?
« Ça ne vient pas de moi Millie. » avant que la plus jeune pense qu’Ophelia évite la question, elle précise du ton le plus sec et le plus sans équivoque qu’elle possède. « Quand j’ai quelque chose à te dire, je l'écris dans un livre, n’est-ce pas ? » sans paraphraser à la perfection ce que sa nièce a bien pu lui dire lorsqu’elle a publié son premier bouquin, Ophelia tâte les mots que Millie a bien pu avoir à son sujet, il y a des années déjà. La rancune et la nostalgie s’entremêlent, mais déjà Ophelia est ailleurs et regarde attentivement le papier et les phrases qui le recouvrent. « Je vais te demander plusieurs informations, et j’apprécierais que tu sois honnête. » qu’elle ait commencé la discussion en accusant impulsivement sa tante d’être derrière tout ça donne le droit à la dite tante de poser ses propres conditions, n’est-ce pas ? « Est-ce que c’est la première fois ? » ou bien elle a attendu d’avoir véritablement peur pour réagir ? Millie aurait très bien pu s’enfouir la tête sous le sable et laisser l’eau couler ; Ophelia n’en serait pas étonnée. « Quand l’as-tu reçue ? » il y a quelques jours, des semaines, des mois ? Les siennes remontent à plusieurs semaines déjà, l’a-t-elle reçue avant les lettres de menaces adressées à Ophelia, ou après ? « Tu as répondu ? » elle serait bien capable, Millie, de répondre et d’essayer de faire au mieux, de trouver un terrain d’entente, des compromis pour que tout le monde soit content. Ophelia bouille, mais n’en montre rien. Elle tremble un peu, mais mettra la faute sur un coup de vent imaginaire qui lui glace la nuque.
Millie Butcher
les enfants du silence
ÂGE : vingt-cinq ans; les années s'ajoutant au compteur ne font qu'éloigner les souvenirs restés, eux, bloqués dix ans en arrière. SURNOM : millie en est déjà un, son prénom n'étant plus utilisé depuis des années désormais. mills, de temps en temps, quand l'humeur y est propice. STATUT : célibataire, incapable de se projeter dans la moindre relation sur le long terme, sabotant sa vie privée avec une aisance à faire peur. MÉTIER : mettre des oeillères n'aura pas permis d'éviter tout ce qu'elle tentait de mettre de côté depuis des années: son nom sera bientôt sur tous les écrans, alors elle a préféré démissionner sans donner d'explications pour éviter que les retombées se fassent sur les mauvaises personnes. LOGEMENT : #03 james street (vous saisissez l'ironie ?) dans fortitude valley, en colocation avec flora et un million de rouleaux de tissus entassés dans un coin de sa chambre. POSTS : 1491 POINTS : 40
TW IN RP : deuil, kidnapping, disparition. ORIENTATION : J'aime les beaux garçons. CODE COULEUR : slateblue. RPs EN COURS : (six) - present: cecilia #2 › emery › ottie #2 › riley › sloane | alternative: olive (sd) RPs TERMINÉS :
AVATAR : zendaya coleman. CRÉDITS : ultra-violences (avatar) › goobergifd (profil+signature gifs) › loonywaltz (ub). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 22/07/2022
A peine les mots avaient-ils franchi la barrière de ses lèvres, que ses yeux avaient accroché avec un peu plus d’intensité que prévu ceux de sa tante, que Millie sut que la réponse à sa question allait être négative. Elle l’avait su dès le premier instant, en réalité, que ce n’était pas Ophelia qui était derrière cette blague de très mauvais gout; mais une infime partie d’elle se devait de poser la question pour être certaine que ce ne soit pas le cas. Et puis, même si c’était une vérité bien triste, cela permettait de souligner face à celle qui avait planté un couteau dans le dos de sa propre famille qu’elle ne faisait pas confiance à celle qui représentait une partie de son monde fut un temps. « Ben l’a vue ? » La première question de la part d’Ophelia était légitime; elle aurait préféré qu’elle réponde d’abord à la sienne avant de partir à l’offensive, mais la jeune femme ne pouvait pas lui en vouloir de désirer savoir si son frère avait aperçu cette fameuse enveloppe. Millie secoua la tête. « Il est pas rentré encore. » Il n’aurait donc pu la voir, même si sa fille aurait voulu lui montrer - ce qui n’était en rien le cas. Il y avait cependant également autre chose, entre les lignes, à retenir de ce début d’échange: Ophelia se doutait que ce jour là arrivait, malgré tout. Elle n’était pas responsable, comme allaient confirmer les mots qu’elle prononcerait ensuite, mais il y avait quelque-chose dans son comportement qui soulignait qu’elle se doutait que tout cela pointerait le bout de son nez un jour ou l’autre. « Ça ne vient pas de moi Millie. Quand j’ai quelque chose à te dire, je l'écris dans un livre, n’est-ce pas ? » - « Très drôle, vraiment adapté aux circonstances. » Millie pinçait les lèvres à son tour, laissait ses paroles être prononcées dans un sifflement parce-qu’elle ne se retenait désormais plus depuis longtemps aux côtés de sa tante. « Je vais te demander plusieurs informations, et j’apprécierais que tu sois honnête. » Et aux mots prononcés ensuite, elle ne se gêna pas pour lever les yeux allègrement au ciel. « Encore une fois: de nous deux, c’est pas moi qui cache des choses à l’autre. » Son sourire était crispé, ensuite, mais du menton elle fit signe à Ophelia de continuer: elle désirait savoir où elle voulait en venir et si elle avait d’autres informations surtout à lui communiquer. « Est-ce que c’est la première fois ? Quand l’as-tu reçue ? Tu as répondu ? » - « C’est un interrogatoire, alors. » Bien sur que c’en était un.
Bien sur qu’en réalité, elle allait répondre aux questions dans tous les cas. Elle avait besoin d’en savoir plus, elle avait besoin de se rendre compte si ce qui se tramait sous la surface était assez important pour qu’elle en tienne compte, qu’elle fasse intervenir une quelconque forme d’autorité - pas que ces dernières aient prouvé une seule fois être efficaces, mais c’était ainsi que les choses devaient se passer dans un monde qui tournait presque rond. « J’ai pas répondu. » Elle reprit les questions dans le sens inverse, préféra répondre à la plus simple d’entre elles. Elle n’avait pas répondu à cette lettre, tout simplement parce-que ce n’était pas ce qu’il fallait faire - bien qu’elle contienne un ou deux éléments qui lui auraient donné envie de sortir une feuille et un stylo. « J’ai pas d’adresse retour pour le faire, et de toutes façons… » Elle soupira, plissa le bout du nez, laissa son regard un instant se reporter partout ailleurs que sur sa tante avant de plonger de nouveau son regard dans le sien. « Elle m’est pas adressée, Ophelia. C’est à papa qu’elle s’adresse, cette lettre. » Et bien sur que Millie aurait préféré que ce soit pas le cas et qu’elle lui soit adressée à elle; elle n’en pouvait plus de voir son père trainé dans la boue, dans son passé dont il n'arrivait pas à se défaire. « Elle est pas pour moi, j’en ai jamais reçu de mon côté. Quant à papa… J’ai pas osé lui en parler encore. » Et finalement, la seconde suivante, elle changea son fusil d’épaule. « Pour quelqu’un qui n’est pas responsable, t’as l’air de bien savoir de quoi tu parles par contre. T’aurais peut-être quelques explications à me donner avant qu’on creuse ce problème ? » Parce-que c’était peut-être la chose qui avait sauté le plus aux yeux de Millie: à aucun moment, une expression de surprise n’était passée sur les traits d’Ophelia.
« Il est pas rentré encore. » Ophelia aurait tellement de questions qu’elle doit inspirer six secondes de plus pour les retenir et rester impassible. Comment est-ce que ça se passe ? A-t-il envoyé des photos, des messages, téléphone-t-il à tous les soirs à la même heure pour partager son dîner à distance avec elle et sa mère, comme avant ? Comment se sont passés les transports, avec qui était-il parti, Ophelia pourrait continuer des heures durant, tellement chaque élément lui permettant de gratter le quotidien de son frère lui apparaît comme de l’or en barre. Il lui manque. L’autre partie d’elle-même lui manque. Tout le monde le sait et pourtant, personne ne change rien. « Très drôle, vraiment adapté aux circonstances. » les piques enfantines de Millie lui passent par-dessus la tête quand la brune revient sur terre le temps de dévisager l’enveloppe qu’elle n’a pas encore ouverte. Ce n’est qu’une question de temps. « Encore une fois: de nous deux, c’est pas moi qui cache des choses à l’autre. » Millie essaie à nouveau, manque le coche, Ophelia a entendu un des journalistes dans son dos commencer une entrevue en se rapprochant dangereusement d’elles. Elle esquisse un pas de plus pour amener Millie à l’ombre - et à l’abri. « C’est un interrogatoire, alors. »
« Bien sûr que c’en est un. » Ophelia ne s’en cache pas, honnête jusqu’au bout de ses ongles vernis. Ils se referment sur l’enveloppe la seconde d’après. « J’ai pas répondu. J’ai pas d’adresse retour pour le faire, et de toutes façons… » encore heureux, la logique implacable de Millie les a sauvées. Mais Ophelia sent l’hésitation, l’envie. Quelle horreur. « Elle m’est pas adressée, Ophelia. C’est à papa qu’elle s’adresse, cette lettre. » le cœur d’Ophelia fait dix tours, et dix autres. Elle n'avait pas évalué cette option puisqu’elle ne la permettait pas. Jamais dans aucun scénario un détraqueur aurait osé glisser son frère dans le lot. Il était toujours à part, toujours protégé, l’enfant chéri dans son bouquin qu’elle avait angélisé. Qu’il reçoive une lettre adressée à son nom et à son adresse, Ophelia en a la chair de poule. « Elle est pas pour moi, j’en ai jamais reçu de mon côté. Quant à papa… J’ai pas osé lui en parler encore. » Millie ne devrait pas y être mêlée, n’est qu’un dommage collatéral. Il y a comme un semblant de soulagement, momentané, qui passe dans le regard d’Ophelia de voir que sa nièce n'est pas au centre de tout cela non plus. Qu’elle lui demande de l’aide. Le voile part aussi vite qu’elle réalise à nouveau la demande d’aide est pour quoi. Pour qui. « Pour quelqu’un qui n’est pas responsable, t’as l’air de bien savoir de quoi tu parles par contre. T’aurais peut-être quelques explications à me donner avant qu’on creuse ce problème ? » Ophelia hausse le sourcil. Apparemment, elles sont de nouveau l’une contre l’autre.
« J’en ai reçu, des lettres. » elle a l’expérience, la carapace. Elle s’en moque, les prend en photo et les envoie à Ezra et à Matilda pour les faire rire eux aussi. Les menaces ne lui font pas peur, elle a un tableau de classement aux calculs de statistiques élaborés où elle les catalogue des plus ringardes au plus marrantes. « Et depuis des années. On s’habitue. » simple et évident, quand on y pense. « J'en ai reçu de lui, aussi. Trois. Mais si j’avais su qu’il vous mêlerait à ça... » Ophelia inspire, sa douceur légendaire revient au galop quand elle sent ses mains trembler, mains qu’elle cache en les croisant derrière son dos. « … qu’il le mêlerait à ça. » son éternel sourire d’enfant disparaît, ses fossettes aussi. Quand elle retrouve les yeux de Millie, elle n'est plus la tante gâteau ou l’écrivaine accaclamée. « Je ne veux absolument pas entendre un seul mot qui va contre ce que je vais te demander. » elle est Ophelia l’intransigeante. « Ben doit jamais savoir. » qui que ce soit ira contre sa volonté risquera très cher, elle n’a même pas besoin de le préciser.
Millie Butcher
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ÂGE : vingt-cinq ans; les années s'ajoutant au compteur ne font qu'éloigner les souvenirs restés, eux, bloqués dix ans en arrière. SURNOM : millie en est déjà un, son prénom n'étant plus utilisé depuis des années désormais. mills, de temps en temps, quand l'humeur y est propice. STATUT : célibataire, incapable de se projeter dans la moindre relation sur le long terme, sabotant sa vie privée avec une aisance à faire peur. MÉTIER : mettre des oeillères n'aura pas permis d'éviter tout ce qu'elle tentait de mettre de côté depuis des années: son nom sera bientôt sur tous les écrans, alors elle a préféré démissionner sans donner d'explications pour éviter que les retombées se fassent sur les mauvaises personnes. LOGEMENT : #03 james street (vous saisissez l'ironie ?) dans fortitude valley, en colocation avec flora et un million de rouleaux de tissus entassés dans un coin de sa chambre. POSTS : 1491 POINTS : 40
TW IN RP : deuil, kidnapping, disparition. ORIENTATION : J'aime les beaux garçons. CODE COULEUR : slateblue. RPs EN COURS : (six) - present: cecilia #2 › emery › ottie #2 › riley › sloane | alternative: olive (sd) RPs TERMINÉS :
AVATAR : zendaya coleman. CRÉDITS : ultra-violences (avatar) › goobergifd (profil+signature gifs) › loonywaltz (ub). DC : ezra beauregard, les adieux volés (ft. sam claflin) › damon williams, l'héritier du vide (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 22/07/2022
« Bien sûr que c’en est un. » Bien sur que c’était un interrogatoire - pourquoi Millie arrivait-elle à encore être étonnée, même après tout ce temps écoulé ? Ophelia était comme ça: elle prenait ce qu’elle pensait être à elle, sans se demander si c’était effectivement le cas et si cela pouvait ou non causer du tort aux personnes face à elle. Que ce soit pour des questions personnelles qui avaient permis d’alimenter son bouquin ou en cet instant concernant la lettre de menace qu’avait reçu Benjamin, la donne était la même; tout ce qu’elle voulait, c’était avoir les réponses pour elle sans se douter que cela pouvait remuer le couteau dans d’autres plaies, que cela pouvait laisser des cicatrices dans d’autres mémoires. Millie aurait voulu tourner les talons à ce moment là et s’enfuir aussi rapidement que possible de ce lieu maudit où il n’arrivait jamais rien de bon. Elle aurait préféré affronter le regard de tous ces inconnus pouvant éventuellement reconnaitre encore un trait ou deux de son visage, après ne pas avoir vu des photos d’elle depuis dix ans que de se retrouver sondée par le regard de sa propre tante.
Bien sur qu’elle n’en fit rien, pinçant des lèvres un instant de plus et attendant les réponses que la brune avait à lui apporter. Parce-que si elle n’était pas à l’aise face à la situation, si elle aurait préféré être partout ailleurs plutôt qu’ici, il n’était pas question pour elle d’abandonner cette affaire; et si parler avec sa tante pouvait lui permettre d’en savoir un peu plus pour aider son père par la suite, alors elle se plierait à l’exercice, aussi pénible ce dernier puisse t-il être. « J’en ai reçu, des lettres. » Des lettres; elle n’était donc en rien étrangère à cette situation - et déjà, Millie sentit qu’un quelque-chose se brisa à l’intérieur d’elle, comme trop de fois auparavant. « Et depuis des années. On s’habitue. » Ce fut à ce moment là qu’elle abaissa quelque peu son visage, pour fuir le regard d’Ophelia. On s’habitude - comment pouvait-elle dire de telles choses ? Etait-ce de cette façon qu’elle avait gérer la disparition de son neveu ? On s’habitue à l’idée qu’il se soit fait kidnapper, comme si c’était quelque-chose de normal et à banaliser ? Cela donnait presque la nausée à Millie. « J'en ai reçu de lui, aussi. Trois. Mais si j’avais su qu’il vous mêlerait à ça… » Un frisson parcourut son échine. « … qu’il le mêlerait à ça. » Lorsque cela concernait son frère, bien sur que tout se mettait brutalement à être différent. Elle n’était plus apte d’éprouver la moindre compassion à l’égard de celle qui pourtant l’avait regardé avec des yeux emplis d’admiration pendant des années, mais savait le faire pour ce frère qui en grande partie à cause d’elle était devenu l’ombre de lui-même. Pour Ben, bien sur qu’elle ferait les efforts - mais que quand cela devenait arrangeant pour elle, surtout.
« Je ne veux absolument pas entendre un seul mot qui va contre ce que je vais te demander. Ben doit jamais savoir. » Et alors que Millie remontait son regard dans ce lui de sa tante, que cette dernière agrippait ce dernier comme une bouée lancée en pleine mer, la jeune femme eut un petit rire amer. Du bout de l’index, elle essuya la seule larme, traitresse, qu’elle n’avait su retenir aux mots qu’elle venait d’entendre. Dire qu’un jour, elle avait aspiré à devenir comme elle; cette idée avait été mise aux oubliettes depuis tant de temps qu’il semblait même étrange d’y repenser, avec le recul désormais. Ophelia faisait partie de ceux à qui était proposé une main, et qui vous mangeait le bras entier sans même demander si c’était une option envisageable; Millie était venue avec toutes les meilleures intentions du monde, afin de voir si sa tante avait des informations sur cette mystérieuse lettre de menace anonyme, afin qu’elles puissent main dans la main aider Benjamin, leur seul point commun et cette dernière tournait la situation à la rigolade et profitait du moment pour donner une leçon à sa nièce. « Je comptais pas lui en parler. » La voix de la jeune Butcher ne tremblait pas, ne laissait transparaitre aucune des émotions qu’elle ressentait réellement à l’intérieur d’elle: elle ne pouvait plus se permettre de se montrer si faible face à celle qui lui plantait à un rythme régulier des couteaux dans le dos. « J’avais pas besoin de toi pour en arriver à cette conclusion. » Elle savait le faire seule, comme une grande, parce-que c’était de cette façon qu’elle prenait trop de décisions depuis des années désormais. Si la première quinzaine d’années de vie avait été aiguillée et conseillée par ses proches, Millie avait du apprendre à grandir seule sur la décennie écoulée entre temps: plus personne n’était apte à lui dicter que faire, pour mille et une raisons qui n’était pas nécessaire d’évoquer tant elles peinaient son coeur. « Ca me confirme une chose en tous cas, de t’en avoir parlé: j’aurais pas du le faire. » Elle secoua quelque peu la tête. « Au moins, ça m’a permis de voir qu’encore une fois, il se passe des choses qui peuvent nous impacter mais tu nous en parles pas. A quoi bon, après tout. » Elle ne leur avait pas parlé du livre qu’elle comptait écrire sur eux alors qu’ils n’en voulaient pas, ni du film qui serait l’adaptation de ce dernier - ni des menaces qui étaient proférées à l’encontre de la famille. « J’en parlerai pas à papa parce-que j’ai pas envie qu’il s’inquiète pour rien, mais crois moi qu’il en parlera tout seul le jour où il en recevra d’autres. Parce-qu’on sait toutes les deux que ça va arriver. » Les gens ne savaient pas laisser les autres tranquilles, vivre leur vie, sans intervenir dans cette dernière même lorsqu’ils n’étaient pas invités. Millie savait que son père recevrait d’autres courriers de ce type; simplement, elle irait en parler à la police directement plutôt que de demander conseil à cette tante qu’il n’en avait clairement rien à faire de leur sécurité.
« J’espère que cette petite fête de quartier va t’apporter une bonne pub pour ton film. » Elle glissait ici en même temps le fait qu’elle était au courant de ce dernier, et qu’une fois de plus ce n’était pas Ophelia qui lui en avait parlé. « Parce-que sinon ça veut encore dire que tu te sers de la mémoire de Reggie pour rien et il serait tellement déçu de voir ce que t’es devenue aujourd’hui. » Une seconde larme de colère lui brouilla la vue une instant, avant qu’elle ne l’efface d’un revers de la main en tournant cette fois-ci pour de bon les talons. Elle n’avait pas plus de temps à perdre avec quelqu'un qui ne prenait clairement pas le temps de penser à eux. Millie appréhenderait seule avec son père les conséquences que ce premier courrier reçu annonçait; ils n’auraient pas besoin d’Ophelia pour y survivre, ils avaient réussi à le faire pour bien pire que ça pendant qu’elle était déjà en train de les utiliser pour faire briller son reflet dans le miroir.