my heart is calling and I can’t shake it
Midas Sterling & @Cassie Edwards

J’ose à peine venir frapper à la porte de la  chambre d’hôtel de Cassie. Logée à un étage différent des candidats et à mes frais, mon équipe a tout de même droit aux meilleures prestation que l’établissement a à offrir, et j’y ai veillé. Ce n’est donc pas l’idée d’être confronté à une différence de traitement qui me met dans l’embarras. C’est bien d’être là pour une raison qui n’a rien de professionnel et qui a tout à voir avec mon manque de confiance en moi et ma lâcheté. Les questions que je m’apprête à poser à la petite blonde, c’est à une autre jeune femme que je devrais les adresser mais je n’ose pas, de peur de ne pas aimer la réponse qu’elle aura à me donner. C’est ridicule, de se retourner le cerveau pour des bruits de couloirs. C’est n’importe quoi, d’avoir vendu des centaines de millier d’album à travers le monde, d’avoir participé aux talk show les plus connus et d’avoir besoin de l’aide de sa jeune assistante pour confirmer ou infirmer des rumeurs futiles. Le monde se l’industrie de moque de savoir si, oui ou non, Jo et Micah Tomlinson ont une aventure secrète depuis des semaines. Tout le monde, mais pas moi. Parce que Jo et moi froissons ensemble les draps de nos chambres d’hôtel respectives bien trop de fois par semaine pour que je ne m’offusque pas d’entendre ce genre de choses, et de constater que la petite brune ne dément pas. Je sais que, venant d’elle, ce n’est pas un aveu de culpabilité. Elle aime trop provoquer, et se moque trop de l’image qu’elle renvoie pour s’attarder sur de pareilles bêtises. Mais au regard de ce quelque chose naissant entre nous – je ne sais pas comment qualifier notre relation, puisque nous n’avons pas pris le temps d’en définir les contours – ne devrait-elle pas le faire ? Par respect et délicatesse ?

Ce qui me travaille, c’est l’idée que cela puisse être vrai. Parce que justement, nous n’avons pas imposé de limite et ne nous sommes fait aucune promesse, Jo aurait tous les droits au final de papillonner et de garder ses options ouvertes. De mon côté, je ne le fais pas et n’en ressens pas le besoin. Lorsque j’envisage que ce n’est pas forcément son cas, c’est ma fierté masculine qui est piqué, au-delà de mon cœur que cela dérange. Qu’a-t-il de plus que moi, cet acteur de pacotille ? Il respire la fausseté, dans ses pubs Calvin Klein ou que sais-je.

La tête blonde de mon assistante apparaît dans l’entrebâillement de la porte et je lui adresse un sourire faussement assuré. « T’as mangé ? J’allais descendre au restau de l’hôtel, j’ai du boulot ce soir, je préfère éviter d’aller dîner en ville. » Et Jo est rentrée à Brisbane pour quelques jours. J’omets de le préciser : Cassie n’est pas idiote, elle sait que la brune et moi sommes fusionnels, souvent collés l’un à l’autre depuis ces derniers jours. Elle sait qu’il est inhabituel de me voir solliciter quelqu’un d’autre que la chanteuse, et je me sens un peu coupable. J’ai négligé mon équipe ces derniers jours, mais Cassie a assez de caractère pour que je n’ai pas peur d’envisager qu’elle puisse se morfondre en secret. Si elle avait quelque chose à me dire, elle l’aurait fait. « Je me suis dit qu’on pourrait passer en revue les propositions de la prod’ pour mes deux titres du prochain prime. » L’émission progresse, et nous avons tous un peu plus de temps d’antenne.
   

my heart is calling and I can’t shake it
Cassie Edwards & @Midas Sterling

Tout se passe à peu près bien, la prod est globalement satisfaite et les audiences sont plutôt bonnes, tout comme les avis qui reviennent. A côté de ça, forcément, ça bouge sur les réseaux, ça s’enflamme sur le dernier prime en date, ça spécule sur le prochain, bref, tout roule. Installée de tout son long sur le canapé, macbook sur les jambes et pile de RedBull sur la table basse, Cassie est prête à passer une partie de sa nuit à compiler les meilleurs tweets ou commentaires Instagram pour les montrer à l’équipe et à Midas, juste histoire de dire “hé regarde tout le monde est à fond pour toi” et booster un peu plus son égo. Ça la fait sourire, les réactions bien peu dosées, surtout dans la mesure où elle a pu être comme ça dans ses jeunes années. Rien d’incroyable, mais si vous lui posez la question elle niera tout en bloc. Par contre à côté de ça, il y a la rumeur concernant Jo et Micah qui enfle et ça lui plaît beaucoup moins pour deux raisons ; la première étant bien évidemment que si jamais Midas tombe dessus, c’est potentiellement le genre de chose qui risque de le distraire et de l’empêcher de se concentrer pleinement. Il aura beau dire ce qu’il veut, il n’a jamais été aussi efficace et motivé que depuis que Jo est de nouveau dans le paysage. Il se croit peut-être subtil dans la façon dont il la regarde, mais il est tout sauf ça. Si aux yeux de n’importe qui, ça peut s’apparenter à de l’admiration ou juste son habituel numéro de charme ou qu’importe, Cassie le connaît suffisamment pour savoir qu’il y a plus que ça. Aucune idée de si c’est juste une énième lubie qui lui passera après qu’il ait eu ce qu’il veut ou s’il y a plus que ça derrière, ça le regarde, c’est sa vie privée et ça ne concerne absolument pas son assistante. Sauf si ça fout en l’air le peu d’inspiration qu’il a réussi à retrouver depuis son dernier album. Elle en est sûre, Cassie, il est à ça de dépasser son foutu syndrome de la page blanche, à ça. Peut-être que clore le chapitre Jo c’était tout ce qui lui manquait pour avancer finalement, peu importe comment il se termine.
Et forcément, le deuxième point qui lui plaît peu dans ces foutues rumeurs, c’est que l’acteur est supposé être en couple avec Lena. Si elles sont loin d’être proches et d’avoir une relation fraternelle soudée, ça ne veut pas dire que ça ne fait pas chier Cass’ de voir ça. C’est une question de réputation pour les deux, et clairement, les ragots de ce genre n’ont généralement pas un impact positif sur l’image renvoyée. Enfin pour l’heure, elle a d'autres choses à gérer comme par exemple une tonne de mails auxquels répondre, passer en revue toutes les différentes demandes d’interviews exclusives, bref, de quoi l’occuper pour un moment.
Ça fait peut-être une heure qu’elle est dans sa bulle et si elle avance bien, elle n’est pourtant pas au bout de ses peines. Sauf que voilà, elle se retrouve interrompue par quelqu’un qui vient frapper à la porte de sa chambre. Presque irritée d’être interrompue en si bon chemin, elle se lève pourtant pour aller voir de qui il s’agit. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle est un poil surprise de trouver Midas là, il avait l’air d’avoir mieux à faire ces derniers jours que de consacrer du temps à ses collaborateurs. Il a son sourire à la con accroché au coin des lèvres et ça sonne faux, y a quelque chose qui cloche et pour le moment elle n'arrive pas à mettre le doigt dessus. « T’as mangé ? J’allais descendre au restau de l’hôtel, j’ai du boulot ce soir, je préfère éviter d’aller dîner en ville. » « Non, pas encore. » Enfin sauf si les boissons énergisantes comptent comme un repas, mais aux dernières nouvelles ce n’est toujours pas le cas. « Je me suis dit qu’on pourrait passer en revue les propositions de la prod’ pour mes deux titres du prochain prime. » La jeune femme plisse le nez mais acquiesce néanmoins. « Ouais okay, laisse moi juste cinq minutes pour enfiler un truc. » Hors de question de descendre en sweat et en jogging. Sur ces mots, elle s’écarte légèrement de l’entrebaillement histoire de le laisser entrer et éviter qu’il ne poireaute comme une godiche sur le pas de la porte. « T’as des préférences dans ce qu’ils ont proposé ? » Elle commence en farfouillant dans sa valise pour en sortir des affaires propres. « Et Jo elle en dit quoi ? » Qu'elle renchérit l'air de rien en s'éclipsant dans la salle de bain pour aller se changer.
   

my heart is calling and I can’t shake it
Midas Sterling & @Cassie Edwards

Cassie et sa bouille de femme enfant, Cassie et son accent écossais à couper au couteau, Cassie et son franc parler apparaissent dans l’entrebaillement de la porte de la chambre d’hôtel, et je ressens un brin de culpabilité à l’idée de m’être enfermé dans ma bulle ces dernières semaines au détriment de mon équipe qui n’a jamais manqué à l’appel. Tous occupé à mes dénicher des tenues pour les primes, à négocier avec la production pour que je sois mis en avant comme je le mérite, à me trouver des plateaux télé pour faire des interview tant que je suis à Sydney, à me préparer pour les primes pendant que j’avais l’esprit parfaitement ailleurs. Depuis que Jo me rejoint presque tous les soirs dans ma chambre d’hôtel, je me moque du reste. Je me fous de la setlist du prochain prime, je me moque d’avoir l’air à mon avantage, je me moque d’entretenir ma côte auprès du public comme de mes paires de chaussettes. Je suis incapable de me concentrer à cent pour cent sur plusieurs choses à la fois, et il va sans dire que ma liaison nouvelle avec la petite brune m’accapare entièrement sans que je n’y vois rien à redire. Il paraît que c’est quand je suis comme ça que je suis le meilleur sur scène, de toute façon. « Non, pas encore. » - « Je t’invite dans ce cas. » Pas vraiment : c’est la chaîne qui paye tout ce que les candidats mettent sur leur note à l’hôtel, tant que personne n’exagère trop en vidant le bar de l’établissement. « Ouais okay, laisse moi juste cinq minutes pour enfiler un truc. » Je hoche la tête et, lorsque la demoiselle m’invite à entrer, je fais quelques pas à l’intérieur de la chambre d’hôtel en parfait désordre. Quelques cadavres de canettes de boisson énergisante sont abandonnés de ci et de là, et ça me fait marrer. On se ressemble, la petite blonde et moi, je n’ai pas un dixième de son ambition, mais de part pleins d’aspects de notre personnalités, nous sommes les deux faces d’une même pièce. « Putain tu sais qu’on a le droit au service d’étage, rassure-moi ?  » Je la taquine pendant qu’elle fouille sa valise non défaite. « Et qu’on peut aussi utiliser les placards. » Je lui adresse un sourire de crâneur, avant de m’appuyer contre le bureau de la chambre.

« T’as des préférences dans ce qu’ils ont proposé ? » Elle disparaît à l’intérieur de la salle de bain, la porte se ferme, et je croise mes bras sous ma poitrine, prêt à attendre qu’elle soit prête. « Et Jo elle en dit quoi ? » - « Aucune idée. On en a pas discuté. » Nous avons été occupés à autre chose que parler des titres que nous interprèterons. Ou plutôt, à chaque fois que le sujet X-Factor est abordé, je fais tout pour centrer la discussion sur la chanteuse. Moi, je ne suis pas là pour gagner de toute façon. Cassie me tuerait si elle connaissait la teneur de mon accord avec le production. « J’ai reçu la liste ce matin. » Et la demoiselle s’étant envolée la veille pour Brisbane, j’espère que cela suffira à museler la curiosité de mon assistante. « Because the night de Patti Smith, je veux la faire pour sûr. » J’ai commencé à imaginer ma propre version de ce classique dans ma chambre d’hôtel depuis l’instant où j’ai reçu les ”suggestions” de la chaîne. « Les reste, c’est principalement des trucs à la Harry Styles, Shawn Mendes, Sam Smith ou ce genre de vibe. Ça ne m'emballe pas. » Mon répertoire, selon la chaîne. Sauf que mon répertoire ne m’intérsse pas vraiment, et c’était jusque là le seul avantage que je voyais à ma participation à X-Factor, pouvoir chanter des choses qui sortent de la soupe pop dont on me gave depuis six ans.

my heart is calling and I can’t shake it
Cassie Edwards & @Midas Sterling

« Je t’invite dans ce cas. » « Si t’insistes. » Il n’a pas insisté, mais c’est tout comme. Direction sa valise à peine défaite, elle ne perd pas plus de temps avant de commencer à fouiller pour en sortir des vêtements. « Putain tu sais qu’on a le droit au service d’étage, rassure-moi ? » « Mais non ? » elle le tance, faisant semblant d’être surprise à sa déclaration. Un service d’étage dans un hôtel pareil ? Impossible. Elle secoue légèrement la tête en souriant puis continue son excavation au fin fond de sa valise. « Et qu’on peut aussi utiliser les placards. » La jeune femme lâche un ricanement amusé en sortant enfin des vêtements qu’elle juge convenable, puis elle range grossièrement le surplus encore plié. « Je sais. Mais j’ai pas de temps à perdre à tout déballer et tout ranger pour ensuite faire l’inverse. » Sur ce laps de temps inutilement gâché, elle a mille opportunités qui lui passent sous le nez, alors elle préfère tirer profit de la moindre minute plutôt que sur un confort éphémère pareil. Quand son bordel organisé commence à dégueuler et à devenir un peu trop ingérable, elle fait un rapide tri et ça repart comme en quarante.

Alors elle s’éclipse dans la pièce d’à côté pour se préparer, en profite pour questionner son camarade et en savoir plus sur les fameuses propositions de la prod. Elle est même presque étonnée que Jo n’ait pas son mot à dire dans l’histoire. « Aucune idée. On en a pas discuté. » « Me dit pas qu’elle te fait encore la gueule ? » elle élève la voix pour se faire entendre au travers de la porte fermée, juste pour le titiller sur sa relation en dents de scie avec la chanteuse. Peut-être qu’à force d’être trop l’un sur l’autre -au sens littéral comme au figuré-, ils se sont pris la tête. Ou alors elle a repoussé ses avances ou qu’importe, ça ne regarde pas tellement Cassie tant qu’il ne se laisse pas distraire. « J’ai reçu la liste ce matin. Because the night de Patti Smith, je veux la faire pour sûr. » L’assistante écoute, lâche des hmhm pour lui signifier qu’elle écoute et qu’il peut continuer. « Les reste, c’est principalement des trucs à la Harry Styles, Shawn Mendes, Sam Smith ou ce genre de vibe. Ça ne m'emballe pas. » Comme elle s’y attendait, la prod n’a pas été chercher très loin dans ce qu’ils lui ont proposé. Si le côté rétro de Patty Smith et de son grand classique de la fin des années soixante-dix sort un peu du lot, pour le reste ce n’est pas ce qu’on pourrait qualifier d’original. La jeune femme pince les lèvres et sort de la salle de bain une fois habillée. « Okay, bon, oublie la liste cinq minutes alors. » Si l’habituelle pop dont on le gave depuis ses débuts commence à ne plus l’inspirer ou à le lasser, le contraindre à en chanter ne risque pas d’arranger les choses. Il a aussi son mot à dire et s’il propose quelque chose qui n’est pas sur la setlist de la prod, ils seront tenus d’accepter l’idée. S’asseyant sur son lit pour enfiler ses Converses, Cassie continue sur sa lancée. « Toi tu veux quoi ? »  Elle relève les yeux vers lui en faisant ses lacets, l’air de sonder ses réactions. « T’as des idées ou des envies ? Genre une originale à toi ou plutôt quelque chose qui sort complètement de ton registre ? » Interpréter un de ses classiques peut être une idée, une solution de facilité, même, mais étrangement, Edwards doute qu’il ait envie de reprendre un des titres qui a fait son succès. Est-ce qu’il a déjà une idée en tête ou est-ce qu’il est aussi paumé qu’il en a l’air ? « Bon, j’suis prête. » Qu’elle lance en se relevant. Et maintenant qu’il a parlé d’aller manger, elle se rend compte qu’elle a faim, Cassie. Son dernier vrai repas doit dater de la veille au soir, sûrement. Elle a grignoté entre-temps, mais c’était clairement pas suffisant.

my heart is calling and I can’t shake it
Midas Sterling & @Cassie Edwards

« Mais non ? » - « Fais la maligne mais crève pas de faim, j’ai pas le temps de trouver quelqu’un pour te remplacer. » Le recrutement est une corvée que je m’évite tant que je le peux, et au-delà de ma tentative d’humour, Cassie sait ce que je pense d’elle. Ce petit bout de femme avec un fort caractère s’est rapidement fait une place dans ma vie, parce qu’en plus d’être compétente, de vivre pour son boulot sans compter ses heures et d’avoir des idées percutantes, je l’aime bien. Décontenancé au début par cette jeune fille qui m’a repoussé lorsque, imbibé d’alcool, j’ai tenté quelque chose avec elle et qu’elle - quelle femme n’est-elle pas intéressé par moi ? - j’ai rapidement compris qu’elle nous avait rendu à tous les deux le plus grand des services. Elle n’a pas peur de dire ce qu’elle pense et, en retour, je n’ai pas à craindre qu’elle fonde en larme à la moindre déconvenue. L’assistante parfaite, somme toute. Et putain, quel genre de cliché j’aurais été si, après avoir fait un enfant à une groupie, j’avais couché avec mon asisstante ? Non, Cassie m’a sauvé de l’embarras puisqu’au delà de ça, c’était l’alcool qui parlait, plus qu’une quelconque inclination. « Mais j’ai pas de temps à perdre à tout déballer et tout ranger pour ensuite faire l’inverse. » - « T’as si peu confiance en moi que tu penses que tu vas devoir faire ta valise rapidement ? » Nous sommes à Sydney depuis plus d’un mois, et pour un autre de plus, si je vais jusqu’en finale. Doute-t-elle que ce soit ce qu’il se passe ? J’en doute : Cassie sait que l’émission repose en grande partie sur l’image et la popularité, plus que sur le réel talent. Alors même si elle me pensait médiocre, elle aurait foi en moi pour l’émission.

« Me dit pas qu’elle te fait encore la gueule ? » La voix de Cassandra me parvient de la salle de bain, si bien qu’elle ne me voit pas lever les yeux au ciel. « Elle me fait pas la gueule. » Et d’ailleurs, mon assistante doit être loin de se douter à quel point nous sommes devenus proches, la chanteuse et moi, ces dernières semaines. Ou peut-être que non, peut-être lit-elle en moi comme dans un livre ouvert, je n’en sais rien. Quoi qu’il en soit, il faut être aveugle ou idiot pour passer autant de temps avec moi que Cassie le fait, et ne pas savoir que j’ai un sérieux penchant pour Jo Carter. « Mais elle gère pas ma carrière que je sache, non ? » Si j’use de cet argument, c’est surtout pour ne pas avoir à avouer qu’en effet, je parle de tout ça avec Jo et que je ne peux pas le faire ce soir parce qu’elle est rentrée à Brisbane. Mais il y a d’autres sujets que je veux aborder avec la petite blonde. « Elle serait encore plus tyrannique que toi. » Je prononce cette phrase alors que la demoiselle sort de sa salle de bain et, pour manifester mon innocence, je lève les deux mains paumes tournées vers elle.

« Okay, bon, oublie la liste cinq minutes alors. » - « Oublie la liste, hm ? » Ce n’est pas le genre de Cassie. Cassie aime quand les choses vont comme elle l’a décidé, Cassie pense que sortir des sentiers battus ne m’attirera pas la sympathie du public. Ou peut-être que je me trompe ? Est-il possible que, pendant presque trois ans, j’ai mélangé ses opinions et celles du label ? Peut-être se moque-t-elle simplement de X-Factor ou bien peut-être juge-t-elle que l’émission n'aura pas d'impact, qu’il soit positif ou négatif, sur ma carrière ? « Toi tu veux quoi ? » Moi, je veux savoir si Jo couche avec Micah Tomlinson. J’aurais pu l’ajouter en grognant, si je n’avais pas choisi une approche plus subtile, pour une fois. « T’as des idées ou des envies ? Genre une originale à toi ou plutôt quelque chose qui sort complètement de ton registre ? » Ce que je veux, c’est chanter une chanson de mon registre, mais le vrai. « Je sais pas, peut-être que la prod’ a raison. Because the night est plutôt rock, pour la seconde, faudrait peut-être rappeler au public quel genre de chanteur je suis. » Le genre qui marche dans les pas de toutes les starlettes pop de ce monde depuis plus de six ans maintenant. « Ou quelque chose d’un peu différent, je sais pas. » Si, mais je n’ose pas le dire de but en blanc. « Bon, j’suis prête. » - « Tu ressembles presque de nouveau à une fille. » Je lève un sourcil, m’apprête à recevoir le premier projectile qui lui passera sous la main et à l’esquiver avant d’ouvrir la porte.

J’attends que nous soyons attablés au restaurant de l’hôtel pour me jeter à l’eau. «  Hm, tu suis euh… Les réseaux ? Ça dit quoi sur l’émission, les chiffres sont bons ? » Je ne sais même pas sous quelle forme ces “chiffres” se matérialisent. Et au fond, je me moque de savoir si le public parle de l’émission, ce n’est, encore une fois, qu’une façon de tourner autour du pot.

my heart is calling and I can’t shake it
Cassie Edwards & @Midas Sterling

« Fais la maligne mais crève pas de faim, j’ai pas le temps de trouver quelqu’un pour te remplacer. » « Tu pourras jamais me remplacer. » Qu’elle renvoie sans même battre des cils. Il ne trouvera jamais mieux ou plus investie dans sa carrière, alors bonne chance pour trouver quelqu’un d’à peu près potable, hein. « T’as si peu confiance en moi que tu penses que tu vas devoir faire ta valise rapidement ? » « On est jamais à l’abris de se faire voler la vedette hein. » C’est pas les talents qui manquent mais il sait très bien qu’il fait partie des chouchous du public, il n’a aucun souci à se faire de ce côté là. Et juste pour ça, ils vont le garder longtemps dans l’émission, probablement jusqu’à la fin et jusqu’à la victoire qui reboostera son égo.  

« Elle me fait pas la gueule. » Ouais, tu parles. « Mais elle gère pas ma carrière que je sache, non ? » Ah oui tiens, c’est vrai ça. « Elle serait encore plus tyrannique que toi. » Ca lui tire un rire franc, à Cassie. Cela-dit, il n’a pas tort. La Carter n’est pas connue pour être une tendre et la jeune femme est persuadée qu’elle se serait fait un nom dans la gestion artistique si elle avait emprunté cette voie là. « Moi ? Un tyran ? » Depuis la pièce d’à côté, sa voix part dans les aigüs histoire d’accentuer la fausse indignation. « Remarque je pourrai peut-être lui demander quelques conseils, en fait. » Continue-t-elle dans l’unique but de le chambrer. Quel cauchemar ça serait pour Midas, si c’était le cas. « Et puis je t’ai jamais entendu te plaindre. » Ou alors elle n’a pas écouté, c’est possible aussi.

« Oublie la liste, hm ? » Elle relève les yeux vers lui un instant, l’air de dire “t’as bien entendu”, puis elle poursuit sur sa lancée histoire de démêler un peu tout ça. « Je sais pas, peut-être que la prod’ a raison. Because the night est plutôt rock, pour la seconde, faudrait peut-être rappeler au public quel genre de chanteur je suis. » Mais est-ce qu’il a toujours envie d’être ce genre de chanteur, justement ? Est-ce que ce n’est pas ça qui le bloque depuis son dernier album, d’être cantonné à un style musical et de ne pas pouvoir laisser libre court à ses aspirations. C’est dangereux pour un artiste, de changer de voie. C’est quitte ou double, parce qu’une partie du public attend qu’on lui réserve la même soupe mais présentée différemment, tandis que l’autre apprécierait la prise de risque. Faudrait creuser la question, en vrai. Pour maintenant et pour le prochain prime, c’est probablement trop brutal comme revirement alors autant la jouer safe et éviter les retours de flamme. « Ou quelque chose d’un peu différent, je sais pas. » Ouais, à voir. « C'est toi qui voit mais faut se décider vite. » Parce que la prod bein, ils aiment pas trop chambouler leurs trucs à la dernière minute. Et puis pour l'heure t'es prête et vous pourrez voir les détails à table. « Tu ressembles presque de nouveau à une fille. » Et le doigt d'honneur il l'a vu venir ? En tout amitié, hein.

« Hm, tu suis euh… Les réseaux ? Ça dit quoi sur l’émission, les chiffres sont bons ? » Edwards arque un sourcil. « Tu me demandes si je fais mon job ? » Décidément, elle va finir par s’offusquer pour de vrai à force. Et peut-être qu’elle l’aurait fait si c’était une vraie question, qu’il venait de lui poser. Elle soupire et décide de faire comme si elle y croyait, à cette interrogation là. « L’émission cartonne, les chiffres sont plus que bons, t’as pas à t’en faire là-dessus. » Et son petit doigt lui dit qu’effectivement, il ne s’en fait pas à ce sujet là. Y a effectivement quelque chose qui a l’air de le tracasser, mais c’est clairement pas une histoire d’audience ou d’appréciation du public. Il est bon, les spectateurs l’ont toujours aimé et il le sait très bien. Non, il y a autre chose et c’est sûrement pas non plus les choix de chanson qu’il doit faire. « Tout le monde t’adore comme d’habitude. » Ca n’a pas changé. Et le fait qu’il se montre dans ce genre d’émission, ça aide à faire patienter le public en attendant d’avoir des nouveautés. Mais c’est pas ça non plus, qui l’intéresse. « Depuis quand tu veux parler chiffres ? » En temps normal ce genre de détails, elle en discute avec le reste des équipes. « Pas que ça me dérange hein, je peux même te lire quelques commentaires si tu veux. » Juste pour le show et continuer un peu à l’embêter, elle sort son téléphone et fait genre de chercher les fameux commentaires. « Mais c’est pas vraiment ce qui t’intéresse, avoue. Y a quoi ? » Il a le mal du pays ou il a pas eu de nouvelles de Posy ? Il s’est passé un truc avec Jo ou avec un membre de l’équipe ?

my heart is calling and I can’t shake it
Midas Sterling & @Cassie Edwards

« Tu pourras jamais me remplacer. » - « Me met pas au défit Cass-couille. » Dans une imitation parfaite d’ado impertinent, je lui tire la langue avant d’esquisser un sourire fier. Je crois que ce que j’aime chez la jeune femme, c’est qu’elle ne me traîte pas comme si j’étais une star, quelqu’un de différent à qui on ne peut pas parler parce qu’il ne comprendrait pas les problèmes et états-d’âme du commun des mortels. Elle n’a pas peur de me rentrer dans le lard, elle n’a pas peur de me dire ce qu’elle pense et, avec elle, je n’ai pas à avoir peur de me frotter à une langue de bois. C’est l’assurance pour la petite blonde de conserver son job aussi longtemps qu’elle le voudra. Mais il est bien plus drôle de prétendre que je suis le genre de diva qui peut claquer des doigts et se séparer de son personnel sur un coup de tête. « On est jamais à l’abris de se faire voler la vedette hein. » - « Tu me fends le coeur. Je croyais que t’étais justement là pour t’assurer que ça n’arrive pas ? » Elle répondra certainement qu’elle ne peut pas faire des miracles, et la seule chose qui m’empêchera de lui décocher une tape derrière la tête c’est le fait qu’elle soit de sexe féminin : je suis vieux jeu sur les bords. En revanche, elle recevra l’un de ses coussins, sans l’ombre d’un doute. « Moi ? Un tyran ? » - « Comment on appelle quelqu’un qui fait pleurer une maquilleuse pour un coup de pinceau de travers à ton avis ? » C’est arrivé une seule fois, une que je n’oublierai jamais. « Remarque je pourrai peut-être lui demander quelques conseils, en fait. » Il est question de Jo, et dès que c’est le cas, je me referme. Je n’ai pas honte de mon attirance - c’est plus que ça, tout le monde le sait sauf moi visiblement - pour la brune, mais je n’ai pas envie de lui nuir d’une quelconque façon, en disant un mot de trop. « Et puis je t’ai jamais entendu te plaindre. » - « C’est difficle de se plaindre quand la menace de se voir privé de ses bijoux de famille flotte au-dessus de votre tête, je dis ça, je dis rien. » J’ai le droit à un doigt d’honneur comme réponse à mon ultime provocation, mais je ne m’en formalise pas. Il s’agit là de notre mode de communication, rien de plus.

Installé, je tourne autour du pot parce que j’ai honte. J’ai honte d’être réduit à demander des tuyaux sur la vie sentimentale de Jo à mon assistante. « Tu me demandes si je fais mon job ? » - « Faut bien justifier les augmentations faramineuses que tu me demandes tous les ans, non ? » Je n’ai jamais cherché à lui refuser quoi que ce soit, dans les faits. Je connais sa valeur, et je sais ce que j’ai à perdre si elle décidait d’aller voir ailleurs. Les gens qui travaillent avec le talent et l’acharnement de Cassie sont rares. Alors, si j’ai conscience qu’elle est vouée à plus, je profite tant qu’elle est encore à mes côtés. « L’émission cartonne, les chiffres sont plus que bons, t’as pas à t’en faire là-dessus. » Oui, oui, je me moque de tout ça et, de toute évidence, Cassie l’a deviné. « Tout le monde t’adore comme d’habitude. Depuis quand tu veux parler chiffres ? » - « Je suis quelqu’un de consciencieux. » Non, et la blonde sait bien que X-Factor ne représente pas grand chose pour moi. Ma notoriété dépasse de loin celle des autres candidats du revival. « Pas que ça me dérange hein, je peux même te lire quelques commentaires si tu veux. Mais c’est pas vraiment ce qui t’intéresse, avoue. Y a quoi ? » Me voilà à présent comme un gosse à jouer avec ma serviette de table. Lorsque je réponds, je fuis son regard, honteux de m’être fait avoir par les rumeurs qui me sont venues jusqu’aux oreilles. « J’ai entendu des gens parler, des gens de l’émission. » Qui ? Cela n’a pas la moindre importance puisqu’ils n’en ont pas dans cette histoire. « Ils parlaient de Jo et d’un acteur, j’ai oublié son nom. » Je suis loin d’être assez détaché pour ça : je me souviens parfaitement du nom de l’homme en question, mais j’ai un semblant de fierté. « T’as lu quelque chose à ce sujet ? » A nouveau, je pourrais être plus direct. Mais on ne change pas un homme en quelques secondes.

my heart is calling and I can’t shake it
Cassie Edwards & @Midas Sterling

«  Me met pas au défit Cass-couille. » « Vas-y, c’est pas moi qui m’en mordra les doigts. » Qu’elle répond d’un air désinvolte. Qu’il le fasse s’il l’ose tiens, ça la fera beaucoup rire de le voir se démerder sans elle pour tout gérer et tout double checker en permanence. En toute humilité, bien évidemment. « Tu me fends le coeur. Je croyais que t’étais justement là pour t’assurer que ça n’arrive pas ? » Edwards fait mine de réfléchir quelques secondes, juste le temps qu’il faut pour laisser un blanc sans qu’il ne s’installe trop. « Peut-être que finalement je bosse pour la concurrence et qu’en fait je suis là pour te mettre des bâtons dans les roues, qui sait ? » Juste pour la plaisanterie, elle hausse les sourcils tout en adoptant son meilleur air faussement innocent. Il le sait très bien, qu’elle donne tout pour que ça n’arrive pas. Tout le monde le sait et personne n’est assez fou pour réellement remettre l’implication de l’assistante en question. « Comment on appelle quelqu’un qui fait pleurer une maquilleuse pour un coup de pinceau de travers à ton avis ? » « Elle avait failli me crever un oeil ! » A peine, en vrai. Mais elle aime bien exagérer pour rien, Cassie. C’est ce qui fait son charme il paraît. « C’est difficle de se plaindre quand la menace de se voir privé de ses bijoux de famille flotte au-dessus de votre tête, je dis ça, je dis rien. » « Je vois pas du tout de quoi tu parles. » Alors voilà, elle abat la carte de l’innocence, s’amuse de la situation et suit le mouvement lorsqu’ils décalent au restaurant.

« Faut bien justifier les augmentations faramineuses que tu me demandes tous les ans, non ? » « Oh mince, j’abuse tu crois ? Moi qui pensais en redemander pour le travail incroyable que je fais. » Manquerait plus qu’elle se promène avec quelques confettis brillants dans le fond de ses poches juste pour se les lancer à la moindre occasion. Peut-être qu’elle devrait sérieusement l’envisager, en fait. « Je suis quelqu’un de consciencieux. » « Hmhm. » Pas qu’elle n’y croit pas, mais elle le connaît suffisamment pour savoir que ce n’est habituellement pas le genre de détail qu’il vient demander de lui-même. D’ordinaire elle est celle qui arrive avec la nouvelle sur un plateau d’argent, juste de quoi le mousser un peu et booster son égo en mode “t’as bien bossé, ça paye, bien joué, continue comme ça”, le tout accompagné d’une tape dans l’épaule pour continuer à l’encourager. Alors autant aller droit au but ici et poser la vraie question. « J’ai entendu des gens parler, des gens de l’émission. » Mais encore ? Tout le monde parle en permanence de tout et n’importe quoi, à croire que c’est leur vrai job les ragots. «  Ils parlaient de Jo et d’un acteur, j’ai oublié son nom.  » Oh. Oh. Elle voit très bien de qui il s’agit, oui. Pas forcément pour les mêmes raisons que Midas, mais ça compte quand même. « T’as lu quelque chose à ce sujet ? » « Tu parles de  Tomlison ? » Elle ne connaît que son nom, au type, et pas grand chose de plus si ce n’est les rumeurs qui gravitent autour de lui, mais surtout de sa copine. Copine qui n’est pas Jo, si c’est la question que le jeune homme se pose. « Tu sais comment sont les torchons people, ils s’emballent pour un regard un peu trop insistant ou une interaction sortie de son contexte. » Qu’elle commence en haussant les épaules, son regard fixé sur le menu. « J’sais pas vraiment s’ils ont un passif ou quoi, mais je peux te dire que c’est pas pour toi qu’il tient. » Ca la fait vaguement sourire et elle reporte son regard sur Midas qui a l’air presque à côté de ses pompes. « Tu connais la technique qui consiste à échanger des messages volontairement ambigus aux yeux de tous ? » Parce que c’est exactement ce qu’il s’est passé sur l’Instagram du Tomlison et ça ne fait qu’attiser la curiosité et les esprits trop fertiles de certains médias, ou même de l’équipe qui a l’air d’y croire dur comme fer. « Ca fait parler, genre beaucoup. Ça intéresse et ça investit le public, ce genre de ragots. » Et forcément, ça booste les audiences et les recherches sur internet, ça fait vendre les articles putaclics et les photos de paparazzis, c’est bankable as fuck pour tout le monde. « Mais c’est du jeu de rôle, tu sais ? Il a une meuf et ça a l’air sérieux. J’doute qu’il gâche sa petite histoire comme ça, si tu veux mon avis. Et Jo… Disons qu’elle doit y trouver son compte. » Cassie, elle, imagine que les résultats doivent être à 50/50. D’un côté ça ramène le public de l’autre à la chanteuse, mais ça attise aussi sûrement la jalousie des groupies de l’acteur qui iront donner leur soutien à Midas. Dans tous les cas, ça fait des vues et ça fait parler. « Pourquoi tu veux savoir ? Tu veux pécho Micah ? » Ou plutôt la brune, hein. Mais autant essayer de le détendre avec une plaisanterie foireuse.

my heart is calling and I can’t shake it
Midas Sterling & @Cassie Edwards

« Elle avait failli me crever un oeil ! » - « Elle a surtout failli perdre son job à cause de ton petit scandale. » Nous exagérons tous les deux sans que ça n’ait rien de surprenant et, au final, j’ai surtout envie de rire en repensant au visage cramoisi de la pauvre jeune fille qui était en train de se faire passer un savon par l’assistante de Midas Sterling et au patron de la maquilleuse qui ignorait comment réagir jusqu’à ce que je lui dise qu’il n’y avait pas de mal, que Cassie était simplement caractérielle et que son employée ne devait pas avoir grand-chose à se rapprocher. Ce genre de truc aurait poussé n’importe qui d’autre à dégager son assistante, mais pas moi et pas Cassie : je suis bien trop conscient de sa valeur, tout comme je sais qu’elle ne se contentera pas d’un job d’assistante jusqu’à la fin de ses jours. Elle en a encore beaucoup sous le pied, la jeune femme, et d’ici quelques années je suis certain que je pourrais dire fièrement que Cassandra Edwards et moi avons collaboré. « Je vois pas du tout de quoi tu parles. » - « Parfois, t’es tellement dramatique que j’arrive plus à me souvenir qui est la superstar entre toi et moi. » Je n’ai jamais eu l’étoffe d’une diva : les gens comme Jo et Cassie font ça bien mieux que moi.

« Oh mince, j’abuse tu crois ? Moi qui pensais en redemander pour le travail incroyable que je fais. » - « Je crois même que je devrais te retirer ta putain de suite et te payer une chambre basique pour faire dégrossir tes chevilles, t’en penses quoi ? » Cassie est bien lotie mais, dans les faits, il n’y a pas une part de moi qui n’estime pas que c’est de l’argent foutrement bien investi. Le retour sur investissement est difficile à estimer, mais je n’ai pas à me préoccuper de mes réseaux sociaux et la tranquillité n’a pas de prix, quand on est un gamin de la campagne qui ne comprend rien à tout ça. « Tu parles de  Tomlison ? » Je fais mine d’être innocent et, alors qu’elle prononce ce nom que je connais déjà parfaitement, je claque des doigts comme si cela venait de me revenir. « C’est exactement ça. Putain merci, je l’avais plus. » Ahem. Tomlinson donc. Il y a bien quelque chose, quelque chose que les gens remarquent. Sinon, comment la petite blonde aurait touché dans le mille ? « Tu sais comment sont les torchons people, ils s’emballent pour un regard un peu trop insistant ou une interaction sortie de son contexte. » Sauf qu’il n’y a pas eu le moindre regard puisque Jo est ici et l’acteur je ne sais où, alors pourquoi ressentir le besoin d’avoir cette putain d’interaction sur les réseaux sociaux ? Pourquoi la brune ressent-elle le besoin d’attirer l’attention de ce type et de le provoquer de la même façon qu’elle me provoque moi ? De jouer avec lui d’une façon que je voudrais qui me soit réservée, quand bien même nous n’avons jamais collé la moindre étiquette sur nos fronts respectifs ? « J’sais pas vraiment s’ils ont un passif ou quoi, mais je peux te dire que c’est pas pour toi qu’il tient. Tu connais la technique qui consiste à échanger des messages volontairement ambigus aux yeux de tous ? » - « J’ai l’air de connaître ce genre de foutue technique ? » Non, j’ai même plutôt l’air agacé, à vrai dire. J’ai l’air d’avoir avalé quelque chose de travers alors que, pour l’instant, il n’y a sur la table qu’une corbeille de pain sur laquelle se défouler et je ne m’en prive pas. « Ca fait parler, genre beaucoup. Ça intéresse et ça investit le public, ce genre de ragots. » - « Pourquoi est-ce qu’elle voudrait que les gens s’intéresse à cette putain d’histoire ? » Pourquoi voudrait-elle que les gens parlent d’elle et de Tomlinson, puisque ce sont mes draps qu’elle réchauffe tous les soirs ? Pourquoi s’amuse-t-elle à l’entretenir cette ambiguïté, si elle n’existe pas ? « Mais c’est du jeu de rôle, tu sais ? Il a une meuf et ça a l’air sérieux. J’doute qu’il gâche sa petite histoire comme ça, si tu veux mon avis. Et Jo… Disons qu’elle doit y trouver son compte. » Je laisse échapper un rire jaune qui ne me ressemble pas, à mettre entièrement sur le compte de mon énervement et de la jalousie. « Pourquoi tu veux savoir ? Tu veux pécho Micah ? » - « Ouais c’est ça, je veux pécho ce type. » Je n’admettrai rien à voix haute de Cassandra le sait. Elle me connaît assez pour savoir que je ne suis pas du genre bazar, sur ce genre de sujet, que je ne suis pas doué non plus pour les grands discours. « Si t’étais la copine de ce type, ça te plairait ce genre de truc ? » Pourquoi cette femme autorise-t-elle cela ? « S’il a une meuf comme tu dis, je vois pas pourquoi il s’amuse à ce genre de connerie. » Et sans le connaître, je déteste déjà l’acteur que j’imagine en connard arrogant et qui les veut toutes.

my heart is calling and I can’t shake it
Cassie Edwards & @Midas Sterling

« Elle a surtout failli perdre son job à cause de ton petit scandale. » Tout de suite les grands mots aussi là. Elle n’irait pas jusqu’à dire que ça aurait été mérité, mais ça ne l’aurait pas non plus touchée plus que ça. D’un geste de main désinvolte, elle fait comprendre que de toute manière, c’est du passé et que c’est pas important. L’autre a pas perdu son job, Edwards a gardé son oeil, bref, tout le monde est content. « Parfois, t’es tellement dramatique que j’arrive plus à me souvenir qui est la superstar entre toi et moi. » « Faut bien que quelqu’un le soit à ta place. » C’est quelque chose qu’elle apprécie, chez lui. Sa simplicité et le fait qu’il sache garder la tête sur les épaules la plupart du temps. Et puis ouais, le côté diva elle compense largement pour lui.

« Je crois même que je devrais te retirer ta putain de suite et te payer une chambre basique pour faire dégrossir tes chevilles, t’en penses quoi ? » Il n’oserait pas. « Fais ça et ta prochaine collab audiovisuelle c’est avec une marque de charcuterie. » Non pas qu’il y ait une quelconque honte à travailler en collaboration avec ce genre d’entreprise, mais il faut tout de même avouer que ce n’est pas tellement le genre de partenariat auquel le public et les médias s’attendent de la part de Midas. La menace n’en est même pas vraiment une et il le sait très bien. Cassie se démène pour garder une certaine cohérence et un certain standing dans les marques pour lesquelles le chanteur prête son image. Mais trêves de plaisanterie ; le sujet qui intéresse ici, c’est Micah Tomlison. Enfin plus particulièrement les rumeurs qui enflent au sujet d’une prétendue relation avec la Carter. Ca ne regarde aucune des deux personnes présentes ici, ni Sterling, ni Edwards et pourtant… « C’est exactement ça. Putain merci, je l’avais plus. » Ouais, admettons. La jeune femme arque un sourcil, exposant avec soin ce qu’elle sait sur le sujet ; pas plus que ce que les médias ou les réseaux leur prête. « J’ai l’air de connaître ce genre de foutue technique ? » « Non parce que c’est une technique de merde. » Autrement dit, jamais elle ne lui demanderait de s’adonner à ce genre de bassesse. « Pourquoi est-ce qu’elle voudrait que les gens s’intéresse à cette putain d’histoire ? » Il s’emporte et ça a l’air de l’intéresser bien plus que ce qu’il laisse prétendre. A se demander pourquoi, hein ? La blonde tente de désamorcer à l’aide d’une plaisanterie et autant dire que c’est pas gagné. « Ouais c’est ça, je veux pécho ce type. » Elle ricane, Cassie, se passe une main dans les cheveux et secoue la tête en s’imaginant malgré tout les titres des tabloïds qui n’hésiteraient pas à reprendre les paroles de Midas et à les tordre dans tous les sens s’ils avaient entendu sa confession ironique. Pas besoin de contexte ou de photo des deux ensemble, ça ferait sensation, c’est une certitude. Elle se contente d’hausser les épaules en prenant un bout de pain qu’elle commence à picorer en attendant. « Peut-être qu’ils sont potes et qu’elle veut rendre quelqu’un jaloux alors il lui file un coup de main. » C’est probablement bien plus simple que ça et qu’en vérité, ils se fichent juste de ce que les gens disent. « Peut-être qu’il y a vraiment quelque chose. » Qu’elle ajoute dans l’unique but de voir la réaction qu’aura Midas, ça ne fera que confirmer ses doutes et elle aura un élément en plus pour démêler ses vraies intentions avec toute cette mascarade. « Si t’étais la copine de ce type, ça te plairait ce genre de truc ? » « Je le suis pas. » Mais pour le coup, il soulève un point intéressant là. Lena elle en dit quoi, de tout ça ? Est-ce que ça les fait marrer et qu’ils en discutent le soir autour d’une bouteille de vin et d’un Uber eats tout juste livré ? Ou est-ce qu’ils se disputent à ce sujet parce qu’elle est jalouse et qu’elle ne comprend pas son petit jeu ? Peut-être que Cassie pourrait lui poser directement la question, que ça lui ferait gagner un peu de temps, même. Mais rien ne dit que Lena lui offrira la moindre réponse, on lui dira même sûrement de se mêler de ses affaires et elle ne sera pas plus avancée. « Mais non, ça me plairait probablement pas. » Parce qu’elle aime pouvoir tout contrôler, Cassie. Et que ce genre de rumeur ça dérape souvent et que personne peut prédire à quel point ça va bouger et être déformé. « S’il a une meuf comme tu dis, je vois pas pourquoi il s’amuse à ce genre de connerie. » « Y en a qui aiment bien avoir des réputations un peu sulfureuses, j’sais pas. Quand j’te dis que ça fait parler beaucoup, je déconne pas hein. » Comme pour illustrer son propos elle dégaine son téléphone comme s’il s’agissait d’une arme et recherche le nom de la chanteuse. « Regarde. » En tête des premiers liens proposés, forcément, des magazines people, des gros titres qui font cliquer du genre “micah tomlinson & jo carter : une idylle secrète ?”. Bim, pas du tout ce qu’il a envie de voir, mais c’est pas sur ça qu’elle veut qu’il se concentre. A la place, elle déroule les recherches associées et là c’est le festival. Ca propose le Revival, ça propose Midas, ça propose la baffe à Laurie, ça propose Micah et ça propose même Lena. Elle rengaine son arme, Cassie, reposant l’appareil sur la table avant de reprendre. « Ce que je veux dire, c’est que si quelqu’un fait une recherche sur Jo, ça renvoie vers Micah et par conséquent vers ses projets de film ou ce qu’il a bouffé à midi avec sa meuf. Ou vers toi et le Revival.. » Il est bien assez malin pour comprendre le cheminement de la gigantesque toile qu’est internet. Tout renvoie à n’importe quoi. « Si tu veux mon avis y a probablement rien du tout, entre Jo et lui. Ils s’amusent. » Et si lui ça le dépasse, elle peut parfaitement comprendre. « En vrai tu devrais même pas t’occuper de ça, t’as un revival à gagner j’te rappelle. » Tout de même.

my heart is calling and I can’t shake it
Midas Sterling & @Cassie Edwards

« Fais ça et ta prochaine collab audiovisuelle c’est avec une marque de charcuterie. » Je pouffe sans retenue, avant de secouer la tête pour admettre sans difficulté que lorsqu’il est question de répartie, la petite blonde me coiffeur au poteau sans me laisser la moindre chance. Je pourrais renchérir, bien sûr, mais je doute d’arriver un jour à marquer un point. Cassie n’est pas une assistante comme les autres. Elle n’est pas du genre à rougir lorsqu’on lui adresse la parole ou à baisser les yeux, éblouie par l’aura de la célébrité. Non, elle me rentre dedans sans la moindre hésitation et n’est jamais au grand jamais à court d’argument. Alors, je le concède cette victoire sans que mon égo n’en souffre trop.

« Non parce que c’est une technique de merde. » Dans ce cas, n’est-ce pas évident que Jo a besoin de s’entourer ? D’une équipe pour gérer sa communication et son image puisque, étant donnée son impulsivité, il y a du boulot à faire sur ce point ? « Peut-être que tu devrais la conseiller dans ce cas. » Je ne suis évidemment pas en train de sous-entendre à la blonde qu’il faut qu’elle fasse mon sale boulot parce que j’ai peur d’aborder le sujet avec la brune. Pas du tout. Quoi qu’il en soit, il reste vrai que soit Jo sait très bien ce qu’elle fait et veut que l’on pense qu’elle a une relation avec l’acteur, soit qu’elle ne réalise pas la portée de ce qu’elle peut écrire. « Peut-être qu’ils sont potes et qu’elle veut rendre quelqu’un jaloux alors il lui file un coup de main. » Si ce quelqu’un c’est moi, elle n’en a pas besoin. Si c’est quelqu’un d’autre… Et bien je n’ai pas envie d’envisager cette option-là. « Peut-être qu’il y a vraiment quelque chose. » - « Et toi, qu’est-ce que tu crois ? Qu’il y a vraiment quelque chose ? » Quelle est l’option qu’elle trouve la plus crédible, Cassie ? Après tout, elle est bien plus objective que moi sur le sujet. Moi, je suis trop irrité par l’idée que Jo puisse réellement avoir quelque chose avec ce bellâtre raté. Elle n’enfreindrait aucune promesse – nous ne nous en sommes pas faites – mais elle briserait quelque chose me concernant : je n’ai pas besoin de lui promettre l’exclusivité pour me retenir d’aller voir ailleurs. Je n’en ai pas la moindre envie.

« Je le suis pas. Mais non, ça me plairait probablement pas. » Voilà. Je marque donc un point, et le fait savoir de grands gestes de la main qui disent tu vois, c’est bien ce que je te dis ou encore me dit pas que c’est pas des putains de conneries tout ça après avoir admis ça. « Y en a qui aiment bien avoir des réputations un peu sulfureuses, j’sais pas. Quand j’te dis que ça fait parler beaucoup, je déconne pas hein. » - « C’est pas le genre de Jo. Je sais que ça fait longtemps et qu’on se connaît plus comme avant, mais quand même. » Je la connais. Elle n’est pas de ces femmes comme cette idiote de candidate de Bethany qui veut à tout prix que l’on parle d’elle au travers du prisme de ses relations avec la gente masculine. Jo n’est pas une allumeuse, et elle déteste que quiconque tente de dépeindre une image d’elle qui ne colle pas à la réalité. « Regarde. » Je grommèle dans ma barbe quelque chose qui ressemble à un j’ai aucune envie de voir ces conneries mais, alors que je me penche sur la table pour observer le téléphone de la blonde, je ne convaincs personne. Le titres des premiers articles me font grincer des dents – j’ignorais que cela avait pris une telle ampleur et je me demande même si le public la préfère avec lui qu’avec moi – et, en mâchant avec irritation le contenu de ma fourchette, je vais comprendre à Cassie que non, je ne vois pas où elle veut en venir. « Ce que je veux dire, c’est que si quelqu’un fait une recherche sur Jo, ça renvoie vers Micah et par conséquent vers ses projets de film ou ce qu’il a bouffé à midi avec sa meuf. Ou vers toi et le Revival… » - « T’es en train de me dire que c’est un moyen de faire de la pub ? » Pour ses navets à lui et le Revival la concernant ? Ce n’est pas le genre de Jo. Elle ne veut pas s’afficher avec moi pour ne pas être accusée de rechercher simplement à s’attirer un peu de ma notoriété, je l’ai compris sans qu’elle n’ait besoin de me l’avouer. Je sais aussi qu’elle a peur qu’on pense qu’elle profite de moi, au fond. Alors pourquoi le ferait-elle avec la notoriété de Tomlinson ? Vaut-il mieux que moi à ses yeux ? « Si tu veux mon avis y a probablement rien du tout, entre Jo et lui. Ils s’amusent. En vrai tu devrais même pas t’occuper de ça, t’as un revival à gagner j’te rappelle. » - « On en a rien à foutre de cette émission, on le sait tous les deux, arrête tes conneries. » Je parle à voix basse, pour éviter que l’on m’entende. « C’est pas une émission à deux balles sur une chaîne payante qui changera quoi que ce soit à ma carrière. Pas cette fois, en tout cas. » J’ai dépassé le stade de candidat de télé-crochet. Si je perds, mon image ne changera pas, tout comme ma renommée. Si je gagne, il est possible que je gagne également le cœur d’un nouveau public mais, honnêtement, en ai-je réellement besoin ? « C’est pas le genre de Jo de faire ce genre de truc. Elle a besoin de personne pour se faire un nom. » A mes yeux, c’est un diamant brut, un talent comme il n’en existe qu’une poignée par génération. C’est indigne d’elle, de surfer sur la notoriété d’un homme pour qu’on parle d’elle. Et oui, je sais : j’ai à nouveau dirigé la discussion sur elle : je suis incorrigible.

my heart is calling and I can’t shake it
Cassie Edwards & @Midas Sterling

« Peut-être que tu devrais la conseiller dans ce cas. » C’est plus fort qu’elle, ce rire sonore qui s’échappe de sa gorge. Ca ne dure qu’un instant, mais c’est bien suffisant pour prouver l’absurdité de cette suggestion, quand bien même c’est tout à fait ironique. « Trop hâte de voir le prochain gros titre qui dira qu’on s’est entre-tuées dans les loges, tiens. » C’est forcément comme ça que ça se terminerait, si Cassie venait à bosser avec la chanteuse. Aucune des deux ne serait prête à faire de concessions, chacune aurait envie de faire à son idée, bref, c’est pas le genre de collaboration qui serait efficace sur le long terme. « Et toi, qu’est-ce que tu crois ? Qu’il y a vraiment quelque chose ? » Elle secoue la tête de gauche à droite pour lui signifier que non, elle ne croit pas qu’il y ait quoi que ce soit. « J’suis prête à le parier si tu veux. Si y a un truc, t’as le droit de refuser ma prochaine demande d’augmentation. » Franchement, elle est à peu près sûre de ne pas trop se mouiller sur ce coup-là.

« C’est pas le genre de Jo. Je sais que ça fait longtemps et qu’on se connaît plus comme avant, mais quand même. » “On se connaît plus comme avant” qu’il dit sans même transpirer. Non, peut-être pas, mais clairement y a une toute nouvelle façon dont ils se connaissent ces deux là, sans quoi il ne serait pas là à chercher à grappiller des infos sur sa prétendue relation avec Tomlison. « Tu la connais mieux que moi. » Donc techniquement, si quelqu’un peut deviner les intentions derrière toute cette mascarade, c’est bien lui. Cassie, elle, ne peut qu’émettre des suppositions avec le peu d’éléments qu’elle a en sa possession. La grimace qu’il fait quand elle lui montrer les divers titres d’article est difficile à rater, c’est qu’il n’est pas si subtile que ça, Midas. « T’es en train de me dire que c’est un moyen de faire de la pub ? » « Entre autres, ouais. » Un moyen de merde, mais un moyen comme un autre. Y en a des bien plus simples et surtout bien plus sains pour l’image. Mais encore une fois, Cassandra n’est l’assistante d’aucun des deux énergumènes et c’est tant mieux, elle a tout sauf envie de gérer ce genre de crises là. « On en a rien à foutre de cette émission, on le sait tous les deux, arrête tes conneries. » Elle ne cache pas son air agacé lorsqu’elle soupire en roulant des yeux. « C’est pas une émission à deux balles sur une chaîne payante qui changera quoi que ce soit à ma carrière. Pas cette fois, en tout cas. » « Pourquoi t’as tenu à faire l’émission, alors ? » Au lieu de se concentrer sur son prochain album qui se fait attendre, par exemple. « C’est pas le genre de Jo de faire ce genre de truc. Elle a besoin de personne pour se faire un nom.  » « C’est pas un nom qu’il lui faut, c’est une conduite. » Parce que ouais, la réputation, les rumeurs et tout le bordel, elle a déjà et elle commence un peu à cumuler. Si elle veut que des producteurs acceptent de bosser avec elle et d’encaisser ses caprices de diva, va falloir qu’elle leur prouve qu’elle en veut et surtout qu’elle en vaut la peine, parce que eux ils vont pas se fatiguer à la prendre elle plutôt que n’importe qui d’autre. Allez, assez joué pour le moment. « C’est quoi le projet, Midas ? Pourquoi tu t’intéresses autant à ce que Jo fait sur les réseaux ? » La réponse est de plus en plus évidente à mesure que la discussion se déroule, mais elle a hâte de le voir bégayer pour essayer d’expliquer. « T’es plus impliqué dans cette affaire que dans l’émission ou dans l’écriture de tes chansons. » C’est dur, mais c’est vrai et il le sait très bien.

my heart is calling and I can’t shake it
Midas Sterling & @Cassie Edwards

« Trop hâte de voir le prochain gros titre qui dira qu’on s’est entre-tuées dans les loges, tiens. » - « Sois pas vache, tu la connais à peine. » Elles se ressemblent certainement plus qu’elles ne l’admettent, les deux jeunes femmes. Il faut croire que j’ai un don particulièrement prononcé pour ne m’entourer que de femmes au fort caractère. Peut-être qu’il en faut un aussi doux que le mien pour parvenir autour d’être comme Cassie et Jo sans – trop – d’accrochages, aussi. « Elle a rien à voir avec la fille pour laquelle les médias tentent de la faire passer. » Bien sûr, je manque d’objectivité. Par certains côtés, elle est cette diva capricieuse qui ne comprend pas que les choses n’aillent pas toujours dans son sens, tout comme elle a du mal à comprendre que tout acte à une conséquence et qu’elle ne peut pas dire ou faire tout ce qu’elle veut mais, à mes yeux, ses qualités ont pris le pas sur ses défauts, les dissimulant la plupart du temps. C’est sur ces dernières que je me concentre. C’est elle que je regrette qu’elle ne montre pas souvent à un plus grand nombre de personnes que les rares élus qu’elle a choisis. Elle gagne à être connue, Jo. Et moi, je montre un peu plus mon jeu alors que je prends sa défense systématiquement, même lorsque je suis venu trouver Cassie pour avoir un avis objectif et de l’aide concernant cette situation. « J’suis prête à le parier si tu veux. Si y a un truc, t’as le droit de refuser ma prochaine demande d’augmentation. » J’esquisse un demi-sourire gêné, avant de hocher la tête et de la pointer du doigt. « Qui te dit que j’avais l’intention de te filer une augmentation fillette ? » Je ne suis de toute façon pas son employeur, mais j’ai la taquinerie facile avec la blonde. Plutôt que de créer un malaise entre nous, le fait qu’elle m’ait bien rapidement fait comprendre qu’elle était immunisée à mon charme et mes battements de cils nous a permis d’avoir une relation aussi authentique que privilégiée.

« Tu la connais mieux que moi. » - « Ouais, mais t’es une meuf. » Et donc, par conséquent, mon cerveau de primate en a déduit qu’elle était plus à même de me donner des conseils qu’un quelconque autre représentant de la gente masculine. C’est certainement réducteur, mais je peux au pire prétendre que je ne l’interroge elle plutôt qu’un autre que grâce à son niveau de connaissance quasi parfait sur les réseaux sociaux. « Pourquoi t’as tenu à faire l’émission, alors ? » Ai-je besoin de le dire à voix haute ? Cassandra sait très bien que j’ai fait ça pour gagner du temps et, surtout, pour renouer avec la brune. « Parce que y’a des choses qui sont plus importantes que ça. » Que la façon dont le public me perçoit, que mes albums, mon succès et ma célébrité. J’ai toujours pris ces choses à la légère, laissant d’autres plus stratèges que moi gérer, prenant quelques décisions de temps à autre sans tenir compte de leur avis et foutant tout leur boulot en l’air. Le Revival est l’une de ces décisions.

« C’est pas un nom qu’il lui faut, c’est une conduite. » - « Les gens la diabolisent. C’est pas une hystérique incontrôlable. » Cette fois, l’irritation est perceptible dans mon ton. C’est viscéral : je suis programmé pour prendre la défense de Jo et m’irriter lorsque quelqu’un la dévalorise. « C’est quoi le projet, Midas ? Pourquoi tu t’intéresses autant à ce que Jo fait sur les réseaux ? » Je déglutis, soudain ramené à la réalité. Dans les fais, je n’ai pas de comptes à rendre à Cassie. Dans la pratique, c’est moi qui suis venu lui demander conseil, si bien que ce serait hypocrite et ingrat que de la renvoyer dans ses buts. « T’es plus impliqué dans cette affaire que dans l’émission ou dans l’écriture de tes chansons. » - « J’ai écrit des trucs tu sais. » Une chanson, ou du moins une démo, pendant ces semaines où je tournais en rond comme un animal sauvage dans sa cage quand Jo m’adressait à peine la parole, au début du Revival. « C’est pas parce que je fais pas les chose à votre façon - » Celle du label, de l’agence et de mon manager. « - que ça fonctionne pas. » Et pour cause : je n’avais pas écrit et gardé la moindre ligne depuis des mois, voire des années. Toutes finissaient raturées et oubliée dans la minute. « Je protège ses arrières et elle fait pareil avec moi. C’est déjà ce qu’on faisait à l’époque de la première émission. C’est tout. » Quel grand acteur.

my heart is calling and I can’t shake it
Cassie Edwards & @Midas Sterling

« Sois pas vache, tu la connais à peine. » « Quoi, j’suis réaliste. Si c’est pas elle qui me saute à la gorge c’est moi qui le ferait, j’suis sûre que même elle est de cet avis. » Et c’est pas forcément une mauvaise chose. La grande question dans tout ça, c’est de savoir comme Midas arrive à supporter les deux dans son sillage. Il se retrouve dans l’oeil du cyclone sans même broncher et c’est véritablement admirable. D’un côté il se fait tirer les oreilles par le modèle réduit qu’est Cassandra, de l’autre il arrive à encaisser les coups de sang de la chanteuse. Non, vraiment, elle est impressionnée, Cassie. « Elle a rien à voir avec la fille pour laquelle les médias tentent de la faire passer. » « Si tu le dis. » Le problème des réputations, c’est que ça colle à la peau, que c’est facile à abimer mais d’une difficulté sans nom à redorer. Seulement voilà, Jo enchaîne les faux pas, alors forcément les médias s’en donnent à coeur joie et ne ratent pas une seule occasion d’en remettre une couche. « Qui te dit que j’avais l’intention de te filer une augmentation fillette ? » « Tu oserais refuser ? » Qu’elle s’indigne faussement, main sur le coeur et bouche grande ouverte dans sa plus belle interprétation dramatique de l’outrage.

« Ouais, mais t’es une meuf. » « Wow. » C’est pas du tout un argument ça, Midas, il peut faire mieux que ça quand même. Au moins, ça a l’avantage d’arracher un petit ricanement à son assistante qui se contente de secouer la tête. « Parce que y’a des choses qui sont plus importantes que ça. » « C’est pas une raison pour prendre tout ça à la légère. » Encore une fois, ce n’est qu’un conseil et il en fait bien ce qu’il en veut. Il sait aussi bien qu’elle qu’à force de tirer sur la corde, il va finir par épuiser la patience des producteurs et qu’ils ne vont pas attendre éternellement après lui et une éventuelle illumination divine.

« Les gens la diabolisent. C’est pas une hystérique incontrôlable. » « Peut-être. Mais ils se fatiguent pas à apprendre à la connaître, ils se basent sur l’image qu’elle renvoie et se font leur idée comme ça. » Et bien évidemment, elle fait pareil, la blondinette. Ce n’est pas pour rien qu’elle rabâche en permanence ses histoire d’image et de bien paraître. Alors ça peut les faire sourire ou rouler des yeux, tous les autres, n’empêche qu’elle a généralement raison et que les rares fois où on ne l’écoute pas, c’est finalement pour s’en mordre les doigts. « J’ai écrit des trucs tu sais. » « Sérieux ? » Elle se retient d’ajouter un “pas trop tôt” ou “ah quand même”, ça serait mal venu et pour le coup, elle est juste contente d’entendre ce genre de nouvelle. « Tu peux pas balancer ça et rien dire de plus. » Il compte s’en servir pour son prochain album ? Ou alors c’est le genre d’écrit qui restera dans le fond d’un tiroir jusqu’à un album unplugged session qui sortira dans quinze ans avec des inédits jamais sortis ? Ou alors il compte s’en servir au Revival et faire une autopromo par la même  occasion ? « C’est pas parce que je fais pas les chose à votre façon que ça fonctionne pas. » « J’entends. Mais eux ils attendent des résultats, tu le sais aussi bien que moi. » Qu’elle ajoute l’air presque grave, toujours aussi sérieuse quand il s’agit de la carrière de Midas. Souvent, elle se fait engueuler par le manager parce qu’elle a tendance à prendre un peu trop de place et à trop en faire, mais il faut bien que quelqu’un soit réellement impliqué dans cette histoire. « A l’instant où ils trouvent quelqu’un qui se pliera en quatre pour eux et qui rapportera autant que toi en produisant plus, tu peux être sûr qu’il y aura des vestes qui vont se retourner. » Il a encore de beaux jours devant lui, Midas, mais l’industrie de la musique est rude, c’est pas nouveau. Ils sont des milliers à attendre une ouverture, il y a d'innombrables talents cachés qui n’attendent que d’être découverts et qui signeront le premier contrat avantageux pour eux avant de se rendre compte que c’était un foutu piège et qu’ils auraient mérité mieux. Alors peut-être qu’elle est un peu trop alarmiste, Cassie, sûrement même qu’elle dramatise trop, mais elle est payée pour ça et s’il faut secouer les plumes du Sterling, elle est là pour ça aussi. « Je protège ses arrières et elle fait pareil avec moi. C’est déjà ce qu’on faisait à l’époque de la première émission. C’est tout. » Jo est une grande fille, et ce n’est clairement pas le genre de personne à avoir besoin qu’on se batte pour elle, elle en est parfaitement capable sans l’aide de personne. Pire même, elle serait capable de mal le prendre. « Elle en a pas besoin, selon tes propres dires. » Mais ce n’est pas véritablement de ça dont il est question, et Cassie n’est pas dupe une seule seconde. « Mais bon, c’que vous faites dans sa piaule quand soit-disant vous bossez là, ça vous regarde. Et ce qu’elle fait avec Tomlinson, c’est peut-être à elle qu’il faut le demander. Moi j'en sais pas plus que toi. » Parce qu’à part quelques théories et avis biaisés, Cassie n’a pas dû l’éclairer beaucoup, son camarade.

my heart is calling and I can’t shake it
Midas Sterling & @Cassie Edwards

« C’est pas une raison pour prendre tout ça à la légère. » Je hausse les épaules prouvant ainsi que, quoi qu’elle en dise, j’ai bien l’intention de continuer à prendre tout ça à la légère puisque cela a toujours fonctionné pour moi, jusqu’à preuve du contraire. C’est un fait : je suis perfectionniste, mais je ne suis pas un bosser acharné. Mes victoires, je les dois à mon charisme, à ma chance, à la ténacité de mon entourage, à un talent pour lequel j’ai certes travaillé, mais pour lequel je ne me suis jamais saigné non plus. Je n’étudie pas les tendances. Je ne suis pas de ces artistes qui, pour quinze chansons sur un album, en écrivant plus d’une centaine qui ne verront jamais le jour. Je suis un partisan du moindre effort, et nul doute que cela a rendu Cassie folle depuis bien longtemps désormais.

« Peut-être. Mais ils se fatiguent pas à apprendre à la connaître, ils se basent sur l’image qu’elle renvoie et se font leur idée comme ça. » - « C’est débile. Ce milieu est débile. » Jo peut faire vendre des albums, si on lui laisse sa chance. Jo peut apporter bien plus à l’industrie musicale que beaucoup d’artistes phares de notre époque. « Sérieux ? Tu peux pas balancer ça et rien dire de plus. » - « Là tout de suite j’ai ton attention. » C’est certainement injuste puisqu’elle m’a donné son avis et des conseils le mieux du mieux qu’elle a pu le faire en début de conversation pour des questions qui n’avaient rien à voir mais je n’y peux rien : je n’en peux plus d’entendre parler de ce fichu album. A me harceler, mon entourage professionnel ne gagne rien de plus qu’une frustration infertile. « C’est abouti, plus que ce que j’ai pu écrire en deux ans. Je te l’enverrai. » Et le label décidera si oui ou non c’est assez bon pour être sorti, que ce soit en single indépendant ou sur un prochain album, si tant est que j’arrive à en pondre un en entier.

« J’entends. Mais eux ils attendent des résultats, tu le sais aussi bien que moi. » - « Je les connais les résultats Cassie. Je suis pas si con que j’en ai l’air. » Je sais que je suis rentable. Que je suis toujours le meilleur vendeur d’artiste du pays de la décennie et que je continue à rapporter de l’argent, que ce soit en ventes d’albums – mes albums précédents – ou en produits dérivés. Peut-être ai-je tendance à trop dédramatiser la situation, mais je suis convaincu que je suis loin d’être sur la sellette. « A l’instant où ils trouvent quelqu’un qui se pliera en quatre pour eux et qui rapportera autant que toi en produisant plus, tu peux être sûr qu’il y aura des vestes qui vont se retourner. » Je grogne et, plutôt que de répondre à Cassandra, je focalise toute mon attention sur mon assiette et sur la canette de boisson énergétique que le serveur a déposés devant moi. Elle est trop alarmiste, Cassie. Elle l’est parce que sa carrière dépend en partie de la mienne et je ne suis pas assez idiot pour la croire entièrement désintéressée ; seulement, jusque-là, nos intérêts ont toujours été alignés.

« Elle en a pas besoin, selon tes propres dires. »
« Elle en a pas besoin. »

Mais cela ne m’empêche pas de le faire. Je sais à quoi joue la blonde, tout comme je sais qu’elle essaye de me pousser à admettre que je me contredis. J’en suis parfaitement conscient : je cherche à détourner la conversation de notre relation à Jo et moi, parce qu’elle ne regarde que nous, mais je n’ai jamais été un orateur né et doué pour ce genre d’exercice. « Mais bon, c’que vous faites dans sa piaule quand soit-disant vous bossez là, ça vous regarde. Et ce qu’elle fait avec Tomlinson, c’est peut-être à elle qu’il faut le demander. Moi j'en sais pas plus que toi. » - « Tu divagues Cass’. T’es rattrapée par tes fantasmes de groupies. » Si je coupe court à ce sujet-là, c’est bien parce que j’ai failli m’étouffer avec mon aubergine grillée, quand elle a parlé de piaule et de ce qu’on peut y faire, la chanteuse et moi.

RP terminé