| | | (#)Jeu 26 Jan 2023 - 19:05 | |
| In time or so I'm told I'm just another soul for sale, oh well the page is out of print, we are not permanent we're temporary, same old story. What if I say I'm not like the others ? You're the pretender, what if I say that I'll never surrender ? ☆☆Du coin de l'œil, Tommy observait le vieillard assis dans un coin du bar sans savoir sur quel pied danser. Dans un coin du coffee shop, même, car à cette heure-ci les amateurs de café étaient supposés être bien plus nombreux que les amateurs de spiritueux … Encore que, cet après-midi là, on ne se bousculait pas à la porte du Death Before Decaf. Il n'y avait même comme qui dirait pas un chat, à l'exception donc de ce vieil homme installé avec son journal et un "double espresso sans sucre, avec une touche de crème mais pas de mousse" à ce qui, pour reprendre ses mots, était "sa table attitrée à cette heure-ci de la journée". Pour sûr, papy devait être un peu déçu que les courbes généreuses de Scarlett aient ce jour-là été remplacées par l'allure mal fagotée d'un Tommy dont un bout de chemise semblait toujours vouloir dépasser de son pantalon, et dont la barbe avait atteint le stade où un coup de ciseaux n'aurait pas été de trop – il s'en occuperait demain, promis. « Je suis nouveau. » s'était-il en tout cas contenté de répondre lorsque le vieux bonhomme l'avait jaugé d'un air suspicieux en signalant de l'avoir jamais vu avant aujourd'hui. Visiblement peu convaincu, il s'était néanmoins contenté de marmonner quelque chose que le Warren ne s'était pas embêté à lui demander de répéter, et puisqu'il avait tout de même commandé son café et ouvert son journal, cela avait paru être une explication suffisante. Suffisante mais non moins mensongère, car s'ils avaient le patronyme en commun c'était bien Scarlett qui aurait dû se trouver derrière le comptoir du DBD – comme l'appelaient les habitués – cet après-midi là, et non pas son frangin. Ça, c'était si la grippe ne s'en était pas mêlée, et si depuis le fond de son lit la petite sœur n'avait pas appelé le grand frère à l'aide, avec probablement tout ce que cela lui coûtait de fierté mal placée – elle était une Warren, après tout. Quand et comment les choses avaient dérapé au point que Tommy se retrouve à faire le PNJ derrière le comptoir au prétexte que « T’as fait ce boulot plus longtemps que moi, les gens n’y verront que du feu. » et autres « Lily est occupée à pouponner, aucune chance qu’elle passe. » ? Lui-même n’aurait pas su l’expliquer, mais fidèle à son incapacité à dire non même lorsque l’idée lui semblait mauvaise, le voilà désormais qui naviguait derrière le bar partagé entre l’envie de toucher à tout pour se (re)familiariser avec le métier abandonné trois ans plus tôt au McTavish, et celle de ne pas se faire remarquer pour ne pas attirer sur lui encore plus de suspicion de la part du vieil habitué. « C’est toujours aussi calme à cette heure-ci ? » avait-il néanmoins fini par demander, prenant le ton de la conversation après avoir astiqué pour la troisième fois le bec en inox de l’expresso broyeur installé derrière lui telle la pièce maîtresse du coffee shop. Pour seule réponse, il n’avait pourtant obtenu qu’un mouvement marmonnement inaudible, et utilisant tout ce qu’il lui restait de volonté pour ne pas soupirer ostensiblement Tommy s’était résolu à vivre dans le silence gênant de la situation. Un peu de musique aurait sans doute aidé, mais il n’avait pas trouvé comment y parvenir, et probablement retombée dans un sommeil fiévreux, sa sœur n’avait pas répondu au SMS envoyé pour lui poser la question. Quelques autres clients avaient fini par pousser la porte, une femme seule s’était posée dans un coin avec son ordinateur portable et avait commandé des scones – “pas de pâtisseries aujourd’hui désolé, on est en effectifs réduits” – et un thé, deux adolescents tout juste sortis de cours s’étaient installés au soleil près de la baie vitrée avec des sodas, et alors qu’il gribouillait à la va-vite un “service réduit – boissons uniquement” sur une feuille pour la scotcher sur la porte, un groupe de quatre personnes avait investi les lieux en commandant des bières et un verre de vin, marquant le début (un peu en avance) de l’heure de l’apéro. « Meryl arrive à dix-huit heures, je lui enverrai un message. » était désormais la seule chose à laquelle il pensait, presque désolé pour la Meryl en question mais bien décidé à rendre son tablier à la seconde où celle-ci débarquerait – chacun sa croix, et lui avait déjà un vrai boulot sur lequel enchaîner le lendemain, bien avant le lever du soleil. Astiquant des tasses tout juste lavées en parcourant du regard la fresque de cadres suspendus au mur, son regard s’était arrêté sur une photo affichant Matt, Scarlett et Deklan tous sourires, sa soeur assise sur le même comptoir où le vieil homme au journal était venu déposer sa tasse vide en partant. Une photo à la saveur probablement douce amère pour la jeune femme, que Tommy imaginait passer devant chaque jour avec un mélange de sourire et de tristesse. Et s’il avait connu Matt et croisé quelques fois Deklan lorsqu’il passait dans le coin pour le plaisir de voir sa soeur, le Warren n’avait pas la moindre idée de ce à quoi ressemblait la désormais propriétaire des lieux, veuve du précédent et dont les qualificatifs qu’y associaient Scarlett dépendaient grandement de la période et de son humeur du moment. Raison pour laquelle, lorsqu’une grande brune avait passé la porte du DBD avec l’air de savoir où elle mettait les pieds pour se diriger directement vers le comptoir, il ne s’était pas méfié un seul instant en demandant « Bonsoir, qu’est-ce que je vous sers ? » sur le ton de celui qui semblait avoir fait cela toute sa vie – ou au moins, durant ses huit années de McTavish.
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| | | | (#)Jeu 2 Fév 2023 - 16:48 | |
| « Bonsoir, qu’est-ce que je vous sers ? » ne sont pas des mots qu’elle s’attendait à entendre. Pas de cette façon, pas avec cette voix-là. Pas venant de cette personne non plus: un parfait inconnu. Lily connaît tous les employés du bar, elle sait tout d’eux. Qu’elle les tienne dans son cœur ou les rêve six pieds sous terre, cela n’y change rien: ce bar est une famille et, dans les familles, tout le monde sait tout de chacun. Or, l’homme face à elle est de toute évidence un ajout de dernière minute, ce qui a tout pour l’étonner et l’intriguer, à défaut de la mettre en colère (ce sera peut-être pour plus tard). Elle ne s’est absentée que quelques jours, à peine le temps de mettre au monde un nouvel enfant en ce monde, et voilà que les souris semblent avoir eu le temps de danser à foison. “Pas une pâtisserie, de toute évidence.” Elle commente, un sourcil levé, ses yeux posés sur la petite pancarte sous ses yeux. “Vous êtes nouveau ?” Il avait sa propre question mais elle en a bien d’autres de son côté, qu’elle juge plus intéressantes encore, assez pour qu’elle s’installe sur un des hauts tabourets face au bar. “Ce n’est pas Scarlett normalement à cette heure-ci ?” Si, bien sûr que si. Elle a les emplois du temps de chacun dans un coin de son ordinateur et surtout de son esprit: elle sait parfaitement ce dont elle parle.
“Un cappuccino, ça ira très bien.” Finit-elle par annonce, plus soupçonneuse que jamais quant à ses capacités à préparer quoi que ce soit de plus élaboré. Elle n’ose même pas imaginer quel grain de café il conseille aux clients alors que Matt a sué sang et eau pour en avoir du monde entier. Ses coudes posées sur la table, ce sont ses mains nouées qui servent à retenir le menton qu’elle pose par-dessus, son regard posé sur le nouveau barman sans qu’elle ne cherche à s’en cacher. Elle est dans son droit et qui plus est chez elle. A ses yeux, le seul intrus qui existe est face à elle. “Je te reconnais.” Qu’elle annonce enfin, comme si elle venait de déverrouiller une nouvelle pièce. C’est évident, après tout. “Tu as participé à Race of Australia, pas vrai ? Mais tu n’es pas resté très longtemps.” A vrai dire, elle ne se souvient pas de sa survie dans l’émission ; elle cherche seulement à connaître son caractère pour savoir s’il sera de ces hommes qui veulent défendre leur ego à tout prix. “Et tu es Tommy.” Warren, voilà surtout ce qu’elle sait de lui: son lien de parenté avec Scarlett. Elle n’a pas retenu le nom de tous les participants, c’était loin de l’intéresser, mais elle a au moins retenu ceux de ses connaissances et amis d’amis qui sont passés sous les caméras de May Andrews, comme elle à l’époque. “Scar avait mieux à faire, donc ?” Plutôt que de daigner se montrer au travail, de toute évidence. |
| | | | (#)Ven 10 Fév 2023 - 20:06 | |
| In time or so I'm told I'm just another soul for sale, oh well the page is out of print, we are not permanent we're temporary, same old story. What if I say I'm not like the others ? You're the pretender, what if I say that I'll never surrender ? ☆☆Bien que Tommy lui-même n’aurait pas su dire quoi, il se passait définitivement quelque chose dès lors qu’il passait derrière le comptoir d’un bar. Comme si toute l’assurance dont il n’était pas capable le reste du temps lui devenait subitement innée, pour peu qu’il y ait une tireuse à bière et une machine à espresso pour le séparer du reste de l’assemblée. Lui d’ordinaire incapable d’engager la conversation ou de faire le premier pas par peur de déranger, de ne pas être intéressant, pouvait entretenir sans mal le besoin de certains piliers de bar de raconter leur vie en long et en large, en maintenant l’illusion qu’il était intéressé par chacun de leurs mots. Il s’en était lassé à l’époque, jouer les psy de comptoir était ce qui avait fini par le persuader de chercher ailleurs en espérant que l’herbe serait plus verte … Et elle ne l’était pas. Trois ans de galère sur les docks de Redcliffe, à se lever avant le soleil pour se briser le dos, pour une paye qui ne valait probablement pas tout le sacrifice physique qui se cachait derrière ? Ce n’était pas l’idée qu’il s’était faite du “plus de liberté” vendu par le client du bar par lequel il avait mis un pied dans le milieu. Cela lui allait bien certains jours, lorsqu’il s’était levé du mauvais pied et appréciait de pouvoir décharger ses cargaisons dans son coin, écouteur sur les oreilles et sans rien demander à personne, mais le reste du temps il se contentait de grimacer chaque fois que son dos le faisait souffrir et qu’il déchargeait sous la pluie, en regrettant l’époque où il travaillait au chaud et ne portait rien de plus lourd que des caisses de bières. Alors sans dire qu’il n’aurait pas rêvé meilleure manière d’occuper son après-midi, alors même qu’il avait déjà une matinée de boulot dans les pattes, remplacer sa soeur et servir des cappuccinos ressemblait à un moindre mal en comparaison des crises de tyrannie de son contremaître. « Pas une pâtisserie, de toute évidence. » venait en tout cas de commenter la dernière cliente arrivée, au moment de choisir sa commande face à un Tommy qui ne s’était pas embêté à surenchérir. Il n’y avait pas de pâtisseries, qu’elle sache pour quelle raison n’en ferait pas subitement apparaître dans la vitrine. « Vous êtes nouveau ? Ce n’est pas Scarlett normalement à cette heure-ci ? » Hochant la tête en comprenant qu’il avait affaire à une habituée (disons cela), il s’était armé d’un sourire affable pour répondre « Et vous êtes perspicace. » mais n’avait pas développé plus que cela. Le planning de Scarlett ne regardait qu’elle, et c’était mal le connaître de croire qu’il confirmerait ou infirmerait à quelle heure elle était supposée se trouver là à une inconnue, peu importe qu’elle estime la connaître suffisamment pour l’appeler par son prénom. « Un cappuccino, ça ira très bien. » avait d’ailleurs fini par indiquer l’inconnue, peut-être en comprenant qu’elle n’obtiendrait rien de plus de sa part. « Un cappuccino, c’est parti. » Ignorant les mille et unes (presque) boîtes de café dont il n’avait ni le temps ni l’envie de décortiquer l’étiquette, il s’en était tenu à l’arabica colombien avec lequel il allait depuis le début de l’après-midi et dont personne ne s’était encore plaint – pas même le vieil homme au chapeau. Il en tenait pour preuve qu’il ferait probablement l’affaire jusqu’à la fin de la journée. Sentant sur lui le regard de la jeune femme tandis qu’il s’affairait autour de la broyeuse, Tommy tâchait de faire mine de rien malgré une pointe de malaise, et avait finalement relevé la tête vers elle lorsqu’elle avait pointé « Je te reconnais. » avec l’air d’avoir résolu une équation à plusieurs inconnues. Interdit, Tommy avait attendu la suite de la phrase avec une pointe d’appréhension : il y avait des tas de raisons de le reconnaître, et toutes n’étaient pas vraiment à son avantage. « Tu as participé à Race of Australia, pas vrai ? Mais tu n’es pas resté très longtemps. » Oh, juste assez longtemps pour que les torchons people se fassent un plaisir de vendre du papier sur le dos de son histoire de père célibataire au passé de prisonnier, avant de passer à autre chose la semaine suivante sans se soucier des dégâts. « Touché. » s’était-il en tout cas contenter de confirmer en sécurisant le porte-filtre, avant d’attraper une brique de lait sous le comptoir pour en verser une dose dans le pichet en inox. « Je suis meilleur pour préparer le café que pour faire du stop, faut croire. » Meilleur pour tout ce qui ne nécessitait pas d’avoir le moindre esprit de compétition, en réalité. « Et tu es Tommy. » Et cette fois-ci, elle avait suffisamment retenu son attention pour qu’il s'interrompe juste avant de commencer à faire mousser son lait. « Scar avait mieux à faire, donc ? » Mieux n’était peut-être pas le terme qu’il aurait employé, mais plutôt que de répondre au premier degré le brun s’était permis de questionner en plaisantant « J’espère au moins que quand elle mentionne mon prénom c’est pour vanter mes qualités. » mais avec la nette impression que son interlocutrice, elle, n’avait pas envie de rire. « J’ai dû la remettre au lit avec quarante de fièvre et le nez plus bouché que le Victoria Bridge un vendredi soir. J’suis certain qu’elle préfèrerait être là. » avait-il alors consenti à expliquer, avec juste assez de détails pour expliquer l’absence de sa soeur mais sans disperser au quatre vent que le DBD était probablement un foyer grippal depuis déjà quelques jours – ce n’était assurément pas bon pour la clientèle. La boisson prête, il avait déposé la tasse dans une coupelle et y avait ajouté une dosette de sucre sur le côté avant de la tendre vers la brune « Un cappuccino. Et ça fait … quatre dollars cinquante. » Et s’il le savait, c’était parce qu’il avait le nez sur l’affichage au-dessus du comptoir pour vérifier le prix. Il faisait ce qu’il pouvait, il ne fallait pas non plus s’attendre à ce qu’il ait mémorisé la carte en l’espace de trois heures. « J’peux faire passer un message à Scarlett, si tu étais passé spécifiquement pour la voir. » avait-il même fini par proposer avec bonne volonté, se permettant de tutoyer celle qui avait d’ores et déjà décidé de le faire avec lui. « Mais il va me falloir un nom. » Sans compter que la jeune femme connaissait également déjà le sien, suffisant à ce que Tommy estime légitime de savoir en retour à qui il avait affaire.
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| | | | (#)Dim 12 Fév 2023 - 11:40 | |
| La scène est curieuse et elle a tout pour intriguer Lily, qui ne décidera qu’ensuite du besoin ou non d’en être aussi énervée. Pour l’heure encore, elle analyse la présence de l’homme face à lui, dont elle ne peut que se dire à quel point la télévision est bel et bien différente de la vraie vie. En bien, parfois, en mal, d’autres. Ce n’est pas comme s’il existait la moindre règle à ce sujet, et Lily se garde de juger outre mesure sa participation à ce programme télévisuel, non seulement parce qu’Ezra s’y est aussi essayé, mais parce qu’elle a mis les pieds dans un autre. Et si Tommy a parfois pu se retrouver dans des situations plus qu’hasardeuses, de son côté c’est un mariage tout entier et une vie allant avec qu’elle a mis en jeu. Elle sait très bien qu’elle ne gagnerait pas cette guerre si jamais elle décidait de la mener, raison pour laquelle elle se contente encore de lui offrir une politesse de circonstance et des sourires allant avec, pour mieux décliner sa commande relativement simple. Après tout, elle sait très bien qu’il n’est pas à sa place, ce qui signifie qu’elle n’a pas besoin de preuves pour avancer ce qu’elle lui dira tôt ou tard. « Je suis meilleur pour préparer le café que pour faire du stop, faut croire. » C’est une affirmation qu’elle attend encore de voir se confirmer, pour être honnête, mais elle se contente d’un nouveau sourire. Au fond, elle apprécie sa répartie. Sans doute un peu brute selon les standards de Lily, parfois, mais elle l’apprécie - sans doute déjà bien plus que Scarlett, d’ailleurs, quand bien même le niveau n’est pas très haut en ce qui la concerne. “C’est sûrement bien plus utile dans la vie de tous les jours.” Surtout si elle vient de le nommer remplaçant, par exemple. « J’espère au moins que quand elle mentionne mon prénom c’est pour vanter mes qualités. » Elle ne le mentionne pas ; mais ce n’est pas le genre de choses qu’on doit dire à autrui, raison pour laquelle Lily attend patiemment qu’il aille au bout de ses idées et continue sa phrase. « J’ai dû la remettre au lit avec quarante de fièvre et le nez plus bouché que le Victoria Bridge un vendredi soir. J’suis certain qu’elle préfèrerait être là. » - “J’espère que ce n’est rien de grave.” Lily n’espère pas grand chose, elle ment en disant qu’elle en a quelque chose à faire, mais les circonstances font qu’elle n’a pas le droit de dire autre chose que ces quelques mots. Scarlett a quitté le bar pendant des mois, rien ne l’empêcherait de recommencer, sous un prétexte ou un autre. Matt plaçait peut-être toute sa confiance en elle et en Deklan, mais ce n’est pas le cas de Lily. “Tu dis ça parce qu’elle te l’a dit ou parce que t’es un grand frère typique ?” Non pas qu’elle prépare déjà le procès de la seconde Warren mais oui, bien sûr que c’est ce qu’elle est en train de faire.
Sa boisson préparée avec le moins excitant des grains de café du bar est au moins parfaitement réalisée sous ses yeux, ce qui aide grandement à ne pas laisser sa colère grandir. Il n’est pas à sa place, mais il fait au moins son travail, et c’est ce qui importe le plus aux yeux de Lily, qui tient à ce bar comme à la prunelle de ses yeux. « Un cappuccino. Et ça fait … quatre dollars cinquante. » Il continue de faire son travail, après tout, mais suite à cette demande, Lily ne cherche même pas à cacher le sourire infiniment amusé qu’elle improvise. « J’peux faire passer un message à Scarlett, si tu étais passé spécifiquement pour la voir. » Un bon garçon. Un bon garçon qui a donc eu le malheur de se retrouver avec une petite sœur aussi infernale que Scarlett, ce qui renforce l’idée que les fratries sont bien souvent mal définies. « Mais il va me falloir un nom. » La jeune mère prend le temps de boire une gorgée du café encore brûlant avant d’enfin se présenter à son tour, comme la politesse l’exige. Sa main tendue, déjà prête à improviser une poignée de main, elle statue enfin qui elle est. “Lily. McGrath, si tu veux la voir grincer des dents. Keegan, si tu as encore pitié de sa fièvre.” Seule la seconde option correspond à ses papiers d’identité aujourd’hui mais elle a la nostalgie facile en ce qui concerne Matt ; surtout alors qu’elle sait que ça continue de faire grincer des dents à Scarlett. Qui plus est, elle ne prend le temps de définir son ancien lien avec Matt uniquement par sadisme, déjà assurée qu’il connaît son prénom à défaut de connaître son visage. Après tout, personne n’aurait pu anticiper que la nouvelle mère aurait pour envie soudaine de passer au DBD pour observer le monde tourner sans elle en son cœur.
Elle récupère sa main uniquement pour lui donner un billet de dix dollars à la place, les têtes d’Andrew Barton et Mary Gilmore s’imposant ainsi entre eux. “Garde la monnaie.” Ce n’est pas comme s’il allait réellement recevoir une paie à la fin du mois. “Alors, comment elle est arrivée à te convaincre de venir travailler à sa place ?” Il est un bon gars, c’est plutôt évident, et c’est aussi la façon par laquelle elle y est parvenue: en demandant, tout simplement. “Je sers de garde manger à une fille de dix jours qui ne sait pas dormir plus de deux heures d’affilé, je te promets que j’ai pas l’énergie pour jouer au bad cop.” Ni avec lui, ni avec Scarlett, quand bien même ce n’est certainement pas l’envie qui lui manque. Elle veut simplement connaître l’histoire et savoir quoi en faire. “Ça t’était déjà arrivé de travailler ici ? Ou dans un autre bar ?” Le mode Matt est activé. Peu importe ce que ça signifie réellement. |
| | | | (#)Dim 26 Fév 2023 - 7:55 | |
| In time or so I'm told I'm just another soul for sale, oh well the page is out of print, we are not permanent we're temporary, same old story. What if I say I'm not like the others ? You're the pretender, what if I say that I'll never surrender ? ☆☆De tous les clients que Tommy avait vu défiler au comptoir depuis le début de l'après-midi, celle qui lui faisait désormais face était la seule à avoir échangé avec lui plus de quelques mots. Et plus encore, elle semblait décidée à engager la conversion, et obligeait dès lors le brun à naviguer à vue, cherchant l'équilibre entre rester courtois et commerçant, et ne pas trop en dire afin de ne garantir aucun ennui à sa sœur lorsqu'elle reprendrait son poste. Race of Australia aurait sans doute pu faire office de bonne diversion si Tommy n'en avait pas subi les retombées négatives ensuite, mais sa courte expérience télévisuelle n'était aujourd'hui plus quelque chose dont il aspirait à se vanter (cela ne l'avait en réalité jamais été). Malgré ses efforts, la conversation était donc inévitablement revenue à Scarlett, dont il avait finalement consenti à divulguer l'état peu engageant pour éviter qu'elle ne passe à tort pour une profiteuse. « J’espère que ce n’est rien de grave. » avait alors aussitôt rebondi son interlocutrice, d'un ton probablement trop policé pour être entièrement sincère, mais que Tommy avait quoi qu'il en soit à peine relevé. « Tu dis ça parce qu’elle te l’a dit ou parce que t’es un grand frère typique ? » Cela ressemblait à une question piège, mais haussant les épaules l'autre Warren s'était contenté de répondre avec honnêteté « Ni l'un ni l'autre, mais à sa place je préférerais être là. » Ce qui tombait ma foi plutôt bien, puisqu'il était à sa place … Et il était là. Déposant le cappuccino fin prêt sur le comptoir comme s'il avait fait ça (presque) toute sa vie, il avait annoncé le prix avec un peu moins d'assurance, mais contrebalancée par la certitude que ce qui fonctionnait depuis le début de "son" service ne pouvait que continuer de fonctionner une fois supplémentaire. Les choses auraient pu en rester là, mais en proposant de transmettre un quelconque message à sa sœur Tommy avait sans le savoir refermé le piège sur ses doigts en même temps qu’il se saisissait de la main tendue face à lui « Lily. McGrath, si tu veux la voir grincer des dents. Keegan, si tu as encore pitié de sa fièvre. » Oh. « Oh. » Oh. Tant de certitudes dans la voix de Scarlett quant au fait que jamais la propriétaire du bar ne s’y pointerait ce jour-là, pour finalement manquer de flair le seul jour où il aurait mieux valu que ses intuitions soient bonnes. « Pardon, heu, enchanté. » Trop pris au dépourvu pour trouver meilleure répartie que celle-ci, il venait de perdre tout le bagou dont il faisait preuve jusqu’à présent et affichait désormais une moue gênée, déjà prêt à plaider sa bonne foi à défaut de pouvoir jouer l’innocent tandis que la jeune femme récupérait sa main pour mieux lui tendre un billet de dix dollars « Garde la monnaie. » Il s’agissait forcément d’un piège, ou au moins d’un test, et faisant fébrilement aller la caisse enregistreuse il avait rangé le billet au-dessus des autres et récupéré la différence pour mieux abandonner les pièces de monnaie dans la jarre à pourboires de manière ostensible. Il n’avait pas besoin d’une nouvelle accusation qui ferait de lui un voleur. À son grand étonnement, la réaction suivante de Lily- McGrath-ou-Keegan-c’est-selon n’avait pourtant pas été de le chasser hors du bar ou simplement de derrière le comptoir, mais bien de prendre une gorgée de son cappuccino, avant de questionner « Alors, comment elle est arrivée à te convaincre de venir travailler à sa place ? » d’un ton si calme que Tommy avait été plus dérouté que si elle s’était fâchée. « Je sers de garde manger à une fille de dix jours qui ne sait pas dormir plus de deux heures d'affilée, je te promets que j’ai pas l’énergie pour jouer au bad cop. » avait-elle d’ailleurs ajouté presque aussitôt, comme si elle avait deviné ce qui lui était passé par la tête. « Dix jours et elle me sauve déjà les miches, elle bat des records. » Ricanant avec un brin de nervosité, et se gardant bien de révéler à la jeune mère que niveau sommeil elle n’était pas au bout de ses peines, il avait frotté ses mains l’une contre l’autre comme pour se donner une contenance et fini par reprendre « Ça partait d’une bonne intention, Scarlett ne voulait pas te déranger. » Peut-être ? Sans doute. « Visiblement toute l’équipe est malade, sauf celle qui est supposée bosser ce soir … Merry ? Meryl ? Erin ? » Quelque chose dans ce genre-là, Lily saurait probablement mieux que lui de qui il était question. « Et je lui dois probablement autant de services qu’elle m’en doit, on ne tient plus les comptes depuis longtemps. » avait-il enfin répondu à la question initiale. Reste que Scarlett aurait plutôt intérêt à payer la prochaine tournée de pizzas pour l’avoir envoyé dans un traquenard, aussi involontaire était-il. « Ça t’était déjà arrivé de travailler ici ? Ou dans un autre bar ? » Secouant la tête sans doute un peu trop vigoureusement, désireux de ne pas attirer plus d’ennuis à sa sœur qu’elle n’en aurait peut-être, il avait assuré « Jamais ici, non. C’était vraiment juste aujourd’hui pour dépanner. » et marqué une brève pause avant d’ajouter « Mais j’ai bossé plusieurs années au McTavish. C’est à Bayside, Matt faisait affaire avec eux à une époque, il venait juste d’inaugurer ici » Peut-être même était-ce toujours le cas, mais Tommy ayant quitté les rangs du pub peu de temps après il n’en avait pas la moindre idée. « Ma sœur va avoir des ennuis ? » avait-il finalement questionné après une courte pause, plus inquiet pour elle qu’il ne l’était pour lui-même, en “grand frère typique” qu’il était.
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| | | | (#)Lun 27 Fév 2023 - 10:12 | |
| Il la défend bec et ongle, Scarlett. Il n’en donne pas l’air, mais il est assez farouche dès qu’il s’agit de la protéger, et c’est une attitude que Lily déteste autant qu’elle admire. Sans doute qu’elle aurait aimé que Joseph en soit capable de même avec elle, plutôt qu’il ne se réfugie dans la poudre d’une sorte ou d’une autre au moindre tracas dans sa vie. Tommy est poli, il l’a au moins été lorsqu’il pensait avoir à faire à une clientèle tout à fait normale, et il continue encore de l’être en cet instant, malgré les questions sans doute un peu trop insistantes de la brune. Il n’en démord pas, mais il continue tout de même de sourire et de faire son travail. Il aurait été un bien meilleur employé que Scarlett, sans doute, mais toutes les décisions remontent à une époque à laquelle Lily n’appartient pas. Après s’être jouée de lui pendant quelques secondes, elle finit néanmoins par décliner son identité, certaine que le jeu devrait continuer avec leurs vrais visages. « Oh. » Et effectivement, c’est le genre de réaction qu’elle attendait de sa part, puisqu’il ignorait de toute évidence l’identité de la brune. Sur ce sujet, au moins, il n’y a rien dont elle lui tienne rigueur. Son prénom n’est pas tatoué sur son front, après tout, et il ne risque pas de l’être. « Pardon, heu, enchanté. » Lily lui rend ses mots d’un simple signe de tête, qui ne se veut pas moins poli. Elle cherche bien moins à déstabiliser Tommy qu’à obtenir des réponses, en réalité, alors il n’a pas à s’en faire. Qui plus est, il fait le travail demandé, alors elle ne cherche pas à lui en tenir rigueur. C’est avec Scarlett qu’elle aura une discussion.
Tout en rejetant sur Alice la cause de toute sa fatigue (ce qui n’est que la pure vérité), Lily lui assure ne pas être en train de réfléchir au moindre plan pour le mettre dehors ou appeler la police. Après tout, le DBD a besoin de lui pour la journée puisque, de toute évidence, personne d’autre n’y travaille. Et c’est aussi le genre de mauvaise publicité dont le bar se passerait bien. « Dix jours et elle me sauve déjà les miches, elle bat des records. » Il en rigole, elle se contente d’en sourire. De toute évidence, la nouveau née est une bonne chose dans la vie de tout le monde et même du premier venu, à la seule exception de sa mère. « Ça partait d’une bonne intention, Scarlett ne voulait pas te déranger. Visiblement toute l’équipe est malade, sauf celle qui est supposée bosser ce soir … Merry ? Meryl ? Erin ? » Elle le laisse se débattre avec les prénoms sans la moindre intention de l’aider, se contentant plutôt d’hocher la tête. Elle ne croit qu’à moitié à l’hypothèse d’une Scarlett gênée et pense plutôt que cette dernière préférait encore oser employer son frère à sa place plutôt que d’accepter la simple idée de dire qu’elle est malade. “Vous êtes proches, tous les deux ?” A quel point est-ce qu’il lui en doit une pour accepter ce genre de plan voué à l’échec ? Elle se sert de lui comme de chair à canon et il semble accepter la sentence en souriant, comme s’il n’y avait rien de plus normal que de venir en aide à sa famille. « Et je lui dois probablement autant de services qu’elle m’en doit, on ne tient plus les comptes depuis longtemps. » Alors oui, ils sont sûrement proches. Bien plus qu’elle ne l’est de Joseph, comme si c’était vraiment quelque chose de difficile à surpasser.
Tout dans l’attitude de Lily porte à croire qu’elle est en train d’improviser un entretien d’embauche sur le comptoir du bar, et ce n’est sûrement pas qu’une simple impression. « Jamais ici, non. C’était vraiment juste aujourd’hui pour dépanner. » Jamais ici, mais ailleurs donc. Il a de l’expérience et, à en juger par ce qu’il lui a servi, il est assez doué de ses dix doigts pour faire ce qu’on attend de lui. Poli, souriant, capable de tenir une discussion aux clients sans pour autant leur faire regretter d’être venu. « Mais j’ai bossé plusieurs années au McTavish. C’est à Bayside, Matt faisait affaire avec eux à une époque, il venait juste d’inaugurer ici » Et face à cette précision, elle remonte aussitôt le clair de ses yeux dans le sien, abandonnant tout aussi rapidement son café. Il connaît Matt, donc, et cette simple précision suffit à laisser s’abaisser une barrière en elle, le souvenir de son ex-mari étant encore omniprésent dans son cœur. “Vous le connaissiez tous, alors.” Tous les Warren semblent avoir un temps partagé la vie de Matt, et c’est une idée qui la fait sourire. Elle ne porte pas de jugement et se montre simplement nostalgique d’un temps qu’elle n’a pas connu. « Ma sœur va avoir des ennuis ? » La brune souffle à nouveau tout en marquant la négation. “Elle s’est débrouillée pour que le bar reste ouvert. Elle fait au mieux.” Elle aurait pu faire mieux encore en prévenant Lily, pour qu’elle trouve une solution par elle-même, mais peu importe. Sans doute qu’au fond, au contraire, elle voudrait la remercier de ne pas l’avoir fait, sa vie à cent à l’heure lui empêchant d’accorder autant de temps au DBD qu’avant. “Tu as un métier, maintenant ?” Il ne travaille de toute évidence plus au McTavish et semble avoir pu se libérer une journée toute entière pour dépanner sa sœur, alors tout laisse à penser qu’il n’en a pas. Pour autant, la question ne lui coûte rien. “On a des avis divergents sur à peu près tous les sujets, avec Scarlett, mais on veut au moins toutes les deux faire au mieux pour le café. Alors si elle te fait confiance, j’en fais de même.” Ou tout du moins, elle essaie de le faire, la confiance n’étant pas facilement acquise ou même transmissible. “Je te l’ai dit, pas de bad cop pour aujourd’hui.” Comme si Lily n’avait jamais menti de sa vie. “Elle m’a dit qu’elle était tante, alors j’imagine que tu sais ce que c’est que d’avoir un enfant en bas âge.” Elle ne cherche pas à obtenir son empathie, encore moins sa pitié, mais bel et bien à lui faire comprendre qu’ils jouent désormais dans la même équipe, aussi fou que cela puisse paraître. |
| | | | (#)Mar 4 Avr 2023 - 7:35 | |
| In time or so I'm told I'm just another soul for sale, oh well the page is out of print, we are not permanent we're temporary, same old story. What if I say I'm not like the others ? You're the pretender, what if I say that I'll never surrender ? ☆☆Tommy mentirait en prétendant avoir déjà entendu sa sœur parler de Lily en termes sincèrement élogieux. Tout au plus était-elle (un peu) moins catégorique dans sa manière de se plaindre de la jeune femme depuis que Matt n’était plus de ce monde, partagée qu’elle était entre la reconnaissance envers la nouvelle veuve de lui avoir laissé le temps et l’espace nécessaire à revenir au DBD lorsqu’elle se sentirait suffisamment prête à le faire, et l’inimitié qui semblait être la leur depuis l’instant où le McGrath lui avait passé la bague au doigt, obligeant Scarlett à laisser de la place tant au propre qu’au figuré lorsque la mise en ménage de Matt avait sonné le glas de leur colocation. « Vous êtes proches, tous les deux ? » avait quant à elle finit par questionner la veuve, reconvertie nouvelle mère depuis si peu de temps que sa simple présence au bar déjouait les statistiques, et un sourire insolent passant un instant sur son visage il avait assuré « C’est la seule Warren que j’ai pas continuellement envie d’étriper. Et elle te dirait la même chose à mon sujet si tu lui demandais. » comme si cela répondait à la question (cela répondait totalement à la question). Ça, et le fait d’assurer sans avoir besoin de réfléchir qu’il rendait service à sa sœur les yeux fermés tout comme elle en faisait généralement de même si l’occasion lui était donnée. Passer par un autre Warren, quel que soit le sujet, était généralement le choix du dépit et se faisait en grimaçant. Rendre ce service-là restait néanmoins une première pour lui, et Tommy s’était senti obligé de bien appuyer sur la question, soucieux de ne pas attirer à sa cadette plus d’ennuis qu’elle n’en aurait (peut-être) déjà pour avoir géré la situation de la manière choisie, peu importe que les raisons lui aient semblé légitimes et l’avis que pouvait en avoir son frère sur la question. De toutes ses justifications, seule la mention de Matt semblait pourtant avoir retenue l’attention de Lily, mais sans que cela soit réellement une surprise. Docile, le Warren s’était donc contenté d’acquiescer à son « Vous le connaissiez tous, alors. » et d’ajouter finalement « J’étais au lycée avec lui. » pour donner un peu de contexte. Et Scarlett avec Jill, mais cette information-là la brune devait déjà l’avoir obtenue de Matt. Chacun défendant son bifteck, Tommy était pour sa part uniquement inquiet du sort que la propriétaire des lieux entendait réserver à sa sœur, prêt s’il le fallait à prétendre qu’il avait eu l’idée lui-même si cela permettait de la sortir un peu des ronces. « Elle s’est débrouillée pour que le bar reste ouvert. Elle fait au mieux. » lui avait néanmoins plutôt reconnu Lily, apparaissant chaque seconde un peu moins tyrannique que Scarlett n’aimait à le prétendre. « Tu as un métier, maintenant ? » Les mots lui échappant avant qu’il n’ait le temps de les peser, le brun s’était entendu répondre « Pourquoi, vous embauchez ? » sur le ton de la plaisanterie – vraiment ? Mais oui, heureusement ou pas il avait bel et bien un métier, pour lequel il cultivait depuis quelques semaines une insolence qui finirait assurément par lui jouer des tours. « J’suis docker. Ça paie les factures. » Autrement dit ce n’était pas le job de sa vie, mais cela avait au moins le mérite de mettre un toit au-dessus de sa tête et de celle de sa progéniture, et c’était à ses yeux tout ce qui comptait, depuis toujours. Revenant pour sa part à Scarlett, Lily avait finalement repris : « On a des avis divergents sur à peu près tous les sujets, avec Scarlett, mais on veut au moins toutes les deux faire au mieux pour le café. Alors si elle te fait confiance, j’en fais de même. » et la quittant un instant des yeux pour remercier d’un signe de tête les deux clients venus déposer leurs tasses vides sur le comptoir avant de quitter les lieux, Tommy s’en était machinalement saisi en répondant « Elle se sent à sa place ici. Ça a pas été le cas partout. » D’abord le frangin s’était imaginé que tout cela n’était dû qu’à la présence de Matt, mais il devait forcément y avoir plus que cela, sans quoi elle n’y serait probablement pas revenu après la disparition du McGrath. « Je te l’ai dit, pas de bad cop pour aujourd’hui. » avait en tout cas conclu son interlocutrice, lui laissant juste le temps de passer les tasses sales sous l’eau avant de les abandonner dans l’évier avec le reste de la vaisselle sale. S’il était bien luné, si Lily ne lui montrait pas la sortie, et si la supposée relève de Scarlett ne se pointait pas en retard, il envisageait possiblement de filer un coup de main pour la vaisselle – la limite entre gentil et trop gentil était toujours aussi ténue, chez Tommy. « Elle m’a dit qu’elle était tante, alors j’imagine que tu sais ce que c’est que d’avoir un enfant en bas âge. » Oh, ça. « Ça remonte un peu maintenant, mais je compatis à la sensation d’avoir enfanté un tube digestif qui ne dort jamais, si c’est ce dont on parle. » Offrant un sourire compatissant, il avait attrapé le torchon pour essuyer ses mains, et reporté aussitôt regard et attention sur la jeune mère. « Ça ne dure pas éternellement. Et je parie qu’on a déjà dû te le dire mille fois, mais les enfants y’a rien de pire pour faire filer le temps à toute vitesse … Tu clignes des yeux, et un jour ils préfèrent que tu ne vienne plus les chercher à la sortie de l’école parce que “c’est trop la honte”. » Et la vérité ? À ce moment-là Tommy le premier aurait donné n’importe quoi pour retrouver l’espace d’une journée la version de Moïra qui s’endormait au creux de ses bras en terminant son biberon.
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| | | | (#)Ven 7 Avr 2023 - 13:34 | |
| « C’est la seule Warren que j’ai pas continuellement envie d’étriper. Et elle te dirait la même chose à mon sujet si tu lui demandais. » Elle ne peut pas en dire de même pour Joseph, ce qui signifie sûrement qu’ils s’entendent plutôt bien, et sans doute même qu’ils arrivent à faire front contre le reste de la fratrie Warren. Lily n’est pas beaucoup informée au sujet de Scarlett, à commencer parce qu’elle n’a jamais fait l’effort de la connaître et de poser plus de questions, mais sans doute est-elle au moins soulagée de savoir qu’elle s’entend avec le frère qu’elle utilise pour la remplacer au dernier moment. Encore une fois, Lily n’aurait jamais cru en Joseph, même pour une tâche aussi simple que de saluer les clients et remplir des tasses. Il y a plus que ça, il y a le bagout, il y a l’organisation, il y a la capacité à dessiner de jolis fleurs sur le lait - mais pour faire la base de ce travail, il n’y a pas besoin d’être un expert en quoi que ce soit. Et Tommy s’en sort bien, de toute évidence. Bien plus que Lily n’aurait jamais eu l’audace de l’anticiper. “J’imagine que c’est un bon début.” Ils ont tous les deux passé l’âge d’en être aux débuts de quoi que ce soit, mais c’est sans doute mieux que rien, pas vrai ?
Lily n’est pourtant pas au bout de sa curiosité, et quand bien même elle connaît les limites d’une discussion avec un parfait inconnu autant que les nombreux sujets qu’elle serait mal avisée d’aborder, celui-ci n’en fait pas partie. « Pourquoi, vous embauchez ? » Il rétorque, lorsque Lily lui demande en premier lieu s’il a un emploi. “J’ai posé ma question la première.” Elle répond à l’image d’un enfant, sur le même ton de la fausse plaisanterie. Elle a besoin de sa réponse avant d’aller plus loin dans ses propres idées, mais il n’est effectivement pas assez naïf qu’elle s’intéresse à son quotidien par pure curiosité. Lily ne fait jamais rien par simple curiosité. « J’suis docker. Ça paie les factures. » La brune l’observe un instant patiemment, s’attendant sans doute à ce qu’il s’explique davantage. Il n’en fait rien, et elle se contente de mentalement noter le peu d’intérêt pour son métier. “Tu es doué pour le contact avec les clients.” Un bar aussi, ça paie les factures, surtout le DBD qui n’a plus rien à prouver depuis le temps qu’il est implanté dans le décor.
Une part des questions tourne autour des passions et de l’intérêt pour le travail. L’autre, sur la nécessité d’en avoir un, et sur le besoin d’avoir quelque chose à laisser à la prochaine génération, surtout si elle est de son propre sang. « Ça remonte un peu maintenant, mais je compatis à la sensation d’avoir enfanté un tube digestif qui ne dort jamais, si c’est ce dont on parle. » Elle esquisse un sourire, incapable de penser davantage de sa fille pour l’heure, laquelle est sûrement déjà amoureuse d’Ezra alors qu’elle n’y voit rien, elle et ses yeux pourtant perpétuellement grands ouverts - un tube digestif qui ne dort jamais, voilà ce qu’elle est. “C’est ce dont on parle.” Elle ne dira jamais la même chose de sa fille à haute voix, mais elle peut au moins suivre le mouvement initié par Tommy, puisque tous deux semblent comprendre le sentiment d’être parent. Pourtant, il a beau être plus experimenté qu’elle dans le processus, Lily ne l’écoute que d’une oreille distraite lorsqu’il parle de la vitesse à laquelle le temps passe et à laquelle ils grandissent vite. Elle l’écoute d’autant plus distraitement alors qu’elle a hâte de voir sa fille grandir, pour ne plus qu’elle soit dépendante d’elle. “Je me suis occupé du bar quand Matt est décédé, tu sais.” Elle change de sujet du tout au tout, même si le lien est pourtant fait dans son esprit. Pour une fois, elle ne cherche pas les remerciements, ni même l’admiration d’autrui. Lily se contente des faits. “Mais maintenant je dois m’occuper de ma fille.” Et de l’association, qui reste malgré tout son premier travail, celui dont elle n’a pas hérité mais qu’elle a gagné à force de travail et de patience. “C’est juste une idée comme ça, mais ça pourrait payer les factures, aussi. Et je te parle pas d’un job de barman, tu peux sans doute faire bien mieux.” Il en trouvera lui-même, des barmen. Des personnes sans diplômes, ce n’est pas ce qui manque, et elle le lui assure sans jamais le quitter des yeux, ne serait-ce pour qu’il comprenne qu’elle n’est pas le moins du monde en train de se moquer de lui. “Je te donne mon numéro, et le temps dont t’as besoin pour y réfléchir.” Mais s’il le veut, elle pourrait lui donner les clés de l’endroit, certaine qu’il en prendrait soin. Pour cette raison, elle contourne le bar pour attraper un calepin et le stylo toujours à ses côtés, notant comme promis son numéro de téléphone. Ce n’est pas le genre de question qui attend une réponse immédiate, Tommy peut patiemment peser le pour et le contre de l’idée.
Du bout des doigts, elle finit donc par lui tendre le bout de papier. "Envoie un sms. Ça lui arrive de dormir, des fois." Et elle lui en voudrait pour le reste de sa vie s'il la réveillait avec le bruit d'un appel entrant, par exemple.
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| | | | (#)Mer 3 Mai 2023 - 18:48 | |
| In time or so I'm told I'm just another soul for sale, oh well the page is out of print, we are not permanent we're temporary, same old story. What if I say I'm not like the others ? You're the pretender, what if I say that I'll never surrender ? ☆☆ « J’ai posé ma question la première. »« J’suis docker. Ça paie les factures. »Et cela ne faisait que ça, payer les factures. Tommy avait depuis longtemps abandonné l’idée d’un emploi qui soit autre chose que purement alimentaire, jalousant parfois l’implication que ses deux aînés mettaient dans leur vie professionnelle, mais s’estimant la majorité du temps chanceux que sa vie tourne plutôt autour de sa progéniture qu’autour d’un métier quel qu’il soit. Beth et Marius vivaient pour leur travail, Tommy lui travaillait pour vivre – ce n’était qu’une des innombrables preuves que les membres de la fratrie Warren ne vivaient pas tous sur la même planète. Reste qu’il n’avait pas directement su comment interpréter le « Tu es doué pour le contact avec les clients. » qui avait suivi, et avait réagi comme il le faisait généralement dès qu’un compliment quelconque lui était adressé : en rougissant si fort que seule sa couche de barbe permettait de camoufler (un peu) l’ampleur des dégâts, et en bafouillant un « Oh, heu, merci. » dont dégoulinait toute la maladresse dont il tâchait pourtant de se débarrasser dans son cadre professionnel. Le réflexe était un peu malheureux, mais chaque remarque positive faite à son égard, aussi insignifiante soit-elle, lui donnait l’impression de tromper autrui sur la marchandise ; Comme s’il s’attendait à compter de cet instant précis à ce que le moindre faux pas de sa part ne devienne une occasion pour ceux lui ayant apporté un peu de crédit de s’en mordre les doigts. Et s’il pouvait à tort donner l’impression d’être moins hasardeux dans son rôle de père, il n’en était pourtant rien : Tommy n’aurait jamais imaginé devoir affronter seul les affres d’une parentalité qui se vivait normalement à deux, et se contentait depuis sa sortie de prison de tâtonner à chaque étape de la vie de sa fille en priant pour ne pas trop mal s’en sortir, soucieux avant tout que Moïra ne développe pas en grandissant une rancœur pareille à celle que lui-même nourrissait envers ses propres parents. Entre deux banalités de parentalité, il avait finalement fallu que Lily revienne à la charge de façon plus explicite pour que le Warren ne comprenne (enfin) où elle voulait en venir, commençant par lui indiquer « Je me suis occupé du bar quand Matt est décédé, tu sais. » sans qu’il n’ait réellement besoin de ça pour la croire vraiment attachée à l’endroit : Matt était mort depuis suffisamment longtemps désormais pour que le bar n’ait probablement pas continué de tourner sans quelqu’un pour mener la barque. Le ton de sa phrase sentait le “mais” néanmoins, et en effet la jeune mère avait fini par ajouter « Mais maintenant je dois m’occuper de ma fille. » Alors quoi, elle comptait jeter l’éponge ? Revendre, fermer peut-être, même ? Pendant un quart de seconde Tommy s’était imaginé, horrifié, apprendre le licenciement prochain de sa sœur avant même que ne le soit la principale intéressée, si bien que lorsque la veuve de Matt avait ajouté « C’est juste une idée comme ça, mais ça pourrait payer les factures, aussi. Et je te parle pas d’un job de barman, tu peux sans doute faire bien mieux. » il était resté interdit quelques secondes, certain d’avoir compris de travers. « Qui, moi … ? Bah, je … » Qu’entendait-elle au juste par “bien mieux que barman” ? Il n’y avait pourtant que cela sur son CV, ça, décharger des cargos et manier la hache – tant de capacités qui n’avaient pas la moindre utilité derrière le comptoir d’un bar. Ou peut-être que si, mais comment savoir ? Tommy était un bon à rien, il l’avait suffisamment entendu dire dans sa jeunesse pour n’avoir plus cherché à contredire qui que ce soit à ce sujet depuis longtemps. « Je sais pas trop, je … Tu me prends un peu au dépourvu … » Suffisamment pour qu’il n’ait même pas encore d’avis sur la question. Il n’était ni rebuté ni enthousiaste, ni curieux ni indifférent, et aurait bien eu du mal à formuler une réponse satisfaisante à la proposition de la jeune femme, qui fort heureusement avait fini par ajouter « Je te donne mon numéro, et le temps dont t’as besoin pour y réfléchir. » Mais pas trop longtemps non plus, c’était probablement la suite logique de la phrase, que Lily n’avait cependant pas prononcé, se contentant de passer derrière le comptoir pour attraper le calepin et le stylo qui s’y trouvaient, et griffonner en deux-deux ses coordonnées. « Envoie un sms. Ça lui arrive de dormir, des fois. » La fin de la phrase aurait pu lui arracher un sourire compatissant, mais Tommy s’était contenté de hocher la tête « Oui. J’veux dire, je vais réfléchir, mais je t’enverrai un message. C’est juste que là … Bref, je vais y réfléchir. Merci. » Glissant le papier dans la poche arrière de son jean, il avait eu l’air d’hésiter à ajouter autre chose, et pincé ses lèvres avant de finalement demander « Juste est-ce … Ça t'embête si je ne parle pas de cette discussion à Scarlett, pour l’instant ? J’aimerais bien y penser de mon côté avant. » Et sans que l’avis de sa sœur ne vienne (forcément) parasiter sa réflexion si elle était mise dans la confidence. Il finirait par tâter le terrain auprès d’elle, c’était une certitude, mais préférait attendre de s’assurer qu’il ne penchait pas vers un “non” catégorique.
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