Quelque chose me taraude. Je ne sais pas quoi penser. Cela fait d’ailleurs plusieurs jours que ça me trotte dans la tête, sans que je puisse réellement savoir la vérité. Ou si bien même il y a une vérité à connaître. J’astique le verre que je tiens en main jusqu’à presque le briser. « Allô? J’ai soif ma poule! » Une espèce de grosse paluche s’agite devant mes yeux et je reprends mes esprits. La musique, pourtant assourdissante, a repris place dans mes oreilles. Je sors de ma bulle et feins un sourire. Je sers l’espèce de gros lourdaud et reviens à ma position de plonge habituelle. Nous sommes pas mal à travailler derrière le bar aujourd’hui. C’est une grosse soirée pour la boîte donc quand le rush passe, je m’attèle à la vaisselle. Et j’aime plutôt bien ça, ça me permet de m’en aller à diverses réflexions. Enfin, quand le temps me le permet. Je regarde mes collègues qui se débrouillent plutôt bien, même s’il y a quand même quelques habitués qui préfèrent que ce soit moi qui les serve. La soirée bat son plein et je ne peux m’empêcher de lever les yeux de temps à autre sur la foule qui se meut sur la piste de danse. Quelque chose me titille. Elle me titille. Une espèce de grande blonde, incendiaire, qui fait tâche parmi les clients de d’habitude. Cela fait quelque temps qu’elle se balade parmi la foule pour finir par disparaître, Dieu ne sait où. Et à en juger par sa prestance et son charme, elle ne doit pas être une prostituée, ou une escort. Elle doit plutôt tenir les rênes en la matière de relation, à en juger par son regard déterminé dès qu’elle franchit les portes de l’Electric Playground. Au début, je pensais qu’elle voulait oublier quelque chose dans l’alcool et l’extravagance de la boîte de nuit. Et puis, quand je l’ai vue presque chaque soir de la semaine écoulée, j’en ai déduit qu’elle venait plutôt pour quelqu’un. L’infime partie nommée jalousie qui se trouve dans un coin de mon cerveau me dit qu’elle vient pour Loghan. Ce dernier, je ne l’ai d’ailleurs presque pas vu cette semaine. Coïncidence? La partie nommée jalousie grossit de plus en plus au fil du temps, jusqu’à presque croire à la conspiration. Je me suis même mise à en faire des cauchemars. À voir cette blonde avec lui, sur lui, et l’apothéose, en lui. Je frissonne et attrape un autre verre pour le laver. Elle n’est pas là ce soir. Du moins, pas encore. Un client m’interpelle, un habitué encore. Il me tend un shooter de vodka et m’invite à le boire en sa compagnie. Je m’exécute après un rapide geste de la tête. C’est devenu une routine, un coup de fouet à la moitié de mon service. En reposant le minuscule verre, mon regard se perd sur une tâche rouge. J’ajuste ma vue pour mieux observer. Une robe rouge moulante, des cheveux blonds attachés en un chignon un peu brouillon. Elle se dirige vers moi, ou plutôt vers le bar. Je regarde plus loin derrière elle et je vois Loghan sortir de la boîte. Le temps s’arrête. Ce n’est plus une simple coïncidence. Il y a des signes qui ne trompent pas. Mes yeux ne peuvent pas s’être posés sur elle, puis sur lui, à quelques secondes d’intervalle sans que rien ne les unissent. Elle s’approche de plus en plus. Elle a un drôle d’air. Un air épanoui. Je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils. Ni une ni deux j’attrape une serviette pour me sécher les mains et fonce droit vers elle. Elle me gratifie d’un regard interrogateur, elle doit surement se demander ce que je lui veux. Elle n’a même pas le temps d’arriver à hauteur du bar pour commander un verre que je lui barre le passage. « Est-ce que… je peux vous parler deux petites minutes? » Son air interloqué semble vouloir dire qu’elle ne me connaît pas. Moi non plus à vrai dire, même si je pense que je ne vais pas l’apprécier…
Plus d'une semaine qu'elle passe souvent en la compagnie de Loghan. Et elle se sent bien. Elle oublie toutes ses emmerdes. L'absence de William, la situation qui se complique avec Kyrah et Elio, même la mort de sa tendre fille ou l'état s'aggravant de sa mère. En fait, sans lui, il est sûr qu'elle se serait lancée dans l'alcool, se transformant probablement en alcoolique finie. Mais ce n'est pas le cas, car plutôt que penser à une bouteille, c'est au propriétaire du Electric Playground à qui elle ne cesse de penser. Surtout depuis cette fameuse soirée... Le cocktail secret de sa création, leur danse, leurs baisers et la plage. Un scénario de princesse moderne à vrai dire. Ça la fait même sourire comme une stupide enfant parfois quand ses pensées s'évadent vers cette nuit-là. Cependant, elle perd rapidement son sourire quand elle réalise qu'elle a oublié sa robe dorée et son cellulaire à la boîte. Se maudissant, elle annonce à son assistant qu'elle doit aller rendre visite à Loghan, ayant oublié son cellulaire au vernissage dernier. Aussitôt, il se propose d'aller le chercher pour elle mais elle s'empresse de refuser. Un peu trop vivement même. D'une part car elle s'impatiente de retrouver Loghan, de lui parler, de voir son sourire, de fondre sous son regard intense. D'une autre, elle a oublié sa robe dans son bureau et ça, elle s'assure de ne pas lui avoir mentionné, ne parlant que de son cellulaire. La blonde sait très bien de quoi cela aurait l'air si elle disait qu'elle avait oublié ses vêtements dans le bureau du patron de la boîte, elle n'est pas idiote. Elle ne veut pas que son assistant se mette à penser qu'il se passe quelque chose avec cet homme. En fait, elle ne sait pas trop ce qui se passe elle-même. Alors, elle se décide enfin à aller reprendre ses affaires le soir venu à la boîte, enfilant une de ses plus belles robes, d'un rouge vif et élégant.
Elle trouve facilement Loghan dans son bureau mais visiblement occupé, elle préfère ne pas le déranger davantage, mentionnant seulement qu'elle vient chercher sa robe et son portable oubliés. Aussitôt, il se lève et lui donne sa robe qu'elle fourre dans son sac à main avant que Loghan annonce que son cellulaire est sûrement au bar. Elle le remercie d'un sourire, échangeant des regards fiévreux avant que Loghan ne reçoive un appel et doive quitter le club. Et alors qu'il quitte, elle se dirige vers le bar, la tête dans les nuages. Elle reconnaît l'une des employées de la boîte qu'elle a aperçut quelques fois ses derniers temps s'approcher d'un air déterminé vers elle, lui barrant même le chemin vers le bar. « Est-ce que… je peux vous parler deux petites minutes? » Caitlyn la regarde d'un air perplexe. Elles ne se sont jamais adressé la parole, qu'y-a-t-il de si important pour laisser tomber son travail et l'aborder ? Intriguée, la Harrington hausse les épaules avec nonchalance. « Eh, oui d'accord, j'ai juste besoin de mon cellulaire avant. » Elle n'a pas l'air de comprendre tout de suite alors Caitlyn pointe le bar derrière elle. « Je l'ai oublié l'autre soir, Loghan m'a dit qu'il est probablement derrière le comptoir. Vous pouvez me le redonner, s'il vous plaît ? Ensuite nous pouvons aller dans un endroit plus tranquille pour discuter. » La musique est forte, les gens se frottent les uns sur les autres. Une ambiance chaude, de fête, peu propice puisque la blonde doit presque hurler après la barmaid pour se faire entendre. Elle n'est d'ailleurs pas certaine qu'elle aime la façon dont cette dernière la regarde... presque avec mépris et dégoût. Pourtant, elle ne la connaît pas, elle ne sait pas trop ce qui lui vaut ce regard noir porté sur elle. Tout de même, elle essaie de rester courtoise, bien que méfiante. Elle ne sait pas trop à quoi s'attendre et l'observe subtilement, l'analysant de la tête aux pieds. Non. Décidément, elle ne lui dit absolument rien alors que peut-elle bien lui vouloir ?
Je ne sais pas pourquoi j’ai tant de mal à accepter que Loghan puisse connaître d’autres filles que moi. Je crois que ce qui me dérange le plus, c’est l’hypothèse qu’il puisse s’amuser avec ce genre de femmes. Je l’imaginais volage, butinant ça et là les fleurs de jeunes adultes, parfois mineures, des proies faciles en somme. Mais une femme comme cette blonde-là, une véritable déesse d’élégance, de charme et de bon goût, j’ai vraiment beaucoup de mal à l’accepter. Même si tout cela ne reste pour l’instant que des suppositions, je suis presque sûre que c’est le cas. Parce que je suis liée à lui par la force des choses, parce que je ressens ce malaise et je vois que tout est différent. Et ça me fait mal, terriblement mal. Elle est mieux que moi, c’est indéniable. Elle est grande, elle doit surement avoir une situation stable, une occupation professionnelle très gratifiante et surement un train de vie à en faire pâlir plus d’une. Cependant, je ne peux qu’imaginer un vide sentimental dans la vie de la belle blonde puisqu’elle s’est abaissée à tomber sous le charme de Loghan. Enfin, si tout ceci est vérifié. Je me dirige vers elle, parce que je veux en avoir le coeur net. Je veux savoir si mes intuitions sont bonnes, et même si je redoute d’apprendre le pire, il faut que je sois fixée. J’en ai marre de vivre dans le déni, j’en ai marre de tomber dans l’éternel piège machiavélique des hommes, moi qui pensais que c’était différent avec Loghan… Alors je m’interpose devant la jeune adulte et lui demande quelques minutes de son temps. J’ai surement l’air d’une folle, ce que je suis, et je le remarque à son regard interloqué. Elle doit se demander ce qu’une simple serveuse comme moi a à lui dire. « Eh, oui d'accord, j'ai juste besoin de mon cellulaire avant. » Je fronce les sourcils. Son portable? Pour quoi faire? Elle répond à mon interrogation avant même que je ne prenne la parole. « Je l'ai oublié l'autre soir, Loghan m'a dit qu'il est probablement derrière le comptoir. Vous pouvez me le redonner, s'il vous plaît ? Ensuite nous pouvons aller dans un endroit plus tranquille pour discuter. » Mes yeux s’écarquillent. Elle a prononcé son nom. Le monde s’arrête de tourner. Soudain, la musique se fait muette, les gens autour ne bougent plus, il n’y a plus qu’elle et son sourire diabolique. Mon cerveau manque d’oxygène, j’ai l’impression que mes mains tremblent. La rage commence à bouillonner en moi alors que le flot d’informations qu’elle vient de m’indiquer se bouscule dans ma tête. Elle connaît Loghan, elle le connaît bien. Et elle a oublié son portable. Mais qu’est-ce qu’elle foutait ici? Qu’est-ce qu’elle pouvait bien foutre pour oublier quelque chose d’aussi important? Je respire un grand coup et lance d’une voix glaciale: « Suivez-moi. » Je me retourne dans un geste robotique et retourne derrière le comptoir pour chercher le portable de la femme. Il ne me faut que quelques secondes avant de le retrouver dans une boîte sous le tiroir-caisse. Une furieuse envie me prend alors. J’ai envie de regarder ce qu’il se trouve à l’intérieur. Peut-être des messages tendancieux, des sextos avec Loghan, des appels passés durant des heures… Mon coeur est torturé, j’ai une boule dans la gorge. Je finis par me relever et me rapprocher une nouvelle fois de la blonde. Je lui montre son portable en secouant ma main et l’indique de me suivre dans une pièce située non loin du bar. La pièce des employés, où nous serons un peu plus tranquilles. Elle s’exécute et une fois arrivées à l’intérieur de la pièce, je referme la porte en la claquant, histoire de lui donner le ton. Je lui tends son portable en la regardant intensément. « Tâchez de ne plus l’oublier à l’avenir… On ne sait jamais dans quelles mains il pourrait tomber. » Un mince sourire s’installe sur mon visage et se fait vite éclipser par un air méprisant. Je ne veux pas y aller par quatre chemins, ce n’est pas vraiment mon truc les discussions sérieuses. « Je veux juste savoir une chose. » Je la défie du regard. « Je vous ai vue plusieurs fois dans la boîte ces derniers temps… » Elle me regarde, l’air amusé. Elle doit voir où je veux en venir et ça doit la faire jubiler. Si elle savait de quoi je suis capable, elle retirerait ce sourire narquois de son si beau minois illico. « Qui venez-vous voir? » Je n’ose prononce le nom de Loghan, j’ai envie que ce soit elle qui me le dise, elle qui m’annonce ce que je sais probablement déjà.
Il faut bien lui donner, cette jolie brunette semble savoir ce qu'elle veut dans la vie. Ça fait un peu sourire Caitlyn qui l'étudie avec attention dans le vacarme de la salle de danse. Cependant, le regard glacial que la jeune femme a tôt fait de lui lancer la pousse à reprendre un air impassible. « Suivez-moi. » La Harrington fait un signe de tête pour indiquer qu'elle la suit et s’exécute ensuite. Une fois que la barmaid s'empare de son cellulaire qui était en effet derrière le comptoir, elle l'amène dans une pièce arrière, qu'elle devine être la salle de repos du personnel. Elle observe un instant l'endroit, s'attarde sur les tables lorsque soudain, la porte claque derrière elle. Sortie de sa rêverie, Caitlyn tourne les yeux pour voir la brune, la main sur la poignée. Tout de suite, la galeriste sans que cette conversation ne va pas lui plaire. Ce n'est pas qu'elle est claustrophobe mais plus les secondes avancent et plus elle voit que la jeune femme lui semble hostile. Son regard ne ment pas. « Tâchez de ne plus l’oublier à l’avenir… On ne sait jamais dans quelles mains il pourrait tomber. » La blonde fronce les sourcils. De quoi parle-t-elle ? Est-ce une menace ? D'abord, il n'y a rien dans son cellulaire qui puisse lui nuire, surtout qu'il est protégé d'un mot de passe. Si elle veut lui faire peur, c'est raté et Caitlyn s'empare enfin de son portable pour le plonger dans son sac avec sa longue robe qui s'y trouve déjà. Surtout, cette fille, elle ne la connait pas, elle n'a pas de leçons à lui donner. Si elle savait les circonstances de son oubli, et si seulement elle a déjà été emportée par un homme, elle verrait bien que c'est tout à fait normal et humain d'avoir fait cet oubli. Disons-le, ce soir-là, elle ne pensait pas à ses affaires vraiment, trop absorbée par les regards pleins de désir et les sourires qui hypnotisent de Loghan. Alors, Caitlyn ne prend pas la peine de répondre à ce pique, lui jetant simplement un regard interrogateur. « Je veux juste savoir une chose. Je vous ai vue plusieurs fois dans la boîte ces derniers temps… Qui venez-vous voir ? » À l'idée de ses moments passés au club, mais surtout en compagnie de Loghan, ça la fait sourire, ce qui semble pourtant énerver un peu plus la brune devant elle. Cait reprend donc son sérieux, adoptant une expression perplexe et confuse. D'abord, en quoi ce sont ses affaires au juste ? Elle ne la connait pas. Pourquoi serait-elle différente de n'importe quel autre client. Certes, elle est un peu différente, elle ose le penser mais en quoi ça peut changer quelque chose pour l'employée. Si elle a peur que Cait lui vole son boulot, elle peut relaxer, elle n'a pas l'intention d'abandonner son travail parfait, sa galerie pour servir des verres derrière un bar. C'est la première pensée qui lui vient à l'esprit mais ça ne colle pas vraiment alors, elle préfère lui répondre le plus calmement du monde. « Eh bien, c'était surtout pour organiser un vernissage au départ. Maintenant, je viens voir Loghan. » Caitlyn déteste tourner autour du pot et elle voit bien que cette femme ne vient pas au vif du sujet. Elle le sent dans sa voix, dans son corps crispé comme si elle est sur le point d'exploser. « Pourquoi ? Y'a un problème ? » Si elle a quelque chose à lui dire, qu'elle parle ; Caitlyn n'a pas toute la soirée, son temps lui est précieux mais surtout, ça l’agace les tromperies et les faux-sourires. Elle garde son calme, ça a toujours été ainsi. Posée, elle ne se laisse pas emporter par la fureur ou l'agacement facilement alors, elle préfère donner une chance à cette fille de lui expliquer pourquoi elle agit aussi bizarrement... et agressivement même, envers elle. Un peu plus et elle a presque l'impression de reconnaître les traits de la jalousie sur le visage de la brune. Mais pourquoi ?
Je l’observe. Derrière ma facade glaciale, je ne peux m’empêcher de la reluquer. De dénoter aussi bien ses qualités que d’essayer de trouver ses moindres défauts. À première vue, il est vrai qu’elle a tout ce qu’il faut pour plaire à Loghan, même si ses critères de sélection ne sont pas vraiment poussés lorsqu’il s’agit de simplement s’envoyer en l’air. Elle est grande et elle dégage un certain charme, ça suffit pour exciter les quelques millions d’hormones qui sommeillent en mon cher patron. Après, je ne sais pas ce qu’il en advient quand elle ouvre la bouche. Elle m’a l’air d’être une femme intelligente, déterminée et qui ne se laisse pas faire. Exactement comme moi, en fait. Et ça me fait peur, car je me dis qu’elle a aussi ce petit truc en plus. Enfin, rien ne sert de s’inquiéter, il faut d’abord que je sache si effectivement il se passe quelque chose entre les deux. Alors je lui pose la question, platement, parce que je n’aime pas tourner autour du pot, parce que j’ai bien trop envie de savoir, parce que je ne peux pas me montrer amicale avec une potentielle ennemie. Elle me toise, elle sent la pointe d’amertume dans ma voix, la haine que je commence à éprouver envers elle et elle sourit. Elle est forte, mais je suis le maître à ce jeu là et elle va vite le comprendre. « Eh bien, c'était surtout pour organiser un vernissage au départ. Maintenant, je viens voir Loghan. » La deuxième phrase me cloue au sol. Je crois même que mon coeur a raté un battement quand elle a prononcé le nom de Loghan. La manière dont elle l’a dit est claire. Elle se tape Loghan. Mes mains commencent à trembler alors que la vérité atteint peu à peu mon cerveau. « Pourquoi ? Y'a un problème ? » C’est le pompon. Je suis sur le point d’exploser. La manière dont elle m’annonce cela me met hors-de-moi. Je crois même que je pourrais la tuer si elle se mettait à me défier encore plus. Je ferme les yeux afin de me recentrer et de ne pas paraître sauvage puis les rouvre en un éclair en la fixant d’un regard noir. « Oui, y a un problème. » Sa décontraction me rend malade. Et je ne peux récupérer mes esprits. Je m’approche encore plus d’elle, ce qui a pour réaction de la faire reculer jusqu’à s’appuyer contre le mur. Elle est légèrement plus haute que moi et je ne peux supporter l’idée qu’elle me surpasse, dans n’importe quel domaine d’ailleurs. Alors dans un véritable geste de folie, je passe ma main dans ses cheveux et tire dessus avec une force que je sous-estimais. La jeune femme gémit alors que j’approche ma bouche près de son oreille. « J’ai l’air gentille mais je suis loin de l’être, ma grande. » Je tire un peu plus fort. « Alors, si je te vois encore traîner ici, ou si j’apprends que tu continues à fricoter avec lui, ça va aller très mal. Compris? » Je finis par la lâcher. « Et je me fiche de savoir qui tu es, à mes yeux tu n’es qu’une salope. » Je crache ces mots en la regardant avec mépris. J’ai l’impression de devenir une autre personne tout à coup. Je suis gagnée par la même haine que celle qui s’est emparée de moi lorsque j’ai commis un geste irréparable il y a quelques mois…
Tout change en une fraction de seconde. Elle n'a pas fini de prononcer ses mots que l'employée de la boîte ferme les yeux pour les ré-ouvre avec une lueur pratiquement de folie qui y brille. « Oui, y a un problème. » Surprise par sa soudaine avancée vers elle, comme un animal sauvage sorti de nulle part, la blonde recule pour heurter le mur dans son dos. Encore plus surprise quand elle tire sur ses cheveux pour la descendre vers elle et murmurer des menaces à son oreille. « J’ai l’air gentille mais je suis loin de l’être, ma grande. » Son étreinte sur ses boucles dorées lui tire une plainte tellement ça lui fait mal, tellement son attaquante tire fort. « Alors, si je te vois encore traîner ici, ou si j’apprends que tu continues à fricoter avec lui, ça va aller très mal. Compris? Et je me fiche de savoir qui tu es, à mes yeux tu n’es qu’une salope. » Elle fois qu'elle a lâché Caitlyn, cette dernière réagit au quart de tour. Car au moment où la jeune femme lui crache la dégradante insulte, tout de suite, la main de Caitlyn part et vient claquer la joue de la brune. C'est partie tout seul. Instinctivement, Caitlyn n'a pas l'intention de laisser cette fille lui parler comme ça et encore moins l'agresser aussi sauvagement. Qu'elle se trouve une raison de le faire ou pas. Et à ce stade, elle se doute bien que les paroles rationnelles ne feraient aucun effet. La raison n'a pas sa place quand on est consumé par la rage et la jalousie.
Assurée qu'elle a toute l'attention de la barmaid, Caitlyn se redresse pour la surplomber comme une mère qui gronde son enfant. L'habitude, probablement. « Ne pose plus jamais tes pattes sur moi, ma petite. » Et elle fait un pas vers elle, détestant être acculée au mur comme elle l'est à l'instant, obligeant sa vis-à-vis à reculer à son tour si elle ne veut pas se retrouver à l'embrasser tellement elle s'avance vers elle, leurs corps si près qu'elles font pratiquement un. « Je sais pas non plus qui t'es et pour qui tu te prends, mais tu vas te calmer avec tes menaces. » Elle laisse échapper un faible ricanement ironique, serrant les poings pour essayer de se calmer. C'est ce qu'elle récolte pour chercher l'affection de quelqu'un quand tout autour d'elle tombe en pièces. Son mariage, sa relation avec Kyrah et maintenant cette fille qui apparaît de nulle part pour mettre un frein dans les quelques moments partagés avec Loghan. Ne peut-elle pas avoir la paix à la fin ? « Putain je savais même pas que t'existe jusqu'à il y a deux secondes alors je fais ce que je veux, Loghan aussi. En quoi ça te regarde ? T'es qui, sa petite amie ? » À ce point, elle ne pourrait pas en vouloir à Loghan de ne pas l'avoir mentionnée. Après tout, elle même est mariée et c'est mal ce qu'elle a fait. Apparemment, elle n'est pas la seule. De toute façon, elle est trop concentrée pour rager intérieurement en ce moment contre cette fille d'avoir osé s'en prendre à elle comme ça et la traiter de salope en plus. Elle s'en fiche pas mal en fait de connaître sa relation avec Loghan, tout ce qui lui importe c'est de montrer à cette cinglée qu'elle n'a pas l'intention de la laisser lui marcher sur les pieds. Et sachant très bien se défendre, elle n'a pas peur de la brune devant elle qui a l'air dans tous ses états, forçant Caitlyn à rester sur ses gardes.
Je ne sais pas ce qu’il me prend. Je m’attendais à quoi après tout? Loghan n’est pas à moi et il ne le sera probablement jamais. Mais je ne sais pas, je ne peux pas m’empêcher de sortir les crocs. De l’amour? Peut-être bien, puisqu’au final je vais même jusqu’à être agressive pour défendre mon territoire. Une vraie lionne. Pauvre Caitlyn, elle est vraiment mal tombée. Et ce n’est pas son âge avancé, sa maturité assumée ou son élégance d’apparence qui me feront reculer. Je n’ai pas peur d’elle, comme je n’ai pas peur de l’empoigner par les cheveux et de l’insulter. Je ne suis plus maître de moi-même en cet instant. Je me sens possédée par une force surnaturelle, quelque chose de mystique. Comme quand je me drogue. Sauf que là, c’est naturel. Je suis euphorique, mais en même temps très remontée. C’est un sentiment bizarre, mais j’aime ça. J’aime voir Caitlyn gémir alors que je lui tire un peu plus les cheveux. Mon insulte fuse comme un éclair et fait réagir la jeune femme au quart de tour qui me donne une gifle monumentale. Ma bouche forme un Ô de surprise, tellement je ne m’y attendais pas. Mes mains commencent à trembler, puis mes jambes, j’ai envie de me jeter dessus et de lui refaire le portrait. Et puis non, ce serait m’abîmer les mains. Je suis encore jeune, moi. Elle se redresse et me surplombe de ses quelques centimètres supplémentaires. Je soutiens son regard et essaye de rassembler tout mon self-control pour ne pas lui en mettre une. Si seulement elle savait de quoi je suis capable, je suis sûre qu’elle n’aurait pas posé la main sur moi. Mais bon, on va laisser ça sur le compte de la chance du débutant. Puis si je la tue, je risque gros. Je me ravise. « Ne pose plus jamais tes pattes sur moi, ma petite. » Je ne peux m’empêcher de pouffer de rire et de la regarder avec intensité. Elle s’avance ensuite et je ne peux faire autrement que me reculer pour laisser un écart raisonnable entre nos deux corps. « Je sais pas non plus qui t'es et pour qui tu te prends, mais tu vas te calmer avec tes menaces. » Elle me lance un ricanement au visage et moi aussi, je sers les poings pour ne pas me laisser aller. Je respire en serrant les dents. Je n’ai même pas le temps de répliquer qu’elle s’exclame: « Putain je savais même pas que t'existe jusqu'à il y a deux secondes alors je fais ce que je veux, Loghan aussi. En quoi ça te regarde ? T'es qui, sa petite amie ? » Je fulmine, intérieurement je bouillonne. J’ai envie qu’elle la ferme parce que je sens que si elle continue, je pourrais faire un malheur. « Et moi, qu’est-ce que je dois dire? Tu débarques avec tes grands airs de bourgeoise et tu crois que ça va plaire à tout le monde? » Je lui crache presque au visage tellement je suis énervée. « Je ne suis pas sa petite amie, non, mais ça y ressemble. J’étais là bien avant que tu ne ramènes ta sale tronche botoxée » Prends ça dans les temps, mamie. « Et puis à ce que je vois t’es mariée en plus. Quel comble! » Mes yeux se posent automatiquement sur son alliance. Mais quelle cruche, elle croyait que je n’allais pas le remarquer? « Je ne vais pas te le dire deux fois. T’as plus intérêt à remettre les pieds ici. Tu ne sais pas de quoi je suis capable… Puis je crois que le vieillard qui doit surement t'entretenir ne verrait pas cette... amourette d'un bon œil. » Coup fatal. Elle est déstabilisée. Nous restons ainsi à se crier dessus pendant encore de longues secondes avant que je ne décide de claquer la porte et de quitter la boîte. J’ai besoin d’un joint, et vite.
De quoi elle se mêle de toute façon cette fille ? Elle n'a même pas couché avec Loghan. Encore. Oui, il y a eu une danse sulfureuse, des baisers, de la passion échangée. Un instant sur la plage. Elle se faisait des idées l'employée. Enfin pas vraiment puisque c'était quand même un miracle que ça ne soit pas allé plus loin. Mais maintenant que cette fille lui gueule après, elle ne sait pas pourquoi mais Caitlyn a envie de la provoquer encore plus en allant voir Loghan là tout de suite et aller le laisser la prendre dans son bureau. Mais elle se retient, ne dit rien, fulmine silencieusement pendant que la folle lui crache pratiquement au visage. « Et moi, qu’est-ce que je dois dire? Tu débarques avec tes grands airs de bourgeoise et tu crois que ça va plaire à tout le monde? Je ne suis pas sa petite amie, non, mais ça y ressemble. J’étais là bien avant que tu ne ramènes ta sale tronche botoxée. Et puis à ce que je vois t’es mariée en plus. Quel comble! Je ne vais pas te le dire deux fois. T’as plus intérêt à remettre les pieds ici. Tu ne sais pas de quoi je suis capable… Puis je crois que le vieillard qui doit surement t'entretenir ne verrait pas cette... amourette d'un bon œil. » Les paroles se déversent et la blonde ne dit rien, écoutant la raison de cette hostilité. Enfin raison... pas vraiment, ça ne fait pas de sens à ses oreilles. Ça ne fait que la confondre davantage, ne pas savoir d'où sort toute cette haine. Mais le résultat reste le même, elle aussi a envie de frapper cette petite insolente. Elle serre les poings alors qu'elles continuent de se tenir tête respectivement et bientôt, elles se lancent dans une danse de insultes et des cris. « J'ai pas d'ordres à recevoir de toi, gamine. Ce qui se passe dans ma vie, avec mon mari, c'est pas de tes affaires. Comme en ce qui concerne Loghan. À voir comment t'es folle, c'est pas étonnant qu'il aille souffler ailleurs. C'pas ma faute si je suis cent fois plus canon et normale que toi. » Et ça continue sans fin... jusqu'à ce que la brunette n'en puisse plus et claque la porte derrière elle en prenant ses jambes à son cou. Peu importe que cette fille puisse vraiment lui faire mal, la Harrington ne peut vraiment pas la prendre au sérieux, surtout pas après cela, ça ne fait que faire naître de la jalousie en elle aussi et bientôt, elle quitte la boîte elle aussi, totalement retournée et en colère. Oh, elle avait besoin d'appeler Velvet et sur le champ.