| (jennassan) somewhere along in the bitterness |
| | (#)Dim 29 Jan 2023 - 2:40 | |
| Let him know that you know best 'Cause after all, you do know best, try to slip past his defense without granting innocence, lay down a list of what is wrong, the things you've told him all along and pray to God he hears you, and I pray to God he hears you, and where did I go wrong ? I lost a friend somewhere along in the bitterness. ☆☆ Fin Février – Toowong Cemetery. Il y avait plus de vingt ans maintenant que Madame El-Bilbesi était veuve ; Cela ferait vingt-deux ans cette année, pour être tout à fait exact. Elle avait peut-être refait sa vie (on lui souhaitait) et même peut-être s’était-elle remariée (Hassan n’avait jamais posé la question) mais en deux décennies quelque chose n’avait pas changé : elle continuait de visiter chaque semaine presque sans exception la tombe de son défunt mari. Elle n’y laissait pas toujours une fleur, cela dépendait de la saison, mais elle lui faisait la conversation comme on se confiait à un vieil ami, et veillait scrupuleusement à ce que le marbre de la tombe soit impeccable. Lorsqu’elle avait un peu de temps devant elle, elle passait aussi un coup de chiffon sur les tombes avoisinantes, et s’il était encore là à son départ elle ne manquait jamais de saluer le gardien du cimetière. De sa vie Hassan ne connaissait pas grand-chose d’autre que cela, et de celle du brun elle-même ne connaissait pas grand-chose de plus que le fait que ses parents occupaient les deux tombes à gauche de celle de son époux disparu. Tous les deux se croisaient peu, le Jaafari n’étant pour sa part pas un “habitué” – il visitait ses parents chaque année pour Laylat al Bara’ah, parfois une ou deux autres fois dans l’année, et même s’il n’en était pas fier, cela s’arrêtait souvent là. Malgré cela jamais Madame El-Bilbesi ne se serait jamais permis la moindre remarque, consciente que chaque individu vivait le deuil à sa manière, et lorsqu’elle croisait par hasard l’un des deux frères Jaafari, elle leur réservait toujours un sourire et un mot gentil. Alors ce jour-là, en remontant l’allée qui menait au carré musulman du cimetière, Hassan tenait trois gerbes des jacarandas qu’il aimait tant, et après en avoir déposé une sur chaque côté de la tombe de ses parents, il avait abandonné la troisième sur celle d’Hakeem El-Bilbesi avec délicatesse. Il ne s’était pas attardé longtemps, jamais aussi gauche et pétri de l’impression de ne pas savoir quoi faire de lui-même que lorsqu’il se tenait devant les noms de ses parents gravés dans le marbre usé par vingt-six années aux intempéries, et se fendant d’un « Je sais que je ne viens pas souvent, mais … » maladroit qu’il n’avait même pas trouvé comment terminer, il avait posé une main sur la pierre tombale en soupirant et avait préféré tourner les talons. Les mains enfoncées dans les poches de son jean, il avait remonté l’allée principale à pas lents, et le regard dérivant vers la zone où reposait Joanne depuis tout juste un mois et par laquelle il était passé en premier lieu, déposer les mêmes fleurs mauves. Un mois et un jour, en réalité parce qu’égoïstement il n’avait pas voulu risquer de tomber sur les parents de Joanne – ou pire, sur Jamie. Il correspondait encore régulièrement avec Jane Prescott par SMS, mais ce jour-là il avait envie d’être seul. Suffisamment seul pour que, en apercevant la silhouette si reconnaissable de Jenna depuis le bout de l’allée centrale, on l’imagine aisément avoir pressé le pas pour déguerpir au plus vite. Il n’avait pas envie d’une dispute, pas plus au cimetière qu’ailleurs, et ménager la susceptibilité de son ancienne amie n’était même pas quelque chose pour lequel il avait envie de dépenser de l’énergie … Et pourtant, sans pouvoir s’expliquer pourquoi, son instinct l’avait poussé à s’engager sur le petit chemin d’herbe qui menait à la tombe de Joanne. Comme si, de là où elle se trouvait désormais, la blonde n’entendait pas laisser passer la moindre occasion pour ses deux anciens êtres chers de ne pas tenir la promesse éhontément faite par Hassan avant sa mort : celle que Jenna et lui étaient parvenus à mettre de l’eau dans leur vin et à laisser leur fâcherie derrière eux. « Hey. » Ne l’ayant visiblement pas ni vu ni entendu arriver, la rousse l’avait accueilli avec un léger sursaut, et secouant la tête s’en était excusé d’un ton prudent « Pardon, je voulais pas te faire peur. » Il n’avait pas non plus envie de la déranger, à vrai dire, et marquant une brève pause il avait secoué la tête avant d’ajouter « Je peux te laisser, si tu préfères. » Il avait tout mis en oeuvre pour se retrouver seul ici, et n’entendait pas empêcher la jeune femme d’en faire autant si c’était ce qu’elle désirait.
Dernière édition par Hassan Jaafari le Ven 19 Jan 2024 - 17:23, édité 1 fois |
| | | | (#)Dim 12 Fév 2023 - 17:43 | |
| somewhere along in the bitterness @Hassan Jaafari & Jenna CaldwellTon regard se perd au milieu des tombes si proprement alignées au cimetière de Brisbane. Avant le décès de Joanne, tu n’avais jamais mis les pieds dans ce lieu que tu trouvais sinistre au possible. Mais depuis la disparition de ton amie, tu y venais régulièrement. A tes yeux, la mort de Joanne ne justifiait pas que tu arrêtes de la tenir au courant des derniers évènements de ta vie. C’était difficile pour toi, très difficile de ne plus l’avoir à tes côtés, particulièrement maintenant, pour affronter les épreuves que la vie jetait sur ton chemin. Tout aurait été beaucoup plus simple si tu avais pu continuer à tenir ta galerie d’art tout en voyant tes amis le soir, ta famille le week-end et que les journées s’étaient enchainées ainsi. Malheureusement, les choix que tu avais faits dans ta vie n’avaient jamais amené des situations faciles. D’abord avec Rhett puis ensuite avec Louis et ce bébé qui n’avait jamais vu le jour et maintenant avec Edison. Cette aventure n’était censée être que ça, une aventure. Jamais un bébé n’était censé pointer le bout de son nez déjà parce que tu ne pensais pas pouvoir affronter cette situation et ensuite parce que tu aurais voulu que cela se passe dans d’autres circonstances. Maintenant que tu étais là, il n’était plus question de faire demi-tour. Il allait falloir faire face. C’était en tout cas ce que tu avais fini par décider lors de tes deux semaines en Europe. Une ancienne connaissance travaillait dans un musée à Paris et t’avait invité à lui rendre visite à plusieurs reprises mais tu n’avais jamais sauté sur l’occasion. Jusqu’à maintenant en tout cas. Cette fois, tu avais rien fait les choses car tu avais prévenu les personnes qui t’étaient les plus proches et tu restais joignable. La galerie restait ouverte les jours où Chelsea pouvait l’ouvrir, sinon elle était fermée.
En rentrant, il y avait eu tellement de choses à gérer que tu n’avais pas eu le temps de venir raconter les derniers déroulement de ta vie à Joanne. Mais quand tu eus enfin un moment de libre, tu étais passée à la pâtisserie préférée de ton amie pour acheter deux petits gâteaux puis tu t’étais mise en route vers le cimetière. La chaleur assommante de l’été australien te pesait plus cette année qu’à l’accoutumée. Le fait qu’il y avait deux semaines tu étais emmitouflée dans des manteaux n’aidait clairement pas. Mais ta grossesse en était en très grande partie responsable. Assise devant la tombe de Joanne, tu t’étais mise à lui conter les derniers rebondissements d’une vie que tu aurais aimée plus calme. Tu mangeais en même temps ton gâteau n’hésitant pas à lui confier tes peurs et tes doutes. Ils étaient tous plus nombreux que ton excitation car tu savais ce que pouvait vouloir dire un début de grossesse. Tu n’étais pas certaine de pouvoir survivre à la perte d’un deuxième enfant. Tu regrettais que ton amie ne puisse pas te répondre pour te donner ses précieux conseils et son absence ne fut que plus prononcée mais tu refusais de briser cette petite tradition que tu venais d’installer. Beaucoup diraient que c’était malsain mais tu n’en avais rien à faire. Joanne méritait toutes ces attentions même si elle n’était plus des vôtres aujourd’hui. Ayant tout dit, tu t’étais levée pour ranger tes affaires et aussi faire tes adieux à Joanne. Tu avais fermé les yeux et profitait du silence quand une voix vint interrompre ta tranquillité : « Hey. » Tu avais sursauté de surprise et tu ne pus t’empêcher d’être un peu sur la défensive en posant ton regard sur Hassan. Tu ne l’avais pas croisé depuis l’enterrement de Joanne et c’était sans doute mieux comme ça vu vos derniers échanges par textos. A chacune de vos entrevues il t’accusait d’être à l’origine du malheur de ses proches donc tu préférais rester éloignée. Mais là, tu n’avais pas le choix et contrairement à vos rencontres habituelles, il ne semblait pas vouloir t’attaquer. « Pardon, je voulais pas te faire peur. Je peux te laisser, si tu préfères. » Tu secouais la tête car en vérité, tu n’avais pas besoin qu’il te laisse, tu avais terminé. Et puis de toutes les compagnies que pouvait vouloir Hassan, la tienne devait être la dernière sur la liste. « Non, c’est moi qui vais te laisser. On a eu notre goûter et nos potins, on a terminé. » Dis-tu en attrapant le sac de la pâtisserie. Tu attrapes le sac à main que tu avais laissé par terre et regarde une dernière fois autour de toi pour vérifier que tu n’as rien oublié. Tu aurais dû tourner les talons et partir mais quelque chose t’en empêche alors après quelques secondes d’hésitation, tu te retrouves à dire : « Comment tu vas ? Tu tiens le coup ? » De vous tous, c’était certainement Hassan qui était le plus proche de Joanne avant sa mort. |
| | | | (#)Sam 25 Fév 2023 - 3:17 | |
| Let him know that you know best 'Cause after all, you do know best, try to slip past his defense without granting innocence, lay down a list of what is wrong, the things you've told him all along and pray to God he hears you, and I pray to God he hears you, and where did I go wrong ? I lost a friend somewhere along in the bitterness. ☆☆Depuis le jour où ils s’étaient retrouvés dans ce cimetière pour enterrer Joanne un mois plus tôt, et même peut-être encore avant cela, Hassan avait contemplé avec un brin de tristesse la certitude selon laquelle le temps guérissait (presque) tout, et plus particulièrement la perte des êtres chers. Un jour, chacun à leur rythme, toutes les personnes qui s’étaient réunies pour dire un dernier adieu à la jeune femme finiraient par s’en remettre et par ne plus penser à elle le coeur serré. De la même façon qu’Hassan avait progressivement cessé de penser à ses parents chaque jour, Daniel et Louise cesseraient vite de chercher leur mère des yeux au moindre événement, les amis de Joanne cesseraient de s’arrêter sur son prénom dans leur répertoire et finiraient peut-être même par l’en supprimer, et la blonde ne deviendrait plus qu’un souvenir sur lequel on retombait ici et là, à la faveur d’un détail ou d’un événement que l’on associait à elle par habitude. Un jour Joanne cesserait de lui manquer, qu’Hassan le veuille ou non, et ce constat rajoutait une couche de tristesse supplémentaire à celle déjà établie par la fraîche disparition de la blonde. Il en était donc à peu près là, dans son deuil personnel, et sans être ni en avance ni en retard sur qui que ce soit, ne s’agissait pas plus d’une course que d’un concours. Il se sentait seul, aussi, terriblement seul et en même temps déjà trop occupé de nouveau pour avoir le temps de s'appesantir sur la question. La terre continuait de tourner, les journées ne faisaient toujours que vingt-quatre heures, et les obligations dans lesquelles il était personnellement et professionnellement (surtout) engagé se moquaient bien de savoir s’il avait le vague à l’âme. Il aurait eu mille choses à faire et mille endroits où être plutôt que de se balader dans les allées du cimetière ce jour-là, en somme, et d’ici peu il n’en ressentirait même plus suffisamment le besoin pour visiter Joanne plus qu’il ne visitait ses parents, plus que tout persuadé que le respect et l’affection que l’on portait à ses disparus ne se mesurait pas à la fréquence à laquelle on venait fleurir la pierre tombale gravée à leurs noms. En serait-il de même pour Jenna ? Il ne se serait probablement pas posé la question si ses yeux ne s'étaient pas arrêtés sur la silhouette de la rousse, occupée à visiter la nouvelle demeure de Joanne pour ce qui était peut-être devenu (ou non) une habitude. « Non, c’est moi qui vais te laisser. » l'avait-elle en tout cas aussitôt arrêté, lorsqu'il avait proposé de la laisser seule, perdant ce qu'il avait récolté de courage pour l'aborder presque aussi vite. « On a eu notre goûter et nos potins, on a terminé. » Bien que la réponse le surprenne un peu, le brun n'avait pas fait de remarque et s'était contenté d'indiquer « Je suis déjà passé tout à l'heure. Je reviens du carré musulman. » en désignant du menton la gerbe de jacarandas posée sur le marbre. Malgré tout, Jenna avait ramassé ses affaires et quitté l'herbe sur laquelle elle était assise, jetant un coup d'oeil machinal autour d'elle comme pour vérifier qu'elle n'oubliait rien. « Comment tu vas ? Tu tiens le coup ? » Incapable de dire si elle demandait par politesse ou si la réponse l'intéressant sincèrement, Hassan avait d'abord répondu par un haussement d'épaules hésitant. « Il faut bien. On a promis, de toute façon. » De ne pas se morfondre trop longtemps. Elle l'avait fait promettre à Hassan, en tout cas, et il n'était pas dupe au point de penser qu'elle n'en avait pas fait de même avec le reste de son entourage. « Tu viens souvent ? » À l'entendre parler de goûter et de potins, cela ressemblait à un rituel déjà installé, malgré que Joanne ne les ait quittés que depuis un mois. « Ça aurait fait dix-neuf ans le mois prochain. Qu'on s'est rencontrés. » Joanne et lui, Jenna et lui, Rhett et Jenna, Rhett et Joanne. Dix-neuf ans. « J'ai l'impression d'avoir enterré tout un chapitre de ma vie. » avait-il finalement murmuré d'un ton triste, les mains glissant dans les poches de son jean et le regard se posant sur le nom de Joanne encore fraîchement gravé.
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| | | | (#)Dim 12 Mar 2023 - 16:11 | |
| somewhere along in the bitterness @Hassan Jaafari & Jenna CaldwellPour l’instant, il était important pour toi de conserver une sorte de rituel avec Joanne. Avant qu’elle ne vous quitte, tu la voyais plusieurs fois par semaine. Son absence était aujourd’hui pesante et même si tu ne venais qu’une fois par semaine ou une fois tous les deux jours, c’était déjà ça. Il viendrait certainement un temps où tu n’en auras plus besoin de ce rituel physique mais pour l’instant tu t’y tiens. Au fond, c’était logique que tu finisses par rencontrer quelqu’un qui viendrait lui rendre visite. Ton amie avait marqué la vie de bien des personnes, la plupart que tu ne connaissais pas. Avec Hassan c’était différent. Tu ne te souviens plus de la dernière conversation cordiale que vous aviez eue, elle remontait à bien trop longtemps. Pourtant, Joanne vous avait fait promettre de vous rabibocher et Hassan lui avait dit que c’était chose faite. Un mensonge que tu avais accepté d’endosser vu qu’il faisait plaisir à votre amie. Aujourd’hui, il vous fallait vivre avec alors que votre relation n’avait pas bougé d’un pouce. Il y a des mots dont on se souvient longtemps et tu l’avais blessé lors de son divorce avec Joanne tout comme il t’avait blessée lors de l’overdose de Rhett. Le cimetière avait au moins cet avantage, c’était pour vous deux un terrain neutre qui ne poussait pas aux tensions. « Je suis déjà passé tout à l'heure. Je reviens du carré musulman. » Tu préfères ne rien dire plutôt que de mettre les pieds dans le plat ce qui est ta spécialité. Tu avais eu de la chance jusqu’ici, tu n’avais pas eu à faire face à beaucoup de mort dans ton entourage. Le deuil le plus difficile pour toi a été celui de ton enfant disparu bien trop tôt mais celui-là, on ne le met jamais dans un cimetière. Et vu que tu détestais en parler, c’était probablement mieux ainsi. Ne pouvant pas rester silencieux comme ça, tu demandais à Hassan comment il allait. Rhett t’avait dit qu’il avait quitté Brisbane lui aussi tu en déduisais donc qu’il devait être de retour, probablement pour la rentrée scolaire entre autres. « Il faut bien. On a promis, de toute façon. Tu viens souvent ? » Vous aviez tous promis en effet mais il y a une différence entre promettre et mettre en pratique. Il avait été facile de promettre mais beaucoup plus difficile de s’en remettre. Apprendre que tu étais enceinte avait atténué ta douleur car tout ton esprit avait été occupé par autre chose mais depuis ton retour, tu n’avais pas le choix, tu devais faire face à ce deuil pour le traverser avec grâce et en ressortir grandie comme Joanne l’aurait voulu. « Je viens régulièrement, pour l’instant j’en ai besoin. J’ai parfois du mal à réaliser qu’elle n’est plus là. » Plus qu’Hassan, plus que Rhett aussi, tu avais entretenu une relation à distance avec Joanne par période. Il arrivait que vous ne communiquiez pas pendant des mois avant de reprendre contact comme si de rien n’était. Parfois, tu avais l’impression qu’un message pouvait arriver d’un jour à l’autre mais désormais, ils n’arriveraient plus jamais. « Ça aurait fait dix-neuf ans le mois prochain. Qu'on s'est rencontrés. J'ai l'impression d'avoir enterré tout un chapitre de ma vie. » Dix-neuf ans … Le chiffre résonnait dans ton esprit comme quelque chose de lointain alors que tu avais presque l’impression que c’était hier. Pourtant vos vies avaient évolué, toutes dans des directions bien différentes mais vous aviez réussi à garder un lien malgré tout. Malgré tous les désaccords, toutes les engueulades, vous étiez toujours là finalement. « J’ai l’impression d’avoir enterré celle qui nous ramenait tous les uns vers les autres. » Tu le pensais sincèrement. En rentrant à Brisbane, tu avais fait des efforts pour reprendre contact avec Joanne mais tu n’avais pas eu l’intention de reprendre contact avec Hassan ou même Rhett. Aussi difficile que cela puisse paraître, tu voulais simplement vivre ta vie et il était clair que vos deux vies n’étaient pas faites pour se croiser. « Sans elle, je n’aurais pas recroisé Rhett et nous ne serions pas là … Elle était la meilleure d’entre nous. » Tu le pensais sincèrement et tu sentis ta gorge se serrer à cette idée mais tu pris une grande inspiration qui permit à tes larmes de rester à leur place. « Elle a toujours eu les meilleurs conseils et Dieu sait que j’en aurais besoin en ce moment. Je donnerai beaucoup pour revoir son regard réprobateur se poser sur moi. » Dis-tu avec un maigre sourire. Car même si Joanne ne jugeait jamais, elle n’avait jamais vécu la vie de la même manière que toi. « Tu as vu ses enfants ? Ils vont bien ? » Si quelqu’un aurait ce genre de détails, c’était bien Hassan. |
| | | | (#)Sam 22 Avr 2023 - 6:12 | |
| Let him know that you know best 'Cause after all, you do know best, try to slip past his defense without granting innocence, lay down a list of what is wrong, the things you've told him all along and pray to God he hears you, and I pray to God he hears you, and where did I go wrong ? I lost a friend somewhere along in the bitterness. ☆☆Rentrer à Brisbane avait été difficile. Depuis la banlieue de Sydney où son frère et sa belle-sœur s'étaient établis avec leur marmaille des années en arrière, Hassan s'était enfermé dans une bulle dont il aurait voulu ne jamais sortir. L'espace de deux, trois semaines, il avait vécu la vie de celui dont les soucis étaient restés à demeure, profité de la présence et de l'affection de ceux dont il partageait le sang, et inclus Mo à toute l'épopée de la même manière que s'il en avait été un lui aussi – un Jaafari. Il avait bien fallu rentrer, pourtant, le coeur lourd de ce qui attendait le petit garçon autant que de retrouver une ville où chaque recoin était susceptible de lui rappeler Joanne, mais la tête pleine de souvenirs que le brun espérait suffisants pour persuader Mo que leur séparation n'était que temporaire, et qu'il ne comptait pas l'abandonner à son sort. Il avait fallu retrouver le chemin de l'université, celui d'ABC, il avait fallu retrouver une routine abandonnée sur l'autel de tout ce qui était allé de travers durant les huit derniers mois – il avait fallu recommencer à vivre comme si rien n'avait changé, en somme, quand bien même tout était différent. Parce qu'il n'y avait pas d'autre choix, parce qu'il avait promis … et parce qu'il avait été à la place de celui qui implorait ses proches de bien vouloir en faire autant si la maladie devait avoir le dernier mot. Et si la promesse n'était jamais vaine, son application n'était pas toujours si simple ; À ce jeu-là, chacun faisait comme il pouvait. Pour Jenna, cela passait par des visites régulières là où reposait désormais leur amie. « Je viens régulièrement, pour l’instant j’en ai besoin. J’ai parfois du mal à réaliser qu’elle n’est plus là. » lui avait-elle sobrement répondu lorsqu'il avait posé la question, et n'ayant ni commentaire à faire ni jugement à apporter, Hassan s'était contenté de hocher la tête. Se rendait-elle compte, Jenna, de la chance qui avait été la sienne ? Que le hasard l'ait repoussée vers Brisbane au moment où Joanne entamait le crépuscule de sa vie, leur donnant à toutes les deux la possibilité de renouer et de s'éviter les regrets de mots restés lettre morte ? Qu'ils étaient loin, les étudiants insouciants et persuadés de l'avenir radieux se dressant face à eux. « J’ai l’impression d’avoir enterré celle qui nous ramenait tous les uns vers les autres. » Les mains glissant dans les poches de son jean, il s'était gardé de faire part de son désaccord, mais non moins persuadés qu'ils étaient tous adultes et maîtres de leurs propres barques, capables de ramer les uns vers les autres autant qu'ils avaient su s'éloigner. Joanne et lui s'étaient donnés du mal pour reconstruire une relation sur les cendres de leur mariage, il n'y avait eu ni miracle ni partition déjà écrite, mais une volonté commune de rester présents l'un pour l'autre une fois la blessure du divorce cicatrisée. « Sans elle, je n’aurais pas recroisé Rhett et nous ne serions pas là … Elle était la meilleure d’entre nous. » avait encore ajouté la rousse, et un sourire triste auquel se mêlait un brin d'amertume s'étirant sur le visage d'Hassan il avait murmuré « Ouais, c'est souvent l'apanage de ceux qui partent les premiers. » en baissant les yeux, s'évitant l'espace d'un instant la vision de la tombe de leur amie. Tout cela n'avait aucun foutu sens ; Joanne aurait pu être en train de jouer avec son fils, de cajoler sa fille, de travailler sur sa thèse, de redécorer la chambre d'amis dont elle avait fait son bureau. Elle y avait droit, elle le méritait, et cela aurait dû suffire à chasser la maladie. « Elle a toujours eu les meilleurs conseils et Dieu sait que j’en aurais besoin en ce moment. Je donnerai beaucoup pour revoir son regard réprobateur se poser sur moi. » Esquissant un léger sourire, le brun avait relevé les yeux vers Jenna « Ça fait vingt-sept ans et j'entends encore ma mère houspiller quand je laisse des miettes sur la table de la cuisine. » Certains soirs, il jurait pouvoir encore sentir l'odeur de menthe poivrée qu'il associait à son père, et s'il avait souvent l'impression d'avoir oublié le son de sa voix le son exact de son rire lui revenait parfois en tête de manière fugace – et son père ne riait pas souvent, rendant le souvenir d'autant plus précieux. « T'as pas besoin qu'elle soit là pour savoir ce qu'elle te conseillerait. Laisse faire ton instinct. » Peu importe de quoi il retournait, et à quel point Joanne aurait été de bon conseil. Il aurait aimé les entendre, lui aussi. Pouvoir écouter Joanne lui assurer qu'il avait fait le bon choix concernant Mo, quand bien même ils avaient déjà eu maintes fois l'occasion d'en discuter au fil de ces derniers mois. L'avis de Joanne sur la question l'avait rassuré, entourée qu'elle était de son aura de mère de famille. « Tu as vu ses enfants ? Ils vont bien ? » Elle avait eu l'air de lire dans ses pensées, et laissant passer une seconde Hassan avait secoué la tête « Autant qu'on puisse. Louise est un peu jeune pour comprendre le côté définitif de la mort, mais elle a du mal à lâcher son père. » Au grand dam des parents de Joanne, obligés de composer avec cet ancien beau-fils qu'ils n'avaient jamais porté dans leur cœur. « Et Jane m'a dit que Daniel n'ouvrait pas beaucoup la bouche, il est un peu dans son monde … Je suppose qu'il apprivoise les choses à son rythme. » L'aîné n'avait toujours eu d'yeux que pour sa mère, lui, et l'on sentait bien qu'il mettait tout son coeur dans le fait d'appliquer les conseils et recommandations que Joanne avait pu lui faire : qu'il avait le droit d'être triste, que cela ne durerait pas toute la vie, et qu'il ne devait jamais oublier que sa maman les aimait sa sœur et lui plus que tout au monde. « C'est tellement injuste … » avait finalement soufflé Hassan avec amertume. « Elle les a aimés de tout son cœur, et ils se souviendront à peine d'elle. » C'était dans l'ordre des choses, bien sûr ; Ils grandiraient, apprivoiseraient une vie dont Joanne ne faisait pas partie, verraient sans doute leur père refaire sa vie avec quelqu'un d'autre. Et malgré toute l'animosité que pouvait ressentir Hassan vis-à-vis de Jamie, il ne lui souhaitait pas moins que cela. « Elle était tellement faite pour ça. Être mère. Elle aurait mérité de pouvoir en profiter plus que ça. » Plus que les huit années écoulées depuis la naissance de Daniel, après bien des années d'échecs et de faux-espoirs auxquels avaient successivement assisté Hassan, puis Jamie. Combien de fois l'enseignant avait-il séché ses larmes après un énième test négatif ? Combien de fois avait-il eu le coeur serré, lui, de repenser à cet enfant qu'ils auraient peut-être (ou non) eu si elle ne l'avait pas perdu en même temps qu'Hassan apprenait à cohabiter avec la maladie venue le frapper en vol ? Auraient-ils eu d'autres chances, s'ils ne s'étaient pas séparés, ou leur divorce avait-il été la condition sine qua non pour permettre à la blonde d'aller au bout de ses rêves de maternité ? Tant de questions qui n'auraient jamais de réponse, et qu'Hassan avait chassées en secouant la tête, se débarrassant au passage de la larme solitaire venue perler au coin de son œil.
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| | | | (#)Dim 2 Juil 2023 - 15:00 | |
| somewhere along in the bitterness @Hassan Jaafari & Jenna CaldwellDans un groupe d’amis, il y a toujours un individu qui peut être assimilé à de la glu, c’est à dire, une personne qui vous lie les uns aux autres. Ce rôle était pour toi celui que Joanne avait endossé au fil des années et des disputes qui avaient pu intervenir au sein du groupe. Son obsession à ce qu’Hassan et toi vous réconciliez en était la preuve ultime. Tu espérais qu’elle avait réellement cru aux mensonges que vous lui aviez débités, apparemment pour son bien, pour qu’elle parte en paix. Le faussé entre Hassan et toi n’avait fait que se creuser au fil des années et tu ne doutais pas que d’une manière ou d’une autre, il trouverait le moyen de te reprocher les derniers excès de Rhett. Avec un peu de recul, tu voyais désormais cela comme un compliment plus qu’une accusation. Cela faisait un long moment que tu savais que tu n’avais pas ce type d’emprise sur ton premier petit ami. Rien de ce que tu ne pouvais dire ou faire ne le ferait plonger dans quoi que ce soit mais tu étais une cible facile vu que tu semblait toujours choisir les plus mauvais moments pour te matérialiser. « Ouais, c'est souvent l'apanage de ceux qui partent les premiers. » Tu hoches la tête ne cherchant pas à croiser son regard. Chaque interaction avec Hassan amenait à une dispute ou en tout cas vous finissiez par hausser le ton. Il était hors de question que cela arrive aujourd’hui devant la tombe de Joanne à qui vous aviez fait croire que vous aviez fait la paix et que vous étiez en train de reconstruire votre relation d’antan. Il était tellement loin le temps où Hassan et toi étiez proches que tu avais du mal à te le remémorer. Joanne te manquait terriblement, c’était pour cela que tu venais sur sa tombe régulièrement. Tu avais d’autres amies mais Joanne était celle à qui tu avais envie de confier cette grossesse qui te déstabilisait toi mais aussi toute la vie que tu avais essayé de reconstruire à Brisbane. « Ça fait vingt-sept ans et j'entends encore ma mère houspiller quand je laisse des miettes sur la table de la cuisine. T'as pas besoin qu'elle soit là pour savoir ce qu'elle te conseillerait. Laisse faire ton instinct. » Cette phrase te fit prendre conscience du fait que tu n’étais pas la seule affectée par une série de deuils qui te touchaient au plus haut point. Tu savais qu’Hassan avait raison, tu savais ce que Joanne t’aurait conseillé mais vos échanges te manquaient. Elle te connaissait mieux que personne, tu n’avais jamais rien pu lui cacher. Pas même cette fausse couche que tu avais fini par lui avouer à ton retour en Australie. « Je vois ce que tu veux dire. Je ne cesse d’entendre ma tante me dire d’arrêter d’hésiter et de me lancer. » Ton coeur se serra en pensant à cette tante que tu avais perdu elle aussi d’un cancer. Quand les médecins vous disent que c’est la maladie du siècle, ils ne se trompent pas de beaucoup …
Alors pour relancer la conversation tout en restant sur des sujets non explosifs, tu prends les nouvelles des enfants de Joanne. Tu les as croisés plus que tu ne les as vus, ils sont pour toi deux petites têtes sur une photo plus que des êtres à part entière mais ce sont eux qui souffrent en premier lieu de cette absence. « Autant qu'on puisse. Louise est un peu jeune pour comprendre le côté définitif de la mort, mais elle a du mal à lâcher son père. Et Jane m'a dit que Daniel n'ouvrait pas beaucoup la bouche, il est un peu dans son monde … Je suppose qu'il apprivoise les choses à son rythme. » Il semblait y avoir un consensus sur Jamie entre vous même si vous en aviez peu parlé. Tu ne portais pas l’homme dans ton coeur et cela avait amené à un éloignement avec Joanne à une époque mais peu importe ce que tu pensais de lui. S’il était là pour ses enfants, il remonterait un peu dans ton estime. « Ils sont tellement jeunes … Mais ils sont entourés, cela ne peut que les aider. » Il aurait été terrible qu’ils se retrouvent liés à eux-mêmes mais les parents de Joanne, leur père et certainement Hassan ne laisseraient pas cela arriver. Vous aviez tous fait des promesses à Joanne et tu ne doutais pas que celles faites par Hassan étaient plus importantes que les tiennes. « C'est tellement injuste … Elle les a aimés de tout son cœur, et ils se souviendront à peine d'elle. Elle était tellement faite pour ça. Être mère. Elle aurait mérité de pouvoir en profiter plus que ça. » Peu importe la manière dont vous envisagiez la situation, la mort de Joanne n’était pas juste et ne le serait jamais. Pour cette raison comme pour toutes les autres. On vous l’avait enlevée trop tôt mais bien sûr ce seront ses enfants qui en souffriront en premier lieu. Tu savais à quel point l’envie de devenir mère avait été présente chez ton amie, bien plus que chez toi d’ailleurs. Son rêve s’était réalisé mais avait été de trop courte durée. « Joanne était un ange, elle aurait mérité tellement de choses que la liste serait trop longue à faire ici. » Dis-tu simplement en réponse à Hassan. Après un court silence, tu ajoutais : « Encore une fois, nous avons la preuve que la vie n’a rien de juste. » Tu haussais les épaules à la fin de tes paroles. Vous ne pouviez pourtant pas lutter contre cette force invisible qui vous graciait des fois alors que d’autres fois elle s’abattait sur vous jusqu’à vous anéantir. « Ses enfants n’oublieront jamais son amour et sa dévotion pour eux, j’en suis persuadée. » Quand l’amour de Joanne, peu importe sa nature, vous touchait, vous ne pouviez pas en sortir indemne. Le silence s’installa de nouveau entre vous. Votre dernier échange s’était fait par texto et avait été tout sauf cordial. Pourtant tu avais joué le jeu qu’Hassan t’avait demandé de jouer. Rien que pour lui prouver que tu n’étais pas aussi mesquine qu’il pouvait le penser. « Je suis partie en Europe après la mort de Joanne, pour changer d’air et voir un ancien ami. J’ai fait un détour par la Suisse avant de partir. » Dis-tu calmement toujours sans regarder Hassan. Sa réaction ? Tu ne la connaissais pas. Soit il s’offusquerait comme à son habitude, soit il voudrait des nouvelles de son ami qui ne lui en avait pas donné d’après les dires de Rhett. Il finira par le faire quand il s’apercevra de la débilité de sa démarche mais cela prend toujours un peu de temps avec le jeune homme.
je suis désolée du retard |
| | | | (#)Lun 9 Oct 2023 - 8:00 | |
| Let him know that you know best 'Cause after all, you do know best, try to slip past his defense without granting innocence, lay down a list of what is wrong, the things you've told him all along and pray to God he hears you, and I pray to God he hears you, and where did I go wrong ? I lost a friend somewhere along in the bitterness. ☆☆Le deuil était une drôle d’affaire, et les souvenirs d’êtres chers qui traversaient l’épreuve du temps n’étaient souvent pas ceux auxquels on s’attendait de prime abord. Lorsqu’Hassan pensait à son père, c’était le souvenir de sa joue d’enfant posée contre son bras tandis qu’il lisait le journal installé sur un antique fauteuil en cuir râpé vert qui lui venait en premier, et parce que Kaveh Jaafari était de son vivant un homme de peu de mots, le son de sa voix n’était plus qu’un souvenir flou et imprécis dans la tête du professeur. La voix de sa mère, à l’inverse, lui revenait encore avec une clarté presque déconcertante, mais les traits de son visage lorsqu’il le croisait en photo semblaient parfois être ceux d’une inconnue. Voilà l’effet de vingt cinq années d’une vie sans eux sur le souvenir qu’en avait Hassan, et non sans une certaine morosité il se demandait lesquels parmi la multitude de souvenirs qu’il possédaient de Joanne résisteraient à l’épreuve du temps. « Je vois ce que tu veux dire. Je ne cesse d’entendre ma tante me dire d’arrêter d’hésiter et de me lancer. » De se lancer dans quoi ? A une époque l’enseignant aurait posé la question sans la moindre hésitation, mais aujourd’hui ce qui le liait à Jenna n’était plus fait de confidences ou d’indiscrétions, aussi s’était-il contenté d’acquiescer silencieusement et de lui offrir un sourire compatissant. La disparition de Joanne n’était pas synonyme de miracle, et les lambeaux de l’amitié qui unissait un temps Jenna et Hassan ne semblaient pas pouvoir se rattraper même dans de pareilles circonstances. Peut-être parce qu’ils s’étaient trop déçus, qu’ils s’étaient fait trop de mal, ou peut-être seulement avaient-ils pris des chemins trop différents pour se retrouver à nouveau à un croisement. Leur amie désormais disparue, ils perdaient la seule raison encore susceptible de pouvoir les réconcilier, et bien qu’entièrement due au hasard, cette rencontre sur le lieu même où reposait Joanne ressemblait à une ultime tentative de les pousser l’un vers l’autre sans qu’aucun des deux ne sache véritablement quoi en faire. La blonde restait le seul sujet de conversation à avoir du sens, et ce qu’il adviendrait de sa progéniture la suite logique à la discussion pour ne pas sortir des clous. « Ils sont tellement jeunes … Mais ils sont entourés, cela ne peut que les aider. » Les aider, mais pas compenser l’absence d’une mère que personne ne remplacerait. « Leur père prévoit de retourner vivre avec eux en Angleterre. C’est ce que m’ont dit les parents de Joanne. » Et si Hassan avait pour sa part accueilli la nouvelle avec une certaine fatalité, et même pas autant de surprise qu’il ne l’aurait pensé, elle était beaucoup plus difficile à encaisser pour Jane et Martin Prescott, qui désormais privés de leur benjamine allaient devoir également apprendre à composer avec l’absence et la distance de leurs petits-enfants. « Joanne était un ange, elle aurait mérité tellement de choses que la liste serait trop longue à faire ici. Encore une fois, nous avons la preuve que la vie n’a rien de juste. » La forme mettait le brun un peu mal à l’aise, pas vraiment du genre à canoniser les défunts ou à se perdre en hyperboles, et préférant garder le silence il s’était contenté de hocher la tête lorsque Jenna avait ajouté « Ses enfants n’oublieront jamais son amour et sa dévotion pour eux, j’en suis persuadée. » bien qu’acquis malgré lui à l’idée que Daniel et Louise oublieraient forcément ; parce que leur âge ne leur permettrait pas l’inverse. Des poches dans lesquelles elles étaient jusque-là glissées, les mains d’Hassan s’étaient perdues un instant dans sa barbe et dans sa tignasse et de politesses en échanges de souvenirs un peu gauches, il lui semblait que sa conversation avec Jenna arrivait au bout de ce qu’elle pouvait donner sans dévier sur leurs rancœurs respectives. La rousse, néanmoins, ne semblait pas aussi résolue que lui sur la question et avait profité du silence installé dans la conversation pour reprendre « Je suis partie en Europe après la mort de Joanne, pour changer d’air et voir un ancien ami. J’ai fait un détour par la Suisse avant de partir. » Gardant pour lui ses premières pensées, Hassan s'était contenté de secouer la tête d’un air las « Tu peux vraiment pas t’en empêcher, uh ? » Le ton sonnait comme une fatalité plus que comme un reproche, et puisque la question n’en était pas réellement une il n’avait pas attendu que la jeune femme y réponde pour secouer la tête et balayer la chose d’un geste de la main « J’espère que ça valait le coup. Faire autant de kilomètres pour risquer de compromettre ce pourquoi son frère et moi on s’est donné autant de mal. » Qu’elle était égoïste, Jenna. À n’agir que selon ses envies, ses caprices, sans se donner la peine de questionner le fait que ce qui était le mieux pour elle-même ne l’était pas forcément pour les autres. « C’était notre dernière carte. Si ça foire à cause de tes manigances, t’auras tout ce qui suivra sur la conscience. » Aurait-elle seulement le cran de l’assumer cette fois-ci ? Il n’était même pas certain.
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| | | | (#)Mar 10 Oct 2023 - 19:25 | |
| somewhere along in the bitterness @Hassan Jaafari & Jenna CaldwellIl restera toujours au fond de ton cœur un sentiment d’inachevé. Tu avais fait de ton mieux pour profiter de la compagnie de Joanne depuis ton retour à Brisbane mais cela n’aurait jamais été assez. Aujourd’hui, tu essayais d’écouter les conseils qu’elle aurait pu te donner. Joanne, plus que beaucoup de tes connaissances, était une personne unique qu’il serait bien vain d’essayer de remplacer. Faire son deuil allait prendre du temps. Tu ne savais pas combien, tu ne savais même pas comment t’y prendre mais tu allais devoir le faire. Et cette fois, il n’y avait personne pour partager ta peine. Les personnes que tu partageais avec Joanne n’étaient plus dans ta vie. Oui, tu continuais à voir Rhett, par épisode mais vous viviez deux vies parallèles qui ne se croisaient que quelques fois, presque par hasard. Et ce n’était pas Hassan qui allait t’accompagner dans ton deuil. Joanne avait rêvé de vous voir tous les deux faire la paix mais il semblait que les blessures étaient trop profondes pour cela. La discussion dériva de Joanne à ses enfants qui se retrouvaient orphelin de leur mère en étant si jeunes. Tu essayais de trouver du réconfort dans le fait qu’ils ne seraient pas seuls, qu’ils étaient entourés. Tu n’avais pas ta place à leurs côtés, tu avais disparue et Jamie ne t’avait jamais porté dans son cœur. Mais cela t’importait peu, tu savais que Jamie avait aimé Joanne profondément et qu’il ferait vivre sa mémoire auprès de ses enfants. « Leur père prévoit de retourner vivre avec eux en Angleterre. C’est ce que m’ont dit les parents de Joanne. » Tu hoches la tête, pas vraiment étonnée. Tu peux comprendre le besoin de changer d’air, le besoin de fuir un lieu qui vous rappelle sans cesse ce que vous aviez perdu. Cette décision fera des déçus, elle désespèrera certaines personnes mais peut-être que c’était ce dont ils avaient besoin, là, tout de suite. « Je peux les comprendre. La fuite est parfois la seule issue pour ne pas sombrer. » Hassan pouvait lui aussi le comprendre. Il avait fui l’amour de Joanne quand son cancer était arrivé. Tu ne l’avais compris que des années plus tard bien sûr mais c’était pareil.
Un silence s’était installé entre vous et puis tu avais décidé d’ouvrir la bouche. Ton but était de pouvoir rassurer Hassan, de lui donner des nouvelles de son ami qui refusait de le contacter. Mais cet objectif tomba à l’eau dès que tu sentis l’attitude d’Hassan changer à tes côtés. Vous n’étiez plus deux vieilles connaissances endeuillées, vous repartiez dans de mauvaises habitudes. « Tu peux vraiment pas t’en empêcher, uh ? » Tu fermais les yeux pour ne pas laisser la colère te gagner. La vérité c’était que tu n’avais plus la force de te battre contre Hassan pour cette même histoire. Il n’avait toujours pas compris que vous étiez dans le même camp. Que toi aussi, tu ne voulais que le bien-être et le bonheur de Rhett. Que tu n'attendais rien de lui, que tu n’avais jamais rien attendu de lui depuis votre séparation. « J’espère que ça valait le coup. Faire autant de kilomètres pour risquer de compromettre ce pourquoi son frère et moi on s’est donné autant de mal. » Tu te retins de lever les yeux au ciel préférant laisser échapper un infime soupir. Tu n’étais pas allée en Europe pour voir Rhett. Tu étais allée en Europe pour changer d’air, pour profiter des musées de la capitale parisienne et pouvoir entamer le deuil de ton amie. Mais ça, Hassan ne voudra pas l’entendre et te dira que tu mens. « C’était notre dernière carte. Si ça foire à cause de tes manigances, t’auras tout ce qui suivra sur la conscience. » Tu serres les poings parce que tu en as assez. Tu en as assez de devoir être celle qui doit assumer les erreurs de Rhett. Surtout quand tu n’as pas fait partie de sa vie depuis votre séparation. Tu n’as essayé de le contacter qu’une unique fois. Il avait fait son overdose par la suite mais tu doutais que le contenu de cette lettre ait pu déclencher une pareille réaction. C’était totalement disproportionné et te donnait un rôle dans la vie de Rhett que tu avais assez de clairvoyance pour savoir ne pas tenir. « Tu sais que c’est Joanne qui a fait en sorte que Rhett et moi on se revoit ? En rentrant de New York, je n’ai jamais eu comme projet de le recontacter mais Joanne nous a forcé la main. » Dis-tu à Hassan. Tu n’avais pas envie de te battre, tu n’avais pas envie de faire trois pas en arrière mais tu veux tout de même essayer de faire comprendre à Hassan à quel point son accusation te semble infondée. « Je serais presque touchée de l’importance que tu penses que j’ai dans la vie de Rhett. Quand on a eu notre discussion à l’hôpital, je traversais une période difficile. J’ai été voir un psychologue pour digérer tout ça et je ne vois pas ce qui aurait pu pousser Rhett à prendre des cachets dans ma lettre. » Tu t’étais longtemps posée la question. Tu te souviens très bien de son contenu, de l’état dans lequel tu te trouvais à ce moment-là. Elle n’était pas parfaite, loin de là mais il n’y avait rien qui accusait Rhett ou l’accablait à l’intérieur. Tu avais été plus nostalgique qu’autre chose. « Ce que je voulais en allant le voir c’était de lui permettre d’avoir une présence familière pendant une heure ou deux, rien de plus. Et je t’en parlais pour te donner des nouvelles. » Tu hausses les épaules. Tu en as assez d’être le vilain petit canard, de te laisser démonter par les paroles que pouvaient avoir Hassan. « Si tu as besoin de croire que c’est moi qui suis la cause de tous les maux de Rhett, très bien. Moi, je pense que tu lui cherches des excuses car vous n’arrivez pas à expliquer pourquoi il en est arrivé là. Je n’ai plus d’emprise sur Rhett depuis longtemps et si j’en avais, je chercherai à le sortir de là, pas à l’enfoncer. » Vous n’étiez que de vieilles connaissances qui se voyaient de temps en temps. Tu ne confieras pas à Hassan le sujet principal de conversation lors de ta visite à Rhett, tu savais déjà qu’il t’accusera d’être égoïste et de ne penser qu’à toi. « Je n’ai plus la force de me battre avec toi sur ce sujet. » Finis-tu par murmurer laissant ton regard s’embuer et se perdre sur la tombe de votre amie. Peut-être que vous aviez besoin d’en parler. Cela ne changera sans doute rien mais au moins vous aurez dit ce que vous aviez sur le cœur. |
| | | | (#)Ven 24 Nov 2023 - 6:51 | |
| Let him know that you know best 'Cause after all, you do know best, try to slip past his defense without granting innocence, lay down a list of what is wrong, the things you've told him all along and pray to God he hears you, and I pray to God he hears you, and where did I go wrong ? I lost a friend somewhere along in the bitterness. ☆☆Le départ prochain des enfants de Joanne, s’il ne concernait pas directement Hassan pour autre chose que la déception de voir Mo perdre le copain de jeu qu’il avait trouvé en la présence de Daniel, attristait néanmoins l’universitaire en ce qu’il avait conscience du crève-coeur que cela représentait pour Jane et Martin Prescott. Leur fils s’étant exilé sur un autre continent bien des années auparavant, Joanne était la seule de leurs enfants avec laquelle ils aient continué de construire un lien, et maintenant qu’ils pleuraient sa disparition voilà qu’on leur retirait le seul lien qui leur restait avec elle. Dans un monde idéal, Jamie était capable de mettre de côté ses frictions avec ses anciens beaux-parents pour permettre à ses deux enfants de continuer à entretenir avec eux un semblant de relation, même si cela devait se faire à distance et au prix d’allers-retours en avion que l’anglais avait largement les moyens de leur offrir. Dans la réalité, le Keynes avait déjà à maintes reprises fait état de son manque de largesse avec la famille de Joanne, et Hassan pour sa part ne pouvait que souhaiter silencieusement que son successeur mette un peu d’eau dans son vin, pour le bien de ses enfants. « Je peux les comprendre. La fuite est parfois la seule issue pour ne pas sombrer. » avait pour sa part répondu Jenna d’un ton songeur, n’arrachant au brun qu’un sourire amer. Elle parlait en connaissance de cause, il est vrai, mais que cela lui serve à prendre le parti de Jamie plutôt que des Prescott avait quelque chose d’un peu ironique. Mais Jenna, comme eux tous, voyait les événements de ces dernières semaines par le prisme de ses propres intérêts, de ses propres soucis. Elle ne heurtait pas tant les sentiments des Prescott ou du souvenir de Joanne que ceux d’Hassan, avec ses mots, tout comme la révélation qui avait suivi agaçait le brun bien plus qu’elle n’avait dû agacer Rhett, incapable de se défaire pour de bon de l’aura de son ancienne flamme, même des années après la consommation de leur séparation. L’environnement stérile que devait représenter la parenthèse en Suisse voulue par Ruben et Hassan avait pourtant un but, et tendait à laisser Rhett panser ses plaies (psychiques, celles-ci) loin de tout ce qui faisait son quotidien, loin de tout ce qui en bon ou en mauvais n’avaient pas su le tirer de la pente sur laquelle il se laissait glisser depuis trop longtemps. C’était tout cela que Jenna mettait en péril en rompant la bulle dans laquelle ils avaient tenté d’enfermer Rhett, et ce qui devait être un dernier recours semblait tout à coup piétiné par le besoin de la rousse de n’en faire qu’à sa tête, et de ne pas faire un pas en arrière pour observer le global d’une situation. « Tu sais que c’est Joanne qui a fait en sorte que Rhett et moi on se revoit ? En rentrant de New York, je n’ai jamais eu comme projet de le recontacter mais Joanne nous a forcé la main. » Hassan ne voyait pas le rapport, et sans qu’il n’ait à le verbaliser son attitude et l’expression sur son visage se chargeaient bien de le faire savoir, poussant son ancienne amie à poursuivre ses justifications. « Je serais presque touchée de l’importance que tu penses que j’ai dans la vie de Rhett. Quand on a eu notre discussion à l’hôpital, je traversais une période difficile. J’ai été voir un psychologue pour digérer tout ça et je ne vois pas ce qui aurait pu pousser Rhett à prendre des cachets dans ma lettre. » Secouant cette fois-ci la tête, Hassan s’était fendu d’un éclat de rire amer « Arrête, Jenna. Tu peux te raconter tous les mensonges que tu veux sur l’importance qu’a eu votre relation si ça t’aide à moins culpabiliser, mais t’as pas vu l’état dans lequel il était après votre rupture. C’était peut-être pas important pour toi, mais ça l’était pour lui. Il aurait pas mis dix ans à le digérer, sans ça. » Il n’aurait peut-être pas fui à l’autre bout du monde non plus, sans cela, mais à ce sujet l’enseignant avait envie de croire que les opportunités de carrière saisies par Rhett l’étaient malgré tout par passion pour le ballon ovale plutôt que par dépit amoureux. « Cette lettre tu l’as écrite pour toi avant de l’écrire pour lui, sois honnête. Tu pensais pas qu’elle aurait de telles conséquences, j’en doute pas, mais épargne-moi le numéro de la colombe innocente qui a agi par pure bonté d’âme. » Le timing était aussi fautif qu’elle, il consentait de lui accorder cela, mais elle possédait une part de responsabilité dont il refusait de la délester, par pure rancœur il est vrai. De la même manière, il refusait de croire qu’elle se soit rendue jusqu’en Suisse pour autre chose qu’elle-même. Jenna n’était pas mère Theresa, et ne pouvait pas minimiser l’importance de sa relation avec Rhett pour la seconde suivante prétendre avoir parcouru des milliers de kilomètres simplement pour le voir “une heure ou deux” comme elle l’avait prétendue aussitôt la parole reprise : « Ce que je voulais en allant le voir c’était de lui permettre d’avoir une présence familière pendant une heure ou deux, rien de plus. Et je t’en parlais pour te donner des nouvelles. » – « Bien sûr. Tu as fait le voyage jusqu’en Europe juste pour lui tenir la main et lui parler de la pluie et du beau temps une heure ou deux, parce que t’es ce genre de Sainte. » À d’autres peut-être, si elle trouvait un public suffisamment crédule pour y adhérer, mais pas à lui qui l’avait côtoyée durant dix ans. La lassitude et la fatigue se lisant néanmoins sur le visage de l’artiste, elle avait passé une main dans ses cheveux en réprimant un soupir. « Si tu as besoin de croire que c’est moi qui suis la cause de tous les maux de Rhett, très bien. Moi, je pense que tu lui cherches des excuses car vous n’arrivez pas à expliquer pourquoi il en est arrivé là. Je n’ai plus d’emprise sur Rhett depuis longtemps et si j’en avais, je chercherai à le sortir de là, pas à l’enfoncer. » Les sourcils se fronçant avec reproche, Hassan avait rétorqué « C’est ce qu’on fait à tes yeux, l’enfoncer ? » sur la défensive. « Tu penses que c’est de gaieté de cœur qu’on l’a envoyé là-bas, qu’on a pas tout essayé avant ça ? Ça te va bien de nous donner des leçons maintenant, mais t’arrive un peu tard : lui chercher des excuses c’est déjà ce qu’on a fait pendant des années, et ça a été notre erreur, mais là y’a un moment qu’on a dépassé ce stade. Il a aucune envie d’être là-bas, je le sais, son frère et sa sœur le savent, mais là on parle de me garder en vie, Jenna. Je me moque qu’il en veuille à la terre entière, si c’est la seule façon d’éviter qu’il se foute en l’air. » Et il se moquait encore plus que son ancienne amante se sente subitement le devoir de plaider sa cause, pour tenter de se racheter une conscience auprès de quelqu’un dont elle avait fait mine de ne pas se soucier pendant les années où cela l’arrangeait. « Je n’ai plus la force de me battre avec toi sur ce sujet. » Malgré cela elle l’avait mis elle-même sur le tapis, et Hassan de fait peinait un peu à la croire quand bien même la lassitude avec laquelle elle venait de s’adresser à lui semblait sincère. « Et moi j’aurai pas la force de fleurir une tombe de plus ici. » Ses deux parents et la femme qu’il avait un jour choisi d’épouser, cela lui semblait bien suffisant pour estimer avoir droit à un peu de répit. « Je ferais mieux d’y aller. » Ils n’avaient plus rien à se dire – une fois de plus – et peut-être était-il temps qu’ils en tirent enfin une leçon, et cessent de s’accrocher en souvenir de quelqu’un qui n’était plus là assister à la débâcle. « Tu sais je … ça me fait pas plaisir. Qu’on soit plus capables de s’entendre. De se comprendre. J’t’assure. » Et qu’il n’ait pas envie de brader une énième fois sa rancoeur et ses ressentis ne signifiait pas qu’il n’aurait pas préféré qu’il en soit autrement. « Prends soin de toi, Jenna. » C’était tout ce qu’il se sentait en droit de lui souhaiter sans avoir l’impression de manquer de sincérité. Car il ne lui souhaitait pas de mal, au fond, tant parce que ce n’était pas dans sa nature que parce qu’elle restait quelqu’un qui avait compté, et pour qui il avait eu de l’affection. Il n’avait plus envie de la voir, plus envie de lui parler et de se battre avec elle, mais lui souhaitait comme à lui-même de trouver un apaisement dans le cheminement du deuil.
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| | | | (#)Ven 19 Jan 2024 - 11:31 | |
| somewhere along in the bitterness @Hassan Jaafari & Jenna CaldwellComment est-ce que la vie choisissait ses victimes ? Pourquoi est-ce que ta tante et ton amie vous avez quittées alors que toi tu respirais toujours ? Voilà des questions que tu te posais régulièrement. Tu n’avais rien fait de plus ou de mieux au cours de ta vie. Certaines personnes, dont ton interlocuteur, n’hésiteraient pas à te faire remarquer que tu avais même fait des choix plutôt douteux et que cela aurait dû être toi en premier. Le plus ironique c’était qu’il t’arrivait de penser qu’ils avaient raison. Mais tu étais là, envers et contre tous et il te fallait continuer à avancer. Il te fallait avaler les couleuvres et continuer à faire un pas devant l’autre tout en prenant les différents coups de vents que la vie t’envoyait. Cette grossesse en était une d’ailleurs mais tu te garderais bien d’en parler à Hassan. Tu ne pus t’empêcher de penser tristement qu’il fut un temps, il aurait fait parti des premières personnes au courant de cet heureux évènement. Aujourd’hui, tu en étais presque à espérer qu’il ne l’apprendrait jamais. La haine que ressentait Hassan à ton égard était bien trop installée pour qu’elle ne se répercute pas sur ton enfant à qui il trouverait le moyen de reprocher sa pure existence. Enfin, si cet enfant naissait vraiment, ce dont tu étais loin d’être sûre pour l’instant. La tombe de Joanne était censée être un lieu de paix, un lieu de recueillement mais en mettant Rhett sur le tapis, tu avais réveillé le monstre qui se déchainait entre vous. Encore une fois, tu n’avais pas voulu mal faire mais c’était ce dont on t’accusait, encore et toujours, en boucle, sans arrêt. « Arrête, Jenna. Tu peux te raconter tous les mensonges que tu veux sur l’importance qu’a eu votre relation si ça t’aide à moins culpabiliser, mais t’as pas vu l’état dans lequel il était après votre rupture. C’était peut-être pas important pour toi, mais ça l’était pour lui. Il aurait pas mis dix ans à le digérer, sans ça. » Tu ne peux t’empêcher de laisser échapper un rictus à ces paroles. Pas important pour toi ? Il n’y avait vraiment qu’Hassan pour penser une connerie pareille. Bien sûr, lors de votre rupture, vous n’étiez déjà plus de très bons amis, plus des connaissances qui se voyaient quand Rhett vous réunissaient. Il n’avait pas idée de ce que tu avais traversé. Cette décision de quitter Rhett, tu ne l’avais pas prise à la légère ou de gaité de cœur. Mais Hassan avait toujours aimé te donner le rôle de la méchante. « Cette lettre tu l’as écrite pour toi avant de l’écrire pour lui, sois honnête. Tu pensais pas qu’elle aurait de telles conséquences, j’en doute pas, mais épargne-moi le numéro de la colombe innocente qui a agi par pure bonté d’âme. » Bien sûr que tu avais écrit la lettre pour toi. Tu avais eu envie de recréer un lien, de retrouver un semblant de quelque chose, une familiarité qui t’était nécessaire à ce moment précis de ta vie. Tu secoues la tête doucement. Peu importe ce que tu diras, dans l’histoire d’Hassan, tu ne pourras être que la méchante, la source de tous les maux. Il en faut toujours un, c’est plus facile de blâmer un méchant que de regarder la réalité en face. « J’ai dit ce que j’avais à dire. Tu m’as écrite dans le rôle de la méchante depuis longtemps et tu n’as jamais pris la peine de prendre ma version en compte. Donc je serai la méchante de ton histoire, il en faut bien une après tout. » Tu hausses les épaules. Tu le lui as dit, tu n’as plus la force ou l’énergie de te battre avec Hassan. C’est épuisant et cela ne mène à rien. Il n’a jamais voulu essayer de voir les choses de ton point de vue alors cela n’allait pas commencer maintenant.
Alors que la conversation se poursuit, le ton monte. Pourquoi es-tu surprise ? Vous aviez peut-être pu berner Joanne lors des derniers instants de sa vie mais vous ne pouviez plus la berner maintenant qu’elle n’était plus des vôtres. Tu peux déjà entendre ses remarques et ses reproches mais il est trop tard désormais pour faire marche arrière. « Bien sûr. Tu as fait le voyage jusqu’en Europe juste pour lui tenir la main et lui parler de la pluie et du beau temps une heure ou deux, parce que t’es ce genre de Sainte. » Tu secoues la tête. Encore une fois, il déforme tout ce que tu lui racontes. Tu n’es pas allée en Europe pour Rhett. Tu as fait un détour par la Suisse pour voir Rhett, ça d’accord mais tu serais allée en Europe dans tous les cas parce qu’il t’était impensable de remettre les pieds aux Etats-Unis pour l’instant. Et parce que tu avais été accueillie chez un ami qui s’était montré ravi de te faire découvrir les musées de Paris. « J’ai fait le voyage parce qu’un ami m’avait invité à Paris et que j’avais besoin de prendre l’air. J’aurais été en Europe, peu importe la situation de Rhett. Mais ça, tu ne le croiras jamais. » Tu continuais à essayer de te défendre mais tu savais que ce n’était que du vent, rien de plus. Hassan avait cette impression que tu cherchais à harceler Rhett, à lui mettre des bâtons dans les roues alors que c’était tout le contraire. La seule chose que tu pouvais faire, c’était attendre et lui prouver que le fait que tu aies une minuscule place dans la vie de Rhett depuis ton retour à Brisbane ne changeait strictement rien. « C’est ce qu’on fait à tes yeux, l’enfoncer ? Tu penses que c’est de gaieté de cœur qu’on l’a envoyé là-bas, qu’on a pas tout essayé avant ça ? Ça te va bien de nous donner des leçons maintenant, mais t’arrive un peu tard : lui chercher des excuses c’est déjà ce qu’on a fait pendant des années, et ça a été notre erreur, mais là y’a un moment qu’on a dépassé ce stade. Il a aucune envie d’être là-bas, je le sais, son frère et sa sœur le savent, mais là on parle de me garder en vie, Jenna. Je me moque qu’il en veuille à la terre entière, si c’est la seule façon d’éviter qu’il se foute en l’air. » Encore une fois, ce n’était pas ce que tu avais dit et Hassan entendait ce qu’il avait envie d’entendre. Tu trouvais cela intéressant qu’il se soit focalisé sur ton dernier mot. Peut-être que lui s’en voulait d’en être arrivé là et de ne pas avoir pu faire autre chose pour Rhett plus tôt. Mais tu n’accusais personne et tu n’avais jamais dit que tu savais mieux que quiconque. Tu préférais ne rien répondre, c’était terminé de toute manière. « Et moi j’aurai pas la force de fleurir une tombe de plus ici. » Il te disait cela comme si tu étais un instrument de la mort probable de Rhett. Le pire, c’était qu’il en était certainement persuadé. « Je ferais mieux d’y aller. Tu sais je … ça me fait pas plaisir. Qu’on soit plus capables de s’entendre. De se comprendre. J’t’assure. Prends soin de toi, Jenna. » Tu avais beaucoup de mal à le croire. Tu étais prête à reconnaître beaucoup de tes erreurs mais pas celles dont tu n’étais pas l’autrice. Et il n’y avait qu’avec Hassan que tu n’avais pas pu arriver à un statut quo. Tu ne cherchais pas son pardon mais sa compréhension et tu ne l’aurais jamais malgré ses prétendues bonnes intentions. « Toi aussi. » Te contentas-tu de dire avant qu’il ne te tourne le dos. Tu le regardes s’éloigner car tu sais que c’est sans doute la dernière fois que vos chemins se croisent. En tout cas, il était clair que l’un comme l’autre vous ne feriez rien pour vous recroiser. Espérons que la vie respecteras au moins ce choix et ne vous forcera pas à avoir une nouvelle discussion de ce genre. Récupérant ton sac, tu envoies un dernier baiser à la tombe de Joanne avant de quitter toi aussi le cimetière, dans la direction opposée de celle d’Hassan. |
| | | | | | | | (jennassan) somewhere along in the bitterness |
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