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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/prettygirlgifhunt

Je l’ai trouvé là, simplement posé sur l'îlot central de la cuisine au sortir de la douche. Le manuscrit, imprimé sur du papier et relié par le genre de machine qu’on voit en entreprise, était sans prétention mais il a aiguisé ma curiosité. L’objet n’était pas là la veille et, l’espace d’un instant, je me suis demandé si Damon n’avait pas oublié de le glisser dans son sac avant de partir travailler. L’hypothèse n’a pas quitté mon esprit et, lorsque dévorée par la curiosité, j’ai tourné la première page - vide de titre et d’auteur - je me suis sentie coupable d’envahir le jardin secret de Damon. Nous nous sommes dévisagés un moment, le manuscrit et moi. J’ai jeté quelques coups d'œil à mon téléphone, ne parvenant pas à me décider quant à la conduite à adopter. Envoyer un message à l’Italien pour le prévenir qu’il avait oublié quelque chose dans la cuisine, en espérant qu’il me réponde qu’il l’a laissé pour moi ? Je n’ai pas résisté longtemps en l’envie d’assouvir mon envie d’en savoir plus. J’ai laissé ma culpabilité derrière moi, et j’ai attrapé le “livre” pour l’emmener dans ma chambre. Sans attendre, j’ai commencé à le lire en me séchant les cheveux, puis je l’ai poursuivi avec un café à la main. Vers midi, je lisais encore, le manuscrit posé à côté de la table de cuisson, lorsque je me suis préparé quelque chose de rapide à avaler. Je l’ai continué avec mon second café de la journée, j’ai versé quelques larmes en guise de digestion et, au milieu de l’après-midi, j’ai tourné la dernière page.

Je ne sais plus exactement à quel moment j’ai compris que Damon était l’auteur. Je crois que, quelque chose dans la naïveté de la plume et la douceur de l’histoire m’a mis la puce à l’oreille dès les premiers chapitres. Ma théorie s’est confirmée quand l’histoire a pris un nouveau tournant, un tournant plus tragique, et que j’ai senti la peine d’un auteur encore maladroit qui a mis son cœur dans son histoire et qui a souffert en même temps que ses personnages. Le roman parle d’amour, sans prétention. On sent au travers des pages que l’auteur se cherche, mais l’histoire est si bouleversante que je n’ai pas réussi à lâcher le livre avant de l’avoir terminé. Je ne lis que peu de simples romans d’amour, mais je reste lectrice qui cherche et attend de la romance au travers de récits fantastiques. L’histoire inventée et relatée par Damon est bien trop touchante pour laisser de marbre une férue de lecture comme moi, la fin trop poignante pour m’avoir laissée indifférente. C’est un bon premier ouvrage. C’est prometteur, c’est le travail de quelqu’un qui manque de confiance en lui - on le sent au travers des pages - mais qui sait raconter une histoire avec ses tripes, qui sait susciter un large panel d’émotions fortes.

Et lorsque j’ai posé le roman, ma première question est revenue : Damon voulait-il que je le lise ? J’ai séché mes larmes, puis j’ai remis le manuscrit exactement là où je l’avais trouvé. J’ai même attrapé mon téléphone pour ouvrir une application de prise de notes, et j’ai pianoté quelques remarques, quelques questions sur l’histoire et les personnages. J’ai poursuivi ma journée en compagnie des héros du roman de Damon, signe d’une histoire émouvante et bien ficelée et, la fin de journée approchant, je suis descendue acheter une bonne bouteille de vin, et de quoi cuisiner un plat de lasagne pour le soir. J’ai cuisiné avec un verre à pied à la main et, pendant les différents temps de cuisson, j’ai bu mon vin du bout des lèvres en tournant un peu au hasard les pages du manuscrit, relisant certains passages qui m’avaient marquée plus tôt, regrettant de ne pas en avoir surligné d’autres au fluo pour les retrouver et les annoter.

Quand Damon pousse la porte d’entrée - provoquant évidemment une manifestation d’euphorie et d’excitation de la part de Bowie, je sirote encore mon vin, concentrée à présent sur une partie de mario kart particulièrement endiablée. Il faut vraiment que je retrouve un boulot. Je me lève pour éteindre la télévision, l’accueillir comme un se doit - glisser un bras autour de ses épaules et l’embrasser - et du bout du menton, je désigne le four encore allumé. « J’ai fait des lasagnes. » Bon bras glisse dans son dos, et je reste ainsi collée contre lui un peu plus longtemps. « Elles seront certainement pas aussi bonnes que celles qu’on a mangées en Italie ou que ta recette de famille. » Au moins, sa mère n’a jamais levé le petit doigt pour quoi que ce soit : je ne serai pas comparée à une recette maternelle, autrement plus difficile à détrôner. « Mais je voulais essayer plutôt que de commander. Y’a du vin, aussi. » Et j’ai sorti un second verre à pied. Je me sépare de lui pour aller appuyer mes coudes sur l’ilôt de la cuisine, et je l’observe avec curiosité. « Depuis quand t’as des manuscrits d’histoire d’amour à la maison ? » La maison. Le terme est si agréable qu’il pourrait me faire tourner la tête, si je n’avais pas un but précis : celui d’en savoir plus. « Depuis quand t’écris des histoires d’amour ? » Je ne pose pas la question, je ne cherche pas à vérifier ma théorie : je fais confiance à mon instinct.

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@megan williams

(c) harley

***
Il avait hésité un bon bout de temps avant de partir de chez eux, ce matin là. Regardant le manuscrit posé à même le comptoir de la cuisine, sa tasse de café dans la main. Le soleil pointait à peine le bout de son nez dehors, les quelques pages imprimées resteraient encore quelque temps seules ici avant que l’autre personne présente dans cet appartement ne s’apercevaient de leur présence. Peut-être était-ce là la chose la plus idiote qu’il aurait jamais fait de sa vie, Damon - et pourtant, ces dernières semblaient s’accumuler sur les années passées. Mais après tout, d’ici à quelques temps, il aurait la possibilité de faire publier cet écrit et il ne se sentait pas de prendre cette décision tout seul. Il avait besoin d’un autre avis, de quelqu’un qui puisse l’aider et l’aiguiller - et quelle personne mieux placée que sa femme pour endosser ce rôle ? Alors, sans même laisser la moindre note pour indiquer quoi que ce soit, l’italien avait laissé le manuscrit avant de partir pour une longue journée à la MHI. Il s’y rendit en trainant des pieds, bien sur, pour ne pas changer les habitudes qu’il avait instauré ces derniers mois.

Si le soleil n’était pas encore totalement levé lorsqu’il était parti, ce dernier frôlait de nouveau dangereusement avec l’horizon lorsqu’il inséra la clef dans la serrure de l’appartement. Peut-être avait-il fait exprès de faire une, ou deux en réalité, heures supplémentaires. Peut-être avait-il peur de ce qu’il pourrait trouver en revenant chez lui le soir - et si Megan n’avait pas aimé ce qu’elle avait lu ? Et si elle avait tellement de choses à dire sur son écrit qu’il lui faudrait revoir tous les plans qu’il avait commencé à établir malgré lui dans son esprit ? Il avait les mains qui étaient prêtes moites, à force de ruminer dans son coin. Déglutissant, il poussa la porte et entra dans l’appartement. Le chien ne mit qu’un instant avant de le rejoindre pour lui faire la fête, et bien sur que cela arracha un petit sourire à Damon. « Salut toi. » Il laissa tomber sa manette dans l’entrée alors qu’il s’accroupit pour frotter le ventre de Bowie qui s’était étalé à ses pieds. Cela donnait un air tellement normal à cette fin de journée, ce genre de moment. Presque, il aurait oublié ce qu’il avait laissé derrière lui le matin même, source de cette angoisse sourde sur laquelle ses poumons appuyaient dès qu’il prenait une inspiration. Rapidement, le jeune homme se débarrassa également de sa veste et fit quelques pas à travers l’appartement - il avait cru entendre du bruit dans le salon, et se doutait bien que cela devait être Megan. Le joli minois de cette derrière apparu rapidement dans son champ de vision, en parlant d’elle. Et lorsqu’elle glissa son bras autour de ses épaules, et qu’elle déposa un baiser contre ses lèvres, il y avait une touche de normalité qui faisait du bien également. Pas qu’il aurait pu anticipé cela possible il y avait encore quelques mois, mais désormais il s’y faisait à une vitesse qui lui faisait peur même à lui.

« Hey. » Qu’il murmura simplement, frottant documente le dos de la blonde alors qu’elle restait auprès de lui. « J’ai fait des lasagnes. » Un fin sourire étira les lèvres de Damon. « Je me disais que j’avais reconnu l’odeur. » - « Elles seront certainement pas aussi bonnes que celles qu’on a mangées en Italie ou que ta recette de famille. » Il eut un petit rire. « Elles seront très bien. Je meurs de faim en plus. » Ce qui n’était pas totalement un mensonge: certes, son estomac était noué par l’angoisse et la nervosité, mais il avait vraiment faim par dessus ça. Et l’odeur était vraiment alléchante. « Mais je voulais essayer plutôt que de commander. Y’a du vin, aussi. » - « Rouge, j’espère ? » Il tentait l’espièglerie, il tentait de jouer sur la facilité que pouvait lui apporter cette situation. Si Megan avait cuisiné, cela voulait dire qu’elle avait passé une partie de la journée dans la cuisine et qu’elle n’avait pas pu passer à côté du manuscrit qu’il avait laissé posé là. Si ses mains étaient tout juste moites quelques instants avant, elles l’étaient définitivement en cet instant.

La jeune femme finit par s’extirper de leur mince étreinte pour s’accouder au dit-comptoir - et Damon dut faire des efforts monstres pour ne pas laisser son regard trainer partout de façon frénétique et désorganisée, plutôt que dans sa direction à elle. Il sentit qu’elle abordait le sujet avant même d’entendre les mot qui sortaient de sa bouche. « Depuis quand t’as des manuscrits d’histoire d’amour à la maison ? » - « Hm ? » Mine de ne pas avoir entendu, de ne pas comprendre - faites vos choix, il existait plusieurs bonnes réponses en cet instant. Assez en tous cas pour que les joues de Damon commencent déjà à changer de couleurs alors qu’elle effleurait juste le sujet. Il se dirigea sans relever la tête vers la bouteille de vin et le second verre à pied, se servant une dose dans ce dernier. Oh, il allait en avoir besoin pour canaliser ses émotions, là où ses mains tremblaient presque de nervosité. « Depuis quand t’écris des histoires d’amour ? » Il avait arrêté son verre à mi-chemin entre le comptoir et ses lèvres, dans un geste saccadé. Il n’y avait même pas l’once d’un doute, dans les paroles où le ton que prenait la voix de Megan. Elle savait, et ce sans qu’il n’ait eu besoin de confirmer quoi que ce soit. Ses joues étaient désormais en feu alors qu’il n’avait qu’à peine but une gorgée de vin. « Comment t’as su ? » Une poignée de secondes de silence s’était écoulée, avant qu’il n’arrive à formuler le moindre mot. Son coeur battait la chamade dans sa poitrine. « Je veux dire… J’ai rien noté dessus, et c’est même pas écrit à la main… Comment ? » Les mots de Damon étaient évidemment adressé à Megan, mais il n’arrivait pas à relever son regard pour affronter celui de sa femme, oh non. Là, c’était bien au delà de tous les honteux secrets qu’ils pouvaient partager: c’était le coeur de Damon, coulé à l’encre et incrusté dans du papier, qu’elle avait eu entre les mains. C’était bien plus intime à ses yeux que n’importe quoi d’autre. Bien sur, elle n’était pas la seule à avoir lu ces lignes puisque ce manuscrit avait vu le jour pour d’autres qu’elle; mais les autres ne portaient pas un regard sur lui comme elle pouvait le faire elle. Aussi: il n’essaya même pas de nier quelconque implication de sa part dans cette production, il en serait bien incapable - il n’y avait qu’à voir comment son corps régissait pour comprendre de toutes façons qu’elle avait raison de lui faire porter le chapeau.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/prettygirlgifhunt

Je suis autant frappée que transportée par la scène qui se déroule sous mes yeux. Bowie qui se couche sur le dos, sur les pieds de son maître et qui agite la queue ainsi que chaque muscle de son corps pour accueillir Damon comme il se doit, le jeune homme qui flatte le flanc de l’animal de caresse en souriant, ça a des allures de famille, de foyer. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il me faut quelques secondes pour faire quelques pas dans sa direction et, à mon tour et bien différemment, accueillir Damon d’un baiser. « Je me disais que j’avais reconnu l’odeur. » J’esquisse un sourire amusé, avant d’ajouter sur le ton de l’humour. « Faut pas t’habituer. La trêve des fêtes est terminée, on va vite reprendre l'entraînement : après  les cookies, je t’apprends à faire une vraie sauce tomate. » La vérité, c’est que j’apprécie cuisiner. Pas assez pour faire quelque chose de recherché tous les jours, mais assez pour aimer passer derrière les fourneaux et le faire sans avoir l’impression d’être devenue une maîtresse de maison. « Elles seront très bien. Je meurs de faim en plus. » - « Elles ont intérêt. Et toi, t’as intérêt à mentir même si c’est pas le cas. » J’éclate de rire avant de déposer un baiser contre sa joue, et de me séparer de lui. « Rouge, j’espère ? » - « Pour qui tu me prends ? » J’esquisse un sourire, désigne la bouteille du menton avant de lui tendre mon verre, pour qu’il le reremplisse, et je me hisse sur l’un des tabourets qui entourent l'îlot central qui sert aussi de table à manger. Je ne suis pas une grande consommatrice d’alcool, pas à outrance en tout cas, mais je sais encore avec quoi il convient d’accompagner un plat à base de bœuf et de sauce tomate.

Je suis rarement du genre à tourner autour du pot pendant des heures. Même quand j’ai quelque chose sur le cœur et qui me noue le ventre, je préfère m’en débarrasser au plus vite puis recevoir les conséquences même si, paradoxalement, je reste une bonne menteuse. Ici, nous n’avons rien de désagréable à déballer, et je ne suis pas celle qui doit avec une petite boule au ventre malgré tout, alors je n’hésite pas plus d’une minute. « Hm ? » Bien sûr, Damon évite la question et le son qu’il laisse échapper me fait sourire. Alors, je ne le quitte pas des yeux, je précise en lui apportant en même temps la conclusion que j’ai tirée toute seule de ma lecture. Je regrette presque de ne pas avoir pris de pincette, puisqu’il a l’air plus gêné que jamais. Ses joues prennent une teinte rouge carmin, ses yeux s’écarquillent je voudrais le rassurer, lui dire qu’il n’a pas à ressentir le moindre stress, la moindre gêne avec moi. « Comment t’as su ? » Mes lèvres esquissent un sourire compatissant et tendre. Je tends la main devant moi pour récupérer le manuscrit et l’observer distraitement. « Je veux dire… J’ai rien noté dessus, et c’est même pas écrit à la main… Comment ? » Je fronce les sourcils, une seconde inquiète d’avoir pris des libertés que je n’aurais pas dû prendre. « J’étais pas censée le lire ? J’ai cru que tu l’avais laissé là pour ça, que t’avais pas osé me le demander. » A ma décharge, cela ressemble parfaitement à Damon, d’agir de cette façon. « Je m’en suis douté rapidement. J’ai plus eu le moindre doute vers le milieu du livre, quand on comprend que c’est pas juste une histoire d’amour, mais que ça va mal se terminer. » Mais Damon n’a pas demandé quand, mais comment. Et pour répondre à cette question, j’esquisse un sourire qui se veut tendre et rassurant. « Je vis avec toi depuis un an et demi. » Et depuis quelque temps, je fais plus que de vivre avec lui. « Je crois que je te connais un petit peu. » Et on ressent toute sa timidité et son manque d’assurance au travers de ces pages, sans que cela ne gâche rien à la lecture. Pour un premier roman, c’est prometteur, très prometteur. « Quand on a l’habitude, c’est facile de reconnaître un premier roman. Et y’a beaucoup de toi dans celui-là. » Je n’ai même pas demandé si je m’étais trompé, et je ne l’aurais pas fait même si sa réaction n’avait pas été si explicite. Une fois que je me suis douté qu’il était l’auteur, le fait qu’il ait laissé le manuscrit au milieu de la pièce sans oser me demander de le lire ou sans laisser la moindre note prenait tout son sens. « Tu l’as déjà fait lire à d’autres personnes ? » Je suis curieuse de tout savoir, surtout ce que cela veut dire pour ses aspirations futures, mais je commence par le début. « T’as pas répondu à ma question, en plus. » Je lui ai demandé depuis quand il travaillait sur l’ouvrage et la réponse m’intéresse réellement.

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@megan williams

(c) harley

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« Faut pas t’habituer. La trêve des fêtes est terminée, on va vite reprendre l'entraînement : après  les cookies, je t’apprends à faire une vraie sauce tomate. » Il fit mine de grogner, comme s’il savait réellement réagir de cette sorte et qu’il était ne serait-ce qu’un peu contre ce programme - alors qu’en réalité, il aurait réellement besoin d’apprendre à faire au moins les bases de la cuisine, surtout italienne. « C’est plus marrant que j’ai juste besoin de goûter. » Petit capricieux. « Elles ont intérêt. Et toi, t’as intérêt à mentir même si c’est pas le cas. » Il eut un petit sourire en coin. Dès que le noeud dans son estomac se serait défait, il aurait toute la place nécessaire pour manger le plat entier s’il fallait; il avait réellement faim, simplement il ne se sentait pas encore en état d’avaler quoi que ce soit. « Pour qui tu me prends ? » - « Tu sais que t’es bonne à marier ? » Il ajouta un petit clin d’oeil pour illustrer ses mots, attrapant au passage le verre de vin de la jeune femme alors qu’il se dirigeait vers l’emplacement du comptoir où se tenait la bouteille déjà ouverte. Bien sur qu’il passa devant le manuscrit qui était toujours là, comme une pièce à conviction d’un crime qu’il n’avait même pas commis puisqu’il n’existait pas.

Bien sur qu’il ne jeta pas le moindre coup d’oeil en direction du tas de papiers, comme si ce dernier n’était pas la chose qui avait accaparé la plupart de ses pensées pendant toute la journée. Une partie de lui mourrait d’envie de savoir ce que Megan en avait penser - elle venait de lui confirmer l’avoir lu, il avait placé correctement ses cartes pour arriver à la finalité qui l’arrangeait le plus apparemment -, malheureusement ce n’était pas la plus grande partie du jeune homme. Non, celle là, elle était en train de se faire toute petite et coloriait ses joues d’une couleur trop vive pour quelqu’un qui n’avait pas encore bu la moindre goutte de vin. « J’étais pas censée le lire ? J’ai cru que tu l’avais laissé là pour ça, que t’avais pas osé me le demander. » - « Si, si t’as bien fait, juste… » Il passa nerveusement une main dans ses cheveux, la laissant à plat sur sa nuque ensuite. « C’est pour ça que je l’avais laissé là, ouais. » Parce-que il mourrait - tout court - d’envie d’avoir son avis, mais il n’avait même pas été foutu de lui demander en face et avait préféré jouer au lâche. Ca payerait ses fruits, il en était sur, mais pour le moment il avait surtout envie de courir se réfugier sous sa couette et de ne plus en sortir pour plusieurs jours. « Je m’en suis douté rapidement. J’ai plus eu le moindre doute vers le milieu du livre, quand on comprend que c’est pas juste une histoire d’amour, mais que ça va mal se terminer. » Son index glissait nerveusement sur le pied du verre à vin, comme essayant de retirer une tâche qui n’existait pas de ce dernier, alors qu’il écoutait distraitement d’une façon attentive les dires de la jeune femme. C’était donc si évident que ça - elle avait répondu au quand elle avait compris que les mots couchés sur papier étaient ceux de son mari, pas comment; il se doutait qu’elle allait en venir aux faits, et de toutes façons il n’était pas assez courageux en cet instant pour ajouter le moindre mot, alors il attendit. « Je vis avec toi depuis un an et demi. Je crois que je te connais un petit peu. » Il osa relever son regard un instant, pas un de plus, vers Megan et le fait que son regard à elle soit posé sur lui sans aucune gêne accentua la sienne. Finalement, observer le verre de vin était une bonne option.

« Quand on a l’habitude, c’est facile de reconnaître un premier roman. Et y’a beaucoup de toi dans celui-là. » - « C’est... une bonne chose ? » De toutes façons, elle devait avoir compris désormais qu’il était empli de gêne et de honte en cet instant, alors si sa voix n’était pas très stable et parsemée de trémolos, elle ne lui en voudrait pas des masses. « Ou c’est une mauvaise chose, justement ? » Il avait lu des livres, il en avait même lu plus d’un dans sa vie. Il faisait partie de ces personnes plutôt à jour sur ses classiques littéraires que sur les dernières séries en vogue. Mais il ne saurait répondre pour un écrit produit par lui-même si retrouver de ses traits, de sa personnalité dans ce dernier était quelque-chose de positif ou non. « Tu l’as déjà fait lire à d’autres personnes ? » Il pinça quelque peu ses lèvres. « T’as pas répondu à ma question, en plus. » Il plissa le nez en prime, reprenant son verre en main, buvant une nouvelle gorgée. C’était idiot - il était idiot, de réagir de la sorte. Mais il n’avait tellement jamais eu l’habitude de montrer de façon volontaire et intentionnelle quelque-chose produit par lui-même qu’il ne savait sur quel pied danser. Bien sur, il avait déjà exposé une ou deux oeuvres dans la galerie d’Auden, mais ce n’était pas la même chose; lorsque c’était des inconnus, ça ne comptait qu’à moitié. Il s’agissait de Megan qui tenait dans ses mains le fruit de son travail. « J’ai fait relier les pages en vrai parce-que je - je l’ai présenté à un concours. Dans une maison d’édition. Donc y’a quelques autres personnes qui l’ont lu ? » Il ajouterait après qu’il avait potentiellement gagné ce dit-concours aussi, mais pour le moment un élément à la fois sinon son petit coeur allait passer à travers sa poitrine à tambouriner de la sorte dans sa cage thoracique. « Et j’écris depuis longtemps, en vrai, juste… Je… » Il inspira un peu plus longuement. « J’avais jamais fait lire avant… ça. » Ce manuscrit, ces lignes, ces pages reliées. « A personne. » Dans un souffle, un murmure. Elle n’était pas la première à découvrir l’histoire, de facto, puisque le manuscrit était déjà passé par la maison d’édition avant d’arriver sur le comptoir de leur cuisine. Mais c’était la première personne importante à ses yeux qui le lisait, en tous cas.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/prettygirlgifhunt

« Tu sais que t’es bonne à marier ? » J’écarquille les yeux l’espace d’une seconde, avant d’éclater de rire. Personne n’aurait jamais eu l’idée de parler de moi en ces termes, autrefois. Je représentais tout sauf une femme en devenir, aux yeux de la gente masculine et Damon lui, n’a pas réellement eu le moindre choix à ce sujet. Amusée – c’est aussi surprenant que fantastique que nous soyons capable de rire au sujet de notre union particulière – je secoue la tête et l’observe avec des yeux de biche en battant des cils. « Demande moi ma main Williams, dans ce cas. » Cette étape-là est bel et bien déjà validée, pour nous, un peu prématurément. Williams est aussi bien son nom que le mien depuis plus d’un an.

« Si, si t’as bien fait, juste… » Je laisse un soupir de soulagement m’échapper : je ne me suis pas sentie coupable bien longtemps, la curiosité a vite pris le dessus, mais j’aurais détesté être la cible de remontrances. Plus légère de ce poids-là, je m’appuie sur mes coudes pour observer les mimiques et réactions de Damon. Lui ose à peine relever son regard bleuté dans le mien, et étrangement, je le comprends et sait ce qu’il ressent. C’est ce que j’ai ressenti, les quelques fois où je me suis jetée à l’eau et ai exposé mes vraies photos dans une galerie. Vulnérable. Fragile. Je n’aime pas mettre en les mains d’autrui, exposer aux yeux d’inconnus tous les pans les plus secrets de ma personnalité. Alors je suis consciente de la valeur de la décision de Damon de m’avoir choisie moi, de m’avoir fait confiance avec quelque chose qui doit être la prunelle de ses yeux. « C’est pour ça que je l’avais laissé là, ouais. » J’esquisse un sourire pour l’encourager à se sentir plus à l’aise. Ce n’est pas gagné.

« C’est... une bonne chose ? Ou c’est une mauvaise chose, justement ? » Oh, Damon. Je sens sa gêne. J’entends les tremblements dans sa voix. J’ai envie de poser une main sur la sienne pour le rassurer mais nous sommes trop éloignés l’un de l’autre. Comme pour se protéger, il se tient à l’autre bout de la table. « Je suis pas éditrice tu sais. Mais ça m’a touchée, et ça montre que c’est ton travail et pas celui de qui que ce soit d’autre. » Et s’il devient plus tard un écrivain à succès, n’est-ce pas fantastique que les lecteurs puissent reconnaître sa plume en quelques lignes uniquement ? « Alors je suis presque certaine que c’est une excellente chose. » Mon sourire se veut rassurant. Le ton de ma voix que je tente de doter de chaleur également. Je tapote doucement l’assise du tabouret à côté du mien, pour l’inviter à s’approcher, et je dépose ma main sur la table, paume de la main vers le ciel, pour qu’il puisse la saisir s’il souhaite se rassurer en entrelaçant ses doigts aux miens. « J’ai fait relier les pages en vrai parce-que je - je l’ai présenté à un concours. Dans une maison d’édition. Donc y’a quelques autres personnes qui l’ont lu ? » - « Certainement, oui. » Il s’adresse à moi sur le ton de la question, une à laquelle il connaît déjà la réponse et mieux que moi, mais je lui répond tout de même avec humour. Des gens d’une maison d’édition. Mais pas ses proches. Il n’a pas parlé de Saül, ni même d’Elise ou d’Auden, avec lesquels il semble être plus fusionnels qu’avec son père. Il n’a pas parlé d’un ami ou autre proche. Il m’en parle à moi, et je me sens mise sur un piédestal duquel je n’ai plus envie de descendre. « Et j’écris depuis longtemps, en vrai, juste… Je… » Il inspire profondément, et je choisis de me taire : mon silence est certainement ce qui pourra le plus aider l’Italien à poursuivre et se dévoiler. « J’avais jamais fait lire avant… ça. A personne. » Mon sourire est resplendissant. Damon m’offre le genre de statut privilégié que j’ai toujours rêvé d’avoir. « Je suis heureuse que tu me l’aies fait lire, à moi. » J’ai l’impression d’appartenir à quelque chose qui me dépasse, de me préoccuper d’autre chose que de mon nombril et de mes aspirations. « Le concours, t’as eu des nouvelles ? Ils t’ont recontacté ? » L’espace d’une seconde, je pense à ce qu’il a dû ressentir quand il a dû sauter le pas, sans personne pour l’aider et le convaincre de le faire. « Qu’est-ce que ça veut dire ? Que c’est ça ce que tu voudrais faire après tes études ? » Qu’il veut quitter la MHI ? Qu’il souhaite radicalement changer de boulot et se dessiner un nouvel avenir ? Est-ce plus un passe-temps à ses yeux ?

« Pourquoi ça se termine mal ? » C’est peu courant, dans ce genre de courant littéraire. La plupart des roman d’amour à succès de notre temps sont des comédies légères ou si, parfois tout peut sembler partout, tout finit toujours par s’arranger. « Comment t’as pris cette décision ? »

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@megan williams

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Le rire de Megan indiquait clairement qu’elle avait saisi l’ironie dans les paroles de Damon - même si le fait qu’elle ait commencé par écarquiller un brin les yeux n’était pas franchement encourageant à la base. « Demande moi ma main Williams, dans ce cas. » - « Compte sur moi. » Comme s’ils n‘avaient pas déjà une alliance à leur doigt depuis plus d’un an désormais.

Comme si, effectivement, elle n’avait pas depuis des mois désormais tous les éléments à disposition pour deviner qu’il s’agissait là de son mari derrière les lignes imprimées sur le papier. S’ils étaient en train d’engager une discussion sur un livre d’un auteur autre, il n’aurait pas été surpris qu’elle puisse deviner de qui il s’agissait - si elle avait déjà lu d’autres bouquins de ce dernier. Le fait qu’il s’agisse là de ce qu’il avait lui pu écrire faisait perdre un peu de logique dans la façon de penser de l’italien, son esprit embué par ses émotions. Il se sentait vulnérable, mis à nu, là où pourtant il était celui ayant choisi d’agir ainsi. Si son manuscrit finissait effectivement par être publié, et que d’autres personnes y avaient accès par continué logique, il lui fallait savoir d’abord s’il pouvait plaire à d’autres personnes qu’à des éditeurs. Megan était surement l’exemple parfait pour savoir si ça valait le coup de se lancer dans cette aventure; il aurait prééminence qu’elle ne le reconnaisse pas si facilement à travers sa lecture, afin de lui faire un retour sans être biaisée. En tous cas, c’était l’idée que Damon avait en tête à la base, lorsqu’il s’était enfin décidé à laisser le manuscrit à portée de main pour qu’elle puisse le lire; le fait qu’il n’ait pas besoin de lui dire lui-même qu’il avait écrit ces mots était en réalité un soulagement, bien qu’il soit toujours autant stressé en cet instant. « Je suis pas éditrice tu sais. Mais ça m’a touchée, et ça montre que c’est ton travail et pas celui de qui que ce soit d’autre. Alors je suis presque certaine que c’est une excellente chose. » Elle l’entendrait pour sur, le petit soupire qui s’échappa d’entre les lèvres du blond lorsqu’il entendit les mots excellente chose. Au moins, cela ne semblait pas être une balle dans le pied dès le début.

« Certainement, oui. » Il entendit l’humour dans ses mots. « D’autres personnes l’ont lu, oui, mais voilà. » Disons que c’étaient là des inconnus, en réalité, et surtout des personnes dont c’était le métier que de lire à peu près tout ce qui leur était adressé. Ils avaient l’habitude. En revanche, c’était la première fois que Damon se risquait à faire lire ce qu’il écrivait à quelqu’un de son entourage. L’avis et le regard de ce dernier avait toujours été trop important pour lui pour qu’il ose faire une telle chose, de peur de décevoir - serait bien ajouté ici un une fois de plus, même si le jeune homme n’avait jamais compris le pourquoi des raisons qui faisait qu’il avait pu décevoir par le passé. Finalement, il réussit à relever son regard vers Megan et le sourire que ses lèvres portaient lui fit chaud au coeur en une fraction de seconde. A travers ce dernier, il voyait bien qu’elle réagissait de façon authentique face à lui et pas simplement pour lui faire plaisir. Mais surtout: dans son regard, il voyait bien qu’elle ne portait pas de jugement sur les choix qu’il avait pu faire. Alors, maintenant qu’une barrière s’était baissée en lui, il fit les quelques pas qui lui permirent de rejoindre le tabouret aux côtés de Megan et de s’y asseoir à son tour. Et timidement, après un instant d’hésitation, il posa finalement sa main dans celle de la jeune femme, glissant ses doigts entre les siens. Serrant cette dernière peut-être un peu trop, même. « Je suis heureuse que tu me l’aies fait lire, à moi. » Il était maigre et presque invisible, mais un petit sourire étira un instant le coin des lèvres de Damon. Surtout, et cela ne se voyait pas, mais un souffle de soulagement et de bonheur fut perçu par son coeur.

« Le concours, t’as eu des nouvelles ? Ils t’ont recontacté ? » Il secoua quelque peu la tête sans hésitation cette fois, après les questions de la jeune femme. « J’ai pas encore eu de nouvelles, mais on m’avait prévenu que ça pouvait prendre un peu de temps. » Après tout, à côté de ça, les éditeurs avaient de vrais manuscrits à lire, leurs journées étaient donc bien chargées et ils avaient bien d’autres choses à faire que de lire des manuscrits d’amateurs. « Qu’est-ce que ça veut dire ? Que c’est ça ce que tu voudrais faire après tes études ? » A ces questions là en revanche, il plissa doucement le bout du nez. « J’en sais rien. » Il haussa les épaules en prime, jouant du bout du pouce le long de la peau de la jeune femme sans même s’en apercevoir. « J’ai toujours eu le rêve de publier et de réussir à faire carrière dans l’écriture, mais jusque maintenant j’osais même pas imaginer que c’était possible… » Même si sa voix était toujours aussi peu assurée, au moins maintenant il arrivait à formuler des phrases à peu près correctes et entières sans bégayer. « Je sais juste que si je dois imaginer le reste de ma vie dans un bureau comme je me tue à le faire aujourd’hui, je vais pas tenir long feu et devenir fou. » Il serra les dents, déglutit avec une certaine peine. Parce-que s'il s’était accroché à la MHI et à ses études avec force et conviction, ces derniers mois tout semblait s’écrouler autour de lui. Et l’idée de réussir à tenir jusqu’au bout, là où il n’avait plus personne à satisfaire à la clef, commençait à lui paraitre de plus en plus aberrante. « Je sais pas ce que je veux faire, parce-que je sais même pas si j’ai envie d’attendre la fin de mes études… » Ce qui était resté des pensées un peu trop présentes dans son esprit se matérialisait en paroles à haute voix en cet instant; car comme pour le manuscrit, bien sur qu’il n’avait osé en parler à qui que ce soit. Pendant des années, les décisions avaient été prises pour lui et maintenant qu’il avait les rênes entre les mains, il ne savait pas comment faire pour mener son monde comme bon lui chantait. Il soupira quelque peu, son regard posé sur sa main dans celle de Megan - ou l’inverse peut-être au fil des minutes qui s’écoulaient, ce n’était plus autant évident désormais. « Je sais juste que c’est quelque-chose que j’ai toujours aimé faire. Et que, ouais, plus d’une fois je me suis imaginé que ça pourrait peut-être fonctionner. » Dans ses rêves les plus fous, mais il s’était allé à de tels songes, il l’avouait.

« Pourquoi ça se termine mal ? Comment t’as pris cette décision ? » A ces questions là, ses joues - sur lesquelles les couleurs s’étaient quelque peu atténuées - redevinrent rosées, puis quelques secondes plus tard carrément rouges. Bien sur que c’était le type de question qu’elle allait lui poser; il s’y était préparé en déposant le manuscrit dans la cuisine, mais avait oublié entre temps qu’elles risquaient d’arriver. Alors, il haussa les épaules presque de façon nonchalante. « C’est pas comme ça que se terminent toutes les histoires d’amour, après tout ? » C’était les exemples qu’il avait dans sa vie, en tous cas; que ce soit pour lui-même ou pour toutes les personnes autour de lui, les histoires d’amour s’étaient toujours mal finies. C’était, dans les grandes lignes, aussi simple que ça. Mais surtout, ce qu’il avait désormais presque honte d’admettre, c’était la seconde raison qui l’avait poussé à choisir un tournant si radical dans le roman qu’il avait écrit. « J’écris souvent pour extérioriser mes émotions. » Qu’il commença. « Tu sais aussi bien que moi que j’en ressens parfois de trop et que je suis pas toujours le meilleur pour les contrôler. » C’était un euphémisme, en réalité: il ne savait pas les contrôler, ou alors lorsqu’il pensait que c’était le cas c’était parce-qu’elles s’exprimaient autrement, d’une façon dont il ne s’apercevait pas forcément. « Et disons que ces deux dernières années, j’ai eu l’occasion d’en ressentir un paquet, des émotions. » Arrête de tourner autour du pot, Damon. « C’est le jour où on s’est rencontrés que j’ai décidé que cette histoire là aurait ce type de finalité. » Il avait prononcé sa réponse du bout des lèvres, n’assurant en rien maintenant que la jeune femme était à ses côtés et qu’elle avait lu l’histoire. Sur le moment, cela lui avait semblé être l’évidence; aujourd’hui il n’était plus sur de rien, alors qu’il lâchait doucement la main de Megan pour déposer ses mains sur ses propres cuisses. Il évitait saignement le regard de la jeune femme, en revanche. « J’étais très énervé, très triste aussi, et fallait que je…. que je me débarrasse de tout ça avant d’exploser. »

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/prettygirlgifhunt

« D’autres personnes l’ont lu, oui, mais voilà. » - « Personne d’important. » Je termine la phrase qu’il n’ose terminer ou, en tout cas, je la termine comme j’aimerais qu’elle se finisse. Bien sûr, des éditeurs, c’est important. Mais nous savons tous les deux ce qu’il a voulu dire mais n’ose pas dire, et ce que j’affirme moi. Personne qui compte à ses yeux, et je fais désormais partie de ce cercle restreint - ou pas tant que ça, Damon a un grand coeur - une pensée qui me fait chaud au coeur. Je me sens privilégiée d’avoir parcouru ces pages, touchées que mon avis semble compter au point que son cœur se mette à battre la chamade dès qu’il s’enquiert de mon avis.

« J’ai pas encore eu de nouvelles, mais on m’avait prévenu que ça pouvait prendre un peu de temps. » - « C’est toujours comme ça les concours. » Comme si j’en savais quelque chose, comme si ce n’était pas une tentative de rassurer le jeune homme. Je n’ai pas besoin de forcer pour prétendre qu’il a toutes ses chances : je le pense réellement. C’est un pari, il a certainement des centaines de participants, mais j’ai dévoré ce livre, j’ai pleuré, j’ai voyagé dans la peau de ces personnages le temps d’une journée. C’est l’apanage des écrivains les plus doués, de savoir procurer ce genre d’émotions. « S’ils doivent lire tous les livres qu’ils ont reçu, ça peut prendre du temps. Il y a bien une date officielle de verdict non ? » Comment est-il tombé sur ce concours ? Qu’est ce qui lui a donné la force et le courage de participer, à lui qui est si timide et qui manque de confiance en lui ? Je veux tout savoir, les questions se bousculent dans ma tête mais je me concentre d’abord sur ce qui me semble être le plus important : est-ce le futur auquel il rêve, de vivre de l’écriture ? « J’en sais rien. J’ai toujours eu le rêve de publier et de réussir à faire carrière dans l’écriture, mais jusque maintenant j’osais même pas imaginer que c’était possible… » Il caresse le dos de ma main de son pouce, et je souris en l’observant rougir derrière ses fossettes. Je suis heureuse pour lui, s’il prend conscience de ses rêves et qu’il est prêt à se donner les moyens de les réaliser. « Tu as déjà terminé d’autres livres avant celui-là ? » Des premiers essais qu’il a jugé insatisfaisant ou qu’il préfère garder pour lui pour l’instant ? Ou bien n’a-t-il dans ses tiroirs que des romans inachevés, à part celui-là ? Pourquoi un roman d’amour ? Cette réponse là, je la devine : parce que ça lui ressemble. Parce qu’il est sensible et qu’il sait vivre les sentiments avec un grand S. « Si c’est un rêve, il faut pas que tu lâche l’affaire. » C’est précieux, un rêve. Je pensais que le mien était d’exposer mes photos et de me faire connaître à travers elles. Maintenant, je ne suis plus certaine de rien. « Je sais juste que si je dois imaginer le reste de ma vie dans un bureau comme je me tue à le faire aujourd’hui, je vais pas tenir long feu et devenir fou. » - « Rien t’y oblige, tu l’as compris maintenant ? » Maintenant qu’il a mis la machine en marche, réalise-t-il qu’il y a un autre chemin ? Ce serait du gâchis, d’être riche et de ne même pas pouvoir en profiter pour se donner une chance de vivre de ce qu’il aime. Ce serait dommage de se forcer à se glisser dans un moule qui n’est pas fait pour lui alors qu’il n’a pas besoin d’un travail pour mettre un toit au-dessus de sa tête et à manger sur la table. « T’as le luxe d’avoir le choix. De pouvoir te donner une chance de faire ce que t’as envie de faire. » Ne pas en profiter, ce serait un crime.

« Je sais pas ce que je veux faire, parce-que je sais même pas si j’ai envie d’attendre la fin de mes études… » Je fais la moue, et je serre sa main dans la mienne, en comprenant qu’il se pose bien plus de questions que je ne l’avais imaginé. « Je sais juste que c’est quelque-chose que j’ai toujours aimé faire. Et que, ouais, plus d’une fois je me suis imaginé que ça pourrait peut-être fonctionner. » - « Crois moi, ça peut fonctionner. T’es doué pour faire ressentir et vivre des émotions, et c’est pas rien. » Il a déjà refusé de reprendre le flambeau de Saül, et j’étais fière de lui. Je le suis d’autant plus en apprenant qu’il songe aussi à mettre la MHI derrière lui. Ce qui m’inquiète en revanche, c’est ce qu’il me confie à propos de ses études. « Tu sais que je serai derrière toi quelle que soit ta décision pour les études… » Je serais bien hypocrite si je lui reprochais de tout laisser tomber. « Mais si tu veux un conseil, de la part de quelqu’un qui a laissé tomber les études… » J’ai à peine entamé les miennes, ce n’est pas forcément comparable. « Je veux juste pas que tu le regrettes. » Ces mots sont tout ce qu’on peut attendre de quelqu’un qui en a fait un complexe plus gros qu’elle. Quelqu’un qui se sent dévalorisée en présence de personnes plus éduquées qu’elle. « Il te reste un an. Ce serait dommage de pas t’accrocher. » Dans un an, il aura son master et son talent ne sera parti nul part. « Tu peux pas envisager de changer d'entreprise pour ta dernière année ? Parce que c’est la MHI le problème, non ? » Même si son père n’est plus là, je reste persuadée que Damon n’est pas fait pour ce monde de requins.

« C’est pas comme ça que se terminent toutes les histoires d’amour, après tout ? » Je lui adresse une grimace triste, avant de secouer la tête. « J’espère que non. » J’ignore si notre histoire en est à un stade ou elle peut-être qualifiée comme telle. Ce que je sais, c’est que je n’ai pas envie de nous condamner avant de nous avoir donné la moindre chance. « Tu le penses vraiment ? » Ou bien était-ce un trait d’esprit ? Une marque de sarcasme, parce que la vie n’a pas été tendre avec lui et qu’il n’a pas de point de repère d’une relation saine et épanouie ? « J’écris souvent pour extérioriser mes émotions. Tu sais aussi bien que moi que j’en ressens parfois de trop et que je suis pas toujours le meilleur pour les contrôler. » - « Oui, comme je te l’ai dit, je te connais un petit peu. » Parfois, il m’a fait mal parce qu’il était en colère et qu’il me le faisait ressentir. Mais la plupart du temps, c’est surtout lui qui soufre (trop) et qui n’arrive pas à le cacher. Le sourire amusé que j’esquisse va bientôt s’effacer, malgré la légèreté apparente de la discussion. « Et disons que ces deux dernières années, j’ai eu l’occasion d’en ressentir un paquet, des émotions. » Déjà, la moue qui étire mes lèvres devient une grimace mi-figue mi-raisin. Il a eu mal au cœur, à cause de Saül, à cause de cet Angus, et beaucoup à cause de moi. Je n’ai plus envie de remuer le passé, mais je n’ai pas le droit de l’empêcher de le faire, d’en faire un tabou. « C’est le jour où on s’est rencontrés que j’ai décidé que cette histoire là aurait ce type de finalité. » Cette fois, mon sourire disparaît complètement et ma gorge se serre. « J’étais très énervé, très triste aussi, et fallait que je…. que je me débarrasse de tout ça avant d’exploser. » Certaines femmes, parce qu’elles sont la compagne d’un artiste, deviennent des muses, immortelles au travers de leurs écrits ou de leur art. Moi, je suis un autre genre de muse, visiblement. Je suis de celles qui poussent un jeune écrivain à acter une fin tragique pour un roman d’amour, et mon coeur se serre. J’ai bien fait de lire le livre avant d’apprendre ça : j’aurais été incapable d’être objective dans le cas contraire. « Me rencontrer, ça t’a inspiré une fin tragique ? » On peut entendre des trémolos dans ma voix. Je l’imagine rentrer chez lui après notre échange, se poser derrière son bureau et décider de briser le cœur de son personnage principal. Je l’imagine acter qu’il sera malheureux jusqu’à la fin de ses jours, et décider de punir cet être fictif comme s’il était une extension de lui-même. Je retire ma main de la table. Je la ramène contre moi sans le quitter des yeux, même si j’ai la sensation d’avoir une poussière dans l’un d’eux. Oh, que j’ai mal au cœur. Sauf que je n’ai pas pour habitude de faire l’étalage de mes sentiments lorsque je suis blessée. Comme un animal, je lèche mes plaies à l’abri des regards.

Pourquoi suis-je surprise ? Pourquoi ai-je l’impression de tomber d’un building de dix-huit étages ? Je savais que je m’étais posé des questions sur nous deux bien avant lui. Je savais qu’il était amoureux d’un autre lorsque nous avons appris à nous connaître, avons partagé sur nos goûts en termes de lecture, nos rêves et nos passés respectifs, pendant que je m’attachais à lui. Mais jamais je n’avais réalisé les choses de façon aussi crue : me rencontrer, ça lui a brisé le cœur. Je ferme les yeux une seconde, le temps de refouler mes sentiments, et je les rouvre bien décidée à donner le change. « C’est un bon livre. Il m’a beaucoup touchée, en tout cas. » Je n’ai pas envie de reprendre ça. Il a fait de moi la première personne qui compte à lire ses écrits, alors je n’ai pas envie de tout faire tourner autour de moi-même en me braquant et en m’exilant parce que je suis blessée. Mais ma légèreté s’est envolée. Mon occasion de préparer une soirée parfaite pour le jeune Italien aussi : une odeur de brûlé s’échappe du four que j’ai abandonné au profit de notre discussion. Je me redresse comme si j’avais été piquée par un insecte, avant de parcourir la distance qui me sépare du four en quelques pas. Je l’ouvre, me brûle, jure comme une poissonnière, attrape une main chaude en silicone et tire le plat de lasagne dont j’étais fière. La couche de gruyère supposée être gratinée sur le dessus est brûlée par endroit. A peine, mais assez pour devenir le récipient de ma frustration et de ma tristesse. « Elles sont brûlées. » Je me mords l’intérieur de la lèvre pour refouler quelques larmes, mais mes yeux brillent. « Elles sont fichues. » Loin de là, on parle de quelques minutes d'inattention et d’une couche de fromage rapé qui aura peut-être un léger goût de charbon, rien d’immangeable, mais elles sur l’heure, elles incarnent cette soirée qui était censée être parfaite mais qui a tourné à la peine de coeur.

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@megan williams

(c) harley

***
« Personne d’important. » Doucement, ne sachant tenir le regard de la jeune femme, il hocha la tête. Effectivement, là était la direction vers laquelle ses paroles s’en allaient, mais qu’il ne savait exprimer à haute voix. Si peut-être des dizaines de personnes avaient pu mettre leur nez dans son manuscrit, ce n’était rien comparé à lorsque Megan l’avait fait. Si les professionnels n’aimaient pas ce qu’ils avaient sous les yeux, il saurait se remettre de leur avis; cela ferait du mal de savoir qu’il n’avait aucun talent mais il s’en remettrait. Si son avis à elle était négatif… Il aurait bien plus de mal à imaginer prendre la nouvelle convenablement, car ça serait directement son coeur de touché cette fois-ci. Cependant, elle semblait apprécier ce qu’elle avait pu avoir sous les yeux et il n’avait pas encore de retour du concours - les choses ne découlaient pas forcément dans le sens quel aurait espéré, mais au moins le retour de Megan était positif. Assez en tous cas pour qu’il soit à même de répondre aux interrogations et à la curiosité dont elle faisait preuve présentement. « C’est toujours comme ça les concours. » Il haussa légèrement les épaules. Peut-être était-ce effectivement le cas, mais il n’était guère habitué à ces derniers. « S’ils doivent lire tous les livres qu’ils ont reçu, ça peut prendre du temps. Il y a bien une date officielle de verdict non ? » Baissant son visage et son regard sur ses mains, il prit une seconde de plus pour donner la réponse qui allait avec cette question. « Surement. » Un silence de plus, puis: « J’ai pas pensé à demander et du coup je me contente d’attendre. » Pas qu’il ne désirait pas connaître les résultats de ce dit-concours, mais simplement qu’il n’avait pas osé contacter de nouveau la maison d’édition pour avoir des détails supplémentaires sur la question - il ne voulait justement pas les déranger dans leurs dizaines et dizaines de lectures, là où ils iraient plus vite s’ils n’avaient pas de morveux comme lui dans les pattes.

« Tu as déjà terminé d’autres livres avant celui-là ? » Le mouvement du pouce de la part de l’italien se stoppa un instant, comme pour lui laisser le temps de la réflexion - presque comme s’il pesait le pour et le contre là où ce n’était en rien nécessaire pour de vrai -, avant de reprendre le mouvement là où il avait été arrêté. C’était tellement nouveau pour lui, de discuter de ce pan là de ses occupations, qu’il était complètement déstabilisé et avait peur de dire quelque-chose de travers. Bien sur, il n’y avait pas possibilité que cela arrive, mais c’était ce qui l’avait retenu jusque maintenant et ce qui le freinait encore aujourd’hui. « Aucun n’est aussi complet que celui là, je crois. J’ai pris du temps pour le fignoler lorsque j’ai appris pour le concours. » Il avait ressorti ses écrits, retravaillé certaines parties, ajouter des liens là où ils étaient avant inexistants. « J’ai beaucoup d’histoires écrites dans les grandes lignes auxquelles il manque juste un peu de travail, par contre. » Surtout parce-que son imagination ne savait se taire très souvent, mais également parce-qu’il n’avait pas assez confiance en lui et en ses capacités pour aller jusqu’au bout des choses la plupart du temps. Ce qui était dommage, comme le formula Megan la seconde suivante. « Si c’est un rêve, il faut pas que tu lâche l’affaire. » Il laissa échapper, presque malgré lui, un soupire alors qu’il haussait de nouveau les épaules. Il avait tellement eu l’habitude de penser qu’il ne valait pas la peine et que tout ce qu’il pourrait produire n’aboutirait jamais à rien, qu’il ne s’était jusque peu de temps auparavant jamais penché sur l’idée qu’effectivement, là était constitué sous ses yeux l’un de ses rêves les plus précieux et les plus secrets surtout - tellement qu’il avait du mal à lui-même le connaitre. « Je sais pas si j’aurais les épaules pour supporter un échec, justement parce-que c’est un rêve. C’est pour ça que… j’en parle pas. » Aussi simple que cela, en réalité. Damon était une personne au coeur fragile; s’il n’allait pas à l’aventure, cette dernière ne pouvait pas le blesser. L’amour faisait mal, mais il s’était habitué avec le temps à ce que ce soit le cas. En revanche, il savait qu’il ne pourrait jamais s’habituer à voir la déception dans le regard de ses proches et des personnes qui lui étaient chères. C’était ce qu’avait constitué son quotidien depuis petit, et surtout depuis quel était arrivé en Australie, et chaque jour continuait à être une longue agonie pour lui. « Rien t’y oblige, tu l’as compris maintenant ? » Il plissa le nez légèrement, pinça ses lèvres à la suite. Rien ne l’obligeait désormais, effectivement; ce n’était pas pour autant qu’il voyait et ressentait la différence. « T’as le luxe d’avoir le choix. De pouvoir te donner une chance de faire ce que t’as envie de faire. » - « J’ai encore du mal à croire que ça peut être le cas. » Qu’il avait finalement murmuré du bout des lèvres, comme une confession qu’il aurait préféré garder pour lui. Bien sur, en réalité, qu’il était libre de ses choix et qu’il pouvait choisir quel chemin emprunter. Cependant, l’emprise paternelle était tant encore présente en lui qu’il n’arrivait pas de manière acquise désormais à comprendre que c’était le cas. Chaque fois qu’il faisait un pas dans une direction qu’il savait ne pas plaire à Saül, qu’importe le domaine, il regardait par dessus son épaule. Réflexe de survie, dirons certains. « Crois moi, ça peut fonctionner. T’es doué pour faire ressentir et vivre des émotions, et c’est pas rien. » Damon serra en retour la main de Megan dans la sienne, se rendant compte à quel point avoir cette discussion était difficile mais nécessaire pour lui. « Tu sais que je serai derrière toi quelle que soit ta décision pour les études… » Mais ? « Mais si tu veux un conseil, de la part de quelqu’un qui a laissé tomber les études… Je veux juste pas que tu le regrettes. » Lentement, l’italien releva son regard sur le côté, pour apercevoir le visage de la jeune femme. « Il te reste un an. Ce serait dommage de pas t’accrocher.  Tu peux pas envisager de changer d'entreprise pour ta dernière année ? Parce que c’est la MHI le problème, non ? » Il soupira, s’efforçant de ne pas changer son regard de direction. « C’est pas que MHI le problème. » C’était une grande partie, certes, il ne nierait pas ce point là; mais il y avait bien plus que l’entreprise dans cette histoire. « Changer serait trop compliqué, avec le contrat signé ça prendrait des semaines pour arriver à quelque-chose et finalement on serait à la fin de l’année. » Si ses phrases étaient formées correctement pour de bon désormais, il avait du mal à parler d’une voix claire et forte, comme si cela pourrait conjurer le mauvais sort de le faire. « C’est surtout en réalité que j’en ai jamais rien eu à foutre de ces études là moi. Si j’avais choisi, c’est sur ça aurait pas été ça. » Quoi d’autre, il n’en savait rien, mais il savait que ça n’aurait pas été ça. Certes, il apprenait des choses intéressantes et il était doué dans ce qu’il faisait - en grande partie parce-qu’il était un garçon très appliqué. -; mais il n’avait aucun engouement, aucune passion pour son occupation.

Pour la suite, les questions de la jeune femme finissent par se tourner plus vers le contenu en lui-même du livre que sur les raisons qui avaient poussé Damon à se décider à le faire lire à autrui. S’il s’y était préparé, il ne savait pas retenir les quelques couleurs de nouveau présentes sur ses joues. Il avait beau avoir anticipé les réponses qu’il pourrait donner, si jamais ces questions là arrivaient dans la conversation, il avait tout de même l’impression d’être pris la main dans le sac. Pourtant, il n’avait rien fait de mal - simplement, il se doutait que la réponse qu’il s’apprêtait à donner, à exposer même surtout, n’allait pas être pour tous les goûts. « J’espère que non. Tu le penses vraiment ? » Cosimo haussa mollement les épaules. Il n’était pas sur de réellement penser que toutes les histoires d’amour se finissaient forcément mal, mais malheureusement il n’avait pas eu d’exemple à se mettre sous la dent durant la première partie de sa vie; c’était difficile de se projeter dans ce type de domaine lorsque les expériences de vos proches ou celles qui vous étaient propres n’apportaient pas de pierre à l’édifice. « Je pense que y’a une part de vrai. » L’amour faisait mal, dans tous les cas après tout; même lorsqu’il faisait du bien, il y avait toujours une part qui arrivait à heurter le coeur d’un des partis en jeu. C’était un romantique, Damon, il se laissait avoir à chaque fois rien qu’à l’idée d’être aimé ou de voir la possibilité d’un amour se former. Ce n’était pas pour autant qu’il n’était pas conscient de la douleur que cela pouvait provoquer, et des dégâts que cela pouvait engendrer. Ses propres émotions étaient d’ailleurs un bon exemple à suivre pour faire d’une histoire d’amour ratée une réussite à l’écrit. Elles étaient souvent trop nombreuses, trop intenses, difficiles à canaliser. « Oui, comme je te l’ai dit, je te connais un petit peu. » La légèreté était encore audible dans les paroles de la jeune femme; Damon savait pertinemment que la suite de sa réponse ruinerait ce ressenti assez rapidement.

Parce-que si une partie de lui pensait réellement que toutes les histoires d’amour finissaient mal, ce n’était pas pour cette raison là qu’il avait fait prendre cette direction à l’histoire rédigée dans ce manuscrit. Si elle en était arrivée là, c’était parce-qu’il avait laissé couler ses émotions à travers l’encre, qu’il avait évacué ce qu’il avait pu avoir sur le coeur à un moment donné - et ce moment correspondait au jour où Megan et lui s’étaient rencontrés. C’était malheureux d’en arriver au moment où il lui expliquait ça, mais c’était également une partie du processus qu’il avait accepté et auquel il s’attendait lorsqu’il avait laissé son manuscrit sur le comptoir de la cuisine, le matin même. C’était légitime, que cela fasse partie des questions et des réactions de sa femme; mêmes cela faisait mal, maintenant qu’il pouvait en attester, de voir son sourire encourageant et bienveillant jusqu’alors disparaitre. Il pouvait sentir, à être à ses côtés, que ses émotions avaient rencontré un vent contraire et que à lui exposer la vérité, la réalité des choses de façon si crue, il avait froissé Megan. « Me rencontrer, ça t’a inspiré une fin tragique ? » Il aurait pu répondre tout simplement que oui, ça avait été le cas; mais c’était tellement bien plus compliqué que cela, que sur l’instant il ne sut reprendre la parole. Ce n’était pas la rencontre de Megan qui avait provoqué cet ouragan sur sa vie, c’était la rencontre de quelqu’un qui lui était imposé et avec qui il allait devoir désormais composer là où ce n’était en rien dans ses plans d’agir ainsi. Ce n’était pas Megan, sa personne et sa personnalité allant de paire avec, qui constituait le noyau du problème, mais ce qu’elle représentait et les raisons pour lesquelles elle était apparue dans sa vie. Depuis, bien sur qu’il s’était fait une raison et avait décidé de vivre avec les choix qui avaient été les leurs, à différents moments de leur histoire désormais commune. Mais lorsqu’il parlait de la construction de ce manuscrit, de la rédaction de ces pages, il s’agissait là d’exposer la façon dont le Damon de presque deux ans plus tôt avait pu ressentir. Et ce n’était pas aussi édulcoré que cela pouvait l’être désormais. Un coeur brisé, une âme entachée, un avenir brisé; il répondait plus de ces domaines là au moment où ces lignes avaient été écrites, lorsque ces idées avaient été couchées sur papier. Les émotions qui parcouraient Megan en cet instant étaient perceptibles dans le timbre de sa voix, et cela brisa au passage de nouveau le coeur de Damon - mais pas pour les mêmes raisons. Il s’en voulait de lui expliquer les choses, mais ne pouvait réparer ce qui avait été fait même avec toute la meilleure volonté du monde. Et puis, n’était-ce pas elle-même qui lui avait dit d’arrêter de s’excuser pour tout et pour rien ? Pour ce qu’il était, ce qu’il pouvait ressentir ? C’était contradictoire avec le vent polaire que sa réaction faisait souffler entre et autour d’eux. Damon fut cependant le premier à retirer sa main, à la reprendre contre lui, alors qu’il voyait que la blonde imitait son geste. Il ne voulait pas s’imposer physiquement là où il était persuadé que ses paroles seraient déjà assez imposantes pour la jeune femme. Si la situation avait été inverse, il aurait déjà versé larmes et exprimé émotions depuis bien plus longtemps; elle ne réagissait pas de la sorte, Megan. Si bien qu’il ne fut pas réellement étonné lorsque, par manque de réaction de sa part à lui à sa dernière question, elle ferma les yeux un instant avant de reprendre la parole. « C’est un bon livre. Il m’a beaucoup touchée, en tout cas. » Mais pas autant que les explications qui venaient avec, il pourrait parier. Et avant qu’il n’ait l’occasion de se ressaisir, elle se dérobait déjà à sa vue, de la place qu’elle avait occupé pendant la dernière poignée de minutes. La raison était légitime, mais Damon avait cette amère impression qu’elle tombait un peu trop à pic pour être blâmée; certes, les lasagnes faisaient effectivement des caprices dans le four, mais il aurait que la bulle de leur conversation ne soit pas brisée de suite pour qu’il puisse justement la terminer, cette discussion.

« Elles sont brûlées. Elles sont fichues. » Après être resté un instant en plus en arrière, après avoir frotté ses yeux des deux mains et passé l’une d’elle dans ses cheveux, le long de sa nuque, Damon quitta son perchoir à son tour, laissant un soupire au passage s’échapper. La jeune femme était dos à lui, mais il savait qu’elle l’entendrait s’approcher. Doucement, s’assurant que le plat était bien déposé et hors d’état de nuire à quiconque avec la chaleur qui émanait de ce dernier, il se glissa derrière Megan et l’attrapa avec délicatesse par les bras, frottant ces derniers dans un geste autant mécanique que réassurant. « Elles seront toujours très bien, t’en fais pas, on aura qu’à retirer la partie qui a brulé. » Ce n’était pas la première fois qu’ils auraient à composer avec un événement indésirable dans leur quotidien, surtout un aussi insignifiant que cela là. Ce n’était pas sur cette partie là, qui plus était, qu’il lui semblait important d’insister encore un instant et un autre. Déglutissant, se donnant encore un instant, il finit par répondre in fine à la question précédente de la jeune femme. Il était toujours dans son dos, elle ne pouvait le voir, mais bien sur que le moindre mot qui s’apprêtait à sortir de sa bouche n’était là que le produire d’une pure sincérité de sa part. « C’est pas te rencontrer toi, Meg. Ca a été de me retrouver face à tout ce qui allait arriver avec le fait de te rencontrer. » Ce n’était pas contre la jeune femme en elle-même qui avait brisé son coeur, déchiré son avenir, mais le fait qu’elle représentait bien plus que tout ce qu’il aurait pu imaginé en réalité. De se retrouver face à elle, cela avait rendu réel et tangible l’idée qu’il renonçait à une grande partie de sa liberté, qu’il faisait une croix sur un bon lot de ses sentiments. S’il était bon à exprimer ce qu’il pouvait ressentir, il n’était pas un expert pour contrôler ses émotions en revanche; elle avait pu le voir ce jour là et bien d’autres ensuite. Cela s’était traduit par des lignes amères écrites sur du papier, cela aurait pu être des excès de violence ou toute autre réaction chez d’autres. « Je sais que c’est sur ça que tu as buté. » Il l’avait vu, dans son comportement; il l’avait ressenti, dans ses paroles. « Ce n’est pas toi. » Il ne savait trop comment l’expliquer autrement; la personne et le concept de Megan, au moment où ils s’étaient rencontrés, étaient deux choses différentes. Il n’avait peut-être pas été apte un long moment à le comprendre, mais une fois que ses émotions étaient retombées comme le faisait si bien la poussière après l’agitation, il avait été évident que ce n’était pas elle le problème, mais tout ce qu’elle avait pu un jour représenter. « Et c’est pour ça que j’ai autant hésité à te faire lire le manuscrit parce-que je savais que tu allais être curieuse sur quand il avait été écrit, et que je voulais pas te faire de mal à exposer la vérité à ces questions. Parce-que ça a jamais été dans le but de te blesser ou quoi, tu sais, c’est pas pour ça. » Heureusement finalement qu’elle en voyait pas son regard, en cet instant, car ce dernier avait du mal à rester constant et à se stabiliser, tant les émotions étaient forcément de mise de son côté également. « C’est… c’est juste que ça s’est passé comme ça, et… Je crois que y’a pas trop d’autre explication en fait. » Il soupira, n’ayant cessé de frotter doucement les bras de la blonde, dans l’espoir d’apaiser ce qu’elle ressentait - qu’importe ce que cela pouvait être. « Tu peux me dire ce que tu en ressens, tu sais. » Les mots étaient presque murmurés à son oreille, sachant pertinent qu’il marchait sur un terrain qui pouvait être miné. « J’ai vu que tu t’étais refermée, mais t’as pas besoin de le faire. Pas avec moi. »

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« Aucun n’est aussi complet que celui là, je crois. J’ai pris du temps pour le fignoler lorsque j’ai appris pour le concours. » C'est courageux, de montrer le fruit de son travail comme il l'a fait. Je n'écris pas de roman, de poème ou d'essais, mais je sais ce que c'est que de produire un travail - un art - qui vient du fond de vos tripes et de l'exposer aux yeux de quelqu'un d'autre. C'est une part d'intimité que l'on dévoile. C'est un bout de nous et il m'a fallu des années pour accepter de montrer les photos que je prenais pour moi à des inconnus. Lui, il s'est même présenté à un concours, il va être jugé, et de mon côté je n'ai jamais eu assez confiance en moi pour me montrer si vulnérable. « J’ai beaucoup d’histoires écrites dans les grandes lignes auxquelles il manque juste un peu de travail, par contre. » - « Tu me les feras lire, quand elles seront prêtes ? » Ou peut-être n'a-t-il pas l'intention de les finir, ou pas toutes et, dans tous les cas, cela n'a pas d'importance. Damon partagera avec moi ce qu'il a envie de partager. « Je sais pas si j’aurais les épaules pour supporter un échec, justement parce-que c’est un rêve. C’est pour ça que… j’en parle pas. » - « Je sais. Je veux dire, je suis bien placée pour comprendre... Je regrette pas ma décision, pour la photo. » Et si tout le monde me dit que je peux aller en arrière et changer d'avis, pour l'instant je n'en ressens pas le besoin. « Mais à une époque, c'était toute ma vie. Et je crois pas que j'aurais eu l'audace que tu as eue, de me présenter à un concours pour mon premier vrai retour de professionnel. » Je lui adresse un sourire rassurant. Un sourire solaire puisque les circonstances sont de mise non ? Damon s'est jeté à l'eau, il a du talent, un qui lui confère l'espoir de pouvoir faire autre chose de sa vie que de travailler pour son père, et c'est à moi qu'il a voulu parler de ça en premier. Qu'est-ce qui pourrait mal tourner, au juste ?

« C’est pas que MHI le problème. » Je fronce les sourcils mais je ne dis rien : je lui laisse de l'espace pour s'exprimer, Damon a besoin de ça, étant donné son manque d'assurance. « Changer serait trop compliqué, avec le contrat signé ça prendrait des semaines pour arriver à quelque-chose et finalement on serait à la fin de l’année. » - « C'est des excuses ça, tu le sais comme moi. » Ce sont des problèmes logistiques, administratifs, pas de vrais problèmes, et certainement pas des problèmes insurmontables. « C’est surtout en réalité que j’en ai jamais rien eu à foutre de ces études là moi. Si j’avais choisi, c’est sur ça aurait pas été ça. » Nous en avons déjà parlé ou, en tout cas, sans entrer dans les détails, il l'a déjà évoqué et je hoche la tête en faisant la grimace. « Je comprends tu sais. Mais je pense quand même que tu devrais te poser et te laisser le temps de la réflexion, pas hâter une décision. » Quel que soit le résultat du concours, d'ailleurs.

Beaucoup de choses peuvent mal tourner, en fait. Et son opinion en ce qui concerne les relations amoureuses n'est qu'un avant-goût d'un cynisme heurtant pour moi, plus que je ne l'aurais supposé. « Je pense que y’a une part de vrai. » Sans sourire, mais sans faire la grimace non plus, je l'observe avec un regard triste. Damon et moi, nous n'avons jamais parlé d'amour et c'est certainement bien trop tôt pour le faire. Pour autant, j'aurais préféré savoir que l'idée en elle même n'était pas, dans son esprit, voué à l'échec et à faire mal. La fin de son roman est belle, je ne peux le nier, mais je l'aurais au fond préférée pleine d'espoir. « Je te pensais pas si cynique. » C'est ma seule réponse et, si j'aurais voulu pouvoir parler sur le ton de l'humour, ça tombe largement à l'eau. J'arrive tout juste à transformer une grimace en un pincement de lèvres discret.

Les lasagnes offrent une diversion inespérée. Elles me permettent surtout de détourner le regard et de ne plus avoir à lui faire face, le temps de recomposer un visage neutre et de remettre un sourire sur mes lèvres. C'est plus difficile que je l'aurais pensé, cependant. Une malheureuse couche de brûlé devient le réceptacle de toute ma frustration et déception du soir, de mon excitation et enthousiasme tout deux transformés en peine de cœur et le ton monte parce que je n'arrive pas à contenir ce combo d'émotions à l'intérieur sans ciller. « Elles seront toujours très bien, t’en fais pas, on aura qu’à retirer la partie qui a brulé. » - « Tu comprends pas. » Ce n'est pas à cause des lasagnes. Je ne suis pas sensible au point de me mettre dans tous mes états pour si peu. Je les avais préparées pour te faire plaisir, voudrais-je ajouter, mais je ne suis plus certaine que cela soit au coeur de mes préoccupation, je me sens même idiote. Les doigts accrochés au plan de travail jusqu'à faire blanchir mes jointures, je ferme mes yeux un instant. Je sens Damon s'approcher à pas de loup dans mon dos, et ses mains se posent sur mes bras pour le frotter doucement. Son contact m'est agréable. Il l'a toujours été, et la chose a pris un nouveau tournant il y a quelques mois à présent. Aujourd'hui, c'est doux amer, aussi rassurant que douloureux. Je doute qu'il me console pour un plat de lasagne, c'est donc signe qu'il a vu clair dans mon "jeu". « C’est pas te rencontrer toi, Meg. Ca a été de me retrouver face à tout ce qui allait arriver avec le fait de te rencontrer. » - « Je sais. C'est le mariage, les obligations, ton ex. » Je l'ai assez entendu pour le savoir. Je le sais, mais ce n'est pas pour autant que je l'ai accepté et qu'il s'agit d'un pan de notre histoire dont j'aime parler. « Je sais. » Je tente de me dégager, mais ma tentative est bien trop molle, bien trop faible pour aboutir sur quoi que ce soit. Je n'y mets pas vraiment de cœur non plus, parce que ses doigts sur ma peau arrivent à m'apaiser un peu et parce que je n'ai qu'à moitié envie qu'il s'éloigne. « Je sais que c’est sur ça que tu as buté. » Je hausse les épaules. Je voudrais pouvoir dire que non, que ça n'a rien à voir, que ce sont mes lasagnes ratées qui me perturbent, mais je suis bien plus transparente que je ne le voudrais. « Ce n’est pas toi. » Ce n'est pas moi, mais c'est moi aussi. C'est moi en tout cas qui ai mis plus d'un an et demi à inverse la tendance et à l'aider à trouver un peu de bonheur dans la situation dans laquelle il s'est longtemps estimé coincé. « Et c’est pour ça que j’ai autant hésité à te faire lire le manuscrit parce-que je savais que tu allais être curieuse sur quand il avait été écrit, et que je voulais pas te faire de mal à exposer la vérité à ces questions. Parce-que ça a jamais été dans le but de te blesser ou quoi, tu sais, c’est pas pour ça. » Je crois que, pour quelqu'un comme moi qui offre plus de crédit aux fantasme qu'à la vérité, un mensonge aurait été préférable. « C’est… c’est juste que ça s’est passé comme ça, et… Je crois que y’a pas trop d’autre explication en fait. » - « T'as pas besoin de m'expliquer, j'ai compris. » Tenter de s'expliquer pour adoucir ma peine remue le couteau dans la plaie. Parce qu'il n'y a pas de jolie façon de dire ce qu'il a ressentie, je le sais et il le sait également. « Tu peux me dire ce que tu en ressens, tu sais. J’ai vu que tu t’étais refermée, mais t’as pas besoin de le faire. Pas avec moi. » Je renifle, avant de tendre la main pour attraper un couteau de cuisine et une spatule, et j'entreprends de débarrasser le plat de lasagne de toute surface noircie. Après m'être battue pendant deux minutes et environ la moitié du plat, je pose le couteau à plat sur le plan de travail. « Je sais pas quoi te dire. Tu m'apprends rien, tout ce que tu me dit je le sais déjà mais c'est pas pour autant que ça me fait rien de l'entendre. » J'ai beau avoir érigé une forteresse autour de mon cœur pour prétendre à qui veut l'entendre que je suis insensible à tout ce que le destin m'envoie dans la gueule, c'est loin d'être le cas et Damon en est conscient, je le crois en tout cas. « Je m'attachais à toi pendant que t'étais en train d'écrire cette fin. Je me suis attachée à toi avant même qu'on soit mariés. » Et ce qui est peut-être nouveau pour moi, c'est de réaliser qu'il a donné le change pendant des mois et que je n'ai pas soupçonné à quel point il avait mal au cœur et le cachait bien. « T'as l'air résigné, t'as l'air d'avoir accepté que toutes les histoires d'amour se finissent mal. C'est ça que tu fais avec moi, tu te résignes ? » Tu acceptes une situation où l'amour ne sera pas de la partie pour éviter d'avoir mal au coeur ? « Tu renonces ? » Ma lèvre tremble. Mais comme je ne lui fais pas face, tant pis.

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@megan williams

(c) harley

***
« Tu me les feras lire, quand elles seront prêtes ? » Le regard qu’il releva un instant vers Megan était empli d’incertitudes. Pas tant dans l’idée de lui faire lire ce qu’il pouvait coucher sur papier - après tout, il avait franchi le pas, le plus dur était fait -, mais simplement qu’il ne s’était jamais vu réussir à terminer quoi que ce soit d’autre en plus pour le moment. Mais effectivement, s’il se donnait une vraie chance, il y aurait peut-être d’autres manuscrits qui pourraient s’empiler avec le premier. Lui ferait-elle lire ceux là aussi, une fois qu’ils seraient prêts ? Il n’était pas allé jusque là dans sa réflexion. « Oui… Si tu veux les lire oui. » L’hésitation n’était pas parce-qu’il n’avait pas envie de lui faire découvrir d’autres histoires et mondes qu’il aurait pu imaginer, simplement parce-qu’il ne s’était pas dit, à aucun moment, qu’elle pourrait être intéressée pour en lire plus. Bien sur qu’une vague de chaleur enroba alors son coeur à cet instant là. Avait-il déjà existé un instant, une situation, où quelqu’un s’était intéressé à lui de cette manière ? « Je sais. Je veux dire, je suis bien placée pour comprendre... Je regrette pas ma décision, pour la photo. Mais à une époque, c'était toute ma vie. Et je crois pas que j'aurais eu l'audace que tu as eue, de me présenter à un concours pour mon premier vrai retour de professionnel. » Avait-il déjà trouvé un tel support au cours des maigres années écoulées depuis sa naissance ? Une majorité des personnes qu’il croisait ne s’intéressaient à lui que parce-qu’il portait un patronyme qui représentait quelque-chose, mais ne grattaient pas au moins faiblement la surface pour voir ce que lui pouvait apporter. Il le savait depuis longtemps, s’était résigné à ce que ce soit le cas. Sauf qu’au passage, il en avait oublié qu’il était effectivement un être à part entière également et que d’autres avaient possibilité d’être intéressés parce-qu’il avait à proposer. Il soupira alors légèrement, accrochant une moue à son visage. « En espérant que ce soit pas une mauvaise idée. » De se lancer, de déployer ses ailes, de sauter dans le vide par la même occasion. L’idée était belle, et elle avait été alléchante du début à la fin; Damon n’avait aucune certitude que cela pouvait porter ses fruits et que même cela ne le coupe pas dans son élan au cours du processus. Mais le saurait-il un jour s’il n’essayait pas ? Il n’était généralement pas du genre à tenter de la sorte, mais il y avait un début à tout. Et surtout qu’à partir de maintenant, il savait qu’il n’était pas seul.

« C'est des excuses ça, tu le sais comme moi. » Il grimaça. Peut-être étaient-ce effectivement des excuses, mais c’était suffisant pour ne pas lui donner envie de poursuivre dans cette direction. Tout ce qui était relié de près ou de loin désormais à la MHI lui coupait l’envie d’emprunter ce chemin, et subir encore une maigre année était presque l’option la plus satisfaisante. Au moins, il n’avait pas de véritables efforts à fournir; et puis il avait déjà pris sur lui pendant tant de temps, que ça lui collait à la peau désormais. « Je comprends tu sais. Mais je pense quand même que tu devrais te poser et te laisser le temps de la réflexion, pas hâter une décision. » Le pire ? C’était qu’elle avait raison. Il souffla un instant. « C’est pas l’envie qui me manque de hâter quoi que ce soit, mais je sais que ça sera pas pour prendre une bonne décision. Donc j’ai pas prévu de le faire. » Même si réellement, l’idée d’envoyer tout valser du jour au lendemain sans y réfléchir à deux fois lui avait traversé l’esprit plus d’une fois, surtout ces derniers mois.

« Je te pensais pas si cynique. » - « Je fais comme je peux pour amortir les déceptions. » Parce-qu’il était question de ça, en réalité: son coeur était tellement fragile qu’un peu de précaution de temps à autre ne faisait pas de mal. Toutes les histoires d’amour finissent mal n’était pas là une certitude, une idée à suivre; simplement, se le rappeler de temps à autres ne faisait pas de mal pour ne pas tomber de haut tous les quatre matins. Apparemment, cependant, ce n’était pas une réaction que Megan avait anticipé de la part du blonde - il n’y avait qu’à voir la façon dont elle se refermait, elle s’écartait, fuyait la situation pour comprendre que c’était le cas. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il mettent de tels mots sur la situation, sur leur situation peut-être à travers ces derniers - il n’en était rien, en réalité. « Tu comprends pas. » Ce n’était pas parce-qu’il gardait une telle ligne de conduite qu’il était persuadé que c’était cette dernière la seule vérité; tout comme ce n’était parce-qu’il avait écrit une bonne partie des lignes de ce manuscrit suite à sa rencontre avec la jeune femme que son avis sur leur relation et sur celle qu’elle était avait été forgé à tout jamais. Il s’était servi des émotions qu’il avait ressenti à ce moment là, parce-que c’était de la sorte qu’il fonctionnait et que cela lui permettait d’extérioriser ce qu’il pouvait avoir à l’intérieur de lui avant d’exploser. Ce n’était cependant pas parce-que la rencontre entre elle et lui avait débouché sur une telle histoire d’amour tragique que c’était forcément ce que lui inspirait leur histoire à eux pour la suite. Ce n’était pas Megan elle-même qui avait été source d’inspiration, mais les émotions que Damon avait pu ressentir lorsqu’elle était arrivée dans sa vie. Il dissociait les deux, car si cela avait été quelqu’un d’autre, l’effet aurait été le même; en revanche, si ce n’était pas elle avec lui aujourd’hui, cette discussion n’aurait peut-être jamais eu lieu. Elle était particulière, à ses yeux - et c’était apparemment une partie qu’elle avait décidé de mettre de côté en cet instant pour se focaliser sur tout un autre pan de cette discussion. « Je sais. C'est le mariage, les obligations, ton ex. Je sais. » Il pouvait entendre qu’elle n’apprécie pas forcément la façon dont les événements s’étaient alignés, mais ce n’était pas une surprise si c’était de la sorte que Damon s’était senti; il ne l’avait jamais caché, qui plus était.

Cependant, à aucun moment, il avait souhaité lui faire du mal - et c’était une des raisons qui l’avait poussé à garder l’idée de publier et le manuscrit pour lui encore et encore. Parce-qu’il était entier, dans tout ce qu’il faisait, alors il n’aurait pas éludé les questionnements de Megan lorsqu’ils y auraient fait face. « T'as pas besoin de m'expliquer, j'ai compris. » Dans son dos, il pinça les lèvres, retenait un petit soupire. Peut-être avait-il besoin d’expliciter, justement si, si elle entendait qu’une partie de l’histoire. Elle préférait se concentrer sur celle qu’ils ne pouvaient moduler, qui était déjà écrite dans leur histoire. Ils avaient pourtant bien plus à en ressortir que ça. Et cela ne pourrait se faire si elle se renfermait, si elle l’excluait de ce qu’elle pouvait ressentir. Damon n’était pas idiot, il savait que le mode de fonctionnement de sa femme ne reposait pas sur l’idée de gérer ses émotions en public et/ou avec autrui; c’était là son fonctionnement à lui et ils avaient toujours été bien différents pour ça. Mais ils n’étaient que tout les deux, personne d’autre n’intègrerait cette conversation et il lui semblait être important qu’ils puissent en discuter - même si c’était à chaud, au coeur d’une tempête silencieuse, et qu’elle lui balançait ses émotions à la figure sans les retailler au préalable. C’était aussi ça pour lui, l’engagement qu’ils avaient pris l’un envers l’autre. Les secondes s’écoulèrent avant que Megan ne reprenne la parole, et il semblait à Damon qu’il avait retenu sa respiration tout du long. Bien sur qu’il l’avait entendu renifler également, à défaut de pouvoir voir ses émotions dépeintes sur son visage. « Je sais pas quoi te dire. Tu m'apprends rien, tout ce que tu me dit je le sais déjà mais c'est pas pour autant que ça me fait rien de l’entendre. » Il ouvrit la bouche pour commenter - pour finalement la refermer dans l’instant qui suivit. Ce n’était pas à son tour de commenter quoi que ce soit alors qu’il avait poussé la jeune femme à prendre la parole. Bien sur qu’il était tout au fait qu’entendre les mots qu’il prononçait n’était pas agréable; c’était exactement la raison qui l’avait poussé à attendre encore un instant et un autre avant de se lancer. « Je m'attachais à toi pendant que t'étais en train d'écrire cette fin. Je me suis attachée à toi avant même qu'on soit mariés. » Elle ne pouvait le voir, lui tournant toujours le dos, mais il baissa son regard. Bien sur que les ressentis étaient différents, mais à chaque fois qu’elle ramenait sur le devant de la scène le fait qu’elle avait mis bien moins de temps à s’accrocher à cette relation qu’il n’avait pu le faire, il avait un pincement au coeur; cela lui rappelait à quel point il avait pu la décevoir sans même s’en apercevoir. «  T'as l'air résigné, t'as l'air d'avoir accepté que toutes les histoires d'amour se finissent mal. C'est ça que tu fais avec moi, tu te résignes ? Tu renonces ? » Il retint de justesse un soupire, mais secoua tout de même la tête en levant les yeux au ciel - elle ne pouvait pas le voir de toutes façons. « Je me résigne pas, je renonce à rien. Je pense que mon comportement ces derniers temps le prouve bien, d’ailleurs. » Ce n’était pas pour ça qu’il agissait comme il le faisait, bien sur; mais étant donné qu’il ne s’était jamais forcé avec Megan, elle avait l’exemple parfait sous ses yeux pour comprendre que ce n’était pas le cas.

« Toutes les histoires d’amour se finissent mal - en général. » Il accentua son intention sur la fin de sa phrase, parce-que finalement c’était peut-être la partie la plus importante dans tout ça. « C’est pas pour autant que je leur laisse pas leur chance. » Parce-que c’était ça le pire dans tout ça: une grande partie de lui pensait réellement qu’elles terminaient de trop souvent mal, car il n’avait pas encore eu moyen de prouver le contraire mais il continuait de tomber amoureux, il continuait de donner son amour sans compter comme s’il pourrait peut-être un jour conjurer le sort. « Si j’avais renoncé, je serais pas là à tenter de faire au mieux pour toi, à chercher à savoir comment tu te sens. » C’était ce qu’il faisait, à sa façon, surement maladroitement. « Si j’étais résigné, on aurait même pas eu cette discussion. » Il aurait évité la cuisine toute entière et ne serait pas ressorti de sa chambre de la soirée, elle n’aurait pas pris le temps de cuisiner pour lui non plus puisque cela aurait été évident qu’il ne participerait pas au diner. Il existait mille et un indices qui prouvaient que Damon était tout sauf résigné; c’était les émotions de Megan qui occultait son jugement. Lentement alors, avec affection, il annihila le peu de distance qu’avait pu être mis entre eux pour prendre la jeune femme dans ses bras, entourant sa taille, pour poser sa tête au creux de son épaule, pour déposer un baiser au même endroit une seconde avant de le faire. « Si j’avais renoncé, est-ce que tu penses que je te donnerais l’occasion de me prouver que j’ai tort ? »

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/prettygirlgifhunt

« En espérant que ce soit pas une mauvaise idée. »
« Si t’écoute ton cœur, si c’est vraiment ta passion, c’est impossible que ce soit une mauvaise idée. »

Parce qu’il nous le doit presque Damon, à nous autres, les gamins qui n’avions pas de parachute doré pour s’assurer de ne pas s’écraser au sol en cas d’ambitions inatteignables ou d’erreurs de parcours. Il a les moyens d’essayer, il a les moyens de se tromper sans pour autant craindre de tout perdre, alors si ce n’est pas pour essayer de faire quelque chose qui lui plaît, à quoi bon ? Avoir tout ce confort, si c’est pour avoir envie de se tirer une balle dans la tête dès qu’il doit se rendre sur son lieu de travail, me paraît superflu. Bien sûr, j’oublie de me prodiguer mes propres conseils ou, plutôt, j’oublie de les écouter. A trop courir après ce dont je pensais avoir besoin, je crois que j’ai perdu de vue ce dont j’avais envie. Aujourd’hui, j’essaye de m’écouter un peu pour découvrir de quoi il peut bien s’agir, rassurée par l’idée de faire partie de ceux qui peuvent grâce à mon mariage avec le jeune Italien. « C’est pas l’envie qui me manque de hâter quoi que ce soit, mais je sais que ça sera pas pour prendre une bonne décision. Donc j’ai pas prévu de le faire. » Je hoche la tête avec gravité, mais un léger sourire sur les lèvres. Un an, il lui reste un an avant de pouvoir avoir la satisfaction d’être allé jusqu’au bout de ce qu’il a entrepris, puis il sera libre de changer de vie s’il le souhaite. « Si tu dois passer à cause d’une opportunité parce que t’as encore des études à finir, on pourra en reparler. » Parce qu’il s’agirait là d’un choix bien plus épineux. « Mais je sais que t’es capable d’aller jusqu’au bout. Et je pense que tu seras fier de l’avoir fait, quelle que soit la personne pour laquelle tu as entrepris ces études-là. » La personne étant Saül, presque désignable sous notre toit comme celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.

« Je fais comme je peux pour amortir les déceptions. » Après son affirmation quant aux histoire d’amour, le terme de déception fait mal, presque encore plus. Est-ce ainsi qu’il voit encore son histoire et, par conséquent, la nôtre ? Est-ce que, d’une façon ou d’une autre et, même s’il m’a pardonnée, je fais encore partie de ceux qui l’ont déçus ? Est-ce qu’aujourd’hui, quand il repense à sa vie, il se dit qu’il aurait préféré ne pas me rencontrer, vu ce que ça lui a coûté ? Il est bien trop tôt pour poser ce genre de question : nous sommes mariés depuis plus d’un an, mais sommes en couple depuis moins de deux mois et je crois que je n’ai pas envie de connaître ses réponses. Le déni est une situation bien plus confortable.

Mais douloureuse. Douloureuse parce qu’il y a des points sur lesquels il ne me laisse aucune porte de sortie, aucune trappe invisible par laquelle me dérober pour trouver de quoi me rassurer. Il est cruellement honnête, Damon, et je crois que j’aurais aimé qu’il me mente. Je me serais sentie moins stupide, accrochée au plan de travail jusqu’à m’en faire blancher les jointures et les larmes au bord des yeux. Qui pleure pour une histoire qui, malgré toutes ses péripéties, n’en est qu’à ses balbutiements. Pas moi, ou en tout cas pas en public : j’ai toujours été de ceux qui pansent leurs plaies en privé. Je me dis que c’est fini. Qu’il va acquiescer, qu’il va me dire que je dois garder mes espoirs sous cloche si je veux éviter de tomber de haut. Je ne devrais pas : à Bali, il m’a dit toutes les choses qu’il fallait. Il m’a dit qu’il voulait essayer, qu’il voulait nous donner une chance mais lorsqu’une situation cause chez moi un débordement d’émotions - c’est souvent le cas, je suis bien plus sensible que je ne le laisse paraître - je ne suis plus capable de réfléchir rationnellement. Je deviens la personne la plus pessimiste sur Terre pour ne pas risquer d’être pointée du doigt et qualifiée d’idiote d’avoir nourri trop d’attentes et d’avoir trop rêvé. Et alors que je m’apprête à me retourner, que je m’attends à devoir composer un visage neutre pour encaisser ce qu’il va me dire, il me rassure avec une douceur qui lui est propre. Une dont je n’ai été témoin qu’à de rares occasions. « Je me résigne pas, je renonce à rien. Je pense que mon comportement ces derniers temps le prouve bien, d’ailleurs. » Je me mords l’intérieur de la joue pour que mes émotions ne prennent pas le dessus. Je fais appel à cette légère douleur nécessaire à endormir mes réactions. Bien sûr, Damon est parfait. Mais lorsque quelque chose l’est trop, j’ai toujours tendance à me préparer au pire, à me demander où est le problème qui va me tomber dessus et que je n’aurais pas vu venir. « Toutes les histoires d’amour se finissent mal - en général. » Je déglutis, ne m’imaginant guère en exception à ce genre de règle. Je ne vois pas ce que j’ai pour ça. Rien qui ne pourrait convaincre le genre d’individu pessimiste que j’ignorais qu’il était. « C’est pas pour autant que je leur laisse pas leur chance. » - « Comment tu peux le faire si tu t’attends de base au pire ? » Laisser sa chance oui, mais si au fond de lui, il est persuadé que c’est voué à l’échec, ne suis-je pas en train de me battre contre des moulins à vent ? Met-il vraiment toutes les chances de notre côté ? « Je veux pas que tu me regardes tous les matins en te demandant quand est-ce que je vais te briser le cœur. » J’aimerais entendre qu’avec moi il se sent bien, qu’il n’a pas besoin de penser à ce genre de chose et qu’il ne le fait pas. Je n’ai pas besoin de l’entendre me parler d’amour, je n’ai jamais attendu ça de qui que ce soit et je serais pathétique de l’attendre si tôt quand moi-même je ne sais même pas ce que sait exactement. Mais j’ai besoin de savoir qu’il est assez bien pour juste profiter de ce qui est en train de se construire entre nous. « Si j’avais renoncé, je serais pas là à tenter de faire au mieux pour toi, à chercher à savoir comment tu te sens. » Cette fois, j’avale ma salive pour tenter de masquer une larme qui a bel et bien coulé. Ne renifle pas. Une de mes mains se détache et vient essuyer la coupable avant qu’elle ne roule sur ma joue et jusqu’à ma mâchoire. « Si j’étais résigné, on aurait même pas eu cette discussion. » Ses mains se referment autour de ma taille et sa chaleur me rassurent. Ses lèvres se posent dans ma nuque et je frémis. Il m’attire contre lui, il dépose son menton au creu de mon épaule, et son parfum m’apaise un peu plus. « Si j’avais renoncé, est-ce que tu penses que je te donnerais l’occasion de me prouver que j’ai tort ? » Mais finalement, lui prouver qu’il a tort, n’est-ce pas une bien lourde tâche pour des épaules comme les miennes ? Au fond, n’ai-je pas juste peur de ne pas être à la hauteur, comme je l’ai confié à Jo pendant les quelques jours que j’ai passé à Sydney fin décembre ? « Et si j’étais pas assez pour ça ? » Je me retourne finalement sans me décoller de lui, rendant la tâche compliquée, mais je n’ai pas envie de quitter ses bras. Je n’ai toujours pas la moindre intention de lui briser le cœur. Je suis prête à réitérer ma promesse, mais j’ai peur de moi-même et des choses idiotes et imprévisibles que je suis capable de faire, juste parce qu’une situation me semble trop belle au point que je ”préfère” la saboter. « Je veux juste que ça soit simple. Que ça soit…. Naturel. » A mon tour, j’enroule mes bras autour de son dos et je serre mes doigts autour de son t-shirt. « Je veux juste être avec toi. » Notre relation n’a pas changé depuis longtemps, mais c’est déjà bien assez pour que l’idée que tout s’arrête soit douloureuse. « Mais je veux pas que tu sois avec moi parce que tu te dis que tu pourras pas tomber amoureux, et que c’est moins compliqué comme ça. » Je ne lui demande pas de l’être maintenant, fou de moi. Je veux juste être certaine que, malgré ce qu’il pense du dénouement général des histoires d’amour, malgré la fin de son livre et ce qui l’a motivé, il puisse me regarder et se dire que c’est possible qu’un jour ce soit le cas.

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@megan williams

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« Si t’écoute ton cœur, si c’est vraiment ta passion, c’est impossible que ce soit une mauvaise idée. » N’était-ce pourtant pas son coeur qui, d’ordinaire, ne lui faisait pas faire que des bons choix ? Etait-il réellement digne de confiance ? « Si tu dois passer à cause d’une opportunité parce que t’as encore des études à finir, on pourra en reparler. Mais je sais que t’es capable d’aller jusqu’au bout. Et je pense que tu seras fier de l’avoir fait, quelle que soit la personne pour laquelle tu as entrepris ces études-là. » Doucement, presque avec hésitation, il esquissa un petit sourire. « Merci. » Bien sur que sa réponse n’était pas tout à fait raccord avec les mots de la jeune femme - si bien qu’il enchaina pour qu’elle puisse entendre l’argument qu’il apportait derrière. « De soutenir mes idées même si elles sont pas toutes bonnes. » Au moins sur la situation, en tous cas; la façon dont Megan réagissait, ce n’était pas tous ses proches qui agissaient de cette façon. Et cela faisait du bien, de se sentir soutenu et de ne pas se sentir jugé surtout pour des choix qui s’avéraient finalement être personnels à la fin de la journée.

Si pour ce sujet là, lui montrer ce qu’il avait dans son coeur avait été une bonne option, les choses ne se déroulaient pas de façon aussi optimale pour la suite de leur conversation. Bien sur que la façon de voir les choses du jeune italien n’était pas la plus belle de celles qui pouvaient exister, il n’avait jamais prétendu le contraire; cependant il avait composé cette vision avec les expériences qui lui avaient été propres et celles qui lui avaient servi d’exemples par le biais de ses proches. « Comment tu peux le faire si tu t’attends de base au pire ? » Comment faisait-il pour tout de même foncer tête baissée dans la bataille en partant du principe qu’elle allait mal se terminer dans tous les cas ? « Parce-que je suis romantique et normalement naturellement optimiste ? » Il posait autant la question qu’il donnait la réponse, Damon. Les deux adjectifs pouvaient lui correspondre avec aisance, en revanche ce n’était pas parce-qu’il était capable de les donner qu’il y croyait facilement ou qu’il y apportait l’assurance d’être sûr de ses dires. « Et parce-que c’est pas parce-que ça risque de faire mal à la fin que ça vaut pas le coup de tenter. » Ca, il en était sur et de toutes façons son coeur ne lui laissait pas forcément trop le choix; c’était ce dernier qui décidait de la façon dont les choses allaient se passer, et souvent Damon était pris dans la toile de ses sentiments bien trop rapidement pour s’en sortir sans être écorché au passage - s’il s’en sortait. « Je veux pas que tu me regardes tous les matins en te demandant quand est-ce que je vais te briser le cœur. » - « C’est pas ce que je fais. C’est pas ce que j’ai prévu de faire non plus. » Sa réponse était instinctive, sans réflexion parce-qu’il n’en avait pas besoin. Il savait que ce n’était pas de cette façon là qu’il voyait les choses, parce-que ce n’était pas de cette façon là qu’il les ressentait. Oui, bien sur qu’il s’était à un moment donné inquiété de savoir comment et quand Megan pourrait lui briser le coeur - mais une fois que le saut vers l’inconnu avait été fait, ce n’était pas une chanson qui restait en arrière plan dans ses pensées. Il savait que cela pouvait mal se terminer, il était conscient qu’il pouvait voir son coeur saigner dans le processus, mais ce n’était pas pour autant qu’il ne sautait pas à pieds joints et qu’il n’était pas prêt à parer tous les imprévus lorsqu’ils se mettraient sur son chemin. S’il avait déjà baissé les armes de toutes façons, ils n’en seraient pas là aujourd’hui.

« Et si j’étais pas assez pour ça ? » Sentant Megan se tourner dans ses bras, il lui laissa la place nécessaire pour agir de la sorte, plongeant son regard dans le sien dès qu’il lui fut accessible - il semblait plus rouge qu’il n’avait pu l’être au début de cette conversation, et bien sur qu’il serra un brin les dents à cette image. C’était exactement vers quoi il ne voulait pas se tourner au début. « Et si tu t’accordais un peu plus de mérite ? » Qu’il avait soufflé avec tendresse. D’accord, il s’agissait de Damon prononçant ces paroles là; il n’avait jamais été mieux placé qu’elle dans ce type de situation. Mais c’était pourtant vrai: elle ne se voyait pas à sa juste valeur ici, et il ne comptait pas laisser ça en place comme ça. « Je veux juste que ça soit simple. Que ça soit…. Naturel. Je veux juste être avec toi. » Mais ? « Mais je veux pas que tu sois avec moi parce que tu te dis que tu pourras pas tomber amoureux, et que c’est moins compliqué comme ça. » Le petit sourire de Damon était autant attendri qu’attristé, lorsque le coin de ses lèvres se souleva. Dégageant l’une de ses mains du tour de taille de la blonde, il posa cette dernière sur sa joue. « Je te l’ai déjà dit Megan: je tomberai amoureux de toi, j’ai pas de doute là dessus. » Il n’avait même pas besoin de parier sur ça, il connaissait déjà l’issue. « Et pas parce-que je tombe amoureux de tous ceux qui se montrent à peu près tendre à mon égard, mais parce-qu’il est facile de tomber amoureux de toi, de ce que tu es. » Elle l’avait put-être déjà oublié, mais ce n’était pas la première fois qu’il lui tenait de tels propos. Et surtout: il y croyait toujours, sans artifice aucun.

« Je te dis pas ça parce-que c’est ce que tu as besoin d’entendre. » Il le précisait tout de même, pour être sur qu’elle n’ait pas de doutes sur cette partie là de l’histoire également. Le pouce de Damon caressait désormais avec tendresse la peau de sa femme. « Je te le dis parce-que je le pense. Tu es largement assez pour ça, comme tu dis. Tu me prouves que je peux avoir tort à chaque jour qu’on passe ensemble. » Chaque fois qu’elle lui montrait qu’il était facile d’être avec elle, que sa présence lui faisait du bien, que sa tendresse à son égard était une chose à laquelle s’y habituer était aisé. « Je fais preuve de trop d’émotions et de sentiments pour que ce soit simple, mais c’est naturel. Et ce serait pas à toi que j’aurais fait lire le manuscrit si t’étais pas celle avec qui je voulais et en qui j’avais confiance. » Cela pouvait peut-être paraitre mielleux d’avancer de telles paroles, mais parfois simplement mettre des mots sur les maux était le meilleur moyen pour que cela fonctionne le mieux. La version de Damon que Megan avait longtemps côtoyé, celle où il avait du mal à s’ouvrir… Ce n’était pas lui, en rien. Celle où il ouvrait son coeur et son esprit à la moindre occasion, où même si cela pouvait faire mal il était honnête, c’était celle là la véritable image de Cosimo.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/prettygirlgifhunt

« Merci. De soutenir mes idées même si elles sont pas toutes bonnes. » J’éclate d’un rire doux en secouant la tête. « Les idées de merde c’est ma spécialité, mais je t’apprends rien. » Parce que l’une d’entre elles a été de faire chanter un homme aussi puissant que Saül Williams, et d’accepter le marché qu’il m’a proposé pour que je le laisse tranquille ? Guilty. « Et c’en est pas une, d’essayer des choses qui tee rendent heureux, tu sais. » Peut-être que cela ne marchera pas. Peut-être qu’il réalisera que cela ne lui plaît pas, de mélanger sa passion pour l’écriture avec le monde professionnel, mais ceux qui sont idiots, ce sont ceux qui s’entêtent dans une voix qui ne leur procure aucun plaisir, aucun bonheur d’aucune sorte, non ? Nous autres, ceux qui écoutent leur cœur, nous sommes peut-être imprudents, mais nous sommes du côté de la vérité, je l’ai toujours pensé.  

« Parce-que je suis romantique et normalement naturellement optimiste ? » - « Je sais que t’es romantique. » Pour me montrer qu’il était prêt à faire prendre un tournant à notre histoire, il m’a emmenée à Bali, a recouvert le lit de notre suite de pétales de roses et a organisé un dîner aux chandelles sur la plage. On ne fait pas plus romantique que le jeune Italien que j’ai épousé. Mais penser que toutes les histoires d’amour se finissent mal, j’appelle pas ça de l’optimisme. Au mieux, il est du genre à foncer tête baissé même lorsqu’il est persuadé qu’il va se prendre un mur de plein fouet, et j’ignore le qualificatif pour définir les gens comme lui. Est-ce qu’il pense ? Qu’avec moi, il va droit dans le mur ? Je n’ai pas envie d’y penser, je m’attache à lui – au cas où ça ne serait pas clair – et je n’ai pas envie de renoncer à ce sentiment que je fais enfin partie d’une famille. Certes, elle est dysfonctionnelle. Mais je n’ai jamais eu autant l’impression d’appartenir à quelque chose de plus grand que moi que lorsque nous nous sommes occupés de son petit frère, avant les vacances de noël et plus récemment lorsque nous l’avons gardé une semaine pendant l’absence de son père. « Et parce-que c’est pas parce-que ça risque de faire mal à la fin que ça vaut pas le coup de tenter. » - « Quand on a peur d’avoir mal, on est sur la retenue. » Et c’est humain. Personne – ou personne d’équilibre – n’aime souffrir. « Et je veux pas que tu sois sur la retenue quand on est ensemble. » Je n’ai jamais eu l’impression qu’il l’était. Mais est-ce impossible d’envisager qu’il cache mieux son jeu que je ne l’aurais anticipé ? « C’est pas ce que je fais. C’est pas ce que j’ai prévu de faire non plus. » Il ne se demande pas quand il souffrira à cause de moi. Mais est-ce qu’il se pose parfois la question de si ce sera le cas ?

« Et si tu t’accordais un peu plus de mérite ? » Je plisse les lèvres et relève un regard coupable vers Damon. « Je sais ce que je suis Damon. » Tout explose sur mon passage. J’entraîne le chaos dans mon sillage et j’ai du mal à conserver des relations stables et équilibrées, qu’elles soient amoureuses, familiales ou amicales. Mon père n’a jamais voulu me connaître, et peut-être qu’il a raison : peut-être était-ce son instinct de conservation. Je suis épuisante, imprudente, têtue et bornée. Mes qualités, personne ne les a jamais pointées du doigts, alors j’ai plus de mal à les voir ou en tout cas à les reconnaître. « Je te l’ai déjà dit Megan: je tomberai amoureux de toi, j’ai pas de doute là-dessus. » Parce que je suis belle ? Parce que je suis désirable ? Je n’ai pas envie de n’être que ça pour la gente masculine. Je sais que Damon n’a rien d’un goujat. Mais je suis habituée à ce que l’on se contente de compliments basés sur mon physique, et uniquement sur cet atout-là. Je suis habituée à ce qu’il soit pointé du doigt comme mon principal attrait. Mais je sais aussi qu’il n’a jamais retenu personne. « Et pas parce-que je tombe amoureux de tous ceux qui se montrent à peu près tendres à mon égard, mais parce-qu’il est facile de tomber amoureux de toi, de ce que tu es. » - « Parce que je suis belle ? » Il ne s’agit pas de prétention ou d’un trop plein d’amour propre. Je ne me suis pas contentée de tirer ce constat seule, elle me regardant dans le miroir. On me l’a trop dit pour que je l’ignore. Alors je sais. Je ne suis pas juste belle. Je suis un putain de fantasme ambulant.

La main de Damon échoue sur ma joue, qu’il caresse de la pulpe de ses doigts. Je ferme mes immenses yeux l’espace d’un instant, le temps de conscientiser tout ce que je ressens alors que ses doigts caressent ma peau. Suis-je rassurée ? Convaincue ? Est-ce que tout ce qu’il me dit et toute la tendresse dont il fait preuve à mon égard m’aident à accepter que cette fin, il l’a écrite à une autre époque, alors qu’il ressentait d’autre sentiments et qu’il a le droit d’évoluer ? De changer d’avis ? De vouloir d’autres choses ? Suis-je convaincue que, si ce n’était pas le cas à l’époque, c’est moi qu’il veut, et qu’il n’a pas l’intention de changer d’avis à la moindre complication ? « Je te dis pas ça parce-que c’est ce que tu as besoin d’entendre. Je te le dis parce-que je le pense. Tu es largement assez pour ça, comme tu dis. Tu me prouves que je peux avoir tort à chaque jour qu’on passe ensemble. » Est-ce trop ambitieux et prétention, de croire que je lui prouve aussi qu’il avait tort à mon sujet ? Que son père qui m’a affublée de pas mal de noms d’oiseaux, que Scott qui ne m’a jamais vu autrement que comme une jolie chose dont il pouvait tirer avantage sans jamais donner en retour, que les autres ont tous tort à mon sujet ? « Je fais preuve de trop d’émotions et de sentiments pour que ce soit simple, mais c’est naturel. Et ce serait pas à toi que j’aurais fait lire le manuscrit si t’étais pas celle avec qui je voulais être et en qui j’avais confiance. » Sans quitter l’espace rassurant entre ses bras, je me colle un peu plus à lui. Je niche mon visage dans son cou, je viens respirer l’odeur de sa peau en déposant mon nez juste au-dessus de sa clavicule. « J’espère qu’un jour, quand tu seras un écrivain célèbre et que t’auras gagné pleins de prix, je t’inspirerai d’autres genres d’histoires. » Des récits avec des fins heureuses, des romans porteurs d’espoir et d’optimisme.

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@megan williams

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« Les idées de merde c’est ma spécialité, mais je t’apprends rien. » Il esquissa un petit sourire; il devait admettre que dans ce domaine, elle avait plus à lui apprendre que l’inverse ne pouvait être vrai. « Et c’en est pas une, d’essayer des choses qui tee rendent heureux, tu sais. » C’était là que leurs opinions et leurs habitudes divergeaient, bien sur, puisque Damon avait toujours été habitué à ce que ce soit effectivement le cas. Le temps l’aider à ne plus rester formaté à cette idée, mais ce n’était pas encore gagné. un jour, l’italien comprendrait qu’effectivement, faire ce qui nous plaisait était la meilleure des idées et des solutions à beaucoup de problèmes; pour le moment il se contentait de faire ce dont il était capable dans la limite des libertés qu’il arrivait à s’accorder.

« Je sais que t’es romantique. » C’était là un trait de caractère qu’il n’avait jamais cherché à cacher, et même qu’il s’était appliqué à démontrer à Megan ces derniers mois. Il aimait l’idée de l’amour dans son entièreté, même si effectivement les exemples qu’il avait eu dans son entourage proche ne lui démontraient pas que c’était quelque-chose à laquelle s’accrocher valait la peine. C’était un peu à son image, en réalité, d’être à ce point romantique: les illusions avaient bercé son existence depuis le premier jour, il fallait qu’il porte fièrement le flambeau. « Quand on a peur d’avoir mal, on est sur la retenue. Et je veux pas que tu sois sur la retenue quand on est ensemble. » Il ne l’était pas; elle faisait même partie des rares personnes avec qui il se sentait totalement à l’aise d’être lui-même en toutes circonstances. Et puis, elle avait vu surement les pires côtés de son existence, alors il n’avait pas grand chose à cacher ou plus trop de surprises à lui part. Mais de toutes façons, comme il lui confirma, ce n’était pas de cette façon là qu’il comptait agir à ses côtés. Et s’il fallait qu’il le répète encore une fois, il le ferait. « Je suis pas dans la retenue. Ca fait longtemps que je le suis plus, en tous cas. » Bali avait été le début d’un tout nouveau autre chose, pour lui. C’était à partir de ce moment là qu’il avait arrêté de réfréner ce qu’il ressentait en réalité depuis bien des semaines et surement même des mois envers la jeune femme; il ne s’était pas exprimé sur le sujet parce-qu’il ne s’était pas autorisé à admettre que le dernier problème en date venait de lui et plus de la jeune femme.

Gardant son regard plongé dans celui de sa femme, il fronça cependant quelque peu les sourcils en entendant les mots qu’elle prononça. Il était certain de lui sur ce point: elle ne s’accordait pas assez de mérite. « Je sais ce que je suis Damon. » Certes, il ne pouvait lui retirer ce côté là de la vérité, il acquiesça sans rechigner. « Mais moi je vois celle que tu deviens. » Parce-qu’elle voulait changer, parce-qu’elle voulait obtenir plus que tout ce qu’elle avait jusque maintenant. Et à ses yeux, c’était sur cette partie là également qu’elle ne s’accordait pas le mérité nécessaire. Peut-être effectivement qu’elle avait eu des actions qui avaient apporté certaines conséquences; mais le passé restait là où il appartenait, et ce n’était plus sur cette partie là qu’il souhaitait se concentrer l’italien. Sinon, ils n’en seraient pas là aujourd’hui. « Accorde toi plus de mérité, s’il te plait. Tu vaux plus que tout ce que tu peux t’accorder. » Et elle avait toutes les raisons de le croire: il la voyait au quotidien, et il y avait de fortes chances qu’il ait eu accès à une partie du pire qu’elle pouvait être également. C’était également pour tout ce qu’elle méritait d’être et qu’elle pouvait être que Damon était certain d’un point: il finirait par tomber amoureux d’elle, c’était indéniable. « Parce que je suis belle ? » Même si cela lui faisait mal au coeur que ce soit la seule raison qu’il lui vienne en tête, il esquissa un petit sourire tendre. « Non, pas parce-que tu es belle. Ca c’est le bonus de la situation. » Le physique, oui certes c’était important et indéniablement, Megan était surement la plus belle femme qu’il lui ait été donné de côtoyer. Mais ce n’était pas cette partie là qui permettait à Damon d’être sur de lui. « Tu as un grand coeur, Megan, qu’importe ce que tu peux en dire. C’est de lui que je tomberai amoureux. »

Alors oui, effectivement, peut-être que les paroles du jeune italien avaient tout pour être parfaites et être celles désirant être entendues - par Megan, mais par n’importe qui d’autre en réalité. Mais ce n’était pas un mouvement de jeu dans le but de manipuler ou d’arriver à quelques fins prédestinées: il s’agissait là réellement de ce qu’il pouvait ressentir, à l’intérieur. Il ne forçait pas le trait, n’essayait pas de paraitre plus beau. Il s’agissait de ce que son coeur lui dictait et lui donnait comme directives pour ses actions. Certes, ce n’était pas toujours l’idéal et souvent il se retrouvait blessé dans l’exécution de l’action comme il l’expliquait à la blonde; mais au moins il se comportait toujours en fonction de ce que son coeur ressentait. Finalement, Megan finit par glisser son visage dans son cou, et lui par resserrer doucement son étreinte autour de son corps. Peut-être qu’elle le sentirait, le soupire de soulagement qu’il relâcha lentement lorsqu’il sentit la chaleur du corps de la jeune femme tout contre lui. « J’espère qu’un jour, quand tu seras un écrivain célèbre et que t’auras gagné pleins de prix, je t’inspirerai d’autres genres d’histoires. » Elle ne pouvait le voir, mais il esquissa un petit sourire. « C’est parce-que tu m’en auras inspiré de ce genre là que je gagnerais des prix. » Avec un coeur empli d’émotions comme le sien, le contraire n’était pas possible. Il déversait littéralement ses émotions dans son écriture; si un jour il gagnait des prix, ce serait parce-que sa propre histoire avait inspiré ses romans et non par un coup de chance. L’un n’allait pas sans l’autre. « J’espère que ce jour là tu ressentiras ce que j’essaie de t’expliquer aujourd’hui. » Toute cette tendresse et cette affection qu’il ressentait réellement à son égard, toutes ces émotions même de façon générale qu’elle arrivait à lui faire ressentir - et si ça avait commencé par le pire, cela se dirigeait indéniablement vers le meilleur désormais. De toutes façons, ils se l’étaient promis: pour le meilleur et pour le pire.