C'est un week-end sans pour Eve. Sans Ella ni Eden, les deux ne le passant pas avec elle. Sans Jaylen, terriblement pris par ses soucis avec Riley pour lesquels la marraine de la petite se sent affreusement impuissante. Sans Andrew qui est elle-ne-sait même plus où parce que c'est comme ça que fonctionne le métier d'acteur. Sans Jenna qui est très occupée avec la galerie qui n'en est qu'à ses premiers mois d'existence. Sans Leslie qui est au Costa Rica. Sans l'envie de faire quoi que ce soit, en fait.

L'appartement est désespérément vide depuis hier : Ella est chez une copine pour le week-end – et lui manque terriblement – et Eden a prévu de passer ces deux jours chez des amis. Il ne reste qu'Eve, vautrée sur le canapé devant le film le plus niais qui soit, et Raya qui tourne autour de son panier depuis vingt minutes. Comprenez : le film d'Eve dure depuis une heure, et n'est toujours pas fini alors qu'il aurait pu être résumé en un court-métrage d'un quart d'heure. C'est du même niveau que les comédies de Noël, celles qui dégoulinent d'un romantisme absurde mais qui font un peu rêver la Daxson. Raya elle s'en fout de ça : elle veut sa promenade, et ses petits jappements le font bien comprendre à l'enseignante. Après plusieurs minutes de latence ponctuée par les aboiements de la petite râleuse, Eve finit par attraper la télécommande pour éteindre la télé. Elle sait déjà comment le film va se finir, de toute façon : le quiproquo déclenché par la sœur du boucher de la protagoniste va être résolu et le protagoniste va venir toquer à sa porte avec un bouquet de fleurs pour s'excuser et l'embrasser. Pourquoi ça ne se passe jamais comme ça dans la vraie vie ?

À peine la brune se lève-t-elle que Raya vient se coller à ses jambes, ayant parfaitement compris qu'elle a obtenu gain de cause. Eve secoue la tête avec un semblant de sourire aux lèvres puis file dans sa chambre retirer son pyjama. Dehors, le Soleil brille haut dans le ciel et le temps semble chaud. Attrapant son téléphone, elle vérifie quelques instants qu'il n'y ait pas de pluie prévue aujourd'hui avant de se décider à ne pas simplement amener Raya au parc aujourd'hui.

C'est vêtue d'un débardeur rose, d'un pantalon noir et de chaussures mêlant les deux couleurs que la Daxson quitte son appartement, un petit sac sur le dos et Raya dans ses bras. Elle a accroché sa laisse à son collier mais préfère la garder contre elle le temps de descendre les escaliers et de la mettre dans la voiture, puisqu'elle n'a pas l'intention d'aller jusqu'à leur lieu de promenade.

Une heure plus tard, Eve arpente un coin de forêt qui lui est aussi familier qu'inconnu. Elle le connaît parce qu'elle en a parcouru un bout durant le stage de survie auquel elle a participé les jours précédents. Mais il lui semble aussi totalement nouveau parce qu'elle a bien du mal à se repérer au milieu de tous ses arbres, quand bien même elle ait appris grâce aux instructeur·rices de la Bear Grylls Survival Academy comment utiliser une carte et une boussole efficacement. À ses côtés, au bout de sa laisse, Raya semble ravie par la balade. Elle alterne phases de course, phases de ronds autour de la brune et jappements enjoués, arrachant régulièrement des sourires à la Daxson qui a l'impression que son cœur est moins lourd à porter maintenant qu'elle est ici. Elle a bien fait de venir.

Levant le nez vers les arbres, Eve cherche à localiser la position du Soleil pour s'assurer qu'il n'est pas trop tard. Curieuse de savoir depuis combien de temps elle est ici, elle récupère son téléphone dans son sac et remarque un message de Lisbeth. Occupée à y répondre, et préoccupée par tout ce qui concerne sa filleule en ce moment, elle ne se rend pas compte que quelque chose a attiré le regard de sa chienne, ne comprenant alors pas pourquoi elle se met à courir si vite soudainement. Forcée de faire de même pour la rattraper, la brune s'y prend avec trop de précipitation et pose mal son pied sur le sol : déstabilisée, elle bascule sur le côté et réalise trop tard qu'elle marchait trop proche du ravin.

Après plusieurs dizaines de secondes d'étourdissement à cause du choc, Eve rouvre les yeux et constate qu'elle est à présent dans le ravin, l'arrière du crâne douloureux. Relevant le nez vers Raya qui est toujours là-haut, elle accroche la laisse de cette dernière à son sac avant de fouiller dedans. Il est où son téléphone ? En haut, avec sa chienne, et cette réalisation lui arrache un juron. « Merde... » Elle se met en tête de le récupérer, et plus précisément de se mettre sur ses pieds pour essayer de l'attraper – quand bien même ça lui semble un peu haut. La tentative se solde par un échec lorsque sa cheville se dérobe sous son poids à cause d'une vive douleur qui lui arrache un cri. Vraisemblablement, la douleur de sa tête a masqué celle de sa cheville. De nouveau par terre, Eve prend une profonde inspiration pour essayer de rester calme et surtout rationnelle. Après plusieurs secondes, la seule solution rationnelle qui lui vient à présent, c'est de crier. « À l'aide ! Au secours ! » Il doit bien y avoir quelqu'un d'autre dans cette forêt, c'est pas possible autrement. Il y a bien quelqu'un qui va l'entendre, non ? D'autant plus que Raya, percevant sans doute l'angoisse dans sa voix, se met à aboyer.

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La fierté n'est habituellement pas quelque chose qui encombre démesurément Eve. Elle fait partie de ces personnes qui savent reconnaître leurs torts, demander de l'aide ou s'excuser, parfois trop peut-être – c'est que la brune préfère éviter les conflits qu'en créer à cause d'un stupide affrontement d'egos. Ainsi, elle n'a pas hésité bien longtemps avant d'appeler à l'aide d'une voix aussi forte qu'elle en était capable, espérant que quelqu'un d'autre qu'elle se balade dans ce coin de forêt. Elle sait que le stage de survie a lieu non loin d'ici, mais ne sait pas à quel point s'étend leur champ de travail. Elle est de toute façon à court d'options : sa cheville lui fait bien trop mal pour envisager de s'appuyer dessus à nouveau – elle regrette déjà amèrement la première tentative, pour être honnête –, et ce n'est pas le peu de sport qu'elle fait qui lui a conféré des bras assez musclés pour qu'ils puissent la sortir de ce ravin grâce à leur seule force. Il ne lui reste que cette solution là, celle de crier en croisant les doigts pour que quelqu'un l'entende. Entre sa voix et les jappements de Raya, le bruit qu'elles font est incontestable – il ne reste plus qu'à espérer qu'il  n'y ait pas que les oiseaux qui s'en rendent compte.

Des pas précipités qui semblent se rapprocher d'elle rassurent Eve qui se dit que tout n'est pas perdu, d'autant plus qu'elle n'aura pas eu à attendre si longtemps que ça finalement. Elle se dit qu'elle a de la chance et que quelqu'un devait passer non loin du ravin dans lequel elle a atterri. « Raya ? » Ses sourcils se froncent légèrement lorsqu'elle croît reconnaître cette voix féminine, mais elle espère se tromper. Ça doit être le choc à la tête qui lui fait s'imaginer n'importe quoi. Oui, ça doit être ça.

C'est lorsque ce visage si familier apparaît au-dessus du ravin qu'Eve se rend compte que sa fierté peut devenir un problème. Et un problème de taille : s'il y a une personne à qui elle ne veut pas avoir à demander de l'aide, ni même quoi que ce soit, c'est bien Jameson Winters. Et sa moue le traduit au point qu'il soit impossible d'en douter : malgré la douleur qui irradie dans sa jambe et sa tête, ses sourcils se froncent et son regard se noircit aussitôt qu'elle identifie son ex. « Oh bordel. » De son côté, Jameson affiche un air surpris – il faut dire que ni l'une ni l'autre ne s'attendait à de telles retrouvailles. Eve admettra sans mal qu'elle n'avait aucune envie que ces retrouvailles aient lieu, que ce soit ici ou ailleurs. « Ça va, t’es pas blessée ? » Les lèvres de l'institutrice se pincent et elle doit se retenir d'envoyer une pique bien sentie au sujet des blessures qu'elle a créées – ce n'est pas ce dont voulait parler l'avocate, elles le savent toutes les deux, et surtout ce n'est pas ce qui va l'aider à se sortir de cette situation merdique. « Je me suis fait mal à la cheville, je peux plus me lever. » Son ex n'aura pas de mal à se rendre compte que sa voix est nettement moins enjouée qu'à l'accoutumée, quand bien même elles ne se sont pas vues depuis longtemps. Elle sait qu'Eve est une personne d'un naturel bien plus jovial que ce qu'elle laisse apparaître actuellement. La Daxson aimerait bien mettre son attitude hostile sur le compte du ravin et de la douleur, mais ce serait mentir.

La vérité c'est que revoir Jameson ravive des souvenirs qu'elle avait espéré enfouir définitivement mais qui ne sont en fin de compte pas si bien enterrés que ça. Malgré elle, elle ne peut pas s'empêcher d'être sur la défensive : leur histoire a beau remonté à plus de deux ans, elle ne lui a pas pardonné sa tromperie. Pourtant Eve n'est pas connue pour être rancunière, bien au contraire, mais là... Avoir trouvé sa petite-amie au lit avec un homme dépassait la limite de ce qu'elle pouvait pardonner, indéniablement. Et même deux ans après, la rancœur est tenace et l'amertume a un goût prononcé sur sa langue : même si Jameson est apparemment sa seule option aujourd'hui, elle n'a pas l'intention de se l'infliger plus longtemps que nécessaire. « Il faut juste que tu m'aides à me sortir de là, après je peux me débrouiller, » assure-t-elle, quand bien même ce soit complètement idiot au vu de l'état de sa cheville. Si elle n'est pas assez stupide pour affirmer pouvoir s'extirper sans aide du ravin, elle compte cependant se débrouiller seule une fois qu'elle en sera sortie. Ou plutôt, elle compte se débrouiller sans Jameson puisque son plan consiste ni plus ni moins à  appeler quelqu'un d'autre à sa rescousse. Elle essaiera de joindre Jaylen, avec l'espoir qu'il ne soit pas occupé à retourner ciel et terre pour sa fille et ait cinq minutes à accorder à sa sœur. Sinon ce sera Jenna – qui est tellement occupée que sa meilleure amie s'en voudra de la déranger si bêtement – ou Aliyah – en espérant qu'elle ne soit pas occupée avec Lola, ou avec son ex, ou avec sa vie très chargée de façon générale. En fait, n'importe qui sauf Jameson, simplement. À ce stade, la Daxson se dit qu'elle préférerait peut-être même appeler Leslie à son secours, quand bien même elle se sentirait ridicule de le faire, que rester ici avec Jameson. La Oxton est urgentiste, ça aurait été l'excuse d'Eve pour l'appeler si jamais elle avait dû en arriver là, parce qu'elle se dit qu'elle préfère ça à l'idée de passer du temps en compagnie de la femme qui l'a trompée. Néanmoins ça ne risque pas d'arriver puisqu'à présent Leslie est au Costa Rica – bon sang ça aussi ça a été dur à avaler comme nouvelle, et pourtant ça fait trois mois maintenant que son ex s'est envolée pour l'Amérique.

HRP :

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Si se balader en forêt avec Raya lui semblait être une bonne idée pour soigner son moral ras les pâquerettes au début, maintenant qu'elle est dans un ravin Eve est beaucoup plus sceptique. Et le fait que la seule personne venue pour lui porter secours soit son ex petit-amie infidèle ne fait que confirmer ses doutes sur cette bonne idée qu'elle a cru à voir. Sans surprise, ce n'est pas avec un sourire qu'elle accueille l'arrivée Jameson mais avec cette mine froide qu'il est rare de lui voir. Elle lui en veut encore, c'est indéniable, son attitude toute entière la trahit à ce sujet. Pas qu'elle souhaite le cacher, en réalité : elle n'a pas pardonné à son ex et sans doute tient-elle à ce que ce soit clair sans pour autant vouloir le formuler à voix haute. Elle aimerait pouvoir se passer de son aide mais elle est assez lucide pour se rendre compte qu'il est totalement idiot d'attendre que quelqu'un d'autre débarque pour lui porter secours simplement par fierté. Alors elle reconnaît avoir mal à la cheville, incapable de se mettre debout malgré toute sa bonne volonté. « C’est sûrement une entorse, dans tous les cas mieux vaut ne pas la bouger. » Elle ne comptait pas le faire après l'échec douloureux – littéralement – qu'a été sa première tentative, se contentant donc de ne répondre que par un vague hochement à l'affirmation de Jameson. Elle doute en effet que ce soit cassé, et heureusement, mais se retrouve bien mal en point pour se sortir de ce fossé seule. Et encore, elle a de la chance de ne plus avoir la tête qui tourne malgré le choc au moment de sa première chute. « T’inquiète, je vais te tirer de là. » Partagée entre le soulagement de pouvoir sortir de cette galère et l'amertume que ce soit grâce à son ex, Eve ne rétorque rien. Elle veut simplement qu'elle l'aide à retourner sur le chemin de sa balade, ensuite elle se débrouillera – en tout cas c'est ce qu'elle affirme, qu'importe que ce soit idiot. Car ça l'est, dans le fond : elle ne parviendra pas à rentrer chez elle seule avec la cheville dans cet état et devra forcément appeler quelqu'un pour l'y conduire, mais elle se dit que ça vaut toujours mieux que passer trop de temps en compagnie de Jameson. « On verra. » La Daxson se mort la lèvre pour se retenir de rouler des yeux. « Tiens, attrape ça. » Et la voilà qui se retrouve avec une bombonne entre les mains dont elle analyse le contenu. Un spray froid à l'arnica – au moins son ex est prévoyante, mais ça Eve le savait déjà à l'époque où elles se fréquentaient... et ça faisait partie des choses qu'elle appréciait chez elle, en réalité. « Ça devrait un peu te soulager. » Sans doute oui, raison pour laquelle elle ne se voit pas l'envoyer bouler sous prétexte que l'objet appartient à une personne pour qui elle éprouve encore une profonde rancœur. « Merci. » La remercier elle est désagréable mais c'est la moindre des choses : même rancunière, Eve est polie et dans cette situation ne peut pas cracher sur un peu d'aide.

Appliquant du spray sur sa cheville endolorie, elle referme ensuite la bombonne et relève les yeux vers Jameson qui s'affaire là-haut avec une corde. Ses yeux lancent sans doute encore des éclairs dans sa direction mais elle ne le contrôle pas vraiment, c'est simplement sa rancœur qui s'exprime malgré les années écoulées. « J’espère qu’elle est assez longue, sinon faudra improviser. » Eve l'espère aussi : plus vite elle sera sortie de ce ravin, plus vite elle n'aura plus à supporter cette tension entre ses épaules et ce poids dans son estomac dont son ex est la seule responsable. D'ailleurs cette dernière vient de la rejoindre dans le fossé à l'aide de la fameuse corde. « Je peux regarder ? » Par principe la Daxson préférerait sans doute répondre par la négative mais là encore elle doit être rationnelle : elle a besoin d'aide et ne va pas réussir à sortir de la seule. Or, Jameson semble être sa seule option pour l'instant, aussi malheureux que ça puisse sembler. « Oui. » Et pour joindre le geste à la parole, elle retire doucement sa chaussure puis descend sa chaussette pour libérer sa cheville.

Win : Assez délicate pour ne pas se faire mal, Eve constate aussi avec soulagement que la douleur est moins vive que précédemment. Sûrement un effet du spray que lui a prêté Jameson un peu plus tôt. « Elle me fait moins mal mais je doute quand même de pouvoir me lever, » admet-elle. Puis, se souvenant de ce qui leur a été expliqué durant le stage de survie de Bear Grylls, elle regarde autour d'elles et désignent des branches qui traînent non loin. « On devrait pouvoir faire une attelle avec ça, » suppose-t-elle, ayant néanmoins assez peu envie de se traîner jusqu'au bout de bois en question sur les fesses simplement par fierté.

So close : Eve parvient à retirer chaussure et chaussette sans raviver la douleur de sa cheville mais cette dernière reste sensible. « J'ai moins mal mais je peux toujours pas me lever. » Et tout proche d'elles il ne semble pas y avoir de quoi se créer une attelle de fortune. Peut-être que Jameson pourra trouver de quoi en faire une en s'éloignant un peu.

Fail : Le spray n'a eu aucun effet, Eve a toujours aussi mal et ça se voit à la grimace qui tord ses traits autant qu'à son grognement de douleur lorsqu'elle retire sa chaussure et sa chaussette. « C'est toujours aussi douloureux. » Elle ne dit pas que le spray de Jameson n'a servi à rien mais presque.

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Comme si cette journée déprimante de solitude n'avait pas suffisamment mal commencé pour Eve, il fallait que les choses se compliquent alors qu'elle pensait enfin en être sortie. Lorsqu'enfin les sentiments négatifs qui oppressaient sa poitrine depuis son réveil semblaient disparaître parmi les arbres de ce coin de forêt et qu'un sourire sincère se frayait un chemin jusqu'à son visage, les choses avaient vite viré au vinaigre. Si ce n'était qu'une chute dans un ravin, elle ne l'aurait sans doute pas si mal vécu. Mais être secourue par la femme qui lui avait brisé le cœur et fait pousser des cornes, c'était trop pour la Daxson dont la chaleur et la douceur habituelle semblaient bien loin. Bien plus renfrognée qu'à l'habitude, elle se contente de répondre à Jameson avec une étonnante froideur et d'espérer que sa cheville s'en remettre vite pour ne pas avoir à supporter sa présence plus longtemps. Le fait que le spray ne semble avoir aucun effet sur la douleur lui laisse cependant peu d'espoir à ce sujet, ce qui est d'autant plus frustrant.

Supposant qu'avec toutes les randonnées qu'elle fait elle s'y connaîtra sans doute mieux qu'elle en blessure, Eve laisse son ex regarder sa cheville sans protester. Elle se contente de lui signaler que la douleur qu'elle ressent n'a pas diminué, parce que l'information lui semble pertinente mais aussi parce que parler lui évite d'être trop mal à l'aise lorsque les doigts de Jameson effleure sa peau. « T’y es pas allée de main morte, faut dire. » Raya pourrait témoigner que c'était une jolie chute, en effet. « Je vais trouver un truc pour te faire une attèle. » La Daxson se souvient alors que ce genre de solution a été mentionnée durant l'atelier premiers secours du stage de survie auquel elle a participé deux jours plus tôt. Néanmoins, ni Anwar ni elle ne se sont foulé la cheville pendant leur petite aventure en forêt, si bien qu'iels n'ont eu l'occasion d'essayer d'en fabriquer une à ce moment-là. Sans doute que le fait que Jameson semble si sûre d'elle à ce sujet devrait la rassurer, mais la vérité c'est que tout dans l'attitude de son ex l'agace profondément. C'est sans doute injuste à l'égard de celle qui essaie simplement de l'aider, mais c'est plus fort qu'elle. Elle ne parvient pas à passer outre la rancœur et le sentiment de trahison qui pourtant remonte à des mois et des mois maintenant. Et le fait que Jameson fuit son regard de la sorte laisse à penser qu'elle a parfaitement perçu que son ex ne la porte pas dans son cœur.

Assise par terre en attendant que Jameson trouve de quoi faire cette fameuse attelle, Eve se sent aussi inutile que frustrée. Elle donnerait tout pour être ailleurs, ou avoir été retrouvée par quelqu'un d'autre – n'importe laquelle de ses ex, en fait, mais pas celle qui l'a trompée. Et plus les secondes passent dans un silence tendu, plus elle y pense et sent que son regard fusille la silhouette de l'avocate qui pourtant fait de son mieux pour lui venir en aide. Lorsqu'elle s'en rend compte, elle finit par baisser les yeux pour regarder de nouveau son pied plutôt qu'elle. Jameson finit par se rapprocher de nouveau munie de tout un tas de petites branches, ce qui lui laisse espérer que son calvaire soit bientôt fini. Elle remet donc sa chaussette puis sa chaussure, non sans grimacer au moindre mouvement imposé à sa cheville blessée, puis la laisse placer les bâtons pour former l'attelle. « Ça va ? » « C'est un peu trop serré, » admet-elle, une grimace de douleur sur les lèvres. Et lorsque c'est ajusté, elle hoche la tête pour confirmer que ça ira. « C'est bon. » Quelques instants plus tard, la voilà avec une attelle de fortune mais toujours une boule au ventre d'être en présence de Jameson depuis de longues – interminables – minutes. « Je vais tenter de remonter la pente avec toi. Tu peux te relever ? » C'est ce qu'elles vont voir...

Win : L'attelle est incroyablement efficace et Eve parvient à se relever seule malgré une légère grimace de douleur lorsqu'elle s'appuie un peu trop sur sa cheville blessée. Elle n'a même pas besoin de la main tendue de son ex, et ça l'arrange bien.

So close : Eve tient à se lever seule et force donc sur sa cheville blessée malgré la douleur, si bien que lorsqu'elle est finalement sur pieds elle se rend compte qu'elle a encore plus mal qu'avant. Sans doute qu'elle se serait évitée cette peine en acceptant la main tendue de son ex, mais la rancœur est tenace et affecte assurément son jugement.

Fail : Si Eve voudrait se relever seule, sa cheville n'est pas de son avis et ne le lui permet pas. À contrecœur, elle se saisit donc de la main tendue par son ex et parvient à se remettre sur pieds grâce à elle – ce qui la frustre, bien évidemment.

Une fois debout, l'enseignante se crispe malgré elle lorsque Jameson passe un bras autour de sa taille. Elle sait bien que c'est nécessaire pour qu'elle l'aide à remonter, mais elle n'a aucune envie qu'elle la touche et encore moins qu'elle soit si proche. Le seul point positif de cette remontée, c'est qu'elle est plutôt rapide et que les deux femmes parviennent rapidement jusqu'au chemin duquel Eve est tombée. « Merci. » Sur sa langue il y a un goût amer, mais elle ne peut pas se résoudre à être totalement ingrate envers Jameson alors qu'elle vient de la sortir d'un terrible pétrin. Raya, ravie de retrouver sa compagne de marche intacte, vient aussitôt à sa rencontre et Eve la caresse entre les oreilles comme pour ne plus penser qu'à ça. Qu'à cet adorable animal plutôt qu'à son ex qui est toujours là, et qui représente malgré elle son plus grand espoir de s'en sortir sans déranger et inquiéter tous ses proches en leur téléphonant. « Ton campement se situe de quel côté ? » Elle secoue la tête de gauche à droite. Il y a deux jours, cette question aurait eu du sens pour elle, mais aujourd'hui elle ne peut justifier sa présence ici que par une grande malchance et un choix très peu avisé de lieu de balade. « Nulle part, je suis juste venue me balader avec Raya. » Elle pensait qu'une balade en nature lui changerait les idées et lui ferait du bien, et c'était le cas jusqu'à sa magistrale chute. Maintenant qu'elle se retrouve si proche de Jameson, à dépendre de son aide pour se sortir d'une sacrée galère, elle est bien moins convaincue par la pertinence de son idée. « Je vais me débrouiller pour retourner chez moi, c'est bon, » assure-t-elle alors, parce qu'elle n'a aucune envie de passer plus de temps que nécessaire avec son ex. Mais dans les faits, même si elle appelait quelqu'un à la rescousse, il faudrait soit qu'on vienne la chercher jusqu'au cœur de la forêt, qu'elle fasse seule le trajet pour en sortir... Et dans les deux cas, cela risque d'être affreusement compliqué vu l'état de sa cheville.

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Eve devrait se sentir reconnaissante envers Jameson, sa dévotion pour lui construire une attelle avec le peu qui se trouve autour d'elles et pour la sortir de ce ravin. Pourtant, elle n'arrive pas à passer outre sa rancœur. Elle n'arrive pas à la regarder sans repenser à ce qu'elles ont vécu, à ce qui a brisé leur relation, à ce soir où elle l'a trouvée au lit avec un homme. Quand elles parviennent finalement à remonter, elle est soulagée de ne plus être seule face à son ex – même si les autres présences ne sont qu'animales. Raya se précipite aussitôt vers elle et la Daxson la couvre aussitôt de caresses, ravie de retrouver cette adorable boule de poils et sa petite tête attendrissante. Enfin, s'il faut affronter la vérité en face, elle sait bien que le fait de retrouver Raya ne signifie pas qu'elle est sortie d'affaire. Pourtant, elle n'a aucune envie de demander à nouveau de l'aide à Jameson, raison pour laquelle elle s'affirme capable de se débrouiller toute seule pour rentrer chez elle. Comment ? Elle n'en a pas la moindre idée, mais elle ne veut pas passer plus de temps en compagnie d'une femme qui l'a tant blessée. « Ne sois pas ridicule, tu peux à peine marcher. » Si les yeux d’Eve s’arrondissent d'abord de surprise, ils jettent rapidement des éclairs tandis que ses sourcils se froncent, témoignant du fait qu’elle ne supporte pas le ton employé par son ex.

Il est vrai que l'enseignante devrait se faire une raison et reconnaître qu'elle a besoin d'aide, mais face à Jameson c'est bien difficile. « Écoute, je sais que tu n’as aucune envie de passer une seconde de plus avec moi, et je crois même que je comprends pourquoi. » La Daxson arque un sourcil, trouvant absolument ridicule la fin de sa phrase. Comment pourrait-elle ne pas comprendre pourquoi ? Un adultère n’est pas une raison suffisante d’en vouloir à son ex et de ne pas vouloir partager plus de temps que nécessaire en sa présence, selon l'avocate ? « Mais tu n’as pas le choix. Les téléphones ne captent rien, on est à des kilomètres de la ville et le moins qu’on puisse dire c’est que ce n'est pas un sentier très animé. » Eve sait qu'elle a raison, mais elle a l'impression que l'admettre à haute voix lui brûlerait la langue, autant que de lui demander un coup de main pour retrouver la civilisation. Ce n'est pourtant pas avec son attelle à la cheville qu'elle va rejoindre aisément un chemin fréquenté, et celui-ci ne l'est assurément pas – la preuve en est qu'il n'y a que Jameson pour lui être venue en aide, et qu'avant elle la Daxson a attendu un bon moment seule dans le ravin. « Alors je t’en prie, laisse-moi t’aider. Je n’ai aucune envie de devoir te laisser avec une cheville hs en pleine forêt. » Et si elle était honnête, Eve reconnaîtrait qu'elle n'a aucune envie de rester perdue en pleine forêt avec sa cheville foutue. Pourtant de sa bouche ne sort aucun mot et de ses yeux seulement des éclairs qui sont tous dirigés vers Jameson. Parce qu'elle réfléchit, l'enseignante, pesant le pour et le contre d'une décision aussi absurde que celle de l'envoyer bouler maintenant. Et finalement, un soupir franchit la barrière de ses lèvres, signe que sa réflexion est terminée. « D'accord c'est bon. » Elle accepte son aide, s'épargnant cependant la douleur de le lui demander plus directement que ça. « Mais je n'ai aucune envie qu'on parle de la pluie ou du beau temps. » Cela n'a jamais été son sujet de discussion favori, mais là n'est pas le problème et Jameson doit s'en douter. « Ni qu'on parle tout court, » ajoute-t-elle, comme pour être sûre que le message soit claire : si Eve est sociable et bavarde habituellement, elle ne considère plus son ex comme une compagnie avec laquelle elle souhaite l'être.

Win : Après quelques secondes de réflexion, Eve désigne une direction du menton. « Je suis arrivée par là, » assure-t-elle, à peu près sûre d'elle. Elles n'ont plus qu'à avancer par là, en espérant que sa cheville tienne le coup – optimiste, la brune veut y croire, surtout pour ne pas à demander plus d'aide qu'il n'en faut à Jameson –, et qu'aucun autre obstacle que leurs vieilles rancœurs ne se dressent sur le chemin.

So close : Après quelques secondes de réflexion à observer autour d'elles, Eve se rend compte qu'elle ne sait plus vraiment d'où elle venait lorsqu'elle est tombée. Et ça se voit à sa mine frustrée alors qu'elle continue de détailler les arbres et les buissons, dans l'espoir – sans doute vain – de retrouver l'endroit d'où elle est venue.

Fail : Non seulement Eve ne parvient pas à se rappeler d'où elle vient malgré ses regards autour d'elles, mais en plus Raya a décidé qu'il était temps de saluer Jameson comme il se doit. La voilà donc qui s'approche de l'avocate et cogne sa petite tête contre son mollet pour réclamer des caresses. « Raya, reviens ici. » Mais la chienne n'en a que faire, bien sûr.

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