Carina a passé son samedi soir les pieds dans l’eau et entourée de serpillères - typiquement le genre de week-end que tout le monde veut éviter et pourtant qu’on doit subir. La chaudière déverse son contenu et si Carina et Sarah ont colmaté la fuite (comprendre : bourré la zone de torchons), elles n’ont pas trouvé de plombier de garde pour venir les dépanner avant le lundi suivant. Il n’y a pas d’eau chaude dans leur appartement alors elles ne se voyaient pas rester (sans compter qu’elles rentraient de leur jogging lorsqu’elles ont constaté les faits, donc tueraient pour se doucher dans les plus brefs délais) et Carina s’est retrouvée à téléphoner à la personne qui ne lui refuserait sûrement pas une nuit chez elle : sa sœur.
Carina I wanna die
09:27pm
Carina My kitchen is a swimming pool
pièce jointe:
09:28pm
Carina Can Sarah and I crash at your place until the plumber comes on Monday morning?
09:28pm
Carina avait raison, Andy est une sainte et après avoir rempli un sac d'affaires, Sarah et elle se rendent dans la coloc. Ce n'est clairement pas le plus pratique mais elles ont emmené leur matelas gonflable et leur duvet avec dans l'idée que l'une dormira sur le canapé et l'autre sur le matelas ; après tout, elles s'imposent donc veulent déranger le moins possible.
"Thanks for saying yes! You're saving our life, dit Carina en arrivant. Elle sait bien qu'elles auraient pu survivre un week-end dans un logement sans douche, mais squatter une maison qui en est équipée est tout de même beaucoup plus commode. We won't bother anyone, promise, assure-t-elle avec un sourire. Elles s'arrangeront pour ne pas être là le lendemain pour ne pas prendre trop de place (elles rentreront sûrement chez elle pour la journée ou au moins l'après-midi, une fois douchées) et commanderont à manger pour ne pas taper dans les stocks d'Andrea - Carina n'aime pas être redevable et encore moins déranger, or c'est tout ce qu'elle a l'impression de faire ce week-end. We planned to eat pizza tonight, I'll go pick it up at eleven thirty if you want to eat with us," propose-t-elle à sa sœur.
"Can I leave this here? demande Sarah qui cherche où déposer le matelas et le duvet sans que ça n'encombre trop le salon. I hope we're not bothering your roommates too much by the way," à cinq au lieu de trois, les risques de se marcher dessus sont multipliés et le temps d'attente pour la salle de bain aussi ; les autres auraient toutes les raisons du monde de ne pas apprécier l'idée.
Andrea avait aussitôt paniquée. Même si selon elle, Carina ne lui enverrait jamais un message en cas de détresse côté santé mentale, l’ainée ne pouvait empêcher son coeur de s’emballer un peu face à ce premier texto alarmant. Les deux qui suivirent la rassurèrent grandement: cuisine inondée et demande d’hébergement le temps d’un weekend. Evidemment elle avait accepté, jamais elle ne laisserait sa soeur à la rue, ni même les pieds dans l’eau et sans eau chaude. Elle avait rapidement prévenue ses colocataires, sans pour autant attendre une autorisation de leur part, partant du principe qu’ils venaient d’arrivés et qu’elle avait, par conséquent, bien le droit de dépanner sa soeur et sa moitié un soir ou deux. Privilège de l’ancienneté. Elle c’était remise sur l’ordinateur en attendant que sa frangine n’arrive, se repentant sur les recherches que Charlie lui avait demandé, traquant l’IP du mec en question, fouillant les tréfonds d’internet à la recherche de la moindre trace qu’il aurait pu laissé. Puis rapidement, l’interphone retentissait et Andy se tirait de son bureau pour aller ouvrir. « Thanks for saying yes! You're saving our life, » Andrea esquissait un petit sourire, bien qu’elle trouvait ça totalement normal d’aider sa famille. « We won't bother anyone, promise, » assurait déjà Carina alors qu’elle passait tout juste la porte. « It’s really no bother at all, don’t worry. » rassurait tout de même Andy, saluant Sarah qui rentrait les bras chargés, avant de refermer la porte derrière elle. « We planned to eat pizza tonight, I'll go pick it up at eleven thirty if you want to eat with us, » « I’m good, I’ve ate already. But we have some leftover in the fridge if you want. I made a green curry. » proposait-elle tout de même. « Can I leave this here? » Elle reportait son attention sur Sarah qui tenait un carton imposant. Andrea observait une seconde la boite, notant qu’il s’agissait un matelas gonflable. « Yeah yeah you can, but you shouldn’t have brought this, I’m gonna leave you my bed, it’ll be easier. » assurait-elle, ne comptant pas laisser le petit couple dormir sur le canapé et sur un matelas gonflable, alors qu’elle avait une grand lit double dans sa chambre pour elle toute seule. « I hope we're not bothering your roommates too much by the way, » Andrea aidait déjà Sarah a se débarrasser de son duvet et du matelas pour les poser dans un coin du salon. « No worries. They’ve been informed and they understand. » Expliquait-elle. Et puis quand bien même, ils n’avaient pas vraiment le choix, surtout que c’était seulement pour un weekend. « The bathroom is over there, if you wanna get cleaned up and cozy. » notait-elle, indiquant le couloir qui menait à la salle de bain. Carina était déjà venue quelques fois aux files des années, surtout que Andy était dans cet appartement depuis environs sept ans maintenant, mais Sarah n'était jamais venue, ou en tout cas pas que Andrea se souvienne. « D'you want something to drink ? » ajoutait-elle, ne voulant pas passer pour l'hôte la plus médiocre du quartier.
Carina sait que dans la famille, on s’entraide et que ça n’implique pas de devoir rendre de comptes plus tard, mais c’est plus fort qu’elle, elle a la sensation de tirer sur la corde dès qu’elle demande de l’aide à quelqu’un, résultat, elle en demande le moins possible.
Elle sourit tout de même à Andrea ; c’était couru d’avance que celle-ci ne lui dirait jamais le contraire et ne lui refuserait pas l’hébergement mais elle lui est tout de même très reconnaissante.
“I’m good, I’ve ate already. But we have some leftover in the fridge if you want. I made a green curry.”
“Maybe tomorrow then, we’ve already placed the order,” répond-t-elle avec un sourire avant de se tourner vers Sarah qui cherche où abandonner sa charge.
“Yeah yeah you can, but you shouldn’t have brought this, I’m gonna leave you my bed, it’ll be easier.”
“Oh you sure? Ce serait le comble quand même, de s’inviter chez elle et d’en plus lui subtiliser son lit. Thanks Andy, really, you’re the best, sa soeur préférée oserait-elle même dire loin des oreilles de ses autres adelphes. Can I leave this in your room?” demande-t-elle en désignant le sac de sport qu’elle porte. Sarah et elle auraient aussi bien pu emmener toute leur armoire, à croire qu’elles ont prévu d’emménager là, mais non, elles ont plutôt voulu être sûres de ne manquer de rien.
"D'you want something to drink ?"
“I’d kill for coke actually, dit Sarah qui s’est délestée du sac de couchage et du duvet. Your house is really cosy.”
“Coke’s good for me too, if you have some,” ajoute Carina. Elle s’assied sur le canapé (vraiment au bord, au cas où ce serait malvenu, à croire qu’elle a débarqué à l’improviste chez un parfait inconnu - c’est plus fort qu’elle, elle a trop peur d’avoir l’air de s’imposer) et Sarah vient la rejoindre. Carina pose machinalement la main sur sa cuisse.
“Do you want to go to the cinema with us next week? We’re going to watch Megan, you know the movie with the evil doll?” propose Carina au retour d’Andy de la cuisine. Elles ont aussi prévu d’aller voir la rediffusion en salle de Titanic mais ce sera leur soirée Saint Valentin. Ce qui est sûr, c'est que si tout leur programme est fait pour la semaine suivante, un problème de plomberie n'entrait pas du tout dans l'emploi du temps et ça contrarie beaucoup Carina.
« Maybe tomorrow then, we’ve already placed the order, » « Sure, no problem. » répondait-elle dans un sourire, avant de préciser qu’elle allait laisser son lit au couple. « Oh you sure? » « Yep, I’m sure. » confirmait-elle. « Thanks Andy, really, you’re the best, » Elle haussait les épaules, trouvant que c’était la moindre des choses à faire dans une telle situation. « Can I leave this in your room? » Andy hochait vivement la tête. « First door on your right. You know the way. » lâchait-elle simplement, aidant Sarah avec ses affaires pour les déposés au pied du canapé. « I’d kill for coke actually, » « Coke, ok. Carina ? » demandait-elle en cherchant sa soeur du regard, attendant sa réponse. « Your house is really cosy. » « Oh thanks, I tried to make it comfy and cute, though it might not be everyone’s taste. » notait-elle. Elle avait un peu (beacoup) imposé sa décoration au fil des années, étant la seule locataire à rester ici, alors que les autres allaient et venaient, elle avait prit la décision, certainement égoïste, de faire de cet appartement son petit cocon. « Coke’s good for me too, if you have some, » « Of course I have some. » assurait-elle. Carina avait tendance a oublier que sa soeur buvait plus de coca zéro que d’eau. Elle s’éclipsait en cuisine pour récupérer trois cannettes et trois verres qu’elle posait sur la table basse devant Sarah et Carina avant de s’installer dans le fauteuil du salon et de remplir son verre de soda. « Do you want to go to the cinema with us next week? We’re going to watch Megan, you know the movie with the evil doll? » « Oh sure ! » répondait-elle sans hésitation. Carina semblait toujours prévoir ses semaines avec beaucoup de précision, ce qui n’était pas du tout le cas de Andy qui se laissait un peu porter. « I’ve been told it’s really scary, but I’m not sure I’ll find it as scary since I’ve worked a lot on AI. » notait-elle en pouffant de rire. C’est sur que des robots tueurs elle en avait déjà vu, même pendant un temps avait même participer à leur création, bien qu’elle n’avait pas aimé l’idée de créer des intelligences artificiels pour le milieu militaire. Alors il n’était pas impossible, qu’avec quelques années de travail, elle soit capable de créer une Megan elle aussi. Enfin, sa Megan à elle ne serait qu'amour, évidemment. « She's a killing doll right? Chucky style ? » demandait-elle quand même, n'était pas entièrement sur du plot.
Carina est venue plusieurs fois chez sa soeur, depuis le temps qu’elle loue cette maison, alors elle s’y guide sans trop de mal et pose leurs affaires, à Sarah et elle dans un coin près du lit. Elle est un peu mal à l’aise à l’idée de piquer le confort de sa soeur pour deux nuits mais une autre part d’elle est satisfaite à l’idée de ne pas avoir à dormir sur le matelas gonflable grinçant et branlant qui leur sert parfois à accueillir les neveux de Sarah pour le weekend.
“Oh thanks, I tried to make it comfy and cute, though it might not be everyone’s taste.”
“I like it, it’s so cottagecore,” dit-elle en revenant dans le salon, ses yeux s’attardant sur les couleurs douces du mobilier et les plantes vertes. Ce n'est pas vraiment ce que Carina ferait chez elle mais elle pourrait définitivement vivre dans un décor comme celui-là sans avoir envie de déménager dans les jours suivants ; en plus, ça ressemble à Andy.
La brune s’assied dans le canapé à côté de sa dulcinée et elles échangent quelques instants à voix basse sur les torsions que la panne cause à leur emploi du temps jusqu’alors aussi rempli que réglé comme du papier à musique. Au retour d’Andrea, Carina lui expose leur plan d’aller au cinéma voir un film d’horreur (les préférés de Carina) et l’invite à les y accompagner. Elles ne seront pas trop de trois pour sortir indemnes de la séance, la bande annonce avait l’air plutôt terrifiante.
“Oh sure ! I’ve been told it’s really scary, but I’m not sure I’ll find it as scary since I’ve worked a lot on AI.”
“Isn’t it worse though? Like, you know what is realistic or not, demande Sarah. Carina n’est pas facilement effrayée, elle est trop rationnelle pour avoir peur d’éléments surnaturels ou pour imaginer qu’une poupée pourrait prendre vie, ça ne l’empêche pas d’adorer le paranormal et de trouver les possibilités fascinantes. For me, nothing I see in the movie would be possible but you actually know if they can get there with the AI -”
Carina esquisse un sourire amusé et resserre légèrement les doigts autour de la cuisse de Sarah qui lui sourit à son tour.
“Stop trying to scare my sister, I want her to come to the movie,” la taquine-t-elle. Elle se penche pour attraper sa canette, l’ouvre et la tend à Sarah, puis ouvre l'autre et prend une gorgée de coca.
“She's a killing doll right? Chucky style ?”
“I think so, but she’s prettier than Chucky and I’m pretty sure I saw her doing a cartwheel during the trailer,” répond-t-elle avec un sourire.
« I like it, it’s so cottagecore, » is it? Andy ne réalisait pas trop, elle avait juste envie de plante et de couleurs pour égayer un peu son quotidien. Puis le sujet tournait à quelques chose de bien moins joyeux : un film d’horreur. Andrea en avait entendu parlé, les critiques avaient l’air plutôt correctes, bien que le thème abordé la laissait dubitative. Elle avait un peu peur de trouvé ça bidon, en notant toute les incohérences du scénario. « Isn’t it worse though? Like, you know what is realistic or not, » demandait Sarah, marquant un point. « For me, nothing I see in the movie would be possible but you actually know if they can get there with the AI - » Andrea hochait lentement la tête. « Yeah I guess if it’s convincingly made, than I’m gonna be really scared. » accordait-elle. Mais à force de voir Hollywood dépeignant des hackeurs avec une capuche sur le tête et tapant des lignes de code vert sur un fond noir : elle avait un peu des doutes quand à leur potentielle représentation du côté sombre des intelligences artificielles. Ceci étant dit, Sarah avait raison : si c’état bien fait, elle serait la première à prendre peur. « Stop trying to scare my sister, I want her to come to the movie, » « I’ll come, I’ll come. » assurait-elle, demandant quand même si Megan était une version deux point zéro de Chucky. « I think so, but she’s prettier than Chucky and I’m pretty sure I saw her doing a cartwheel during the trailer, » « a cartwheel? » répétait-elle en pouffant de rire, prenant une gorgée de son coca. « Ok so there’s only two options : you’re either gonna hear me laugh the whole movie, or hear me cry. » déclarait-elle, très sérieusement. Il n’était pas impossible qu’elles aient droit aux deux, en fait, Andy restant bon public elle pouvait prendre peur et pleurer, avant d’éclater de rire face à un détail pointant l’ignorance des réalisateurs. « I don't know where you're getting your pizza but... » Andy jetais un coup d'oeil à l'heure sur son téléphone. « It's almost eleven thirty. » notait-elle entre deux gorgées de soda.
Et voilà, Andy est convaincue de se joindre à la sortie film d’horreur ; Carina en est satisfaite (her job here is done) et sourit derrière sa canette de coca light alors qu’elle écoute Sarah et sa soeur débattre du potentiel effrayant d’une IA pour une codeuse.
“Ok so there’s only two options : you’re either gonna hear me laugh the whole movie, or hear me cry.”
“Any way, everyone’s gonna look at us funny so, your choice really,” dit-elle avec un bref haussement d’épaules. Elle a déjà entendu des gens audibly gasp au cinéma pour des films d’horreur, quelques sanglots ou éclats de rire ne feront que rajouter un peu de spice à l’expérience cinématographique.
“I don't know where you're getting your pizza but... It's almost eleven thirty.”
“Ah shit already? elle allume l’écran de son téléphone et constate qu’elle a même reçu un message de la pizzeria pour la prévenir que sa commande est prête, mais son téléphone est en silencieux depuis le début d’après-midi. I feel like I haven’t done anything at all today, et elle n’aime pas ça, pas parce qu’elle n’aime pas glander, plutôt parce qu’on l’a empêchée de glander comme elle voulait pour une stupide fuite. All right, let’s go,” déclare-t-elle finalement, plus dans un effort d’auto-motivation qu’autre chose.
Carina se lève et va enfiler ses chaussures, elle prend sa veste de sport par acquis de conscience et passe la porte. Le message de la pizzeria date d’il y a dix minutes (ils sont en avance, qui est en avance ??) Carina presse le pas dans les escaliers. Le bouton de la lumière qu’elle a pressé sur le pallier d’Andy ne marche pas, elle se rend vite compte que c’est tout la cage d’escalier qui est privée de lumière. Bon. Elle descend donc à l’aveuglette, après tout, on a pas besoin d’y voir pour descendre des marches. Sauf quand un paillasson dépasse de son perron et crée un obstacle qu’on ne voit pas.
Carina trébuche dessus : elle rate la marche. Sa tentative de se rattraper à la rambarde échoue, à la place, c’est sa tempe qui la heurte et sa vision se floute. Elle ressent à peine la sensation de chute, ramenée à la réalité par le choc de l’atterrissage. Sa respiration est coupée par la douleur, elle se retrouve à fixer le mur devant elle, hagarde.
Il y a une tâche marron sur le mur. Carina la scrute, pas une pensée en tête pendant quelques secondes, minutes, heures ?? Le temps passe vite et lentement à la fois. Quand elle retrouve ses esprits, elle cille, prend conscience de la douleur cinglante qui irradie son épaule, son bras, son torse. Elle arrive à se convaincre que ça ne doit être que l'effet du choc, qu'elle s'en tirera avec un hématome de la taille d'un œuf d'autruche (une part d'elle a conscience que ce n'est pas la douleur d'un hématome) et roule sur le dos. Ca lui coupe le souffle, elle se force à prendre une inspiration laborieuse et utilise son bras valide pour sortir son téléphone de sa poche. Par chance, il n'est ni tombé ni cassé ; elle plisse les paupières pour focaliser sa vision et cherche le numéro d'Andy dans ses contacts récents. Peut-être qu'elle devrait appeler les pompiers plutôt. Ca ne la tente pas trop.
Elle n'est pas sûre de pouvoir parler (l'idée même lui donne la nausée) alors Carina ouvre l'appli message.
Carina I frllin the stzirs
11:26pm
Si elle n'avait pas eu très mal, elle aurait eu honte de la situation. Là tout de suite, elle voudrait juste ne pas rester seule à une heure où les voisins sont probablement trop endormis ou trop absorbés dans leur film pour être alarmés par le grand boum qu'elle a fait.
« Ah shit already? » Andy hochait simplement la tête, alors que sa soeur se mettait déjà en mouvement pour quitter l’appartement. La porte calquait derrière elle et Andrea proposait déjà à Sarah d’allumer la télévision alors qu’elle partait prendre son pc portable, pour continuer ses occupations depuis le canapé. Sarah pouffait de rire devant la rediffusion d’un talk-show américain, pendant que Andrea faisait sa petite vie sur le darkweb. L’une comme l’autre perdaient rapidement la notion du temps, entre commentaire sur le programme télévision et fou rire causé par Jimmy Fallon. « Is she making the pizza herself ? I feel like she’s been gone for two hours…. » notait-elle soudain Andrea en voyant une pub pour une grande chaine de pizza à la télévision. « Maybe they messed up our order. » supposait alors Sarah. Andrea hochait lentement la tête, pas vraiment convaincue, mais ne voyant pas ce qui pouvait prendre autant de temps à Carina si ce n’était pas un soucis avec sa commande. Puis soudain son téléphone vibrait. Elle le tirait de sa poche, voyant qu’il s’agissait d’un message de sa soeur.
Carina I frllin the stzirs
11:26pm
« Is ‘I frllin the stzirs’ code for something ? » lâchait-elle alors, tendant son téléphone vers Sarah pour que celle ci puisse également lire le message. « What ? the stairs ?» Leurs regards se croisaient alors et les yeux d’Andrea s’écarquillaient. « Shit, the stairs. » lâchait-elle en se tirant déjà du canapé, envoyant valser son ordinateur portable au passage, pressant le pas jusqu’à la porte qui donnait sur le couloir. « Why would she take damn the stairs when there's a perfectly functional elevator ? » ronchonnait-elle, suivit par Sarah. Elle tentait d’allumer la lumière qui grésillait vaguement avant de s’éteindre aussitôt. Ceci expliquait cela. Descendre ces escaliers dans le noir était une très mauvaise idée. Sarah allumait déjà le flash de son smartphone, Andrea limitait, et voilà que les deux descendaient les escaliers en panique pour enfin tomber sur Carina, étalée par terre deux étages plus bas. « Carina ? You okay? » demandait-elle machinalement en s’accroupissant à côté de sa soeur qui semblait vraiment mal en point. « I’m calling an ambulance. » annonçait déjà la petite-amie, qui avait déjà son téléphone à l’oreille. « What happened ? » lâchait-elle avant de reprendre: « I mean, I can see you fell down but … I mean… » Andrea perdait ses moyens, observant Carina qui semblait avoir du mal à respirer. « Are you hurt ? » encore une question débile, mais elle ne savait pas vraiment quoi faire dans une telle situation, elle n’avait vu ça qu’au cinéma et à la télévision.
cw. description des conséquences de la chute highkey violente
Carina ne veut pas céder à la panique, elle a mal mais la douleur, c’est dans la tête et puis avec un peu de persuasion, elle peut se convaincre qu’elle est seulement un peu sonnée comme on s’y attendrait après avoir dégringolé une volée de marche et s’être cogné la tête. Une petite chute ; les personnes âgées en font tout le temps et elles s’en sortent très bien, et puis, il y a plus grave dans la vie, elle aurait pu se prendre une balle dans la tête comme Jackson ou être à nouveau agressée par un individu instable -
Carina compte dans sa tête, à l’envers, de cent à cinquante (elle s’arrête parce que ça la soule), puis elle tente d’ignorer la douleur qui lui cingle le torse pour se concentrer sur chaque partie de son corps. Elle remue un orteil, un autre, plie le genou droit, puis le gauche, tente de bouger ses hanches, sa nuque, son poignet. En arrivant au bras douloureux, elle abandonne avant de commencer.
Elle entend du bruit. Elle commençait à prendre froid sur le carrelage. Quand elle ne bouge pas, elle arrive presque à faire fi de la douleur.
“Carina ? You okay?”
“There is a fucking rug across the landing,” grogne-t-elle pour toute réponse.
Elle entend Sarah derrière, la présence des deux femmes lui donne le courage de tenter un mouvement. Elle fait mine de se redresser, son épaule se contracte, elle grimace et revient sur le sol.
“What happened ? I mean, I can see you fell down but … I mean…”
“The light is broken,” répond-t-elle. La présence du paillasson et l’absence de lumière sont des raisons totalement suffisantes, elle trouve. De toute façon, elle n’a pas très envie de s’étaler sur ce qui a causé sa dégringolade.
Elle a presque envie de vomir, le teint cireux et la respiration hachée. Sarah se profile à côté d’elle, téléphone à l’oreille et s’accroupit pour lui prendre la main.
“They’re on their way,” dit-elle.
“Are you hurt ?”
“I hit my head, c’est ce qui lui fait le plus peur, les chocs à la tête ne sont jamais anodins. And my shoulder hurts like shit, I must have hit it too, elle est surtout tombée dessus et l’os a amorti tout son poids. Peut-être qu’elle l’aurait entendu se briser si elle n’avait pas été à demi assommée au moment de l'atterrissage. I just need a sec,” pour rassembler la motivation nécessaire à bouger notamment.
"Can you move?" demande Sarah.
"Sure, Carina illustre le propos en tentant une nouvelle fois de se redresser ; le mouvement lui arrache une plainte sur toute sa longueur, mais suffisamment déterminée à leur montrer qu'elle ne va pas si mal, la criminologue finit par s'asseoir. Sa tête tourne un peu, elle se garde bien de bouger le bras droit. I'm fine." Elle est au bord du malaise, la douleur fait perler des gouttes de sueur sur son front.
« There is a fucking rug across the landing, » Bon, donc elle s’était pris les pieds dans le tapis, en même temps dans le noir c’était inévitable. « The light is broken, » « Yeah I told the landlord already. Should I’ve told you before you left. I thought you were gonna take the elevator, like a normal person. » notait-elle, observant sa petite soeur, le teint pale. « They’re on their way, » Andrea était soulagée d’entendre ça, au moins elles auraient de l’aide d’ici une quinzaine de minutes, peut-être moins. « I hit my head, » Andrea venait du bout des doigts repousser quelques mèches de cheveux de sa soeur pour observer son front, ayant peur d’y trouver du sang. « And my shoulder hurts like shit, I must have hit it too, » Son regard se reportait automatiquement sur l’épaule droite de la jeune femme. « I just need a sec, » « I think you’re gonna need more than that… » notait-elle, toujours accroupie à côté de Carina. « Can you move? » Andrea grimaçait aussitôt, pas convaincue que ce soit une bonne idée.« Sure, » Mais Carina tentait le coup quand même, dans un grognement de douleur, se redressant, le bras droit toujours immobile alors qu’elle prenait une position assise.« I'm fine. » « You’re not. » corrigeait déjà Andrea, voyant sa soeur plus pale que jamais au paravant. Elle venait essuyer le front de la jeune femme avec la manche de son pull. « Don’t move. » L’attente pour les ambulanciers était longue. Dix minutes, a voir sa soeur souffrir paraissait une éternité et retourner brièvement chez elle pour récupéré ses clef et de l’eau pour Carina, n’avait pas suffit à calmer la panique qu’elle ressentait en elle. Mais enfin, après ces longues minutes, deux hommes et une femme en uniforme arrivaient et s’occupaient de Carina, l’aidant à s’installer sur le matelas coquille, supposer la maintenir le plus immobile possible jusqu’à son arriver à l’hôpital. « You’re gonna be okay. » lâchait-elle, aussi bien pour rassurer Carina que pour la rassurer elle et Sarah. Les ambulanciers soulevaient déjà le matelas et Andrea attrapait le bras de Sarah pour suivre le brancard jusqu’à l’ambulance garé devant l’immeuble. « On peut monter avec vous ? Ou on vous suit en voiture ? » demandait-elle timidement. On lui fit rapidement comprendre qu’il y avait peu de place dans l’ambulance et les portes de cette dernière se refermaient déjà sur Carina. L’ambulance s’éloignait et Andy entrainait rapidement Sarah vers le parking souterrain de l’immeuble, là où était garé sa voiture. Elle grimpait à bord, démarrant, quittant le parking pour rejoindre la rue et suivre l’ambulance.
cw. description des conséquences de la chute highkey violente
Carina se sent très bête, assise sur le sol, la tête qui tourne et la sueur au front. Elle se dit qu’elle aurait pu (dû!) allumer son flash de téléphone, parce que prendre l'ascenseur n’est pas une option, c’est prendre trop de temps pour faire quelque chose qui est en plus meilleur à la santé - non, il lui aurait suffit de regarder où elle mettait les pieds et elle ne serait pas en train de se demander comment le PSI va faire si elle doit se mettre en arrêt de travail (ou pire, si elle meurt ??!)
“You’re not. Don’t move.”
Carina jette un regard torve à sa sœur, ou plutôt elle essaye et ce n’est pas très convainquant.
“Thanks, I was trying not to panic,” marmonne-t-elle avec une animosité toute relative. Elle songerait à être vraiment véhémente si elle ne se concentrait pas sur sa respiration. Inspirer, expirer, tenter de ne pas écouter les pulsations de douleur ou la nausée latente. Le pire est sans doute la peur : elle a beau se répéter que ça ne peut pas être très grave, il se trouve qu’elle a quand même très mal, rien qui ne la rassure beaucoup.
Carina reste accrochée à la main de Sarah, elle finit par bouger pour s’adosser au mur et soulager son dos, prend quelques gorgées d’eau quand Andrea lui en apporte. Ca l’irrite de devoir attendre là comme une éclopée, même si les secours ne tardent pas à arriver. Elle voudrait pouvoir se relever comme si de rien n’était et ne pas avoir à se demander ce qu’on lui dira une fois les examens passés à l’hôpital.
On la place dans un brancard, puis l’ambulance prend la direction de l’hôpital. Elle se retrouve seule avec deux ambulancières, elles lui font la discussion et la rassurent, puis vient le moment des radios et les images sont formelles : elle s’est fracturé la clavicule droite. On la garde en observation jusqu’au lendemain où une opération est prévue, elle se couche dans le lit d’hôpital avec un seum intersidéral. Et dire qu’elle aurait pu dormir dans le lit d’Andrea avec Sarah.
On lui signe finalement un arrêt de travail de cinq semaines et lui conseille de surveiller les moindre nausées ou vomissements qui pourraient survenir.