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 bright side of the road (noor #3)

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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptyDim 5 Fév 2023 - 22:12

sur la route

Lorsque Lyb avait accepté mon offre que nous partions en road trip ce week-end, un profond sentiment de soulagement m'avait envahi. A mesure des semaines, je me sentais de plus en plus oppressé à Brisbane et je ressentais le réel besoin d'effectuer une pause de cette ville, même s'il ne s'agissait que de quelques jours. J'avais conscience que fuir l'endroit ne composait pas une solution à mes problèmes, que mettre de la distance entre mes peurs, mes mauvais souvenirs, mes inquiétudes et toutes les conséquences issues de mon agression survenue en décembre dernier ne changerait rien au fait que je devrais tout autant les assumer à mon retour en ville ; cependant, à mes yeux, j'étais convaincu qu'une telle sortie m'insufflerait une bouffée d'oxygène et présentement, c'est ce à quoi j'aspirais.

J'avais loué une voiture pour l'occasion, fait rapidement un sac pour les quelques jours où nous serions sur la route. Je n'avais pas prévu d'itinéraire particulier, je voulais simplement me laisser guider, sans plan, sans impératif, et que Noor et moi faisions ce qui nous plaisait selon ce que notre chemin aurait à nous offrir. Un retour à l'essentiel en bonne et due forme, sans pression aucune, sans planification si ce n'est celle que nous devrions être de retour avant le lundi matin de la semaine suivante. Nous trouverions bien de quoi manger, nous saurions bien où dormir, nous affronterions les éventuels pépins qui pourraient animer notre périple ; j'avais confiance en notre débrouillardise et inventivité, puis nous avions su démontrer par le passé que nous formions un bon duo dans l'adversité.

Il y avait également quelques nouvelles que je voulais partager avec Lyb, des confidences que j'aimerais lui dédier parce que sur ces points-là, je me sentais plus à l'aise pour en parler avec elle, je recherchais davantage son point de vue que ce que m'apporterait les autres membres de notre bande. Hugo avait un talent pour me vider la tête et me mettre sur une voie directe lorsqu'il était question de dilemme, Jiyeon était l'experte en folie et me permettait de flirter avec des nuances que je n'osais pas approcher d'ordinaire, Dani était celle qui faisait dans l'émotion, la tendresse, le self-care - une véritable psychologue inavouée. Et Noor, elle, elle était celle qui me disait les choses telle qu'elles étaient et qui tranchaient avec justesse, elle savait me soutenir comme me rappeler mes torts, elle prodiguait ce sens unique vers la droiture et l'authenticité dont j'avais besoin. Sans compter que depuis mon agression, elle était celle aussi qui portait deux de mes secrets. Je souhaitais son bon coup de balai dans ma tête sens dessus dessous.

A peine garé en bas de l'immeuble résidentiel où Hugo et Noor vivaient, la portière de ma voiture s'ouvrait, laissant apparaître la silhouette de la Guerrero. Elle m'avait indiqué prendre son après-midi et j'en avais fait autant, de sorte à ce que nous puissions mordre les kilomètres dès la pause méridienne. « Hola carinha, » je la saluais avec un sourire amical. « T'es prête ? » J'avais jamais été aussi enthousiaste de la voir avec une valise. Mes doigts montaient le volume, emplissant l'habitacle de nos musiques favorites.


Dernière édition par Kai Luz le Mar 15 Aoû 2023 - 0:32, édité 1 fois
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptySam 11 Fév 2023 - 23:27

Bright side of the road
Noor n'avait aucune idée du pourquoi du comment du message de Kai. Pourquoi décider de partir en week-end à l'aventure, sans vraiment le prévoir à l'avance ? Et pourquoi il lui demandait à elle, parmi tous les Five ? C'était un mystère, mais ils avaient apparemment de nombreuses heures de route devant eux, ce qui lui laisserait le temps de le résoudre. Tout en lui rappelant leurs road trips à travers les Etats-Unis, pour découvrir d'autres régions que la Californie.

Elle s'était donc empressée de prendre une après-midi de congé en plus, et avait balancé les vêtements qui traînaient sur l'étendoir dans sa valise - parce que depuis presque un an, toutes ses affaires tenaient dans deux grosses valises et trois cartons qu'elle n'avait jamais défaits. Elle avait tout juste eu le temps de prévenir Hugo, qui avait de toute façon prévu de passer du temps avec Yara. Autant qu'elle soit loin donc, plutôt que de s'énerver contre une jeune femme qui était sans doute très gentille mais ne remplacerait pas Dani.

Elle avait guetté Kai par la fenêtre, avant de descendre les marches quatre à quatre quand il était sorti de sa voiture de location. Elle avait jeté son sac dans le coffre, avant de grimper sur la place du passager. Elle était bien contente que Kai se charge de la route, elle qui n'avait jamais été très à l'aise derrière un volant.

« Où est-ce que tu m'emmènes, carinho ? » demanda-t-elle tout en commençant à se trémousser sur la bande-son de leur road trip.

Ils avaient bien décidé d'y aller en mode yolo, mais elle était presque sûre que Kai avait une petite idée derrière la tête. Si ce n'était pas la destination physique, il y avait bien une raison pour laquelle il avait besoin de traverser le pays et fuir Brisbane quelques heures, et elle avait hâte de savoir ce que c'était.

« J'ai fait des tamales pour notre première halte. Enfin, si je me suis pas trompée dans les proportions, parce que ça faisait super longtemps que j'en avais pas fait. »

Depuis qu'elle vivait avec Hugo, et qu'ils essayaient de trouver un compromis sur la cuisine. Ce qui était difficile à doser puisque l'une jurait par les épices et le piment tandis que l'autre tentait de mettre du fromage partout.

Noor avait résisté à l'envie de blinder son sac d'alcool et de gâteaux, pour pouvoir découvrir un peu de la cuisine locale, et indigène. Enfin, suivant où la route les mènerait, parce qu'elle doutait trouver beaucoup de cuisine indigène dans les grandes villes touristiques.
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptySam 25 Fév 2023 - 23:49

Je trépignais d'impatience à l'idée de quitter Brisbane et l'enthousiasme de Noor de mordre les kilomètres à l'occasion d'un road trip en duo semblait y faire très agréablement écho. A peine garé en bas de l'immeuble où la Guerrero résidait en compagnie de Hugo, la jeune femme prit place sur le siège du passager après avoir lancé sa valise à côté de la mienne dans la voiture. « Où est-ce que tu m'emmènes, carinho ? » Un large sourire malicieux domina mon portrait. « Alors, ça dépend. J'ai eu une idée à force de scroller sur Instagram en attendant Jiji hier soir, » j'expliquais. « Je te propose deux idées et tu en choisis une. Ou alors, je les écris sur un papier et tu en tires un au hasard. C'est comme ça qu'ils font sur Insta, » je présentais avec jeu. Je démarrais la voiture et sortais du stationnement : dans tous les cas, il nous fallait quitter cette ville australienne et j'avais bien hâte de me distancer de tous les souvenirs que j'y avais et qui blanchissaient encore éhontément mes nuits comme noircissaient mon moral.

« J'ai fait des tamales pour notre première halte. Enfin, si je me suis pas trompée dans les proportions, parce que ça faisait super longtemps que j'en avais pas fait. » Je haussais les sourcils et ouvrais la bouche, agréablement surpris. « C'est vrai ?! Trop bien ! Merci ! » Je déposais un baiser sur la joue de ma meilleure amie à un feu rouge, impatient de me délecter du met mexicain. « J'ai pris des cochonneries de mon côté, juste au cas où. » Nos encas favoris reposaient dans la boîte à gants. Ils pourraient subvenir à nos besoins en cas de pépin, ou alors nous pourrions nous venger sur eux en cas de contrariété. Néanmoins, mis à part cette petite précaution, j'avais décidé de voyager léger - une aventure en mode yolo autant que possible. C'était ainsi que nous profiterions un maximum et accueillerons de chouettes opportunités à mon sens.

« Je voulais t'annoncer quelque chose, avant qu'on y aille vraiment, » je commençais, soudainement plus timoré et sérieux. « Vu que tu m'as aidé dans les démarches et tout. Je me suis dit que tu aimerais savoir. Non pas que je veuille plomber l'ambiance, » je soumettais en saccades tout en manœuvrant dans la ville, les yeux rivés sur la route en bonne excuse. J'inspirais profondément. « Ils ont repoussé le procès. » Je me mordillais légèrement la lèvre inférieure. « Il y a un des mecs qui était mineur la nuit des faits et la juge veut les juger tous en même temps. Elle avait l'air de dire qu'ils auraient tous la même peine. » Machinalement, comme j'avais pris l'habitude de le faire dès qu'on évoquait mon agression, mes doigts vinrent retrouver les quelques points de suture au niveau de ma tempe. « Mais au moins ils les ont tous, maintenant, » j'éclairais le tableau. Techniquement, je ne risquerais pas de tomber sur l'un d'eux, comme cela m'était effroyablement arrivé au Saucibar suite à la finale de football. Noor m'avait convaincu de porter plainte, Noor m'avait accompagné et soutenu dans ce processus duquel j'avais voulu plus d'une fois me débiner, ne me sentant pas légitime de poursuivre mes agresseurs ou ne me sentant pas assez fort pour les confronter de nouveau. Aujourd'hui, j'étais reconnaissant que cette affaire soit dans les mains de la Justice, et je le devais à mes yeux principalement à Lyb. « Et toi ? Quoi de neuf ? » Je lançais, intéressé.
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptyMer 1 Mar 2023 - 21:02

Bright side of the road
Noor fronça les sourcils devant l'explication de Kai. Et parce qu'elle essayait de se rappeler les dernières trends sur instagram, mais la mention de Jiyeon lui faisait immanquablement penser aux photoshoots de la jeune femme ou à ses posts sur Marceline Griffiths, et ça ne l'aidait pas à savoir où voulait en venir son meilleur ami.

« Je vais voter pour le truc des petits papiers, ça a l'air fun ! »

Et au moins, ils auraient tous les deux la surprise d'où ce voyage allait les mener. Enfin, tant qu'il y avait de la nature et de la bonne nourriture, Noor serait plutôt ravie de la tournure des choses. Elle avait déjà prévu le coup en préparant un premier repas à déguster dans la voiture en attendant d'avoir un but un peu plus précis.

Le visage subitement plus sombre et renfermé de Kai lui donna envie de s'accrocher à son tupperware, et les mots qu'il sortit ensuite lui plombèrent le ventre. Elle était soulagée qu'il ait fini par porter plainte, lui qui avait tant protesté au début - heureusement, tous les prélèvements avaient déjà été faits, ce qui avait simplifié les choses quand il avait eu la force d'affronter tout ça.

« C'est un mal pour un bien, non ? C'est repoussé, mais pour qu'ils aient tous la même peine ! »

Elle doutait que la peine soit très élevée vu comme les agresseurs avaient tendance à s'en sortir facilement - peut-être même que ce serait les coups donnés à Kai qui seraient retenus, plus que le viol en lui-même, et ça donnait envie à Noor de cramer tout le tribunal, et un sacré paquet de mecs au passage.

« Je sais que c'est dur de ressasser tout ça et de devoir affronter tout ça au tribunal d'ici quelques temps » souffla-t-elle, posant sa main sur l'épaule de Kai pour témoigner de tout son soutien sans trop déranger sa conduite. « Mais on reste là pour te soutenir. Et je serai là au tribunal. Ou dans le couloir si tu préfères. »

Même si elle était au courant de tout en tant que personne de confiance, elle comprenait et respectait le fait qu'il n'ait pas envie de tout reraconter devant elle. Peu importe ce qu'il déciderait, elle ne serait pas loin, avec du chocolat et de l'alcool dans son sac pour le réconforter après le procès.

« Oh, moi, j'ai rien de particulier. Juste le travail. On a pas mal de projets en ce moment, c'est cool ! »

Est-ce qu'elle en prenait un peu trop, jusqu'à ne plus avoir vraiment de temps libre ? Oui. Mais elle n'allait pas s'en vanter auprès de Kai. Elle avait juste besoin de s'occuper l'esprit et d'éviter les événements où elle pourrait rencontrer des hommes. Les têtes à têtes avec son ordinateur, à modéliser différents projets étaient une parfaite alternative - Hugo lui avait interdit le couvent, et aussi d'adopter une dizaine de chats pour devenir la "vieille à chat" de l'immeuble.

« J'essaye de convaincre Hugo de remodeler la cuisine et le salon, mais a priori il préfère les trucs qui traînent partout ou les meubles dépareillés. Pour le coup, ça me manque de vivre avec toi, t'avais du goût au moins ! »

Kai ne ramenait pas non plus toutes les filles de la ville parce qu'il essayait d'en oublier une. La Yara qui arrêtait pas de venir l'insupportait particulièrement - juste parce qu'elle n'était pas Dani, certes, mais ça restait un motif suffisant aux yeux de Noor.
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Noor Guerrero & @Kai Luz
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptyMar 14 Mar 2023 - 3:19

Un sourire naît sur mes lèvres lorsque Noor adhère à ma proposition de laisser le destin choisir, à la mode d'Instagram, quelques unes de nos orientations durant ce road trip improvisé. A un feu rouge, je sors un bloc-notes de la poche avant de mon sac à dos reposant sur la banquette arrière puis je glisse un stylo entre mes dents avant de reprendre le volant. « Nous sommes de vrais influencés, » je commente avec humour en retirant le crayon de ma bouche pour le caler sur mes jambes avec le bloc-notes, prêt à griffonner les deux premières options que je présenterais à ma meilleure amie au prochain arrêt du véhicule.

Après de sincères réjouissances en réponse aux tamales préparées par la Guerrero, la voiture de location sillonnant encore les rues de Brisbane vers sa sortie, je profite du fait que notre périple se trouve encore sur le bord de commencer pour dévoiler à mon interlocutrice l'évolution de l'affaire résultant de mon agression survenue en décembre dernier. Je ne souhaite pas imposer une humeur maussade dans l'habitacle de l'automobile, néanmoins, je tiens tout de même à informer Lyb des avancées de ce dossier où je figure en qualité de victime. D'une part, parce qu'elle est ma personne de confiance désignée qui en sait plus que tous les autres membres de notre bande de meilleurs amis, et d'autre part parce qu'elle m'a accompagné dans l'entier des démarches que j'ai dû enclencher pour faire valoir, en quelques sortes, mes droits. Et surtout, parce que je ressens le besoin de lui en parler, parce que je désire sincèrement partager ce volet sensible de mon histoire avec elle, qui s'y est vue liée salutairement par la force des choses. En toute franchise, j'ignore si j'avais eu la force de relater mon sinistre récit aux autorités si ça n'avait pas été pour la révolte qui faisait bouillir le sang de Noor. Il m'avait fallu un certain temps à me décider à m'opposer à ces malfrats, en dépit des professionnels de santé qui ne cessaient de me marteler le devoir que je porte plainte, doublée par Noor dont le regard clamait à quel point elle aimerait leur faire la peau. Cependant, psychologiquement, confier mon témoignage à la justice rendait encore plus réelle une attaque que je ne savais assumer. Cet acte inscrivait ce cauchemar davantage dans mon présent, dans mon existence, tout en m'attribuant un rôle qui m'imposait de lancinants sentiments de honte et de dégoût envers moi-même. Aujourd'hui, je ne regrettais pas avoir eu le courage de réaliser ma déposition, cependant, je ne me sentais pas capable d'en parler très librement, bien que je voulais intégrer Noor à ce cheminement légal et que son implication de près comme de loin, même si c'était simplement en sachant dans les grandes lignes ce qui se tramait, me faisait immanquablement du bien et m'aidait à me sentir moins seul au fond de mon être malgré le fait que j'avais la chance d'être très bien entouré dans ma vie à Brisbane. « C'est un mal pour un bien, non ? C'est repoussé, mais pour qu'ils aient tous la même peine ! » Mes dents plantées nerveusement dans ma lèvre inférieure, j'acquiesçais timidement. « Ils n'ont pas vraiment tous le même profil, » je révélais, une pernicieuse pointe de culpabilité persistant en moi. Ironiquement, alors qu'ils m'avaient sans scrupule laissé pour mort, je craignais, pour ma part, nuire à leur vie en les traînant au tribunal. « Il y en a un qui a mit le feu à la maison de son dealer et qui s'en est pris à sa mère. Un autre qui est tout aussi violent et a abusé d'une fille qui avait cinq ans de moins que lui alors qu'il avait tout juste la vingtaine. » J'expose en plissant les yeux. « Celui qui est mineur n'est pas très net non plus, il a orchestré son lot de violences, mais il n'a pas autant de crimes que ces deux-là. Et le quatrième, je ne sais même pas ce qu'il a déjà fait. » Déjà que je me serais bien passé de ces informations, tant elles incitaient mon esprit maladif à transposer la scène que j'avais vécue sur ces autres scénarios lugubres. « Est-ce que tu penses que ça veut dire qu'il y en a qui seront jugés plus sévèrement qu'ils le devraient ? Ou qu'ils feront une moyenne ? Je veux dire, généralement, les juges se basent aussi sur les antécédents, non ? Si la personne est à son premier coup ou pas... » Alors, comment être équitable pour une bande aux accomplissements différents en termes de nombre et de gravité ? La juge allait-elle exclusivement porter la peine sur les crimes commis à mon encontre cette nuit-là ? « J'aimerais juste ne pas les revoir en dehors de tout ça, quand ce sera fini, » je confessais à demi-mot. J'étais hanté par l'idée de les croiser de nouveau dans les rues de Brisbane et très probablement que cette peur me motivait-elle, entre autres raisons, à lancer ce road trip. Il m'était nécessaire de me trouver dans un lieu où je ne me méfiais pas de chaque carrefour.

« Je sais que c'est dur de ressasser tout ça et de devoir affronter tout ça au tribunal d'ici quelques temps. Mais on reste là pour te soutenir. Et je serai là au tribunal. Ou dans le couloir si tu préfères. » Un fin sourire comblé de reconnaissance étira la commissure de mes lèvres. J'acquiesçais de nouveau, la boule indigeste de mon estomac faisant écho à sa jumelle qui s'était logée dans ma gorge. « Merci, Lyb. Pour tout, » je soufflais avec gratitude. « Je te tiendrais au courant. » Je promettais sommairement. La voiture se stoppait de nouveau à un feu tricolore et je profitais de la circulation pour déchirer deux bouts de papier du calepin sur lesquels j'inscrivais respectivement "terre" et "mer". « Regarde pas, il ne faut pas que tu connaisses les choix, » j'enseignais les règles du jeu avec espiéglerie tout en faisant crisser la mine de mon stylo sur le papier. Je tendais ensuite les deux morceaux vers Noor, sans qu'elle puisse lire ce qu'il y était écrit. « Okay, choisis-en un, » je l'invitais.

Armé du désir de créer de plus en plus de distance avec mon infortune, je poursuivais sur les sujets étrangers à celle-ci et surtout, plus récents et dotés d'un potentiel enthousiasmant. « Oh, moi, j'ai rien de particulier. Juste le travail. On a pas mal de projets en ce moment, c'est cool ! » Je haussais les sourcils, ravi pour mon amie. « C'est super ça ! J'en déduis que cette boîte te plait toujours autant, » j'exprimais avec un air à la fois complice et réjouit. « Ce sont des projets dans différents quartiers de Brisbane ? » Je m'intéressais. « J'essaye de convaincre Hugo de remodeler la cuisine et le salon, mais a priori il préfère les trucs qui traînent partout ou les meubles dépareillés. Pour le coup, ça me manque de vivre avec toi, t'avais du goût au moins ! » J'échappais un rire, mes épaules se décontractant alors que nous quittions enfin la ville. « Tu sais ce que dit Hugo : une piaule doit vivre, » je répétais les propos du français qui expliquait ainsi sa pagaille et l'absence d'harmonie de son domicile. « Mais c'est vrai qu'on avait un chouette appartement, » je reconnaissais, un peu nostalgique. A mes yeux, on s'accordait plutôt bien, Lyb et moi, en colocataires. On avait tous les deux un attrait pour l'ordre et on respectait plutôt bien nos espaces personnels. « Pour Hugo, si ça se trouve, une fois devant le fait accompli, il sera bien heureux que ce soit remodelé, » je prêchais le méfait. « Je pourrais t'aider, si tu veux, » j'offrais, soupçonneux que Blanchard y mette sa patte volontairement. Je doutais que ce genre d'activité était sa tasse de thé. « T'aurais pas envie d'avoir un appart avec ta chambre à toi ? » Je questionnais ensuite, sans jugement car je vivais moi aussi sur un canapé : celui de Dani. Je savais pertinemment que Noor adorait Hugo et vivre avec lui était comme vivre en famille pour elle. De plus, personnellement, je savais que je préférais dormir toutes les nuits sur le canapé de Dani que dans un lit d'un studio où j'habiterais seul. Mais l'un n'empêchait pas spécialement l'autre, n'est-ce pas ? A condition de peut-être botter un peu plus les fesses du français, sans nul doute, s'il devenait question d'ajouter une chambre à leur logement.
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptySam 18 Mar 2023 - 16:55

Bright side of the road
Noor observait les paysages avec ravissement. Elle était arrivée à Brisbane depuis près d'un an, mais n'avait encore jamais eu l'occasion d'aller en dehors de la ville. Elle était émerveillée de découvrir un peu plus d'Australie, s'en voulant même de ne jamais avoir pris le temps avant. Mais elle détestait conduire, et les grandes plaines qui encadraient la ville lui faisait comprendre qu'il valait mieux laisser Kai au volant.

Et peut-être que c'étaient ces paysages tout autour d'eux, les faisant se sentir un peu seuls au monde en dehors des quelques voitures qu'ils pouvaient croiser, qui rendait plus facile de parler de l'agression de Kai, et du procès qui approchait. Elle était fière que son meilleur ami est accepté de porter plainte, même si elle doutait que la peine des hommes en question soit assez longue. Noor considérerait de toute façon que ça ne suffisait pas, le corps meurtri et les yeux affolés de Kai toujours en mémoire malgré les semaines qui étaient passés.

Au début, Kai avait voulu vite enfouir tout ça, tout oublier, mais elle avait refusé. Elle le connaissait assez pour savoir que tout ça serait revenu le hanter, qu'il aurait eu peur que d'autres personnes subissent le même sort que lui. Alors elle l'avait encouragé, et était restée à ses côtés pendant toute la procédure. (Et même si le procès ne finissait pas entièrement en leur faveur, elle savait leurs noms et leurs visages, et saurait sans doute se débrouiller pour les faire payer d'une façon ou d'une autre.)

« De ce que tu m'en dis, j'en vois qui sont plus enfoncés dans la délinquance que d'autres. Autant qu'ils soient arrêtés et jugés, en espérant que ça suffise à les faire réfléchir de leurs actes. »

Elle en doutait sérieusement, surtout si certains avaient déjà été jugés pour des actes de violences. Ils allaient récidiver jusqu'à la fois de trop, jusqu'à aller trop loin...

« Et qu'ils se plaignent pas, ils sont jugés en Australie, pas au Mexique ou au Brésil. »

Noor tut le fait que Kai aurait sans doute été moqué plus qu'écouté s'il avait porté plainte dans un de leurs pays d'origine. Mais les prisons là-bas étaient pires, respectant encore moins l'intimité et le nombre de prisonniers par chambre. Et les châtiments corporels étaient encore importants, les autorités fermant les yeux sans aucun problème.

« Je pense que ça veut surtout dire qu'ils seront jugés en tant qu'adultes ? En tant que personne responsable de leurs actes, je veux dire » tenta-t-elle d'expliquer. « Peut-être qu'ils auront quand même des peines différentes selon leurs antécédents et selon s'ils ont l'air de regretter ou pas ? »

Le droit ne l'avait jamais intéressé, et elle ne connaissait pas assez l'Australie pour pouvoir juger de leurs procès. Elle voulait juste qu'ils soient loin de Kai, et qu'ils ne risquent pas de lui retomber dessus. S'il fallait qu'elle se batte pour le défendre, elle le ferait. Son instinct de mère louve était toujours présent pour ses amis, encore exacerbé par l'angoisse de l'hôpital et la découverte du secret de Kai.

Le road trip lui ferait du bien, décida-t-elle intérieurement. Au moins pour se changer les idées. Et puis, ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas passé des moments de qualité ensemble - parler pendant des heures de l'agression, de la plainte, du procès, ne rentrait certainement pas dans cette catégorie.

Amusée par l'idée de Kai, elle observa les deux morceaux de papier avant d'en choisir un, le retournant rapidement pour connaître son choix. Ou en tout cas pour savoir ce que le destin avait décidé pour eux.

« Tierra ! Pas de surf pour cette fois ! »

Elle en était soulagée. L'eau n'était pas son élément, que ce soit à la mer ou la neige de la montagne. Quoi qu'elle se faisait déjà moins mal aux fesses sur la plage...

« J'aime beaucoup ! Mes collègues sont cool, et je peux parler mexicain avec ma patronne. C'est juste tellement bizarre de reparler vraiment dans cette langue... »

Le mexicain était resté la langue de sa famille, mais à part quelques conversations téléphoniques, elle ne l'utilisait quasiment plus. Elle avait dû faire appel à son espagnol quelques fois quand Hugo avait décidé de leur faire parcourir l'Europe, même s'ils s'étaient plus souvent reposé sur l'anglais pour que tout le monde comprenne. Et Kai et elle mêlaient souvent portugais, espagnol et anglais, mais n'utilisaient que rarement une seule de ses langues. Noor avait pu se rendre compte qu'elle ne le parlait plus aussi fluidement, butant sur certains mots - et elle était incapable de parler espagnol en utilisant des termes techniques d'architecture, qu'elle ne connaissait qu'en français ou en anglais.

« Une maison peut vivre en étant rangée » maugréa-t-elle.

Elle était peut-être un brin trop maniaque, mais elle aimait quand tout était bien rangée, et quand rien ne traînait. C'était plus facile de nettoyer quand toutes les surfaces étaient libres - mais il fallait avouer que le nettoyage, tout comme le rangement, n'étaient pas les spécialités de Hugo.

« Apparemment, y a un appartement plus grand qui va se libérer, juste au-dessus du nôtre. Du coup, on aura chacun notre chambre, ce sera plus sympa. Et tu pourras venir squatter ! »

Dani avait elle aussi un appartement avec une seule chambre, et maintenant que la jeune femme avait un petit-ami, elle avait sans doute besoin de retrouver un peu d'intimité quelques nuits par-ci, par-là.

« Avec un peu de chance, on arrivera à envoyer Hugo sur son canapé, et tu pourras reprendre sa place dans la coloc » reprit-elle en souriant.

Même si la reprise d'une relation entre Dani et Hugo semblaient de plus en plus utopique. C'était terrible de les voir fermer les yeux et dénier l'évidence, mais ils n'étaient plus la priorité de Noor. S'ils voulaient explorer d'autres options, qu'ils le fassent - et elle détesterait tous ceux qu'ils ramèneraient, protégeant sa meute contre les inconnus.

« Où que je vive, y aura toujours une place pour toi de toute façon » lâcha-t-elle, glissant ses doigts dans les boucles de son meilleur ami.
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Noor Guerrero & @Kai Luz
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptyDim 2 Avr 2023 - 23:26

A mesure des kilomètre parcourus nous séparant de Brisbane, les contractions nouant mes muscles depuis des semaines s'estompaient timidement. J'inspirais profondément ; la seule vision d'un paysage nouveau ne me ramenant pas à cette nuit qui ne cessait de me hanter depuis début décembre me procurait un certain soulagement doublé d'une sensation de liberté. D'une certaine façon, je réalisais à quel point la ville australienne, bien malgré elle, avait l'effet d'une prison sur mon esprit, dont les barreaux constituaient chaque coins de rue que j'évitais désormais soigneusement, chaque portrait trop ressemblant à celui d'un de mes agresseurs que j'appréhendais maladivement de croiser inopinément, chaque musique ou trace de mode pinçant mon cœur de nostalgie envers cet alter ego drag queen que j'avais délaissé au placard depuis la fin de l'année, accusant ma passion de ces nouveaux maux, estimant mon infortune telle une ultime mise en garde des faux torts que je réitérais en m'adonnant à une pratique que beaucoup abhorrent munis de motifs infondés.

Je hochais la tête discrètement, davantage par politesse que par approbation, lorsque Noor me rassurait sur le report de ce procès que j'avais plus de mal à accepter que je n'osais l'avouer. J'espérais que la condamnation de ces hommes me permettrait de tourner la page, m'aiderait à passer à autre chose, même si j'avais conscience qu'une route épineuse m'attendait pour reprendre totalement le contrôle sur ma vie et m'assumer tel que j'étais. La pression était exponentielle tandis que je demeurais les lèvres scellées face à une quantité de secrets qui reposaient aussi désormais sur les épaules de ma meilleure amie, qui respectait mon vœu du silence, armée de remarquables altruisme et compréhension pour lesquels je lui serai infiniment reconnaissant. La culpabilité me mordait cependant tandis que j'avais conscience qu'il faudrait un jour que je sorte de ce maudit placard, comme l'appelait communément Jiyeon, à mon plus grand désarroi et crainte qu'elle m'expose contre ma volonté. Pourtant, le pas vers la lumière du jour, à découvert du jugement du monde, quand je me terrais au creux d'une précieuse pénombre durant plus de vingt ans, était aussi laborieux que terrorisant. Le confort de cette zone secrète, même si je la savais malsaine, était difficile à renier.

« Et qu'ils se plaignent pas, ils sont jugés en Australie, pas au Mexique ou au Brésil. » Un sourire désolé apparut sur mon portrait. Une partie de mon être se doutait que beaucoup ne jugeraient pas ces brutes coupables, dans mon pays natal. Bien au contraire, on leur donnerait raison, quand bien même la tentative de meurtre restait punie. D'une certaine manière, je considérais ainsi que ma vie valait moins que celles d'autres hommes auprès de mes pairs brésiliens, un constat qui me confortait dans ce désir de disparaître, de me cacher, de me détester. « Je sais pas si ce serait vraiment pire pour eux, » je m'entendais glisser d'une petite voix, sans oser croiser le regard de la Guerrero toutefois, sachant pertinemment qu'elle y décèlerait ce cuisant sentiment de désamour que je me vouais.

J'opinais de nouveau devant l'interprétation de mon interlocutrice sur le jugement en qualité d'adultes responsables de ces quatre malfrats. Ironiquement, j'étais rassuré par l'idée qu'ils aient des peines différentes, vu leur palmarès uniques à chacun d'eux. Peut-être stupidement, je me sentais toutefois aussi coupable à l'idée de noircir leur vie d'une peine, bien qu'ils m'aient brutalisé en leur pleine âme et conscience. Mon cœur aurait spontanément voulu tout effacer et tout pardonner, néanmoins, mon esprit et mon corps étaient trop marqués pour permettre ce salut, et la législation australienne condamnait l'atteinte à toute vie, aussi risible et critiquée puise-t-elle être. « J'ai peur de les revoir et je ne regrette pas d'avoir porté plainte, même si sans toi je ne l'aurais pas fait. » Sans le soutien de l'architecte, j'étais persuadé que je n'en aurais pas eu la force. « Je ne veux pas qu'ils recommencent, j'aimerais que ce genre de choses cesse d'arrêter. » Je marquais une pause, hésitant. « Mais j'ai pas non plus envie de foutre leur vie en l'air, » je confessais d'une petite voix, conscient que mes troubles de conscience soient des plus incompréhensibles. Victime, je redoutais devenir bourreau. Dans le plus sombre de la nuit, il m'arrivait de m'incriminer, justifiant les gestes qu'ils eussent posés sur moi par mes interdits. L'éducation que j'avais reçue pendant ma jeunesse me mordait sans vergogne, me plaçant comme la personne qui méritait cette haine, qui aguichait ce mépris. Je songeais incessamment à toutes ces décisions que j'aurais pu prendre qui ne m'auraient pas conduit à cette situation dramatique actuelle, regrettant mes choix et accablant mes aspirations, cherchant désespérément un contrôle sur ma vie quand je spiralais en pleine chute libre. Ca n'avait aucun sens, c'était ridicule, tout comme certains pointent du doigt la femme qui se fait abuser pour sa tenue plutôt que ses assaillants, ou ceux qui accusent l'enfant d'être différent au lieu des camarades qui l'intimident et font preuve d'odieuse intolérance. Le monde restait tordu, avec des notions de bien et de mal parfois écœurantes, distordues par les opinions de chacun, parfois nourries goulument de la peur et de l'ignorance. Si seulement l'on pouvait se contenter de vivre librement sans nuire à autrui. « On vit dans un monde pourri, quand même, » je concluais faiblement.

Je déchirais deux morceaux de papier sur lesquels je griffonnais les premières options de notre périple improvisé, Noor se prêtant à mon jeu inspiré des réseaux sociaux. Je souris largement lorsque ma meilleure amie tira le papier indiquant que nous prendrons les routes vers les terres plutôt que vers l'océan. « Parfait ! On fait du camping à la belle étoile cette nuit ? » Je proposais avec entrain avant de m'intéresser à l'emploi qu'avait décroché quelques semaines plus tôt Lyb. Mon sourire s'élargit face à son aveu de parler de nouveau sa langue maternelle. « Je te comprends. Mon cerveau s'est formaté sur l'anglais. Quand je parle portugais, il m'arrive de revenir à l'anglais sans m'en rendre compte. » Mon fil de pensée et ma manière de l'exprimer avaient été rodés sur cette langue dite universelle, quand bien même elle n'était pas celle que je maîtrisais le mieux. Ceci provoquait des situations plutôt cocasses, bien que de plus en plus rares. En effet, à Brisbane, à part les five qui connaissaient chacun leur lot de mots en portugais, Noor remportant la palme sur cette discipline, je n'avais encore rencontré personne qui parlait couramment cette langue. D'autre part, j'avais soigneusement évité toute conversation avec mes géniteurs, ainsi, mis à part quelques emails signifiant que j'étais, entre autres, toujours en vie, je n'employais plus véritablement la langue majoritairement parlée au Brésil.

J'apprenais ensuite la vacance d'un appartement plus grand dans le même immeuble où Noor et Hugo résidaient. Je lorgnais vers mon amie, cherchant à capter si elle avait déjà entamé les démarches pour placer une option sur cette location. A l'entendre parler, le déménagement avait tout de l'imminent et je ne pus m'empêcher de rire face aux projets et aspirations de la Guerrero. « Et à partir de quand vous déménagez, que je sache quand je peux squatter votre canapé ? » Je lance, ayant une pensée pour Dani et Trent qui auront ainsi le champs libre sur tout l'appartement. Je ne pensais pas les priver de quelconques marques d'affection, considérant la mélodie de leurs ébats qui me parvenait assez régulièrement et sans manifeste retenue. En revanche, à l'idée qu'ils aient l'appartement à eux seuls, je venais désormais à craindre qu'ils expriment leur amour sur le canapé où je dormais et un air de dégoût emprunta mes traits à cette image. « Avec un peu de chance, on arrivera à envoyer Hugo sur son canapé, et tu pourras reprendre sa place dans la coloc » J'acquiesçais avec enthousiasme, appréciant férocement cette éventualité. Trent avait l'air d'un chouette type qui rendait Dani heureuse. Je m'en satisfaisais pour elle, ne désirant que son bonheur. Cependant, le brun n'était pas Hugo et là reposait toute sa faute. « Ils me désespèrent ces deux-là, » j'avouais. « Dani a l'air bien avec Trent, et Hugo avec Siham, mais je ne peux pas croire qu'ils ne sont pas faits pour être ensemble. » Néanmoins, je me doutais que je n'avais pas à prêcher auprès de Noor, qui avait préalablement partagé mon point de vue. « Où que je vive, y aura toujours une place pour toi de toute façon. » Un sourire en coin s'installa à la commissure de mes lippes et je ralentissais à un arrêt, quand bien même les voitures se faisaient désormais de plus en plus rares. Je réprimais péniblement un sursaut en sentant le contact des doigts de Noor dans ma nuque, comme elle en avait l'habitude, la mémoire du corps depuis l'accident triomphante. Je soupirais doucement, dans une tentative de reprendre contenance, et je profitais de l'arrêt pour déposer un baiser sur la joue de ma meilleure amie. « Et c'est réciproque, » j'affirmais. Je reprenais la route, mordant les kilomètres de plus en plus poussiéreux. « Et sinon, aucun collègue ne t'a tapé dans l'œil à ton job ? » Question que je sache de qui me méfier si je croisais la brune les yeux embrumés par les dégâts d'une injuste peine de cœur.
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptyJeu 6 Avr 2023 - 18:50

Bright side of the road
Noor laissa sa main se poser sur l'épaule de Kai, pour montrer son soutien sans trop le déconcentre de la route. Quoi que leur conversation n'était pas des plus aidantes, il fallait bien le reconnaître... Le procès restait un sujet délicat, elle s'en rendait bien compte à la tension qui émanait de son meilleur ami.

« Certes... Sauf peut-être au moment du carnaval de Rio ? Mais j'aurai pu les tabasser et m'en sortir. Ou demander à un de mes cousins de le faire à ma place. »

Elle doutait qu'avec sa stature, elle puisse impressionner qui que ce soit. Même si elle avait passé quelques journées pleines de rage, à s'irriter de tout et à s'énerver après tout le monde - le pauvre Hugo en avait pris pour son grade même s'il n'y était pour rien, comme certains de ses collègues. Elle avait juste eu toute cette colère au fond d'elle, sans avoir personne à qui en parler, et elle avait eu du mal à passer le cap. Surtout que tout était réanimé chaque fois qu'elle voyait le visage de Kai, les cicatrices encore fraîches sur ses joues et ses grands yeux encore tristes.

« Tu sais, c'est pas toi qui fous leurs vies en l'air. Ils l'ont fait tout seuls comme des grands, en tabassant une personne innocente juste parce qu'ils aimaient pas son look ! Alors qu'ils auraient juste pu bitcher sur toi après ton passage, ou t'ignorer, ou je ne sais quoi d’inoffensif. C'est pas toi le problème, carinho, c'est eux ! »

Savoir qu'il culpabilisait... Noor en avait mal pour lui. Il n'y était pour rien, voulait juste rentrer chez lui - comme des dizaines d'autres personnes certainement, et Kai n'était sans doute pas le seul à avoir un look qui ne plaisait pas à ce genre de gars. Il y avait peut-être eu d'autres victimes avant, qui n'avaient pas osé se lancer dans un procès. Et il y aurait pu en avoir après, qui auraient pu ne pas s'en sortir...

Kai avait eu la chance d'être repéré rapidement par des passants, et que les secours soient vite prévenus. Parce que sinon, ça n'aurait pas été un médecin des urgences qu'elle aurait eu au téléphone... Et cette pensée la terrifiait, la réveillant encore la nuit, même des semaines après l'incident, alors qu'elle savait Kai en sécurité chez Dani. Le pire était de se retenir pour l'appeler, histoire de ne pas l'inquiéter en le réveillant au milieu de la nuit, et d'attendre le matin pour un coup de fil ou un message.

Peut-être que finalement, ils avaient tous les deux besoin de cette excursion en dehors de la ville. Avec Kai à proximité, les angoisses de Noor allaient être apaisées. Elle n'avait qu'à tourner la tête pour vérifier qu'il était là, souriant et vivant, les marques désormais à peine visibles sur son visage.

« Si on dort à la belle étoile, je compte sur tes gros muscles pour éloigner tous les insectes ! »

Elle était tout à fait capable de les repousser elle-même. Elle était née au Mexique après tout, ce n'était pas les insectes dangereux qui manquaient là-bas... Mais elle aurait l'excuse de pouvoir se cacher derrière lui - et vérifier qu'il était là, toujours.

Peut-être même qu'ils arriveraient à remettre Hugo et Dani ensemble, et reprendraient leur colocation ensemble. Ils étaient plutôt compatibles - plus que Hugo et elle, qui avaient des conceptions totalement différentes de la décoration ou du ménage, ce qui amenait souvent des disputes. Et puis les compagnons actuels de l'un et de l'autre ne plaisaient ni à Kai, ni à Noor. Gentils, certes, mais sans la passion qu'ils avaient vu entre leurs deux meilleurs amis quelques années plus tôt.

Elle remonta sa main dans les boucles de Kai tout en lui promettant qu'elle aurait toujours une place pour lui, avant de grimacer en le voyant se tendre. Visiblement, ce geste lui rappelait de mauvais souvenirs, et elle s'en voulut instantanément. Elle voulait lui changer les idées, et elle était celle qui ramenait pourtant les cauchemars. Une amie en or, vraiment... Elle retira sa main, et le baiser qu'il déposa sur sa joue quelques instants plus tard ne suffit pas vraiment à la rassurer. Elle était de nature tactile, et devoir se contrôler autour de Kai allait lui être compliqué.

« Pas d'intérêt particulier pour un de mes collègues. Mica est gentil, mais voilà... Juste gentil » répondit-elle, tentant de faire comme si tout était normal. « Et peut-être que je devrais éviter les architectes de toute façon ? »

Seth, ses mots agressifs, la gifle qu'il lui avait donné une fois... Etrange qu'elle ait enfoui ce souvenir depuis des années, et qu'il ressorte maintenant. Comme si la violence qu'avait subi Kai la poussait à se souvenir de celles qu'elle voulait garder cachées.

« Pour l'instant y a personne. Et je me dis que le couvent, c'est pas si mal. Au moins ça m'éviterait d'avoir le cœur en miettes... »

Elle entendait déjà le rire d'Hugo résonner à ses oreilles, comme chaque fois qu'elle parlait de s'enfermer au couvent. Enfin, le sang du Christ pouvait être de la tequila, elle ne voyait pas le problème !

« Et toi ? Des jolis yeux ou un fessier musclé qui hantent tes rêves ? »

Noor espérait tellement qu'il en avait encore, des rêves, et pas juste les cauchemars de son agression...
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptyDim 23 Avr 2023 - 4:44

Je lorgnais nerveusement vers Noor tandis qu'elle exprimait les éventuelles manières dont elle pourrait me faire vengeance. Mon coeur se serrait douloureusement d'imaginer la jeune femme rendre la monnaie de leur pièce à ces hommes car cela dévoilait également la rancune et l'amertume qu'elle leur vouait et par conséquent, tout l'impact que cette agression avait non seulement sur moi mais sur mon entourage. Aussi horrible cela puisse sonner, cela m'incitait même à penser que si cette attaque avait eu lieu loin de mes meilleurs amis, probablement ne leur aurais-je jamais dévoilé mon séjour hospitalier ni la haine qui s'était déversée sur la personne que j'étais, de peur de les inquiéter, de les courroucer, de les chagriner. J'aurais porté ce tourment dans ma besace à secrets, qui pesait de plus en plus lourd sur mon coeur, tant que j'en venais à me demander si le coutures ne finiraient pas par craquer.

Mais la Guerrero était au courant, tout comme le reste de notre bande. J'étais soulagé et empli de reconnaissance de recevoir leur inébranlable soutien durant ma convalescence, un point duquel jamais je n'aurais de plus douté de leur part. C'était un des essentiels de notre groupe d'amis : malgré des différends, malgré des non-dits, malgré des conflits et bien sûr malgré la distance quand elle s'imposait, on se serrait les coudes. Par ailleurs, Noor avait eu accès à quelques autres secrets de ma fameuse besace que je ne m'étais toujours pas résolu à confier à mes autres meilleurs amis. J'avais conscience que je ne pourrais rester dans ce silence indéfiniment, qu'il me faudrait prendre mon courage à deux mains et révéler cette partie de ma vie qui m'était si cruciale et pourtant si sensible. Je ne désirais pas imposer à Lyb le rôle de garante de mes mystères et cette culpabilité qui me rongeait la conscience d'être malhonnête envers ma famille de coeur ne faisait que croître avec le temps. La peur du rejet et de l'abandon était monumentale toutefois, tant qu'elle s'efforçait à ce que mes lèvres demeurent scellées.

Je portais inconsciemment ma main libre à mes lèvres, malmenant nerveusement mes ongles. Imaginer Noor, aidée de ses cousins, tabasser ces malfrats était une vision qui m'horrifiait autant qu'elle me ramenait à ma propre mise à tabac. Envisager le procès et revoir mes assaillants enfonçait en addition amèrement le clou de ce cercueil dans lequel je me sentais pris au piège depuis des semaines maintenant. Bien que je savais pertinemment difficile et douloureux de ressasser sans cesse ce sombre épisode de décembre 2022, la procédure judiciaire était lancée et je n'avais pas soupçonnée qu'elle soit aussi éreintante, aussi lente. Je me sentais tenu en haleine sans cesse, étouffé par l'incompréhension et l'incertitude de la nature des sanctions qui tomberaient. Ma seule consolation résidait dans le fait que les quatre criminels se trouvaient derrière les barreaux mais il me tardait de clore ce chapitre procédurier de mon existence. Avec espoir, je me plaisais à me convaincre qu'une fois la sentence actée, je pourrais tourner la page et guérir mon esprit et mon coeur traumatisés.

J'entendais Noor me rappeler que je n'étais pas coupable dans cette affaire, que j'avais été la victime gratuite de la haine de ces Autres. Je me mordillais la lèvre inférieure lorsque ma meilleure amie signifiait que je n'étais pas le problème alors que je me répétais inlassablement que si j'avais été différent, je ne me serais pas trouvé dans cette situation. Si je m'étais conformé à la norme qu'on m'avait inculquée depuis ma jeunesse, je ne serais aujourd'hui pas en combat contre ces odieux énergumènes. Ce heurt et ses conséquences composaient un nouveau poids sur mes épaules qui alimentait sournoisement mon désamour et la honte que je vouais vis-à-vis de mes aspirations. D'autre part, il m'esquintait de penser que j'étais la cause, une sorte de martyr, réaxant des mœurs et des réactions au profit de la libertés de quatre personnes que j'aurais aimées plus tolérantes, que je me plaisais à imaginer plus pacifiques car je dénichais du réconfort à me persuader que les gens peuvent s'améliorer plutôt que de craindre que les monstres n'apprennent jamais de leurs brutalités. « J'aimerais être différent, » je m'entends articuler, sans desserrer la mâchoire, d'une voix frisant l'inaudible. Je savais que mes paroles étaient vaines, qu'elles ne rimeraient et n'aideraient à rien. Il n'y avait aucune magie qui changeait les gens, qui chassait le naturel. Pire encore, j'inquiéterais peut-être mon interlocutrice à exprimer de tels propos. A cette idée, armé de la volonté de condamner à l'oubli ma confidence, je reprenais la parole avec plus d'assurance, qualifiant notre monde de pourri et déchirant deux morceaux de papier pour entamer un des jeux de notre road trip.

Noor tirait le papier nous guidant vers les terres australiennes et avec un enthousiasme notamment pulsé du but d'oublier le procès, je proposais un camping à la belle étoile. Je ris en entendant ma meilleure amie évoquer les insectes contre lesquels je devrais la défendre puis je pensais à voix haute : « T'imagines, on aura peut-être la visite de quokkas ! » A mesure des kilomètres parcourus, la conversation vira de nos colocations aux raisons du coeur. Je ris en entendant le descriptif d'un prénommé Mica et acquiesçais lorsque Noor supposait possiblement judicieux de chercher l'amour dans d'autres catégories professionnelles. « Peut-être, » je faisais, mitigé, ayant du mal à placer des types de personnes selon le métier qu'ils exercent, surtout lorsque j'étais moi-même biologiste depuis des années sans en avoir eu la vocation. « Ca peut être intéressant de découvrir d'autres profils, mais après ce serait cool aussi si un jour tu formes un duo d'architectes influents avec le mec de ta vie, » je présentais avec optimisme. Je dédiais un regard inquiet à Noor lorsqu'elle désigna le couvent comme autre alternative, solution pour préserver son coeur. « Et si tu tombes amoureuse d'une nonne comme toi là-bas ? » Je soumettais. « J'ai pas envie de te partager avec Dieu, moi. Je suis égoïste comme ça, » j'affirmais. « Puis je te rappelle qu'on a une promesse de mariage. Je veux bien rompre nos vœux pour un homme que t'aimes et qui te respectera, mais pas pour Dieu. » Je souriais avec malice. « Peut-être que dans ton histoire, il faut que ton coeur soit en miettes pour que le type qui est fait pour toi le recolle encore mieux qu'il l'était initialement et en fasse tout ton bonheur, » je contais.

Je déglutissais ensuite lorsque Noor me retournait la question. J'hésitais quelques instants, pianotant sur le volant, prétextant une concentration sur la route, certes droite, pour gagner du temps. J'expirais ensuite discrètement, comme résigné, mes épaules se décontractant. « Un fessier, non. Des jolis yeux, peut-être. » Je me mordais l'intérieur de la joue avant de risquer un regard vers Noor. « Mais c'est un peu mal venu comme moment, non ? » En ce moment, j'avais plus l'impression d'être un amas de problèmes qu'un homme sain et désirable. Un gigantesque red flag traîné dans la boue, déchiré, doté d'un généreux lot de vices cachés. « Je l'ai rencontré cet hiver. On s'est juste vus deux fois en vrai, la première en août et la deuxième en décembre. » Je marquais une pause, incertain. « Mais on est rien de... » Ma main chassait le vide, à la recherche de sémantique. « Je sais pas trop comment décrire notre relation... On a rien fait mais ce n'est pas rien pour moi. » Je tournais autour du pot, les joues de plus en plus flamboyantes, dans cette quête de présenter à Noor qu'il y avait quelqu'un qui m'avait profondément tapé dans l'œil mais que ce n'était pas pour autant que je me trouvais dans une relation amoureuse. En fait, j'étais incapable de poser une étiquette sur Raphael. Je ne le voyais pas comme un ami, ni comme un amant, et beaucoup plus qu'une simple connaissance. Il était prodigieusement hors catégorie ; une paire de beaux yeux qui me faisaient tourner la tête et métamorphosait mon coeur en expert des saltos.  « Tu te rappelles, quand je te décrivais comment ça fonctionnait un peu, dans ma tête ? » Je commence, évoquant ce diagnostic que j'avais reçu lorsque je n'avais que cinq ans et que mes parents n'avaient jamais accepté, tant que recourir à une médication ne m'avait été accessible qu'à mes dix-huit ans, dans le dos de ces derniers. « Ca grouille tellement là-dedans que j'ai l'impression que ma tête c'est un essaim de guêpes. Un brouhaha incessant, les pensées et les réflexions s'agitent tout le temps. Ca m'étourdit parfois et quand les émotions sont trop fortes, ça pique, ça brûle. » J'échangeais un regard avec Noor. « Selon la situation dans laquelle je me trouve ou avec qui je me trouve, c'est plus ou moins intense. Par exemple, avec toi et les autres, c'est plus gérable. » Probablement parce qu'il s'agissait d'un rare point sur lequel j'avais toujours été transparent avec mes meilleurs amis, un fait que j'avais pris le temps de leur expliquer, si bien que désormais, ils comprenaient mon hyperactivité, mes troubles de la concentration, ma sensibilité un peu trop brute et les réactions qui en incombaient. « Ces beaux yeux-là ont le pouvoir de transformer ces guêpes en papillons. »
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptyMar 25 Avr 2023 - 23:44

Bright side of the road
Noor détacha sa ceinture pour pouvoir se rapprocher un peu plus de Kai, embrassant sa joue avant de poser sa tête sur son épaule. Il n'y avait plus qu'à prier qu'aucun équipage de police ne soit dans le coin, où ils finiraient avec une amende bien salée - elle n'était pas certaine des lois australiennes sur la conduite, mais elle doutait qu'on puisse se détacher dans une voiture en mouvement.

« On aimerait tous être plus ou moins différents, Kai » murmura-t-elle. « Surtout quand nos différences nous éloignent des autres ou nous font souffrir. »

Comme elle aurait parfois aimé être plus pâle, plus caucasienne, pour ne pas attirer de commentaires sur son exotisme - prononcés devant elle en français ou en anglais, parce que forcément vu son air typé, elle ne devait pas parler ces langues si nobles. Il y avait aussi les heures passés à policer son accent dans ces langues, pour ne pas paraître trop étrangère.

« Je t'aime comme tu es » reprit-elle.

Parce que c'était vrai, même si Kai avait du mal à s'en convaincre. Elle ne comprenait pas toujours ses choix, et avait parfois envie de le secouer pour qu'il avance sur certaines choses - pour qu'il quitte son travail de biologiste et devienne journaliste, par exemple. Mais à ses yeux, il restait parfait comme il était.

Elle finit par se réinstaller sur son siège, remettant sa ceinture. Kai semblait faire comme si de rien n'était, tout sourire, comme s'ils partaient vraiment en voyage sympathique entre amis. Mais les quelques révélations qu'il venait de lui faire lui avait brisé le cœur, et ses mots tournoyaient dans sa tête.

Heureusement, elle était aussi douée que lui pour faire comme si tout allait bien, et que sa seule préoccupation du voyage était de savoir s'ils avaient voir ces fameux quokkas ou non. Elle avait appris très jeune à sourire même quand rien n'allait, après tout.

« Vu mes expériences avec les architectes, je pense que ça irait mieux avec un mec qui risque pas d'être un concurrent sur mes dossiers » avoua-t-elle.

Il y avait eu Seth, le pire, le plus violent. Celui, aussi, à qui elle donnait ses idées pour éviter le renvoi. Mais il y en avait eu d'autres, qui avaient voulu lui prendre ses clients ou ses projets qu'ils présentaient comme les leurs - parce qu'elle était une femme et qu'elle était racisée, on lui laissait rarement le bénéfice du doute quand elle se plaignait d'avoir été volée.

« Mais je t'assure que les nonnes ne seront jamais mon style. Le prêtre qui viendra faire la messe, peut-être. Mais les bonnes sœurs, je les laisse à Jiji ! »

Il n'y avait que la plus jeune du groupe pour être capable d'aller dévergonder des nonnes, au cœur d'un couvent. Un couvent avec une grande cour ouverte et des arcades tout autour, comme celui de Guadalajara, pas loin d'où elle avait grandi - clair et grand, et qui lui paraissait plus confortable que sa petite maison de fortune. Finalement, vivre au couvent, elle y pensait depuis longtemps, mais jamais pour les bonnes raisons.

« T'as déjà entendu parler du kintsugi ? C'est une technique japonaise pour réparer les objets brisés. Ils les recollent avec de l'or, et ça leur donne encore plus de valeur » expliqua-t-elle, sans savoir si Kai en avait déjà entendu parler. « Il me faut peut-être un japonais spécialiste de cette technique ! »

Même si elle doutait qu'on puisse vraiment réparer un cœur brisé. Elle avait presque l'impression d'en perdre un nouveau morceau à chaque fois, de les laisser derrière elle avec ces hommes qui lui avaient fait du mal. Même si c'était amusant de s'imaginer comme une céramique réparée, parcourue de veines d'or.

« Donc y a des jolis yeux qui repoussent notre mariage » reprit-elle, les yeux pétillants.

Noor ne savait même pas la dernière fois qu'ils avaient parlé des histoires de Kai. Jamais, sans doute. Kai avait toujours été très réservé à ce sujet, ce qui avait toujours conduit Noor à se poser des questions sur sa sexualité - parce qu'elle savait pertinemment quelles barrières il pouvait se mettre, venant d'un pays avec une culture proche de la sienne.

« Tu sais, t'as pas besoin de voir la personne tous les jours pour que ce soit quelque chose. Un peu comme notre amitié. On peut passer des années loin les uns des autres, mais ça n'enlève rien à l'amour qu'on se porte. »

Elle ne savait pas à quel point cette comparaison pouvait rassurer ou au contraire faire fuir Kai. Mais quelque part, elle pouvait comprendre que cette relation soit importante pour lui, même s'il ne voyait pas l'autre personne si souvent. Surtout avec toutes les barrières qu'il se mettait... Et elle le connaissait assez pour savoir que l'agression n'avait rien arrangé.

Elle était contente pourtant que cet inconnu, qui qu'il soit, soit capable de mater un peu l'esprit terriblement compliqué de Kai. A ses yeux, ça augurait de belles choses, même si elle aurait aimé pouvoir le rencontrer, et se faire sa propre idée - elle était plus douée pour les relations des autres que les siennes, c'était un fait.

« T'as le droit de faire les choses lentement, à ton rythme. Si t'es pas prêt aujourd'hui à t'engager, tu peux toujours prendre ton temps pour découvrir et apprivoiser ces sensations » jugea-t-elle. « Faut juste en parler à cette personne, lui demander de te laisser du temps. »

C'était bien là le fond du problème. Aucun des Five n'avait jamais été très doué pour la communication - sauf avec du Céline Dion en fond sonore et beaucoup d'alcool dans les veines. Pas la meilleure méthode pour parler à un éventuel compagnon, elle le savait d'expérience.
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptyMar 9 Mai 2023 - 22:07

« On aimerait tous être plus ou moins différents, Kai. Surtout quand nos différences nous éloignent des autres ou nous font souffrir. » Un sourire désolé se dessina sur mes lippes alors que mon attention demeurait rivée sur la route, quand bien même celle-ci fut aussi lisse que droite. J'entendais Noor détacher sa ceinture de sécurité pour se rapprocher de moi, déposer un baiser sur ma joue rasée de près, caler sa tête sur mon épaule comme elle avait coutume de le faire. Son parfum me parvenait, je me décontractais peu à peu à ce contact que j'appréciais tant, qui me réconfortait indéniablement. « Je t'aime comme tu es. » « Je t'aime aussi, » je répondais aussi sommairement que sincèrement, baisant son front. Je priais pour que tout soit toujours si simple entre nous, que cette affirmation ne perde jamais de sa force, malgré les aléas de la vie et les évolutions de nos personnes.

J'imaginais qu'on possédait tous notre lot de regrets et de différences avec lequel il nous fallait composer. Ces parties de nous qui clament notre unicité mais aussi notre différence, tantôt valorisée, tantôt réprimandée, la condition humaine ayant opté pour favoriser certains traits et en bannir d'autres. Le jeu de s'accepter tel qu'on est est difficile, et à celui-ci, s'ajoutait pour moi celui de comprendre qui j'étais, ou plutôt, enfin entendre ce que je baîllonais depuis tant d'années.

Je m'intéressais au volet romantique de la vie de ma meilleure amie et ris légèrement lorsqu'elle m'indiquait qu'il valait mieux qu'elle évite de s'unir à un homme qui pourrait devenir son concurrent dans la sphère professionnelle. Mes doigts pianotaient distraitement le volant quand la Guerrero affirma que les nonnes ne seront jamais son style. Comme Hugo et Dani, Noor était attirée par le sexe opposé et cela paraissait indéniable. Une évidence qui me déroutait et que j'essayais de comprendre en l'apposant sur d'autres sujets de la vie, comme quelqu'un qui aimerait par exemple les bananes mais pas les kiwis et aucune incongruité n'était possible. « T'as toujours su que t'aimerais que des hommes ? » Je m'entends demander, regrettant rapidement cette envolée lyrique que j'aurais bien garder dans les tiraillements de mon coeur. Tant qu'à faire : « T'as jamais rencontré une femme qui t'a fait douter ? »

Lorsque Noor m'évoquait l'art du kintsugi, j'imaginais davantage d'or que de tissus cardiaques. « Il me semble que j'ai vu un kit qui s'y apparentait dans un rayon de bricolage, » j'avouais. « Je te souhaite de trouver le spécialiste pour orner de tout l'or qu'il mérite ton coeur, » je formulais avec un sourire tendre, qui se teinta de nuances bien particulières lorsque Lyb s'intéressa à ma vie sentimentale. Choisissant soigneusement mes termes et veillant à ne rien accorder, je relatais les grandes lignes de la chanson douce que faisait résonner Raphael en moi. Démontrant sa sagesse, mon interlocutrice me rappela que l'importance que l'on voue à quelqu'un ne se calcule pas exclusivement en temps passé avec cet individu et m'invita à communiquer sur le rythme qui me conviendrait avec cette paire de beaux yeux que je lui décrivais. Je grimaçais discrètement, une première fois lorsqu'il fut questions de sensations, la deuxième fois quand il fut notion de parler à coeur ouvert, deux exercices aussi déplaisant que difficiles à mes sens.

« Quand on est ensemble, je vis que dans le présent, ça me fait un peu peur, » j'avouais à Noor. « J'arrive pas à penser aux conséquences ou à me prendre la tête sur le passé ou notre futur. C'est un peu comme si j'étais shooté, que j'agissais que par coups de tête. » Par coups de coeur, oui. « Est-ce que c'est moche si j'ai juste envie qu'on passe du temps ensemble sans penser à tout ce qui pourrait coincer ? Ca revient pas à lui faire perdre son temps ? » J'exposais mon dilemme à voix haute en mordillant nerveusement ma lèvre inférieure. Ca ne revient pas à mentir ? Parce que j'ai l'impression d'être un imposteur, même si je lui ai avoué des secrets pourtant précieusement gardés. J'inspirais profondément, profitant d'un arrêt pour proposer deux morceaux de papier à Noor. Le premier indiquait notre dîner en brasserie, le second dans un fast food. « Allez, next. » Je l'invitais à choisir.
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptyDim 14 Mai 2023 - 23:29

Bright side of the road
« Les femmes, c'est pas assez toxique pour moi » plaisanta-t-elle.

Juste pour se donner un peu plus le temps de réfléchir à la réponse qu'elle pouvait lui donner. Avait-elle déjà été attirée par une femme, ou un peu plus curieuse ? Pas vraiment. Et pourtant, Jiyeon avait bien eu ce crush qu'elle aurait voulu explorer, mais Noor était incapable de la considérer comme autre chose qu'une amie.

« Je crois pas avoir déjà trouvé une femme mignonne ou attirante. Je me suis jamais vraiment posé la question. J'aime les hommes, je préfère l'histoire aux maths, et je préfère reregarder les Harry Potter plutôt que de remplir le formulaire de mon renouvellement de visa » rajouta-t-elle en haussant les épaules.

C'était qui elle était, et elle n'avait jamais cherché à changer ça, ou à se poser des questions dessus. Parce que ça lui convenait, sans doute. Si Kai s'en posait, c'était que le concept n'allait pas avec son éducation ou de ce qu'il supposait être les attentes de son entourage.

« Tu devrais plus poser la question à Jiji ? »

Encore que Jiyeon était plus du style à se laisser porter par la vie plutôt qu'à se remettre en question sur le moindre choix. Bien loin du caractère plus introspectif de Kai, qui avait besoin de tout disséquer pendant des heures.

« Je persiste à penser que le couvent serait de toute façon une meilleure solution que n'importe quel mec de cette planète. Ou femme, même si la question se pose pas vraiment. Hugo pense pas que je tiendrais. Mais doit bien y avoir un couvent mexicain avec des nonnes qui fabriquent de la tequila ! »

Au pire, elle le fonderait elle-même, et ses amis viendraient la voir pendant leurs vacances. Elle trouverait bien des femmes seules, et déçues par l'amour, à rassembler autour d'alcool, dans la beauté des paysages mexicains.

Même si s'isoler aussi loin l'empêcherait certainement d'apprécier le beau spectacle de Kai tombant amoureux, et acceptant de laisser quelqu'un s'approcher de son cœur. Quelque chose qu'elle voulait voir, parce qu'il était beau, son meilleur ami, avec ses yeux brillants et son léger sourire aux lèvres⋅.

« Pourquoi t'as si peur du présent ? On vit dedans, tu devrais juste profiter et te laisser porter ! »

Pas vraiment le meilleur conseil qu'elle pouvait donner, vu tout le mal que ça avait fini par lui apporter. Mais Noor ne se projetait pas assez dans l'avenir elle, elle avait le problème inverse. Elle ne voyait que les jolies choses devant elle, sans cherchant à aller plus loin, et finissait toujours par le regretter. Sans pour autant s'améliorer à ce niveau-là...

« Peut-être que l'autre personne a aussi juste envie de profiter du moment présent ? On entre pas dans une relation en pensant au mariage, ou à vieillir ensemble à la maison de retraite. Des fois, t'as juste envie de profiter des discussions, des rires, des bons moments ! »

Elle devait se rappeler que Kai n'avait jamais vraiment eu de véritables relations. Parce qu'il s'entêtait à fréquenter des femmes alors que ce n'était clairement pas son truc, et aussi parce qu'il anticipait et réfléchissait à trop de choses pour se concentrer sur l'instant présent. Mais si quelqu'un réussissait à le faire changer un peu, et à le pousser à se poser des questions, elle ne pouvait que voir ça comme une réussite. Et si ça ne marchait pas avec cette personne, ça aurait au moins aidé Kai à voir les choses sous un autre angle.

Elle le laissa changer de sujet, et attrapa l'un des papiers qu'il lui tendait. Elle mit quelques instants à se décider, plissant les yeux pour essayer de devenir ce qu'il avait pu mettre comme choix - mais le papier était de toute façon trop épais pour qu'elle devine à travers.

« Fast food » lut-elle, avant de lever la tête autour d'eux. « Enfin, j'imagine que ça dépend surtout de ce qu'on trouve dans la prochaine ville ? »

L'avantage des fast foods, c'était qu'il y en avait un peu partout. Pas toujours de bonne qualité, certes, mais clairement, ce road trip était plus un voyage d'introspection qu'une découverte de l'Australie.

« Tu crois qu'on pourra s'arrêter dans une épicerie avant le fast-food ? Histoire de rajouter un peu d'alcool sur tout le gras ! »

Noor n'était pas trop d'humeur pour un soda, et la conversation qu'ils venaient d'avoir lui soufflait qu'elle serait mieux avec un peu d'alcool dans le sang, même juste du vin. Elle n'oubliait pas que Kai conduisait, et qu'il devait donc rester assez sobre. (Y avait-il une limite légale en Australie ? Elle n'en savait rien, mais elle n'avait jamais su retenir les lois françaises ou américaines à ce propos, de toute façon...)
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptyDim 21 Mai 2023 - 4:15

Un fin sourire se dessinait sur mes lèvres tandis que Noor me décrivait à quel point son attirance pour le sexe opposé lui était à la fois naturelle et indiscutable ; un peu comme ces traits qui nous définissent depuis la naissance, qui sont inscrits au coeur de notre identité, au creux de notre âme et de notre esprit, et que nous nous contentons d'épouser car ils font simplement, indubitablement, partie de nous. Je hoche doucement la tête à la négative lorsque mon amie me propose d'aborder le sujet des ambiguïtés en termes d'attirance avec Jiyeon. Si je ne doute pas que la coréenne en sait tout un rayon tout en s'assumant queer, je ne souhaite pas pour autant m'ouvrir davantage sur ce sujet pour l'instant. Ce n'est pas une question de confiance - même si l'histoire de la baguette française sur la conversation whatsapp et ses proportions m'a marqué à jamais - mais davantage un refus de ma part de m'ouvrir sur cette thématique. Si je m'autorise quelque peu à tâter timidement le sujet, mes curiosités s'apparentent encore à quelques échappées fortuites, rares et brèves de ma zone de confort, ce que je soupçonne laisserait Jiyeon sur sa faim tout en l'agaçant.

Sans compter que même si c'était lâche et risible une fois les trente ans atteint, il restait si séduisant de faire l'autruche.

Un rire franchit la barrière de mes lèvres lorsque Noor argumentait sur son aspiration de devenir nonne. Honnêtement, ses désirs de couvent résultaient à mes yeux de ses déceptions amoureuses et comme Hugo, je ne croyais pas un jour devoir saluer ma meilleure amie aux portes d'une telle institution, tequila coulée ou pas à cet endroit. « Tu ferais alors vœu de chasteté pour l'intégrer ? Tu penses que tu tiendrais si longtemps, même avec de la tequila ? » Je la taquinais.

Évoquer Raphael avait le don de m'envahir de félicité quand bien même je redoutais le revers de ce délice. Et si je décevais le garçon ? Si je lui nuisais ? Si je n'étais pas en adéquation avec ses attentes ? Profiter et se laisser porter par le présent, comme me le conseillait la Guerrero, s'apparentait à une incongruité à mes oreilles, sentiment divulgué par le regard à la fois incertain et confus que j'accordais à mon interlocutrice. J'avais été sur mes gardes toute ma vie, je me préparais méticuleusement à chaque étape de mon existence, désireux de détenir un maximum de contrôle sur mon histoire quand son personnage principal - moi-même - tanguait incessamment. Noor devait probablement déceler mon appréhension et mes conflits intérieurs, tant qu'elle enchérissait, rappelant, avec justesse, que je me prenais sans doute trop la tête en me projetant au lieu de savourer l'essentiel des moments passés. J'inspirais profondément, échappais un soupir, ne pouvant contredire l'architecte. « Je pense que j'ai surtout peur de ne pas correspondre à ses attentes. Mais j'imagine que seul le futur saura le dire, ça, » je tentais de relativiser. « Au pire, on arrêtera de se voir, » je formulais en haussant les épaules, armé d'un pessimisme digne d'un saboteur dont le simple prospect pesait lourdement sur mon coeur.

Je griffonnais les prochains choix et fronçais les sourcils en voyant Noor plisser malicieusement les yeux, essayant sans nul doute de décrypter les inscriptions. « Eh, pas de triche ! » Je riais avant de découvrir que nous mangerions fast food. « Hâte de voir ça, » je commentais avec enthousiasme. « Tu crois qu'on pourra s'arrêter dans une épicerie avant le fast-food ? Histoire de rajouter un peu d'alcool sur tout le gras ! » « Carrément ! » J'approuvais grandement. « Dès le premier fast food ou épicerie, je m'arrête, » je déclarais. Finalement, quelques dizaines de kilomètres suivants, une station-service se présentait, connexe à un drive-through douteux. « Bon, deux pour un, j'imagine, » j'annonçais. « On fait un tour côté supérette avant de se tenter à ces fish and chips et burgers ? » Je proposais.  

Stationnant la voiture sur le parking, je naviguais entre les rayons de la petite épicerie pendant que Noor m'informait se rendre aux wc. Quelques bouteilles reposant dans le panier, je tuais le temps négligemment en attrapant un kit de trois vernis à ongles, songeant immédiatement à Raphael dont je soupçonnais la collection assez étoffée vu la quantité de couleurs que j'avais déjà vues au bout de ses doigts. A côté, d'autres kits de maquillage, le genre qu'on offre aux petites filles de quelques années et qui les comblent de fierté. Un phénomène commercial sans doute mondial parce que je les avais aussi connus au Brésil, louchant sans cesse sur eux quand j'étais môme en faisant semblant de m'intéresser aux soldats en plastique, n'osant même pas les toucher sachant pertinemment que j'en serais sévèrement puni. J'étais rapidement entré dans le moule, même s'il avait toujours été inconfortable, et puisque je n'avais jamais été maniéré, le subterfuge fonctionnait avec excellence ; je me rappelais alors penser secrètement que j'étais une fille manquée. Je sursautais légèrement en sentant une silhouette à mes côtés, le kit de vernis à ongles tombant au sol. J'offrais un sourire désolé à Noor qui m'avait rejoint avant de récupérer la marchandise et la glisser sur son support. « T'as tout ce qu'il te faut ? Tu es d'attaque pour le fast food hasardeux ? »
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptyMar 23 Mai 2023 - 22:34

Bright side of the road
Visiblement, la mention du couvent faisait autant rire Kai que Hugo... Noor ne savait pas vraiment comment le prendre. (Quoi qu'elle était d'accord avec eux, elle ne tiendrait jamais longtemps dans un environnement si féminin.)

« Je suppose que tout dépend de la dose de tequila. Une bonne bouteille, ça peut faire supporter plein de choses ! »

"The answer is tequila", cette phrase de meme qu'ils s'envoyaient depuis des années, n'avait sans doute jamais été si vraie. Il fallait dire que Noor avait affronté tous les obstacles de sa vie avec une bouteille à la main, même quand elle avait l'impression que ses amis lui tournaient le dos, préférant lui mentir que de lui dire les choses.

Comme Kai, qui tournait autour du pot avec cette "personne" qu'il avait rencontré. Noor le connaissait depuis assez longtemps pour deviner qu'il parlait au masculin, bien qu'il n'ose pas l'avouer. Elle continuait donc d'utiliser le même vocabulaire que lui, même si le "il" lui brûlait les lèvres à chaque réponse.

« Pars pas défaitiste, c'est le meilleur moyen de tout faire rater » le gronda-t-elle gentiment. « Dis-toi que c'est une bonne expérience pour toi comme pour l'autre, qui dura tant que ça vous plaît à tous les deux ! »

Déjà un peu plus prometteur. Elle ne pouvait pas faire plus optimiste, pour Kai qui était le coupeur de cheveux en quatre de la bande, voyant toujours le scénario le plus catastrophique, et les pires conséquences. "Tant que ça vous plaît" paraissait assez vague pour qu'il puisse s'y raccrocher sans trop de soucis.

Mais il était l'heure de manger plutôt que de s'épancher au sujet de leurs relations amoureuses bancales. Le choix d'un fast-food ne devait pas être si mauvais, même s'ils finirent par arriver devant un restaurant un peu douteux, et qui donna envie à Noor de se gaver d'anti-reflux.

« Allons chercher leur alcool le plus fort, histoire de se nettoyer le ventre et pas tomber malade ! » jugea-t-elle en descendant de voiture.

Elle fila cependant d'abord aux toilettes, sa vessie déjà malmenée par les heures de route. Des toilettes relativement propres, ce qui était presque étonnant vu l'état général du reste de l'épicerie. Elle n'allait pas s'en plaindre, parce que c'était toujours plus agréable que de devoir rester à moitié assise pendant plusieurs très longues secondes.

Elle se lava rapidement les mains avant de retourner dans l'épicerie, retrouvant rapidement la haute silhouette de Kai, à quelques rayons d'elle. Il était devant des kits à maquillage ou vernis de mauvaise qualité, le genre qu'elle recevait en cadeaux quand elle avait cinq ou six ans. Avec une composition pas très saine et une durée de vie très courte.

« Laisse tomber ça, je peux t'en offrir des meilleurs » jugea-t-elle, tout en le regardant ramasser le kit qu'il avait laissé tomber quand elle l'avait surpris. « Faudra que tu me dises les couleurs de Bea ! »

Plutôt dans les roses et bleus, si elle se souvenait bien. Comme les hauts talons qu'elle avait toujours de caché dans sa valise, sous ses vêtements d'hiver, pour que Hugo ne les trouve pas. Ceux que Kai n'avait étrangement toujours pas réclamés.

« Allons manger ! » approuva-t-elle.

Elle glissa sa main dans celle de Kai le temps qu'ils aillent payer leurs bouteilles, puis resta prudemment près de lui pendant qu'ils commandaient leurs repas. Elle n'aimait pas trop les regards des hommes dans ce genre d'endroits. Elle avait un peu trop l'impression d'être dévisagée.

Ils allèrent s'installer un peu à l'écart dès qu'ils eurent leurs plateaux, leurs bouteilles entre eux, et les sauces ouvertes entre leurs sachets de frites respectifs.

« Y a des trucs intéressants à faire dans la région ? Ou on continue le road trip sans s'arrêter ? » demanda-t-elle tout en entamant son burger.
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Message(#)bright side of the road (noor #3) EmptyLun 29 Mai 2023 - 5:08

Je considérais Noor, dubitatif quant à son projet d'intégrer un couvent. Tout comme Hugo et probablement le reste de la bande, je ne croyais pas que notre amie se fasse un jour nonne. A mes yeux, il s'agissait plus d'un procédé de sa part lui permettant d'évacuer sa déception de ne pas avoir accompli ce souhait d'avoir rencontré l'homme avec qui partager son quotidien, et éventuellement construire les projets que son coeur désirerait. Néanmoins, qui étais-je pour bafouer cette stratégie que brandissait l'architecte à mes yeux tel un remède, lorsque moi-même, je maîtrisais l'art de me voiler la face et me contais inlassablement nombreuses fabulations pour apaiser les maux qui me tiraillaient ? « C'est sûr que c'est un soutien non négligeable. The answer is tequila, » affirmais-je ainsi en clin d'œil aux memes assez réguliers sur nos conversations virtuelles, me montrant conciliant tout en ne doutant assurément pas du pouvoir de l'alcool à effacer quelques maux, bien que parfois en les remplaçant par des hontes cuisantes.

Je lorgnais ma meilleure amie et son invitation à savourer le moment présent tout en m'efforçant à demeurer un minimum positif. J'inspirais profondément, incertain de qualifier une peine de coeur de "bonne expérience" même avec le recul. Honnêtement, je n'étais pas persuadé d'avoir tiré beaucoup d'enseignement de mes échecs sentimentaux, si ce n'est de clarifier ce que je ne désirais pas et m'éloigner de plus en plus des schémas traditionnels de vie sociale. « Je me rappellerai de cet argument, » je promettais non sans perplexité, soupçonnant qu'il figurait peut-être sur la liste de ceux qui aidaient mon amie à se remettre en quête d'amour après avoir eu le coeur injustement piétiné par un moins que rien. J'avais toujours admiré la persévérance et la capacité de Noor à voir le meilleur, probablement devrais-je tenter de prendre exemple sur elle.

Je me garais sur le parking d'une station-service accolée à un pseudo fast food. Nous options pour investir dans de l'alcool et pendant que Noor se rendait aux toilettes, j'arpentais les différents rayons en quête de vivres intéressantes. Du moins, jusqu'à tomber sur l'étagère des jouets, laissant vagabonder mes doigts sur les kits de maquillage et de vernis à ongle adressés à des fillettes. Potentiellement, l'idée que le caissier puisse penser que j'en achète un pour l'offrir à mon propre enfant me traversait l'esprit, alors que ce n'était qu'au petit Kai et son mal-être remontant dès ses premières années de vie à qui je pensais. « Laisse tomber ça, je peux t'en offrir des meilleurs. » Je me sentais pâlir devant une telle assurance de la part de Noor, observant par réflexe les alentours en espérant que personne ne l'eut entendue, sans oser pour autant la réprimander. « Faudra que tu me dises les couleurs de Bea ! » « Mhmh, » je faisais avant de l'inciter à ce que nous passions à la caisse.

J'avais commandé un burger et une part de frites, la viande m'ayant semblée assez calcinée pour être sécuritaire. J'aspergeais généreusement mes frites de sel pendant que Noor s'intéressait à la suite du voyage. Je sortais mon téléphone, lançant Google Maps. Je prenais mon stylo et utilisais une serviette en papier pour écrire les deux prochaines options : camping et boîte de nuit. « Je t'ai mis les deux attractions du coin, » j'expliquais en lui présentant les deux morceaux de papier, face cachée. "Du coin" restait tout de même assez relatif, considérant que pour observer l'un comme l'autre des choix, une distance de plusieurs dizaines de kilomètres serait à parcourir. Cela possédait néanmoins l'avantage de nous orienter en termes de quelle route prendre pour la suite de notre road trip.
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