I'm done kicking out the voices in my head, sick of fighting all these uninvited guests. Ever since they all came over we've all kinda gotten close. I'm gonna dance with my demons. If you can't beat em join em. I know them, they know me, together we're the life of my party
La fumée goudronnée lui emplissait les poumons avant d’être recrachée dans l’air frais de la nuit. Appuyée contre le mur en béton, Albane n’était qu’une silhouette discrète à laquelle on ne faisait pas attention. En même temps, qu’y aurait-il à voir dans cette rue ? Pas d’enseignes, pas de signes de vie autres que les quelques voitures qui passaient ou ce type qui promenait son chien. Rien qui ne laissait deviner la présence d’un bar juste en face, et encore moins d’un repère digne d’intéresser les autorités locales. C’était un autre de ces endroits où la française n’avait pas sa place, mais où elle traînait plus qu’il ne le faudrait. Encore davantage ces derniers mois où le besoin d’argent se faisait ressentir. Elle saisissait toutes les occasions pour se pointer, dès qu’elle avait vent de l’organisation de combats à cette adresse. A force, elle n’avait plus besoin de justifier la nécessité de sa présence. Aucun gars ne ressortait indemne quand leur enveloppe dépendait de la quantité de coups qu’ils seraient capables d’infliger et de recevoir. Ils frappaient jusqu’à ne plus pouvoir tenir debout, comme si la mort n’était qu’un lointain concept qui ne les concernait pas. La fascination morbide l’avait poussée à regarder les premières fois, comme si cela pourrait lui permettre de comprendre pourquoi ils faisaient ça. Pourquoi la soif de violence les poussait à se briser sur un ring. C’était ensuite qu’elle avait compris qu’ils n’étaient pas si différents. Elle avait des connaissances médicales et c’était ce qui la sauvait, mais se retrouvait elle aussi dans des lieux douteux juste pour quelques billets. Elle était aux abois, assez pour ne plus avoir de solution en stock pour se ranger et financer sa vie actuellement. La française avait préféré se résigner et se dire qu’on s’habituait à tout plutôt que de reprendre sa vie en main. Cela la faisait ignorer le fait que ses doigts, sous le tabac froid, sentaient l’alcool à désinfecter. Que son tee-shirt noir dissimulait des gouttes de sang échappées de l’arcade qu’elle avait recousue un peu plus tôt. Ou encore le fait qu’elle ne finirait probablement pas la soirée dans cette stabilité mentale chimique si elle n’avalait pas un autre cachet. Cela faisait trois mois désormais depuis son overdose, depuis ces deux semaines interminables à l’hôpital à subir le sevrage de plein fouet. Tout cela pour ne même pas tenter de faire sang et retomber dans ses travers dès son premier jour de liberté. Elle avait besoin de l’euphorie, de ce sentiment de sérénité pour ne pas avoir l’impression de péter un plomb. D’un point de vue extérieur, rien n’avait vraiment changé. La française avait repris son train de vie, les cours, son boulot annexe, s’était crevée au boulot pour essayer de se remettre à niveau. Elle y avait sacrifié énormément sa vie sociale, rejetant volontairement tous les proches qui auraient pu avoir vent de cette foutue overdose. Aucune dose de morphine ne lui ferait digérer l’humiliation qu’elle avait ressentie quand il avait été prouvé qu’elle était une junkie. Elle redoublait d’efforts pour prétendre qu’elle ne consommait plus, se comportait comme une toxicomane opérationnelle, cachait son stock dans sa voiture plutôt que dans l’appartement. Elle mentait autant que nécessaire pour gagner le bénéfice du doute, si tant est que cela soit possible. Malgré tout, son séjour à l’hôpital avait eu un avantage : elle avait pu lire son dossier, et surtout son rapport de toxicologie. Dire que les analyses étaient désastreuses aurait été un euphémisme, et l’unique effort que Albane avait consenti à faire pour changer cela avait été de se nourrir un peu plus et d’acheter des compléments alimentaires. Mais surtout, de changer de fournisseur pour sa morphine. Des traces de fentanyl avaient été retrouvées. Peu importe la merde qu’elle consommait actuellement, celle-ci était coupée au fentanyl. Tout était devenu immédiatement plus clair ; sa consommation accrue ces derniers temps, les nouveaux effets secondaires, l’overdose quand elle pensait avoir tout sous contrôle. Elle avait littéralement du poison entre les mains, et si elle était parfaitement aux faits de comment consommer de la morphine, le fentanyl en dose inconnue était une autre paire de manche. Ça pourrait finir par la tuer sans même qu’elle ne le voie venir. Sauf qu’elle n’avait aucune intention de mourir comme ça, ne sachant que trop bien ce que cela faisait d’en être sauvée. Elle avait tourné en boucle pendant plusieurs semaines à essayer de trouver une solution. Elle ne pouvait pas faire confiance à la Ruche de toute évidence, encore moins avouer sa dépendance à leurs dealers. Elle ne pouvait pas opter pour n’importe quel revendeur de rue et risquer de se retrouver dans une situation similaire, ou pire que celle qu’elle traversait. Il n’y avait qu’un seul autre endroit auquel elle était prête à accorder un tant soit peu de confiance. Un interlocuteur plus spécifiquement, avec qui elle aurait bien gardé ses distances si ses options ne s’étaient pas cruellement amenuisées. Elle l’avait vu plus tôt dans la soirée, s’était dégonflée au moins dix fois. Elle faisait encore sa lâche, sa troisième cigarette témoignant de sa nervosité. Pourtant, dans un soupir, elle finit par écraser le mégot sous son talon et se rediriger vers la porte. C’était toujours le même cirque ; donner le code à la porte, traverser la salle principale trop guindée, se diriger vers les dédales de couloir, se faire jauger par la sécurité jusqu’à regagner accès aux lieux vraiment douteux du club. Un effort qu’Albane n’eut pas à faire cette fois-ci. Mickey était au bar, à l’une des tables du fond. Seul. Une aubaine à ne pas rater, n’est-ce pas ? La gorge sèche, elle s’arrêta au comptoir avant pour commander un gin tonic, et « n’importe quelle boisson qui plairait au gérant ». Le barman esquissa un sourire goguenard à cette demande mais obtempéra, sans doute habitué à ce qu’on s’approche du propriétaire des lieux. Une idée à chier, si on demandait à la française. Elle n’avait juste pas le choix. Par-dessus son épaule, elle profitait de la minute de répit pour le jauger, essayer de capter son humeur. Elle n’était pas douée à cet exercice, surtout pas quand il s’agissait de personnes qu’elle ne parvenait pas à regarder dans les yeux. Les verres devant son nez et la consommation payée, Albane prit enfin son courage à deux mains pour marcher d’un pas assuré vers la table, faire glisser le verre devant Mickey. « Ce n’était pas la soirée idéale pour avoir du grand spectacle. » commenta-t-elle en faisant référence aux combats. Aucune carrière ne se terminerait ce soir. « J’aurais une faveur à demander. » Autant ne pas tourner éternellement autour du pot, tenter de l’amadouer avant de dévoiler ses réelles intentions. « Je peux m’assoir ? » Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, son flegme était une façade montée de toute pièce. Mais le plus effrayant n’était pas l’homme en face d’elle, non. C’était ce qu’elle serait prête à faire si jamais il refusait de l’aider.
Breathing in the dark, lying on its side. The ruins of the day painted with a scar and the more I straighten out, the less it wants to try. The feelings start to rot, one wink at a time. Oh forgiving who you are, for what you stand to gain. Just know that if you hide, it doesn't go away. When you get out of bed, don't end up stranded. Horrified with each stone on the stage, my little dark age.
L'heure tourne et l'entretien prévu ce soir prend déjà du retard, au grand dam d'un Mickey détestant par-dessus tout qu'on lui fasse perdre son temps. Il devait recevoir un candidat pour le poste de mixologue actuellement vacant mais tout porte à croire que l'intéressé s'est bêtement perdu dans le quartier, trouvant ainsi le moyen de rater la cabine censée lui fournir le code et l'emplacement du lieu de rendez-vous. Un sombre empoté au sens de l'orientation visiblement discutable et dont le Blind Tiger se passera très bien, s'il n'est même pas foutu de suivre les indications données et de se repérer grâce à celles-ci. Embaucher du personnel n'a rien de simple quand on gère un établissement de ce type, Mickey n'en avait pas forcément conscience en ouvrant ce bar il y a trois ans mais aujourd'hui l'exercice a tout d'habituel. Les annonces se doivent d'être on ne peut plus sommaires, sans adresse ni mention des activités non officielles se tenant entre ces murs et la première mise en contact se veut elle aussi bien particulière, dissuadant tout naturellement celles et ceux qu'une telle dose de mystère peut rebuter. C'était un premier test et ce type a lamentablement échoué, voilà ce que Mickey choisit pour sa part d'en conclure sans s'attarder davantage sur ce candidat dont l'absence – ou l'abandon – finira bien par profiter à un autre, peut-être même plus qualifié encore. Il se donne quelques minutes avant de retourner vaquer à ses occupations un peu plus bas, juste le temps de s'assurer que son rendez-vous du jour ne risque vraiment plus de se pointer car loin d'être prêt à lui accorder une dernière chance, Mickey est surtout frustré de ne pas pouvoir lui dire en face ce qu'il pense de son retard. C'est une certitude à présent, il n'en aura pas l'occasion tout comme il ne semble pas non plus destiné à rester seul à cette table, s'il se fie à la venue d'Albane et aux mains de celle-ci loin d'être vides. Le boxeur détaille du coin de l'œil le verre que la jeune femme fait glisser devant lui, intrigué par cette consommation qu'il n'a aucunement demandée. « Je n'accepte aucun verre qui n'aurait pas été préparé devant moi, en temps normal. » il l'informe alors d'une voix neutre, mais laissant tout de même deviner qu'il fera une exception cette fois. Il n'estime pas avoir de quoi se méfier d'Albane, pas alors que celle-ci offre depuis quelques temps ses services au Blind Tiger contre une rémunération des plus correctes, en plus de n'avoir officiellement aucune raison de vouloir sa peau. Elle pourrait avoir glissé quelque chose dans son verre mais il ne voit pas pourquoi, tout le monde trouve son compte dans leur petit arrangement et Albane sait comment se rendre utile par ici, trainant le plus souvent autour du ring et des combats s'y déroulant pour assurer les premiers soins aux combattants qui finiraient un peu trop amochés. Mickey ne tient pas à voir quiconque rendre l'âme dans son établissement ou repartir avec des blessures si sérieuses qu'elles attireraient l'attention des mauvaises personnes – pas que le sort de ces pauvres gars l'intéresse en vérité, mais un combat qui tournerait un peu trop mal pourrait braquer sur ce bar des projecteurs dont Mickey n'a sûrement pas besoin. Il ne faudrait pas dévoiler au grand jour le secret le mieux gardé entre ces murs pour une sombre histoire de coups mal dosés, après tout.
Ce n'est pourtant pas autour du ring qu'Albane gravite ce soir et le gérant ne trouve personnellement rien à y redire, car elle reste libre d'aller et venir par ici sans devoir lui rendre de comptes. Bien sûr, si un affrontement nécessitait subitement sa présence il compterait sur elle pour rappliquer sans attendre mais ce n'est pas le cas pour l'heure, Mickey serait le premier à le savoir dans le cas contraire. « Ce n’était pas la soirée idéale pour avoir du grand spectacle. » Il n'en est pas vraiment surpris, l'affiche du jour ne vendait pas franchement du rêve car on ne peut pas proposer de grands matchs tous les soirs, pas alors que la plupart des combattants restent de parfaits amateurs à la recherche de sensations fortes comme la bête sauvage que Mickey était lui aussi à ses débuts. Tout était déjà bon pour cogner sans réfléchir à l'époque, à l'image des rixes sans queue ni tête dans lesquelles l'ancien champion peut à nouveau s'illustrer aujourd'hui, loin, très loin de la glorieuse carrière qu'il tenait autrefois entre ses mains. « Ça frappera sûrement plus fort demain. » il balance avec indifférence, comme si tout ça le dépassait de très haut. Mickey n'a pas toujours la tête à regarder les autres se faire réduire en charpie, certains jours il profite du spectacle avec plaisir et d'autres, comme ce soir, il préfère trainer autour du bar que d'observer cette brutalité de trop près. Ce n'est pas lui qu'un peu de sang risquerait de choquer mais il s'en passe tout aussi bien parfois, côtoyant déjà quotidiennement cette violence qui le poursuit autant qu'il peut la chercher aux quatre coins de cette ville. Un homme sage et un père évidemment responsable, ne prétendez surtout jamais l'inverse devant lui. « J’aurais une faveur à demander. » Son regard remonte distraitement vers Albane dont la voix accroche son attention, même s'il ne peut pas promettre que ce sera pour très longtemps. « Une faveur, rien que ça ? » il relève, un sourire presque amusé étirant ses lèvres car ce n'est pas le type d'approche auquel Mickey est le plus habitué, et cela à juste titre. C'est qu'il n'accorde habituellement pas grand-chose aux autres Mickey, sa bonne grâce en tête de liste, mais sa curiosité est à présent bien trop piquée pour qu'il ne veuille pas savoir quel genre de faveur Albane peut précisément attendre de lui. « Je peux m’assoir ? » Il n'y voit aucun inconvénient, décrétant même qu'elle ne sera pas plus mal assise car debout, la jeune femme reste bien trop en position de fuite à ses yeux. Et elle n'est pas venue le trouver pour rebrousser finalement chemin, n'est-ce pas. « Je suppose que oui. » D'un bref mouvement de tête, Mickey désigne le siège face au sien. Ce dernier aurait dû être occupé mais les choses n'ont pas connu l'évolution escomptée ce soir. « Le type que j'attendais n'est pas venu, et dire qu'il prétendait faire les cocktails comme personne dans cette ville. » Un prétendu talent dont Mickey ne verra jamais la couleur, de quoi repousser l'embauche d'un nouveau mixologue pour quelques temps encore. Mais il cherche peut-être bien derrière cette précision à justifier aussi le fait qu'il se trouve seul à cette table car la solitude ne lui va pas très bien au teint, Mickey en est persuadé et il ne voudrait pas que l'on s'imagine que celle-ci peut être subie dans son cas – elle l'est bel et bien la plupart du temps, seulement il faudrait le torturer pour le lui faire avouer. « Tant pis pour lui. » il ajoute avant de prendre une franche gorgée de son verre, son regard déviant quant à lui vers Albane et le gin tonic de celle-ci. « Arrange-toi du coup pour que j'y gagne au change, niveau compagnie. » Et surtout pour ne pas lui faire perdre son temps elle aussi, comme ce type que Mickey ne prendra évidemment pas la peine de recontacter. Ses yeux la sondent en attendant d'en savoir plus, s'attardant sur ses traits et s'apprêtant à analyser le moindre de ses changements d'expression.
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Elle pouvait sentir son palpitant s'agiter dans sa poitrine et ses mains devenir un peu plus moites à regarder en direction de cette table. Cela ne lui apporterait que des ennuis de se rapprocher d'un homme pareil, n'est-ce pas ? Parfois, elle se demandait quand est-ce qu'elle avait fini par normaliser sa présence dans ce genre d'endroits, comment elle avait appris à vivre avec la culpabilité de gagner de l'argent sur le dos de la violence. Elle n'avait jamais vu le Blind Tiger juste comme un bar de choix ; c'était trop guindé pour son goût. Elle le voyait plutôt comme un antre, une qui devenait un peu plus horrifiante dès qu'on amorcait son exploration. Ce n'était pas comme le BB8 qu'elle avait fini par apprivoiser et dans lequel elle évoluait comme si elle était à la maison. Ici, elle n'avait pas de repères, pas de filet de sécurité, seulement l'espoir naïf que sa rigueur et sa discrétion professionnelle la rendraient digne d'intérêt. Elle ne cherchait pas les ennuis Albane, seulement un complément financier. Elle n'avait juste pas opté pour le revenu éthique. Et ce soir, elle prenait enfin le risque de sortir de sa voie, d'admettre à demi-mot sa plus grande faiblesse. La française n'était pas encore certaine de comment présenter l'affaire, de quel degré d'honnêteté fournir. En arriver à demander directement à Mickey démontrait déjà une certaine dose de désespoir dans sa recherche. Après tout, elle n'avait pas le profil ou les fréquentations pour cet univers dans sa vie privée. Peut-être que Leo aurait pu l'aider, si la blonde n'était pas constamment à souffler dans sa nuque, suspicieuse de chaque pas qu'elle pouvait bien faire. L'accueil de Mickey la décontenança franchement, lui fit baisser les yeux sur le verre. Il devait avoir un sacré paquet d'ennemis pour se méfier d’une boisson préparée dans son bar, par ses employés. "Je le saurai pour la prochaine fois." Elle manqua de rajouter qu'elle n'avait aucun projet de l'empoisonner, que s'il devait se méfier de quelqu'un, ce serait alors son barman. Mais Mickey n'était pas Lou, et garder des barrières entre eux valait peut-être mieux. Le verre était juste un prétexte pour ne pas arriver les mains vides, avoir ne serait-ce qu'un peu d'intérêt à ses yeux vu ce qui s'annonçait. Sa présence durant les combats pouvait s'avérer utile, c'était indéniable. Pour autant, la française préférait ne pas se leurrer. Elle était remplaçable. Le moindre accroc et elle serait fichue dehors. Avec quelques billets de plus que le salaire moyen, le patron de l'endroit n'aurait aucun mal à retrouver un professionnel de santé capable de mettre sa morale au placard. Ce n'était pas exactement le genre de schéma où son travail serait reconnu, apprécié, jusqu'à obtenir le prestigieux statut d'employée du mois. Ce qu'elle faisait ici, c'était juste gagner du temps pour réfléchir à son discours. Elle sourit poliment, mais le cœur n'y était pas. Elle était payée pareil qu'il y ait des blessés ou non. Alors à choisir, elle préférait de loin les soirées où l'affiche était de qualité passable, où ces pauvres gars n'auraient aucun intérêt à se battre jusqu'à ce que cela devienne potentiellement tragique. Même après des années, Albane ne s'habituait pas à la violence gratuite et au concept des rings. L'odeur du sang continuait de la déranger et de lui donner la nausée, parfois. Mais il fallait faire avec. C'était le travail qu'elle avait choisi. Et si on l'appelait le lendemain pour venir donner un coup de main, elle ne discuterait pas, rappliquerait immédiatement. C'était sa valeur à elle, la quasi-certitude qu’elle ne les laisserait jamais en plan. Ça contribuait à créer de la confiance, quand bien même elle n’en avait aucune envers Mickey. A croire qu’il lui restait un faible instinct de survie. Celui qui l’incitait par exemple à jouer carte sur table, à avorter la discussion polie pour lever le voile sur ses intentions. Il n’y avait pas de meilleur mot pour le décrire ; c’était une faveur qu’elle avait en tête, une qui ne lui était pas due du tout, et pour laquelle elle n’avait pas franchement d’arguments. Plus elle y réfléchissait, plus elle réalisait que c’était mettre les pieds dans des histoires qui ne la regardaient pas du tout. Cela lui demandait un effort considérable de garder sa composition et de ne pas se laisser céder à la panique face au sourire du brun qu’elle ne savait pas interpréter ; peut-être amusé, peut-être goguenard. Soit il était intéressé, soit il la pensait vraiment stupide pour demander quelque chose de pareil. Elle ne pourrait pas le blâmer. Quoiqu’elle ait à dire semblait néanmoins plus intéressant que la solitude et elle ne se fit pas prier pour s’asseoir en face de lui, regrettant instantanément d’être trop sobre. Elle n’était effectivement pas pire qu’un candidat ne se pointant pas en entretien. Elle ne faisait pas de promesses en l’air. « S’il était vraiment si compétent, il serait venu. » Ce n’était sans doute que du vent. Mais s’il s’agissait de juste faire des cocktails, alors le Blind Tiger aurait été un lieu de choix. Elle pouvait imaginer bien pire comme endroit, moins créatif également. Pas qu’elle s’y connaisse en mixologie, pour autant, il y avait sans doute plus exaltant que de préparer des pina colada, mojito et margarita à longueur de journée parce que la clientèle ne développait pas son goût plus loin. Elle hocha la tête. Tant pis pour lui, en effet. Ou tant mieux. Car à cet instant précis, Albane aussi n’avait pas envie d’être ici. D’autant plus quand elle se sentait scrutée, visiblement dans l’attente qu’elle offre quelque chose digne d’intérêt. « On a passé le cap de l’entretien d’embauche, c’est déjà ça. » Un subtil rappel qu’elle était fiable, elle. Elle plongea les lèvres dans son verre, s’efforçant de soutenir le regard sombre du Reeves. Une fausse preuve d’assurance qui ne dura qu’un bref instant. Comment était-elle supposée faire valoir sa compagnie, au juste ? Elle ne voulait pas rester. « Il y a des choses encore plus difficiles à trouver que ce bar. » finit-elle par admettre dans un léger soupir. « Et ce n’est pas faute de traîner aux bons endroits. » Quand la nuit tombait, Albane passait bon nombre de ses soirées dans un univers où elle aurait dû faire tâche, si sa présence n’était pas devenue habituelle. « Je cherche à mettre la main sur de la morphine pure. Comprimés ou liquide, ça n’a pas d’importance. Mes contacts ne m’ont filé que de la merde coupée au fentanyl. » Elle pourrait prétendre que cela restait professionnel. C’était peut-être l’angle d’approche à choisir, prétendre juste vouloir aider certains combattants à se remettre sur pied. Le dernier recours pour ne pas s’avouer totalement désespérée.
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Autant se l'avouer, Mickey n'a pas confiance en grand monde sur cette fichue planète et Albane n'échappe pas à la règle, aussi efficace puisse-t-elle être dans le rôle qui est le sien dont les échos parvenus à ses oreilles n'étaient jusqu'ici pas mauvais. Elle ne fait pas de vague entre ces murs, se contente d'intervenir quand il le faut et s'il devait se méfier de quelqu'un ici, ce n'est pas elle que Mickey aurait à l'œil en premier lieu. Car il y a un monde entre n'accorder sa confiance à personne et questionner les intentions de tout un chacun, ce n'est pas nouveau que l'ancien champion reconverti en gérant se met bien plus de gens à dos qu'il ne se fait d'amis dans cette ville mais ceux qui rêvent de le voir entre quatre planches ne viennent généralement pas à sa table en amorçant la discussion comme on parlerait de la pluie et du beau temps. Ses ennemis Mickey les connait et ce verre face à lui ne contient assurément pas de quoi le foudroyer sur place, l'approche d'Albane à elle seule l'en persuade en admettant qu'il ait eu ne serait-ce qu'un début de soupçon la concernant. Elle n’aurait aucun intérêt à le faire, voilà ce qu’il en pense. Ce bar ne mettrait pas longtemps à couler s'il n'était plus là pour superviser ce qui s'y trame et ce, même si Mickey déserte volontiers son rôle quand ces histoires de gestion lui prennent un peu trop la tête. Il en a fait une affaire qui fonctionne avec une recette dont il a le secret, on ne peut au moins pas lui retirer le flair qu’il a eu deux ans en arrière et s'il n'est pas le moins du monde sur ses gardes avec Albane c'est bien parce qu'il croit avoir saisi qu'elle tenait à sa place par ici, pour ne pas nommer l'argent que ses petites activités au Blind Tiger peuvent lui rapporter. Ce n'est pas le meilleur gagne-pain qui soit, pas l'emploi le plus stable non plus mais tant que sa jeune employée ne lui causera pas de problème et évitera aussi de se faire remarquer, Mickey n'aura aucune raison de vouloir s'en débarrasser. Ceux qui restent à leur place sont généralement bien vus du patron qu'il est et pour cause, tous ici savent qu'il est bien plus difficile d'entrer dans ce bar que d'en sortir alors la plupart se tiennent à carreaux pour ne pas se voir montrer la porte trop vite. Quant à ce type qui ne s'est pas présenté, nul ne peut dire s'il aurait filé droit derrière cette prétendue maitrise des cocktails qu'il n'avait pas hésité à mettre en avant dans sa candidature – un vantard qui n’avait finalement rien dans le bide, comme tant d’autres avant lui. « S’il était vraiment si compétent, il serait venu. »Tant pis pour lui, ne l'a-t-elle pas compris la première fois que Mickey l'a dit ? Ce n'était pas une invitation à débattre des compétences de l'intéressé, pas plus qu'il ne demandait à vrai dire son avis sur la question alors le boxeur ne tarde pas à balayer ce qu'il entend d'un bref geste de la main. « Peu importe. Il n’existe plus. » il tranche fermement et ne pourrait sans doute pas lui signifier plus clairement que le sujet est clos à présent. La chance d'intégrer son équipe Mickey ne l'offre qu'une fois, c'est à prendre ou à laisser et tout ce qui devrait préoccuper Albane est bien cette attention qui lui revient et cette compagnie sur laquelle le boxeur compte désormais. La sienne, censée justifier que ce début d'échange ait lieu et qu'elle se soit aussi invitée à sa table, ce que les gens ne font habituellement pas sans une très bonne raison. Alors sa raison, Mickey est assez curieux de la connaître tout en espérant ne pas être déçu du voyage et ne pas y perdre surtout quelques précieuses minutes, car ça ferait beaucoup en un seul soir.
L'entretien d'embauche est une case déjà cochée dans son cas, il ne la contredira pas là-dessus. Albane avait eu la décence de se présenter au sien sans se perdre dans le quartier et sans cumuler un retard que Mickey aurait jugé inacceptable, mais c'est bien l'actuelle discussion qui l'intéresse et les motivations se cachant derrière cette faveur demandée dont il ne sait encore rien. Il peut être curieux Mickey mais il ne le reste jamais bien longtemps, son attention se gagne et se perd tout aussi vite alors il irait droit au but s'il était elle, avant qu'il ne puisse voir le fond de son verre et ne décide d'aller s'enfiler une ligne ailleurs. « Il y a des choses encore plus difficiles à trouver que ce bar. Et ce n’est pas faute de traîner aux bons endroits. » Il se fiche bien de savoir où Albane peut trainer quand ce n'est pas ici ou à la Ruche, son intérêt la concernant se limite à ces lieux qu'il n'est à force plus utile de nommer et cette petite introduction lui vaut tout au plus d'expulser un soupir, en espérant pour elle qu'il sera à la fois le premier et le dernier. « Mais encore ? » il questionne non sans montrer déjà des signes d'impatience, ses doigts tapotant quant à eux contre la table dans un geste pressant. « Évite de tourner autour du pot avec moi, je m’ennuie vite. » Simple conseil, et Dieu sait que Mickey n'en donne pas beaucoup. Si Albane ne crache pas très vite le morceau sa faveur finira aux oubliettes car une fois pris d'ennui, le boxeur n'est pas de ces hommes que l'on peut rattraper. Tiens, il ne dirait justement pas non à un tout autre genre de compagnie pour la soirée ce qui lui laisse approximativement dix secondes pour satisfaire sa curiosité avant de le voir s'évaporer – et pour ces choses-là Mickey aime prendre son temps histoire de varier les plaisirs, ce qui devrait en principe le tenir occupé un moment. Dix secondes donc, le chronomètre tourne déjà et Albane saisit heureusement cette ultime perche qui lui est tendue. « Je cherche à mettre la main sur de la morphine pure. Comprimés ou liquide, ça n’a pas d’importance. Mes contacts ne m’ont filé que de la merde coupée au fentanyl. » Une sombre histoire de substances à dénicher, comment est-ce que Mickey n'a pas pu s'en douter ? Elle n'est pas la première à venir le trouver pour ça ces jours-ci mais sa démarche n'est pas la moins surprenante, contrairement à ce que son air impassible peut laisser penser. « Je vois. » il débute en relevant ses yeux vers elle tandis qu'il repose froidement son verre sur la table. « Tes contacts se sont bien foutus de toi de toute évidence. Pas évident de trouver des fournisseurs fiables de nos jours, hein. » Ce n'est pas au boxeur qu'on va l'apprendre car si Joseph avait au moins le mérite de lui en donner pour son argent avant de rompre leur petit marché, d'autres ont en revanche tenté de le rouler dans la farine en lui refourguant de vraies saloperies. Aujourd'hui Mickey ne dépend plus de personne mais autrefois, il n'était pas le dernier à tomber dans le panneau quand la sensation de manque s'en mêlait. Il fallait réapprovisionner son stock vite et bien, peu importe comment et auprès de qui. « Et donc tu t’adresses à moi parce que..? » Du coin de l'œil Mickey l'observe, guettant ce qui pourrait déjà s'assimiler à un début de réponse. Était-il sa seule option en dehors de ces contacts perfides ? La première, ou bien la dernière ? Il s'intéresse, cherchant à voir plus loin que ces éléments qui lui parviennent. « Cette morphine, c’est pour les pauvres types dont tu t’occupes ici je présume. » C'est ce qui parait être le plus probable à première vue et connaissant son rôle auprès des combattants, quand bien même Albane ne l'a aucunement précisé. Peut-être bien que sa demande l'intrigue, il reste après tout libre de se demander à quoi ou à qui se destine cette morphine qu'il tâchera de lui fournir. Mais qu'elle ne se méprenne pas, Mickey se renseigne lorsqu'il y a matière à creuser sans intention de reprendre quiconque sur ses consommations quand les siennes sont parmi les pires que l'on puisse trouver. Cette morphine, dans le fond, il se fiche pas mal de l'usage qui en sera fait tant qu'Albane est en mesure de la payer et bien sûr, le boxeur ne se précipite pas pour lui dire s'il pourra oui ou non satisfaire sa requête. À son tour de se faire désirer.
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C’était absurde. Se retrouver assise ici, en face du genre de type qu’elle n’aurait jamais dû approcher en premier lieu. Albane faisait de son mieux pour garder sa composition quand son -presque inexistant- instinct de survie lui criait de se remettre un peu de plomb dans la tête et de juste tourner les talons. Avait-elle au moins l’air crédible, à réclamer l’attention du Reeves, à demander une faveur comme si c’était une chose sensée à faire ? Elle ne pouvait pas nier que même si elle avait pris l’habitude, Lou aura eu raison sur un point : elle l’avait protégée de ce monde. Ça piquait à admettre, mais c’était la vérité. Sous la supervision de la brune, la française était intouchable ; la petite protégée à qui on ne cherche pas de noises, celle qu’on ignore facilement. Le moindre problème, le moindre service, et la jeune femme avait juste à demander. De ce fait, il n’était pas surprenant qu’elle n’ait jamais appris à comment se comporter avec la hiérarchie, avec ces gens pour qui l’infirmière n’était rien d’autre qu’un atout pratique et remplaçable. Dans le cas présent par exemple, elle avait juste la sensation d’enchaîner les pas de travers, de provoquer tour à tout l’agacement, le scepticisme, l’ennui, l’impatience. Tout ce qui n’inspirait pas à continuer cette discussion. Et plus Albane en venait aux faits, plus elle paniquait intérieurement, réalisant les failles de son plan. C’était trop tard pour faire demi-tour ou pour trouver une autre connerie à demander à la place, mais jusqu’à quel point pouvait-elle se permettre d’être honnête ? Pourquoi accepterait-il, au juste ? Elle n’avait franchement rien de plus à offrir que son temps, son expertise et les billets qu’elle mettrait évidemment sur la table pour se procurer sa drogue. Cette même substance qui la mettait dos au mur, lui rappelait désagréablement sa toxicité. Elle en avait passé des heures à chercher comment contourner ce souci. Mais l’overdose l’avait définitivement sabordée pour se procurer quoique ce soit à l’hôpital, la Ruche n’avait fait que l’enfoncer dans ce petit cercle vicieux, et elle n’avait aucune idée d’où est-ce que les dealers du coin se procuraient. Faire tester une substance normalement uniquement disponible sur ordonnance ne serait vraiment pas le meilleur cours d’action. Non, qu’elle le veuille ou non, la brune était arrivée au point où elle ne pouvait plus rien laisser au hasard. C’était une question de survie, littéralement. Elle n’avait pas franchement l’intention de se foutre en l’air par mégarde. L’effort de mettre des mots sur cette faiblesse n’en restait pas moins surhumain, et une fois la demande formulée, la française réalisa que le pire scénario n’aurait pas été le jugement ou l’intimidation, non. Ce serait le refus. Elle avait atteint ce point de désespoir dans la quête de morphine. Ça l’incita à retenir son souffle quelques secondes, noyer son appréhension dans son verre plutôt que de laisser voir qu’elle était bien incapable de soutenir le regard sombre de son interlocuteur. Il n’y avait rien d’engageant dans sa voix ou dans son expression, rien qui n’aurait pu laisser trahir ses pensées. Ça n’aidait pas l’étudiante à se sentir rassurée de quelque manière que ce soit. « C’est la loi du marché, j’imagine. » Troquer les opiacés par les opioïdes, jouer du fait que les drogues synthétiques soient plus faciles à concocter que les drogues naturelles. Moins chères, aussi, cent fois plus addictives et puissantes. Le client revenait inévitablement, tombait dans l’addiction, et tadam. C’était aussi simple que dangereux, et Albane préférait ne même pas imaginer les dégâts que cela avait pu occasionner pour les contacts quelle avait distribué sur le campus. Elle s’efforçait de ne pas laisser la culpabilité parler de peur de se voir couler pour de bon. Les mauvais choix d’autrui ne pouvaient pas être sa responsabilité, n’est-ce pas ? Surtout quand elle n’avait aucune idée de ce qu’elle faisait. Ce constat de faiblesse achevait d’enterrer sa fierté, surtout lorsqu’elle réalisait que Mickey lui ferait dire tout ce qu’elle refusait d’exprimer tout haut. De répondre même aux questions les plus évidentes. « Les intermédiaires ne sont pas là pour avoir des états d’âme ou pour décider des composants de ce qu’ils revendent. J’ai pas envie de me faire rouler à nouveau. » Elle était la cliente dans le besoin, celle qui achèterait ce qu’on lui proposerait parce qu’elle n’avait pas le choix. La pigeonne qu’on pouvait rouler facilement. Dans les faits, Albane n’était même pas certaine qu’il y ait effectivement un trafic de drogues derrière la devanture si secrète du Blind Tiger. Elle ne pouvait pas affirmer que le Reeves gère de telles opérations. Mais il était l’homme en charge, celui à qui n’importe quelle personne sensée ne tenterait pas de faire de crasses. Sauf qu’encore une fois, rien dans sa réaction permettait de dire à quel point sa théorie était bonne. Il était juste glacial, adoptant la discussion comme si c’était le seul passe-temps qu’il avait sous le coude. Si ça l’amusait, elle serait facile à torturer un peu en posant les bonnes questions. Celle de l’usage, par exemple. Machinalement, elle hocha la tête, récupéra son verre au passage. Les types, ouais. De l’époque où elle bossait à l’hôpital, il lui arrivait d’utiliser la morphine subtilisée pour eux. Ça avait cessé depuis qu’elle devait payer pour chaque milligramme de substance. Et quelque chose lui disait que le patron des lieux se foutrait franchement bien de savoir si ses petits combattants avaient mal ou pas. Les hommes à terre faisaient partie des règles des combats illégaux. C’était leur problème s’ils tombaient, leur responsabilité s’ils se blessaient pour de bon. Ils signaient pour ça. « Et pour de l’usage personnel. Il n’y a pas d’histoires de deal ou de revente. Rien qui ne puisse attirer l’attention. » Il y aurait peut-être Leo qui se remettrait à fouiner un jour, qui l’accuserait d’avoir replongé. Albane mettait tellement d’énergie à planquer ses réserves maintenant que la blonde pourrait difficilement avoir des preuves. Mais il n’y avait pas besoin de ça ; elle était malheureusement assez calée sur le sujet pour repérer ses comportements. « Il va sans dire que je compte payer. C’est juste du business. » Elle ne discuterait pas le prix, ne poserait pas de questions. Elle serait même régulière dans ses commandes. La cliente rêvée.
Breathing in the dark, lying on its side. The ruins of the day painted with a scar and the more I straighten out, the less it wants to try. The feelings start to rot, one wink at a time. Oh forgiving who you are, for what you stand to gain. Just know that if you hide, it doesn't go away. When you get out of bed, don't end up stranded. Horrified with each stone on the stage, my little dark age.
Ce n'est pas un jeu et ça n'en sera jamais un, quand bien même Mickey s'amuserait presque à faire le décompte des secondes restant à Albane pour formuler sa demande avant que l'opportunité de cet échange ne lui soit proprement retirée. Il n'a présentement rien de mieux à faire que de l'écouter mais il pourrait se prétendre occupé, c'est après tout ce qu'il fait chaque fois que sa solitude saute un peu trop aux yeux alors il ne faudrait pas grand-chose au boxeur pour s'arranger un rendez-vous ailleurs, dans le genre de ceux qu'il a le plus souvent avec sa chère Caroline sur les canapés reculés de ce bar. C'est très certainement là qu'il finira la soirée, à enchainer les lignes comme il pourrait enchainer les verres et Albane a finalement le luxe de pouvoir solliciter un Mickey dont les excès ne sont pas encore trop montés à la tête. Il n'a bu qu'un verre ce soir et pour cause, le gérant n'aurait pas pu se permettre de recevoir le moindre candidat avec de la poudre au coin du nez mais il n'en sera sûrement pas de même dans une heure, sous-entendant que sa jeune employée n'a finalement pas trop mal choisi son moment pour l'accoster. De la morphine pure donc, peu importe sous quelle forme Albane ne semble pas partie pour se la jouer pointilleuse et il n'ira pas se plaindre de son peu d'exigences, pas alors qu'elle lui apparaît déjà comme une cliente facile à contenter. Quant à la loi du marché, le boxeur se plait pour sa part à y voir une loi du plus fort mais rien de bien étonnant par ici. Son regard ne lâche pas celui d'Albane dont il cherche à cerner les motivations, non pas pour lui faire dire ce qu'il a envie d'entendre mais bien pour vérifier qu'elle sait surtout à qui elle s'adresse, dans toute cette histoire. « Les intermédiaires ne sont pas là pour avoir des états d’âme ou pour décider des composants de ce qu’ils revendent. J’ai pas envie de me faire rouler à nouveau. » Ce qui peut se concevoir. Il y a de quoi être échaudé quand on se voit refourguer des substances de synthèse et mélangées de surcroit mais les mauvais contacts d'Albane ne seront jamais les siens, pour la simple et bonne raison que Mickey sait s’entourer depuis longtemps. Il ne vient pas chercher n'importe quoi auprès de n'importe qui et aujourd'hui, c'est lui que l'on vient trouver pour se fournir dans une suite on ne peut plus logique des choses. « Et qu'est-ce qui te fait dire que t'es en train de miser sur un meilleur cheval, là ? » Sans doute pas la confiance qu'elle peut fonder en lui alors que Mickey devine qu'elle ne doit pas être bien grande, mais ce n'est pas comme s'il s'attendait à une véritable réponse ici. Il suffit de regarder autour de lui pour comprendre qu'il n'a pas intérêt à prendre ce nouveau business à la légère, les clients mécontents et une mauvaise réputation n'étant pas bons à récolter quand on cherche à préserver un secret comme le sien. L'existence de ce bar en l'occurrence, où Mickey entend bien mener ses petits trafics sans être inquiété de rien parce qu'il sait être sérieux lorsque les circonstances l'exigent, à défaut de savoir rester sobre. Avec lui Albane en aura pour son argent à condition de savoir tenir sa langue, ce n'est vraiment pas plus compliqué. « Tu peux te détendre, c'est à la bonne porte que t'es venue frapper cette fois. » Ce qu'elle n'est en soi pas forcée de croire, la porte en question reste ouverte si l'herbe s'avère finalement plus verte ailleurs mais sur ce point Mickey n'est pas inquiet : elle a besoin de lui bien plus que l'inverse n'est vrai. « Mais juste histoire que tu le saches, les états d’âme, c'est pas trop mon truc non plus. » il le précise comme si ses employés (et les autres) ne connaissaient pas déjà l'homme sans scrupules qu'il peut être dans un milieu pareil, là où plus aucun époux, cousin ou père n'a le droit d'exister. Il n'est Michael pour personne ici et ça ne doit jamais changer.
Les pauvres types s’abîmant un étage plus bas sont bien ceux à qui se destinera cette morphine mais il peut prédire avant même de l'entendre que ce n'est pas tout. « Et pour de l’usage personnel. Il n’y a pas d’histoires de deal ou de revente. Rien qui ne puisse attirer l’attention. » Elle est honnête Albane, sa transparence lui ferait même dire qu'elle ne reculera devant rien pour lui prouver sa bonne foi comme pour obtenir sa dose. Et de la même façon qu'il ne craignait pas que l'infirmière puisse glisser quelque chose dans son verre, il ne s'attend pas non plus à ce que les choses se compliquent avec elle. Ce ne serait pas raccord avec l'employée qu'elle semble être, tout sauf du genre à se faire remarquer et à s'attirer des problèmes, en particulier avec lui. La cliente qu'elle sera devrait donc filer droit d'après sa propre analyse ou du moins, Mickey ne peut que le lui souhaiter pour que cette histoire profite à tout le monde. « Usage personnel, hein. » il relève sans toutefois chercher à en savoir plus, n'ayant pas son mot à dire sur l'usage personnel en question. Il n'y mettra pas son nez pour des raisons évidentes car s'il s'aventurait sur ce terrain-là avec le moindre de ses clients, Mickey n'aurait vraiment pas fini. Il n'y a que Rhett dont l'histoire avait le mérite de l'intéresser un minimum jusqu'ici mais rien de bien surprenant à partir du moment où le commentateur l'intéresse lui aussi d'une façon bien particulière. « Je suis disposé à te croire pour le reste. » il déclare sobrement et pourrait ajouter qu'Albane n'a évidemment pas intérêt à le faire mentir, si elle ne s'en doutait pas déjà. « Il va sans dire que je compte payer. C’est juste du business. » La question de l'argent allait bien finir par se poser et Mickey n'ira pas la prétendre secondaire quand elle s'apparente, au contraire, à la plus importante à ses yeux. « C'est mieux pour toi en effet. » Tout comme c'est mieux pour lui à vrai dire, le boxeur n'ayant pas besoin de mauvais payeurs ou de clients cherchant à l'acheter autrement. Les moyens ne manqueraient pas pourtant, avec un peu d'imagination Albane serait certainement parvenue à obtenir sa première dose à l'œil mais quelque chose lui fait dire qu'elle ne mange pas de ce pain-là – ou de son pain à lui, pour être plus précis. « J'ai des questions. » il l'informe en posant ses deux mains à plat sur la table, prêt à aborder le reste et ces questions se voulant un peu plus techniques. « T'en voudrais pour quand ? » Si c'est urgent Mickey pourra l'entendre mais autant garder en tête qu'il ne pourra pas lui avoir sa précieuse morphine pour le lendemain. Le boxeur peut en revanche tabler sur quelques jours le temps de faire jouer son réseau, si Albane tient vraiment à obtenir ce qu'il se fait de mieux en la matière. « Et t'en voudrais combien ? Si on parle de comprimés, par exemple. » C'est ce qu'il pense avoir le plus de facilité à trouver et le combien en question s'évaluerait donc en nombre de boites, au sujet duquel Albane peut encore prendre le temps de cogiter si elle y tient. Mickey s'en fiche lui, il sait qu'elle finira par revenir et à ce propos, justement : « Ce sera l'affaire d'une fois ou de plusieurs ? » Son petit doigt lui dit que la deuxième option est la bonne mais il se doit de le demander pour la forme.
I'm done kicking out the voices in my head, sick of fighting all these uninvited guests. Ever since they all came over we've all kinda gotten close. I'm gonna dance with my demons. If you can't beat em join em. I know them, they know me, together we're the life of my party
Jusqu’à aujourd’hui, Albane s’en était toujours sortie quand il s’agissait de se fournir. A l’hôpital, elle avait trouvé les parfaites combines pour créer de fausses ordonnances, les mettre au nom de patients avec une bonne assurance et pour les faire payer sans qu’ils n’en sachent rien. Chaque milligramme de morphine sortie des stocks était prescrit et payé, rien qui n’aurait donc pu affoler la comptabilité ou l’administration. Elle avait été prudente, s’était armée de son air le plus innocent pour qu’on lui prête le bon dieu sans confessions. S’il y avait eu des doutes à quelques reprises, elle n'avait jamais été inquiétée. Jake et Lily étaient ceux qui s’étaient le plus rapprochés de la vérité en la surprenant dans la réserve, sans qu’ils n’aient jamais de preuves contre elle. Puis, elle avait commencé à se fournir à la Ruche, là où elle aurait pu se plaindre à Lou au moindre problème. La patronne n’aurait certainement pas apprécié de la savoir consommer mais l’aurait défendue, aurait réglé ses problèmes sans ciller. Ici, tout était différent. L’on pouvait parler de simple transaction, oui. Mais la vérité, c’était que la française s’apprêtait à signer un pacte avec le diable, lui offrir sa dépendance et ses secrets les plus sombres juste pour pouvoir se shooter en paix. Ce serait offrir un autre aspect de sa vie en otage, une pensée dangereuse qu’elle s’évertuait à garder loin de son esprit. C’était toute la complexité de cette relation professionnelle. Aucun parti n’avait intérêt à jeter l’autre sous les roues car cela risquerait d’avoir un effet domino. Malgré tout, ils pourraient ficher la vie de l’autre en l’air s’ils le voulaient. Malheureusement à ce stade, Albane avait beau en être consciente, cela n’impactait plus du tout sa prise de décision. Elle était à court d’options et faisait la meilleure ici, tant pour ses affaires que pour sa survie. L’échange était ironiquement plus simple maintenant qu’elle avait renoncé à faire bonne figure. Les réponses venaient plus facilement. « Cet endroit tient debout, les affaires filent droit. Aussi bien les légales que les autres. Je sais que je ne m’adresse pas à quelqu’un qui laisse les choses au hasard, et cela demande forcément un peu d’intégrité. » Il n’était pas un dealer de rue ou un type parfaitement innocent qui ne risquerait qu’un cassage de gueule en règle s’il tentait une sale combine ou la malhonnêteté. Mickey n’avait pas d’autres choix que de jouer dans les règles s’il ne voulait pas que tout ce qu’il avait construit s’écroule. Albane était certaine sur ce point. Pour le reste, ce n’était que des bruits de couloir, des conclusions tirées d’observations où elle n’aurait pas dû traîner le regard. Il ne faisait peut-être pas dans le trafic, lui dirait de déguerpir et de ne plus jamais revenir l’emmerder. Sans s’en rendre compte, elle retenait maintenant son souffle, doigts crispés autour de son verre. Plus effrayée qu’elle ne voudrait l’admettre. Elle n’aurait pas dû être autant soulagée à s’entendre dire qu’elle avait eu raison, ou même ressentir cette forme d’espoir qui confirmait son statut de camée. Un soulagement qu’elle s’efforça de ravaler, gardant une attitude qui se voulait impassible. « Les états d’âme seront inutiles. Tout ce que je demande, c’est un fournisseur fiable. Pour le reste, c’est mon problème. » Elle ne voulait pas d’une bonne conscience pour décider de quand est-ce qu’elle devrait arrêter.
Après tout, ce n’était que du business, un point sur lequel elle insista. Cela ne la dérangeait pas le moins du monde de ne pas avoir de relations, de garder leurs distances, de même oublier qu’ils avaient eu cette discussion à partir du moment où il pouvait la fournir. Ce ne serait pas bien différent que d’acheter un verre au bar. Une demande, des billets, un produit. Elle ne ferait pas de vagues, continuerait à se fondre dans le décor comme elle le faisait si bien. La française n’était pas spéciale, n'avait rien de plus à offrir que ses compétences médicales. Cependant, elle avait fait ses preuves. On pouvait lui faire confiance pour être discrète et fermer sa bouche. C’était aussi ce qui la motiva à être transparente, peu importe combien cela lui coûtait. Son ego prenait un certain coup à admettre aussi ouvertement être une droguée, au point de venir le voir directement pour avoir de quoi subvenir à ses besoins. En cas d’extrême nécessité, elle pourrait utiliser cette morphine avec ses patients, mais ce ne serait qu’une excuse. Ils cherchaient la douleur dès qu’ils mettaient le pied sur le ring, alors autant la leur laisser. Albane, elle, n’en voulait pas. Même s’il le faudrait un jour, elle n’était juste pas prête pour affronter à nouveau la douleur du sevrage et ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l’éviter. Elle ne répondit rien, se contentant de plonger les lèvres dans son verre. Il n’y avait rien à rajouter de plus pour son usage personnel, cela semblait assez clair. S’il ne l’avait jamais suspectée, c’était qu’elle était assez responsable et consciente pour gérer ses doses et être opérationnelle quand il aurait besoin d’elle. Elle honorait leur accord. « Je n’ai rien à cacher. » lâcha-t-elle dans un soupir, appréciant toutefois le fait que le Reeves daigne lui faire confiance. Elle ne le connaissait pas assez pour en être certaine mais pouvait se douter que la confiance n’était pas quelque chose qu’il accorder à n’importe qui. Tendue malgré tout, l’infirmière s’efforçait de montrer un certain détachement, un qui ne montrerait pas combien toute cette situation la dépassait. « J’ai pas envie d’avoir de problèmes. Donc aucune crainte à se faire là-dessus. » Elle paierait, espérait juste silencieusement qu’il ne chercherait pas à prendre avantage de la situation en lui infligeant des prix exorbitants. Elle n’avait aucune idée de comment négocier face à un homme pareil. Elle l’observa se redresser, avala sa salive à la mention des questions tant tout était sur le point de devenir concret. Quand, combien, à quel intervalle. Autant lui demander à quel point elle avait réussi à tomber bas. D’un autre côté, elle ne gagnerait rien à essayer de rationner pour adoucir la vérité. Si elle parvenait enfin à retrouver une source d’approvisionnement stable et des produits purs, elle serait stupide de ne pas en profiter. « Le plus vite possible. Mais j’imagine que je peux patienter un peu. » Elle n’aimait pas cette perspective, désormais trop consciente du poison qu’elle ingérait en trop grandes quantités. « J’ai besoin de 700mg par semaine. De manière régulière, de préférence. Je ne sais pas ce qui serait faisable pour l’approvisionnement, je pensais à deux fois par mois. » Depuis que Leo avait fourré son nez dans ses affaires, Albane était frileuse à l’idée d’avoir trop de stock sur elle. Ça lui avait coûté une petite fortune la première fois quand elle avait tout balancé. « Et plutôt des comprimés. Les aiguilles ne font jamais l’unanimité. » Elles laissaient des marques que Albane était fatiguée de cacher et de justifier. « Mais j’aimerais commencer par tester avant qu’on en arrive là. » Parce qu’elle doutait franchement que dans cet univers, il y ait un droit de rétractation. Mieux valait être prudente.
Breathing in the dark, lying on its side. The ruins of the day painted with a scar and the more I straighten out, the less it wants to try. The feelings start to rot, one wink at a time. Oh forgiving who you are, for what you stand to gain. Just know that if you hide, it doesn't go away. When you get out of bed, don't end up stranded. Horrified with each stone on the stage, my little dark age.
Elle n'est pas la première à venir le trouver et ne sera pas non plus la dernière, Mickey le sait tout comme il s'en frotte déjà les mains. Oh, l'ancien champion n'irait pas jusqu'à considérer le retrait de Joseph comme une bonne chose alors qu'il tenait autrefois à son petit confort et à la facilité avec laquelle son ami pouvait lui obtenir tout ce qu'il lui demandait, mais le moment était certainement venu pour qu'il prenne lui-même les choses en mains et obtienne le plein contrôle en outrepassant à son tour son statut de client. Ce n'était finalement qu'une question de temps avant que Mickey ne monte son propre trafic pour s'en mettre plein les poches, force est de constater d'ailleurs que les choses vont déjà vite et le fait qu'Albane soit venue le trouver ne l'étonne pas en soi, quand bien même il joue volontiers de sa position pour la tester. Non, il ne lui refourguera pas de la camelote comme ceux avant lui et ne trahira pas non plus les termes de leur contrat une fois ce dernier établi, aussi peu nombreux puissent être ses scrupules parfois. Il a déjà arnaqué des gens Mickey, des types tous aussi prêts à la lui mettre à l'envers sur qui il s'était simplement efforcé d'avoir une longueur d'avance mais le business n'était pas le même et les risques encourus non plus, à l'époque. Aujourd'hui il n'a plus que ce bar pour payer ses factures et le secret entourant l'établissement ne doit à aucun moment pâtir de potentiels mauvais arrangements, autrement dit Mickey ne s'engage pas à la légère et met un point d'honneur à satisfaire sa clientèle, d'autant plus lorsque cette dernière semble tout aussi encline à faire les choses dans les règles. « Cet endroit tient debout, les affaires filent droit. Aussi bien les légales que les autres. Je sais que je ne m’adresse pas à quelqu’un qui laisse les choses au hasard, et cela demande forcément un peu d’intégrité. » Albane ne pourrait effectivement pas mieux lui prouver qu'elle sait à qui elle a affaire, il n'est par ailleurs pas mécontent d'entendre que ce bar et les différents business qui l'entourent sont à ses yeux bien gérés car le boxeur mentirait s'il disait que ça ne flatte pas un peu son côté patron. Si quelque chose ne tient pas debout en revanche c'est bien sa vie en dehors mais ici Mickey peut se donner l'illusion de régner en maître et de savoir ce qu'il fait, ce bar est même le dernier endroit où des gens le respectent alors ce n'est évidemment pas un hasard si l'ancien champion y reçoit ses futurs clients et y règle aussi la moindre de ses affaires. Sa crédibilité passe désormais par ce bar donnant aisément l'impression qu'il a su rebondir, et c'est bien ce que Mickey voudrait lui-même faire croire. « Tu sais comment me parler, toi. » il remarque tandis qu'un sourire satisfait passe brièvement sur ses lèvres, son verre toujours tenu du bout de ses doigts. Elle semble pourtant se raidir ensuite mais le boxeur lui fait la fleur de ne pas le relever, devinant qu'Albane ne se prête pas vraiment à l'exercice par plaisir et n'ayant de son côté plus aucune raison d'en jouer. Il doute que sa cliente soit prête à partir en courant s'il la brusque un peu trop mais il n'en prendra pas pour autant le risque, pas alors que les choses prennent jusque là une tournure qui l'arrange. « Les états d’âme seront inutiles. Tout ce que je demande, c’est un fournisseur fiable. Pour le reste, c’est mon problème. » C'est tout ce qu'elle attend de lui et ça tombe bien, car Mickey n'avait pas prévu d'endosser un autre rôle que celui-ci. Albane a le mérite d'être simple, il peut déjà lui reconnaître ça. « Ton fournisseur sera fiable, pour ça t'as pas à t'en faire. » il souligne alors, même s'il ne cherche pas à prouver quoi que ce soit ici. Sa fiabilité lui est garantie en avance et Albane n'a pas d'autre choix que de le croire comme tous ceux faisant appel à lui pour la première fois, et revenant bien souvent le voir ensuite. « C'est du sérieux tout ça mais toi, t'avises pas d'ébruiter chez qui tu te fournis. Je tiens pas à voir débarquer des clients venus de n'importe où, encore moins par ici. » Une façon d'insinuer que le mot de passe de l'établissement n'a pas non plus intérêt à finir aux oreilles de n’importe qui, mais si Albane l'a préservé jusqu'à présent il est disposé à croire que leur futur accord n'y changera rien.
Il la croit pour ces histoires qu'elle s'engage à ne pas faire et pour cette attention qu'elle assure ne pas attirer sur eux, voyant en son employée quelqu'un de discret et certainement même l'une des dernières personnes cherchant à se faire remarquer par ici d'une quelconque manière. Albane ne lui a jusque là donné aucune raison de l'avoir à l'œil et ce n'est pas le cas de chaque personne travaillant pour lui, Mickey pourrait même donner les noms de celles et ceux se trouvant actuellement dans son collimateur et l'infirmière n'en fait tout bonnement pas partie. Il peut être facile de récolter la méfiance d'un homme comme le boxeur mais Albane n'a encore aucune réputation à son actif, ce qui constitue à ses yeux une bien meilleure chose que l'inverse. « Je n’ai rien à cacher. » Il s'en doute et si son regard force à cet instant le contact avec le sien, ce n'est que pour mieux le constater. Sa nervosité ne sera pas mise sur le compte d'une possible malhonnêteté, ce serait le cas si ses paroles avaient tendance à sonner faux mais là-dessus, le radar habituellement très affûté de Mickey ne se déclenche pas. « J’ai pas envie d’avoir de problèmes. Donc aucune crainte à se faire là-dessus. » Cette fois l'ancien champion remue lentement la tête, l'air de dire qu'elle n'aura pas de problèmes si elle remplit son rôle de payeuse comme il se doit et cela passera notamment par l'interdiction formelle de le harceler pour obtenir plus rapidement sa came si de son côté, Mickey ne lui donne pas de nouvelles. Il la tiendra au jus de l'avancée des choses quand il le souhaitera et attendra de sa part un maximum de retenue et de distance, des termes que le boxeur posera plus officiellement ensuite lorsqu'il lui fera signer le contrat que tout cela implique – et si Albane s'imagine qu'il n'a pas réellement prévu un contrat papier, elle ne soupçonne sans doute pas à quel point Mickey peut chercher à faire les choses bien. De la même façon que cette discussion n'aurait pas pu se tenir dans un autre cadre que celui-ci, l'accord passé ne se limitera certainement pas à quelques paroles échangées sans aucune preuve écrite. Ils n'ont plus grand-chose à voir ensemble pour aujourd'hui, Albane sera bientôt libérée de cet échange et de la compagnie du boxeur mais avant de lui mettre le moindre stylo entre les mains, certaines informations doivent encore lui être apportées pour que sa demande soit bien cernée. « Le plus vite possible. Mais j’imagine que je peux patienter un peu. » Elle n'obtiendra rien de lui en claquant des doigts c'est une certitude mais l'attente dépendra en grande partie des contacts que Mickey fera jouer car il faut bien l'obtenir cette morphine, elle ne tombera pas du ciel. « Je dois vérifier la disponibilité de mon réseau mais ça devrait pas être trop long, t'auras de mes nouvelles assez vite en principe. » Il ne le dirait pas s'il n'en était pas certain mais évite tout de même de chiffrer le pas long en question, histoire qu'Albane ne reste pas bloquée sur une estimation. « C'est à ce moment-là qu'on fixera le prix mais je peux déjà te dire que ce sera pas donné, vu ce que tu demandes. » De la morphine pure reviendra forcément plus cher qu'un produit coupé mais ça elle ne peut que s'en douter, quant à la quantité désirée Albane sait apparemment très précisément ce qu'elle veut. « J’ai besoin de 700mg par semaine. De manière régulière, de préférence. Je ne sais pas ce qui serait faisable pour l’approvisionnement, je pensais à deux fois par mois. » Il s'accorde quelques secondes pour étudier la chose, joignant ses deux mains autour de son verre et hochant finalement la tête. « C'est sûrement faisable. » Et ce que le contrat stipulera bientôt là encore, c'est qu'Albane devra impérativement le retrouver sur les canapés présents au sous-sol, non loin du ring, pour récupérer sa petite marchandise. C'est là que Mickey s'adonne à ce genre d'échanges, à l'abri des regards de clients étrangers à ce monde et ne désirant rien d'autre que boire un verre sans soupçonner ce qui peut se tramer un peu plus bas. « Et plutôt des comprimés. Les aiguilles ne font jamais l’unanimité. » Il n'avait pas mal supposé que sa préférence serait celle-là et à vrai dire, Mickey y trouvera lui aussi très largement son compte. « Comprimés, noté. » il enregistre, d'ores et déjà convaincu de mettre plus facilement la main sur des comprimés que sur n'importe quelle autre forme de morphine. Un bon point pour elle et pour ses propres affaires, là encore. « Mais j’aimerais commencer par tester avant qu’on en arrive là. » Jusque là impassible, le regard du boxeur la sonde un instant avant qu’il n’arque un sourire. « Tester ? » Le rire qui lui échappe ensuite est à l'image de sa surprise car il n'est pas sûr de comprendre, et ce n’est jamais une très bonne chose. « C'est bien la première fois qu'on me la sort, celle-là. » Et il préfèrerait tant qu'à faire que ce soit la dernière. « Je sais pas ce que t'entends par là mais sache qu'on applique pas de « satisfait ou remboursé » ici, alors si tu décides de faire affaire avec moi vaut mieux que tu sois sûre. » Si c'est un échantillon qu'elle veut il ne dit pas que c'est impossible mais Rhett n'a pas fait la fine bouche lui, et il aurait eu un milliard de raisons de ne pas le suivre à l'aveugle contrairement à elle. « De quoi t'as peur, hein ? » Que la marchandise ne lui convienne pas sans doute, ce n'est certes pas un petit engagement qu'elle s'apprête à prendre mais Mickey ne veut pas s'encombrer d'une cliente hésitante. C'est de la morphine qu'elle demande et c'est de la morphine qu'elle obtiendra, d’une qualité dont le boxeur entendra bien s’assurer.
I'm done kicking out the voices in my head, sick of fighting all these uninvited guests. Ever since they all came over we've all kinda gotten close. I'm gonna dance with my demons. If you can't beat em join em. I know them, they know me, together we're the life of my party
A ce stade, Albane ne savait pas ce qu’il y avait de pire. Le fait qu’elle soit prête à partir dans de tels extrêmes pour de la drogue, ou le fait qu’elle semble lentement arriver à ses fins. Elle n’était pas une experte dans le monde de l’illégalité, loin de là. Elle vivait dans la paranoïa permanente que ses mauvais choix viennent la rattraper, que le prix à payer pour ses actions lui tombent sur le coin de l’œil. En revanche, ses années auprès de patients lui avaient appris à lire les gens. Sur ce point, elle était douée. Ce n’était que quelques détails ; pas tant le sourire, mais surtout la manière qu’avait le patron de relâcher les épaules, de s’affaisser légèrement sur la banquette quand quelques minutes plus tôt, il avait plutôt eu l’air sur le qui-vive en la voyant s’approcher avec les verres. La méfiance semblait s’être transformée en intérêt. Et c’était bon pour elle, n’est-ce pas ? Parce que s’il avait considéré qu’elle était une perte de temps, elle n’aurait rien eu à offrir pour le faire revenir sur sa décision. C’était toujours le problème quand on était la personne qui avait besoin de quelque chose et qu’on n’était personne. La française avait certainement pris des mauvaises habitudes à évoluer dans la Ruche comme si c’était chez elle, à se dire qu’au moindre problème, elle pourrait demander à Lou. Jouer sur cette prétendue amitié entre elles. Sauf que maintenant, la Dumas faisait des infidélités, optait pour la compétition. Cela signifiait que plus que jamais, elle aurait tout intérêt à se faire discrète. C’était peut-être l’une des seules choses qui la rassurait à s’adresser directement à Reeves. S’il acceptait de faire affaire avec elle, elle savait que pas un mot ne sortirait des lieux. Ils ne se mettraient pas en danger mutuellement. Ce n’était pas tellement qu’elle savait comment lui parler, mais surtout qu’elle avait pesé le pour et le contre avant de venir se présenter à lui. Il était sa meilleure option, certes. Cela n’en restait pas moins un pacte avec le diable. Ils n’avaient pas besoin de rendre cet accord difficile ; la française honorerait sa part du contrat. Mais elle craignait sérieusement pour le jour où elle voudrait cesser. Si toutefois ce jour arrivait. Elle hocha la tête, marquant silencieusement son approbation quant à la fiabilité du fournisseur. Elle ne se permettrait pas de le remettre en doute. Elle voulait croire en la légitimité du Reeves dans ses affaires. C’était de toute manière la dernière option qu’il lui restait, alors il ne lui restait plus qu’à prier pour ne pas se planter. Elle ne put s’empêcher de froncer doucement les sourcils à l’évocation qu’elle puisse vouloir ébruiter ce genre d’affaires comme si Mickey était un dealer de coin de rue. Et elle qui pensait avoir offert l’image d’une personne réglo et responsable… « Je ne viens pas jusqu’ici pour le plaisir de boire un verre généralement alors je n’aurais absolument aucun intérêt à faire savoir à qui que ce soit que je fréquente les lieux. » Autrement dit, elle préférait tenir son entourage le plus loin possible des zones où elle pratiquait ses activités illégales. « Qui plus est, ma consommation n’est pas exactement quelque chose que je partage. » Elle ne lui ferait pas l’outrage de mentir en prétendant que personne n'était au courant. Mais jamais elle ne ferait quoique ce soit pour permettre à qui que ce soit de se fournir aussi facilement. Elle ne réalisait que trop bien les risques d’avoir un fournisseur direct quand on n’avait aucune volonté pour s’en sortir.
Tout ce qu’elle voulait, c’était des opioïdes purs, de qualité. Ceux qu’elle maîtrisait dans les dosages et qui ne risqueraient pas de la tuer à vitesse grand V à cause des merdes dedans. L’overdose avait eu pour triste conséquence de lui faire voir qu’elle n’avait pas la force de s’en sortir. Elle n’était pas assez forte pour supporter le sevrage et tous les effets qui allaient avec. Il lui fallait sa dose, il lui fallait cette euphorie chimique pour tenir le coup au quotidien. C’était son soin palliatif à elle, aussi pathétique que cela semble. De par sa profession, la française avait bien conscience des conséquences que cela pourrait avoir à long-terme et du fait qu’elle se tuait à petit feu avec cette merde. Mais c’était son problème. Au moins, avec ses cachetons, il ne lui venait pas à l’idée de se foutre en l’air en théorie. Elle pouvait continuer à vivre, à être à peu près opérationnelle, à lutter pour préparer le futur dont elle rêvait. C’était sans doute naïf de sa part mais elle ne perdait pas l’espoir qu’un beau matin, elle se réveillerait en se sentant prête à repasser par la case sevrage et à cette fois tenir. Ce serait idéal, oui. Tout ce qui comptait pour le moment, c’était d’enfin pouvoir mettre la main sur de la pure et pas de la merde coupée. Elle n’était pas sur son terrain Albane, savait qu’elle devrait se plier aux règles. Si elle devait patienter, elle le ferait. Simplement, elle était aux abois. Assez pour qu’un léger soupir de soulagement lui échappe à entendre dire que ce ne serait pas long. « Très bien. » Elle reprend une gorgée de son verre, une saine idée qui lui permet d’y dissimuler sa grimace concernant le prix. C’était ce qu’elle redoutait le plus, lui faisait regretter chaque jour d’avoir quitté l’hôpital. Elle risquait moins à se fournir en dehors, mais c’était un trou conséquent dans son budget. Elle se faisait déjà rouler avec ce qu’elle payait actuellement, de toute manière, et n’était absolument pas en mesure de négocier. « J’ai bien conscience de ce que je demande. » Elle releva les yeux sur Mickey pour l’observer. Il savait mener ses affaires d’une main de maître, elle n’en doutait pas. Cependant, elle se demandait jusqu’à quel point il était capable de profiter des autres pour son propre profit. Elle avait peur que ce soit même au-delà de ce qu’elle imaginait. Mais c’était trop tard pour reculer maintenant que les négociations étaient lancées, et elle était à cours d’options alternatives. Finalement c’était ce pour quoi elle était prête à payer, la certitude qu’elle serait approvisionnée, qu’elle pourrait se sortir ce problème de la tête pour juste retourner vaquer à ses occupations. Cela ne la laissait pas moins frileuse de s’engager de la sorte, de se jeter aveuglement dans ce genre d’arrangements. C’était du sérieux, et elle n’avait aucune idée de comment elle ferait si jamais cet accord ne lui convenait plus. Pour ce qu’elle savait, elle pourrait ne pas être satisfaite de la qualité, ou avoir été trop naïve en passant ce deal. La française pensait être maligne à demander de tester la marchandise avant, mais le sourire du Reeves lui donna instantanément envie de disparaître sous terre, l’affola silencieusement. Il y avait visiblement une connerie à dire, et elle l’avait sortie. Elle aurait bien tenu dans ces négociations si elle ne faisait son pas de travers que maintenant. Malgré tout, c’était exactement ce qu’elle craignait : pas de satisfait ou remboursé. C’était soit elle faisait confiance, soit elle faisait demi-tour. Pas d’entre-deux. Son rythme cardiaque s’accéléra désagréablement alors qu’elle mesurait ses options, ses choix de réponse. Éviter l’affront. Éviter de laisser croire qu’elle ne serait pas fiable. Ne pas être une perte de temps. Et puis merde. « Peu importe. J’ai besoin de cette morphine. » concéda-t-elle finalement, omettant sciemment toutes les raisons qui faisaient que son instinct de survie n’était pas tranquille avec cette idée. Ça lui brûlait les lèvres de demander combien de temps elle devrait honorer cet accord mais quelque chose lui disait que cela risquait juste de se retourner contre elle. « Où est-ce que ça se passera ? » La transaction. Car sur ce sujet, elle pouvait se montrer parano. Le moins d’informations il y aurait par écrit, le mieux ce serait.
Breathing in the dark, lying on its side. The ruins of the day painted with a scar and the more I straighten out, the less it wants to try. The feelings start to rot, one wink at a time. Oh forgiving who you are, for what you stand to gain. Just know that if you hide, it doesn't go away. When you get out of bed, don't end up stranded. Horrified with each stone on the stage, my little dark age.
C'est évidemment du sérieux, ça l'est toujours entre les murs de ce bar où Mickey ne laisse jamais rien au hasard et où chaque client se veut filtré pour garantir aussi bien la discrétion du lieu que la tenue de ce business parallèle. On ne rentre pas au Blind Tiger comme dans un moulin et ce n'est pas à Albane qu'il va l'apprendre, celle-ci disposant au même titre que les autres employés et les initiés d'un mot de passe qui ne s'est jusqu'ici jamais trop répandu mais que l'ancien champion s'emploie à régulièrement changer, pour les raisons que l'on devine. C'est nécessaire lorsqu'on dirige un établissement de ce type car un bar caché porte bien son nom, la moindre fuite pourrait rendre le Blind Tiger beaucoup trop accessible et là où Mickey a de la chance, c'est que son adresse n'a encore jamais été diffusée de façon malveillante. Il faut croire que ses vigiles font du très bon boulot et disposent aussi d'un flair hors pair pour que les personnes entrant ici ne menacent jamais directement le plus grand secret entourant ce lieu, mais le boxeur demeure prudent y compris avec celles et ceux vers qui aurait tendance à aller sa confiance. Albane lui a déjà prouvé sa bonne foi et sa loyauté et pourtant, certaines choses se doivent encore d'être soulignées car le boxeur se fiche bien de faire entendre l'évidence quand toutes les précautions sont à ses yeux bonnes à prendre. Se répéter toujours trop plutôt que pas assez, Mickey y tient et se fiche bien que ses dernières paroles puissent avoir l'allure de menaces car lui seul sait qu'elles n'en étaient pas vraiment. Ce ne serait simplement pas lui rendre service que d'ébruiter le genre de marché les liant à présent, voilà le point sur lequel il préfère appuyer quand bien même il y gagnerait des clients à fournir et une réputation possiblement solide dans ce business encore récent. Il n'imagine pas Albane se vanter de quoi que ce soit compte tenu de son hésitation initiale à prendre place à sa table mais pour ça comme pour le reste Mickey met un point d'honneur à clarifier les choses, comme des règles se devant d'être énoncés entre eux pour le principe et ce rappel vaut pour tout le monde, pas seulement pour la jeune infirmière. « Je ne viens pas jusqu’ici pour le plaisir de boire un verre généralement alors je n’aurais absolument aucun intérêt à faire savoir à qui que ce soit que je fréquente les lieux. » Ce ne serait dans l'intérêt d'aucune personne à cette table, c'est certain, et le boxeur s'applique lui-même à taire l'existence de ce bar auprès de ses proches car la façon dont il peut gagner sa vie désormais est uniquement son problème. Seul Jackson sait qu'il trempe dans une affaire possiblement douteuse, sans davantage de détails susceptibles d'éveiller les soupçons de son cousin l'agent et sans volonté, surtout, de mêler les personnes auxquelles il tient à ce monde et aux dérives qui en découlent. « Qui plus est, ma consommation n’est pas exactement quelque chose que je partage. » Il hoche la tête face à ces paroles qu'il intègre sans réelle satisfaction, pas désireux de s'étendre sur le sujet alors qu'Albane lui apparaît décidément comme une cliente cochant les bonnes cases. Ce n'est pas que le boxeur avait besoin d'en être rassuré car il n'est assurément pas le plus inquiet des deux mais les choses ont le mérite d'être claires – limpides, même – avant la signature du moindre papier et c'est bien ce qui lui prouve que ces discussions au préalable ne sont jamais inutiles.
Mickey n'est plus très loin de pouvoir dire qu'il s'occupe de tout alors que déjà, il peut informer sa cliente que les choses ne devraient pas prendre beaucoup de temps. Ce sera une question de jours ou bien de semaines, tout dépendra de la marchandise sur laquelle il parviendra à mettre la main car cette dernière se devra de remplir ses critères concernant une qualité vis-à-vis de laquelle le boxeur ne laissera rien passer. Exigeant sur ce qu'il consomme comme sur ce qu'il peut fournir aux autres à partir du moment où les choses sont faites dans les règles, car il est important qu'Albane en ait pour son argent autant que ses propres affaires puissent rester florissantes. C'est une commande bien précise qu’elle souhaite lui passer et Mickey peut déjà prédire que le montant à régler ne sera pas donné, une réalité qu'elle semble elle-même bien connaitre et au sujet de laquelle elle n'entend de toute évidence pas chercher à négocier. « J’ai bien conscience de ce que je demande. » L'argent ne sera donc pas un problème et ça tombe bien, car c'est aussi le genre de problème dont Mickey ne compte pas se soucier. Sa façon de voir les choses est simple : si on vient le trouver c'est qu'on a les moyens pour acheter ce qu'on lui demande car le reste n'est pour ainsi dire pas son dos, et Albane ne lui semble pas désespérée au point de le supplier de payer par d'autres moyens. Elle parvient néanmoins à animer ses traits d'une réelle méfiance en demandant après ça à tester ce qu'il lui fournira, pensant sans doute que ces choses-là se font et que faire marche arrière restera possible à tout moment, comme si Mickey allait sérieusement activer son réseau pour quelqu'un doutant encore de lui ou de la qualité de sa morphine. Ce n'est pas une crainte qu'Albane devrait avoir en étant si proche de conclure ce marché avec lui, les choses fonctionnaient peut-être de cette façon avec ses anciens fournisseurs mais ce genre de protection n'a pas le mérite d'exister avec lui. La confiance se doit après tout d'aller dans les deux sens, il ne pourrait sans doute pas le signifier plus clairement et si Albane n'est pas sûre, cet échange peut aussi en rester là. C'est ce que son regard insinue tandis qu'il reporte calmement son verre à ses lèvres, accordant à son employée quelques secondes de réflexion ainsi que l'occasion de se reprendre, si elle tient tant que ça à ses petits comprimés. Et c'est le cas, il le devine à la rapidité de sa réponse et au désordre qu'il pourrait bien avoir causé dans ses pensées. « Peu importe. J’ai besoin de cette morphine. » En prononçant ces mots Albane consent donc à le suivre et à accepter de faire les choses à sa façon et c'est une sage décision, pense-t-il intérieurement. « Où est-ce que ça se passera ? » Cette question est déjà plus légitime et Mickey n’entend pas garder cette information secrète alors qu'il est dans son intérêt que sa cliente sache où le retrouver chaque fois que sa petite commande devra lui être délivrée. « Plus bas. Pas très loin du ring que tu connais déjà. » Autrement dit au fin fond de ce bar, là où les activités les moins glorieuses du Blind Tiger se tiennent et là où Mickey est aussi très souvent amené à trainer, pour honorer ce genre de marchés ou pour s'illustrer dans bien d'autres choses, parfois plus sombres encore. « Je reçois mes clients dans un coin reculé prévu pour ça car tu te doutes bien que l'échange ne pourra pas avoir lieu ici, autour du bar. » Cette discussion est d’ailleurs le maximum qui puisse être traité à cet étage, si Albane l'ignorait jusque là c'est une information qu'elle ferait bien de soigneusement enregistrer. « L'avantage de travailler pour moi c'est que j'ai déjà de quoi te contacter. » il reprend en claquant des doigts pour qu'un serveur leur apporte deux feuilles bien spécifiques, un simple regard échangé avec ce dernier lui suffisant à se faire comprendre. « Reste près de ton téléphone durant les prochains jours. Je passerai toujours par message pour les nouvelles, jamais en personne. » Et cela pour que leur petite affaire ne déborde pas sur leur travail respectif. L'essentiel étant vu, Mickey s'octroie le feu vert pour préparer le contrat censé les lier mais que sa cliente se rassure, ce dernier ne fera pas mention de la réelle nature de leur marché car il constituera avant tout une garantie et une sécurité pour chacun. Leurs deux noms, leurs deux signatures et la date du jour suffiront à rendre les choses officielles, de la même façon qu'Albane repartira avec son petit exemplaire. « T'as plus qu'à signer ici et ensuite, tu pourras disposer. » Ses mains font aussitôt glisser vers elle le fameux contrat et le stylo allant avec, sans plus aucun doute quant au fait qu'elle s'exécutera comme il vient personnellement de le faire. Pas très gentleman sans doute, mais il était important qu'il soit le premier à signer pour des questions de probité.
I'm done kicking out the voices in my head, sick of fighting all these uninvited guests. Ever since they all came over we've all kinda gotten close. I'm gonna dance with my demons. If you can't beat em join em. I know them, they know me, together we're the life of my party
Elle était infirmière initialement, pas consommatrice de drogues. Albane avait fait le choix d’embrasser une carrière où elle soignait les patients, pas une où elle devenait celle qui se retrouvait potentiellement au fond d’un lit. Pour la première fois depuis sa sortie de l’hôpital, elle regrettait amèrement sa faiblesse. Elle avait survécu au sevrage, à l’hospitalisation. Elle aurait pu reprendre une vie normale et se battre un peu plus plutôt que de juste replonger. Elle essayait de se convaincre qu’elle optait pour la meilleure option ici, à essayer de se procurer de la morphine pure pour éviter une autre overdose à cause de la merde qu’elle aurait consommé. Mais dans le meilleur des cas, tout ce qu’elle faisait était de s’accorder une mort plus lente. Un jour ou l’autre, son corps la rappellerait à l’ordre, elle franchirait le pallier de ce qu’il était capable de supporter, et ce serait la fin de l’histoire. La française n’était juste pas la plus fiable à penser le pour et le contre d’une situation, et ce depuis bien longtemps. Elle préférait encore le contrat avec le diable, les coûts aberrants et le danger pour sa santé à la sobriété. Alors contre toute pensée rationnelle, Albane n’avait pas bougé de sa chaise, avait juste cédé à l’addiction une nouvelle fois. L’arrangement ne lui plaisait absolument pas. Néanmoins, il y avait une part de vrai dans ce qu’elle avait dit : Reeves était un homme qui se devait de sauver sa réputation et donc d’être réglo. S’il y avait une personne dans ce business à qui accorder sa confiance, mieux valait lui qu’un autre. Le pari était risqué, mais probablement pas autant que de revenir vers les dealers que la Ruche avait à offrir. Ou pire, les revendeurs, les connaissances d’une connaissance. Il fallait que sa vie puisse reprendre son cours et qu’à défaut de prendre soin de sa santé, elle s’ôte cette inquiétude permanente de la tête. Elle hocha lentement la tête en signe d’assentiment. A force, elle le connaissait même plutôt bien ce ring, avait pris l’habitude de le lorgner d’un air inquiet pour être prête à intervenir au moindre coup trop violent. L’arrangement en serait presque pratique ; passer la soirée à prodiguer les soins nécessaires, empocher les billets, les refourguer aussitôt en échange de cachetons. « Je comprends. Je ne tenterai plus aucune interaction dans le bar. » Elle doutait franchement y remettre les pieds, pour tout dire. Quelque chose dans cette atmosphère la mettait mal à l’aise, la faisait débecter l’endroit presque autant que le BB8. Qui plus est, elle n’était pas exactement le genre à vouloir se faire remarquer par le patron. Qu’il sache qui elle était et qu’il sache qu’il n’avait pas à s’inquiéter de sa fiabilité était une chose. Qu’il la remarque en revanche était un autre sujet. « Je serai disponible. » Aussi bien pour le travail que pour les messages, même si la logique la laissait quelque peu sceptique. Les messages laissaient des traces, pas les discussions. Dans le sous-sol de son établissement, il était en total contrôle. Avait-il peur des personnes à qui il s’adressait, peur que les liens fuitent ? Ce serait inquiétant. Mais Albane ravala ces pensées intrusives, de toute façon distraite par le serveur qui vint jusqu’à leur table pour poser deux feuilles devant eux. Son cœur s’emballa désagréablement à le voir écrire son nom, la date, et surtout signer. Ils seraient donc liés par un contrat dont elle ne connaissait absolument pas les petites lignes. Un gage de confiance qui relevait de la folie à ce stade et ne venait avec aucune garantie allant pleinement dans son sens. Elle doutait qu’il y ait un service client à appeler si jamais leur arrangement tournait mal. La française aurait encore préféré un accord verbal. On lui avait appris à ne jamais, jamais signer un document sans en connaître pleinement la nature après tout. Pourtant, quand Mickey lui tendit la feuille, elle retint son souffle, passant en pilote automatique le temps d’apposer sa signature. Le résultat était maladroit, trahissant fortement son appréhension. Et juste ainsi, l’affaire était conclue. « Merci. » souffla-t-elle, vaincue. Il resterait à voir si elle finirait par être reconnaissante de son aide, ou de l’avoir laissée poser un autre pied dans la tombe.