≈ ≈ ≈
{do you think about me still?}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji  

Tu as beau te faire la réflexion à chaque fois que tu reviens à Brisbane, que ce soit après t’être éloigné une journée, un week-end, une semaine ou même plus... tu le sais, l’air n’a pas changé, c’est juste toi. Oui, on pourrait t’accuser de prendre la fuite et d’être bien lâche, mais prendre la fuite implique bien de ne pas revenir, pas vrai ? Et tu es bien revenu, quelques semaines plus tard, trois pour être bien précis, ton mois de janvier passé loin de la ville, loin de tes habitudes, loin de ta tête et quelque part, loin de la réalité. Pas loin de tes soucis, tu as suivi les conseils de Yasmine, tu as eu le temps de réfléchir sur la route et tu es certain que la brune se moquera de toi quand tu lui expliqueras que tu as dû laisser ton précieux bolide dans ton garage pour aller explorer un peu ton propre pays. Là encore, une réflexion de Yasmine, tu as beau te considérer comme une personne curieuse et comme un grand voyageur, tu en as peu vu de l’Australie, alors autant rectifier le tir, pas vrai ? Et puis, tu n’avais pas envie de partir bien loin, pas avant de prendre l’avion et de quitter les sentiers familiers, non, tu avais juste besoin d’un changement de décor... pour réfléchir, sans pression, prendre plus de photos et réaliser qu’il manquait définitivement quelqu’un à tes côtés.
Pour tout apprécier à tes côtés, pour te pousser à te lever un peu plus tôt, que ce soit parce que la journée a déjà commencé ou pour prendre des photos plus que clichés de coucher de soleil. Ou juste quelqu’un pour fredonner les mêmes airs que tu adores quand tu étais sur la route, ou te rappeler de tout simplement respirer. Non, tu n’as jamais demandé à Yasmine de le faire, jamais explicitement, jamais à voix haute et pourtant, c’est un rôle qu’elle a pris très au sérieux et ce dès que tu as commencé à véritablement baisser ta garde. Et tu as eu du temps pour réfléchir, assez pour te dire que non, tu ne veux pas que la brune sorte de ta vie, que tu ne veux pas l’imaginer avec quelqu’un d’autre et qu’avant de reprendre quoi que ce soit, il serait grand temps de parler des sujets qui fâchent. Peut-être que tu as choisi le mauvais endroit pour le faire... Tu es en avance, plus qu’en avance, et on t’a déjà dépassé pour rentrer dans la salle d’arcade et même pour en ressortir et tu prends une profonde inspiration, tes mains trouvant les poches de ta veste.
C’est complètement par hasard que tu as appris que l’endroit fermait, et tu n’es pas superstitieux, vraiment pas, mais l’endroit de votre premier rendez-vous ce n’est pas rien, non ? Tu en es persuadé, tu pourrais rentrer et t’installer à une table, à la place tu attends Yasmine, et si ce n’est pas la preuve que la brune t’a véritablement manquée, tu ne sais pas ce qu’il faut de plus. Des voitures passent et tu es presque certain d’entendre sa Jeep arriver avant de la voir, okay, peut-être pas, mais elle a le droit à un sourire avant même de sortir de son véhicule et plutôt que de te presser, tu laisses la brune se garer tranquillement. Tu te surprends toi-même à prendre une profonde inspiration, tes mains se serrant automatiquement dans tes poches. Est-ce que tu es nerveux ? Tu n’en sais rien du tout, ce serait inhabituel pour toi mais pas la première fois en présence de Yasmine, ça tu le sais, après tout, c’est bien elle qui a mis des mots derrière tout ce que vous faites récemment : une pause, du temps pour réfléchir... Oui, j’ai réfléchi, que tu penses avec un léger sourire sur le visage, on devrait arrêter de se focaliser sur le passé et se rappeler le plus important, oh et au fait, ma mère garde ta bague depuis quelques mois, il serait temps que tu la récupères.
Tu es un idiot fini, surtout, voilà ce que tu te dis avec un sourire sur le visage, tu es tout de même curieux de savoir comment Yasmine pourrait réagir si tu lui disais tout ça de but en blanc... ce serait la façon la moins romantique du monde de poser un genou au sol, mais au moins, ça serait original. “Hey Khadji.” Tu sors enfin de tes propres pensées quand la brune arrive à ta hauteur et Yasmine a le droit à un sourire sincère. Tu ne sais vraiment pas par où commencer maintenant qu’elle est devant toi, enfin c’est faux, tu te penches vers la brune, pour déposer un baiser sur son front. Tu recules la seconde suivante et tu cesses de la fixer pour reporter son regard sur la devanture de l’établissement. “... Je n'arrive pas à croire qu’ils vont fermer cet endroit.” Tu supposes que ce n’est ni très moderne ni populaire en fait.  “On a intérêt à bien en profiter ce soir. Et qui sait, peut-être que tu gagneras une partie ou deux, hmm?”

≈ ≈ ≈
{do you think about me still?}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price  

Yasmine était enceinte. Son intuition s’était révélée juste, et si Isaac l’avait rassuré en conséquence lorsqu’elle avait partagé la nouvelle avec lui, il restait que la conjoncture actuelle n’était pas idéale pour la rendre sereine à l’idée que ça y était, elle attendait un bébé. C’était tout ce qu’ils avaient voulu avec Edge au cours de l’année précédente, et c’était maintenant qu’ils avaient soumis leur couple à une respiration nécessaire que les planètes s’alignaient et que son corps décidait d’être coopératif. Elle aurait dû savourer l’ironie de la situation, se dire que les choses n’arrivaient pas sans raison, et qu’elle avait  finalement bien fait de ne pas vouloir s’encombrer la tête avec des mots lorsqu’ils s’étaient retrouvés pendant les fêtes à fausser compagnie à leurs proches pour se retrouver rien que tous les deux. Mais la vérité, c’était que son angoisse la rattrapait, et que le cercle vicieux instauré par ses pensées lui faisait redouter le pire. Suffisamment en tout cas pour qu’elle ne veuille alerter personne, et qu’elle camperait sur sa ligne de conduite pour qu’elle reste la même jusqu’à ce qu’elle atteigne son deuxième trimestre. Elle n’en était pas bien loin dans sa grossesse, son deuxième mois venait à peine d’être entamé, et si elle avait fait des pieds et des mains pour consulter rapidement après son analyse de sang histoire de confirmer que tout allait bien, qu’il fallait laisser le temps au temps, à l’arrière de son crâne tournait l’éventualité que quelque chose se passerait mal. Son obstétricienne, celle qui l’avait suivie la fois précédente, l’avait rassurée d’emblée en lui affirmant que toutes les grossesses étaient différentes, que s’il ne fallait pas négliger ses antécédents, s’y appuyer pour anticiper la manière dont celle-ci se déroulerait était une erreur, et ça l’avait rassurée un peu avant qu’elle ne se rappelle que ce n’était pas la seule chose qu’elle devait redouter dans le fond.
Edge n’était pas encore au courant. Il avait quitté la ville quelques temps sans qu’elle n’y voit là quelque chose de cryptique, et l’idée de lui annoncer quoi que ce soit par téléphone ou par texto ne lui avait même pas traversé l’esprit. Elle avait été celle à l’encourager à s’éclaircir la tête, mettant en exergue leur besoin respectif de réfléchir à la situation, et maintenant que s’ajoutait une nouvelle variable à cette dernière, elle craignait que ce soit une raison toute trouvée pour prendre des décisions hâtives, et ça lui faisait peur. Pas assez cependant pour refuser de s’y confronter, et alors qu’il avait été celui à prendre les choses en mains en lui proposant de se voir dès son retour en ville, elle avait accepté sans rechigner dans l’espoir de trouver assez de courage pour profiter de l’occasion et lui annoncer la nouvelle — qu’il jugerait bonne ou pas, mais dans son cas, sa décision de garder ce bébé était ferme et indiscutable, quoi qu’ils décideraient à propos d’eux.

Après une profonde inspiration, elle descendit de sa Jeep sous le regard d’Edgerton qu’elle avait senti pesé par-delà son pare-brise. Empoignant son trousseau de clef et son sac qu’elle passa rapidement en bandoulière, elle glissa une longue mèche de cheveux derrière son oreille lorsqu’elle arriva à proximité de lui, pointant du doigt la devanture de la salle d’arcade qu’ils connaissaient bien et qui avait été le point d’ancrage de leur tout premier rendez-vous "Je te connaissais pas si nostalgique." lui fit-elle en s’avançant vers lui, acceptant le baiser qu’il déposa sur son front en y répondant par un sourire tendre et un regard qui l'était tout autant. Son corps se tourna alors pour qu’elle puisse jeter un coup d’oeil au tableau qu’elle avait en face d’elle, son observation accompagnée par les paroles du jeune homme qui lui apprit que l’établissement allait fermer bientôt. Elle marqua un temps de silence juste pour ne pas laisser une quelconque émotion la submerger, et puis elle lui dit "Je savais même pas que ça allait fermer. T’as appris ça comment ?" lui demanda-t-elle en tournant son visage vers lui pour l’observer un instant, et se demander par la même occasion si son voyage avait été salutaire, s’il se sentait bien ; ça devait être le cas puisque son entrain à la défier pointa rapidement, et que les yeux plissés pour faire le point sur les siens, elle lui répondit dans la foulée, sa tête se secouant en même temps "Commence même pas, tu sais que tu vas le regretter." Ou pas. Elle faisait la maline à mettre en avant sa compétitivité, mais si ses souvenirs étaient bons — et ils l’étaient, indubitablement — elle avait été lamentable lors de leur premier rendez-vous ici. Ça remontait à tellement de temps, pourtant ses souvenirs étaient assez clairs pour que prenant son chemin à reculons, elle lui dise en sentant son estomac se contracter de faim sous l’épaisseur relative du t-shirt qu’elle portait sur le dos, ses mains crochetant la bandoulière de son sac qui lui barrait la poitrine "Est-ce que j’ai vraiment besoin de te dire par quoi on va commencer ? Un indice, ça commence par fri- et ça se termine par -tes." Un peu d’insouciance avant d’entamer les sujets de grandes personnes, c’était tout ce qu’elle demandait.

≈ ≈ ≈
{do you think about me still?}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji  

Est-ce vraiment de la nostalgie ? Tu n'en sais rien, il est juste étrange de penser que vous vous connaissez depuis autant d'années et que Yasmine fait toujours partie de ta vie. Même à l'époque, tu savais qu'il y avait quelque chose à propos de la brune que tu ne pourrais jamais oublier... Et tu avais raison car des années plus tard, tu n'es toujours pas fatigué, toujours pas lassé, et tu ne veux pas vraiment considérer une vie où vous n'êtes pas ensemble. Ce serait beaucoup trop douloureux à faire en réalité, alors autant ne pas se livrer à cet exercice-là. Tu es content de la voir, c'est aussi simple que cela, tu ne sais pas ce qui vous attend une fois que vous serez à l'intérieur ou comment va se conclure cette nouvelle discussion, cependant, tu sais que cela est nécessaire pour aller de l'avant et déterminer la suite de votre relation. Tu renvoies un sourire à Yasmine quand elle te dit que peut-être, cette fois-ci, elle s'en sortira un peu mieux, et c'est aussi pour ça que tu ne veux pas la laisser tomber la brune. Quand cela fonctionne entre vous deux, cela fonctionne, sans aucune équivoque, sans aucune rayure sur la page blanche, vous formez très bien un tout et tous les moments passés en sa compagnie sont très facile à vivre. Tellement que tu vois rarement le temps passer et vous pourriez juste faire cela ce soir, vous distraire, profiter de la compagnie de l'autre et c'est tout. Ce n'est pas pour cette raison que tu l'as fait venir ce soir, cependant, et tu le sais, ça pourrait être assez.  
"Je suis choqué et surpris, mais on peut s'arranger, allez..." La brune a le droit à un clin d'œil avant que tu ne t'empares d'une de ses mains, pour la guider à l'intérieur. Peu importe la conclusion de tout ceci, tu n'auras absolument pas de regrets, aucun en fait, pas quand Yasmine est concernée et tandis que vous faites le chemin jusqu'à l'arcade, peut-être plus lentement que tu l'aurais fait si les circonstances avaient été différentes, tu réponds à sa question. "Et pour te répondre, je l'ai su grâce à Camille, visiblement, il doit y avoir quelqu'un d'important dans sa vie pour qu'elle me demande quel genre d'endroit dans Brisbane serait acceptable pour un premier rendez-vous." Oui, même toi tu trouves cela ironique que ta cousine se tourne vers toi pour des conseils de ce type, mais tu supposes qu'entre son frère jumeau qui ne veut très certainement pas l'imaginer avec qui que ce soit et son autre cousin qui est divorcé et qui n'a obtenu la garde de ses enfants que récemment... tu restes le meilleur choix du lot et pour le coup, tu es un peu désolé pour Camille. Pour ta défense, ta relation avec Yasmine a juste été mise en pause et vous vous parlez toujours avec la brune et vous avez encore des tas de décisions à prendre ensemble. Et tu n'as aucun désir d'aller voir ailleurs. "Je lui ai dit que ça nous avait porté chance et elle a dit pas tellement si l'endroit ferme, mais hein, j'ai le droit de choisir de me concentrer sur le positif, pas vrai ?" Et tu n'es pas naïf pour autant et le positif dont tu parles vient d'un long travail, chose que Yasmine pourra te confirmer, et puis vous vous êtes bien amusés lors de ce premier rendez vous et c'est tout ce que Camille voulait savoir dans le fond.
Voilà ce que tu te dis en ouvrant la porte et en guidant Yasmine à l'intérieur, ta cousine ne t'a pas demandé la formule secrète pour trouver son âme sœur et tu doutes qu'elle le fasse un jour. Camille est beaucoup plus cynique et ça, même Yasmine tu le sais. Il n'y a pas beaucoup de monde à l'intérieur, surtout pas comparé à d'autres soirs et plutôt que de te diriger vers les jeux et toutes les machines, tu guides la brune vers l'une des tables pas loin du comptoir où il faut commander. "Je reviens." La jeune femme a même le droit à un autre baiser, sur sa joue droite, après tout, tu pourrais lui manquer pendant tes dix minutes d'absence et tu vas passer votre commande pour deux portions de frites et deux verres de thé glacé. L'employé derrière le comptoir semble être très content d'avoir quelque chose à faire, tellement que tu te sens un peu peiné pour lui, vraiment et tu lui laisses un généreux pourboire en récupérant votre commande et tu reviens vers Yasmine les bras chargés.  "J'ai pris ma propre portion pour conserver les apparences." Tu déclares cela sur un ton léger, déposant le tout devant la brune et tu prends quelques secondes pour enlever ta veste et au lieu de t'asseoir en face d'elle, tu viens te placer à côté de la brune, okay, pas très pratique pour se parler. Mais pour l'observer et lui tenir la main ? C'est mieux, aucun doute dans ton esprit.  "Comment tu vas ?" La question te parait trop simple dite à voix haute, un peu trop ridicule en fait, vous avez bien dépassé ce stade entre vous deux. "Ou alors on laisse tomber les questions toutes simples et on rentre dans le vif du sujet ?" Cela n'étonnera pas Yasmine que tu proposes une approche plus que directe.
"Parce que moi j'en ai des choses à dire et la première est que je suis vraiment désolé qu'on en soit arrivé... jusqu'ici, et que mon intention n'a jamais été de te manquer de respect, jamais, j'espère que tu le sais... mais..." Tu prends une profonde inspiration, prenant une frite que tu ne mangeras pas, tu le sais déjà. "Mais ce serait malhonnête de prétendre que je ne t'ai pas entendu, et je sais qu'être confronté à une de mes exs n'est pas plaisant pour toi. Si les rôles étaient inversés, je ne sauterais pas de joie non plus, du tout. Et c'est pas correct de ma part de les laisser dans ma vie comme si de rien était, c'est plus irrespectueux qu'autre chose. Sache que j'ai fait complètement sortir Laila de ma vie et je lui ai dit très explicitement. Et je sais, tu ne m'as jamais demandé de le faire, je sais..." Tu hausses les épaules, tu te retiendras de dire que ce n'était pas une conversation plaisante ou un de tes meilleurs moments, ça n'a pas d'importance. "Mais sache que ce n'était pas des roues de secours au cas où toi et moi... ça ne fonctionne pas, je l'ai jamais vu comme ça, je ne veux pas que ça pose de problèmes dans le futur. Cela ne posera plus de problèmes d'ailleurs et je suis sérieux quand je dis ça." Que ce soit Laila ou même encore Harriet, elles ne sont plus dans ta vie et ce pour de bonnes raisons, c'est Yasmine ta priorité, personne d'autre.

≈ ≈ ≈
{do you think about me still?}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price  

Elle se laissa guider à l’intérieur Yasmine, sa main retrouvant celle d’Edge sans qu’elle ne se pense que c’était une mauvaise idée de se laisser faire. L’endroit était familier, les impressions découlant de leur arrivée l’étaient tout autant et si le temps d’un instant, elle se laissa happer par la succession de sons et de couleurs à laquelle elle fut confrontée en entrant pour de bon, elle n’en ignora par la réponse du jeune homme pour autant. Elle tourna la tête pour lui dire, empruntant une fausse expression de fierté qui lui fit poser une main sur son propre coeur et murmurer, les coins de sa bouche affaissés comme si elle allait se mettre à pleurer à tout moment "Aw, notre bébé grandit, elle a des rencards." Ironique comme façon d’envisager l’avancement de la vie amoureuse de la cousine du jeune homme, toutefois c’était quelque chose d’entendre que Camille avait peut-être mis son cynisme de côté pour se laisser atteindre par la flèche d’un prétendant. Elle eut un léger sourire, reprenant une position moins émotive, et ne put s’empêcher cette fois de rouler des yeux lorsqu’il lui rapporta les paroles de la jeune femme à propos de la chance qu'ils n’avaient pas vraiment à cause de la fermeture de l’endroit. Elle ne rebondit pas vraiment dessus parce qu'à défaut d’être une sombre idiote, Yasmine était un peu superstitieuse.
Elle s’installa à la table choisit par Edgerton, opinant du chef lorsqu’il lui annonça revenir après un baiser déposé sur sa joue. C’était curieux tout de même, comme conjoncture. Il y avait toute la nervosité de l’annonce qu’elle avait à lui faire qui s’agglutinait dans chaque parcelle de son être, alors qu’en même temps, elle couvait la certitude que ce ne serait pas une mauvaise chose de ne pas tourner autour du pot plus longtemps, et de le prendre au dépourvu en lui donnant l’information sans crier gare. C’était délicat, elle le sentait tout aussi bien qu’elle n’était pas très à l’aise, que l’éventualité de vraiment discuter de tout ce dont ils devaient discuter la mettait dans un état un peu fébrile tant ça couvrait tout un pan de choses auxquelles elle n’avait pas eu envie de penser ces derniers mois. Un peu hypocrite quand on savait que c’était elle qui avait enjoint Edge à prendre le temps de mieux envisager les choses, à peser le pour et le contre pour se recentrer sur l’important. De son côté, elle avait des erreurs à corriger, mais au-delà de ça, elle n’avait pas passé son temps à méditer sur leur futur commun, elle devait bien l’avouer — jusqu’à récemment, lorsqu’elle avait eu le résultat de son analyse de sang entre les mains, et qu’elle avait compris qu’il faudrait débloquer la situation pour offrir à ce qui poussait dans son ventre des perspectives d’avenir plus engageantes qu’une mère et un père qui se déchirent pour une queue de cerise.

Pour l’insouciance de l’instant, on repassera, songea-t-elle en voyant Edge arriver avec deux barquettes de frites. Elle s’était probablement un peu surestimée sur sa capacité à engloutir quelque chose d’aussi gras, aussi elle ne piocha même pas une frite lorsqu’il les posa devant son nez, gardant tout de même la face en tournant ses yeux vers le jeune homme qui s’assit à côté d’elle et qui entra directement dans le vif du sujet. Elle sentit son coeur s’affoler Yasmine puisque, bien que consciente qu’elle n’était pas là pour jouer aux jeux vidéos, elle s’était tout de même attendue à avoir le temps de se préparer davantage pour recevoir ce genre de discours.
Se penchant légèrement pour prendre une gorgée de son thé glacé par la paille, elle laissa toutefois l’occasion à Edge de continuer à s’exprimer sans le couper, sachant très bien qu’il avait dû s’échiner à mettre tout ça dans le bon ordre plusieurs temps à l’avance pour que le tout sorte aussi structuré, aussi limpide. Quand il eut terminé, elle le regarda longtemps. Le sourire qu’elle lui accorda en venant brièvement lui pincer le bout du nez avec ses doigts en lui disant "Respire, Edgerton.", il fût fugace uniquement parce qu’elle reprit aussitôt la parole "Le problème, c’est pas d’être confrontée à ton ex qui a été difficile à supporter, c’est que tu prennes le temps de tourner ça en dérision alors que tu sais que ça me blesse." Elle haussa les épaules, détournant brièvement le regard pour le poser sur les LED d’un Dance Dance Revolution qui s’animait au loin "J’ai réussi à faire la paix avec l’idée que t’as eu une vie avant moi, c’est pas ça le pire dans tout ça." Sa jalousie avait beau être ce qu’elle était, elle serait bien hypocrite d’attendre de lui qu’il se soit toujours comporté en gentleman. Elle n’était pas aussi naïve que ça "Ce qui l’est par contre, c’est que je profite toujours de ces occasions pour te rappeler que t’as pas été correct avec moi dans le passé. Je le ferais plus. C’est pas moi d’être aussi dure au sujet de quelque chose qui s’est passé il y a des années et pour ça, je te demande d’accepter mes excuses si tu veux bien." Seulement s’il le voulait, toute notion d’obligation n’existait pas dans tout ce qu’elle lui disait maintenant, dans tout ce qu’elle lui dirait par la suite également "Je t’interdirais jamais de côtoyer qui tu veux côtoyer, je tiens à ce que tu l’enregistres parce que je supporterais pas que tu fasses peser sur moi ton refus de garder contacts avec qui tu veux." Elle n’était pas contrôlante Yasmine, et elle ne supporterait pas que quiconque veuille lui faire endosser ce rôle-ci, même lui "Je veux juste que tu prétendes pas que c’est rien parce que moi aussi, j’ai eu des histoires avant toi, des béguins passagers et des trucs qui me paraissent ridicules aujourd’hui, mais tout à compté, même si c’est à un niveau différent. Je sais faire la part des choses entre ces histoires et la notre sans minimiser ni l’un ni l’autre, c’est tout." Elle pinça brièvement les lèvres, papillonnant des yeux pour faire le point lorsqu’elle le regarda de nouveau fixement et qu’elle reprit doucement "T’as le droit d’avoir eu une vie avant moi, c’est pas la question. Mais sois plus délicat quand il s’agit d’en faire état. Je te l'ai dit, ça m’amuse pas d’avoir ces images là de toi avec Laila ou avec une autre, et je pense pas que ce soit si curieux que ça." Mets-toi à ma place, aurait-elle pu lui dire, mais elle ne le fit pas. En revanche, elle prit une légère mais profonde inspiration lorsqu’elle continua comme si elle ne s’était pas interrompue "Ou que ce soit une raison suffisante pour me demander de partir sous le prétexte que la situation ne tourne pas à ton avantage. On se disputera encore, et ce sera pas grave… seulement je veux que t’entendes que c’est la seule et la dernière fois que j’accepterais que tu me chasses comme tu l’as fait." Et ça, elle l’affirma en le regardant droit dans les yeux Yasmine.

≈ ≈ ≈
{do you think about me still?}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji  

Tu as eu le temps de réfléchir à tout cela. Yasmine, toi, vous deux, les prochains jours qui se dessinent pour vous, cette bague que Tamara garde précieusement, certaines des promesses que vous vous êtes faites, cette nouvelle vie que vous avez déjà fait ensemble et qui est repartie beaucoup trop tôt... Oui, la brune t'a laissé la place et le temps de tout remettre en doute, de savoir ce que tu voulais, ce que tu ne voulais pas et de bien te regarder dans le miroir. Et tu adorerais dire qu'avec le temps tu as arrêté d'être aussi difficile avec toi-même ou de te fixer des objectifs impossibles à atteindre, cependant, ce n'est pas le cas, Yasmine doit très certainement s'en douter. Cependant, beaucoup de ton arrogance a été mise de côté, la colère a bien fini par s'estomper et il est bien resté quelque chose juste-là, quelqu'un, alors que tu as été persuadé pendant longtemps, trop longtemps d'ailleurs, que cela ne serait pas le cas. Est-ce assez pour se tenir aux côtés de Yasmine ? Franchement, tu n'en sais rien, tu n'as pas la réponse à cette fameuse question, mais tu ne peux pas te retourner constamment le cerveau, le cœur et l'âme à te demander si tu es assez bien pour elle. Tu la veux elle, et tu comptes bien tout faire pour que tout s'aligne.
Elle te dit de respirer, tu laisses échapper un rapide : "Désolé." parce qu'une partie de toi s'est demandée, un peu plus tôt, en convenant de cette rencontre avec elle, si tu devais tout coucher sur le papier pour ne pas te perdre ou manquer de courage. Tu te perds souvent dans ces yeux-là, ils sont bien rivés sur toi, plus doux que ton propre reflet dans le miroir et tu écoutes Yasmine, même quand elle détourne le regard et que la brune exprime le fond de ta pensée. Non, elle ne t'a pas dit de couper les ponts avec qui que ce soit, tu le sais, elle ne le ferait jamais, c'était et c'est une décision que tu as pris tout seul, parce que ce n'était pas saint et que dans un sens, tu en as profité, complètement pour le coup. L'admettre, trop tard, est sans doute quelque chose. Quand Yasmine te regarde de nouveau, c'est toujours aussi sérieux, sûrement à des kilomètres des autres conversations qui ont lieu dans la salle d'arcade, mais tu t'en fiches, tout ce qui compte c'est Yasmine et elle affirme que oui, vous allez vous disputer encore, ça n'aura rien de grave et... Tu l'écoutes, tu l'entends, tu as regretté les mots le soir même, à la seconde où ils t'ont échappé, cela a définitivement brisé quelque chose entre vous deux. Tu le sais, c'est lisible sur le visage de Yasmine, cela s'étend dans le silence que tu laisses planer la seconde suivante, toujours en fixant la brune. Elle n'a pas haussé le ton, elle ne le fera certainement pas.
"Okay." Un simple mot qui finit par t'échapper la seconde suivante et tu prends une profonde inspiration, ton regard tombant sur la portion de frites que personne n'a vraiment touché, celle que tu avais entre les doigts il y a quelques secondes étant retombé dans le plat. Tu ne prends rien de ce que Yasmine vient dire à la légère, c'est tout le contraire en réalité. "Cela ne me parait pas être si déraisonné que cela, du tout même... J'ai mal réagi, je le sais, mais j'entends bien ce que tu me dis et c'est à moi de faire en sorte que ça n'arrive jamais. Et si cela se reproduit, il n'y aura pas de troisième fois, je l'entends bien." C'est mon problème, voilà la seule chose que tu n'ajoutes pas et gérer ta colère et les émotions fortes, ça a toujours été un défi pour toi. Cela ne remonte pas à votre dispute, tu pensais avoir fait des progrès, mais clairement, il faut quelque chose de plus. Tu pourras en parler vissé sur le canapé de ta thérapeute, sachant déjà qu'elle aura tout un tas de choses à dire sur le sujet.

Tu retiens surtout que la tournure des mots de Yasmine reste positive, elle vous voit encore ensemble, de nouveau, à partager quelque chose, peut-être un quotidien et c'est assez pour alléger un peu du poids que tu as toujours sur les épaules. Tu restes assez soulagé et dans une certaine mesure, content de pouvoir parler aussi librement avec Yasmine et de mettre les choses à plat. "Et l'autre chose que je voulais dire, c'est que je ne pense pas que ce soit anodin qu'on ramène souvent notre première rupture sur le tapis et tout ce qui s'est passé. Bien entendu que j'accepte tes excuses, mais je sais que... On n’en a jamais vraiment parlé, donc bon... " Donc autant elle que toi, il est normal de toujours y revenir, pour enfin échanger les mots que vous auriez dû échanger à l'époque. Cela remonte à loin et tu l'avais déjà pensé ce soir-là, et c'est encore présent dans ton esprit, mais tu commences à être fatigué de toujours devoir y revenir. Tu n'as pas été correct avec elle, ça tu le sais, tu ne l'as pas oublié, tu n'oublieras jamais dans un sens, et Yasmine t'a assuré être passée à autre chose et elle t'a même dit te faire confiance... Pour autant, tu ne veux pas et tu ne veux plus retomber dans tout ça. "Si t'as envie de le faire, on peut le faire. Tu n'es pas obligée de me donner une réponse maintenant, mais si jamais tu veux en savoir plus, me poser des questions sur mes motivations et tout ce qui a un rapport avec tout ça, tu peux... Crois-moi quand je te dis que j'ai eu du temps pour y penser, sûrement trop de temps, et mon offre tient sur la durée. Si tu veux savoir alors on se pose et on en parle vraiment, sans se prendre la tête, sans se renvoyer les torts à la figure." Ce que tu as détesté aussi l'autre fois, tout est certes allé très vite, mais il a été trop facile, autant pour toi que Yasmine, de dresser une liste de reproches et de la réciter. Tu ne pensais pas vraiment que cela serait possible, le mal est fait maintenant, autant tout faire pour que tout cela ne se répète pas, voilà ce que tu te dis et voilà pourquoi tu offres à Yasmine la possibilité de poser plus de questions. Même celles qu'elle ne devra pas poser... surtout celles-là en réalité.
"Si ta réponse est négative, je considère que le sujet est clos et que ça ne reviendra pas quand ça n'a rien à faire dans la conversation, okay ?" Tu ne la quittes pas des yeux en disant cela. "Mais encore une fois, aucune pression, tu n'es pas obligée de me donner une réponse ce soir, tu m'as laissé du temps pour réfléchir, cela s'applique pour toi aussi, surtout sur ce sujet-là."

≈ ≈ ≈
{do you think about me still?}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price  

"On parle de seconde chance, pas de troisième." commença-t-elle doucement, son attention s’égarant juste un instant pour explorer très rapidement ses propres pensées. Yasmine se rendit compte que ce qu’elle s’apprêtait à ajouter prenait des airs d’ultimatum qu’elle n’avait pas eu l’intention de prononcer, mais il la prenait de court avec cette discussion sérieuse, aussi elle faisait avec ce qu’elle avait ressenti ses derniers mois, oscillant entre une envie profonde de recoller les morceaux, et l’autre de cesser de s’obstiner étant donné qu’à partir de deux fois, c’était peut-être le signal qu’il fallait simplement laisser tomber.
Elle n’était pas du genre courageuse, elle avait des lacunes lorsqu’il s’agissait d’insister et de se faire violence, seulement elle tenait beaucoup trop à Edge pour accepter que c’était la fin. Là, ça la faisait sortir de sa zone de confort, c’était certain. Elle reprit enfin comme si elle ne s’était pas interrompue, ses yeux trouvant ceux du jeune homme avec une détermination douce, celle qui était la sienne et qui ne partait d’aucune envie particulière de faire du mal, mais qui était assez intransigeante pour que quiconque sache que c’était sans appel "Alors oui, ce sera la dernière." Elle se trouva dure sur l’instant. Cependant, elle avait une donnée qu’Edgerton n’avait pas ; en l’occurence ce qui prenait forme dans en elle-même et pour qui, elle en avait eu la confirmation, tout allait bien. Elle partait donc avec une certitude sur laquelle elle camperait jusqu’à la fin de sa vie et qui relatait que si les erreurs leur avaient été permises jusqu’à aujourd’hui, il faudrait qu’ils apprennent à les déconstruire avant qu’elles n’arrivent parce que leur marche de manœuvre se trouvait réduite par le fait qu’ils auraient la vie d’un petit être entre leurs mains. Effectivement, elle était un peu dure sur l’instant, sauf ce n’était pas gratuit. Edge l’apprendrait bien assez tôt.

"T’as jamais voulu en reparler. Je dis pas que j’étais enthousiaste à l’idée de le faire, mais au moins comprendre pourquoi t’as fait ce que t’as fait, ça aurait été le minimum pour m’empêcher de ruminer pendant toutes ces années sur ce que j’avais fait de mal." Parce que ça devait partir d’elle, c’était forcé. La question n’avait pas été posée frontalement puisque Yasmine n’aimait pas le conflit. A l’époque, elle était partie sans chercher à comprendre, essuyant simplement les reproches tacites d’un acte de tromperie commis par quelqu’un en qui elle commençait à avoir confiance. Ce n’était pas bon pour l’égo, ça l’était encore moins quand ce dernier n’était déjà pas bien solide, et si elle avait tourné la page lorsqu’ils avaient commencé à reprendre contact, il y avait des moments où elle avait pensé que ça lui ferait du bien d’entendre que non, ça n’avait pas été de sa faute. Edge n’avait, à son souvenir, jamais pris la peine de la rassurer à ce sujet, tant est si bien que ça avait tendance à resurgir dans leurs moments les moins glorieux. Ce n’était pas malin, mais c’était comme ça, et si ses excuses étaient sincères, elles n’étaient pas moins douloureuses à prononcer parce que c’était admettre qu’elle avait autant tort que lui à ce sujet.
"Je sais pas si c’est le bon endroit pour le faire, Edge." fit-elle alors, détournant brièvement les yeux pour les poser sur l’environnement qui les entourait. Elle comprenait l’idée du lieu neutre pour se retrouver, néanmoins elle estimait qu’avoir ce genre de conversation dans un lieu public, c’était jouer avec les limites de la pudeur. Et elle était pudique Yasmine, pour tout un tas de raisons qui lui venaient de son éducation et dont elle avait enfin arrêté de s’excuser puisque ce n’était pas si mal au final de garder ses choses pour soi-même. Elle prit une légère inspiration, entendant Edgerton lui donner le choix d’entamer cette nouvelle conversation sans qu’elle ne sache toujours si c’était une bonne chose de le faire ici et maintenant ou pas. Sans doute que ça ne l’était pas, qu’ils devraient abandonner leurs barquettes de frites pour rejoindre un endroit plus propice, le bruit commençant à devenir entêtant et l’odeur de sucre et de gras mélangés émanant des différentes échoppes ouvertes dans la salle d’arcade à lui tourner sur le coeur. Elle marqua une pause juste pour plisser ses yeux qu’elle posa sur Edgerton. Elle finit par lui dire "J’étais prête tu sais." À gommer la distance qu’elle avait volontairement mise avec lui à l’époque ; pas par manque d’envie ou de désir, mais par peur de ne pas savoir quoi faire de ce corps qui n’avait plus vraiment été le sien à partir du moment où quelqu’un de mal intentionné avait posé ses mains sur elle. Elle n’explicita pas tout ça, il comprendrait où elle voulait en venir sans qu’elle ne fasse dans l’expression détaillée de ce qui avait été une différence notoire dans leur façon d’envisager leur histoire dans leur passé commun, pour autant elle reprit sur sa lancée "Cette fois-là, quand tu m’as dit que t’avais fait une bêtise. Je m’étais posée longtemps pour savoir si ce serait une bonne chose ou pas de passer cette étape alors que j’avais pas vraiment l’impression que c’était sérieux entre toi et moi. Je suis une gentille fille, je suis pas supposée faire ce genre de choses avec n’importe qui." ajouta-t-elle en ayant un très léger rire, ses doigts trouvant ses cheveux pour les coincer derrière ses oreilles "Mais j’y ai beaucoup pensé. Je me suis dit que ce serait le bon déclic pour renouer avec ce que je croyais avoir perdu à l’époque. Et puis t’as demandé à me parler." Elle eut un léger sourire cette fois, du genre pas très joyeux, mais qui n’était pas dépourvu de tendresse tout de même, ses doigts restés à distance de la mèche qu’elle avait dégagée de son visage "On se connaissait tellement pas à ce moment-là que ça m’a même pas semblé étonnant que tu me fasses cette confidence. En fait, je me suis même dit que je m’étais franchement laissée berner et que tous les clichés que je t’avais accusé d’être, j’avais fini par les oublier pour croire que t’étais différent. Tu l’étais pas tellement, c’est ce qui est ressorti de tout ça finalement, et même si j’ai changé d’avis depuis, je pense que j’ai toujours su au fond que ça finirait comme ça. J’ai pas aimé avoir raison, ça a détruit le peu de confiance que j’avais en moi." Elle haussa les épaules, n’arrêtant pas de le regarder comme elle poursuivait "Je te le dis parce que j’ai pas toujours su comment définir ce que j’ai ressenti à ce moment-là et que, comme tu me donnes l’opportunité de le faire, je veux que tu saches que j’ai pas pris ça par-dessus la jambe et que le fait que je sois pas restée, c’était pas un aveu du peu d’importance que j’accordais à ce qui se passait entre toi et moi. J’ai juste pas supporté l’idée d’avoir été assez stupide pour croire que coucher avec toi ça m’aiderait à me retrouver. Ça a même rien à avoir avec toi au fond, c’est un jugement de ma propre valeur que j’ai détesté faire de cette façon et qui était sans doute erroné, mais le mal avait été fait de toute façon et j’ai passé les années suivantes à me dire que je devais être trop coincée, que je pourrais jamais trouver quelqu’un sans réussir à faire… ça." De nouveau, elle haussa les épaules, et si elle garda un instant le silence pour faire le point sur ce qu’elle venait de lui dire, ses yeux marquant un battement de cils irréguliers comme elle se perdait de dans ses propres pensées, elle finit par lui redemander en relevant les yeux dans vers lui "Pourquoi tu l’as fait ? Je pense que c’est ce que j’ai le plus besoin de savoir. Je m’en fiche du reste ; de qui elle était, ou si c’était déjà arrivé, j’ai juste besoin que tu me dises pourquoi tu l’as fait."

≈ ≈ ≈
{do you think about me still?}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji  

Yasmine a sûrement raison, ce n’est pas le meilleur endroit de la ville pour avoir une discussion à cœur ouvert ou même faire des confessions. Mais franchement ? Tu t’en fiches, tu as dit ce que tu avais dire pour le moment et la brune ne s’est pas encore levée pour mettre de la distance entre vous. Tu considères cela comme une véritable victoire en fait et quand son regard se porte ailleurs, tu fixes la semelle de tes chaussures pendant quelques secondes avant de prendre une profonde inspiration. Le sujet n’est pas particulièrement facile à aborder et pourtant, c’est nécessaire, tant qu’il y aura toujours des blâmes à s’échanger, tant qu’il y aura toujours cette culpabilité, certes invisible, sur tes épaules, vous ne pourrez jamais vraiment aller de l’avant. Et tu le veux, du moment que Yasmine veut de toi dans sa vie, tu seras là, c’est une évidence à tes yeux et ça, tu espères qu’elle le sait vraiment. On peut parler d’autre chose maintenant, voilà ce que tu t’apprêtes à dire avant que la brune ne reprenne la parole. Vos regards se croisent et tu comprends avec un temps de retard ce qu’elle est en train de sous-entendre Yasmine et encore une fois, tu te maudis de ne pas avoir été un peu plus patient. Ou de ne pas avoir su comprendre tout ce qu’elle ne disait pas. Encore une fois. Tu ne peux gommer votre histoire précédente, cela fait partie de vous, et dans un sens, si tout ça n’était pas arrivé, il n’y aurait pas eu tous les bons moments qui ont suivi également.
Tu hoches la tête pour indiquer ta compréhension et pourtant tu n’interromps pas Yasmine et tu la laisses terminer sa pensée jusqu’au bout. Tu as toujours jugé ses instants là comme précieux, parce que Yasmine est douée pour panser les blessures des autres, encore plus pour donner des conseils et pousser les autres à se dépasser. Et pour autant, elle est toujours particulièrement sévère avec ses propres émotions et ses propres actions. Était-ce sérieux entre vous à ce moment ? Tu n’en sais rien, avec le recul, tu peux dire que dans un sens oui, mais personne n’avait baissé sa garde à ce moment-là, autant elle que toi, tu le sais, tu peux le voir et si tu avais été un peu plus honnête avec elle, tu serais sûrement parti avant de véritablement la blesser et de commettre l’irréparable. Cela aurait été une chose beaucoup plus honorable à faire plutôt que de la faire tout questionner. Le constat que Yasmine fait sur sa propre valeur te fait froncer les sourcils et elle a beau préciser que cela ne te concerne pas dans le fond, tu n’as pas aidé non plus et ses insécurités se sont bien creusées pour une bonne raison, non ? “J’aurais voulu être différent, vraiment, mais ce n’était pas le cas et je crois que tu t’étais fait une bonne opinion de moi à ce moment.” Tu ne peux le nier, tu étais bien tous les clichés dont on dit qu’il faut toujours s’éloigner et si ce n’était pas pour le sourire railleur et les piques bien placées, et le fait que tu ne sois pas passé à autre chose après votre première rencontre, est-ce que vous en seriez là aujourd’hui ? Très certainement pas.
Yasmine hausse les épaules et tu respires lourdement dans le semi-silence qui vous enveloppe, l’endroit n’a absolument rien de silencieux, on bouge, on joue, on rigole non loin de vous et pourtant, tu entends bien la question de Yasmine et toutes les implications de cette dernière. Tu lui as dit de t’interroger comme elle souhaitait le faire, tu ne peux pas te défiler maintenant, pas vrai ? Certainement pas. “Okay.” Tu déglutis faiblement, avant d’attraper une serviette en papier pour t’essuyer les mains, tu n’as pas du tout touché à votre semblant de repas, c’est juste parce que tu as besoin de bouger un peu pour mettre de l’ordre dans tes pensées et lui donner une réponse qui fera du sens à ses yeux. Cela risque de la blesser, tu le sais, il n’y a pas d’autres moyens et tu voulais cette conversation alors... “C’était purement égoïste en fait, la soirée en question est un peu floue dans mon esprit, et je ne vais pas te sortir l’excuse toute prémâchée de l’alcool et te dire que je ne savais pas du tout ce que je faisais, non, ça n’a pas aidé mais je savais parfaitement ce que je faisais.”

Tu sais très bien pourquoi tu es allé retrouver Harriet ce soir-là, pourquoi tu as tapé à sa porte, frustré à souhait et avec un pack de bières sous les bras. L’autre jeune femme savait que tu étais pris et il n’est pas non plus question de la dépeindre comme une vile tentatrice qui en a profité, absolument pas. Vous étiez tous les deux irrités par beaucoup de choses, à la recherche d’une échappatoire, quelque chose de simple et qui fait sens. Mais ce n’est pas ce que Yasmine t’a demandé, pas vrai ? Tu relèves enfin le regard vers elle après une autre pause pour continuer sur ta lancée. “J’avais juste besoin d’attention, c’est aussi simple que cela, je sais que c’est horrible à dire, absolument affreux à entendre, mais c’est la vérité. J’avais la désagréable impression que tu me montrais que ce que tu voulais me montrer, juste assez pour me garder intéressé et pour me faire revenir et ... ce n’était pas assez pour la personne que j’étais à l’époque visiblement.” Et tu n’es pas en train d’accuser la brune assise à côté de toi, non, vraiment, ta vision des choses était complètement erronée à l’époque et c’est sûrement à cause de tout ça que même aujourd’hui, même quand Yasmine t’a assuré savoir ce qu’elle voulait, tu as l’impression de ne pas être assez bien pour elle. Est-ce que ce sentiment partira un jour ? Tu n’en sais rien, tu supposes que seul le temps pourra te donner des réponses.
“J’avais besoin de me sentir important et qu’on me laisse me sentir important et pas juste le type qui attend sur le pas de la porte, même si ce n’était que pour quelques minutes...” Tu hausses les épaules, fronçant les sourcils face à ta propre explication, cela sonne presque faux à tes oreilles, c’est la vérité cependant et la seule conclusion que tu as pu tirer de toute cette expérience. Et comme tu l’as dit à Yasmine il y a quelques instants, tu as eu du temps pour y penser, assez pour réaliser toute la portée de ton erreur et pourquoi tu l’as commise. “Je suis désolé, j’aimerais avoir une meilleure explication à te fournir, mais c’est la vérité, et je suis toujours désolé et je m’en veux toujours et d’une certaine façon je m’en voudrais toujours, le but n’était pas de te blesser à ce point-là ou de ruiner toutes nos interactions futures.” Quand elle est partie, sur le moment, tu t’es dit que c’était la dernière fois que tu voyais Yasmine Khadji. Tu as tenté de l’oublier, avec les mêmes moyens qu’avant, avec toutes ces choses qui vous ont séparé, plus d’alcool et plus d’inconnues, cependant, cela n’a jamais fonctionné. Et tu as insisté, elle aurait pu te laisser sur la touche, tout indiquait que tu n’avais pas changé, et pourtant si, elle a changé, toi aussi. Et cela doit bien compter pour quelque chose, pas vrai ? Tu en étais certain. “Tu as d’autres questions ? Et non, ce n’est pas le meilleur endroit pour le faire, mais depuis quand on fait dans le conventionnel, hmm ? Si c’est ce qu’il faut pour tourner vraiment la page et qu’on envisage le reste plus sereinement, ça me va...”  Cela te semble être un prix à payer bien maigre en réalité.

≈ ≈ ≈
{do you think about me still?}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price  

"T’avais besoin d’attention ?" La reprise des paroles d’Edge, elle fût faite sur un ton légèrement aiguë. Ce n’est pourtant pas ce qui attira totalement l’attention de la jeune femme qui eut un léger froncement de sourcils rieur à la suite de ses mots. Si elle était tout à fait honnête, elle trouvait ça atrocement puéril de sa part, et pour cause. Au-delà du désastre qu’avait été leur première tentative, ce qu’il semblait lui reprocher maintenant était on ne peut plus ironique dans le fond. Chose qu’elle lui dit à moitié quand elle ajouta, la tête inclinée sur sa propre épaule, ses yeux  pâles trouvant les siens sans mal, l’habitude restant ancrée malgré les derniers passés chacun de leur côté "Parce que c’était pas ce que tu faisais, toi ? Me montrer ce que tu voulais ? Chaque fois que je te posais des questions plus personnelles, tu détournais le sujet." Il n’oserait pas la contredire, pas quand il savait qu’elle avait raison "On pouvait pas vraiment dire que t’étais emballé par l’action de te dévoiler Edge. J’ai joué aux devinettes pendant cinq mois, et qu’importe ce que les gens disent, cinq mois, c’est long dans ces circonstances." Elle n’était plus la Yasmine de l’époque, à accepter d’être mise au centre de problèmes qui ne partaient pas uniquement d’elle.
A l’époque, elle n’avait pas été tout à fait impliquée, c’était vrai, étant dans une période où ses sentiments s’entrechoquaient avec d’autres, et ou sa perception en matière de relation la faisait pencher vers des affabulations, restait qu’elle avait été honnête tout de même, mais aussi relativement ouverte à l’idée de tenter quelque chose selon des termes qui rentraient dans ses principes. Sauf que le jeune homme ne parlait pas, c’était aussi simple que ça. Pour le dire vulgairement, si elle penchait vers le platonique, mal à l’aise avec son propre corps, mais assez à l’aise avec lui pour ne pas vouloir l’éconduire, elle savait ce qu’Edge attendait d’elle à l’époque, et ce n’était sûrement pas qu’elle soit une bonne fille "Non, c’était pas assez. Moi je voulais apprendre à te connaître, toi t’avais envie de moi." lui fit-elle, et elle se sentit en colère Yasmine. Mais c’était à prévoir finalement, c’était bien pour ça qu’ils exploraient le sujet : pour se départir de la frustration qu’ils avaient tous les deux ressentis à l’époque, et qui les suivaient encore aujourd’hui tant ils avaient évité le sujet pendant quatre ans.

Elle secoua la tête en la détournant, laissant un très léger sourire lui échapper lorsqu’il lui avoua avoir voulu se sentir important. Une de ses mains se perdit dans ses longs cheveux bruns, l’autre vint cacheter un point invisible entre ses deux deux qui lui servit à mieux s’ancrer dans le moment présent tandis que ses souvenirs de cette époque tentaient de se rejouer d’eux-mêmes en avance rapide.
Elle s’y arrêtant, elle se rendit compte qu’elle ne comprenait pas. Elle lui avait laissé ce sentiment — d’être important — en essayant de s’intéresser à lui, à sa vie, à sa famille. Seulement, il le disait lui-même, ce n’était pas de cette manière là qu’il avait voulu se faire une place auprès d’elle, et dans en définitive,  elle se dit qu’elle avait sans doute été beaucoup trop innocente pour estimer que c’était aussi essentiel, ce genre de parade ;  quand ce n’était tout ce qui l’intéressait finalement. Elle n’avait été qu’une opportunité, c’était comme ça qu’elle l’entendait, et c’était atrocement blessant. Bien sûr, aujourd’hui ça avait changé, mais c’était tout de même désagréable à traiter, comme information. Sa tête se retourna soudainement vers Edge, ses sourcils se rejoignirent dans la foulée "Tu m’as trompé. Tu croyais quoi, que j’allais t’applaudir et t’encourager à recommencer ?" C'était rhétorique, évidemment que ça l'était "T’as été honnête en me disant que tu savais exactement ce que tu faisais, sois-le en m’avouant que t’espérais que ça me blesse et que ça me fasse réagir. Ce genre de trucs, ça va jamais plus loin que ça au fond" fit-elle en haussaut les épaules pour ajouter juste après "Mais t’excuses plus, et tourne la page. Je vais faire pareil, je te le promets." Je t’aurais jamais fait ça, même à l’époque, aurait-elle pu lui dire pour conclure plus proprement le débat et effectivement, tourner la page, mais elle ne le fit pas parce qu’elle ne tirait aucune satisfaction à prétendre être la meilleure de leur couple. Elle n’en savait rien, c’était ça la vérité.
Depuis quand était-elle devenue capable de faire entendre son mécontentement avec autant de ferveur ? Depuis qu'il avait été à deux doigts de la mettre à la porte et qu’elle avait senti qu’il jouerait de son pouvoir pour lui faire entendre que c’était lui qui menait le jeu. Elle le regarda un instant sans baisser les yeux, relevant le menton avec une détermination assez surprenante quand on savait qu’elle était du genre à ployer par crainte qu’on ne la brise : pas là. Jackson serait sans doute fier d’elle de la voir aussi droite dans ses bottes, prête à rendre des coups qu’elle prenait avec une dignité sans pareille simplement parce qu’elle avait trop en jeu pour estimer ça judicieux de laisser sa sensibilité l’attendrir, encore moins l’affaiblir. Pour une fois, elle démontrait de la force Yasmine, et ça aurait pu être beau à voir si elle n’avait pas tant l’impression de faire offense à son propre caractère "Et maintenant alors, je t’en donne assez de l’attention ?" lui demanda-t-elle quand il l’encouragea à lui poser d’autres questions. Le moment était venu, elle le sentait dans tous ses membres qui se tendirent et son coeur pulser si fort dans sa poitrine qu’elle eut besoin d’un instant pour faire le point sur la suite de sa phrase dans l’intimité de ses pensées d’abord, pour mieux la prononcer ensuite en ne cessant pas de le regarder "T’en as encore autant besoin ou tu vas réussir à accepter d’en laisser un peu à quelqu’un d’autre pour disons, ces dix huit prochaines années ?" Elle y allait à la fourchette, un peu comme si elle craignait de lui faire peur en visant trop large, elle savait néanmoins que le délai à apposer à ce genre de choses, c’était plutôt l’éternité ; c’était un contrat signé à vie, d’avoir un enfant après tout. Si elle ne lui ferait pas l’affront de lui demander si la menace potentielle d’un manque d’attention de sa part pourrait le pousser à recommencer, elle laissa pourtant le sous-entendu se déployer ; et peut-être qu’il serait assez brillant pour raccorder les fils qu’elle lui tendait sur l’instant, et peut-être qu’elle aurait aimé faire les choses autrement que de lui annoncer sa grossesse après une discussion aussi douloureuse, mais si elle ne le faisait pas maintenant, elle savait qu’elle essuierait des reproches supplémentaires pour avoir voulu attendre encore un peu.
Elle ne le fit pas, finissant enfin par se radoucir, ses yeux redevenant empreint de douceur, et sa voix retrouvant le miel qui faisait sa singularité "Je suis enceinte." Là, il comprendrait probablement que son étonnante opiniâtreté à traiter leur conflit efficacement, elle découlait du poids qu’elle sentait peser sur son ventre et sur la perspective d’avoir quelqu’un à protéger qui n’était pas elle ; c’était suffisant pour la forcer à sortir de sa zone de confort, mais c’était tellement difficile. Elle l’espérait du moins, qu’il comprendrait, parce qu’elle ne comptait pas s’excuser d’avoir été un peu dure tout du long de leur discussion. Ça valait le coup, elle le savait, et parce qu’elle n’y tenait plus, elle finit par se lever du banc pour s’y rasseoir différemment, ses jambes de part et d’autre du bois, et son buste s’inclinant vers Edge qu’elle prit dans ses bras pour le serrer si fort contre elle qu’il réussirait à sentir les battements effrénés de son coeur "Je voulais te le dire depuis tout à l’heure, mais je voulais aussi être sûre que les choses soient claires avant toute chose." Avant, elle aurait ajouté un je suis désolée. Mais ça, c’était avant.

≈ ≈ ≈
{do you think about me still?}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji  

Tu le savais au moment où les mots ont quitté tes lèvres que ta réponse n’allait pas plaire à Yasmine. Oui, tu le savais déjà, et que la brune ne s’y trompe pas, c’est une réponse que tu détestes tout autant qu’elle, que tu n’aimes pas fournir et qui fait un bien maigre résumé de la situation et de ses sentiments à elle. Parce que vous étiez, et vous êtes, toujours deux dans cette relation, et qu’à maintes reprises, autant en 2016 que maintenant, tu as jugé bon de mettre les sentiments et le cœur de Yasmine de côtés et même en miettes. Ce qui est très malsain dans un sens, comment peux-tu dire tenir autant à quelqu’un et faire tout ceci sans grande considération ? Tu ne l’expliques pas vraiment, c’est quelque chose que tu veux travailler et tu ne veux pas être le type qui promet de la stabilité à la brune pour la lui reprendre d’un claquement de doigts. C’est fatiguant et ça n'a pas réellement de sens, tu n’as rien à cacher face à Yasmine, pas quand tu as déjà admis qu’elle voyait tout de toi et même les parties de toi-même que tu ne montrais pas à certains. Alors oui, autant jouer la carte de l’honnêteté et lui donner la vraie réponse. La version qui n'est pas simple à admettre et tu ne réponds pas quand elle reprend tes propres mots, Yasmine prenant la portée de tout ce que tu es en train de lui dire.
Et franchement ? La brune a raison, elle a raison sur toute la ligne en faisant un résumé de votre relation à l’époque, tu ne comptes pas la reprendre, tu ne le fais pas et un autre soupir t’échappe. Tu ne vois pas ce que tu pourrais dire de plus et dans un sens, tu comprends que ce n’est pas ton moment de parler ou de te tenter défendre tes actions, déjà, tu ne vas pas le faire, ce serait tellement hypocrite et irrespectueux de ta part, et ensuite, c’est toi qui l’as ouverte cette porte-là. Enfin, après des années de retard, alors Yasmine a le droit d’avoir la réaction qu’elle veut, toi, tu as déjà réagi en temps et en heure. Cela est nécessaire pour la suite et ce même si les mots de Yasmine sont durs, ce n’est rien comparé à ce que tu lui as fait et tu ne sais même pas si tu cherchais à lui faire du mal. Provoquer une réaction de sa part ? Oui, certainement, lui donner une bonne raison de mettre fin à tout cela ? Tu ne sais pas, tu l’as trompée, tu ne pourrais jamais changer cela, elle a la raison sur toute la ligne et presque immédiatement, Yasmine te dit de tourner la page. Sur ton visage, il y a une expression fatiguée mêlée à autre chose. Une sorte d’espoir sourd, lui aussi, condensé par la fatigue et tu as envie de lui demander si c’est possible de faire cela. De la tourner vraiment la page, de commencer quelque chose de concret sans être appesanti par le passé.
Tu veux le faire, c’est tout ce que tu veux en fait, c’est pour cela que tu es ici ce soir, pour cela que tu n’as pas tourné les talons, pour cela que tu es prêt à tout accepter quand Yasmine et concernée. Tu ne sais pas si tu mérites une autre chance, elle est là, la vérité, il n’y a aucune certitude, plus aucun plan depuis que cette pause a été annoncée. Tu ne sais pas où vous allez, et si tu lui as demandé de te rejoindre ici ce soir, si tu as tant insisté pour examiner votre passé, c’est pour la garantie d’avoir un futur.

Tu regardes toujours Yasmine au moment où la nouvelle question fait mouche, ce n’est pas drôle la façon dont elle reprend tes mots, mais si c’est ça façon de te demander de tout bien considérer avant de nouveau emprunter cette route-là… alors okay. La brune parle de quelqu’un d’autre, quelqu’un d’autre qu’elle et toi et tu fronces les sourcils et la seconde suivante, tu as plus l’impression d’entendre ton cœur qui bat le tambour dans ta poitrine que le reste. Pas l’agitation, pas les machines qui donnent des tickets, pas les gens qui se félicitent, juste le rythme de ce muscle si important et la folle possibilité des paroles de Yasmine. Est-ce qu’elle est en train de te dire que vous serez bientôt trois ? Tu n’oses pas poser la question, oui, toi le grand gaillard, tu as peur de demander, parce que si la réponse est négative, ce sera la partie la plus affreuse de toute la soirée. Les secondes passent et quand Yasmine finit par le dire, par confirmer ce qu’elle laissait sous-entendre, tu es incapable de réagir correctement. Tu es figé sur place, dans tous les sens du terme, presque prêt à te pincer la joue pour vérifier que tu n’es pas en train de rêver tout éveillé.
Yasmine se lève, tu la suis du regard, tes yeux dérivent d’eux-mêmes vers son ventre et c’est le seul avertissement que tu as avant que Yasmine ne soit là, ses bras autour de toi. Ton corps réagit avant le reste et tu sers la brune contre toi, du mieux que tu peux dans cette position. Tu fermes les yeux quelques secondes, elle est bien là, et elle est enceinte. Yasmine est enceinte. C’est beaucoup, c’est même trop que te hurle ton cœur et une partie de ton cerveau et tu finis par prendre une profonde inspiration, mais c’est bien un sourire qui vient trouver ton visage et il reste bien en place pendant quelques secondes. “Tu es enceinte ?” Tu ne sais même pas pourquoi ça sonne comme une question, alors que tu le répètes, ton menton toujours sur l’épaule de la brune et les boucles de cette dernière te caressant le visage. Tu te recules pour pouvoir la regarder dans les yeux, tes mains trouvant les joues de Yasmine et la gardant juste là. “Tu es enceinte.”
Cette fois-ci, tu le dis avec un peu plus d’assurance et de conviction, et peut-être que ta voix flanche légèrement, pas aussi grave que d’ordinaire, et tu ignores complètement les larmes que tu sens monter dans tes yeux. Tu n’en verseras pas, et ce même si tu es bien content, plus que content même, la surprise est totale, c’est une bonne nouvelle et la conversation précédente en valait largement le coup. Oui, c’était et c'est douloureux, mais si c’était le genre de vérité que Yasmine avait besoin d’entendre pour t’annoncer cela alors… tu te fiches complètement d’avoir été vulnérable à ce point-là. La brune a le droit à tes lèvres sur son front et une de tes mains va déjà se poser sur son ventre. Il n’y a plus que vous deux dans cette étreinte, vous êtes trois, et la pensée est terrifiante. Cependant, il s’agit du genre d’anxiété qui motive et qui te pousserait à soulever des montagnes, tu le sais déjà. La dernière fois, vous n’avez pas pu en profiter, autant qu’elle que toi, cette autre vie était déjà partie avant d’avoir pu commencer, maintenant ? C’est différent, vous avez le temps.  “Okay… okay, j’ai probablement un millier de questions pour toi et je n’exagère même pas mais…” Comment et quand est-ce que la brune l’a appris ? Est-ce qu’elle a déjà des idées de prénom ? Et combien de temps il faut attendre pour savoir si c’est une petite fille ou un petit garçon ? 

“La plus importante c’est, qu’est-ce qu’on fait maintenant et qu’est-ce que cela veut dire pour nous ?” Tu finis par lâcher le visage de Yasmine et lentement, tu retires ta main de son ventre, pour réaliser que tes mains tremblent un peu, tu agrippes tes genoux à la place. “Tu viens de me dire de ne plus m’excuser et de tourner la page, et je suis d’accord avec ça, je veux faire ça, tout ça avec toi, j’étais sincère en décembre et je le suis toujours maintenant : je n’ai pas envie de te rayer de ma vie, et je ne compte pas le faire, je n’ai pas envie de le faire. Et certainement pas maintenant.” Yasmine est enceinte, c’est un fait, c’est une belle réalité et ça ouvre tout un champ de possibilités. Qu’est-ce que cela veut dire pour votre pause ? Et où et comment est-ce que vous allez élever cet enfant ? Une expression un peu paniquée passe sur ton visage la seconde suivante, parce que tu réalises que ta maison n’est pas l’endroit le plus sécurisé du monde pour un enfant en bas étage. Du tout même, il faudrait faire de nombreux changements.  “Tu as déjà eu un rendez-vous avec le médecin ou c’est trop tôt pour tout ça ? Et est-ce qu’on ira à une de ses classes où on va t’apprendre à respirer et à t’étirer ?” Oui, tu as un rire la seconde suivante, parce qu’il est évident que tu ne sais pas de quoi tu parles. Du tout. Et oui, Yasmine s’apprête à avoir un enfant avec un idiot fini. “Désolé, désolé, j’ai dit que je ne commençais pas avec les questions, désolé…” Tu te forces à respirer, prenant la main de la brune la seconde suivante.  “Merci de me l’avoir dit, je suis content que tu me l’aies dit, je ne vais pas faire de promesse ou de grands discours, je suis juste content… oh et je t’aime aussi, je le redis, au cas où ça ne serait pas très clair.”

≈ ≈ ≈
{do you think about me still?}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price  

Entendre Edge lui répéter la nouvelle qu’elle venait de lui annoncer, son menton posé sur son épaule, sa voix lui arrivant directement à l’oreille, ça eut pour effet immédiat de lui faire monter les larmes aux yeux. Elle savait garder des secrets Yasmine, et celui-ci, même si elle l’avait partagé avec Isaac par la force des choses, son collègue et ami s’étant occupé d’elle sans poser de questions lorsqu’elle avait voulu s’assurer de ce qu’elle pressentait, elle l’avait chéri les quelques jours suivant la confirmation de ses soupçons. Mais ça avait été difficile parce qu’elle l’avait tellement attendu, le moment où elle aurait été enfin capable de lui dire que ça y était, qu’elle attendait enfin un bébé, celui qu’elle avait manifesté dans toutes ses prières, n’en manquant pas une seule depuis qu’elle avait fait sa fausse-couche. Elle avait bien du mal à se dire que les circonstances n’étaient pas idéales, même si elles ne l’étaient pas, c’était une certitude. C’est vrai, elle avait imaginé que tout ça se passerait différemment, que leurs efforts pour concevoir leur permettraient de se réjouir véritablement de tout ça, loin de pouvoir songer à l’éventualité qu’ils en récolteraient le fruit en étant techniquement séparés, même si aucun d’eux n’avait présenté les choses de cette manière. Ça laissait planer un doute sur la suite des événements, qu’ils le veuillent ou non, et quand bien même Yasmine ne partait pas avec l’idée d’exclure Edgerton de sa grossesse, de l’exclure tout court, elle s’était pourtant demandé s’il voudrait être présent, s’il se sentirait assez prêt pour l’être malgré la difficulté de ses derniers mois.
Encore une fois, elle ne pensait pas que le lieu soit propice à ce genre de discussion, alors avant même qu’Edge de ne mette à la questionner, elle rompit leur étreinte pour lui proposer, essuyant ses propres yeux avec sa manche avant toute chose, se levant déjà pour anticiper sa réponse "On devrait sortir d’ici." fit-elle, et sa main trouvant la sienne, elle le guida jusqu’à l’extérieur pour se diriger vers sa Jeep dans l’espoir de retrouver un peu de calme, ressentant le besoin de n’être parasitée par rien d’autre que par la joie qu’elle voyait s’étaler sur le visage de son partenaire dont la main trouva rapidement son ventre.

Et ce geste en particulier, il était touchant autant qu’il était curieux, puisqu’au-delà de la joie que Yasmine ressentait elle-même, c’était surtout l’anxiété qui l’avait tenue alerte ces derniers jours. Personne ne se demanderait pourquoi elle avait du mal à croire qu’il y avait quelque chose qui se formait là, juste sous la main du jeune homme qu’elle regarda la tête inclinée sur le côté "Je veux le garder, ça me paraît évident." commença-t-elle sans juger bon de demander son avis à Edgerton sur la question parce qu’elle le connaissait, qu’elle savait qu’il ne lui ferait pas l’affront de juger que la situation était trop complexe pour accueillir un enfant. Elle était complexe parce qu’ils la rendaient complexe, autrement tout avait été dit après tout, ça devait être le signal pour que tout redevienne à la normale, et c’est en ce sens qu’elle ajouta, un peu hésitante toutefois "Je pourrais revenir à la maison si tu veux bien de moi." De nous, aurait-elle dû dire, mais ça restait abstrait, et c’est là qu’elle se rendit compte de combien ça l’était pour elle qui avait déjà perdu un bébé, de faire des projets quand tout paraissait encore si fragile.
Le dos collé contre le carrosserie de sa voiture, Yasmine posa sa main sur celle d’Edge lorsqu'il reprit la parole — trop vite et de façon beaucoup trop décousue pour qu’elle ne reconnaisse pas un peu de panique dans sa voix qui était moins sûre qu'à l’accoutumé. Ses doigts se glissèrent dans l’espace vide des siens pour le rassurer davantage, sa voix finissant par se manifester lorsque s’approchant de lui pour lui prendre le visage dans les mains, ces dernières posées sur ses deux joues, elle lui dit "Respire, Edgerton." Elle aurait pu le lui répéter encore et encore tant il semblait au bord de l’implosion, à envisager tout à la fois. C’était normal, c’était un projet qu’ils avaient eu ensemble et qui avait pris du temps à se concrétiser, mais son enthousiasme était aussi angoissant qu’il lui réchauffait le coeur sur le moment. Ne lâchant pas son visage, elle déporta seulement sa main de sa joue à son épaule quand dans un léger rire, elle lui dit "Je suis seulement à huit semaines, je crois qu'on a le temps de programmer ce genre de rendez-vous avant que les choses deviennent vraiment sérieuses." commença-t-elle, opinant du chef en ajoutant "J’ai eu une échographie de contrôle à cause de mes antécédents — tout va bien, il va bien, il s’accroche." Elle se sentit obligée de le préciser avec résolution, quand bien même elle avait toujours l’impression que quelque chose clochait, elle pouvait au moins faire semblant d’être sûre d’elle pour ne pas alarmer Edge pour qui la nouvelle était toute fraîche "Ma prochaine sera dans un mois environ, et on aura plus de précisions sur la datation et sur le reste." Elle marqua une très courte pause, ses yeux trouvant ceux du jeune homme comme elle lui disait presque tout bas "Je veux en parler à personne avant ça. Je serai au début de mon deuxième trimestre, ce sera plus sûr que maintenant. J’ai pas envie d’aller trop vite." Et d’attirer le coup du sort, mais ça elle ne le dit pas à voix haute.
Clignant des paupières pour se recentrer sur Edge, elle raffermit la prise de sa main sur sa joue pour le rassurer "C’est normal que tu te poses des questions. Je t’interdirais pas de m’en poser si t’en ressens le besoin, mais pour ce que ça vaut, t’as pas manqué grand-chose pour le moment si ce n’est mes micro-siestes entre deux patients." Il serait surprit d’apprendre que Yasmine Khadji faisait désormais des siestes parce que son état de fatigue était tel qu’elle avait parfois l’impression de fonctionner au radar "Ça va aller, hm ? C’est ce que le début, ce sera sans doute le moins pire, alors j’espère que t’es prêt à me supporter." Elle eut un nouveau rire comme pour s’en convaincre en même temps, sa respiration manquant une mesure lorsqu’il lui dit qu’il l’aimait ; ce à quoi elle répondit par un long baiser appuyé, son corps se pressant contre celui du jeune homme qu’elle serra dans ses bras juste après.

≈ ≈ ≈
{do you think about me still?}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji  

"Oui, ça fait assez d'émotions pour un seul endroit." Que tu répliques avant de suivre la directive de Yasmine et de quitter l'endroit. Peut-être que vous auriez dû choisir un autre lieu pour mettre les choses à plat, sûrement, mais vu la nouvelle de la brune et qu'il s'agit du lieu de votre tout premier rendez-vous... tu n'es pas particulièrement religieux, du tout même, et ce n'est que depuis que Yasmine est dans ta vie que tu fais attention à ce genre de choses ; il faut bien avouer que c'est trop beau comme circonstance pour ne pas sourire en y pensant. Si on t'avait dit que l'infirmière avec qui tu partages des frites et qui essaye à tout prix de gagner une partie contre toi allait devenir la personne la plus importante de ta vie et même porter tes enfants ? Non, tu n'y aurais pas cru, du tout et pourtant vous y êtes, autant Yasmine que toi et appuyé contre sa Jeep, il est plus facile de tout envisager à deux. "Je respire, si si, juste un peu plus rapidement que d'habitude, c'est tout..." Un peu trop vite, un peu trop fort, il y a beaucoup de choses à prendre en considération et un autre type de futur qui commence à se dessiner sous vos yeux.
Celui où vous n'êtes plus tous les deux, et à tes yeux, la brune fait partie de ta famille, vraiment, vous avez su créer votre petit noyau et maintenant, il va s'agrandir. Tu souris véritablement quand les mains de Yasmine se retrouvent sur ton visage, un geste qui parait anodin d'un point de vue extérieur, mais tellement important dans ton quotidien, votre quotidien, que c'est remarqué, et bien entendu, ça t'avait manqué. Tu en avais besoin, tu en as besoin et tu hoches la tête aux mots de la brune alors que tu essayes de tout enregistrer. Huit semaines, la brune a raison ce n'est pas grand-chose, pas grand-chose du tout et ce petit ne doit pas peser bien lourd, et pourtant, il est bien là. Tout s'annonce bien et ton prochain hochement de tête est un peu plus véhément que le précédent, parce que tu as beau avoir être celui qui a veillé une partie de la nuit avec Yasmine lors de sa fausse couche, tu ne peux pas te mettre à sa place, tu sais que l'incident a laissé le genre de marque que rien ne pourra jamais vraiment effacer. Alors savoir tout ça est important, savoir que tout va bien est crucial, encore plus quand les mains de Yasmine exercent une pression supplémentaire sur tes joues. "Okay, je comprends tout à fait et on en parlera quand tu seras prête et qu'on n'aura plus aucune raison de s'inquiéter, d'accord ?" Pour le moment, ce ne sera que vous deux, ou plutôt vous trois, une notion aussi terrifiante que parfaite, tu le réalises bien, et tu as à peine le temps de tout aligner dans ta tête, que déjà, la brune t'embrasse.
Tu lui rends son baiser, bien entendu, tes bras faisant leur chemin autour de la silhouette de la brune, la pressant davantage contre toi, comme tu sais si bien le faire. Tu es heureux, un peu plus paumé qu'au début de votre conversation mais franchement ? Tu n'échangerais ta place pour rien au monde;  tu finis par reculer, pour respirer, pour faire la focale sur les yeux verts de Yasmine, tes lèvres trainent tout de même au coin de la bouche de la brune, pour un baiser un peu plus léger que le précédent et tu arrives enfin à mettre des mots sur tout ce qui te passe par la tête.  "J'ai l'impression d'avoir le tournis mais on s'en fiche, ça va, bien sûr que ça va, plus que bien même... je ne m'y attendais pas du tout pour le coup mais je suis très content." Et c'est elle qui va porter votre enfant, pas toi, alors tu ne vas pas te plaindre, tu seras là pour l'épauler du mieux que tu peux au quotidien. Bien entendu, tu ne comptes pas jouer les abonnés absents ou même te défiler, tu n'as peut-être pas eu de véritable modèle dans ce rôle-là, tu as été élevé par une femme forte et tu sais déjà que Yasmine ne sera pas seule. Tu seras là, sa famille à elle, la tienne... tout ça, ça ne va que solidifier ce que tu ressens déjà pour la brune.
"Et bien sûr que tu peux revenir à la maison, toi, le bébé, vous deux, ce sera mieux avec tout le monde sous le même toit." Ensemble, pas éloignés, définitivement pas en froid et à considérer les choses un peu plus sereinement. Un rire t'échappe la seconde suivante, parce que tu as vraiment envie de le poser ce genou au sol et de lui demander autre chose, mais il te manque la bague et c'est sûrement trop tôt pour tout ça, et là, ce n'est pas à propos de toi, mais bien à propos d'elle. Tes mains trouvent les hanches de Yasmine, pour de nouveau la prendre dans tes bras, tu la fais tournoyer à seulement quelques centimètres du sol, avant de la reposer, toujours avec le sourire bien en place sur le visage. Et prêt à gommer les doutes de la brune. "Et tu réalises que ça va être l'inverse ? Tu vas devoir me supporter moi et toutes mes questions stupides et tout le reste... Pendant... au moins les dix-huit prochaines années, c'est fini pour toi Khadji, je ne te laisserais plus jamais tranquille." Tu scelles cela par une autre étreinte et une profonde inspiration, autant pour elle que pour toi, il n'y a aucun moyen de retourner en arrière et c'est définitivement une bonne chose.