Le Deal du moment : -38%
Ecran PC gaming 23,8″ – ACER KG241Y P3bip ...
Voir le deal
99.99 €

 (AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE

Anonymous
Invité
Invité
  

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty
Message(#)(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE EmptyLun 13 Fév 2023 - 14:58



FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE
Rhett #1  

@Rhett Hartfield   
Cette menace qui plane sur la tête de mon enfant, elle éveille en moi des souvenirs douloureux dont je ne tire qu’une seule conclusion : je suis toujours en deuil de la perte de Sofia. J’oscille encore entre colère et acceptation. J’avance de l’un vers l’autre tel un funambule sur un fil de soie qui s’amenuit pas après pas. Ai-je de quoi m’étonner que mes envies de replonger tête la première dans le bassin de mon addiction est pregnant ? Non ! Puis-je jouer les surpris que mon réflexe pour compenser serait d’agresser le tout-venant d’un poing dans la gueule, sans autre raison que d’avoir été aux mauvais moment et endroits ? Moins encore. Ai-je le droit de confier ces ressentis à Raelyn ? Je n’oserais pas. Elle tangue, mon épouse. Elle nage à contre-courant contre sa panique et la nécessité d’être rationnel. Elle n’a pas besoin d’avoir à supporter mes angoisses. Alors, je me tais. J’agis avec le sang-froid d’un militaire. J’anticipe, j’ourdis : je suis joueur d’échecs. La sécurité de mon bébé et le bien-être de ma conjointe sont mes priorités, quitte à m’oublier, jusqu’à ce que je sois oppressé par l’urgence de hurler ma rage dans un endroit désert, de préférence en pleine mer, que nul ne soit témoin de ce lâcher prise utile à fonctionner encore. Malheureusement, je suis cloué à la terre ferme. Je ne peux m’en aller, même une demi-journée. Je refuse de prendre le risque d’abandonner les miens au risque de ne plus les retrouver à mon retour. Je ne survivrais ni à la perte de Micah ni à celle de Raelyn. Alors, je lutte. Je me débats avec le reste d’énergie que j’ai en stock. Je ne me détends que lorsque Callum, ami de toujours, remarque ma fatigue et se substitue à moi pour quelques heures. Certes, je ne respire pas pour autant, mais je m’autorise à prendre l’air. Souvent, je m’organise une balade autour de la Marina. Aujourd’hui, j’ai fait une exception. J’ai pris la route vers chez Rhett. Ce jeune homme, rencontré par l’intermédiaire de mon frère, sait ce que signifie la perte d’un être cher. Lui, il pourra comprendre ô combien je suis mort de trouille à l’idée que le destin me joue un sale tour similaire. Ne l’a–t-il pas saisi en un regard ? Tandis qu’il m’a ouvert la porte sur son salon, il ne s’est pas offusqué que je m’avachisse dans le fauteuil, les mains couvrant mes traits tirés. Il ne s’est pas froissé que de mes lèvres s’échappe un sourire à mi-chemin entre la lassitude et la fragilité de l’addict qui offrirait son âme au diable pour un verre, une seule, juste pour oublier durant quelques secondes que mon monde pourrait péricliter. Non ! Il m’accueillit à bras ouvert. «Je suis toujours en tournée minérale.» Autrement dit, supplierais-je que la gnôle est proscrite, qu’il s’agisse d’un douze ans d’âge ou de piquette. « Et toi ? » Quel est le terme pour désigner l’abstinence en matière de cachetons ? J’ai fait mine d’y réfléchir. En réalité, je me suis senti à l’aise avec le silence et je l’ai cultivé jusqu’à ce que la question tombe : « Qu’est-ce qui se passe quand on a l'impression que tout se répète ? ».


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty
Message(#)(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE EmptyLun 20 Fév 2023 - 12:05

Il n’y a pas de grande cérémonie d’accueil lorsqu’Amos toque à la porte de l’appartement, et il n’y en a toujours aucune lorsqu’il s’engouffre à l’intérieur de ce dernier. Ce n’est pas leur genre ; ils n’en ont pas besoin non plus. Ils sont faits d’un bois similaire et savent à quoi s’en tenir, tout comme Rhett devine déjà qu’il existe une certaine agitation derrière la visite de son nouvel ami auto-désigné et sorti de quasiment nulle part - à la seule exception que son frère est lui aussi un ami vieux de vingt ans. Malgré une certaine réticence de tous les côtés, n’en reste pas moins qu’ils se connaissent grâce à Chad, et que les présenter est sans doute la meilleure chose qu’il ait pu faire pour le bien d’Amos autant que de Rhett. Aucun ne voudrait s’abaisser à l’avouer, mais n’en reste pas moins qu’ils arrivent à se comprendre à leur manière et à franchir les obstacles de la vie ensemble. A leur manière. « Je suis toujours en tournée minérale. » A chacun ses problèmes. Rhett pourrait à son tour dire qu’il est en tournée de Doliprane, et ce serait du pareil au même à ses yeux. Néanmoins, et pour des raisons assez évidentes, il ne commente pas davantage les mots du Taylor et se contente de lui servir de l’eau. Peut-être qu’il devrait investir dans de la grenadine et lui en proposer la prochaine fois, comme il est question pour les enfants. Ce serait un peu moins déprimant, dira-t-on. “Dans ce genre de verre, tout a de la gueule.” Le genre de verre en cristal qu’il a dégoté il ne sait trop où, et acheté uniquement parce que la boîte disait “cristal”, ce qui signifie de facto qu’ils devaient être bons. Mais lui-même ne boit pas autre chose que de la bière, alors les voilà aujourd’hui qui servent pour contenir de l’eau.

« Et toi ? »
On m’a sérieusement proposé de me tourner vers les trucs de yoga.

Il a l’exclusivité sur la première blague, alors Rhett improvise à moitié seulement: ces mots-là, certains ont effectivement osé les entretenir à son égard, déjà. Et il a ri, bien sûr qu’il a ri. La prochaine étape sera sûrement de lui proposer de se nourrir d’air et de pensées positives, il l’anticipe déjà, et autant dire qu’il préfère encore prendre le risque de faire une nouvelle overdose d’opioïdes plutôt que de se soumettre à ce genre de pensées toutes aussi dangereuses à ses yeux - mais ne le dites pas à ses proches. Dans un souffle fatigué, il tend à Amos le simple verre d’eau, qu’il serait le premier à juger pathétique: non l’attitude de son nouvel ami, mais bien la situation dans laquelle ils se trouvent, chacun à leur manière. « Qu’est-ce qui se passe quand on a l'impression que tout se répète ? » Pour quelqu’un comme Rhett qui n’aime pas débattre ou discuter de quoi que ce soit qui ne soit pas tangible, cette question est une véritable colle, et c’est la raison pour laquelle il prend le temps de se poser dans le fauteuil à son tour avant d’y répondre. “On déçoit tout le monde. Encore.” Parce que ça aussi, même sans qu’ils ne le veuillent, ça se répète. Chad revoit son frère plonger, et il entend les échos de la chute de Rhett à son tour. Encore. Et encore. Ils sont la preuve vivante que l’histoire est faite pour se répéter, et c’est pathétique. “Tout ce que je sais, c’est qu’à un moment il n’y aura plus personne à décevoir.” Parce que personne n’a la force de continuer à éternellement croire en des hommes qui ne semblent faire aucun effort pour aller mieux, et qui se contentent de faire un pas en avant pour mieux reculer de deux. Il ne blâme pas ses proches, ni ceux d’Amos, loin de là. Au contraire, Rhett est étonné qu’ils soient encore aussi nombreux à vouloir les aider, malgré tout ce qu’ils leur ont déjà fait endurer. Il n’a pas la connaissance pleine et entière de l’histoire de l’homme face à lui, mais il en sait juste assez pour savoir que certains jours ont été bien sombres. “Et qu’on est pas faits pour être seuls.” Il souffle, un ton plus bas, peu enclin à accepter cette conclusion. Il est un adulte capable de se débrouiller seul au quotidien, là n’est pas la question. Cette dernière se pose lorsqu’il est question de leur santé, bien avant même de se poser la question de leur bien-être. “Il s’est passé quelque chose ?” Rhett ose demander ; ce genre de questionnement pour lequel il n’a aucune hâte d’entendre la réponse. Si Amos est venu à lui, il anticipe déjà qu’il y a eu un facteur déclenchant, et il anticipe surtout que ce dernier n’a sûrement rien de positif à amener. Ils se serrent les coudes aux portes de l’Enfer, après tout.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty
Message(#)(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE EmptyMar 21 Fév 2023 - 19:00



FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE
Rhett #1  

@Rhett Hartfield   
“De l’eau, dans un verre de cette qualité, c’est du gâchis.” ai-je songé alors que mon doigt le long du bord. Une mélodie s’échappe du cristal et je pense Chardonnay, Syrah, Bordeaux. Je pense à Kelly et toutes les bouteilles d’excellentes factures qu’elle vend dans sa boutique et que je n’ai pas eu l’occasion de goûter faute à ce désir, tantôt solide tantôt le contraire, de me débarrasser de mon addiction. C’est la fragilité de ma volonté à ne pas tomber dans les pièges tendus par mon alcoolisme qui m’a conduit jusqu’au salon de Rhett. Lui, il est conscient de l’énergie à déployer pour gagner, non pas la guerre, mais au minimum une bataille. Il sait que l’on peut avancer d’un pas vers la rédemption et reculer de dix à la première frustration. Nous n’avons pas besoin de nous épancher en détail sur ce qui nous bouleverse pour nous comprendre et, pour cause, le contexte n’a pas grandes importances. Seules comptent les conséquences puisqu’elles sont identiques pour nous deux : la peur de replonger et, parfois, chuter, tout simplement. De mon côté, ce n’est pas sans déception. La honte m’étreint alors telle une maîtresse avide d’un corps à corps. De temps à autre, je m’interroge sur ce qui est le plus douloureux entre le sentiment lié à l’échec et le viol de de ma vanité par l’opprobe. Je cours ensuite après des solutions toutes plus variées que diverses, quelquefois utopiques et, a fortiori, bien que certaines soient ineptes, le yoga ne m’a jamais traversé l’esprit. Mes yeux écarquillent aussitôt. Mes gestes s’interrompent. Je suis comme suspendu au temps tandis que mes pupilles s’ancrent à celles de Rhett. «Du yoga ?» ai-je répété, perplexe. «Qui ?» Qui s’est aventuré sur ce terrain ? « Et c’est quoi la prochaine étape ? La méditation de pleine conscience ? » Au moins, dois-je reconnaître à mes proches de Kilcoy que, s’il me pointe du doigt, ils s’abstiennent d’exprimer des idées aussi farfelues. Tant mieux. Ce serait l’assurance de conflit : je n’en essaierai aucune, quoique je n’en détienne pas d’autres fonctionnant correctement. Mais, qu’à cela ne tienne cependant. Jouant avec mon verre, regrettant la transparence du liquide au goût de neige qui glisse sur les parois, je m’autorise un rire franc, le premier depuis des jours. Je réitère : «Du Yoga…» hochant la tête de gauche à droite, consterné par la proposition et par l’absence de dépôt du liquide sur le matériau d’exception. C’est signe que l’eau minérale est sans saveur et, étonnamment, je l’envie. Ma vie en est pleine, à commencer par la peur que mon histoire se répète, que l’on arrache mon bébé à son existence, que la peine et la culpabilité précipitent mon couple dans un tourbillon de désamour. Rhett a raison : j’ai peur de décevoir. « Plus personne à part nous, c’est ça. Et si… si j’ai pas envie de tout perdre justement ? Si j’estime en avoir déjà assez perdu ? » Si, comme le prétend justement mon hôte, si j’ai les foies à l’idée d’être de nouveau seul puisque je ne suis pas taillé pour ça… ou pas sans l’alcool. « Ce serait tellement long à expliquer que je ne sais pas par où commencer.» Cette fois, je me lance : j’avale une gorgée d’eau et, bien entendu, je ne peux me satisfaire de la rondeur du goût dans ma bouche, de la brûlure du whisky dans le fond de ma gorge, du plaisir de grimacer tout ce que l’on se sent vivant lorsque l’on confie la barre de notre frêle embarcation à un démon retors. «Ma fille est morte, parce que je l’ai laissée partir, parce que je n’a pas sur la protéger. Aujourd’hui, c’est sa petite soeur qui est en danger et j’ai peur… peur de ne pas être à la hauteur. Je n'arriverais plus à tenir bon, Rhett.» Peur de commettre les mêmes erreurs. Peur qu’elle disparaisse. Peur d’être la victime d’un nouveau deuil alors que je ne suis pas “guéri” du précédent. Peur de me suicider, une fois de plus, lentement, doucement, sûrement, parce que je suis trop lâche pour me pendre au bout d’une corde attachée autour de mon cou. J’ai peur de cette fatalité indolente puisqu’à une époque, persuadée du manque d’intérêt à traverser ma vie sans Sofia, j’ai fait de l’alcool mon arme de prédilection.


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty
Message(#)(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE EmptyMer 22 Fév 2023 - 17:59

« Du yoga ? » Aussi simple et stupide que cela, oui. Du yoga. Du fichu yoga pour trouver un remède à tous les maux. Amos est perplexe, tout comme Rhett l’a longtemps été et continue même de l’être. C’est une idée à la con, pour sûr, et elle ne sert qu’à alléger l’atmosphère avant de devoir avoir une discussion d’adultes. « Qui ? » - “Une connaissance d’ABC. Peu importe.” Et si justement il n’ose même pas parler d’elle comme une ‘amie’, c’est parce qu’elle est assez différente et particulière pour croire que Rhett est le genre d’homme à sincèrement vouloir s’essayer au yoga pour trouver une solution à ses problèmes. « Et c’est quoi la prochaine étape ? La méditation de pleine conscience ? » Au moins ça, oui. N’importe quelle connerie du genre pourrait faire l’affaire, et Dieu sait que Rhett pense qu’il existe beaucoup de conneries du genre. Tout ce qui n’est pas tangible est risible, voilà tout. Parfois, il trouve que le monde entier se complique la tâche alors que lui, il trouve des solutions à beaucoup de problèlmes sans même y penser plus de dix secondes. Le reste du temps, il enterre les problèmes. Et apparemment, selon ses proches, ce n’est pas la meilleure chose à faire. « Du Yoga… » Et Rhett de sourire à nouveau, friand du comique de répétition.

« Plus personne à part nous, c’est ça. Et si… si j’ai pas envie de tout perdre justement ? Si j’estime en avoir déjà assez perdu ? » Il parle avec des si mais même Rhett n’a aucun mal à comprendre qu’il est justement arrivé à ce point de non retour, celui où il avoue ne plus supporter le regard de détresse que ses proches lui lancent à chaque fois qu’il recommence à creuser sa propre tombe. “Je sais pas, Amos. J’en suis au même point, mais… le réaliser amène pas de solution miracle pour autant.” Certains diraient qu’ils ont déjà beaucoup avancé puisqu’ils sont justement capable de le réaliser aujourd’hui, ce qui n’était de toute évidence pas le cas il y a quelques mois encore, mais à ses yeux ils ont encore beaucoup trop de chemin à parcourir pour avoir le droit de se réjouir de quoi que ce soit. Au contraire, tout est plus difficile à supporter maintenant, parce qu’ils doivent vivre au quotidien avec un nouveau poids sur les épaules. Il y a ceux qui grandissent avec la pression parentale exigeant d’eux d’atteindre les sommets, et il y a ceux qui, comme eux, dont on n’attend plus rien, et qui là encore trouvent le moyen de se montrer pathétiques. “J’aimerais te dire que tu vas pas tout perdre parce que je sais que tu fais des efforts, mais la vérité c’est que je sais pas s’ils sont suffisants.” Le Destin avance à son allure, et il doute que la diligence de ses efforts soit assez puissante pour l’enrayer. “Pour toi comme pour moi.” Il précise, ne souhaitant pas que son nouvel ami pense qu’il lui jette la pierre dessus. Ils sont deux dans le même marasme, c’est ce qui les rapproche pathétiquement.

« Ce serait tellement long à expliquer que je ne sais pas par où commencer. » Il laisse une seconde de silence s’écouler, pour savoir s’il trouve le courage et l’envie de se lancer dans les explications seul. En réalisant que non, Rhett prend les devants à sa façon. “J’ai beaucoup d’eau pour remplir ton verre.” Et faire passer le temps, peu importe à quel point ses explications seront longues. Après tout, il s’est coupé de beaucoup de ses proches à cause de son attitude, alors Rhett n’a pas beaucoup plus à faire de sa soirée. S’il peut écouter et tenter d’apporter sa pierre à l’édifice, cela le rendrait heureux. « Ma fille est morte, parce que je l’ai laissée partir, parce que je n’a pas sur la protéger. Aujourd’hui, c’est sa petite sœur qui est en danger et j’ai peur… peur de ne pas être à la hauteur. Je n'arriverais plus à tenir bon, Rhett. » Ils ont tout pour se comprendre et ils restent pourtant tellement différents. Le fait qu’Amos évoque sa paternité est un rappel brutal pour Rhett, qui pourtant ne lui tient pas rigueur de ses mots. Il n’aurait aucune raison de le faire ; il se contente de poser des constats, à défaut d’avoir des solutions. Il a déjà entendu parler de Sofia via Chad. Brièvement, très brièvement. Il avait présenté ses condoléances, et le sujet était clos. A l’époque, il ne parlait que à l’oncle, et pas au père. Tout était différent, et il réalise maintenant seulement qu’il porte encore les cicatrices d’une tragédie vieille de plusieurs années (il ne saurait la dater exactement, mais il sait au moins que de l’eau a coulé sous les ponts depuis). “Elle est malade ?” Il demande, soucieux et surtout incapable de comprendre l’étendue du monde qu’est celui d’Amos. “J’ai pas d’enfant, mais je comprends l’idée de vouloir les protéger à tout prix.” Il ressent la même chose pour ses proches, même si cela ne devrait pas vraiment être comparable. Il le comprend d’autant plus alors qu’il sait ce que c’est que de perdre un membre de sa famille. “C’est quand mon frère est mort que j’ai fait une overdose.” Alors oui, il comprend. Il comprend parfaitement ce mal qui ronge l’homme face à lui.

Je te proposerai pas d’aller dans ces trucs d’AA ou je sais pas quoi. Parce que je trouve ça con de parler à des inconnus, et j’ai aucune envie de le faire, honnêtement.” Et il devine qu’Amos non plus, pour des raisons différentes. Il ne veut pas que son histoire s’ébruite, et il veut encore moins que certains puissent s’en servir pour se faire de l’argent et le vendre à un magazine ou un autre. “Mais on peut le faire entre nous. J’sais pas, je suis pas doué de mes mains, mais je suis sûr que je peux écrire “félicitations, ça fait trois mois” sur un bout de papier.” Moins fringant, moins tape à l’oeil, et pourtant c’est la seule idée à laquelle Rhett pense, et la seule aussi qui implique qu’ils ne risquent pas de décevoir plus de gens encore. S’ils n’en parlent qu’entre eux, alors cela aura moins de conséquences si jamais le plan ne fonctionne pas. C’est simplement une idée de lâche, en réalité, et le pire dans tout ça c’est qu’il est le premier à en avoir pleinement conscience.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty
Message(#)(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE EmptySam 4 Mar 2023 - 1:28



FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE
Rhett #1  

@Rhett Hartfield   
Est-ce que j’ai traversé la ville en espérant trouver du réconfort auprès de Rhett ? Me suis-je imaginé qu’il détenait une clé pour ouvrir la porte vers le salut ? Me suis-je figuré qu’il trouverait les mots pour m’empêcher de tomber ? Non ! Aurais-je cru à l’efficacité de la cure de désintoxication que je me serais moi-même inscrit à un programme, imposant par la même mon absence à Rae et à ma fille. Je me frotte à Rhett parce qu’il sait. Il a conscience de l’ampleur de mon combat. Il est en partie semblable au sien. Il ne fait pas semblant de comprendre ô combien il est difficile de ne pas noyer nos emmerdes dans un verre d’alcool ou, le concernant, en les mélangeant à des médocs. Certes, Raelyn non plus, mais quelle aide peut-elle me fournir alors que notre fille est en danger ? Quel soutien suis-je en droit de lui réclamer quand elle compte sur la force de notre couple pour traverser cette épreuve et en ressortir sans séquelle ? Aucun. Je ne peux plus compter que sur moi, moi qui suis exempt de l’opportunité de m’éparpiller. Je suis forcé de me concentrer sur deux soucis à la fois. Alors, oui, j’ai envie de picoler. Je crève d’envie d’offrir à mon cerveau l’illusion que tout va bien le temps d’une ribote, histoire d’oublier mes responsabilités temporairement. Elles sont tellement lourdes à porter par temps d’abstinence. Elles sont si pesantes que j’ai parfois peur de mourir écraser. «Alors trinquons à l’eau, à notre ignorance.» ai-je tranché, levant mon verre et son contenu insipide et rehaussant mes lèvres d’un sourire amer. J’en crache des zestes en soupirant puisqu'il a raison : il ne peut rien me promettre, Rhett. Je ne peux que lui emprunter son oreille attentive jusqu’à ce que je lui prête la mienne par juste retour des choses. Bien sûr, j’hésite à me lancer, faute aux secrets liés à ma situation, et parce que je n’ai jamais été doué pour rassembler les pièces du puzzle que sont mes émotions et n’est-ce pas ce dont il est question ? Il s’agit moins de raconter mon histoire que d’en rapporter les conséquences. «Alors, tu peux apporter la bouteille… Et, en parlant de ça, j'en ai trouvé d’autres dans ma cave. Je les avais planqués, je ne m’en souvenais même pas.» Inutile de préciser l’effet de cette découverte sur mes nerfs. «Je descendais parce que ma gosse a marché, pour la première fois, je voulais la protéger des coins de table et le reste. Sauf que…» Je me suis redressé dans le fauteuil, preuve du malaise qu’implique l’anomalie de mon existence : Lou Aberline. «Sauf que j’ai pas pu faire ça. Je suis remonté la queue entre les jambes. Et, là, je dois me démener parce que…» Comment expliquer qu’une épée de Damoclès pend au-dessus du crâne que ma gosse sans révéler une vérité ineffable ? Qui m’en voudra si j’invente une excuse qui tient la route ? Un truc sur lequel j’ai plus ou moins prise ? Moi, sans doute. Que nous vaudra cette amitié si je la jalonne de mensonges ? Le non-dit étant préférable, j’opte donc pour l’authenticité : « Elle n’est pas malade. Contre ça, je pourrais rien faire et ça fait longtemps que j’aurais craqué. Là, son avenir peut dépendre de moi … c’est ce qui complique absolument tout. Alors que j’aurais voulu que ça soit une motivation supplémentaire. Elle devrait l'être, non ?» Mal placé pour me juger, je puise dans cet aveu un énorme bol de soulagement. Je suis délesté d’un poids et, déjà, je respire mieux. «Je radote, non ? Je crois que je deviens un vieux con.» Je fais mine de m’en amuser, mais mes yeux sont déconnectés de mes grimaces affadies. Dès lors, je l’entends, la confidence. J’intègre à quel point Hartfield et moi sommes victimes des mêmes réflexes. Je saisis aussi que, finalement, j’ai autant à lui apporter que le contraire. Son sac semble aussi plein que le mien et qui pour prétendre que le vider ne fait pas un bien fou ? « Moi aussi je peux le faire, peut-être même mieux que ces putains d’animateurs. J’ai essayé. J’ai déchanté. Je me suis barré. N’essaie pas. » Les rassemblements destinés à soulager notre conscience, je n’y crois pas. Je ne considère pas comme salutaire de s’épancher devant un public qui compare et dans certaines occasions, s’il comprend des “moins atteints”, que ces derniers répandent autour de moi leur pitié. «Il est mort de quoi ? » Pas d’euphémisme entre nous. Il a été clair, je ne m’encombre pas de paires de gants. «Il était jeune ? » Ou, pour être exact : l’étais-tu ? «Tu en es là ? Trois mois sans conneries ? A quoi bon faire du yoga dans ce cas. Va pour nos réunions AA, les nôtres. » Cette fois, tandis que je réalise que j’ai largement dépassé mon compteur de mots, je ne me demande pas si ce sera efficace, je tente de m’en convaincre. Qu’importe que le huis-clos n’anoblisse pas l’idée de cette notion de courage qui implique dans le partage en assemblée… je m’en cogne. J’y trouve avantage et, d’un geste évocateur, j’invite à Rhett d’ouvrir le bal : je suis tout ouïe.


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty
Message(#)(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE EmptyLun 6 Mar 2023 - 12:56

« Alors, tu peux apporter la bouteille… Et, en parlant de ça, j'en ai trouvé d’autres dans ma cave. Je les avais planqués, je ne m’en souvenais même pas. » Rhett grimace, et il ne se rend compte qu’ensuite que ce n’est sans doute pas la meilleure attitude à avoir, raison pour laquelle il tente de faire passer son réflexe pour une simple contraction musculaire - c’est pitoyable, en somme. “T’en as fait quoi ?” Il est persuadé qu’il ne sert à rien de se focaliser sur leurs erreurs du passé, à commencer parce qu’elles se sont déjà produites et qu’ils ne pourraient rien y faire pour y changer quoi que ce soit. Au contraire, Rhett tente plutôt de se concentrer sur l’avenir et les lendemains, le genre d’idées à la con supposer leur donner de l’espoir autant que des raisons de se battre. Si ce n’est pour eux alors au moins pour ceux qu’ils aiment, et à ce niveau-là Amos n’est pas en manque de quoi que ce soit. « Je descendais parce que ma gosse a marché, pour la première fois, je voulais la protéger des coins de table et le reste. Sauf que…» Sauf qu’il ne s’attendait pas à trouver les bouteilles, de toute évidence, et que Rhett anticipe déjà qu’il n’a pas demandé à sa compagne de vider le lieu pour lui. Il ne le connaît pas autant qu’il le voudrait, mais il pense tout de même pouvoir le comprendre en partant de ses propres sentiments et de ce qu’il aurait lui-même fait à sa place, si les choses avaient été à peine différentes. « Sauf que j’ai pas pu faire ça. Je suis remonté la queue entre les jambes. Et, là, je dois me démener parce que…» Ses mots s’emballent, son souffle s’échappe, et Rhett tente de canaliser la situation. “Elle a quel âge, ta petite ?” Il questionne, ayant tout à apprendre à son sujet, à commencer par l’âge auquel ces petites choses commencent à marcher (ce n’est qu’une information qui est apprise par les parents, et autant dire qu’il n’a jamais eu à s’en faire à ce niveau-là). La petite, c’est l’espoir auquel il pourra toujours se raccrocher autant que la nécessité de toujours faire au mieux, malgré les difficultés. Il pourrait aussi citer Raelyn mais, bien malgré lui, il pense surtout que les relations amoureuses ne sont pas toutes vouées à perdurer pour l’éternité. Rhett lui souhaite pourtant, mais il ne veut pas risquer de pousser Amos à se reposer sur cette certitude, par crainte de le voir chuter toujours plus bas encore.

Lorsque l’ancien sportif lui demande avec un certain souci si la santé de Micah est en jeu, Amos lui apporte une réponse négative, sans pour autant qu’elle retire tout questionnement de l’esprit de Rhett. Au contraire, il se retrouve avec plus de questions que jamais, incapable de comprendre tout ce qui se joue dans sa propre ville et surtout dans la vie d’Amos, qu’il ose aujourd’hui considérer comme un ami. « Je radote, non ? Je crois que je deviens un vieux con. » Il en tire un sourire qui est parfaitement forcé, mais qui a au moins le mérite de pousser Rhett à faire des efforts à son tour pour tenter d’alléger la conversation. “Me laisse pas te traiter de vieux alors qu’on a trop peu de différence d’âge.” Et c’est désormais autour de Rhett de s’en amuser à moitié seulement de la discussion. Pour ce qui est du con, s’ils ont aujourd’hui cette discussion, c’est parce qu’ils l’ont assez été avec tout leur entourage, au point où ils n’arrivent à rien et les ont placé ensemble dans l’espoir que deux négatifs arrivent à faire un positif. Ou un semblant de. « Moi aussi je peux le faire, peut-être même mieux que ces putains d’animateurs. J’ai essayé. J’ai déchanté. Je me suis barré. N’essaie pas. » Amos a testé les AA pour lui ; Rhett a testé la cure. Et tous deux en viennent à la même conclusion: c’est de la merde. Pour des gens comme eux, du moins, c’est de la merde. Ils ne rentrent pas assez dans le moule pour qu’ils arrivent à quelque chose.

A son tour, et parce qu’il sait qu’il n’y a rien qu’il mérite de cacher à Amos, il évoque la mort de son frère et surtout le lien de cause à effet entre cette dernière et son overdose. Un lien qu’il a toujours réfuté, qualifiant d’ailleurs son overdose de purement accidentelle. Dans son livre, il avoue enfin avoir menti, et s’être menti à lui-même. « Il est mort de quoi ? » - “Accident de la route.” Personne ne s’y attendait. Tout allait bien, et un jour parfaitement hasardeux, leur vie a basculé après un simple appel qui a engendré une réaction boule de neige. « Il était jeune ? » Plus dans sa fougue de la jeunesse, c’est certain, mais encore bien trop jeune pour qu’on puisse dire il a eu une belle vie. Elle n’a pas été assez longue. “Il avait l’âge que j’ai aujourd’hui.Quarante ans, est-ce que c’est si difficile à avouer que ça, Rhett ? “Il a une fille.” Il a laissé une fille derrière, et là où il est en ce moment, c’est sûrement ce qui lui pèse le plus sur le cœur. La précision n’a pas de rapport avec leur discussion, encore moins l’état de Rhett, mais il ressent néanmoins le besoin de lui dire, ne serait-ce pour souligner une fois de plus tout ce que Jackson avait déjà accompli à quarante ans, là où Rhett n’a rien de tangible dans sa vie. « Tu en es là ? Trois mois sans conneries ? A quoi bon faire du yoga dans ce cas. Va pour nos réunions AA, les nôtres. » Il l’invite à parler et au spectacle de commencer, le tout dans un seul geste qui ne laisse pas de place à de multiples interprétations. Rhett souffle une fois de plus, comme si l’air frais qu’il allait amener jusqu’à ses poumons pourrait avoir quoi que ce soit de magique. “J’ai pas vraiment arrêté.” Il avoue, après un regard dérobé en sa direction, celui-là même qui dit tu le dis à personne, hein ?. Il aime ce mensonge, et il aime surtout que ses proches pensent qu’il va mieux et qu’il remonte la pente. Il ne veut pas les décevoir. “Pendant quatre semaines, ouais.” En Suisse, il n’avait personne pour le fournir, alors il s’est plié à l’exercice. “Mais la première personne vers qui je me suis tourné en revenant, c’était pas mon frère ou mon meilleur ami.” Il avait au moins retrouvé Evelyn avant de rentrer à Brisbane, faisant d’elle une belle exception, même si leur discussion a pris des allures de dispute. “Il aurait pu être un flic sous couverture, je sais rien de lui. Mais il avait les capacités de me fournir, et ça a suffit à me faire foncer tête baissée.” Alors, il a demandé à Mickey de lui trouver ce dont il a besoin, contre un argent qui commence peu à peu à manquer chez le Hartfield. “Je déconnais pas comme ça quand je venais aux fêtes d’anniversaire de Chad, pour ce que ça vaut.” L’ancien sportif rétorque avec un sourire en coin, toujours soucieux de balancer une connerie ou une autre pour étouffer ses propres confessions. Avant, il jure qu’il était un bon gamin, un bon ado, un bon jeune adulte. Un bon adulte, aussi, le temps que ça a duré. “T’as commencé quand ?” Quand, comment, où. Ça n’aidera peut-être pas à trouver la solution à toutes choses, mais cela pourrait aider à expliquer. A comprendre, malgré tout.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty
Message(#)(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE EmptyMer 8 Mar 2023 - 23:39



FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE
Rhett #1  

@Rhett Hartfield   
Au moins ne s’est-il pas esclaffé devant mon aveu. Je l’aurais davantage mal vécu que sa grimace. Elle n’est pas insultante. Elle ne détient pas la substance capable de me vexer. Je ne crains pas le jugement de Rhett, je ne redoute que le mien et, a fortiori, il n’est d’horreurs et de noms d’oiseaux dont je ne me suis pas affublés après cette expérience dans ma propre cave. «Je les ai laissés là. Je ne suis pas redescendu. Il n’y a donc rien pour protéger ma gosse des coins de table.» ai-je relevé, le ton plus léger, néanmoins conscient que tout ou tard, je devrai agir. A quand remonte-t-elle cette découverte ? Des semaines ? Peut-être des mois. Ma lâcheté face à l’alcool est sans égal. L’addiction m’effraie et m’empêche d’agir. Je la subis et, sans le secours de Raelyn, nul doute que j’aurais déjà craqué, replongé tête la première. C’est en elles que j’ai trouvé la force de ne pas flancher, mais ma famille me suffira-t-elle ? « Un peu plus d’un an.» Je refuse qu’elle soit ma raison de me battre et, pour cause, ce n’est pas son rôle de porter avec moi mon fardeau. Mes erreurs, ma réparation. Au contraire, elle finirait peut-être par tomber malade ma gosse. Je n’aurais alors plus le loisir d’affirmer, la joie au coeur, que Micah est en parfaite santé. «Et toi ? Comment ça se fait que tu n’as pas de gosse ? C’est un choix ? » Est-ce que ça dépend plutôt de son mode de vie ? De son job ? Du reste, l’écart entre nos âges est-il un critère pour justifier de qui, ou non, est pendable d’être un imbécile ? Mon rire se mêle à celui de mon interlocuteur et Dieu que ça fait du bien. Cet instant de légèreté au milieu de cette conversation dont le ton est de plus en grave malgré nous, il adoucit ma déception d’être réduit à ne boire que de l’eau. Il n'existe de boissons plus ennuyeuses que celle-là, mais qu’à cela ne tienne, la compagnie est au minimum agréable. Être entendu et compris par un représentant de son genre est appréciable quoique ma pudeur me tance de la négliger au profit de ce moment de confidences. Si elle ne me tire pas vers la sortie, c’est grâce au caractère réciproque de notre conversation. Je réponds à des questions sans craindre de prodiguer des conseils à propos des AA ou des assemblées du même type qui ne diffèrent que par leur nom et sans redouter d’en poser à mon tour. «C’est jeune…et brutal aussi.» Bien plus que le décès de Sofia que j’aurais pu préméditer si, d’aventures, j'avais été à ses côtés, si je ne l’avais pas autorisée à voler de ses propres ailes pour rejoindre Brisbane. Évidemment, c’était légitime, mais je me rappelle encore de la douleur au moment où de la tragique annonce. Aussi n’ai-je aucun mal à imaginer le chagrin qui fut sien au cours de sa propre expérience du deuil. «Difficile de s’en remettre dans ce genre de cas.» Je ne compare pas avec celui qui perd un proche des suites d’un long combat contre la maladie. Je ne remettrais pas en cause leurs maux. Sauf que j’ai eu besoin d’une excuse pour justifier de ma dépression et j’ai invoqué la surprise et le choc. «Elle a quel âge aujourd’hui ? » ” t’en occupes-tu, Rhett ? Et, confronté à l’orpheline, t’arrive-t-il de d’interroger sur ce que tu as fait de ta propre vie ? Est-elle un moteur à ta sobriété ? Un trimestre, voire un peu plus, c’est énorme et nous pourrions nous en féliciter ensemble. Malheureusement, la vérité n’est pas aussi glorieuse. Invité à s’épancher dans le cadre de nos réunions privées, Rhett admet que sa famille n’aura pas justifié qu’il poursuive ses efforts. « Presque aussi facile que de trouver de l’alcool, hein.»Dans les faits, c’est en vente libre et, par conséquent, facile à obtenir. Ceci étant, à l’homme qui veut, à celui qui est déterminé à se foutre en l’air, la justice est un rempart. «Tu as pensé quoi, après ?» Quel regard s’est-il jeté lorsqu’il s’est croisé dans un miroir ? «Quant à Chad, toi, tu y étais, pas moi… On n’a pas toujours été en très bon termes lui et moi.» Après la mort de Sofia, toutes mes relations se sont compliquées. « Je crois que j’ai commencé à boire régulièrement après mon accident à l’armée, mais ce n’était pas inquiétant.» Du moins, d’aucuns ne s’en sont alarmés. « Elle a fait une overdose. Ici. A Brisbane. C’est à ce moment-là que ça a dégénéré. Les circonstances, l’enquête qui piétinait, l’impression d’avoir tout raté. C’était trop pour moi. Il fallait que j’oublie. » J’ai haussé les épaules, lui jetant une oeillade qui traduit d’un souhait : «A ce titre, je suppose que c’est le moment où je devrais te dire de tout lâcher, de ne pas retourner voir ce type.» Mais que vaut-elle, cette remarque ? «Au lieu de ça, je suppose que je peux juste te dire de faire attention à toi. C’était quoi tes raisons ? La fête ? La pression du boulot ?»          


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty
Message(#)(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE EmptyDim 12 Mar 2023 - 10:45

« Un peu plus d’un an.» - “Je te remercie de ne pas compter en mois.” Il le dit dans un sourire, le genre de sourire qu’il arbore aussi quand les parents osent dire que leur enfant a 30 mois ou 17, comme si cela faisait du sens aux yeux de n’importe qui d’autre, comme si Rhett en avait quelque chose à faire que l’enfant ait un an plus deux ou trois mois. Un peu plus d’un an, voilà qui lui convient très bien, et voilà qui lui suffit pour qu’il se fasse une image de la situation. L’instant d’après, il se concentre à nouveau sur leur discussion, bien moins réjouissante que l’évocation seule de sa fille - peut-être qu’il ne déteste plus tant que ça les enfants, maintenant que Jenna lui a annoncé qu’elle en aurait bientôt un à elle. « Et toi ? Comment ça se fait que tu n’as pas de gosse ? C’est un choix ? » Evelyn aurait sans doute eu un rire jaune, elle qui pourtant sait apparaître parfaite en toutes situations. Rhett, à la place, se contente de hocher la tête pour ne pas laisser apparaître un faux suspens. “J’en ai jamais voulu, et les femmes avec qui j’ai été non plus. Et le temps a passé.” Maintenant, il juge ne plus avoir l’âge d’envisager la question, quand bien même il sait qu’Amos a eu sa dernière fille en étant plus âgé que lui. Peu importe. Il l’a dit à Evelyn et il pourrait le lui répéter: il n’a aucune envie de paternité.

Ils s’accordent un instant d’insouciance, pour mieux replonger dans les souvenirs difficiles inhérents à leur discussion. « C’est jeune…et brutal aussi. Difficile de s’en remettre dans ce genre de cas. » C’est brutal, autant que c’est profondément injuste. Mais Rhett parle à quelqu’un qui est déjà convaincu, il le sait et il lui épargne donc l’éternel même discours éploré. Jackson ne méritait pas que son histoire connaisse une telle fin. De toute évidence, il ne s’en est jamais véritablement remis ; mais tout le monde part du principe que les adultes se remettent du deuil après quelques semaines tout au plus, alors il a joué le jeu. Il ne sait pas mentir, mais il sait mimer. « Elle a quel âge aujourd’hui ? » - “Elle a vingt quatre ans.” Il croit. A peu près. Margot a vingt ans et quelque, elle est une jeune adulte, elle a entamé de longues études, elle fait du sport. Et c’est à peu près tout ce qu’il sait à son sujet, parce qu’il ne parle pas vraiment à Margot, au contraire du Ruben et Ethel. Alors il hausse les épaules, il refuse d’accepter ses défauts en face et il se contente de répondre à la question, comme si Amos cherchait simplement à connaître son âge, sans aucune arrière pensée. A d’autres.

Après une énième inspiration qu’il ne compte plus, l’ancien sportif avoue enfin qu’il n’a pas vraiment arrêté de se droguer. Il mentira à tous ses amis, mais il estime qu’il ne peut pas faire un tel affront à Amos alors qu’il est le seul auprès de qui il peut espérer voir les choses s’arranger. « Tu as pensé quoi, après ? » - “T’arrives vraiment à penser, toi, après ? A faire une introspection ?” Une question ne devrait pas en valoir une autre, c’est une attitude lâche, et pourtant c’est la seule à laquelle Rhett pense, incapable de penser qu’il est le seul à ne justement plus vouloir penser dès qu’il touche enfin sa précieuse Oxycodone. Il sait que ce qu’il fait est mal, il sait qu’il court à sa perte, mais le besoin d’en prendre est toujours plus fort que tout le reste. Mais après coup, il ne veut jamais y penser, parce qu’il a honte, parce qu’il est en colère. « Quant à Chad, toi, tu y étais, pas moi… On n’a pas toujours été en très bon termes lui et moi.» Il sait oui. Du moins il s’en doute. Le prénom d’Amos ne faisait pas souvent partie du vocabulaire de son ami, et il agit à son tour d’une façon semblable avec son propre frère. Les relations fraternelles sont souvent bien plus compliquées qu’on ne le pense. « Je crois que j’ai commencé à boire régulièrement après mon accident à l’armée, mais ce n’était pas inquiétant. » Il savait pour l’armée, ignorait pour l’accident. Et pour une fois, Rhett refuse de se contenter des zones d’ombres, parce qu’il a besoin d’un tableau complet pour le comprendre et l’aider à son tour. Il ne peut pas se permettre d’être égoïste, pas alors qu’il a une enfant d’un an et quelques qui a besoin de son père. “Il s’est passé quoi ?” Mais déjà, il enchaîne comme s’il ressentait à son tour le besoin d’expier son histoire. « Elle a fait une overdose. Ici. A Brisbane. C’est à ce moment-là que ça a dégénéré. Les circonstances, l’enquête qui piétinait, l’impression d’avoir tout raté. C’était trop pour moi. Il fallait que j’oublie. » Cette histoire, il la connaît brièvement, mais il existe une différence immense entre l’entendre d’un proche et l’entendre du père même. Amos n’a pas besoin de spécifier le elle dont il est question, et cela n’empêche en rien la gorge de Rhett de se nouer à son tour, lui qui pourtant n’est jamais le premier à s’émouvoir des aspects de la vie et souvent de la mort. Cette fois-ci, les choses sont différentes et l’existence même d’une enquête jette un voile nouveau et injuste sur cette histoire. Rhett a connu des morts dans sa vie, des accidents, des maladies difficiles, des injustices soudaines. Mais jamais rien d’inconnu, rien de suspect, rien de flou. Et il ne peut qu’imaginer à quel point cela rend le deuil infiniment plus difficile encore. “Ça aurait été difficile pour n’importe qui.” Et à sa place, Rhett aurait donc sûrement eu recours au détonant cocktail d’alcool et d’antidouleurs. “Les parents devraient pas connaître la mort de leur enfant… et certainement pas de cette façon.” Il statue des vérités évidentes et il remue sûrement le couteau dans la plaie, à ainsi réfléchir à voix haute.

« A ce titre, je suppose que c’est le moment où je devrais te dire de tout lâcher, de ne pas retourner voir ce type. »
Passe toi en.

Parce qu’il retournera voir Mickey. Il a son numéro dans son téléphone, une quantité et un prix de convenus, une date de donnée. Tout est déjà prévu, et ce n’est pas une seule discussion qui saurait renverser la balance, même si Rhett jure y mettre tout son coeur et toute sa putain de volonté. « Au lieu de ça, je suppose que je peux juste te dire de faire attention à toi. C’était quoi tes raisons ? La fête ? La pression du boulot ? » Non, rien de tout ça. “Un accident. Les médocs faisaient partie du package de miraculé, au début. J’ai juste jamais arrêté ensuite.” Ils lui ont dit qu’ils allaient lui prescrire des cachets infiniment puissants et ils lui ont dit, aussi, qu’ils étaient hautement addictifs. Il a hoché la tête, se pensant toujours roi du monde avec ses jambes en morceaux. Et le voilà donc, des années plus tard. “J’avais déjà plus de trente ans et toujours un peu plus de mal à faire signer mon contrat chaque année. Les sportifs sont pas faits pour faire long feu, et je crois… Je crois que j’étais incapable d’accepter l’idée de laisser ma place.” L’accident en était un, personne n’a jamais posé de question. Mais Rhett, au fond de lui, il doute chaque jour du fait que ce soit la voiture qui soit arrivée sur son chemin, ou lui sur celui de cette dernière. Il n’aurait jamais accepté qu’on le fasse descendre de son piédestal, et peut-être que cette solution était plus simple. Ses doigts roulent nerveusement entre eux, faisant craquer ses articulations au passage, jusqu’à ce qu’il ne le puisse plus. “Je peux pas promettre que ça aura une happy ending, ce qu’on fait là. J’veux y croire, vraiment, mais…” Mais ça fait des années qu’ils en sont au même point, l’un comme l’autre, avec seulement des variations allant de mal à pire. Alors il ne veut pas qu’il tienne trop d’espoirs, à aucun niveau, ne voulant accepter l’idée d’être une déception plus seulement pour sa famille mais aussi pour ses amis - grade qu’Amos vient naturellement d’obtenir.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty
Message(#)(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE EmptyVen 31 Mar 2023 - 18:22



FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE
Rhett #1  

@Rhett Hartfield   
Parler de Micah est toujours source de bonheur. Mes sourires s’étirent à l’envi, même dans les moments les plus difficiles… sans doute est-ce plus flagrant encore puisque ma gamine me manque et que son absence ressuscite des peurs anciennes. Or, l’espace d’un instant, pour une remarque anodine condamnant coupable de bêtise les parents refusant d’accepter que les années pèsent aussi sur les épaules de leur enfant, je ricane franchement. Certes, je n’ai pas le coeur à rire à gorge déployée, mais l’émotion exprimée est sincère. Elle l’est autant que mes réponses, mes questions et la promesse qui, désormais, me lie à Rhett. Elle consiste à nous entendre, à nous écouter, à servir de réceptacle aux sentiments de l'autre, à nous confier les causes de notre maladie, les difficultés de notre combat, nos victoires et aussi nos échecs. N’était-ce pas les raisons de ma venue ? N’ai-je eu envie de m’épancher auprès de quelqu’un d’autre que mon épouse d’une furieuse envie de whisky ? Que nous conversions autour de la paternité semble une distraction plus que correcte. Elle est intéressante : au plus j’en apprends pour celui qui tiendra tantôt le rôle de filleul tantôt celui de parrain, au mieux je serai apte à le soutenir ou à m’appuyer sur son épaule. «Et maintenant ? » Regrette-t-il son choix ? «Et, ta copine…» Celle dont on n’entend parler quelques fois dans la presse. «Elle est d’accord avec ça ? » Je retiens de justesse un : “il n’est pas trop tard” parce que ça ne me regarde pas, parce que la remarque manquerait aussi de sincérité. Parmi toutes les angoisses qui ont enflé dans mon estomac à l’annonce de la grossesse de Raelyn, l’idée d’être trop vieux pour porter cette casquette a contribué à me tétaniser et, quoiqu’elle m’aille à merveilles, je n’oublie pas que les conseilleurs sont rarement les payeurs. En a-t-il côtoyé beaucoup après l’accident de son frère ? A-t-il été agacé par des croquants bien pensants tout prêts à lui dicter sa conduite ? S’est-il senti assommé par le deuil et, par conséquent, l’a certainement compliqué ? A-t-on attendu de lui qu’il s’occupe de sa nièce ? En a–t-il été seulement capable ? Je sonde son regard et je doute. J’interroge avec la sensation vague qu’il ne sait pas grand-chose sur cette jeune adulte. «Tu la connais à peine, pas vrai ? Pourquoi ?» Est-ce parce qu’elle lui rappelle son défunt frère ? Pour ma part, je suis persuadé que toutes ces épreuves nous construisent. Elles nous renforcent ou nous fragilisent. Elles peuvent expliquer qu’effectivement, lorsque nous craquons, nous ne sommes plus tout à fait bons à penser. «Disons que je m’en veux avant, je m’en veux pendant et je me déteste après. Puis, je fais semblant d’oublier pour pas me laisser submerger et recommencer pour que ma tête ferme sa gueule.» ai-je chuchoté, la tête baissée sur le verre d’eau que j’imagine rempli d’une substance plus forte, une qui me ferait oublier que Rhett et moi remuons la merde avec un bâton. La preuve ? Il sera bientôt question du premier drame de mon existence, celui qui m’a coûté ma carrière et, avant d’ouvrir la bouche, je pousse un long soupir, un soupir évocateur que je n’ai jamais guéri de cet épisode désastreux de mon existence, le point de départ à l’érosion de mon estime de moi. «J’étais démineur-plongeur. Une mission a mal tourné. Ils étaient sous ma responsabilité. Très peu ont survécu.» Deux d’entre nous, seulement. « La peur, la souffrance, l’explosion. ça m’a poursuivi longtemps.» Les images me reviennent encore, à l’occasion, dans mes cauchemars les plus sombres. Je me réveille alors en nage et en quête de la chaleur de Rae contre le mien. «J’ai été arrêté, on m’a jamais ré-engagé. J’ai été décoré récemment. J’ai cru que ça m’aiderait à faire ce deuil-là…» A défaut d’être apte à me soigner de celui de Sofia. «Ce n’a pas tout à fait été le cas, mais ça va mieux. Parfois, je me demande même si ce n’est pas juste une excuse de plus.» Si s’enivrer est un échec, il doit être justifié et, sur l’instant, tous les prétextes sont bons. «Sofia, par contre.» Je livre les détails sans jouer les pudiques : ce ne sont pas les termes de notre marché.

Au plus s'appesantit l’atmosphère, au plus je me sens délesté du poids du secret. Depuis combien de temps n’ai-je plus parlé le coeur mis à nu ? Mis à part Olivia, d’antan, et mon épouse plus que n’importe qui d’autre aujourd’hui, qui pourrait prétendre me bercer de l’impression d’être compris ? Ils sont rares. Mes frères ne sont informés qu’en partie de mes blessures. Pourtant, derrière le soulagement persiste un soupçon de chagrin que ma fierté dissimule derrière un haussement d’épaules fataliste. «Comme on ne devrait pas avoir à perdre un frère. Et toi ? C’était quoi ton accident ? » me suis-je enquis, bluffé par la similitude de notre histoire. Les différences ? Elles m’importent peu. On se moque de savoir si le milieu des sportifs ou celui des militaires relèvent de l’institutionnel ou non : les codes sont ressemblants. Quant à la douleur de la perte d’un être proche, elle n’est pas quantifiable et, donc, incomparable. En revanche, des circonstances se rapprochent et, parfois, les analogies sautent alors aux yeux. Attentif, je bois ses mots avec plus d’entrain que je n’avale quelques gorgées d’eau minéral. « Et le job de coach ne te tentait pas, je présume. Moins d’exposition ? » A la lumière des projecteurs, on s’entend. «Tu sais. Même s’il n’y en a pas… et je vais d’ailleurs gommer le mais de ta phrase.» Si la rédemption nous est interdite et si nous finissons par crever d’un coup de pieu enfoncé par nos démons en plein milieu de nos coeurs, j’ai comme lui besoin d’y croire. «Je me sens déjà plus léger. J’ai oublié que je suis obsédé par autre chose que par ma santé, ma gosse ou ma femme. Elle avait des problèmes d’addiction. Elle s’en est tirée. Elle dit que c’est grâce à moi. J’en doute tellement…. Qui te fournit ? En médocs ? » Je n’ai pas besoin d’une identité précise. En réalité, la véritable indiscrétion relève plus du lieu que du nom de son dealer… Jusqu’où est-il prêt à se rendre pour nourrir son assuétude ? Et moi ? Pourrais-je disparaître pour picoler et décuver aussi longtemps que durera le processus ?
         


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty
Message(#)(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE EmptyDim 2 Avr 2023 - 11:19

« Et maintenant ? » Maintenant il a l’impression d’être un enfant lui-même, attiré par l’idée d’avoir une progéniture uniquement parce qu’il voit tout le monde dans son entourage devenir parent. Il n’a jamais été mauvais avec les enfants, à l’exception de Margot, et il se dit que peut-être il ferait un bon père, surtout s’il accède à cette paternité auprès d’Evelyn qui, de toute évidence, ferait par contre une excellente mère. Mais le moment est plus mal choisi que jamais pour aborder le sujet avec elle, et il sait qu’il doit se soigner avant toutes choses. “J’avais pas mal consommé quand on a eu une discussion à ce sujet, avec ma petite-amie. Et par “discussion”, je veux dire que ça a tourné en dispute et qu’elle a toutes les raisons du monde de m’en vouloir.” Il essaie encore d’essuyer les dégâts causés par son erreur, alors il refuse de remuer le couteau dans la plaie, au moins assuré d’une chose: il ne pourra jamais s’occuper d’un bambin s’il ne parvient même pas à se gérer lui-même de façon convenable. « Et, ta copine… Elle est d’accord avec ça ? » Parlent-ils officiellement ou officieusement ? “Elle m’a dit ne pas en vouloir non plus. Mais vu le contexte, je sais pas si elle le pensait vraiment.” Il n’a pas envie de le croire, du moins. “On se connait depuis un an et demi. Ça devrait pas être une discussion nécessaire.” D’un autre côté, pourtant, le temps file et n’ont pas dix ans pour en parler, parce qu’il sera très rapidement trop tard, et ce peu importe leur choix final. “C’était pas le sujet. Je m’égare.” Il prend Amos pour un ami qui ne juge pas et se contente de poser des questions bienvenues (autrement dit, un psy) et il s’en rend enfin compte, raison pour laquelle il promet de se tenir un peu mieux et pour en revenir au sujet initial, aussi douloureux puisse-t-il être. Il a des questions, lui aussi, tout comme il sait qu’il a du temps pour les lui poser, certain qu’ils n’arriveront pas à trouver une solution à leur problème commun en un simple claquement de doigts.

Pourtant, d’un sujet difficile à un autre, leurs mots finissent par s’égarer un instant de plus sur Margot et la (non) relation qu’elle entretient avec son oncle. « Tu la connais à peine, pas vrai ? Pourquoi ? » - “Elle est née quand j’étais déjà parti à Brisbane.” Tous deux issus de la même bourgade aux allures désertes, Amos sait qu’il n’est pas né dans la ville dans laquelle ils évoluent tous aujourd’hui. “Les premières années, j’étais encore un ado un peu con qui pensait avoir le temps. Et après, tout s’est accéléré dans ma carrière.” Les Queensland Reds, les Saracens, Londres. Loin, très loin d’une gamine qui n’a grandi qu’en entendant parler de lui, à défaut de le voir réellement. Il a toujours été absent, à toutes les étapes de sa vie, et Ruben a toujours répondu présent à la place. Maintenant, il n’oserait pas lui reprocher qu’ils ne s’entendent pas beaucoup et se parlent tout aussi peu, parce que ce n’est que la suite logique des choses, bien que terriblement frustrante. Il y a peut-être de ça, aussi, finalement: un besoin de faire les choses bien, pour une fois dans sa vie au moins. « Disons que je m’en veux avant, je m’en veux pendant et je me déteste après. Puis, je fais semblant d’oublier pour pas me laisser submerger et recommencer pour que ma tête ferme sa gueule. » La balle revient dans son camp, Rhett trouve le silence et les yeux du Taylor. Il hoche la tête dans le vide, ne pouvant que tomber d’accord avec une telle attitude qu’ils sont pourtant les deux premiers à détester. Ce n’est que de cette façon qu’ils arrivent à respirer de temps à autre, avant de plonger de nouveau la tête sous l’eau. “Et si tu dis ça à quelqu’un d’autre, tu passerais pour un fou.” La remarque n’est pas pour Amos ; n’importe qui en penserait de même si Rhett racontait l’histoire, ou si n’importe qui d’autre le faisait. La réalité, c’est que personne ne veut entendre parler de ce genre de choses et de ce genre de problèmes, encore moins avec les détails crus de la vérité.

« J’étais démineur-plongeur. [...] » Il ne connaît rien de la vie d’Amos, et il ne s’en rend compte qu’au fur et à mesure de ses explications. Il n’était pas le Taylor dont il était ami, après tout, et jamais Chad n’aurait pu à ce point se livrer au sujet de son frère. Pour autant, c’est grâce à lui qu’ils se parlent et se comprennent, aujourd’hui, malgré la diversité de leurs expériences. Au fond, un traumatisme reste un traumatisme et une addiction une addiction. “Tu pourras porter ta décoration quand ta petite sa mariera.” Il voit ça comme dans les films, une petite épingle de couleur portée contre le veston. Le genre qui donne bonne allure, le genre qui dit “merci quand même”. Le genre qui ne dit pas qu’on l’a envoyé au casse-pipe et qu’on lui a ensuite reproché d’être humain. “Tu faisais un métier que 99.9% des gens n’auraient jamais osé imaginer. Pense à toutes les vies que vous avez sauvé, toi et ton équipe.” Il ne dira pas qu’elles dépassent celles qui ont péri, parce qu’une vie n’en vaut pas une autre, mais il tente au moins de lui faire comprendre que les hommes en question savaient à quels risques ils s’exposaient. “T’as des couilles.” Il en subit les conséquences aujourd’hui, mais ça n’enlève rien à tout ce qu’il a pu accomplir durant ses années de service. “C’était y’a combien de temps ?” La douleur ne s’effacera jamais complètement, et les traumatismes non plus, ils le savent tous deux.

Ils ont des histoires parfaitement différentes et pourtant Rhett veut croire qu’ils arriveront à se comprendre. Il veut d’autant plus le croire parce qu’il n’a personne d’autre sur qui se reposer, personne à qui il n’a pas peur de se confier. « Comme on ne devrait pas avoir à perdre un frère. Et toi ? C’était quoi ton accident ? » Il déglutit, comme pris de court par une question qui devait nécessairement arriver. “Accident. Voiture.” Il répond par deux mots, deux simples mots supposés résumer toute une situation. La vérité, c’est qu’il n’est pas prêt à aller plus au-delà dans les détails, tout comme il est surtout incapable d’avouer à voix haute qu’il a bien plus avancé sous les roues de cette voiture plutôt que le contraire. “On en reparlera. Faut garder un peu de suspens.” Il en sourit, comme s’il lui faisait une faveur que de laisser planer un peu de mystère planer autour de sa vie, pour avoir une raison pour qu’ils se retrouvent à l’avenir, sans que cela soit à cause d’une urgence ou d’une autre. « Et le job de coach ne te tentait pas, je présume. Moins d’exposition ? » Moins d’exposition, moins grisant. Moins beaucoup. Il voulait être au cœur de l’action, pas le stratège dont personne ne se souvient du nom de toute façon. “C’était même pas une idée envisageable, en réalité.” Il se pensait encore dans la fleur de l’âge, capable de toutes choses.

« Tu sais. Même s’il n’y en a pas… et je vais d’ailleurs gommer le mais de ta phrase. Je me sens déjà plus léger. J’ai oublié que je suis obsédé par autre chose que par ma santé, ma gosse ou ma femme. Elle avait des problèmes d’addiction. Elle s’en est tirée. Elle dit que c’est grâce à moi. J’en doute tellement…. » Calmement, simplement, Rhett sourit face à ce qu’Amos lui avance. Il ne croit peut-être pas Raelyn, mais ce n’est pas le cas de Rhett, qui pense sincèrement qu’elle n’aurait pas osé lui mentir sur un tel sujet - même s’il la connaît tellement peu qu’il ne se doutait pas qu’elle avait des problèmes de la sorte, elle aussi. Sans doute qu’Amos aurait vouloir pu dire à son tour qu’il s’en est sorti grâce à elle. Un jour, Rhett espère qu’il pourra le dire, sans même chercher à ce que son propre prénom soit retenu dans toute cette histoire. Il se fout bien qu’on lui lance des fleurs, pour une fois. “C’est plus facile d’avoir l’esprit clair quand il s’agit des autres. Au fond, tu le sais.” Il a pu l’aider, une part de lui le sait sûrement. Peut-être que sa femme en rajoute par amour, personne ne peut réellement le savoir, mais ce serait mentir que de dire qu’il n’a pas joué son rôle dans toute cette histoire. Il démine toujours des bombes à sa façon. “C’est pas parce que t’es pas au top toi-même que tu l’as pas aidé, elle.” Et Rhett veut croire que lorsqu’il aura accepté cette idée, ce sera déjà un premier pas vers quelque chose qui s’apparente à de la guérison. « Qui te fournit ? En médocs ? » La question le prend de court et l’interpelle, elle dénote du reste de leur conversation et quand bien même il ne doutera jamais qu’Amos risque de le balancer à la police ou Dieu sait qui, il mentirait s’il disait continuer à avoir autant confiance en lui sur ce sujet précis. “Une connaissance. Un ami. Tu sais… j’en dirai pas plus.” Il hausse les épaules. Ils souffrent tous deux de leur addiction, de toute évidence, mais celle de Rhett a la particularité d’être illégale, et il ne veut pas mettre en périls la vie de Mickey pour son propre bien. “C’est pas contre toi, mais tu sais.” C’est une question sur laquelle il ne lèvera pas le voile, peu importe le nombre de fois qu’ils en viennent à se revoir.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty
Message(#)(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE EmptyMer 19 Avr 2023 - 23:54



FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE
Rhett #1  

@Rhett Hartfield   
Loin d’être idiot, j’assemble les informations distillées au travers de notre conversation comme un amateur de puzzle. Rhett, il a des problèmes d’addiction. Il n’a jamais eu d’enfant parce que les circonstances ne s’y prêtait pas. Sa petite-amie n’est pas de passage dans sa vie, quoiqu’elle ne suffise pas à chasser ses démons de sa vie, et pour cause, ils ont conversé, houlousement, autour d’une probable parentalité. Serions-nous plus proche, le sportif et moi, que j’aurais levé les yeux au ciel, soulignant que ces arguments à la défaveur d’une grossesse ne tiennent pas la route. Au lieu de ça, j’articule sur le volume du murmur un : «C’est peut-être un bon moteur… celui qu’il te fallait à toi.» Pour moi, c’est impossible. La mort de Sofia m’empêche d’envisager de ce que Micah serait ma planche de salut. Mon ego n’y survivrait pas. La honte me viderait de toute essence, le vide se remplirait des chuchotements de mon démon et la résurgence de ma culpabilité m’entraînerait vers la noyade, emporte par les bas-fonds du monde de vices auxquels j’appartiens tantôt par choix - mon casino était mon projet - tantôt par amour - j’ai embrassé les ambitions de Rae au moment où j’en suis tombé amoureux. Et Rhett, l’est-il ? L’est-il au point de tenir compte des desideratas de sa dulcinée ? Quant à elle, a-t-elle conscience que le combat mené par son compagnon ne lui permettra pas toujours d’être le père parfait dont elle rêve ? Ses failles prendront de la place. Peut-être, au départ, arrivera-t-il à contrôler ses pulsions, mais elles le rattraperont si bien qu’il en sera parfois absent. Peut-être rentrera-t-il défoncé à la maison malgré la jeunesse de son bébé. Il ne sera pas pendable de moins les aimer bien que l’on puisse être tenté de l’en accuser. Moi, je serai là pour lui rappeler que les autres font une erreur, ceux qui nous conseillent de pratiquer le yoga, ils ne saisissent pas la difficulté de notre guerre. C’est à nous à déployer de la clémence pour les pardonner, autant qu’il leur en faudra pour faire preuve de miséricorde à son égard, pour continuer à le soutenir et à l’aimer. Dommage que tout n’est pas question de sincérité et de nobles sentiments. Attristé par cette fatalité, je soupire. «Surtout qu’à notre âge, c’est le moment tout indiqué.» ai-je commenté, estimant que le temps d’une relation n’est plus un critère dès lors que la quarantaine a sonné. L’heure est à l’empressement si tant est que l’une des parties est désireuse et, somme toute nécessaire à  l’équilibre d’une relation. Sans cela, je le rejoindrais : il n’est pas question de mettre un enfant au monde : ce dernier, il est bien trop dégueulasse. Ne convenait-il pas de s’inquiéter de Margot, la gosse de son frère disparu ? Je ne suis personne pour juger : je garde la remarque pour moi. Je l’enterre parce que je n’ignore rien de ce qu’est l’abandon consécutifs au deuil. Certains sont tellement violents qu’ils rendent égoïste. J’en suis la preuve vivante. Après la mort de Sofia, je n’avais plus qu’une obsession : me suicider, lentement, sans me préoccuper des gens qui m’entouraient et qui me portaient une saine affection. Crever un peu plus chaque jour à cause de la brûlure de l’alcool dans l’oesophage et de ses ravages sur les organes d’un corps pourtant solide et entraîné pour l’armée. Celui-là n’existaient plus. Quant a aujourd’hui, mes faiblesses ne s’expliquent plus par l’envie d’en finir, mais parce que l’assuétude me contrôle. Elle déploie en corolles dans mon esprit les affres de la culpabilité, avant, pendant et après que j’aie bu un verre. «Mais, quand je te le dis à toi, ça prend tout son sens. Au moins, je me demande pourquoi je m’inflige ça.» Une nouvelle part d’égocentrisme. Je ne songe pas aux autres qui me supportent ou qui ont peur pour moi. Je suis focalisé sur mes émotions, mais n’est-ce pas le but de cette réunion improvisée régie par nos seuls codes ? Le seul règlement, c’est Hartfield et moi qui l’écrivons et qu’importe que cette assemblée réduite soit efficace ou non. Sur l’heure, elle nous fait du bien et c’est tout ce qu’il convient de retenir. «Et si je serai toujours là pour le mariage de ma gosse à me pavaner avec ma médaille….» ai-je ri, plus librement d’imaginer la scène. Globalement ça va mieux. Je suis moins fragile face à mes mauvaises habitudes. Certes, je me suis pointé là pour trouver de bonnes raisons de ne pas replonger dans les trentes minutes qui ont précédés mon arrivée. J’ai été porté par le bon sens. Mais, je n’exclus pas les ravages causés par l’alcool sur ma santé. Je n’ose plus rencontrer de médecin depuis mon accident de voiture. Qui sait dans quelles mesures je me suis abîmé au cours de cette année ? Dois-je en parler à Raelyn ? M’y coller tout seul, en gardant ma dulcinée à l’écart, c’est ça avoir des couilles ? Est-ce plutôt l’inverse ? Pour tout réponse, tant à mon interlocuteur qu’à mon for intérieur, je hausse les épaules. Je donne aussi des précisions de durée avec le détachement caractéristiques que j’ai nourri tout au long de ces années dès que la question de ma vie de militaire est abordée. Je suis plus loquace quand j’ai, justement, l’esprit assez clair pour considérer le mal des autres et le danger qui en découle. Je ne suis pas étonné de ne pas recueillir au creux du tympan le nom de son “dealer”. Ceci étant, j’en profite pour glisser, sur le ton de l’humour, que c’est tout l’objet du suspens qu’il a lui-même évoqué. «Le jour où tu me le diras, c’est que tu seras prêt, non pas à lui faire des ennuis, je suis pas de ceux là, mais à ne plus le fréquenter du tout. Du moins, je crois. En attendant, trinquons à notre prochaine séance…. Trinquons à l’eau et fixons les modalités…. Est-ce que tu es comme les psys ? Tu bosses sur rendez-vous ? Parce que je suis du genre spontané pour ma part.» Mes lèvres s’étirent d’un sourire et, glissant sur sa table basse un numéro sur lesquels il est toujours en mesure de me joindre. «Mais je suis ouvert à la négociation…» ai-je conclu d’un clin d’oeil.  
         


Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty
Message(#)(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

(AMOS & RHETT #1) ► FIRST YOU DREAM, THEN YOU DIE