Jusqu’où pouvons-nous changer ? Cette question existentielle était certainement la plus importante qu’Halston s’était posée au cours de sa vie et elle se la posait encore. La véritable nature de la brune avait été étouffée, l’empêchant de véritablement aspirer à vivre mieux pendant de nombreuses années, mais s’était elle vraiment libérée de toutes ses chaînes ? La réponse était négative, parce qu’elle cherchait toujours à être meilleure, pas forcément dans tous les domaines, mais vouloir l’être dans son travail lui avait clairement été inculqué par ses parents. Cette envie de performer tranchait avec son désir de simplicité, elle l’empêchait de se mettre au repos au moment où elle en avait le plus besoin. Elle s’était pourtant imaginée qu’elle arriverait à décrocher le jour où elle s’approcherait de la maternité, mais elle n’avait fait que diminuer ses heures de façon très progressive, elle venait seulement d’effectuer sa première semaine avec une journée complète de moins passée à l’agence. Halston suscitait aussi bien l’admiration que l’inquiétude, on la trouvait courageuse de continuer de travailler à un tel stade de sa grossesse, mais on se demandait aussi si elle ne ferait pas mieux de déléguer. Personne n’avait l’audace de le lui dire en face, mis à part Donna qui était prête à prendre temporairement sa place, une personne de confiance sur laquelle elle se reposerait volontiers, si elle ne s'obstinait pas à fuir quelque chose ou plutôt quelqu’un. Une personne qui était loin d’être anodine, puisqu’il s’agissait du père de son futur enfant, plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis leur dispute au restaurant et la distance qui était née entre eux depuis n’avait fait que de s’agrandir. Le danseur ne passait plus une seule nuit dans leur chambre, préférant se réfugier dans celle qui était destinée aux invités. L’immense lit qu’elle occupait seule lui avait paru soudainement terriblement froid, avant que cela ne rentre de nouveau dans ses habitudes. La directrice de l’agence de stars s’était perdue dans une espèce de brouillard, son corps était dénué d’indices qu’elle était encore en couple, les marques d’affections étant devenues inexistantes, tandis que son esprit continuait d’être habité par la présence d’Eddie dès qu’elle était inoccupée. Les mots du danseur ne cessaient de lui revenir, la faisant sentir indigne de ses sentiments, mais elle ne pouvait pas se résigner à s’en séparer. Les bras croisés devant la fenêtre de son bureau, elle se demandait combien de temps ils pourraient encore tenir ainsi, avant qu’un appel ne vienne interrompre sa réflexion. Elle devait se déplacer sur un plateau, ce qu’elle fit sans tarder malgré une fatigue qui se faisait de plus en plus difficile à supporter. Une fois son devoir rempli, elle continua de s’attarder sur le tournage, jusqu’à ce qu’elle ne manque de trébucher dans les escaliers. La faiseuse de talents avait attrapé la rambarde juste à temps, observer toutes les marches qu’elle aurait pu dévaler lui donna le vertige. Halston eut une prise de conscience qui la poussa à s’isoler, appeler son assistant et lui dire qu’elle serait absente pour une durée indéterminée.
Enfermée à l’intérieur de sa voiture, elle y resta une bonne dizaine de minutes avant de se décider à la démarrer. L’idée de rejoindre une maison vide ne l’enchantait pas le moins de monde, mais celle qui la terrifiait le plus était celle que cela ne devienne son quotidien pendant plusieurs mois d’affilée. Elle s’y retrouverait seule face à elle-même, mais n’était-ce pas le meilleur moyen pour elle de se remettre en question ? La brune secoua sa tête, elle n’avait pas besoin de supporter la solitude si longtemps pour se questionner sur les comportements qu’elle avait eu ces derniers temps. Elle se pinça la lèvre et se jura que ce soir, elle mettrait tout sur la table avec Eddie, sans le moindre détour. La directrice de l’agence de stars stationna devant son garage, avant de s’élancer vers son entrée. Elle rentra chez elle en fermant la porte avec douceur, avant de regarder au loin et d’apercevoir une silhouette. Halston plissa des yeux, elle n’avait pas le souvenir d’avoir vu la moto de son compagnon, comment pourrait-il être là ? Elle s’avança lentement vers le salon, plia son bras et déposa son coude contre le cadre de la porte, avant de déposer sa main sur sa tête. Le danseur était bel et bien là, accroupi devant l’un de ses chats, avec lequel il était étrangement assorti puisqu’il venait de... changer de couleur de cheveux. Les sourcils de la brune se déformèrent, ne lui avait-il pas promis de la prévenir à l’avance de ses modifications capillaires ? Ils reprirent une forme normale, lorsqu’elle comprit que cela n’était que le cadet de leurs soucis actuels. « Eddie ? » Elle ne voulait pas qu’il constate sa présence en se retournant, elle l’avait donc énoncé de cette façon. Halston était rentrée plusieurs heures avant son heure habituelle et elle ne l’avait pas prévenu, parce qu’elle savait qu’il risquait de se faire des films sur le motif de son retour anticipé chez eux. « Je suis rentrée parce que j’ai beaucoup réfléchi. »Et parce que j’ai manqué de faire du mal à notre bébé, mais ce n’est pas une bonne entrée en matière. « Je vais me mettre en congé maternité. » Elle avait mis fin au suspens assez rapidement, avant qu’il n’ait le temps de s’imaginer le pire. « Je vais arrêter de travailler plusieurs mois. » Halston n’était pas précise sur le nombre de mois, parce qu’elle ne savait pas avec exactitude de combien de mois elle aurait besoin, elle n’allait donc pas lui promettre d’office qu’elle allait en prendre un grand nombre. « Cette situation n’est plus tenable. » En réalité elle n’avait jamais été tolérable, même si elle avait pu laisser croire le contraire. Elle ne parlait pas uniquement du fait que travailler était trop épuisant et risqué, mais aussi de l’état de leur couple. Elle pénétra complètement dans le salon, pour réduire la distance qui les séparaient. « Je suis désolée de t’avoir laisser tombé. » Dit-elle en faisant référence à la soirée où elle l’avait laissé avec Diana et à tout le reste. « Tu mérites mieux. » Mieux qu’une femme fuyante, mieux qu’une femme aux trop nombreux secrets.
Too strong to tell you I was sorry, too proud to tell you I was wrong; I know that I was blind, and darlin' If I could turn back time, If I could find a way. I'd take back those words that have hurt you, and you'd stay If I could reach the stars, I'd give them all to you. Pride's like a knife, it can cut deep inside, words are like weapons, they wound sometimes.
Ses pensées s'égarent tandis qu'Eddie observe longuement son reflet dans les miroirs de sa salle de danse, honorant pour une fois son studio de sa présence alors qu'il est amené à y mettre de moins en moins les pieds. Ce soir pourtant le danseur a bien besoin de décompresser loin du théâtre et de la pression qu'il ne cesse d'endosser avec un spectacle toujours plus prenant, sacrifiant tout pour celui-ci à commencer par son temps et son énergie, plus précieuse que jamais à quelques semaines de l'arrivée de son enfant. La simplicité des débuts lui manque parfois, quand il n'était encore qu'un petit arriviste bourré d'ambitions et rêvant déjà grand, avant que ces fameuses ambitions ne le rattrapent et le poussent à l'épuisement. Il s'était juré de poser ses limites pour ne pas se retrouver dépassé par son dernier rôle au théâtre mais Eddie n'a jamais su se montrer raisonnable du point de vue de son travail, et ce n'est pas aujourd'hui qu'il risque de revoir son investissement à la baisse alors que Charles compte sur lui pour faire honneur à sa nouvelle casquette. La fatigue se fait pourtant lourdement ressentir depuis que ce spectacle l'accapare et il n'a pas manqué de signifier celle-ci à Gabrielle, avec laquelle le danseur s'est entretenu quelques heures plus tôt avant de reprendre à ses côtés le chemin des folies capillaires. Il pourrait dire que cette coloration s'est faite sur un coup de tête mais il y songeait en réalité depuis quelques temps, seules les occasions manquaient vraiment et Eddie aura finalement attendu que l'avocate soit d'humeur à opérer quelques changements pour se laisser lui aussi tenter. Il fallait de toute façon s'attendre à ce que ses cheveux perdent tôt ou tard leur aspect naturel, personne ne devrait être surpris de le voir arborer cet orange vif si ce n'est peut-être sa compagne, que le danseur avait promis d'avertir les prochaines fois que ce genre d'envies lui prendraient. Cette promesse avait encore du sens lorsque la communication existait entre eux mais aujourd'hui, c'est à peine s'ils ont de vraies discussions en dehors des banalités qu'ils peuvent échanger, une situation pesant de plus en plus lourd et qu'Eddie déplore de voir tristement perdurer. Son corps n'est donc pas le seul à souffrir ces derniers temps car son couple, lui aussi, s'essouffle à vue d'œil en ce début d'année au point où le danseur redoute désormais chaque retour à leur domicile et chaque nuit qu'il sera amené à passer de son côté. Halston lui manque, autant que leurs moments à deux peuvent lui manquer et cette maison n'a jamais paru aussi vide et froide depuis que les choses vont aussi mal entre eux. Peut-être bien que cette nouvelle couleur est un moyen comme un autre d'attirer son attention, Eddie préfère à vrai dire le voir ainsi plutôt que comme une provocation non assumée de sa part mais c'est aussi un renouveau qui lui était nécessaire, à l'image de la teinture pour laquelle il avait déjà opté à sa sortie de convalescence. Un changement d'apparence n'est de toute façon jamais anodin en ce qui le concerne et dissimule bien souvent un état d'esprit ne l'étant pas non plus, c'est peut-être ce que l'américaine en déduira en le voyant même si sa première réaction pourrait être de désapprouver fermement cette couleur, autant que le fait que celle-ci ait été réalisée dans son dos. Il ne tient pourtant pas à voir les tensions entre eux ravivées pour une simple teinture alors Eddie s'engage à tenter d'apaiser ce qui pourra l'être, car jeter de l'huile sur le feu est bien la dernière chose qu'il envisage de faire à présent. Leur couple n'a pas besoin que quiconque en rajoute et s'il doit pour une fois ranger sa fierté au placard, le danseur s’y emploierai sans rechigner – mais pas le premier, car il n'a jamais été le plus habile pour prendre ce genre de devants.
Il devine à son retour chez lui qu'Halston n'est pas encore rentrée à l’absence de sa voiture dans l'allée et c'est une soirée qu'Eddie espère ne pas devoir encore passer seul, car il est fréquent depuis quelques temps que l'américaine soit retenue à son agence pour toutes sortes d'impératifs liés à ses protégés. Le dernier en date l'a particulièrement irrité et pour cause, jamais il n'aurait cru qu'Halston le laisserait en tête-à-tête avec Diana lors d’un diner censé assainir les choses entre l'actrice et lui mais sa colère a depuis laissé place à la plus grande affliction, car l'idée de ne pas avoir partagé de bon moment ensemble depuis une éternité ne cesse de tirailler ses pensées. Ces mots, Eddie espère trouver le courage de les lui dire lorsque l'américaine passera la porte mais il n'est pas certain d'oser s'ils doivent encore passer le plus clair de leur temps à s'ignorer, comme trop souvent dernièrement. Et à défaut de faire le plein de tendresse auprès de sa compagne, c'est auprès de ses chats que le danseur vient puiser celle-ci car cette maison manquerait cruellement de vie sans eux, tout comme son quotidien manquerait de couleur si ces trois boules de poils ne se chargeaient pas de l'égayer. Eddie n'aime pas se dire que ces chats sont ses derniers alliés dans cette maison mais il lui est difficile de penser autrement quand si peu de choses semblent désormais le relier à Halston, la plus belle restant pourtant leur enfant à naitre même si ce dernier ressent peut-être lui aussi ces mauvaises ondes émanant de leur foyer. Une autre idée lui déplaisant fortement et polluant précisément son esprit lorsque la présence de l'américaine lui est signifiée par la voix de celle-ci, résonnant dans son dos sans qu'Eddie n'en soit vraiment surpris. Il a entendu la porte s'ouvrir puis se refermer mais il n'a pas voulu se retourner plus tôt au risque d'affronter son regard, sans savoir s'il serait capable de le soutenir plus de quelques secondes. Il s'étonne tout de même qu'Halston rentre avant l'heure habituelle mais elle ne lui laisse pas le temps de la questionner à ce sujet, l'informant à la place qu'une réflexion l'a poussée à regagner leur domicile et éveillant inévitablement sa curiosité au passage. Eddie ne voit pas à quoi elle peut avoir réfléchi et c'est alors qu'il se redresse pour poser sur elle un regard interrogateur que l'annonce lui est faite : elle va se mettre en congé maternité, sa décision est prise et il n'est apparemment pas prévu qu'elle remette les pieds à la Shining Stars Agency de sitôt. « Vraiment ? » il formule sans parvenir à cacher son étonnement, comme s'il n'osait pas totalement y croire alors qu'il rêve d'entendre ces mots depuis bien trop longtemps. Eddie ne pouvait simplement pas lui forcer la main jusque là, quand bien même il a souvent pensé qu'Halston surestimait ses capacités et en demandait trop à son corps déjà largement malmené par cette grossesse. « J’espérais l’entendre depuis des semaines alors cette décision me soulage, tu n'as pas idée à quel point. » Elle fait de son propre bien-être et de celui de leur enfant une priorité en mettant enfin son rôle de directrice et d'agente de côté, ce choix peut sembler tardif mais il vaut sans doute mieux tard que jamais car chaque semaine de repos gagnée n'est aucunement négligeable à ce stade. Lui aussi aurait d’ailleurs bien besoin de lever le pied mais il s'y refusera jusqu'au bout, et là n'est de toute façon pas le sujet quand seule la santé d'Halston et de leur bébé importe vraiment à ses yeux. Il voudrait l'embrasser autant qu'il voudrait la prendre dans ses bras mais ces marques d'affection n'ont plus grand-chose de naturel entre eux, alors Eddie se contente d’effectuer quelques pas vers elle même s'il aimerait faire plus. « Qu’est-ce qui t'en a convaincue finalement ? » Le danseur se demande si un événement a pu précipiter cette décision ou si le moment est simplement venu à ses yeux de se reposer pour accueillir leur enfant dans les meilleures conditions. Son inquiétude s'évapore quelque peu en se disant qu'elle ne prendra plus de risques en travaillant plus qu'elle ne le devrait mais c'est bien un soupir qui lui échappe quand Halston laisse entendre que cette situation n'est plus tenable. Elle ne l'est pas non plus pour lui, il ne le montre peut-être pas mais ces complications récemment survenues entre eux l'affectent autant qu'elles l'angoissent pour la suite. Il reste toutefois silencieux jusqu'aux prochains mots de l'américaine, et cette excuse pour l'autre soir qu'il n'attendait pas. « Je t'en ai voulu, c'est vrai, mais j'aurais dû te demander comment ton protégé allait. » Ne pas l'avoir fait montre qu'il tient facilement les autres pour responsables de leurs problèmes alors que tout ça n'était qu'un malheureux concours de circonstances, il l'admet enfin. « J'aurais vraiment aimé que tu sois là, tu sais. Pour te montrer tout le mal que je m'étais donné avec ce diner et pour que tu puisses voir à quel point les choses se sont apaisées avec Diana. » Ces efforts, c'est avant tout pour elle qu'Eddie les entreprend parce qu'il sait combien cette entente est importante aux yeux de sa compagne mais il y aura d'autres occasions, c'est ce qu'il préfère croire pour ne pas en garder trop de regrets. « Mieux que toi ? » il la reprend ensuite car quitte à affirmer qu'il mérite mieux, autant livrer le fond de sa pensée pour qu'Eddie puisse lui donner tort. « Ce que je mérite, c'est de ne plus me heurter à ton silence quand tu ne vas pas bien mais je t'ai déjà dit que je n'insisterais plus de ce côté-là. » Forcer les choses ne lui a de toute façon pas réussi jusqu'à maintenant alors Eddie considère que les cartes sont entre ses mains, et qu'Halston est libre d'en faire ce qu'elle veut. Sa confiance, voilà ce qu'il pense mériter quand il a de l'attention et de l'amour à revendre pour elle mais il ne veut plus réclamer celle-ci au même titre que ses confidences, sur lesquelles le danseur n'ose désormais plus compter. « Tu as raison. Cette situation est intenable, invivable même, et toi.. » Sa voix reste en suspens plusieurs secondes pendant que son regard capte le sien, Eddie s'avance alors d'un pas lent puis s'arrête à une distance qu'il juge raisonnable, quand bien même ses pieds voudraient l’en rapprocher plus encore. « Toi tu me manques. » il souffle sans pouvoir garder plus longtemps cette vérité pour lui car ces mots ont besoin de sortir pour alléger aussi bien son cœur que son esprit.
Les mauvaises habitudes s’ancrent avec une facilité déconcertante, même si Halston aimait prôner le contraire à son agence, en racontant qu’il suffisait d’avoir de la volonté pour s’en défaire. Ne pas appliquer ce conseil avec des conséquences sur son couple, il y avait même un effet domino indéniable, puisque sa première erreur en entraîna d’autres. Briser une promesse n’était jamais une bonne chose, surtout lorsqu’elle consistait à reproduire une erreur, qui l’avait poussé à se retrancher dans son refuge habituel, entre des murs qui arrivaient autrefois à la couper du monde. L’agence de la brune ne lui procurait plus le même effet, parce que son corps l’empêchait d’oublier ou plutôt son enfant en cours de conception, en se manifestant via des coups tous les jours. Des instants qu’elle n’arrivait plus à savourer depuis qu’elle s’était disputée avec Eddie, elle n’arrivait plus à s’en réjouir tout le temps et elle s’en voulait. Sentir son enfant devrait la combler de joie, mais ne plus partager cela avec le danseur la torturait, la cessation de tous contacts physiques avec lui tout court la torturaient. Comment avaient-il pu devenir distants à ce point ? Elle avait eu un début de réponse à cette question, ils n’avaient pas su résoudre leurs précédents problèmes parce qu’ils étaient retombés dans les bras l’un de l’autre trop vite. Une réconciliation rapide qui lui avait paru être une bonne chose sur le moment, mais qui n’en était finalement pas une. Un écueil dans lequel ils ne risqueraient pas de retomber, les choses s’étaient passés assez différemment de la première fois. La seconde altercation avait paru moins violente que la précédente, et pourtant elle ne les avait pas autant éloignés. S’il était déjà présent depuis un moment dans le salon, il avait difficilement pu passer à côté du bruit produit par sa voiture. Il n’avait donc pas cherché à l’accueillir, une constatation qui aurait pu l’attrister, si elle ne savait pas qu’elle avait fauté en l’abandonnant quelques jours plus tôt. La directrice de l’agence de stars ne s’en était jamais excusée, elle avait pourtant abandonné deux de ses proches le même soir, qui s’étaient réunis pour elle. Avoir été celle qui était la moins éloignée de l’endroit où se trouvait un acteur entre la vie et la mort, lui avait donné une occasion trop belle de pouvoir l’éviter. En y repensant, elle avait vraiment été affreuse de percevoir une overdose ainsi, même si l’histoire s’était bien terminée. Halston se recentra sur Eddie qui ne croyait pas ce qu’il venait d’entendre, comme si elle oserait mentir là-dessus. « Bien sûr, je ne peux pas y échapper. » Admit-elle avant de l’entendre dire qu’il était soulagé de l’apprendre. Elle comprenait bien que cette nouvelle l’enchantait, mais elle ne pourrait pas en dire autant de l’événement qui l’avait poussé à prendre cette décision. « Je suis trop fatiguée. » Il s’agissait d’une demi-vérité, elle hésita encore à la lui donner en entier, avant de finalement se lancer. « J’ai failli tomber sur un plateau de tournage ce matin. » Elle sonda son regard en espérant ne pas le voir trop s’assombrir. S’il s’énervait dès le début de la conversation, ils ne pourraient jamais régler leurs problèmes comme des adultes responsables. « J’avais diminué mon nombre d’heures, mais ce n’était visiblement pas assez, donc je vais me forcer à me mettre au repos désormais. » Des paroles qu’elle ne jetait pas en l’air, puisqu’elle avait confié les rennes à Donna. Elle continua de se montrer honnête et reçut une réaction inattendue, Eddie reconnaissait qu’il avait manqué d’empathie quant au sort d’un autre être humain. « Il est sorti d’affaires. » Une réponse qu’elle lui apporta rapidement pour le rassurer. Elle laissa le danseur s’exprimer tout en espérant que ce dîner avec Diana lui avait permis de consolider la paix qu’ils avaient trouvé avec difficulté. « J’ai pu le constater en mangeant les restes, Diana doit penser que tu es vraiment un bon parti maintenant. » Elle ne cherchait pas seulement à détendre l’atmosphère, elle souhaitait réellement le complimenter sur sa cuisine. Eddie la questionna sur la signification de sa phrase, à laquelle elle ne pouvait pas répondre par des mots, parce qu’il était trop difficile de le reconnaître à haute voix. Il lui rappela que tout ce qu’il voulait, c’était de ne plus être confronté à ses silences. « Je sais et c’est pour cela que je veux qu’on discute sérieusement ce soir. »Une discussion profonde était plus que nécessaire et ne pouvait être retardée. Il lui donna raison avant de se taire momentanément, il s’avança timidement vers elle et reprit la parole. Le visage de la brune se figea, elle avait attendu cet instant depuis des semaines, elle n’arrivait pas à croire qu’elle l’avait décroché au bout de quelques minutes semaines. Halston se ressaisit et décida de faire ce que le père de son futur enfant n’osait pas entreprendre, elle réduisit l’espace qui les séparait à néant en cherchant à le prendre dans ses bras. « Tu m’as manqué aussi, terriblement. » Elle déposa une main sur sa tête, avant de prendre une distance suffisante pour pouvoir recroiser son regard. « Je ne veux plus que cela se reproduise, nous formons une famille. » Ce mot devait être suffisamment fort pour lui faire comprendre qu’il représentait tout. « Nous devons être unis, plus que jamais. » La brune ressentit ce qui lui semblait être un coup de pied, elle baissa les yeux et afficha un large sourire. « Notre bébé est plus que d’accord, apparemment. » Elle saisit une main d’Eddie et la déposa sur son ventre pour qu’il puisse le constater de lui-même. « Il s’est souvent manifesté ces derniers jours... mais pas lorsque j’étais ici. » Précisa-t-elle pour qu’il ne s’imagine pas qu’elle l’avait privé de ces manifestations depuis des semaines lorsqu’il se trouvait à proximité. « On se rapproche tellement du jour J, d’ailleurs j’ai besoin de m’asseoir. » Elle le libéra de son étreinte et s’installa en douceur sur le canapé. « Je pense que c’est le bon moment pour prendre rendez-vous pour un photoshoot, mon ventre est massif. » Leur salon ne pouvait pas être exempté d'une photographie immortalisant la fin de sa grossesse, cela n'était pas concevable.
Too strong to tell you I was sorry, too proud to tell you I was wrong; I know that I was blind, and darlin' If I could turn back time, If I could find a way. I'd take back those words that have hurt you, and you'd stay If I could reach the stars, I'd give them all to you. Pride's like a knife, it can cut deep inside, words are like weapons, they wound sometimes.
Soulagé, il ne peut que l'être en intégrant l'idée d'une fin de grossesse qui ne sera pas conjuguée avec la moindre venue d'Halston à l'agence en admettant toutefois que l'américaine soit vraiment capable de laisser entièrement son travail de côté. Eddie veut y croire, c'est après tout la meilleure chose à faire pour leur enfant et une décision qu'elle aurait sûrement dû considérer bien avant mais serait-il capable, de son côté, de tout déléguer subitement pour se mettre au repos ? Sans doute pas, quand bien même le sien d’affaiblissement se fait cruellement ressentir et n'échappe désormais plus aux yeux de grand monde, si ce n'est peut-être à ceux d'Halston. Pour sa défense sa compagne a bien assez à faire avec sa propre fatigue pour ne pas aussi endosser la sienne et Eddie ne montre de toute façon que ce qui l'arrange face à elle, tandis qu'il consent un peu plus à faire tomber le masque devant les autres. Charlie et Gabrielle savent notamment combien les derniers mois ont été compliqués et à quel point le danseur peut tirer sur la corde, mais ces confessions tardent encore à venir auprès d'Halston qu'il cherche toujours à préserver de son propre état de santé. Seul celui de la mère de son futur enfant est supposé compter ce soir, et Eddie manque de voir rouge en apprenant que la raison qui a précipité cette décision n'est autre qu'un accident évité de justesse. « Bon sang Halston. » Il soupire bruyamment car à ses yeux, bien sûr, ce n'est pas sérieux du tout. Eddie réalise toutefois qu'il ne servirait à rien de lui rejeter la faute quand il semble évident qu'Halston n'a pas cherché à mettre le bien-être de leur enfant en péril mais elle n'aurait jamais dû se retrouver sur un plateau de tournage dans son état, l'américaine le sait tout comme lui. Il déteste entendre qu'elle aurait pu faire une chute susceptible d'impacter leur bébé et de la mettre elle-même en danger mais il garde malgré tout son calme, considérant que lever la voix ici et maintenant n'apporterait strictement rien. « Il était vraiment temps que tu lèves le pied, tout ça aurait pu très mal finir. » Son regard se charge à lui seul de le faire entendre, captant celui d'Halston pour appuyer ces mots qu'Eddie n'estime pas dramatiser. Oui, une chute aurait pu être dévastatrice si sa compagne était mal retombée et cette idée lui tord déjà le ventre, en plus de lui nouer la gorge. Diminuer ses heures à l'agence n’était plus suffisant et ça Halston le reconnaît sans mal, son degré de fatigue est aujourd’hui tel que cet emploi du temps ajusté reste encore trop prenant alors elle accepte de prendre du repos et de tendre les bras à un congé amplement mérité, prouvant qu'elle peut aussi se montrer raisonnable parfois. « Et je prendrai soin de toi du mieux que je le peux, c'est promis. » il assure dans un sourire un peu plus tranquille, en espérant cependant qu'il parviendra à dégager assez de temps pour veiller sur elle comme il se doit sur cette dernière ligne droite. Car du temps, Eddie en manque aujourd'hui pour être aussi présent qu'il le souhaite même s'il fait de son mieux et n'hésite pas à se plier en quatre pour assurer sur tous les fronts, et ne négliger aucun rôle. « Tu dois vraiment te reposer, par là j'entends ne plus accourir au moindre souci avec un protégé. » Ce qu'elle avait trop tendance à faire jusqu'ici à son sens, au point de dépasser selon lui un peu trop son rôle parfois. Désormais ses protégés devront apprendre à s'en sortir sans elle et il ne doute pas que la relève est de toute façon assurée pour les prochains mois, y compris pour veiller à ce que l'un de ses acteurs ne replonge pas après l'épisode de l'autre soir. Le concerné serait justement hors de danger selon elle, une information qu'Eddie se devait de réclamer pour ne pas paraître trop injuste et sans cœur. « Tant mieux pour lui, et puis pour toi. » C'est une bonne nouvelle pour l'agence, il s'en doute, en plus d'en être une pour ce protégé revenant visiblement de loin. En vouloir à cet inconnu le soir où Halston l'a abandonné avec Diana n'était qu'un moyen de désigner un coupable pour une soirée gâchée à ses yeux, mais avec le recul Eddie s'avoue surtout déçu qu'elle n'ait pas pu constater tous ses efforts. Le repas qu'il avait concocté avec amour, la table qu'il avait joliment dressée et sa tenue, elle aussi choisie avec soin sans qu'Halston ait pu en profiter. Un léger sourire prend place sur ses lèvres quand elle suppose que la rousse a vu en lui un bon parti ce soir-là, comme si leur invitée risquait vraiment de le gratifier d'un tel compliment. « Diana s'est surtout demandé pourquoi tu ne l'avais pas prévenue, alors je lui ai tout expliqué. Elle est restée même si elle n'en était pas forcée, j'ai vraiment apprécié. » Il peut même dire que l'actrice l'a épaté en faisant si facilement la part des choses et en acceptant son unique compagnie quand elle était initialement censée passer cette soirée auprès de sa meilleure amie. La Diana d'il y a un an n'aurait jamais pu supporter le danseur durant plusieurs heures mais cette nouvelle version de l’actrice est bien plus appréciable, Eddie ne peut plus le nier. « C'est une soirée qu'il faudra refaire à l'occasion, pour qu'elle ne garde pas un trop mauvais souvenir de chez nous. » Ils n'en auront probablement pas le temps d'ici la fin de la grossesse mais Diana sera de toute façon amenée à rencontrer leur enfant, alors cette autre perspective n'a rien pour lui déplaire.
Une discussion sérieuse est aussi ce qu'Eddie tient à avoir avec elle ce soir, lassé de ce manque de communication rongeant leur couple et de ces silences remplaçant les échanges qu'il avait si facilement autrefois. Leur dernière dispute ne l'avait pas tant inquiété parce que leur réconciliation était advenue très vite ensuite, mais Eddie a eu très largement le temps de ressasser les choses depuis leur sortie de l'Interlude et la naissance de ces nouvelles tensions qui ont fait remonter à la surface des problèmes que le couple n'a en réalité jamais vraiment vaincus. Ce n'est pas en détournant le regard chaque fois qu'ils se croisent et en évitant le moindre dialogue qu'ils régleront ce qui doit l'être alors ce soir, Eddie est lui aussi prêt à faire un pas en avant en avouant tout d'abord combien Halston peut lui manquer. Ce n'est peut-être pas grand-chose mais c'est un début, le signe qu'il est tout aussi disposé qu'elle à en parler pour briser la glace et donner une chance à leur situation de s'arranger. Et finalement, lorsque l'américaine rompt pour de bon cette distance qui les sépare pour l'accueillir entre ses bras, le danseur vient s'y fondre sans opposer l'ombre d'une résistance. Cette étreinte lui procure un bien fou, à l'image de ses bras l'encerclant à leur tour et de ce soupir de soulagement qu'Eddie vient étouffer dans son cou, reposant le temps d'un instant sa tête contre son épaule. Le manque de l'autre était donc présent des deux côtés mais ce n'est que ce soir que le couple ose se l'avouer en renouant avec une tendresse qui s'était perdue avant ça. C'est la première fois depuis des semaines qu'Eddie peut la sentir tout contre lui et ce contact à lui seul le revigore, même si les mots de sa compagne paraissent un peu trop beaux compte tenu de la crise qu'ils viennent à peine de traverser. Elle lui rappelle qu'ils forment une famille et qu'ils doivent être unis pour cette raison, mais si quelqu'un a oublié la définition de ce mot ou manqué d'agir dans ce sens dernièrement ce n'est certainement pas lui. « Alors je t'en supplie, parle-moi à l'avenir. Tu sais que je ne pourrai pas le supporter une troisième fois. » Ce qu'il ne pourra pas supporter c'est d'apprendre l'existence de nouveaux secrets pesant aussi lourd que les précédents, de ce côté-là Eddie espère donc être à jour parce qu'il ne sait pas comment il réagirait – ni quelle décision il serait susceptible de prendre – si les mauvaises habitudes de l'américaine devaient une fois de plus ressurgir. Pourvu que l'expression « jamais deux sans trois » ne s'applique jamais, dans leur cas. « J'ai douté de nous l'autre soir, tu sais. » il l'admet difficilement tandis que son regard la fuit presque instantanément. Ce n'est pas le genre de réflexion que l’on aime mener sur son couple, encore moins quand l'amour porté à sa compagne est aussi fort, mais Eddie mentirait s'il disait que ces tensions et ces problèmes ravivés n'ont pas jeté un certain flou sur leur avenir. C'est vrai, il s'est demandé où tout ça risquait de les mener et si cette histoire n'avait pas de grandes chances de les séparer mais à quoi bon le garder pour lui, quand Halston a peut-être aussi douté de son côté ? « Je me déteste de l'avoir fait mais c'était trop d'un coup, et je crois que me sentir exclus était aussi la dernière chose dont j'avais besoin à ce moment-là. » Il sous-entend à demi-mot qu'il ne va peut-être pas aussi bien que ce qu'il se plait à montrer depuis plusieurs mois, s'effaçant volontiers pour mettre la lumière sur Halston et leur enfant à naitre quitte à embellir sacrément la réalité. Mais Eddie n'en dit pas davantage, pas encore du moins, alors que l'américaine attire déjà son attention sur son ventre et les coups que leur enfant entreprend de donner. Une petite participation le faisant aussitôt sourire même si c'est faiblement, car les derniers mots d'Halston ne le rassurent pas vraiment. « Il ne s'est peut-être pas manifesté ici parce qu'il sentait que les choses n'allaient pas entre nous. » Se pourrait-il que leur enfant soit sensible aux mauvaises ondes présentes dans cette maison depuis leur retour du restaurant en fin de mois dernier ? C'est ce qu'Eddie se prend à redouter et cette pensée en entraine bien vite une autre, plus nuancée encore. « C'est pour toi qu'il donnait ces coups de toute évidence, pas pour moi. » Ce constat l'attriste mais Halston le dit elle-même : le bébé s'est manifesté partout ailleurs qu'ici lorsqu’elle se trouvait avec lui, de quoi l'amener à penser qu'il n'a pas mérité ces signes envoyés à travers son ventre. Ses bras soutiennent sa compagne lorsqu'elle ressent le besoin de s'asseoir et la guident jusqu'au canapé, sur lequel Eddie s'assure qu'elle puisse prendre place en douceur. L'allusion au photoshoot de maternité donne à leur échange une nouvelle dimension et derrière un sourire de façade, le danseur cache en réalité son angoisse à l'idée que le fameux jour J dont elle parle se rapproche à grand pas. « Tu dois connaître de bons photographes, non ? De mon côté je peux me renseigner auprès d'une collègue qui a accouché l'année dernière, il me semble qu'elle avait aussi réalisé ce genre de photos. » Il peut toujours poser la question à Ingrid la prochaine fois qu'il la verra, autrement dit cette semaine puisque la jeune femme intervient directement sur son spectacle en qualité de costumière. Quelques secondes s'écoulent durant lesquelles le danseur se contente de glisser sa main dans la sienne, mais il réalise que cette discussion n'en empêchera pas pour autant une autre, alors que le moment est venu pour lui d'assumer aussi le reste. « Hum. Je sais que j’avais promis de te tenir informée pour mes cheveux. » Mais il ne l'a pas fait, rompant ainsi sa promesse et réservant à sa compagne une surprise qui doit être mauvaise, si sa dernière coloration avait déjà obtenu sa plus vive protestation. « Et je me doute aussi que tu détestes, puisque c’est sûrement trop voyant pour toi. » Son violet lui paraitrait peut-être même tolérable aujourd'hui à côté de ce roux que le danseur arbore mais il s'était engagé à la prévenir de ses variations capillaires, pas que celles-ci seraient forcément toujours amenées à lui plaire. Un jour il lui fera certainement plaisir en redevenant blond mais en attendant, c'est un virage à cent quatre-vingts degrés dont Eddie avait surtout besoin – et la raison, dans le fond, Halston la connait bien. « Mais je pense que mes collègues subiront plus cette couleur que toi, compte tenu du temps que je passe avec eux en ce moment. » Une façon d'insinuer qu'il est très souvent fourré au théâtre mais aussi qu'ils ne s'accordent plus assez de temps rien qu'à deux, ce qu'il pourrait ajouter si son regard ne s'en chargeait pas déjà. Ce reproche, Eddie le fait surtout à lui-même car il mentirait s'il disait que plonger la tête la première dans son travail n'est pas aussi une façon de fuir leurs problèmes. Sauf que fuir, le danseur n'y tient plus. « Si tu peux tolérer deux rouquins dans cette maison, tu peux sans doute en tolérer trois non ? » il relève dans un semblant de sourire, espérant détendre l’atmosphère plutôt que de récolter les éventuelles foudres de sa compagne pour une coloration qui n'en vaut sans doute pas la peine, quand seul l'état de leur couple devrait être une source de préoccupation pour eux deux.
Les premiers mots prononcés par Eddie suite à sa confession n’annonçaient rien de bon, arriverait-il à contenir sa colère ? Il n’avait pas tardé à apprendre la nouvelle cette fois, mais celle-ci touchant directement à la santé de leur enfant elle ne pensait pas que cela lui serait d’un quelconque réconfort. Halston n’avait pas besoin d’être sermonnée, pas après l’immense coup de stress qu’elle avait dû encaisser après avoir manqué de faire une chute. Le danseur savait qu’il était l’une des raisons pour lesquelles elle se réfugiait autant dans son travail, elle ne le lui dirait jamais frontalement parce que cela signifierait que leur couple était au bord du naufrage. Le regard de son compagnon l’accablait, tout comme le fait qu’il souligne à quel point cette histoire aurait pu mal se terminer, mais elle ne reculera pas, elle assumera jusqu’au bout qu’elle avait fait preuve d’inconscience. « Je ne peux pas être à mon travail sans le faire dans son entièreté, cela n’aurait pas de sens. C’est pour cela qu’il vaut mieux que j’arrête totalement d’aller à l’agence, j’ai confié la direction à Donna et je sais qu’elle possède les épaules qu’il faut pour la gérer en mon absence. » Elle ne devrait pas trop s’inquiéter du sort de l’entreprise, du moins en principe. Cependant elle ne savait pas si ses protégés arriveraient à couper le cordon, même s’il ne s’agissait que d’une pause temporaire. Halston devra ignorer leurs messages, leur faire comprendre qu’elle ne pourrait pas s’occuper d’eux pendant une période indéterminée. Eddie promettait de prendre soin d’elle, alors qu’il avait été tout aussi occupée qu’elle ces dernières semaines, mais elle ne voulait pas remettre sa parole en doute. « Je vais avoir besoin de toi plus que jamais, il devient de plus en plus compliqué de me débrouiller toute seule. » Elle ne savait même pas comment elle avait fait pour assurer son travail jusque-là, même si certains de ses collaborateurs avaient sûrement pris en compte sa grossesse, car sa présence avait moins été demandée qu’auparavant. Il ne put s’empêcher de lui parler de ses acteurs, qu’elle couvait beaucoup trop à son goût, elle ne pouvait pas passer à côté du fait qu’il devait surtout penser à ce dîner qu’elle avait manqué à cause de l’un d’entre eux. « Je n’accourerai plus pour les aider. » Elle n’avait jamais mis son travail de côté pendant plusieurs mois, mais il y avait des premières fois à tout. Halston n’était pas prête de retomber enceinte, se souvenir de ce simple fait devrait lui permettre de décrocher totalement durant ses deux derniers mois de gestation. Eddie se réjouit pour elle et l’acteur qui avait échappé à la mort, elle espérait qu’elle n’aurait plus à faire à de telles urgences avant longtemps. « C’était un véritable soulagement pour moi, surtout après... » Surtout après l’épisode avec Diana, qui pouvait paraître loin mais qui était encore prégnant. Elle se sentait d’autant plus mal de l’avoir laissé tomber en y repensant, elle avait regretté de ne pas avoir été assez présente pour elle, et là voilà en train de reproduire la même erreur. « Je n’en suis pas fière. » Qu’elle admit avant de baisser les yeux. « En plus d’avoir été une piètre compagne, je n’ai pas été une amie digne de ce nom. » Elle n’avait été bonne que dans son rôle de directrice, mais celui-ci ne pouvait pas régir toute sa vie. Il lui proposa de l’inviter de nouveau, elle ne leur laisserait de toute façon pas le choix, puisqu’elle comptait bien jouer la ‘ tata ’ pour leur futur enfant. « Oui, même si je pense qu’elle cherchera à s’imposer, comme beaucoup d’autres, nous allons avoir le droit à un défilé chez nous une fois qu’il sera là. » Un défilé qui inclurait peut-être sa belle-mère, une idée qui la fit grimacer.
Plus les années passaient et plus elle s’améliorait dans l’art de mettre de la distance entre elle et ses proches, son divorce avait été un véritable déclic, il lui avait permis de comprendre qu’elle avait tendance à pardonner trop facilement. Halston avait pensé qu’il s’agissait d’une bonne façon de se protéger, jusqu’à présent cela lui avait plutôt réussi, même si cela lui causait parfois une certaine solitude. Un isolement qu’elle ne devrait plus connaître, parce qu’elle n’était plus cette expatriée qui ne connaissait presque personne sur sa nouvelle terre et qui essayait de rester hermétique face aux hommes. Elle l’avait été presque une année entière avant de croiser sa route à lui, dont le simple regard avait fait l’exploit de faire sauter une des barrières qui emprisonnaient son cœur. La brune avait pensé qu’elle conserverait tout de même toutes les autres, mais Eddie avait su lui prouver le contraire. Néanmoins, elle se mentait à elle-même en continuant de croire qu’elle était à présent libre de ressentir toutes les émotions possibles, d’être elle-même. Halston venait de renouer avec sa véritable personnalité en se montrant de nouveau affectueuse, elle n’avait jamais été une reine de glace et ne le deviendrait certainement pas maintenant avec le père de son futur enfant. Retrouver de la chaleur humaine lui fit l’effet d’une cure, qui délia définitivement sa langue. Elle reçut une supplication accompagnée d’un certain avertissement, il ne pourrait pas supporter son manque de communication une troisième fois. « Je te mettrai au courant de ce qui m’arrive sans tarder à présent. » Dit-elle en le serrant plus fort contre elle. Une étreinte qui connut une fin abrupte lorsqu’elle entendit les prochains mots de son compagnon. Il avait douté d’eux, est-ce qu’il l’avait fait au point de se demander s’ils ne feraient pas mieux de se séparer ? Cette supposition la terrifiait et le fait qu’il ne la regarde pas dans les yeux n’arrangeait rien. Elle croisa ses bras et devint mutique. Est-ce qu’il attendait qu’elle lui dise qu’elle avait pensé la même chose pour se sentir moins coupable ? Peut-être pas, puisqu’il ajouta finalement qu’il s’était détesté d’avoir tergiversé sur leur avenir commun. « L’amour n’est pas un long fleuve tranquille, tous les couples connaissent des épreuves, certains réussissent à les surmonter, d’autres non. » Ils en avaient déjà connu un certain nombre à cause d’un facteur inaltérable, il avait peut-être cru qu’ils auraient enfin le droit à une pause. Halston avait décelé autre chose dans ses propos, un mal-être qu’il tentait vainement de dissimuler. « Il semblerait bien que je n’ai pas été la seule à garder des choses pour moi, ce n’est pas parce que je suis enceinte que tes problèmes deviennent ridicules au point de ne pas mériter d’être mis en lumière, Eddie. » L’univers ne s’était pas mis à ne tourner qu’autour d’elle parce qu’elle portait la vie. Elle retrouva finalement le sourire grâce à leur bébé, qui se manifestait enfin en la présence de son père. Une nouvelle qui ne l’enchantera pas entièrement, puisqu’il se mit à croire qu’il était une éponge qui ne supportait pas les mauvaises ondes et donc qu’il l’excluait lui « Eddie, personne ne peut expliquer avec certitude le comportement d’un fœtus, le hasard doit tenir un rôle important. » La directrice de l’agence de stars voulait dédramatiser la situation, les réflexions de son protégé étant trop négatives à son goût. Halston savait comment lui redonner une place essentielle dans cette petite famille, en l’immortalisant avant que celle-ci ne devienne encore plus concrète. Il lui demanda si elle connaissait des photographes, la réponse était assurément affirmative, travailler dans un domaine créatif lui avait permis d’en connaître plusieurs. « Je pense connaître une photographe qui fera l’affaire. » Une femme qui connaissait la maternité puisqu’elle avait elle-même enfanté, elle serait probablement plus apte que les autres à capter la beauté de cette étape de leurs vies. Les futures photographies ne seront peut-être pas considérées comme parfaites par l’américaine, Eddie lui en fit prendre conscience lorsqu’il centra la conversation sur sa nouvelle coloration. « Effectivement. » Elle ne pourrait pas le contredire, il n’avait pas tenu sa promesse de l’informer en amont. Il savait également qu’elle ne risquait pas d’adhérer à cette nouvelle couleur, qui sans surprise était celle qu’elle appréciait le moins de toutes celles qu’il avait pu arborer. Le danseur chercha à la rassurer en pointant que ses collègues verront bien plus souvent sa rousseur qu’elle, mais cet argument tombait à l’eau puisqu’il ne faisait que de souligner qu’ils ne passaient pas assez de temps ensemble. « Hmm, j’aurai sûrement moins de mal à m’y accoutumer si je la voyais plus souvent. » Ce demi-mensonge aura peut-être le mérite de l’encourager à décrocher un peu plus de son travail. « Sans compter que l’inactivité me sera plus supportable si j’ai une bonne compagnie. » Elle pensait avoir opté pour la bonne formulation, puisqu’elle n’avait pas l’impression qu’elle était culpabilisante pour lui. Le congé maternité devait être la meilleure des occasions pour eux de se retrouver, mais elle craignait qu’il ne soit pas capable de se libérer en cette période si charnière de sa carrière. Ils étaient tous les deux sur le point de concrétiser leurs rêves, mais la réalisation de l’un pourrait nuire à l’autre.
Too strong to tell you I was sorry, too proud to tell you I was wrong; I know that I was blind, and darlin' If I could turn back time, If I could find a way. I'd take back those words that have hurt you, and you'd stay If I could reach the stars, I'd give them all to you. Pride's like a knife, it can cut deep inside, words are like weapons, they wound sometimes.
Eddie garde son calme comme il sait habituellement bien le faire mais s'il avait appris l'existence de cette chute le soir de la discorde, lorsque d'autres informations menaçaient déjà de lui faire perdre toute contenance, il ne fait aucun doute que le danseur aurait bien plus mal encaissé la chose. Cet accident n'aurait pas failli advenir si Halston s'était montrée raisonnable et avait considéré cette mise au repos bien plus tôt, il trouve même malheureux qu'elle doive passer tout près de mettre leur enfant en danger pour prendre subitement conscience des choses et de la nécessité de prendre enfin du recul sur ses fonctions. Cette discussion Eddie estime l'avoir un peu tard compte tenu de l’imminence de sa fin de grossesse mais il s'estime déjà heureux que l'américaine reconnaisse sa fatigue à ce stade, plutôt qu'elle ne s'obstine à diriger son agence jusqu'au bout comme l'acharnée du travail qu'elle sait parfois si bien être. La Shining Stars Agency se voit donc confiée aux soins de Donna, en qui Halston semble placer toute sa confiance pour assurer la relève et veiller à ce que les choses puissent suivre la bonne direction en son absence. Un pari qui ne semble pas bien risqué non plus aux yeux du danseur, estimant lui aussi que l'agence ne devrait pas souffrir de cette transmission de pouvoirs passagère puisque ce n'est pas à une illustre inconnue que les rênes reviennent ici. « Tout ira bien, l'agence est entre de bonnes mains alors promets-moi de ne pas t'inquiéter pour ça surtout. » Ce qu'il ne voudrait pas c'est aussi qu'Halston nourrisse une frustration à l'idée de savoir que les choses continueront de tourner sans elle, aussi certaine puisse-t-elle être aujourd'hui d'avoir pris la bonne décision. Déléguer l'entièreté de son rôle de directrice ne doit pas être évident lorsqu'on s'y investit corps et âme mais il en va aujourd'hui de son bien-être et de celui de leur enfant, dont Halston accepte enfin de faire une priorité. C'est également celle d'Eddie qui n'a sans doute pas fini de se dédoubler entre cette maison et le théâtre durant les deux prochains mois s'il veut garder une place de choix à ses côtés. Une place qu'il ne cèderait pour rien au monde à un autre, même s'il déplore que son spectacle lui vole un temps précieux dont il aimerait profiter avec elle, avant que leur quotidien ne soit totalement chamboulé par la venue au monde de leur petit trésor. Ce sont leurs derniers moments rien qu'à deux alors qu'ils n'ont encore jamais connu autre chose, et peut-être seront-ils parfois amenés à regretter ces derniers lorsque leur quotidien sera rythmé par l'arrivée d'un tout nouveau membre sous leur toit. Halston peut en tout cas compter sur lui et sur sa pleine attention, pour une fois que ce n'est pas elle qui se montre disponible pour les autres comme ce fut jusqu'ici un peu trop le cas avec ses protégés. « Vois-le comme une bonne chose. Ils apprendront peut-être à se reposer un peu moins sur toi et de ton côté, tu réaliseras peut-être aussi que ton rôle dépassait parfois ses limites. » Il n'a pas peur de l'insinuer fortement ici car à ses yeux Halston ne devrait pas mettre sa vie entre parenthèses au moindre acteur se trouvant en difficulté, pas si cela signifie laisser son travail s'immiscer jusque dans leur intimité. « J'aimerais que tout ça serve à quelque chose pour la suite, tant qu'à faire. » Car il ne sera pas plus acceptable de la voir accourir au chevet de ses acteurs une fois cette grossesse passée, c'est bien ce que le danseur sous-entend ici et un point sur lequel son avis n'est pas près d'évoluer. Si l'américaine désire continuer de voler au secours de ses protégés cela ne pourra pas être au détriment de leur vie de famille, qu'Eddie ne tient pas à voir aussi souffrir de sa trop grande implication en tant qu'agente. « Je sais, oui. » il souffle en allant saisir sa main lorsque la mention de l'acteur désormais hors de danger fait écho à d'autres souvenirs, déplaisants au possible. Eddie sait mais ne dit rien, cet épisode n'étant bon à ressasser pour personne, pas même pour lui en raison d'images que le danseur a longtemps gardé à l'esprit pour avoir été autrefois le premier sur les lieux. Ils n'ont désormais plus de raison de s'inquiéter pour Diana mais la présence de l’américaine n'en est sûrement pas moins souhaitée auprès de son amie. « Il est encore possible de te rattraper tu sais, en profitant de ces deux mois de repos pour t'offrir quelques moments avec elle. » Il ne doute pas que cela puisse faire plaisir à Diana, n'excluant d'ailleurs pas de l'accueillir de nouveau sous leur toit pour faire dignement bien les choses, cette fois. Halston lui arrache un sourire en évoquant les nombreuses visites auxquelles ils devraient avoir prochainement droit, qu'elle se plait même à assimiler à un véritable défilé. « Il faut s'y attendre, notre enfant deviendra prochainement la star du quartier. » il souligne dans un sourire et d'un air convaincu car personne ne pourra résister à l'envie de découvrir sa frimousse, Eddie en mettrait d'ores et déjà sa main à couper. Il compte néanmoins contrôler la façon dont ces rencontres s'enchaineront et garder notamment un œil sur sa propre mère, qui cherchera forcément à honorer son rôle auprès de son petit-enfant. « Tu peux déjà être sûre que sa marraine ne se fera pas prier pour passer du temps ici, après tout elle n'aura qu'une rue à traverser. » Charlie n'est pas nommée ici mais c'est bien à sa meilleure amie que le danseur fait allusion, n'hésitant pas à lui octroyer ce rôle dont ils n'ont pour autant jamais discuté. C'est simplement l'évidence à ses yeux, celle contre laquelle Eddie ne pourrait pas envisager d'aller.
Les bras d'Halston resserrant leur étreinte est sans doute la meilleure réponse qui pouvait lui être donnée alors qu'Eddie ne cache pas son désir de ne plus jamais se voir exclus de ce qu'elle peut ressentir, qu'il s'agisse de ses joies ou de ses tourments. Les secrets de l'américaine ont bien trop rongé leur couple jusqu'à présent pour laisser encore à ces derniers l'occasion de peser lourdement sur eux, derrière cette demande il la met aussi en garde car un nouvel affront du genre ne pourra pas lui être une troisième fois pardonné. Ainsi Eddie ne la prend pas en traitre, elle sait à quoi s'attendre si l'envie la reprend de le mettre à l'écart car sans communication et sans confiance, le danseur ne voit honnêtement pas à quel avenir leur couple pourrait encore prétendre. Il ne répond pas à sa promesse, lui offrant à la place la douceur de ses bras même si ses prochains aveux le contraignent bien vite à rompre son silence. Admettre qu'il a douté d'eux n'a rien de simple et pour cause, leur dernier échange l'a amené à cogiter profondément sur leur couple et à effleurer certaines possibilités qu'Eddie serait aujourd'hui le premier à rejeter. Il n'a jamais voulu envisager une séparation ni même la moindre pause, mais il mentirait s'il disait que ses nuits passées dans leur chambre d'ami et cet éloignement soudain entre eux n'ont pas brisé quelque chose en lui. Son optimisme bien sûr, mais aussi l'envie de se battre pour leur famille en ne sachant pas si Halston le désirait elle aussi. C'est même résigné à voir les choses perdurer qu'Eddie a abordé les dernières semaines, errant tel un zombie dans les couloirs du théâtre comme dans cette maison où il n'avait plus l'impression de partager quoi que ce soit avec la femme qu'il aime. Ses doutes, il n'est pas fier de les exposer ce soir mais c'est une vérité qu'il estime pour autant lui devoir, quand bien même Halston semble peinée de l'entendre. Tous les couples passeraient un jour ou l'autre à travers ce genre d'épreuve selon elle et il ne peut pas totalement lui donner tort, simplement Eddie refuse pour sa part de le voir comme un passage obligé sous prétexte qu'aucune relation n'est parfaite et que l'herbe n'est pas forcément plus verte chez les autres. Parfait leur couple ne le sera jamais lui non plus mais il pourrait s'en approcher, si tous les efforts étaient faits dans ce sens. « Ce n'est pas la première en ce qui nous concerne, tu le sais comme moi. » Pas la première épreuve qu'ils traversent non, et sans doute pas la dernière même s'il préfère croire qu'ils n'en connaitront plus jamais d'une telle ampleur. La balle est dans son camp, c'est ce qu'Eddie semble lui dire même s'il n'a pas été d'une transparence absolue non plus, ce qu’il est enfin forcé d’admettre. Les mots posés sont encore timides mais le sujet a au moins le mérite d'être abordé, après des mois à ravaler des doutes et des angoisses qu'il n'estimait pas légitimes. « Je vais bien Halston. » Il veut encore s'en convaincre parce qu'il considère avoir tout pour être heureux, entre un travail qui le passionne et de grands projets à venir, et un rôle de père qui aura également tout pour le combler très bientôt. Il ne devrait pas y avoir la moindre ombre au tableau et pourtant, cette succession d'accomplissements s'accompagne d'une pression très importante qu'Eddie a pour la première fois de sa vie l'impression de ne pas pouvoir porter sur ses épaules sans risquer de flancher. « J'enchaine juste des journées épuisantes et.. je suis un peu stressé par l'arrivée prochaine du bébé, je te l'accorde. » C'est un premier pas en avant que de l’avouer, lui qui n'avait encore jamais confié à l'américaine combien cette grossesse pouvait le travailler. Il est heureux de devenir prochainement père, la question ne se pose pas, car c'est bien la grandeur du défi qui l'attend face auquel Eddie a tendance à se sentir minuscule. « J'ignore si je serai à la hauteur, c'est surtout ça qui m'inquiète. » Sa meilleure amie le sait depuis des mois et sur les conseils de cette dernière, il ouvre enfin son cœur en espérant qu'Halston sera elle-même prête à le faire s'il montre l'exemple. Eddie ne veut plus rien cacher de ce qu'il ressent à la mère de son enfant, cette discussion n'est après tout pas sans importance et il pourrait se sentir un peu plus léger d'en parler s'il ne questionnait pas à présent les signes envoyés par le bébé. Pour Halston le comportement d'un enfant pas encore né ne peut faire l'objet d'aucune interprétation mais le danseur est un peu plus sceptique, persuadé au fond de lui qu'un fœtus assez développé est apte à ressentir les choses parmi lesquelles les tensions ravageant leur foyer. « J'ai pourtant lu quelque part que le fœtus se connectait aux émotions de sa mère pendant la grossesse, ce serait d'ailleurs pas sans incidence sur son évolution. » Il peut retrouver l'article au besoin, ce dernier faisant partie de ceux qu'Eddie a longuement épluché durant les premiers mois quand il cherchait encore sa place dans cette grossesse. Et en y repensant, il n'est pas pleinement rassuré par l'idée que le bébé puisse absorber tout ce qu'Halston ressent car ces derniers temps, l'américaine ne devait pas avoir beaucoup de positif à lui transmettre. Il ne s'attarde pas sur le sujet du photoshoot, laissant sa compagne contacter la photographe qu'elle connait pour revenir finalement sur cette coloration mise tout naturellement de côté, et lui ayant jusqu'ici permis de passer entre les mailles du filet. Halston ne semble pas lui en tenir rigueur même s'il devine que cet orange vif lui fait horreur, comme chaque fois qu'il a eu le malheur de pousser la fantaisie aussi loin. Ses collègues restent toutefois les plus susceptibles d'en profiter mais l'américaine ne serait pas contre le fait de l'avoir un peu plus à ses côtés pour se faire à l'idée, sous-entendant d'ailleurs qu'un peu de compagnie ne serait pas de refus durant sa mise au repos. « Si seulement c'était aussi simple. » il soupire doucement, incapable pour l'heure de promettre qu'il parviendra à dégager beaucoup de temps pendant les prochaines semaines car ces choses-là ne dépendent pas que de lui. « Je ferai de mon mieux avec le théâtre mais les répétitions vont être amenées à s'intensifier, je préfère ne pas te le cacher. Tu sais que je passerais tout mon temps avec toi si je le pouvais, n'est-ce pas ? » Il cherche à s'en assurer en ancrant son regard dans le sien car la période où Eddie souhaiterait être le plus disponible est aussi celle où il est le plus pris. « Je pense que tu t'habituerais mieux à cette couleur si tu pouvais l'admirer dès que tu ouvres les yeux le matin. » Cette idée n'est pas posée là sans raison et Eddie ne laisse s'écouler que quelques secondes avant de poursuivre, on ne peut plus sérieusement. « Laisse-moi revenir dans notre chambre. M'endormir et me réveiller à tes côtés me manque. » Il ne demande qu'à retrouver leur tendresse perdue et s'emploie à le lui faire sentir en caressant lentement son bras, se retenant toujours de capturer ces lèvres qui lui manquent bien trop elles aussi.
Il était facile pour Eddie de dire que tout irait bien, il n’avait aucune idée de l’envergure de ses responsabilités, puisqu’il n’était pas à la tête d’une entreprise. Si elle avait le malheur de le lui dire, il lui répondrait probablement qu’il en avait aussi avec son spectacle à gérer, mais ce n’était qu’un événement ponctuel puisqu’il n’était pas chorégraphe toute l’année. Il allait jusqu’à lui demander l’impossible, en réclamant qu’elle ne s’inquiète pas pour l’agence. Elle se questionna, à quoi bon lui faire une promesse qu’elle ne pourrait pas tenir ? Halston soupira. « Ce n’est pas aussi facile que cela. » Il le savait déjà, puisqu’il serait aussi incapable de le faire de son côté. « Cependant ce n’est pas parce que je vais m’inquiéter que je vais directement foncer à l’agence. » Elle avait beau jouir d’une certaine proximité avec celle-ci depuis qu’elle avait déménagé, elle ne s’amuserait pas à faire des allers retours. S’il y avait un problème qui nécessitait son avis, ses collègues savaient qu’ils pourraient simplement lui téléphoner, mais elle se doutait qu’ils ne le feraient probablement pas, pour qu’elle décroche de son boulot pour de bon. Eddie essayait au maximum de lui faire voir le bon côté des choses, mais il ne procédait pas de la meilleure des manières, puisqu’il n’hésitait pas à lui faire des reproches sur sa façon d’exercer son métier, dont il ne connaissait pas les tenants et les aboutissants. Elle avait l’impression qu’elle allait devenir un véritable disque rayé, mais si son compagnon n’avait pas encore comprit alors elle allait encore une fois se répéter. « Je m’occupe d’êtres humains, Eddie. » Pas de produits marketings, mais de personnes dotées de sensibilité, elle ne pouvait pas faire semblant de ne pas voir ou entendre. « L’industrie du cinéma est un véritable rouleau compresseur, j’ai le devoir d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard. » Il ne s’était pas suffisamment familiarisé avec pour réellement visualiser ce qu’elle racontait, alors que les preuves ne manquaient pas, de nombreuses célébrités ayant mal tournés. Elle n’avait pas oublié qu’il avait également mentionné la suite, un futur dans lequel il ne l’imaginait pas faire les choses comme il faut, ce terrible manque de confiance en elle la rendit crispée. Devait-elle lui rappeler qu’elle avait été la première à nourrir le rêve d’enfanter ? Qu’elle était prête à devenir mère depuis des années ? Elle ferma ses yeux l’espace de quelques secondes, elle n’avait pas envie qu’il se sente rabaissé de quelque façon qui soit, elle décida donc de s’y prendre autrement. « Mon enfant sera ma priorité. »Cela ne se voyait peut-être pas actuellement, mais une fois qu’il sera venu au monde, il ne pourra plus avoir le moindre doute. « Je ne sais même pas comment tu peux croire le contraire. » Était-elle victime de clichés qu’il n’osait pas dire à haute voix ? Qu’elle risquait de rejoindre le rang de ces riches, qui font élever leur progéniture par d’autres personnes ? Halston n’avait pas le souvenir qu’il se soit déjà basé sur des préjugés pour la juger elle, qui jusqu’à présent avait su lui montrer qu’elle n’y correspondait pas. L’américaine changea subitement d’humeur lorsqu’il fut question de l’état de santé du dernier acteur qu’elle avait secouru. Elle avait beau ne pas en être aussi proche qu’elle ne l’était de Diana, le parallèle ne pouvait pas être éviter. Sentir qu’il saisissait sa main l’apaisa, entendre ses prochaines paroles chassa au loin ces sombres pensées. « Je vais les mettre à profit pour profiter au maximum de mes proches, oui. » Si elle le pouvait, il n’était pas certain qu’ils se montrent aussi disponibles qu’elle ne le souhaitait. Ils sauront sans nul doute le faire une fois que leur enfant sera là, pour ne pas rater les premiers instants de son existence. Eddie s’amusa à l’imaginer comme la star du quartier, même si elle savait qu’il susciterait de la curiosité, elle ne voulait pas non plus que tous les regards soient braqués sur eux. Cette contrariété lui parut bien maigre, comparée à celle qu’il lui apporta en s’avançant sur l’identité de la marraine. Les sourcils de la brune se froncèrent. « Nous n’avons pas discuté de la moindre marraine. » Le ton de la directrice de l’agence de stars se voulait ferme, il ne déciderait pas en un claquement de doigts que Charlie occupera cette place. Elle trouvait également de mauvais goût qu’il souligne à quel point il lui était facile d’accéder à chez eux, puisqu’il avait volontairement omit de lui dire qu’elle habitait dans le quartier avant qu’ils ne choisissent cette maison.
Prendre sur elle était comme une seconde nature, une seconde nature dont Eddie ignorait encore l’étendue. Une facette qu’il avait beaucoup de difficultés à apprécier, parce qu’il la jugeait responsable de leurs maux, mais sans elle Halston aurait pu craquer au point de tout envoyer valser. Il ne savait pas ce qu’elle avait été capable d’endurer durant son mariage, il ne connaissait pas tous les sacrifices qu’être en couple pouvaient induire. Il faisait une fixette sur le fait qu’il ne s’agissait pas de leur première épreuve, il serait bien naïf de croire qu’il n’y en aurait pas d’autres. « Alors quoi ? » Qu’elle lui demanda simplement. « Notre chemin a été semé d’embûches, est-ce que nous avons abandonné pour autant ? » Elle aimerait qu’il garde le cap commun qu’ils avaient su trouver, plutôt que d’espérer une relation parfaite qui n’existera jamais. « Si nous l’avions fait il n’existerait pas. » Dit-elle en plaçant sa main sur son ventre. « Nous ferons le nécessaire pour qu’il soit heureux et cela inclus que nous le soyons nous-même. » L’un n’allait pas se produire sans l’autre. Un épanouissement qui ne sera pas réalisable si le danseur lui cachait de nouveau des problèmes de santé, qu’elle accepterait encore moins dans le contexte actuel. Il clama qu’il allait bien, mais le regard insistant de la brune ne le laissera pas s’arrêter sur ces mots. Eddie admit finalement que ses journées étaient éreintantes, avant d’ajouter qu’il était stressé par le rapprochement de l’arrivée de leur bébé. Elle se demanda momentanément s’il n’avait pas envie de faire machine arrière, mais il sut la contredire avant que cette pensée ne s’ancre réellement dans son esprit. Il craignait de ne pas être un assez bon père, Halston pencha sa tête avant de saisir son menton. « Tes doutes sont légitimes Eddie, tu n’as pas encore connu la parentalité alors personne n’attend de toi que tu sois le papa idéal dès le début. » Elle parlait pour elle et pour les autres, mais elle ne pensait pas trop s’avancer en lui racontant cela. « Tu trouveras probablement tes marques plus rapidement que tu ne le crois et surtout tu ne seras pas seul dans cette aventure. » Il pourra compter sur elle en premier lieu et peut-être même sur des personnes qu’il ne soupçonnait pas. Elle cessa son emprise lorsque la conversation prit un tournant pessimiste. Il lui confia avoir lu un article sur les fœtus qui n’avait rien de rassurant pour lui, ni pour elle puisqu’il lui parlait de possibles incidences sur son évolution. Halston n’avait aucune idée d’à quel point Eddie avait pu être alarmé par la situation dans laquelle ils se trouvaient depuis des semaines, pourquoi n’avait-il pas fait le premier pas dans ce cas-là ? « Le bébé ne te détestera pas. » Affirma-t-elle sans hésitation. « Il t’aimera d’un amour incommensurable. Si il est si connecté que cela à mes émotions, il sait que je n’ai pas cessé de t’aimer. Il sait aussi que je me suis sentie idiote d’avoir commis la même erreur... » Reconnaître qu’elle avait manqué de jugeote était certainement une des choses qu’elle détestait le plus faire, parce qu’elle était censée être quelqu’un de réfléchi, encore plus face à un jeune homme de vingt-six ans. La brune décida de lui faire une requête qu’elle ne lui avait encore jamais faite, elle n’avait été réalisée qu’à demi-mot, mais il comprenait parfaitement où elle voulait en venir. Il l’informa que ses répétitions ne feront que de lui ronger plus de temps, qu’il ne se voyait pas lui offrir autant de moments qu’elle ne le voudrait. Un silence s’installa, avant d’être brisé par la nouvelle possibilité qu’il lui proposa. Il voulait regagner leur lit conjugal, une information qui aurait pu la ravir si elle n’avait pas l’impression qu’il lui donnait des miettes. « Je vais être femme au foyer et tout ce que tu veux m’offrir ce sont des moments dont je n’aurai pas conscience la plupart du temps ? » Halston avait dû être victime d’un optimisme aveuglant, pour croire qu’il lui concéderait plus que cela. « Eddie... » Ce n’est pas sérieux, des mots qu’elle gardera en elle. « Notre vie à deux est bientôt révolue. » Qu’elle préféra lui dire. « Essayons de la savourer avant qu’il ne soit trop tard... s’il te plaît. » Les yeux verts de la brune lui suppliaient d’accepter. Elle ne lui demandait pas lui consacrer des semaines entières, seulement suffisamment d’heures pour véritablement apprécier sa présence.
Too strong to tell you I was sorry, too proud to tell you I was wrong; I know that I was blind, and darlin' If I could turn back time, If I could find a way. I'd take back those words that have hurt you, and you'd stay If I could reach the stars, I'd give them all to you. Pride's like a knife, it can cut deep inside, words are like weapons, they wound sometimes.
Il en demande sans doute trop en attendant d'Halston qu'elle ne s'inquiète pas pour l'agence qu'elle s'apprête à laisser derrière elle, alors qu'il serait lui-même incapable de veiller sur le théâtre d'un œil lointain en considérant simplement que ce dernier se trouve entre de bonnes mains. Eddie sous-estime peut-être bien le sacrifice que l'américaine s'engage à faire mais il reste convaincu que c'est un mal pour un bien, de quoi lui permettre de déconnecter quelques temps même si l'habitude de se rendre chaque matin à la Shining Stars Agency sera difficile à perdre, il s'en doute bien. Il n'a jamais dit que ce serait facile mais il l'a certainement un peu pensé en voulant croire avant tout qu'Halston prenait la meilleure décision qui soit, sans pleinement considérer ce que prendre ses distances de ses rôles d'agente et de directrice représenterait pour elle. Elle exerce ce métier depuis bien trop longtemps pour appréhender sereinement de devoir s'en éloigner et Eddie le conçoit enfin, ils ont après tout la même dépendance au travail et l'éternel besoin de gérer les choses eux-mêmes alors ce qui s'avère difficile pour elle le serait tout autant pour lui. Elle ne peut pas promettre qu'elle ne s'inquiètera de rien mais cela ne la poussera pas à se ruer à l'agence à la moindre occasion, encore heureux qu'il serait pour sa part tenté d'ajouter. « Il vaut mieux car je n’hésiterai pas à kidnapper tes clés de voiture pour être sûr qu’ils se passeront tous de toi. » Ce serait lui prouver qu'il ne lui fait pas confiance pour se ménager comme elle le doit et bien sûr Eddie n'en fera rien, à moins qu'elle ne lui donne une bonne raison d'aller dans de tels extrêmes en faisant perdre aux mots « mise au repos » tout leur sens. Dans l'immédiat en tout cas, le danseur n'y songe pas sérieusement. « Ne me regarde pas comme ça, tu sais que je plaisante. » il glisse alors dans un léger sourire, pas certain toutefois qu'elle soit très réceptive à ce genre d'humour en ce moment. Ce congé sera à ses yeux un bon moyen de recentrer la place qu'elle peut tenir auprès de ses protégés, excessive sous bien des aspects à son humble avis mais alors qu'Eddie estime souligner une vérité ici, sa compagne juge bon de lui rappeler qu'elle s'occupe d'humains susceptibles de s'écarter du droit chemin si elle ne reste pas derrière eux. Ce devoir sur lequel elle insiste l'irrite quelque peu car il est difficile de ne pas questionner ses priorités lorsque ses acteurs peuvent la détourner de ses autres obligations au moindre problème, dans un milieu auquel Eddie ne trouve décidément aucun bon côté. « Tu as aussi le devoir de faire la part des choses pour notre famille, je n’ai pas le souvenir que tu étais aussi accaparée quand on a commencé à se fréquenter, si ? » Elle ne semblait pas l'être deux ans en arrière et s'il osait, il lui demanderait s'il faut forcément risquer l'overdose ou la déroute pour être considéré comme un être humain à ses yeux. En clair ses protégés ne sont pas plus importants que d'autres et gagneraient sûrement aussi à changer de métier s'ils n'ont pas les épaules pour le supporter, une autre remarque qu'Eddie garde pour lui car elle lui serait à coup sûr reprochée. Tout ce qu'il attend d'elle est de ne plus laisser son travail empiéter sur leur vie de couple, il n'estime pas lui demander la lune et reste malgré tout conscient que les imprévus existent, à condition que ces derniers n'adviennent pas trop souvent – exceptionnellement serait même le plus souhaitable ici. Ses traits se durcissent face aux prochaines paroles de l'américaine car il y a un monde, selon lui, entre souligner qu'elle outrepasse parfois son rôle et l'accuser de faire passer leur enfant au second plan. Il ne croit rien en l'occurrence et peut encore moins affirmer comment les choses se passeront dans quelques mois, la suite qu'il évoquait n'englobait pas seulement la priorité qui pourrait être donnée au bébé mais c'est ainsi qu'elle préfère de toute évidence l'interpréter comme si leur couple n'avait pas de plus grandes chances d'en pâtir. « Ce n’est pas ce que j’ai dit mais admets-le, tu aurais tardé à te mettre au repos même si le docteur Lachman te l’avait demandé. » Ce n'est pas pour rien que le gynécologue comptait sur lui pour s'assurer qu'elle ne s'épuise pas trop et sur ce point, Eddie ne peut pas tout à fait s'empêcher de penser qu'il a un peu échoué. « Ça ne fait pas de toi une mauvaise mère, juste un bourreau du travail qui va devoir apprendre à lever le pied et c'est tout, s'il te plait ne t'imagine pas autre chose. » C'est d'une voix bien plus douce qu'il le souligne, ne voulant pas prendre le risque de la braquer alors qu'il devine que le sujet reste sensible. « Et avant que tu m’en fasses la remarque, je sais que je ne suis pas beaucoup mieux que toi sur ce point-là. » Le nier serait faire preuve d'une mauvaise foi sans nom même si la différence entre eux réside bien dans le fait qu'Eddie ne porte pas la vie, lui. Il n'a à vrai dire pas le moindre doute quant à la mère dévouée qu'Halston sera et sur l'amour qui sera porté à leur enfant, connaissant l'importance que ce dernier peut avoir pour celle qui l'attend depuis longtemps alors qu’il doute un peu plus de leur relation au beau milieu de ces chamboulements. Des erreurs qui pourraient être reproduites et de cette communication fragile ne tenant parfois qu’à un fil, comme le prouve d'ailleurs le prochain sujet évoqué et cette marraine qu'Eddie a pris la liberté de désigner de son côté. Ils n'en ont effectivement pas discuté et Halston semble déjà agacée à l'idée qu'une telle chose ait été actée sans elle, un tort que le danseur ne contestera pas avoir même si les circonstances n'ont pas aidé, non plus. « Ce n’est pas ces derniers temps que cette discussion aurait pu avoir lieu, tu en conviendras. » Ils sont passés à côté de cette discussion et de bien d'autres avec leur silence respectif des dernières semaines, repoussant toujours plus le moment où les choses seraient vues comme s'il n'était pas déjà compliqué de les aborder avec elle, compte tenu de son aversion naturelle pour la meilleure amie du danseur. « Charlie serait ravie d’être la marraine, j'estime que ce serait même légitime vis-à-vis de nos seize années d’amitié. » C'est un argument sur lequel Eddie entend bien jouer car il prouve à son sens beaucoup de choses, peu importe ce que sa compagne choisira d'en penser car tout ce temps écoulé n'est certainement pas trompeur. « Et parce que je ne vois pas de personne mieux placée qu’elle pour ça. » Inutile de lui faire savoir que sa petite sœur conviendrait tout aussi bien pour le rôle, Callie sera déjà la tante de cet enfant et cela sous-entend une place tout aussi importante à ses côtés. « Si tu voulais bien mettre tes aprioris de côté, tu le reconnaîtrais toi aussi. » Il en appelle à son objectivité et apprécierait vraiment qu'elle ne fasse pas preuve d'un esprit de contradiction qui ne le ferait dans tous les cas jamais revenir sur sa décision. « Le parrain peut être choisi par tes soins, je ne m'opposerai à rien. » il l'informe avec l'intention évidente d'arrondir les angles et bien sûr, sa seule condition serait ici de ne pas considérer un seul instant Hector pour le rôle. Elle peut même opter pour une seconde marraine si elle le souhaite, ce n'est pas lui que cela dérangerait.
Alors quoi ? Son regard confronte le sien à l'entente de ces simples mots avant qu'Eddie ne lui accorde son silence, cogitant sur ce fameux chemin dont Halston fait mention et sur le fait que leur couple n'a effectivement pas été épargné par de vives complications dès le début. Ils n'ont pas abandonné, ont même bataillé pour rendre cette histoire possible et pour enjamber ces épreuves une à une et sans cette détermination et cet amour qui a triomphé plus d'une fois sur le reste, il est certain que leur foyer ne serait pas sur le point de s'agrandir aujourd'hui. C'est un point qu'Eddie consent à lui accorder même s'il tient malgré tout à y apporter une nuance, non négligeable à ses yeux. « C’est différent quand ces embûches viennent des autres, je l’accepte un peu mieux que lorsqu’elles viennent de nous. » Et ce nous n'est pas vraiment valable en ce qui concerne leur dernière crise en date, il ne juge pas utile de le préciser car Halston sait déjà que la majorité des torts lui reviennent. Pour autant, des erreurs, Eddie en a commis lui aussi par le passé alors il ne prétendra pas être irréprochable quand ses excès de fierté ont déjà très largement joué contre lui. Ils n'ont aucun pouvoir sur la désapprobation de leurs proches mais ils peuvent faire en sorte que ces difficultés ne leur soient pas personnellement dues, afin de ne pas donner raison à tous ceux s'évertuant encore à douter de la stabilité de leur couple. Faire le nécessaire pour que leur enfant soit heureux et pour leur permettre de l'être eux aussi ne sera pas du luxe à ce stade mais ils en sont capables, pour l'avoir après tout déjà été. Ce bonheur existe, il n'ont qu'à se donner les moyens de le retrouver et celui-ci passera notamment par l'honnêteté que l'un et l'autre se doivent puisque ces choses-là fonctionnent dans les deux sens, il n’y a pas de secret. Eddie ne peut pas lui demander de ne plus l'exclure des évènements de sa vie s'il n'est pas lui-même fichu de la tenir informée de ses doutes et angoisses, sur lesquels le danseur aura finalement mis des mots après de longs mois passés à les lui avoir caché. Ce n'est pas seulement par pudeur qu'il en a fait un tabou, c'est aussi parce qu'il ne s'estimait pas en droit de ressentir tout ce qui pouvait le travailler mais cette inquiétude reste fondée pour Halston, quoi qu'il puisse de son côté en dire. Personne n'attend de lui qu'il coche toutes les cases du père idéal dès les premiers mois mais face à ces paroles vouées à le rassurer, sa réaction ne se fait pas attendre. « Si. Moi. » il souffle sans chercher à retenir le soupir qui lui vient car la seule personne attendant de lui qu'il brille immédiatement dans son nouveau rôle n'est autre qu'Eddie lui-même. Il aimerait notamment prouver qu'il n'est pas trop jeune pour être père comme beaucoup semblent le penser, autant qu'il souhaite relever cet imposant défi qui l'attend comme il a relevé tous les autres avant lui, dans un besoin éternel de réussite sur tous les plans de sa vie. Il ne peut pas être un artiste collectionnant les accomplissements et être à côté un père complètement dépassé car le seul angle sous lequel Eddie accepte de voir les choses reste celui où un juste milieu saura être trouvé entre ses différentes responsabilités. Il n'imagine pas un monde où il n'arriverait pas à jongler entre les répétitions à superviser et les couches à changer et pourtant chaque jour qui passe renforce un peu plus les craintes qu'il peut avoir, l'amenant à douter profondément de lui pour la première fois de sa vie. « Je sais que ce sera aussi une nouveauté pour toi mais ça ne m’empêche pas de me sentir comme le seul partant vraiment de zéro dans cette histoire. » Elle a eu le temps de l'imaginer et d'en rêver, elle a aussi déjà côtoyé des enfants de très près au sein même de sa famille et a tout simplement cette fibre maternelle en elle depuis toujours, la rendant à son sens bien mieux préparée qu'il ne peut l'être. Ses marques Halston ne devrait avoir aucun mal à les trouver mais l'évidence ne sera peut-être pas au rendez-vous pour lui, quand bien même sa compagne semble disposée à ne pas le laisser en douter. Elle s'assure aussi qu'il ne puisse pas remettre en question l'attachement de leur enfant à son père et ne manque pas de lui confier que son amour pour lui n'a jamais cessé de l'animer lorsqu'ils étaient en froid, supposant que le bébé a également pu le ressentir si cette fameuse connexion existe. « J’espère qu’il sait aussi à quel point je t’aime, même si je ne l’ai pas beaucoup montré dernièrement. » Un tendre sourire prend place le long de ses lèvres tandis qu'il dépose une main sur son ventre comme pour prendre le fruit de leur amour en témoin. Eddie regrette que ces marques d'affection aient été si rares ces derniers temps, aussi bien vis-à-vis d'Halston que de leur enfant car c'est avant tout sa déception et sa rancœur qui ont parlé quand lui optait au contraire pour le mutisme et la fuite. « Vous étiez dans mes pensées malgré tout, chaque jour je me demandais comment je pourrais arranger les choses car j’avais beau t’en vouloir, j’avais aussi vraiment besoin de toi. » C'est par ailleurs toujours le cas et c'est ce que tend à montrer cette proximité qu'il vient chercher avec le contact de sa main sur son bras, à défaut d'oser entreprendre beaucoup plus. Ce n'est pas faute de désirer la reprendre dans ses bras et l'embrasser mais Eddie fait sans doute bien de s'en priver avec ce poids tombant soudainement sur leur échange, à travers un silence n'augurant une nouvelle fois rien de bon. « Halston.. » il souffle en comprenant que ses dernières paroles ont été mal perçues mais en saisissant, surtout, que ces moments qu'il tentera de lui offrir ne valent pas grand-chose à ses yeux. « Je fais tout ce que je peux depuis des mois pour réussir à être présent sur tous les fronts, peut-être que ça ne se voit pas mais je me tue à la tâche pour ne pas être forcé de choisir entre mon spectacle et toi. » Oh, son corps lui s'en rend bien compte mais elle n'a sans doute pas remarqué tout le poids qu'il avait pu perdre en raison de moments intimes s'étant amoindris comme le reste. « Ce n’est pas comme si je pouvais mettre tous mes projets sur pause, contrairement à toi je ne peux même pas envisager de me mettre au repos et avant même de voir quoi que ce soit tu considères déjà que ce ne sera pas assez. » Le fait est qu'il ne peut pas confier les rênes à un autre pour un spectacle qu'il a imaginé lui-même, déléguer ses idées ne serait pas possible et Eddie a de toute façon pris bien trop de retard sur ce projet pour se permettre d'en accumuler davantage. Il n'a donc plus qu'à réduire son temps de sommeil déjà très pauvre pour profiter au maximum de ses soirées avec elle car en l'état, il ne voit pas bien ce qu'il pourrait faire de plus à moins d'ajouter des heures à des journées n'en comptant que vingt-quatre. « Est-ce que j’ai déjà annulé un dîner pour filer au théâtre, moi ? Est-ce que tu m’as déjà vu m’y rendre en catastrophe pour gérer des imprévus ? Alors qu’ils existent pourtant, crois-moi. » Ils sont même nombreux en pleine préparation d'un spectacle mais Eddie conserve encore certaines limites sous peine d'en oublier proprement de vivre, et parce qu'il deviendrait fou s'il ne voyait plus rien d'autre que les murs d'un théâtre où il ne compte déjà pas ses heures. « Admets plutôt qu’on a perdu un temps précieux ces dernières semaines et qu’on aurait pu en profiter bien plus tôt si on s’était parlé. » C'était leur chance et ils l'ont laissé filer, c'est bien ce que ses mots sous-entendent et il ne s'excusera pas de le penser. Des moments à deux ils auraient pu en avoir des tas mais au lieu de ça, chacun se murait dans le silence et recourait à l'ignorance pendant que la dernière ligne droite se profilait à grand pas. C'est un énième soupir qui lui échappe alors qu'Eddie peine tout juste à soutenir son regard, se sentant inévitablement coupable de ne pas pouvoir lui donner plus. « Je ferai de mon mieux comme je l’ai toujours fait, c’est la seule chose que je peux te promettre et je suis désolé que ce soit déjà insuffisant à tes yeux. » Sa main se retire doucement de son bras, laissant place à l'impression toujours plus grande d'être attendu au tournant et de devoir faire un choix qu'il se refuse encore à faire : ses ambitions ou la femme qu'il aime.
La plaisanterie d’Eddie était de mauvais goût, Halston savait que dans le fond il pensait vraiment ce qu’il disait, même s’il ne pensait probablement pas mettre cette menace à exécution un jour. Il savait qu’il ne vaudrait mieux pas qu’il la prive de ses clés, plus l’américaine prenait de l’âge et moins elle supportait qu’on cherche à la contrôler, de quelconque façon que ce soit. La brune n’avait pas recherché à devenir directrice uniquement parce que cela était jugé plus prestigieux par ses parents, mais surtout parce qu’elle ressentait un besoin impérieux d’être aux manettes, qu’on ne lui dicte plus quoi faire. « Tu n’es pas drôle. » Qu’elle se contenta de lui glisser, lui délivrer l’intégralité de ses pensées ne feraient qu’envenimer les choses. La directrice de l’agence sentait qu’elle lui hérissait les poils, à lui parler de son devoir, celui-ci lui paraissait incompatible avec celui de s’occuper de fonder leur famille. Le danseur compara ce qui n’était pas comparable, en lui parlant d’un temps où elle n’était encore qu’une agente de stars, sans prendre en compte d’autres paramètres. Eddie avait du mal à se mettre à sa place et pour cause, il n’avait jamais été victime d’une chasse à la sorcière contrairement à elle. « J’essayais encore de regagner la confiance et l’estime de mes pairs à l’époque, alors non on ne me confiait pas autant de travail que maintenant et puis... »Et puis il y avait une autre raison qu’il connaissait déjà, même s’il feignait d’être dans l’ignorance. Il souhaitait sûrement l’entendre de vive voix, qu’elle admette sa part de lâcheté. La tête baissée, la brune consentit enfin à lui dire ce qu’il avait besoin d’entendre. « Il était trop dur d’être à tes côtés dans ces conditions, de me retrouver seule dans cette maison pendant des semaines, à me mordre les doigts de ne pas avoir réussi à maintenir notre couple à flot. » Ses yeux verts teintés de tristesse regagnèrent le chemin de ceux de son compagnon. Halston n’arrivait pas à expliquer comment elle avait pu en arriver à là alors qu’elle était loin d’être une novice en amour. Une expérience qui aurait dû considérablement l’aider à avoir une relation saine avec lui, et pourtant elle avait préféré l’esquiver plutôt que d’affronter sa déception quotidiennement. « J’ai été mariée pendant des années et je ne supporterai pas de vivre de nouveau un échec aussi immense que celui de mon divorce. » La brune n’avait pas de bague au doigt à l’heure actuelle, mais cela ne rendait pas son couple moins sérieux à ses yeux. « Je ne m’imaginais pas avoir autant de tensions avec toi au beau milieu de ma grossesse. J’ai préféré fermé les yeux et attendre que cela passe plutôt que... » Plutôt que de prendre le risque d’avoir une discussion qui aurait pour conclusion que la séparation serait la meilleure des solutions. Eddie lui avait mis en tête qu’elle était une véritable traîtresse depuis leur dispute au restaurant, que le pardon serait une chose quasiment impossible à obtenir. Le déplacement qu’elle avait fait au commissariat sans le prévenir ne semblait plus être le principal problème qu’ils rencontraient, le père de son enfant pointait son obstination à travailler comme quelque chose de plus épineux encore. La bouche d’Halston s’entrouvrit, non pas pour le contredire, mais pour tenter de trouver une assez bonne justification pour ne plus paraître pour une future mère inconsciente. Le nouveau ton d’Eddie l’apaisa soudainement, elle aurait effectivement pu lui faire remarquer qu’il était tout aussi accro à son travail qu’elle ne l’était, mais cette évidence n’avait pas besoin d’être mis en avant. « Je n’ai pas accédé un poste de direction au moment le plus adéquat, j’essaie encore de trouver le bon équilibre, mais avoir toutes ces responsabilités d’un coup ça m’est complètement monté à la tête. » Devoir veiller au bon fonctionnement de son agence, s’assurer que les protégés qu’elle avait encore sous son aile se débrouillaient bien et s’ajouter le défi de moderniser l’entreprise, représentaient une montagne de travail dont elle ne voyait plus le sommet. « Cependant je ne veux aucun défaitisme, je veux continuer de croire que je peux concilier travail et vie de mère, nous sommes en 2023 après tout. Je reconnais juste que cela n’est plus compatible avec une grossesse... et que cela ne le sera probablement pas avant que je ne me remette pleinement d’un accouchement. » Halston appréhendait de plus en plus l’instant où elle donnerait la vie, elle ne lui avait pas caché que cette épreuve la tracassait depuis un moment. La brune ne se faisait pas d’illusions, cela avait peu de chances de se passer sans encombres. Eddie semblait croire que le moment était propice pour parler d’une marraine, alors qu’il aurait difficilement pu faire un pire timing que celui-ci. Le sujet lui tenait à cœur, tandis que celui-ci ne revêtait d’aucune urgence au goût de l’américaine, qui n’avait pas envie qu’il ne déploie une liste de raisons pour lesquelles Charlie devrait obtenir ce rôle. « Hector me connaît depuis ma naissance, cela n’est pas pour autant un argument de taille pour le choisir comme parrain. » Dit-elle pour démonter les fameuses seize années d’amitié dont il semblait si fier. « Je ne peux pas comprendre que tu considères une femme qui me déteste depuis le premier regard, comme le choix parfait pour être la marraine de notre enfant. » Il lui paraissait impossible de mettre de côté ses ‘ aprioris ’, quand la policière a elle-même été incapable de lui laisser la moindre chance d’être vue comme une bonne partenaire pour Eddie. Halston avait une autre raison de taille, une information qu’elle avait réussie à lui soutirer assez tôt, mais qui ne ferait qu’enclencher un débat qu’elle ne voulait pas avoir maintenant. Le danseur pensait pouvoir l’acheter en lui laissant carte blanche sur le choix du parrain, mais il n’en était rien. « Tu penses vraiment que j’ai envie de décider de qui va s’occuper de mon enfant si jamais je suis amenée à mourir prématurément, là tout de suite ? » Elle pouvait difficilement faire preuve de plus de franchise que cela. « Tout ce dont j’ai besoin c’est de me détendre, de me reposer, Eddie. » Un discours qu’il était lui même le premier à tenir, alors pourquoi lui prendre la tête sur une décision sur laquelle ils n’étaient pas prêts de se mettre d’accord ?
L’heure de la récupération n’était pas encore venue, Halston et Eddie avaient encore besoin de discuter de façon sérieuse. La brune préférait largement que cette conversation soit trop longue, mais leur permette de repartir sur le bon pied, plutôt que le bâcler et de se retrouver avec une rancœur encore plus grande. Le danseur tenait à différencier les obstacles qui avaient été mis sur le chemin par les autres à ceux qu’ils mettaient eux-mêmes en travers de leur route. Les premiers étaient plus acceptables que les seconds, elle pouvait le comprendre, même si elle le trouvait encore dur de sous-entendre qu’elle était responsable de leurs maux les plus récents. Elle lui avait déjà expliqué pourquoi elle avait agi ainsi, mais il restait persuadé qu’elle aurait dû le laisser assurer un rôle de protecteur, alors qu’elle avait été surprotégée pratiquement toute sa vie. « Eddie... tu m’as peut-être un peu trop idéalisée, je ne suis pas parfaite, mais je fais de mon mieux pour donner le meilleur de moi-même. » Ils n’avaient peut-être pas la même définition du meilleur en tous temps, mais avaient ils besoin d’avoir les mêmes opinions sur tout ? Halston ne pensait pas qu’il continuait de la penser trop bien pour lui, deux années s’étant écoulées depuis leur rencontre, il s’était heurté plus d’une fois à ses défauts. Cependant, Eddie se persuadait qu’il excellerait beaucoup moins dans le rôle de parent qu’elle, elle afficha une mine peinée. « Il n’y aura aucune compétition entre nous, nous sommes une équipe. » Elle jugeait nécessaire de le souligner dès le début. « Je ne veux pas que nos dix ans de différence te fassent sentir inférieur. Tu seras un bon père, tu seras peut-être maladroit au début, mais cela ne restera pas gravé dans la mémoire de notre enfant, il retiendra surtout que tu seras un père présent et aimant. » Un sourire affectueux se dessina sur son visage, elle le visualisait si bien avec bébé heureux dans ses bras. Une progéniture qui ne lui tiendra pas rigueur de l’air glacial qui avait régné entre eux peu de temps avant sa venue au monde, elle en était certaine. « Il ne peut pas voir à travers mes yeux, mais il peut t’entendre et deviner ta main. » Si elle était énormément connectée à son fœtus comme ce que les études qu’il avait lus racontaient, il pouvait en être assuré. Eddie lui confia qu’il s’était remué les méninges pour trouver des solutions, qu’il n’avait jamais cessé de penser à eux, qu’il avait besoin d’elle. Hélas, Halston n’avait pas réussi à ne retenir que le positif de tous leurs échanges, parce qu’elle se sentait déjà lésée, son sacrifice ne le poussera pas en à en faire de même de son côté. Il lui expliquait qu’il luttait constamment pour qu’elle ne soit pas délaissée au profit de son spectacle, qu’il trouvait injuste qu’elle anticipe les choses de façon négative malgré tout. Il compara les attitudes qu’ils pouvaient avoir pour leurs métiers respectifs, il marquait des points. « Non tu ne l’as jamais fait, c’est vrai. » Il occupait pourtant un rôle de chef d’orchestre, tout comme elle et il faisait bien de le lui rappeler, car elle l’oubliait trop souvent. Eddie lui demanda d’admettre qu’ils avaient perdu du temps bêtement, qu’ils auraient pu le récupérer en partie s’ils avaient dialogué plus tôt. « Je sais, c’est pour ça que j’ai décidé de mettre les choses à plat avec toi maintenant. » Il n’était pas concevable qu’ils gardent cette distance plus longtemps, pourtant elle jetait un froid considérable à croire qu’il ne ferait pas de son mieux. Il n’était pas le seul à se montrer sévère, en fin de compte. « Je suis désolée, je ne voulais pas être dure avec toi, c’est juste que je sais que tu es plus que jamais accaparé par ton travail. Tu es sur le point de d’accomplir l’un de tes rêves et je ne veux pas être une entrave à sa réalisation. » La directrice de l’agence de stars chercha à saisir sa main et à entremêler leurs doigts. « Tu peux bien évidemment retourner dans notre chambre, en réalité si tu ne reviens pas dormir avec moi je viendrai te chercher par la peau des fesses... » La formulation laissait peut-être de la place au doute, mais elle ne plaisantait pas, il voulait qu’il regagne une place plus que légitime pour lui. « Ce lit est affreusement vide sans toi, même avec ce gros ventre qui y prend de plus en place de place. » Ils pouvaient toujours dormir en cuillère, elle avait hâte de le retrouver dans son dos, de se sentir à nouveau enlacée des bras du père de son enfant. « Je t’aime et je te promets d’aimer les moments que tu m’accorderas à leurs justes valeurs. » Elle ne souhaitait qu’une chose, mettre un terme à cette guerre froide qui n’avait plus lieue d’être.
Dernière édition par Halston Hargreeves le Mer 3 Mai 2023 - 0:42, édité 1 fois
Too strong to tell you I was sorry, too proud to tell you I was wrong; I know that I was blind, and darlin' If I could turn back time, If I could find a way. I'd take back those words that have hurt you, and you'd stay If I could reach the stars, I'd give them all to you. Pride's like a knife, it can cut deep inside, words are like weapons, they wound sometimes.
Comme attendu sa petite plaisanterie n'est pas au goût de l'américaine dont la réaction confirme bien qu'Eddie aurait mieux fait de se taire, tout comme elle tend à prouver que l'empêcher de se rendre un jour sur son lieu de travail serait bien inconscient de sa part, peu importe avec quelles intentions il pourrait s'y risquer. Il laisse alors couler cette idée qui n'en était pas vraiment une, préférant se focaliser sur ce devoir qu'Halston estime avoir envers ses protégés alors même que le plus grand reste son devoir familial que ses responsabilités d'agente et de directrice ne devraient jamais pouvoir éclipser. C'est pourtant bien ce qui est advenu il y a peu et Eddie ne peut pas s'empêcher de penser qu'une telle situation n'aurait pas été possible deux ans plus tôt, oubliant volontiers qu'Halston n'était encore à l'époque qu'une agente cherchant à redorer son image et à regagner la confiance de son milieu. Son travail aujourd'hui comprend de toutes nouvelles fonctions et le travail allant inévitablement avec mais ce n'est pas la seule raison faisant qu'elle ait autant repoussé sa mise au repos, l'autre raison n'étant pas plaisante à entendre pour Eddie même s'il a lui-même plongé la tête la première dans ses projets au théâtre ces dernières semaines pour ne pas devoir affronter la crise traversée par son couple. Halston préférait tirer sur la corde que de se retrouver seule dans cette maison à s'en vouloir et le danseur le comprend, quand bien même cette réalité le désole. « On a échoué tous les deux là-dessus, tu n'es pas la seule à avoir laissé les choses empirer et notre couple prendre l'eau. » Il déteste par ailleurs présenter les choses de cette façon comme si leur relation avait véritablement coulé mais autant se rendre à l'évidence, et admettre que cette situation les a beaucoup fragilisés. Ce n'est pourtant pas le début de la fin en ce qui les concerne, Eddie veut y croire car ils ont bataillé bien trop dur pour laisser cette crise les abattre. Quant au mot échec il le fait tristement grimacer en plus de le rendre parfaitement allergique, l'idée même qu'Halston puisse comparer les difficultés de leur couple à son tumultueux divorce lui étant insupportable. « Je ne l'accepterais pas non plus, tu le sais. » il l'informe tout en songeant au vide qui lui serait laissé si Halston venait à sortir de sa vie. Eddie ne s'est pas mis une partie de sa famille à dos pour leur donner finalement raison, pas alors qu'ils sont sur le point de fonder leur propre foyer avec un enfant pleinement désiré. L'amour qu'ils se portent ne fait aucun doute dans leur cas et c'est bien ce qui le motive à ne pas baisser les bras, même s'il a préféré lui aussi fermer les yeux quand ces tensions étaient un peu trop palpables. Il ne voulait pas voir à quel point leur couple allait mal, ou disons plutôt qu'il s'en sentait incapable. « J'ai aussi fui la discussion tant que je l'ai pu et je le regrette, car j'ai surtout l'impression d'avoir raté tes dernières semaines de grossesse en me tenant à distance. » Cette pensée le rend amer car ce ne sont pas des moments qu'une future mère devrait appréhender seule lorsque le futur papa a l'occasion d'être à ses côtés. Et c'est aussi de leur enfant qu'Eddie a le sentiment de s'être éloigné par extension, ce qu'il peut encore moins se pardonner. Halston n'en reste pas moins à ses yeux une agente présente sur tous les fronts et devant apprendre à se ménager d'une façon ou d'une autre, ce qu'elle ne tarde pas à lui accorder en soulignant un fait qu'il ne pourra pas contester : sa nomination comme directrice n'est pas arrivée au meilleur moment et ces nouveaux pouvoirs l'ont quelque peu grisée, au point sans doute de la pousser à s'activer plus que de raison. Il apprécie qu'elle consente à l'admettre et sourit tendrement face à ses prochains mots, vis-à-vis de ce juste milieu entre maman et directrice que l'américaine espère bien trouver durant l'année. « Tu es la femme la plus forte et travailleuse que je connaisse, Halston. Je ne doute pas que tu trouveras le bon équilibre, peu importe le temps que ça prendra car il n'y aura aucune urgence pour ça. » Un équilibre qu'il lui faudra tout autant trouver entre son nouveau rôle de père et ses responsabilités au théâtre, alors qu'Eddie n'est étrangement pas capable d'autant de tolérance envers lui-même. C'est un sacré challenge qui les attend l'un comme l'autre et rien ne dit qu'ils le relèveront du premier coup, mais personne n'a dit que devenir parents devait aussi être facile. « Et si jamais c'est difficile tu sais que tu pourras m'en parler, on pourra tenter de trouver des solutions ensemble comme le couple soudé qu'on pourrait redevenir. » Il ne demande à vrai dire qu'à retrouver leur complicité perdue afin de pouvoir s'entraider lors de ces grands chamboulements à venir, même si Eddie sait aussi qu'il pourra compter sur son entourage proche pour leur prêter main forte dans cette période charnière de leurs deux vies. Et c'est le rôle qu'une marraine pourrait notamment tenir, un rôle que le danseur se plait déjà à confier à Charlie pour le plus grand déplaisir de sa compagne tandis qu'il semble avoir tort de rappeler la longévité de leur amitié. Ce ne serait pas gage de grand-chose d'après Halston mais il rejette aussitôt la comparaison qui est faite, voyant bien ce qu'elle tente de prouver ici. « Tu ne seras jamais aussi proche de ton frère que je peux l'être de ma meilleure amie. » il souligne avec calme, espérant qu'Halston aura la bonne foi de le reconnaître même si elle n'a jamais été fan de sa grande proximité avec la policière. Hector n'aimera pas leur enfant, pas plus qu'il n'aime déjà l'idée de les savoir ensemble et il n'a pas peur de penser que sa meilleure amie est à côté un peu plus modérée. « Elle ne te déteste pas, arrête. » Même si ça y ressemble et que la réciproque est sûrement vraie, il préfère le voir comme une tolérance à très faible dose d'un côté comme de l'autre. « Charlie t'a tout de même offert un cadeau à Noël, et je te rappelle que l'idée était la sienne pas la mienne. Tu ne peux pas nier qu'elle fait des efforts. » C'est sans doute le maximum qu'elle soit disposée à faire pour l'instant mais c'est toujours plus que ce qu'Halston a pu entreprendre jusqu'ici, n'ayant pour sa part jamais saisi l'occasion de faire le moindre pas vers Charlie. « Je sais que vous ne serez jamais de grandes amies, c'est une chose que j'ai fini par accepter de mon côté mais elle chérira sincèrement notre enfant, tu n'as aucun doute à avoir là-dessus. » Ce n'est peut-être pas ce qu'elle désire entendre mais c'est un argument qu'Eddie désire malgré tout apporter, avant de comprendre que le sujet ferait mieux d'être mis de côté. Halston n'a aucune envie de prendre ce genre de décision dans l'immédiat et la façon dont elle lui expose la chose le fait aussitôt soupirer. « Ne dis pas ce genre de choses s'il te plaît. » Car lui non plus ne tient pas à envisager la possibilité d'une mort prématurée de sa compagne, que ce soit aujourd'hui ou un autre jour. Elle exprime de toute façon le souhait de se détendre et face à ça, Eddie ne peut que s'incliner pour remettre cette discussion à plus tard. « On en reparlera une autre fois, je pense aussi que le moment n'est pas idéal pour s'y pencher. » Loin de lui l'envie d'insister lourdement, ce n'est pas de cette façon qu'il aura une chance de convaincre Halston et il le sait. Mais il ne compte pas abandonner, son choix étant fait et ne pouvant certainement pas se porter sur quelqu'un d'autre que sa meilleure amie malgré le fait que cette idée déplaise plus que tout à l'américaine. Elle connait sa position et celle-ci n'est pas près de changer, peu importe le temps qu'ils accorderont plus tard à la question.
Le dialogue a au moins le mérite d'être rétabli en dépit de certaines vérités méritant d'être dites et de certains angles devant encore être arrondis. Il n'est pas impossible qu'il ait idéalisé la femme qui partage sa vie comme Halston peut le dire, à moins qu'il ait surtout surestimé ce qu'ils pouvaient partager et le naturel avec lequel elle se tournerait vers lui, deux points ayant tristement montré leurs limites dernièrement en ébranlant au passage sa confiance en lui. Et des doutes, c'est très précisément ce qui pèse sur ses épaules de futur papa à quelques semaines de la rencontre avec leur enfant vis-à-vis de laquelle Eddie se sent aussi impatient qu'angoissé. Il n'est pas prêt, affirmer le contraire serait mentir et plus le grand moment approchera, plus la crainte de ne pas être à la hauteur menacera certainement de l'emporter tout entier. Ce n'est pourtant pas dans ses habitudes de douter de sa propre légitimité à assurer dans un rôle mais celui-là a tout de nouveau, un futur rôle de père auquel Eddie n'a pas vraiment pu se préparer car ces choses-là ne s'apprennent sans doute pas avant l'heure, malgré toutes ses recherches effectuées en ligne pour tenter d'assimiler un peu mieux ce qui l'attend. Halston ne veut pas de la moindre compétition entre eux, tout comme elle ne souhaite pas que leur différence d'âge puisse le laisser penser qu'il part désavantagé et elle n'a pas tellement tort de croire qu'Eddie y a songé, à force de voir sa jeunesse lui être reprochée dans un projet de cette ampleur. La seule compétition sera finalement celle que le danseur mènera contre lui-même, et celle-ci ne pourra véritablement étonner personne. « Et toi tu seras une mère formidable, c'est la seule chose dont je sois vraiment sûr à l’heure actuelle. » S'il peut être un bon père alors l'inverse sera tout aussi vrai et même bien plus encore, il ne conçoit tout simplement pas les choses autrement alors qu'Halston est à ses yeux faite pour être mère, cette certitude étant profondément ancrée en lui depuis qu'il la connait. C'est une chose qu'Eddie peut voir comme sentir et le bébé le ressent certainement lui aussi, en même temps qu'il doit pouvoir sentir l'amour que son père peut déjà lui porter et dont l'américaine est bien la dernière à douter. « Merci de croire en moi jagi. » Le sourire reconnaissant qu'il lui offre en dit long sur le bien que de tels mots peuvent lui faire, pas de quoi éradiquer pour de bon ses doutes mais au moins de quoi apaiser un peu ces derniers. Aimant et présent Eddie aura vraiment à cœur de l'être, tout sera en tout cas entrepris dans ce sens afin que leur enfant ne puisse jamais manquer de rien venant de lui. « C'est aussi toi qui donneras un sens au père que je serai, tu sais que je n'aurais pas voulu le devenir avec une autre. » Le doute n'est plus permis depuis longtemps à ce sujet mais au cas où Halston ressentirait le besoin de l'entendre, c'est un point sur lequel il n'hésite pas à venir appuyer. Eddie n'avait jamais envisagé de fonder une famille avant de la rencontrer et il ne saura jamais si la question se serait posée avec une autre, ce qu'il sait par contre c'est qu'il n'a aucune envie d'y penser car c'est auprès d'elle que ce nouveau bonheur verra le jour. Un bonheur toutefois nuancé compte tenu du temps que le danseur s’efforcera de lui accorder durant son congé, jugé insuffisant par Halston qui espérait sans doute le voir également lever le pied sur cette dernière ligne droite. S'il le pouvait, bien sûr, Eddie n'hésiterait pas un seul instant à laisser le théâtre derrière lui le temps de finir cette grossesse à ses côtés mais il n'en a pas la possibilité, pas avec un spectacle à monter nécessitant sa présence quotidienne à la Northlight mais jamais à des heures (trop) indues, ce qu'il s'empresse de lui rappeler pour illustrer les barrières qu'il parvient encore à mettre entre son travail et sa vie privée. Elle se dit alors désolée d'avoir considéré les choses avec autant de dureté et Eddie se fend pour sa part d'un sourire, signe que son amertume en est fortement atténuée. « Tu n'entraveras rien Halston, ce sera à moi de faire en sorte de m'accorder sur tous les tableaux. Ce spectacle est un rêve qui se réalise c'est vrai, mais notre petite famille en est un elle aussi. » Un rêve bien plus récent qui était d'abord celui de l'américaine avant de devenir le sien, certes, mais c'est un autre projet lui tenant à cœur qu'Eddie ne se permettra jamais de prendre à la légère. Il ne voudrait d'ailleurs pas qu'Halston puisse penser que ses craintes s'accompagnent de regrets car ce n'est pas le cas, il n'a même jamais été aussi sûr de vouloir de cet enfant avec elle car tout porte à croire que ce dernier pourra les rapprocher et consolider ce qui demeure encore fragile, en raison d'une crise surmontée bien plus intense que les précédentes. Le feu vert pour regagner leur chambre à coucher lui est en tout cas donné, de quoi élargir son sourire en même temps que sa compagne vient mêler ses doigts aux siens. « Compte là-dessus dès ce soir, je ne passerai pas une seule nuit de plus loin de toi. » Les dernières étaient assurément de trop et Eddie n'est pas près de vouloir réitérer l'expérience, les nuits en solitaire ne lui manquant vraiment pas. « Et je m'assurerai que tu n'y dormes plus jamais seule, avec ou sans gros ventre. » il ajoute dans un sourire amusé et nettement plus apaisé, réduisant pour de bon la distance entre leurs deux visages pour venir capturer ses lèvres en douceur. S'en défaire n'est après ça pas facile mais Eddie doit bien s'y résoudre, quand bien même l'envie de prolonger ce baiser se fait nettement ressentir. « Tu n'imagines pas à quel point t'embrasser a pu me manquer. » Et ce n'est pas la seule chose qui lui a manqué pour tout dire, leurs moments intimes n'ayant pas été épargnés par cette crise dont Eddie croit enfin percevoir le bout même s'il serait naïf de croire que tout peut être réglé en une seule discussion. « Je t'aime tellement aussi. » il souffle en s'emparant de son autre main et à défaut d'en dire plus, c'est son regard qui se charge de lui faire savoir combien il peut être désolé pour tout. Ses réactions, son silence, sa distance : tout.
Les torts étaient partagés, Halston l’avait oublié à de nombreuses reprises et le fait qu’Eddie le reconnaisse l’aidait à se soulager d’un poids. Elle était censée être la source de sagesse du couple du haut de ses trente-sept années, mais elle n’avait pas su faire preuve d’un comportement assez avisé pour leur éviter cette dégringolade subite. L’américaine ne s’était donc pas attendue à ce que le danseur soit en possession de meilleures solutions qu’elle pour les sortir de là, elle avait donc eu l’impression tenace d’être dans une impasse. Il lui clama qu’il n’aurait pas accepté que leur union touche à sa fin, qu’elle le savait, si elle creusait au plus profond d’elle-même elle pouvait lui donner raison, parce qu’un espoir subsistait toujours. « J’ai toujours espéré que cette tempête ne nous ébranlerait pas, parce que je croyais en nous. » Leur couple s’était peut-être mis sur un genoux l’espace de quelques temps, mais il pouvait se relever et cette conversation le prouvait. Ils n’avaient pas supporté toutes les médisances pour tout laisser tomber, ils n’avaient pas mis en route une famille pour que celle-ci soit destinée à se briser dès les premiers instants, ils valaient mieux que ça. La lâcheté commune dont ils avaient fait preuve leur avait empêché de savourer ensemble cette grossesse du début jusqu’à la fin, une erreur irrattrapable que leur enfant ne connaîtra pas s’ils n’avaient pas l’attention de lui raconter quoique ce soit à ce sujet. « On ne peut pas faire machine en arrière, mais une fois qu’il sera là nous pourrons lui montrer que nous sommes unis, qu’il grandira dans un foyer aimant et uni. » Le principal était là, ils devaient remplir sa mémoire de moments heureux et impérissables. Halston les voulait nombreux, mais elle avait conscience que sa fonction actuelle ne lui permettrait probablement pas d’en avoir autant qu’elle le voudrait. Cependant elle restait optimiste, car être sa propre patronne lui conférait l’avantage d’être décisionnaire et donc de pouvoir faire changer le monde du travail en sa faveur. Le compagnon de la brune la complimenta tout en lui assurant qu’il était certain qu’elle le trouverait tôt ou tard, ce précieux équilibre. Il ajouta qu’il pourrait l’aider si elle avait du mal à y parvenir. « Tu es la première personne que j’irai voir pour ça. » Il était père de son enfant et devait retrouver une place de compagnon digne de ce nom, une place dont il s’était senti éjecté plusieurs fois malgré elle. Eddie avait l’avantage d’avoir plusieurs personnes sur lesquelles s’appuyer pour mieux gérer sa parentalité, mais il n’en mettait en avant qu’une seule, celle dont elle n’avait pas envie d’entendre parler. Halston avait balayé d’un revers de main le principal argument du danseur, en refusant d’accepter la durée de leur amitié comme un gage de sûreté absolu. Il refusa la comparaison en énonçant une vérité blessante, elle ne serait jamais aussi proche de son frère qu’il ne l’était de son amie, un non-sens qu’elle ne pouvait pas nier. Elle pouvait en revanche dédaigner cette grande proximité, comme elle l’avait toujours fait. « N’en sois pas si fier. » Il n’avait pas à se réjouir du manque d’affinité avec son aîné, tout comme il n’avait pas à l’être d’être si proche d’une femme sur laquelle il avait craqué. Il fit preuve d’une nouvelle contradiction avec une mauvaise foi qui ne la surprenait même plus. « Arrête de te voiler la face. » Elle était lassée de constater qu’il se répétait perpétuellement les mêmes mensonges, comme si cela allait finir par les transformer en vérités. Eddie se mit à souligner que sa meilleure amie lui avait offert un cadeau et que cette idée ne venait pas de lui. Il s’agissait effectivement d’un pas en avant vers elle, mais elle regrettait grandement que celui-ci n’ait pas été effectué avant qu’elle ne tombe enceinte, comme si leur relation n’avait jamais été viable à ses yeux avant qu’ils n’attendent un enfant. Des pensées qu’elle conserva pendant que le danseur continuait de promouvoir la policière. Il essaya de l’attendrir en cherchant à la persuader qu’elle allait aimer leur enfant d’un amour sincère. Être totalement réceptive était au-dessus de ses forces, elle n’avait pas prévu d’inclure Charlie dans leurs sujets de conversations du jour parce qu’elle savait pertinemment qu’il fallait que chaque chose se fasse en son temps, mais le danseur avait décidé d’aller plus vite que la musique, qu’il jugeait trop lente. Il ne voulait pas l’entendre parler du pire, mais celui-ci était encore envisageable même si les pourcentages étaient infimes de nos jours, la possibilité de mourir en couche n’était pas devenue inexistante. Halston avait enfin réussi à le dissuader de discuter plus longuement de marraine, ils en reparleront plus tard bien plus tard si cela ne tenait seulement qu’à elle.
L’absence de réponse à sa supposition démontrait qu’elle avait certainement vu juste, Eddie était dans une idéalisation qui n’avait pas lieu d’être si elle concernait sa personne. Halston n’avait jamais prétendu être parfaite, au contraire elle était dotée d’une modestie qui surprenait d’autant plus lorsque l’on savait de quels milieux elle provenait. Elle avait su la mettre de côté lorsqu’elle endossait son costume d’agente de stars, car elle savait que celle-ci pouvait lui porter préjudice, mais dans la sphère intime elle n’avait pas à jouer le moindre rôle. La brune n’avait personne à concurrencer dans ses proches, encore moins celui qui partageait sa vie, qui devait être son égal. Le danseur lui dit qu’elle sera une mère formidable, qu’il s’agissait de son unique certitude, une phrase à la fois réconfortante et triste, car elle ne voulait pas le voir douter de ses capacités. Des appréhensions qui pourraient s’envoler lorsqu’il aura son bébé dans ses bras, c’était ce qu’elle souhaitait de tout son cœur. Il la remercia de croire en lui et souligna qu’il n’aurait pas voulu être un père en compagnie d’une autre femme. Elle attrapa l’une de ses mains et lui répondit : « Et toi tu sais que je n’ai pas choisi de fonder une famille avec toi par hasard. »L’accident qui aurait pu résulter de leurs premiers ébats avait pu lui faire croire le contraire, qu’elle était prête à accepter d’enfanter peu importe l’identité du père, mais en cet instant elle ne le considérait pas comme n’importe qui. Il n’était pas qu’un protégé arriviste qui était revenu vers elle à cause de ses besoins financiers, il était un homme singulier qui l’avait troublé dès leur première rencontre, pour lequel elle avait fini par décider de ne plus se conformer à ce que la société attendait d’elle. Cependant elle n’en oubliait pas que les rêves qui animaient les êtres humains durant leurs jeunesses, représentaient une source de satisfaction titanesque lorsqu’ils se réalisaient sans trop tarder. Halston croyait comprendre que comme les acteurs et même plus encore, les danseurs pensaient avoir une date de péremption, leurs corps étant quotidiennement mis à rudes épreuves et son compagnon en avait déjà fait les frais. Elle n’avait pas oublié qu’il avait cherché à lui cacher ses problèmes de santé et qu’il pourrait en avoir de nouveau, ce qui avait été une raison supplémentaire de lui demander de passer plus de temps à ses côtés. La réalisation de ce rêve n’était pas compatible avec son souhait, elle décida donc de s’effacer au profit de celui-ci. Eddie ne la considérait pas comme un obstacle, tout comme il ne percevait pas leur famille comme une barrière, elle était également devenue un rêve pour lui. La commissure de ses lèvres s’étendit. « Je suis heureuse de t’entendre en parler de cette façon. » Il avait prononcé des paroles qui auraient mérité de parvenir aux oreilles de ses parents et tout particulièrement à celles de sa mère. La légitimation que leur couple méritait allait être facilitée avec l’arrivée de leur bébé, du moins elle voulait s’en persuader car si un enfant ne les aidaient pas dans ce sens, rien d’autre ne pourra le faire. La validation de leurs familles n’était pas encore au sommet de leurs priorités, Halston en avait une autre qui impactait bien plus son quotidien, celui de son lit atrocement vide. Eddie voulait y retrouver sa place, elle n’attendait que lui. Elle ne supporta pas plus longtemps de le voir découcher, que cela soit dans leur chambre d’invité ou pire encore, en dehors de leur maison. Il lui fit la promesse qu’elle n’y dormirait plus jamais seule et la scella en unissant leurs lèvres. Un baiser qui semblait signer la distanciation, en réchauffant son cœur pour de bon. Il douta qu’elle puisse comprendre à quel point cela avait pu lui manquer de l’embrasser, ce à quoi elle répliqua : « Bien sûr que si, ça m’a terriblement manqué à moi aussi. » Avait-il oublié qu’il s’agissait d’une véritable drogue pour elle ? Qu’elle n’avait jamais manqué une occasion de l’embrasser quand elle le pouvait ? Elle comptait bien rattraper toutes ces semaines d’abstinence. Halston ressentit des frissons lorsqu’elle l’entendit lui dire qu’il l’aimait, tout en la regardant intensément. Il était débordant de sincérité, elle n’avait plus qu’une envie : celle de tout lui pardonner.