Tu as enfin pu te débarrasser de l’horreur de chiffon et de froufrous dont ta tante t’a accoutré au début de la journée. Ça fait quelques heures que tu ne rêves que de ça, de te débarrasser de cette horreur que tu as dû porter devant bien trop de gens, qu’importe que la cérémonie organisée par ta tante n’eût rien de grandiose. Le simple fait d’avoir été obligée de te montrer en public en portant ça suffit à te faire grincer des dents. Tu grognes alors que tu te laisses tombée sur le canapé. Tu ne sais pas ce que tu espérais, mais tu conservais l’espoir qu’Albane serait rentrée, qu’elle serait venue ici et surtout, qu’elle serait seule. Espoir qui s’évapore bien rapidement quand le silence de la place te confirme qu’il n’y a personne d’autre que toi et l’horrible robe dans l’appartement. Tu n’arrives toujours pas à croire qu’Albane soit venue au mariage de ta tante accompagnée. Comme si l’invitation que tu lui avais faite ne sous-entendait pas que c’est elle qui t’accompagnait, non pas qu’elle se devait de trouver quelqu’un à avoir à son bras pendant toute la soirée. Tu n’as pas reconnu le grand ringard qui était avec elle, et à dire vrai, on ne peut pas dire que tu as perdu beaucoup de temps à le regarder lui. Deux regards dans sa direction et tu n’avais qu’une grimace à lui offrir. Tu ne comprenais pas ce qu’il faisait là ou ce qu’Albane pouvait lui trouver, pas plus que tu n’avais pu saisir la relation qui les liait l’un à l’autre. On ne peut pas dire que vous parliez des tonnes depuis plusieurs semaines, Albane et toi. Depuis son overdose et votre dispute à sa sortie, on ne peut pas dire que tu sois sa personne préférée au monde, pas que tu ne l’étais vraiment avant non plus. Ça ne fait pas vraiment de sens, que tu continues de vivre avec elle, ou alors que tu l’invites à un putain de mariage, mais tu ne vas nulle part et tu continues d’essayer ou d’espérer pour quelque chose que tu ne saurais même pas expliquer toi-même. Mais à la regarder à l’autre bout de la salle, dans sa robe couleur olive, avec ce décolleté qui plonge juste assez pour laisser l’imagination s’activer, même si tu sais parfaitement ce qui se cache derrière. C’est à peine si tu t’es approchée d’elle pendant toute la soirée, quand ben même elle ne connaissait personne d’autre, quand bien même tu l’avais invité parce que tu pensais que l’ambiance bonne enfant pourrait lui faire du bien, la sortir de cette torpeur dont elle semble être prisonnière depuis trop longtemps. Mais ça n’avait pas eu cet effet du tout, au contraire. Ça n’avait fait que réveiller une jalousie que tu avais nourri de shooters et tu t’étais contentée de faire des conneries avec ton cousin et ton filleul, avant que la petite famille ne disparaisse et te laisse seule à gérer avec trop de choses avec lesquelles tu n’avais pas envie de gérer, justement. Mais tu n’avais rien gérer du tout, tu avais vu Albane partir avec l’autre insignifiant, tu t’étais retenue de faire une connerie ou de crier un truc que tu aurais ultimement regretté, et puis tu t’étais occupée comme tu avais pu avant d’atterrir ici finalement, la robe au sol, le corps qui s’écrase contre le canapé, trop lâche ou trop conne pour faire la dizaine de pas te séparant de ta chambre. Ton sommeil est léger et agité alors tu ne manques pas le bruit de la clé de la serrure, ou la porte qui s’ouvre et qui se referme. Tu grognes alors que tu ouvres les yeux, la silhouette d’Albane qui se dessine sous tes yeux, toujours vêtue de cette satanée robe de laquelle tu n’avais pas su défaire ton regard. Les shooters de la veille se font ressentir dans ton crâne alors que tu te lèves trop vite, tes yeux se fermant sous la lumière du salon que tu as laissé allumer en rentrant il y a quelques heures. Tu ne sais pas ce qui te donne le plus la nausée actuellement : l’alcool probablement encore dans ton système ou bien d’imaginer Albane dans les bras de cet idiot sur deux pattes. Tu ouvres les yeux, tu préfères encore éviter de te créer des images désagréables dès le matin. « Ta nuit a été courte. » que tu marmonnes. Tu n’as pas la moindre idée de l’heure qu’il est, mais tu n’as pas l’impression d’avoir dormi bien longtemps et un regard vers la fenêtre t’indique que le soleil commence à peine son levé dans le ciel. « Mauvais amant? » que tu marmonnes avec un rire narquois avant de marcher jusqu’à la cuisine, hésitant entre l’envie de te prendre une bière dans le frigo ou de te faire couler un café, optant pour la deuxième option.
Hurt people just hurt people. Why are we used to the pain? Oh how many times until we had enough? We just gotta find a way to love, my heart is broken just talkin' about this. 'Cause hurt people just hurt people. They do it, they do everyday. If I felt all my lies I know that I'd be broken, take all these pills to quell fucked up emotions
Les premières lueurs du soleil réchauffaient doucement le visage d’Albane alors qu’elle remontait dans la rue, ses talons claquant sur le sol. Là où certains s’apprêtaient à commencer leur journée, la française était sur le point de la terminer. Pas parce qu’elle rentrait de l’hôpital ou d’une soirée à la Ruche qui avait mal tournée, pour une fois. Mais bien parce qu’elle avait passé la soirée, puis la nuit dehors à s’amuser. Il suffisait de voir son sourire un peu béat. La faute à l’alcool ingéré en trop grandes quantités qui n’avait pas encore eu le temps d’évacuer son système, ou tout simplement qu’elle avait eu la sensation de retrouver un semblant de normalité pour la première fois depuis une éternité. Elle n’avait pourtant pas été immédiatement séduite par l’invitation à ce mariage. Voir deux personnes, inconnues de surcroît, unir leurs vies et espérer le meilleur n’était pas tout à fait le genre de romance qui la faisait rêver actuellement. C’était une idée saugrenue de la part de Leo, à tel point que la jeune femme ne savait plus exactement ce qui l’avait poussée à accepter. Ce qui lui avait paru spontané en revanche avait été d’inviter Kieran pour l’accompagner. Contrairement à ce qu’elle aurait pu croire, elle n’avait pas eu besoin de le supplier longtemps, et la moitié de ses arguments avaient suffit à le convaincre. Depuis qu’elle était sortie de l’hôpital, Albane avait eu tendance à prendre ses distances avec la plupart de ses amis -surtout ceux au courant pour l’overdose-. Officiellement, parce qu’elle avait plusieurs semaines de retard dans son travail à rattraper, qu’elle devait sauver les meubles tant qu’elle le pouvait. Elle était toujours occupée, Bane. En réalité, elle était juste incapable de supporter les regards soit suspicieux, soit remplis de pitié qui se posaient sur elle. Elle se sentait surveillée du coin de l’œil, trop facilement privée du bénéfice du doute quant à ce qu’elle avait derrière le crâne, et cela la rendait chèvre. Kieran au moins ne la jugeait pas. Il ne posait pas la moindre question, se montrait juste extrêmement bienveillant. Au point qu’au début de la soirée, la française avait un peu culpabilisé à l’emporter dans ses excès, à lui parler de se resservir un verre. Jusqu’à ce que les choses se fassent naturellement entre eux, qu’ils finissent par voir ce mariage comme un gigantesque terrain de jeu. Les lueurs matinales accompagnaient à la perfection ses joues qui rosissaient en repensant à comment ils avaient passé ces dernières heures. Elle ne savait pas exactement pourquoi elle avait décidé de plutôt rentrer mais la manière qu’elle eut de retirer ses talons sur le paillasson -une délivrance-, en disait long sur la discrétion qu’elle essayait d’avoir en rentrant dans l’appartement. Elle manqua de trébucher sur la robe rose bonbon qui traînait au sol, ne put s’empêcher de rire en revoyant l’allure qu’avait Leo là-dedans. Elle était ridicule. Mieux encore, elle en avait conscience, s’efforçait de sourire quand il était évident qu’elle subissait le comble de l’humiliation. La blonde avait toujours eu cette désagréable aptitude à attirer le regard de la française mais durant tout l’événement, cela n’avait pas vraiment été sa faute. C’était difficile de rater cette barbapapa ambulante. L’amusement ne se tarit pas en voyant la silhouette amorphe sur le canapé, juste en lingerie, portant encore son maquillage de la veille. « Ma nuit a pas vraiment commencée. T’en fais pas, je pensais opter pour mon lit. » Elle pouffa légèrement, abandonnant ses chaussures au sol. Elle leva les mains pour les plonger dans ses cheveux, essayer de récupérer les épingles perdues qui avaient servi à tenir un semblant de coiffure la veille. Elle leva aussi les yeux au ciel face à l’attaque vaguement familière. « J’vois pas de quoi tu parles. » Une nouvelle épingle en main, elle secoua la tête pour libérer ses cheveux, s’affairant ensuite à enlever ses bijoux qu’elle posa sur la table basse. « Tu m’fais un café aussi ? » Elle avait ce genre d’allégresse dans les tripes, celle qui ne lui donnait pas envie de dormir, la gardait même loin de ces deux cachets blancs cachés dans le fond de son sac à main. Suivant l’exemple de Leo, elle se défit de sa robe dans le salon, laissant tomber le vêtement non loin de cette preuve d’amour inconditionnel que la Parker devait avoir pour sa tante. « Vraiment hâte de voir les photos. » Elle pouffa de rire en disparaissant dans la salle de bain pour entrer dans la douche. Il ne lui fallut que quelques minutes pour s’y rafraîchir, y faisant disparaître son maquillage et les traces de ses excès de la nuit, quand bien même l’eau fraîche ne suffisait pas à lui faire oublier la sensation des doigts sur sa peau. Elle était dans cette ivresse encore consciente, où tout lui paraissait beau, où elle se sentait pleinement en contrôle. Cela lui faisait ignorer le fait qu’elle tanguait doucement, que sa bouche était pâteuse et qu’elle ne serait clairement pas à l’abri d’un bon mal de crâne au réveil. Quand elle ressortit de là, elle avait troqué sa lingerie pour un débardeur et un short. Son premier réflexe fut de chercher sa tasse de café, mais rien ne traînait sur le comptoir. Elle leva les yeux au ciel en rallumant elle-même la machine pour la faire ronronner. « C’était un chouette mariage. Tu sortais vraiment du lot. » Elle ricana de bon cœur, incapable de retenir sa moquerie. Bane attrapa son paquet de clopes dans son sac, sa tasse une fois remplie, et se dirigea sur le rebord de la fenêtre qu’elle ouvrit pour s’allumer une cigarette. Le même comportement qu’elle critiquait à cause de l’odeur dans l’appartement ensuite. Mais elle était à milles lieues de s’en faire à ce moment précis.
Il n’y a que des grognements dans le fond de ta gorge alors que la silhouette d’Albane se dessine sous tes yeux. Si elle est épuisée de sa nuit, elle n’en a pas l’air et tu détestes le sourire flottant qui habite présentement son visage. Parce que tu te doutes trop bien de la raison derrière ce sourire, de la personne qui a pu le mettre là et c’est tout ton corps en entier qui réagit sous la vague de jalousie qui s’empare de toi sans prévenir. C’est dérangeant, c’est exténuant, c’est une torture pure et simple que tu ne te souviens pas avoir un jour ressenti à cet extrême. « Ma nuit a pas vraiment commencé. T’en fais pas, je pensais opter pour mon lit. » Le grognement ne se fait que plus fort à l’entente de ces quelques mots. La simple idée qu’elle a passé la nuit ailleurs, la nuit avec lui, qu’elle n’a pas dormi en plus. Les images qui se forment dans ta tête n’ont absolument rien d’agréable et tu sais que la meilleure chose que tu puisses faire dans l’immédiat, c’est ignorer Albane et cette légèreté qui semble s’émaner d’elle, un contraste si cruel avec les émotions qui t’abattent présentement, fuir dans ta chambre et replonger dans un sommeil idéalement vide de tout rêve. Le pire dans tout ça, c’est que ça te ferait presque du bien, de la voir enfin avec un sourire sur les lèvres après tout ce qui s’est passé dans les dernières semaines. Tu aurais juste fait sans savoir la raison exacte derrière ce putain de sourire qui ne t’est clairement pas dédié. « J’vois pas de quoi tu parles. » Ouais, ouais, elle fait l’innocente, mais tu n’es pas conne et ça prend tout ton contrôle (le peu que tu possèdes, vraiment) pour ne rien répliquer de plus et simplement te lever pour te diriger vers la cuisine. Albane n’aide en rien à apaiser tes pensées quand tu la regardes défaire sa coiffure et se secouer les cheveux, dans un geste qui n’a absolument rien de provocateur mais qui te fige sur place néanmoins. « Tu m’fais un café aussi? » Un autre grognement. Tu as perdu tous tes mots, toutes tes facultés à réfléchir correctement, surtout quand elle décide de se défaire de sa robe au beau milieu du salon, laissant tomber le bout de tissus non loin de l’horreur que tu portais hier soir.
Fuck, à quoi elle joue?
« Vraiment hâte de voir les photos. » Ça, ça te fait réagir, au moins un peu. « Over my dead body. » Y’a personne qui verra les photos, qu’importe s’il faut que tu les brûles pour qu’elles ne circulent jamais ailleurs que dans le confort de la maison de ta tante. Putain, tu n’arrives toujours pas à croire qu’elle a réussi à te convaincre à te montrer en public dans cette horreur. Ton regard est toujours rivé sur le corps à moitié dénudé de la Dumas lorsqu’elle disparaît dans la salle de bain, te laissant toute seule avec tes pensées déplacées, ta jalousie mordante et ta gueule de bois pendant quelques minutes. Le café que tu viens de te faire couler ne t’intéresse pas vraiment, mais tu en prends tout de même quelques gorgées, les laissant te brûler le fond de la gorge au passage ne serait-ce que pour te faire ressentir autre chose que ce qui te fait voir rouge en ce moment. Tu te frottes les yeux, tenter de disparaître, mais tu restes là et ce n’est pas bien long qu’Albane réapparaît dans la cuisine, vêtue seulement d’un débardeur et d’un short qui ne camouflait bien peu un corps dont toutes les courbes étaient gravées dans ton esprit. « C’était un chouette mariage. Tu sortais vraiment du lot. » « J’suis surprise que t’aies eu le temps de remarquer quoique ce soit. » Tu marmonnes, bien plus pour toi que pour elle. Tu es pathétique, Leo. À quel moment est-ce que tu es devenue cette putain de version de toi bien trop émotive? « J’pensais que t’étais trop occupée à faire des yeux doux au grand insignifiant qui t’accompagnait pour voir autre chose. » Tu te mords la lèvre, relève les yeux vers la française. « Tu trouves pas ça un peu impoli de te pointer à un mariage de quelqu’un que tu connais pas avec un +1, alors que t’étais déjà un +1? » Si tu avais su que de l’inviter au mariage de ta tante voulait dire être obligée de la voir passer la soirée avec quelqu’un d’autre et la voir arriver au petit matin ensuite, tu te serais évitée le calvaire. Mais tu voulais bien faire, tu voulais lui offrir une distraction. Tu ne pensais tout simplement pas que ce ne serait pas toi au final, la vraie distraction
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Albane ne savait même pas à quand remontait la dernière fois où elle s’était sentie aussi bien. L’ivresse y était certainement pour quelque chose, aussi bien celle de l’alcool que celle de la nuit passée. Elle avait eu le temps de reprendre ses esprits depuis, mais bien que pleinement consciente de ses gestes, elle n’en restait pas moins doucement euphorique. Le sourire béat qu’elle avait aux lèvres avait du mal à la quitter et un rien suffisait à l’étirer encore davantage. La perspective d’une douche réconfortante, le fait de se déshabiller, se défaire de cette coiffure peu pratique, le regard de Leo qui ne la quittait pas, l’idée d’un café, et chaque flashback des dernières heures. Cela n’avait rien eu de raisonnable, à bien des niveaux. Elle regretterait probablement au réveil. Mais pour l’heure, la française se sentait sereine, franchement invincible. Il n’y avait rien au monde qui aurait pu la faire redescendre de son petit nuage. Si elle avait été plus sobre, sans doute aurait-elle été capable de prendre la température de la pièce, de comprendre que quelque chose ne tournait pas rond. Ce n’était juste pas le cas, elle partit même en riant à repenser à cette robe rose bonbon absolument ridicule sur le dos de la blonde. « J’ai sympathisé avec la photographe. » lâcha-t-elle simplement, remplie de malice. Sa manière à elle de dire que si Leo tenait vraiment à ce que ces photos ne sortent jamais, elle aurait plus vite fait d’aller menacer la photographe de ce pas. C’était en réalité un mensonge éhonté. Pour tout ce qu’elle savait, le mariage aurait pu être suivi par un photographe. Dans tous les cas, Bane ne se souvenait pas de sa tête, de son nom, de sa présence. Elle avait vu tellement de visages qu’elle avait perdu le compte. Les souvenirs seraient sans doute encore plus flous quand elle se réveillerait, et c’était bien dommage. Cela lui donnait surtout une raison pour ne pas aller se coucher tout de suite. La douche passée, la française était de retour dans le salon, incroyablement légère. Trop pour même morigéner Leo de ne pas lui avoir fait un café, ou même de se comporter comme un animal sauvage. Ce n’était pas grave, c’était même habituel. Il semblait qu’elles étaient incapables d’être toutes les deux de bonne humeur, dans la même pièce, et disposées à discuter. C’était probablement la raison qui rendait leur relation si complexe. Sauf que dans cet état, Bane n’était pas vraiment capable de gérer la complexité. Il lui semblait même qu’elles avaient plutôt tendance à en faire des caisses. Alors tant pis si la blonde avait l’air de bouder, tant pis si elle avait dû se faire son café elle-même, tant pis si la cigarette avant de se coucher imprimerait l’odeur sur son oreiller et la ferait râler au réveil. Pour le moment, elle cherchait juste l’interaction, choisissant savamment le sujet qu’elle savait ferait tiquer la Parker. Comment ne pas la remarquer durant toute la cérémonie ? « On t’a jamais dit qu’on ne devait pas voler la vedette à la mariée ? » Elle pouffa de rire près de la fenêtre, sans même saisir l’implication de ce qui venait de lui être dit. Un amusement qui ne faiblit pas franchement en entendant parler de Kieran. Il n’était pas insignifiant. Et ils ne se faisaient pas les yeux doux. Pour tout dire, elle avait passé le début de la soirée à s’excuser sincèrement de l’avoir ramené. Puis les verres s’étaient enchaînés, et la réception était devenue subitement bien plus drôle. « T’es dure. » Ils n'avaient même pas pu faire les présentations tant Leo était restée dans son coin. Jusqu’à ce que finalement, elle emploie enfin des mots permettant à l’étudiante de comprendre ce qui lui passait par la tête. Le mot impoli la fit tiquer. Ce n’était pas un mot qu’on emploierait pour la désigner d’habitude, jamais. Albane était justement trop polie, trop sage, trop respectueuse, trop bien comme il faut. C’était Kieran le problème, alors ? « Tu m’as invité au mariage. Tu m’as pas dit de venir avec toi. Et j’ai bien fait de ramener quelqu’un, tu m’as ignorée toute la soirée. » Ce n’était pas faute d’avoir échangé des regards à travers la pièce, des sourires pas retournés. Leo avait savamment tiré la tronche. « Je pensais que t’étais en rogne à cause de ta robe moi. » Elle tira sur sa cigarette, cracha la fumée par la fenêtre avant de reporter son regard sur l’australienne. Lentement, les informations se mettaient en place. La réalisation aussi. Sans le savoir, la blonde venait de lancer un jeu incroyablement dangereux chez une Albane dénuée de retenue. Elle reposa précautionneusement sa cigarette dans le cendrier, prévoyant déjà de revenir la finir, et s’éloigna du rebord de la fenêtre pour se rapprocher dangereusement de sa colocataire. « J’me demande maintenant… elle aurait ressemblé à quoi la soirée si j’avais été avec toi ? » Elle passa dans son dos, posant délicatement une main sur sa hanche. « Tu m’aurais présentée comment ? » Elle se hissa légèrement sur la pointe des pieds pour se rapprocher de son oreille. « Tu serais restée avec moi pour enchaîner les verres et juger les invitées ? » Sa bouche se déposa dans le creux du cou de la blonde dans un baiser appuyé. « T’aurais voulu qu’on rentre pour qu’on s’envoie en l’air ? » Elle resta figée un instant avant de se reculer, à des lieues de s’inquiéter du fait que cette provocation devenait bien trop naturelle, bien trop aisée. « T’es adorable quand t’es jalouse. » Si elle avait été sobre, elle se serait liquéfiée sur place. Elle n’était pas habituée à avoir le dessus, à se sentir en contrôle. Mais en ce tout début de matinée, elle réalisait qu’elle pouvait faire tout, absolument tout ce qu’elle voulait. Même ne pas céder, comme elle le prouva en récupérant son mug.
Plus Albane rayonne, plus tu boudes. C’est une réaction tout ce qu’il y a de plus puérile, mais il est trop tôt et tu es trop fatiguée pour en avoir quelque chose à faire. Qu’elle porte tous les jugements qu’elle veut sur ton humeur et ton attitude la française, tu es exactement en train de faire la même chose avec elle. Ce qui t’agace encore plus, c’est qu’elle ne semble pas comprendre que tu lui en veux à elle, tout particulièrement, parce qu’elle agit comme si elle n’avait pas le moindre souci, comme si ce qui c’était passé hier soir au mariage de ta tante était tout ce qu’il y a de plus normal. Ou peut-être que c’est toi qui es déraisonnable, d’avoir cru que ton invitation signifiait automatiquement que tu voulais qu’elle vienne avec toi. Pourtant, dans ton esprit, c’était tout ce qu’il y a de plus clair. Pourquoi est-ce que tu lui aurais demandé d’être là, sinon? « J’ai sympathisé avec le photographe. » « Évidemment. » que tu lâches entre tes dents pour retenir un énième grognement. C’est qu’elle semble avoir sympathisé avec tout le monde sauf toi pendant la soirée de toute façon. Tu préfères ne pas penser aux photos de toute façon, même si la séance de photo officielle a fini en vrai terrain de guerre entre Wyatt et toi et même si tu étais complètement ridicule dans ta robe, au moins tu sais qu’il y aura des fous rires et de bons moments et tu pourras te concentrer sur ça plutôt que sur ton accoutrement. C’est impossible de ne pas la regarder lorsqu’elle se dévêtit devant toi comme si c’était quelque chose qu’elle faisait tous les jours. Certes, son corps ne t’est pas inconnu, mais le fait que tu connaisses la sensation de sa peau sous tes doigts n’aident en rien à te garder calme. Tu la regardes filer sous la douche, et plutôt que de disparaître dans ta chambre et retourner dormir, tu restes là, comme une conne, probablement parce que te faire du mal est quelque chose qui te vient bien trop facilement.
L’odeur de son savon plane dans l’air quand elle revient, et tes doigts se serrent autour de ta tasse de café pour éviter de faire un move que tu finirais inévitablement par regretter. Ce qui ne t’empêche pas toutefois de lancer des commentaires sarcastiques à tout va parce que franchement, son humeur bon enfant te tape vraiment sur le système, surtout parce que tu en connais la raison. « On t’a jamais dit qu’on ne devait pas voler la vedette à la mariée? » « Crois-moi, c’était pas mon intention. » que tu marmonnes pour toute réponse, détestant plus que jamais la manière qu’elle avait de se moquer. Ce n’était pas méchant, ce n’était pas rempli de malice, c’était simplement un commentaire pour te faire réagir et tu détestais que cela fonctionne aussi facilement. « T’es dure. » Et encore, tu étais loin de lui dire le fond de ta pensée. Tu ne connaissais même pas le prénom du mec avec qui elle était, si on te l’avait dit au courant de la soirée, tu l’avais oublié aussitôt, comme tu avais tenté vainement d’oublier sa présence et celle d’Albane au passage, comme si tout ça n’avait pas été l’une de tes mauvaises idées à la base. Maintenant que vous étiez toutes seules, loin des regards et loin de causer une scène au beau milieu d’une soirée importante pour ta tante, tu ne te gênais plus autant pour lui faire comprendre la raison derrière ta mauvaise humeur, bien que tu peinais à croire qu’elle n’avait pas déjà tout compris, la française et qu’au fond, elle se jouait peut-être complètement de toi. Tu ne mérites que ça, dans le fond. « Tu m’as invité au mariage. Tu m’as pas dit de venir avec toi. Et j’ai bien fait de ramener quelqu’un, tu m’as ignorée pendant toute la soirée. » « Pourquoi est-ce que je t’inviterais au mariage de ma tante si ce n’est pas pour que tu m’accompagnes? » Franchement, la nuance t’échappe et si tu avais su que telle nuance existait, tu n’aurais probablement rien dit du tout. Mais jamais tu ne l’aurais ignoré si elle était arrivée seule, parce que c’est tout ce que tu voulais finalement : du temps avec elle, loin de tout ce qui vous ramène à vos problèmes et aux merdes qui ont ponctué votre relation depuis plusieurs mois. Loin de l’appartement où tout a dérapé et où tout semble rappeler à son overdose, loin de la présence de Reese, de Winston, d’Hugo et des autres. Juste elle et toi, une soirée, beaucoup d’alcool et la chance d’effacer tout le reste et peut-être s’offrir quelque chose de mieux, le temps d’une nuit. Mais non, rien ne s’était passé comme prévu et voilà qu’apparemment, c’était de ta faute pour ne pas avoir été assez précise? Bullshit. Le simple fait que tu l’invites allait contre toutes tes règles, tout ce que tu te permettais normalement, alors tu n’allais certainement pas te mettre à étaler ton raisonnement et tes émotions en plus, bordel. « Je pensais que t’étais en rogne à cause de ta robe moi. » « Bah oui, bien sûr, parce que j’ai cinq ans d’âge mental moi. » Oui, c’est exactement ce qu’Albane pensait et franchement, elle n’avait pas tort de le croire parce que c’est exactement comme ça que tu agis présentement.
Malgré la fenêtre ouverte, l’odeur de la cigarette persiste légèrement dans l’appartement, et elle est une vision en soit Albane, vêtue seulement de son short et de son débardeur, cigarette à la bouche avant qu’elle ne la dépose dans le cendrier, son regard planté sur toi qui ne présageait rien de bon. « J’me demande maintenant… elle aurait ressemblé à quoi la soirée si j’avais été avec toi? » Tu n’as pas le luxe de répondre que tu sens la présence de la française derrière toi, sa main qui se pose avec possession sur ta hanche te fait réagir trop vivement, la tension s’éparpillant sur tout ton être. « Tu m’aurais présenté comment? » Tu déglutis difficilement, soudainement trop consciente de sa présence et de l’effet qu’elle a sur toi. Incapable de répondre, ce qui semble faire plaisir à Albane qui n’hésite pas à en rajouter, sa bouche si proche de ton oreille que tu sens son souffle partout sur ta peau, créant un amas de frissons. « Tu serais restée avec moi pour enchaîner les verres et juger les invités? » Tu as l’impression que de répondre à la positive est lui offrir exactement ce qu’elle veut, alors dans un éternel besoin d’opposition, tu restes silencieuse, tes yeux se fermant malgré toi lorsqu’elle dépose un baiser dans le creux de ton cou. Elle sait qu’elle est en plein contrôle de la situation et tu la détestes un peu pour ça actuellement. « T’aurais voulu qu’on rentre pour qu’on s’envoie en l’air? » Fuck. Ta respiration haletante te trahit et c’est tout ce que ça prend pour qu’Albane décide de remettre de la distance entre vous deux, avant même que tu ne puisses faire le moindre geste pour la garder près de toi comme tu le voudrais vraiment, ou pour la repousser toi-même, ce que tu aurais dû faire. « T’es adorable quand t’es jalouse. » « Et toi t’es ridicule dans ton nouveau rôle de fille facile. » À défaut d’avoir le contrôle de la situation, tu fais ce que tu sais faire le mieux : tu tournes la vapeur à coup d’insultes et de coups bas, de commentaires faciles qui finalement, ne veulent pas dire grand-chose si ce n’est que témoigner de cette stupide jalousie dont elle t’accuse déjà. « C’est quoi? Tu vas encore tout me mettre sur le dos quand ton nouveau mec va apprendre que tu me faisais des propositions indécentes quelques heures seulement après avoir passé la nuit avec lui? » Un rire mesquin s’échappe de tes lèvres. Tu es la grande coupable de tous les travers d’Albane après tout, ce n’est pas ce qu’elle t’a déjà dit une fois? Que sa vie serait bien moins le bordel si tu n’y avais jamais mis les pieds? « Je me disais bien qu’il avait l’air nul au lit, mais quand même, je t’ai connu avec plus de classe babe. » Avec chaque nouveau commentaire, tu sens le contrôle changer entre vous deux et le chat devient la souris lorsque cette fois-ci, c’est toi qui s’approches d’elle, passant tes bras de chaque côté de sa personne, tes mains s’appuyant sur le comptoir derrière elle, là où elle se retrouve désormais coincée entre toi et la surface fraîche. « Fais pas genre t’avais pas compris quand je t’ai invité à ce mariage, Albane. » Non, tu n’avais pas envie de croire à cette explication trop simple, que tout ça ne relevait réellement que d’un simple malentendu. « Pourquoi t’es venue, hein? » Si ta présence lui est si indésirable, si ton temps est compté dans cet appartement et que tu ne pourras jamais faire preuve de rédemption pour avoir jeter toute la merde qu’elle cachait dans tous les recoins, alors pourquoi elle est encore là?
Et pourquoi, toi, tu ne veux pas qu’elle disparaisse, Eleonora?
Hurt people just hurt people. Why are we used to the pain? Oh how many times until we had enough? We just gotta find a way to love, my heart is broken just talkin' about this. 'Cause hurt people just hurt people. They do it, they do everyday. If I felt all my lies I know that I'd be broken, take all these pills to quell fucked up emotions
Ce matin, elle était sur son petit nuage Albane. Bien évidemment qu’elle comprenait ce qu’il se passait, qu’elle avait conscience d’être en tort à bien des nouveaux. Et oui, probablement qu’elle le regretterait le lendemain, qu’elle ressentirait un peu de honte à cause de son comportement. Mais pour l’heure, son état était altéré. Elle ne vivait plus sur la même planète, se sentait tellement légère qu’elle se voyait en droit de se moquer de tout. Peut-être était-ce dû à l’alcool, à la morphine, au sexe, ou tout simplement au fait d’avoir passé une soirée et une nuit à s’amuser, l’esprit bien loin de tout ce qui la tirait vers le bas. Elle se sentait juste bien et rien, absolument rien au monde ne pourrait la ramener à la réalité. A ce stade, elle-même ne savait pas si le jeu de la provocation innocente venait d’une envie de faire réagir Leo, ou juste du fait que rien qu’une fois, Bane savait qu’elle pouvait avoir le dessus. Il n’était pas difficile de voir que la Parker était de mauvaise humeur. Tout dans son attitude le montrait, de son regard noir à ses poings crispés en passant par sa mauvaise volonté à préparer du café. Ce n’était pas la première fois qu’il y avait des tensions entre elles. C’était même plutôt devenu leur quotidien. Mais c’était bien la première fois que la blonde avait l’air d’aussi ouvertement lui en vouloir. C’était bizarre pour la française qui la fixait, ce sourire distrait toujours aux lèvres, à essayer de se remémorer pourquoi elle avait invité Kieran à ce mariage. Pourquoi elle n’avait pas voulu de la simple compagnie de Leo ce soir-là. Ça n’avait aucun sens, à l’instar du fait d’avoir été invitée. « Pourquoi est-ce que tu m’inviterais à un mariage ? » Tout court. Elle fronça les sourcils, comme si son cerveau venait à peine de réaliser à quel point c’était saugrenu. Elles n’avaient pas ce type de relation de base. Elles n’étaient pas vraiment amies, pas vraiment amantes, pas vraiment proches du tout. Elles cohabitaient, leurs interactions étaient similaires à une partie de roulette russe qui pourrait aussi bien les ruiner qu’être un coup de chance. Elles tenaient à l’autre, à leur manière du moins, juste pas assez pour l’assumer auprès du reste du monde. Malgré tout, durant toute la soirée, Bane avait attendu que Leo vienne, au moins le temps de partager un verre. Il y avait eu des dizaines d’occasions pour rattraper ce raté. Elles auraient pu s’amuser. Sauf que non, la Parker était restée dans son coin. Alors la française avait fait de même. Le fait est qu’après quelques heures, elle s’était retrouvée bien loin de songer aux états d’âme de Leo. « T’es aussi rancunière qu’un enfant de cinq ans, oui. » Elle haussa les épaules en abandonnant sa cigarette et son perchoir pour se rapprocher.
Il n’y avait qu’un seul jeu qui semblait pouvoir les mettre d’accord. Une seule dérive où elles pouvaient être certaines de perdre pied à chaque fois. C’était bien pour cette raison que Albane ne s’y risquait jamais de son plein gré. Elle perdait trop facilement le contrôle quand le contact de la chair s’en mêlait. Mais puisque ce matin rien n’avait d’importance, elle pouvait essayer d’inverser les rôles, être celle qui lancerait les hostilités. Elle ne fut pas déçue du voyage. Subitement, Leo ne parlait plus, ne réagissait plus. Elle était raide sur le tabouret, semblait mettre un point d’honneur à ne juste pas réagir. Est-ce qu’elle aussi imaginait ce scénario ? Les voyait rentrer ensemble, se débarrasser de leurs robes respectives ? Est-ce qu’elle visualisait une situation où pour une fois, il n’y aurait pas de protestations, pas de barrières ? Ce n’était pas au programme du jour. Mais Albane ne pouvait pas nier la sensation de satisfaction qu’elle ressentit à se dire qu’elle pourrait avoir toutes les faveurs de la Parker ici, maintenant. Pour une fois, elle avait gagné ce jeu. Ça n’aurait pas dû être une surprise d’entendre la blonde attaquer en retour. La française ne sut pas vraiment quoi faire de ces mots. Une fille facile, elle ? « Parce que je vois quelqu’un ? Que je passe à autre chose ? » C’était pourtant la chose la plus saine à faire, non ? Sortir du cercle vicieux et des relations vouées à l’échec qu’elle avait depuis bien trop longtemps, essayer de rencontrer quelqu’un de nouveau. Il était gentil Kieran. Attentionné. Il avait ses problèmes, oui. Mais elle pouvait repartir de zéro avec lui sans avoir à se rappeler quelles miettes de sa vie chaotique il avait bien pu glaner. L’étudiante fronça un peu des sourcils à entendre le ton monter pour lui cracher des piques. C’était typique de Leo de retorquer avec ce qu’elle avait sous le coude quand les choses n’allaient pas dans son sens. Malheureusement pour elle, le sang d’Albane était bien trop pollué ce soir pour qu’elle ressente une quelconque culpabilité. « Je t’ai pas fait de propositions indécentes, Leo. C’était pas une invitation. » Elle n’avait rien fait de travers pour le moment. Et oui, peut-être qu’à un moment, Bane ferait de la merde avec Kieran, mettrait leur relation sans dessus-dessous en deux temps trois mouvements. Ce serait de son propre fait. Cette fois-ci, elle ne comptait pas se donner des raisons d’accuser Leo. « Et tu m’as connue en train de crever sur le sol de ce salon. On a dépassé le stade de ce qui est classe ou pas. » Car c’était le problème entre elles, n’est-ce pas ? Incapables de partager le beau, le pur. Il leur fallait toujours du sombre, de la détresse, de la faiblesse pour se trouver des points communs. Avant même qu’elle n’ait pu réagir, la française se retrouva piégée, obligée d’affronter le regard azur de Leo, et de se coller contre le comptoir pour éviter de se retrouver collée contre elle. Est-ce qu’elles allaient vraiment régler leurs comptes ici ? Reparler de cette foutue invitation ? Elle avait aucune idée de pourquoi elle était venue. « Tu m’as invitée. J’ai pensé que ça pourrait être chouette. » A ce stade, la jeune femme prenait n’importe quelle distraction dans sa vie. N’importe quelle once de normalité. « Et toi ? Qu’est-ce que t’attendais de moi ? » Elle pencha la tête, comme à la recherche de réponses dans son regard. « Si t’avais voulu d’une amie, t’aurais pas tiré la gueule toute la soirée. Parce que j’étais là. » Rien ne l’aurait empêché de venir la saluer. Elles auraient pu s’amuser. « Vas-y Leo, dis-moi. Explique-moi pourquoi t’es en colère. Pourquoi ça te fait chier que je vois quelqu’un. »
« Pourquoi est-ce que tu m’inviterais à un mariage? » La question est légitime, puisque vous n’avez pas une relation des plus simples ou des plus faciles à décrire. Vous n’êtes pas des amies, c’est à peine si vous êtes des colocataires depuis son overdose. Tu restes à l’appartement parce que ça te donne l’impression que tu peux garder un œil sur elle, mais plus souvent qu’autrement, tu vagabondes ici et là parce que la tension dans l’air est insupportable. Alors pourquoi l’invitation? « Pourquoi pas? Je me suis dit que ça pourrait te faire du bien. » C’est vrai après tout. Tu ne sais pas vraiment comment elle va depuis l’overdose. Tout est superficiel entre vous depuis, mais tu sais que plus le temps passe, plus elle semble se terrer derrière une façade qui voudrait faire croire que tout va bien, mais que tu n’achètes pas le moins du monde. Tout ça était parti d’une bonne intention, mais qu’est-ce que ça t’avait vraiment apporté au final? Rien de bon, voilà quoi. Tu t’étais humiliée, sur tous les niveaux et maintenant, tu agissais comme une gamine qui n’avait pas obtenu ce qu’elle voulait. Un moment de grande gloire à ajouter à ton répertoire, de toute évidence.
Tu la détestes quand elle s’approche de toi et qu’elle prend le contrôle de la situation. Tu la détestes encore plus quand ses doigts frôlent ta peau et que ses lèvres se posent contre ton cou, qu’elle profite sans gêne aucune de tes faiblesses pour peindre le scénario même de cette soirée que tu aurais préféré vivre avec elle plutôt que celle qui a réellement eu lieu, celle pendant laquelle vous n’échangez pas le moindre mot et où tu ne fais que lui envoyer des regards noirs. Tu lui en veux de te lire si facilement, toi qui prônes continuellement vouloir rester un mystère cacher derrière une forteresse. Ta forteresse s’effrite chaque fois qu’Albane approche de trop près, il est bien là le problème. Et tu ne sais qu’utiliser ta colère pour te défendre. « Parce que je vois quelqu’un? Que je passe à autre chose? » C’est donc ça? Ce mec, elle va le revoir? Elle passe vraiment à autre chose? La simple idée te fait bouillir de l’intérieur. « Je t’ai pas fait de propositions indécentes, Leo. C’était pas une invitation. » « Tes lèvres dans mon cou racontaient une autre histoire. » Ouais, c’est une réplique facile et ça ne prouve pas grand chose autre que le fait qu’elle joue avec toi, elle qui se plaignait pourtant quand tu avais le même comportement avec elle. Les tables avaient décidément tourné et pas du tout à ton avantage, qu’importe ce que tu essayais de dire ou de faire. « Et tu m’as connue en train de crever sur le sol de ce salon. On a dépassé le stade de ce qui est classe ou pas. » Tu clignes des yeux quand elle mentionne l’overdose comme si de rien était. Comme si tu n’avais pas passé plusieurs heures, plusieurs jours à t’en faire pour elle, pour sa santé, à te demander si elle se réveillerait avec toute sa tête ou si elle aurait des séquelles, ou pire encore, si elle se réveillerait avec l’envie de recommencer. « Comment est-ce que tu peux en parler comme si c’était rien? » Comme si c’était une simple blague qu’elle pouvait glisser dans n’importe quelle conversation, et non pas un souvenir qui continuait de te faire faire des cauchemars?
« Tu m’as invitée. J’ai pensé que ça pourrait être chouette. » C’était pas ce que tu voulais savoir et elle le savait parfaitement, et pour toute réponse tu ne lui offris qu’un énième grognement. « Et toi? Qu’est-ce que tu attendais de moi? » Qu’elle ne se pointe pas avec le premier abruti de passage, mais ça, elle l’avait déjà compris, non? « Si t’avais voulu une amie, t’aurais pas tiré la gueule toute la soirée. Parce que j’étais là. » C’est elle qui est coincée, mais c’est toi qui es soudainement figée alors qu’elle te renvoie toutes tes incohérences en pleine figure. « Vas-y Leo, dis-moi. Explique-moi pourquoi t’es en colère. Pourquoi ça te fait chier que je vois quelqu’un. » « Me le fais pas dire. » que tu murmures, incapable de le retenir alors que ton regard se retrouve prisonnier de ses yeux bien trop inquisiteurs. Fuck, tu te sens brisée peu à peu et tu lui en veux tellement de te faire ça autant que tu lui en veux de s’être immiscée dans ta vie. « Tu le sais pourquoi. » Et t’es sur le point de le lui dire. La vérité. Elle est juste là, sur le bout de tes lèvres. Le fait que tu as envie d’elle, juste d’elle. Que tu l’as sous la peau d’une façon qui est complètement ridicule mais tout autant indéniable. Que tu penses à elle tout le temps, que tu t’inquiètes pour elle, que putain, tu as peur de la perdre. Peur de la perdre à son addiction, ou de la perdre parce qu’elle choisira encore et encore les bras d’un autre, sans jamais considérer l’inconsidérable avec toi. Que tu puisses la vouloir pour plus qu’un jeu, pour plus qu’une nuit, pour plus que du sexe. Mais tu ne seras jamais le bon choix pour elle, alors tu réinventes la vérité parce que c’est plus simple comme ça. Pour elle, pour toi aussi. Pour ne pas admettre la moindre faiblesse, la moindre vulnérabilité. Parce que tu refuses d’avoir besoin de quelqu’un comme tu sais pourtant que tu as besoin d’elle. Tu crains qu’il ne soit déjà trop tard, qu’elle ait déjà compris ce que tu ne dis pas, qu’elle l’ait lu dans le fond de ton regard. C’est toi qui as imposé cette proximité, quand tu pensais avoir le dessus de la situation, mais tout s’est si rapidement retourné contre toi que tu ne sais même plus comment agir. Reculer, éviter son regard qui perce le tien, ce serait déjà un bon début. Alors c’est ce que tu fais finalement, à contre-coeur. Un pas, puis un autre. Pour t’éclaircir l’esprit, pour te protéger. « T’as raison, j’voulais pas d’une amie. J’voulais me faire quelqu’un et j’me suis dit que ça pourrait pas te faire de tort. » Ouais, tu peux admettre ça. Tu voulais une partie de jambe en l’air. Du sexe, que du sexe. « Tu m’excuseras de pas avoir été particulièrement enjoué de te voir arriver avec l’autre là où de pas avoir voulu perdre mon temps avec toi. » Parce que c’est ce que ça aurait été non, une perte de temps de lui accorder de l’attention quand tu savais parfaitement qu’elle finirait la nuit dans les bras d’un autre. Ce n’est pas de la jalousie, non. C’est seulement que tu avais mieux à faire. Si seulement. « J’espère au moins que t’as pris ton pied et que ça va améliorer ton humeur. » Comme si c’était vraiment elle, qui avait un problème d’humeur. Tu es vraiment prête à dire n’importe quoi pour ne pas faire face à la vérité.
Hurt people just hurt people. Why are we used to the pain? Oh how many times until we had enough? We just gotta find a way to love, my heart is broken just talkin' about this. 'Cause hurt people just hurt people. They do it, they do everyday. If I felt all my lies I know that I'd be broken, take all these pills to quell fucked up emotions
Elle était pourtant maîtresse dans l’art de dire exactement ce que les gens voulaient entendre, Albane. Tout pour ne pas heurter leurs sentiments. Mais elle était loin de son état normal ce matin, assez pour ne pas avoir envie de jouer selon les règles. Elle ne s’excuserait pas pour ses actions. Pas maintenant du moins. Parce que pour une fois, elle se sentait forte, capable de s’assumer. Elle était sans doute juste très alcoolisée et sous l’emprise de sa douce morphine. Tout ce qui comptait, c’était qu’elle ait la sensation d’aller bien, pour une fois. « Et t’avais raison. » Ce mariage lui avait fait du bien. Pas la partie mariage en soi, juste les festivités qui avaient suivies, l’occasion de se laisser aller en grandes pompes. La française n’arrivait pas à trouver la moindre once de culpabilité, se cachait bien volontiers derrière le fait qu’elle avait juste honoré l’invitation. Leo ne lui avait jamais demandé de l’accompagner directement, d’être à ses côtés, et pas une fois la Parker ne s’était intéressée à elle durant la soirée. Ce n’était pas de sa faute si elle n’avait pas eu toutes les informations. Ou alors, elle avait juste sournoisement joué de ce fait, tout comme à ce moment précis, elle se jouait de la blonde. Les gestes lui étaient étrangement naturels, instinctifs. Combler la distance, effleurer sa peau de ses doigts, de ses lèvres, remplacer ses questions par des murmures. Laisser la tension se créer et les images s’installer dans son esprit et tout briser avant que ça dérape. Les rôles s’échangeaient mais comme toujours, c’était bien Albane qui s’assurait de remettre le mur en plus et de faire savoir qu’elle était inaccessible et que ce jeu n’irait pas plus loin. Comme toujours, elle rejetait la faute sur une autre relation. Kieran, cette fois-ci. Sa nouvelle tentative à construire quelque chose sans avoir conscience qu’elle faisait déjà tout de travers. « Si j’avais vraiment voulu aller plus loin, ce n’est pas ton cou que j’aurais embrassé. » Elle haussa les épaules avec désinvolture comme si ce qu’elle venait de faire n’était pas un flirt volontaire, une provocation avec le désir inconscient que Leo craquerait et vienne la chercher. Mais ce n’était pas le jeu qui s’installait, non. La blonde attaquait en retour, se montrait mauvaise. C’était certainement mérité pour une rare fois. Sauf que ça ne prenait pas aujourd’hui, et que la française commençait à être lassée des faux-semblants. Elle ne réalisa pas immédiatement que c’était la première fois qu’elle reparlait de son overdose, traitait le sujet comme si ce n’était rien de grave. Que cette indifférence pourrait facilement la trahir. « Et pourquoi pas ? C’est derrière moi. J’ai survécu, je vais mieux, j’ai remis de l’ordre dans ma vie. Sauf que quand j’essaye d’avancer, t’es toujours là. » Bane aurait sincèrement aimé avoir une relation assez saine avec Leo pour être heureuse de la voir quand elle rentrait à l’appartement. A la place, elle avait juste la sensation d’être surveillée, ne parvenait pas à s’habituer à cette tension permanente qui planait. Parce que chaque discussion était imprévisible, chaque absence lui faisait se poser un million de questions sur ce que la blonde pouvait être en train de faire et avec qui, et trop souvent, la française était déchirée entre l’envie que Leo parte pour de bon de son appartement et cette sensation de manque quand elle n’était pas là. C’était tordu, perturbant. La Parker lui rappelait le pire de ces derniers mois plutôt que le bon.
Qu’est-ce qu’elles cherchaient à faire avec l’autre ? Pourquoi est-ce qu’il fallait qu’elles s’acharnent constamment à être dans la vie de l’autre quand elles n’avaient aucune idée de ce qu’elles pouvaient y apporter ? Le masque de provocation se fissurait lentement mais sûrement. Encore une fois, elles semblaient arriver au stade où les vérités se heurtaient contre leurs dents, ne demandant qu’à sortir. Le regard de la française s’accrochait, à la recherche de ces mots silencieux. Elle avait besoin de ces réponses. Besoin de faire quelque chose à leur sujet plutôt que de continuer dans cette spirale infernale. « Non. Je sais pas. Tu me fais croire tout et son contraire. » Il était de retour, l’aveu de faiblesse. La confession piteuse que la brune ne comprenait plus rien à leur histoire, n’avait plus que des suppositions et des incertitudes à l’esprit. Ça la paralysait, ça lui faisait peur. Bien plus que la vérité. Le fait est qu’elles étaient différentes. Là où Leo défaillait avec le charnel, Albane faisait de même avec l’émotionnel. Elle avait tellement besoin d’être aimée qu’elle pourrait faire n’importe quoi si on lui ouvrait ce genre de porte. Ça en dépassait toute forme de rationalité. Et d’instinct de préservation, finalement. Car quand la blonde se recula brusquement, rompit le moment, l’infirmière sentit son cœur se serrer désagréablement. Elle encaissa le coup sans savoir comment réagir. Du sexe, on en revenait toujours là. C’était sans attaches le sexe, ça n’engageait à rien. Le problème, c’était que la brune se demandait à chaque fois s’il y avait une part de vrai dans les paroles de Leo. Si c’était tout ce qu’elle pouvait espérer de leur relation, les parties de jambes en l’air et des baisers volés. Elle aurait aimé se contenter de se sentir désirée mais l’effet était tout le contraire. Le rejet piquait, lui faisait se sentir comme si elle n’était pas assez bien. Subitement, Albane n’était plus d’humeur à se montrer provocante, à jouer avec le feu. Le retour à la réalité lui semblait incroyablement brutal. « L’autre, comme tu dis, me fait pas me sentir comme si j’étais bonne qu’à baiser. T’as eu raison de ne pas venir me voir finalement. Ça aurait été une perte de temps. » Elle retrouva subitement sa mobilité, se poussant du comptoir pour le contourner et aller récupérer sa tasse de café et sa cigarette à moitié consumée dans le cendrier. Tourner le dos à la Parker était bien plus simple que de l’affronter, et elle se retrouvait à avoir besoin de quelque chose pour calmer ses nerfs. N’importe quoi jusqu’au moment où elle retournerait dans sa chambre et pourrait avoir sa morphine. « Si tu veux pas d’une amie, que je veux pas qu’on se fréquente que pour du cul, et que mon humeur te dérange, je pense que t’auras plus vite de partir. J’veux plus faire ça. J’en ai marre de rendre des comptes sur pourquoi tu vis toujours ici, marre de devoir expliquer qu’il se passe rien entre nous, tout ça pour au final toujours avoir ces mêmes disputes de merde. » Elle était épuisée. Pourquoi ce n’était jamais simple ? Pourquoi se battre en permanence ?
« Et t’avais raison. » Tu avais raison, mais tu n’avais pas fait les choses comme il faut. Tu avais raison, mais malgré ça, rien ne s’était passé comme prévu. Tu avais raison mais tu avais tout de même réussi à faire d’un bon moment quelque chose qui mènerait inévitablement à une dispute. Tu es pleine de mauvaise foi parce que ce n’est pas toi qui as eu la chance de passer la soirée avec elle. Parce que ce n’est pas toi qui as eu la chance d’embrasser ses lèvres et de redécouvrir son corps la nuit dernière. Parce que ce n’est pas toi la responsable pour le sourire sur ses lèvres, celui que tu cherches à faire disparaître avec chaque commentaire parce que tu ne supportes pas de penser à celui qui en est la cause. « Si j’avais vraiment voulu aller plus loin, ce n’est pas ton cou que j’aurais embrassé. » Elle en joue la française, et ça te rend complètement folle de sentir son odeur si près, de sentir sa chaleur contre ton corps, de te rappeler la sensation de ses lèvres sur ta peau. Ce serait si facile, de te retourner, de la plaquer contre le mur et de l’embrasser comme tu en meures d’envie, laisser tes mains redécouvrir ses courbes, tes lèvres attaquer ses points faibles pour la faire frémir. Oh ce serait facile, mais la colère et la jalousie ont pris le dessus sur l’envie, ne laissant place qu’à des remarques blessantes et un besoin essentiel de reprendre le contrôle, qu’importe la forme ou la façon. Mais la mention de son overdose te rend mal à l’aise, te fait grincer des dents, surtout lorsqu’elle agit comme si ce n’était rien, qu’un simple accident de parcours. « Et pourquoi pas? C’est derrière moi. J’ai survécu, je vais mieux, j’ai remis de l’ordre dans ma vie. Sauf que quand j’essaye d’avancer, t’es toujours là. » Ses mots te frappent de plein fouet. Comme si tu étais la raison qui l’empêchait d’avancer et de passer complètement à autre chose. Est-ce la vérité ou simplement ce qu’elle veut se faire croire? Tu ne saurais dire, et tu ne sais pas qui tu détestes le plus pour cela: elle ou toi. « C’est peut-être derrière toi, mais c’est pas derrière moi. » Mais la Albane qui te fait face, elle donne l’impression de ne penser qu’à elle, oubliant complètement l’effet que ça a pu avoir sur toi ou Reese ou Hugo, de la voir dans cet état là, à se demander si elle allait se réveiller avec toutes ses facultés.
Peut-être qu’elle a raison, peut-être qu’il est finalement temps que tu te tasses de son chemin, si seulement c’était si facile à faire. Tu sais que logiquement, c’est la bonne décision à prendre. A jouer constamment comme vous le faites, à tourner en rond sans jamais rien vous offrir, vous n’en sortez qu’un peu plus blessées à chaque fois. Et pourtant, tu n’arrives pas à t’éloigner. Tu n’arrives pas à prendre la décision de sortir de sa vie parce que tu tiens trop à elle pour le faire. Parce qu’elle a su voir en toi plus que tu ne veux toi-même te l’admettre. Parce que derrière ses apparences de bonne fille, tu veux panser ses plaies, rabibocher cette version d’elle qui est brisée, celle qui te rappelle tes propres faiblesses et tes propres blessures. « Non. Je sais pas. Tu me fais croire tout et son contraire. » Tu fermes les yeux avec force parce que ça te fait mal à toi aussi, de ne pas être capable de dire ce qui est pourtant devenue une évidence depuis son overdose. Ça te fait mal de la repousser quand tout ce que tu voudrais faire, c’est la ramener contre toi et lui dire à quel point tu as peur de la perdre, malgré ce que tes actions et tes paroles laissent trop souvent croire. Est-ce qu’elle t’accorderait la moindre crédibilité, si tu laissais l’armure tomber à ses pieds? Tu ne le sauras pas, pas aujourd’hui du moins, quand tu optes pour la réponse facile, pour la réponse qui ne risque pas de mettre ton cœur à mal, qu’importe si tu t’en mords les doigts plus tard. « L’autre, comme tu dis, me fait pas me sentir comme si j’étais bonne qu’à baiser. T’as eu raison de pas venir me voir finalement. Ça aurait été une perte de temps. » Dans ta gueule Eleonora. « Si tu veux pas d’une amie, que je veux pas qu’on se fréquente que pour du cul, et que mon humeur te dérange, je pense que t’auras plus vite de partir. J’veux plus faire ça. J’en ai marre de rendre des comptes sur pourquoi tu vis toujours ici, marre de devoir expliquer qu’il se passe rien entre nous, tout ça pour au final toujours avoir ces mêmes disputes de merde. » « Mes réponses te font peut-être pas plaisir, mais je me souviens pas t’avoir entendu me dire une seule fois ce que tu veux, toi. » Parce que chaque fois que tu lui demandes, elle esquive elle aussi, elle renvoie la balle dans ton camp ou emmène la dispute ailleurs. Tu voudrais lui demander à qui elle doit rendre des comptes constamment, mais la vérité c’est que tu t’en fiches. Tu t’en fiches parce que tout le monde se fait toujours la même opinion de toi et il y a longtemps que tu as décidé de te foutre complètement de ce qui peut être dit à ton sujet lorsque tu as le dos tourné. Même ce qui peut être dit à Albane, ou ce qu’elle dit en retour. « Aux dernières nouvelles, je te paye encore un loyer. Si tu voulais pas t’encombrer de ma présence, t’avais qu’à pas ouvrir la porte la première fois. » La fois où tu t’es présentée à sa porte, détrempée, le cœur brisé suite au départ de Reese. La fois où tu lui as montré ton côté plus vulnérable, et qu’elle t’a ouvert la porte dans sa vie, décision qu’elle regrette aujourd’hui, ça tu l’as bien compris. Incapable d’en prendre plus, tu lui tournes le dos et prends la direction de ta chambre, claquant violemment la porte derrière toi. Tu te laisses tomber sur ton lit, vidée plus que jamais et si la musique qui résonne contre les murs laissent croire que tu évacues ta colère, ce sont plutôt des larmes qui coulent abondamment sur tes joues avant que tu ne tombes dans un sommeil agité, pleins de cauchemars auxquels la française a éternellement le rôle principal.