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{but maybe I'll see you out some weekend}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter  

Au final, Esmée et Jo sont les deux seules personnes que tu as mises au courant de ta petite virée prévue vers Sydney. La première, parce que tu vis avec elle, et la seconde car elle est censée te servir de guide pendant les prochains jours à venir et tu ne ferais pas le déplacement si tu n'avais pas senti que quelque chose clochait. Là, derrière l'écran de ton téléphone portable et les messages échangés, sous le sarcasme et le mordant habituel de Jo, le fait qu'elle se soit fait écarter, temporairement, du Revival ne peut pas être une bonne chose. Du moins, tu ne le vois pas comme une bonne chose, pas quand on prend en compte tout ce qu'elle met de côté à Brisbane, principalement Ava et que tu sais que ne pas être là pour cette dernière ne peut pas être une expérience facile à vivre pour Jo. Si tu étais à sa place et que c'était Esmée que tu avais dû laisser derrière toi, tu t'en voudrais, constamment, alors bien entendu, tu imagines que Jo doit vivre quelque chose de similaire. Et puis, comme Esmée te l'a si bien dit en t'aidant à faire ton sac, ça te fera du bien. Ce n'est pas comme si tu partais de Brisbane si souvent que cela, plus depuis que 15 possible girlfriends n'existe plus, avant, avec le groupe, c'était votre métier de vous éloigner tous les week-ends, de partir à l'assaut d'une nouvelle ville et d'une destination de rêve. Depuis, tu vois la même chose et il est toujours bon de partir.
Esmée gère très bien sa rééducation et la vie avec des mouvements limités, Olive est et sera là en cas de besoin, et tu as envie de partir quelques jours, c'est aussi simple que cela. Cela fera du bien ta créativité, tu verras Jo et peut-être qu'en revenant, tu oseras enfin confronter Dahlia pour lui demander pourquoi elle est distante depuis son retour. Enfin non, pourquoi elle semble souffler le chaud et le froid depuis qu'elle est là, à te dire qu'elle a besoin de toi, et ne pas répondre à tes questions, à accepter que tu l'accompagnes à l'hôpital quand il s'est avéré qu'elle n'avait que l'appendicite (ses mots pas les tiens), mais à te dire de ne pas t'inquiéter plus que cela et faire des cachotteries. Cela ne fait pas de sens, la connaissant, il va falloir que ça atteigne des sommets pour qu'elle en parle et personne ne t'en voudra de ne pas vouloir tout simplement attendre. Comme tu l'as toujours fait.
Non, un sac sur une épaule, ta guitare sur l'autre, Esmée a le droit à une dernière étreinte avant que ton taxi te confirme qu'il est arrivé. Tu es un peu nerveux oui, après tout, tu n'as jamais pris l'avion, mais la playlist que tu as préparée est suffisante pour te distraire. Tu es assez en avance pour te payer une boisson chaude et face aux panneaux des arrivées et des départs, tu fais une légère pause, ton regard bleuté se posant sur les gens qui vont et viennent, qui partent ailleurs, qui reviennent de quelque part... eh oui il y a définitivement une chanson là, dans les méandres de ton esrpit, tu le notes dans un coin de ta tête, te disant que Jo aura une bonne raison de se moquer de toi si tu loupes ton vol en plus de tout. Ce n'est pas le cas, il y a beaucoup de mouvements, un peu plus de bruit et quand tu dois confirmer que ta guitare est bien une guitare, tu le fais sans vraiment broncher, réalisant bien que c'est une procédure normale. L'avion en lui-même n'est pas si impressionnant que cela, différent oui ; et tu as assez de chance pour te retrouver à une fenêtre. Ce qui est à la fois une bonne distraction et très reposant.
La musique t'accompagne toujours pendant le court trajet, plus court que tu ne l'imaginais en réalité et tu griffonnes bien quelques phrases qui n'iront nulle part dans un des carnets que tu as dans ton sac. Tu le fais très souvent, et vraiment, tu serais incapable d'expliquer ton processus créatif, mais il te semble que tu as toujours quelque chose à dire, toujours. L'atterrissage se fait tout en douceur et si un certain chaos s'installe, tu ne te précipites pas pour sortir, ce n'est pas comme si tu étais particulièrement pressé et ce n'est décidément pas une question de vie ou de mort que tu quittes ton siège. Tu es même l'un des derniers passagers à quitter l'appareil, ta guitare bien en place dans ton dos, ton sac dans une main, tout est un indiqué, c'est une danse très facile (et oui, définitivement, il y a une chanson là) et tu es plus surpris par le bruit une fois que tu as passé les dédales des différents couloirs. Tu enlèves un écouteur de tes oreilles, comme si cela allait t'aider à mieux voir en fait, mais, ironie du sort, tes yeux se posent bien sur Jo la seconde suivante. "J'ai survécu." Voilà ce que tu déclares en allant vers la brune. "Je m'attendais à quelque chose de plus terrifiant pour une première fois..." Et oui, véritablement, tu fais exprès de lui tendre une perche, pour que Jo soit Jo, pour qu'elle la saisisse et te prouve que certaines choses ne changent pas.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley  

"Encore une fois pour être sûre." Prenant un air on ne peut plus solennel, le bout de ses longs ongles joints devant elle comme un chef d’orchestre surentrainé, la tête glissée dans l’espace séparant les deux sièges avant de la Bentley de Marcus, son chauffeur, Jo attendit sagement qu’il ouvre la bouche sous l’attention exagérée qu’elle lui accordait pour qu’il le fasse rapidement, s’apprêtant à murmurer silencieusement les mots qu’il laisserait enfin échapper avec l’entrain d’un bon élève, déjà concentré sur sa tache tandis que ses yeux trouvaient ceux de sa cliente dans le rétroviseur intérieur. Il savait qu’on pouvait plaisanter avec elle. Il l’aimait bien, Jo, assez irrévérencieuse pour devenir attachante alors que, depuis quelques mois, il s’occupait de ses trajets en apprenant à la connaître au travers de ses escales hebdomadaire entre Sydney et Brisbane. Seulement, il y avait des occasions, comme celle-ci en particulier où il préférait se référer à l’urgence qu’il décelait dans ses iris et qui le mettait au parfum à propos de l’état d’esprit dans lequel elle se trouvait. À savoir que là, ce n’était pas le moment de plaisanter. Il prit une profonde inspiration et récita, se laissant dicter son intonation par les iris de la brunette qui l’observait attentivement dans le miroir "Je ne réponds à aucune question sauf à celles de monsieur Sterling." "Je ne réponds à aucune question sauf à celles de monsieur Sterling. Nickel, t’es mon préféré, Marcus." Le baiser qu’elle fit claquer sur sa joue avant de se dégager de l’entre-deux avant de la voiture resta imprimé sur sa pommette dans une trace mauve foncée qu’il n’essuya pas, conquis par l’image qu’il observa dans le rétroviseur de la voiture, et qui lui fit esquisser un léger sourire avant de lui demander précipitamment, tournant la tête pour la regarder lorsqu'il la sentit s’agiter à l’arrière "Est-ce que vous voulez que je vous accompagne jusqu’à là-bas ? Il y a du monde." Décochant une sucette à la cerise de son sac à main pour la fourrer dans sa bouche, elle opina du chef à la négative "Je reste juste là. Ça devrait aller, merci." fit-elle au jeune homme, désactivant le système de verrouillage centralisé de la voiture pour s’en extirper d’un petit bond.

Lunettes de soleil à bord blanc vissées sur le nez, sucette à la bouche, elle sortit de là, représentation parfaite d’une chanson de Lana Del Rey ; dans sa petite robe moulante à motifs fruitiers, ses talons troqués par des tennis et son blouson en jean trop grand descendu jusqu’à ses coudes. La bouffée d’air qu’elle prit, elle ne fut salutaire que parce qu’elle avait une odeur différente de celle qu’on imposait à ses sens depuis quelques jours maintenant. Il faisait frais ce matin, mais ça ne l’incita pas à remonter son blouson pour couvrir ses épaules dénudées, heureuse de sentir autre chose que la tiédeur sourde d’une chambre d’hôtel climatisée. Elle n’avait jamais été docile, Jo, alors être recluse dans un hôtel de standing moins élevé que celui qu’elle avait quitté de force quelques jours auparavant, ce n’était pas la situation la plus agréable du monde à ses yeux. Tout au long de sa vie, elle avait senti qu’on la traitait comme une bombe à retardement, et ce n’était pas idiot de le considérer ainsi étant donné la nature tempétueuse de son caractère, mais depuis que la vidéo de son altercation avec Laurie avait fait le tour des réseaux sociaux sans qu’aucune d’elle ne soit autorisée à s’exprimer à ce sujet, elle avait l’impression d’être rien d’autre qu'un déchet radioactif aux yeux de la production de l’émission. Elle avait à peine le droit de s’adresser à ses concurrents — Midas mis à part, il savait jouer de son influence à bon escient, le chanteur — à qui on avait donné une excuse à la manque pour expliquer les précautions prises à son sujet, et son téléphone, elle ne le voyait que quelques heures par jour pour l’empêcher d’être trop au fait de ce qui se disait dans les médias et sur les réseaux sociaux dont elle s’était retirée quelques temps sous les conseils du média trainer de l’émission. Si on l’avait laissée sortir aujourd’hui, c’était parce qu’elle avait argumenté sur la définition du mot séquestration et sur les risques juridiques encourus si elle allait crier sur le toit du monde que c’était exactement ce qui se passait depuis quelques jours, et parce qu’ils l’en savaient capables, ils avaient cédé à lui laisser quartier-libre sous la supervision de Marcus qu’elle avait dans la poche de toute façon.
Si on lui avait clairement fait comprendre que c’était sa responsabilité qu’on remettait en cause, si on la punissait depuis pour qu’elle prenne conscience qu’elle n’était plus l’anonyme petit chanteuse qui pouvait dévaler des saloperies à quiconque se dressait sur son chemin sans craindre que ça ne lui revienne à la figure, insistant sur une stratégie de mea-culpa qu’elle devrait faire face-caméra incessamment sous peu, Jo gérait pourtant très mal l’idée qu’on la rende coupable de quelque chose dont elle était seulement défendue. Puisqu’elle était qui elle était, c’était facile de le faire, de ne pas chercher à creuser pour savoir pourquoi elle semblait si malheureuse à propos de toute cette histoire, la soupçonnant seulement de regretter la mauvaise presse qu’elle récolterait bientôt si elle ne rattrapait pas le tir. Peu importait, elle savait qu’elle aurait toujours tort chaque fois qu’on la présenterait comme une bête sauvage, prête à défendre son entourage en mordant plutôt qu’en négociant, et c’était la croix qu’elle avait choisi de porter pour protéger ses sentiments, alors c’était peut-être bien de sa faute en définitive.

Les mains croisées à plat dans son dos, sa langue jouant avec l’arrondi de sa sucette tenue entre ses dents, et appuyée contre le coffre de la Bentley de Marcus, elle observa les allers et venus des voyageurs, ceux qui quittaient l’aéroport par la grande porte pour mieux surveiller l’arrivée de Nicholas qui lui avait proposé de venir la voir sans qu’elle n’émette rien d’autre que la volonté de ne pas vouloir mêler sa grand-mère à tout ça "Je rentrerais pas dans ce jeu-là. C’est trop facile quand c’est tendu avec autant d’enthousiasme." qu’elle répondit à la perche qu’il lui tendit en s’approchant d’elle, et alors qu’elle se décollait de la carrosserie pour taper brièvement dessus histoire que Marcus ouvre le coffre, elle fit à Nicholas en le pointant avec sa sucette qu’elle retira de sa bouche dans un pop! de dessin-animé "T’avais pas besoin de te pointer avec ta guitare, y en a des tas de disponibles au studio." Comme bonjour, c’était un peu apathique. Mais c’était Jo, elle ne réservait ses étreintes qu’à une minorité de personne. Le laissant mettre ses affaires dans le coffre en observant sa tenue sans émettre de commentaire, elle poursuivit  dans a foulée "Ceci dit c’est pas là qu’on va. T’as fait bon voyage ?" lui demanda-t-elle enfin. Il lui fallait toujours un peu de temps pour se souvenir d’être polie à Josephine.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter  

Non, l'air n'est pas différent à Sydney et surtout pas en passant les portes de l'aéroport pour se laisser guider par le monde et retrouver Jo. Dans un sens, tu es déçu, car cela aurait définitivement fait une bonne chanson et aurait accompagné le reste des paroles que tu as déjà en tête, de constater que les choses sont différentes ici, que tu es différent ici et que Jo l'est aussi. Non, ce n'est pas vraiment le cas, la vie continue de suivre son cours par bien des aspects, Jo a des lunettes de soleil sur le nez, une sucette à la bouche qu'elle dégaine presque comme une arme à la seconde où tu l'ouvres et c'est normal. Étrangement normal et tu te dis que dans un sens, tu es bien égoïste, et que c'est cela que tu es venu retrouver, un semblant de normalité avec quelqu'un que tu connais depuis très longtemps et qui n'a pas soudainement décidé de changer toute sa personnalité pour une raison qui t'échappe, qui est inconnue ou mystérieuse. Jo est consistante, elle, au moins. "Tsss... j'aurais essayé, désolé hein." Que tu dis comme maigre défense et parce que c'est un peu trop facile, son regard se porte sur ta guitare ensuite et tu es celui qui fronce un peu les sourcils.
Surtout quand le coffre s'ouvre la seconde suivante, signe que quelqu'un d'autre est bien au volant, logique, de ce que tu sais, Jo n'a pas encore son permis ou l'envie de passer derrière un volant de façon permanente. "Tu sais, parfois, j'ai l'impression que c'est la première fois qu'on se voit et qu’on n’est pas voisins, parfois." Tu le fais remarquer avec un léger sourire et tu finis bien par abandonner ta guitare et ton sac dans le coffre vide de la voiture, refermant facilement ce dernier avant de te tourner vers Jo. Qui pensait vraiment que tu allais venir sans aucun instrument de musique, vraiment ? Et oui, tu es de ceux qui demandent avant d'emprunter ceux des autres, qui considèrent cela comme une offense personnelle quand on ne retourne pas la pareille, qui donnent des noms à ses guitares et les considèrent un peu comme une partie de soi. Ce n'est franchement pas la chose la plus bizarre de tout ce que tu fais, et la perspective de te retrouver dans une nouvelle ville, loin de tes repères, sans quelque chose de familier ou rassurant est exclus. Tu as pris l'avion oui, mais autant ne pas chambouler toutes tes petites habitudes.
"Etrangement, oui, pas si traumatisant que cela l'avion et ça a été rapide au final, je n'ai même pas eu le droit à d'autres passagers impatients ou de bébés qui pleurent, je crois que j'ai été chanceux." Non, tu sais que tu as été chanceux en fait et tu peux l'enlever de la liste de chose que tu n'as jamais faite, une petite victoire quand on sait à quel point tu te rapproches de la quarantaine. Pas une chose qui t'effraie en soit, c'est les autres, comme Jo d'ailleurs, qui adorent te le rappeler, comme si un changement profond allait t'arriver ou que tu allais soudainement devenir une autre personne le jour j. Cela n'arrivera pas, tu le sais déjà. "Est-ce que j'ai le droit de te demander comment ça va ?" Tu préfères poser la question dès maintenant, histoire de savoir si tu vas dépasser une limite, elle a été évasive par message, t'informant que non, elle n'allait pas grimper sur scène cette semaine et qu'on ne la verrait pas sur le petit écran. Jo ne te parait pas malade et sa voix résonne et claque comme toujours, donc il doit y avoir un autre problème. Le genre de bruit de fond, de murmures de couloir et d'éclat qui font couler de l'encre, autant réelle que virtuelle d'ailleurs, avec des tonnes de messages et de commentaires sur la toile. Tu ne peux pas dire que tu te tiens particulièrement informé, c'est même le contraire, t'as propre section de commentaires est suffisamment chaotique parfois, que tu postes une photo de ton chat ou une vidéo de toi en train de tester différentes harmonies. Et tu n'es... personne, tu ne veux même pas imaginer le tourbillon de bêtises, d'opinions mal placées et de conseils très mal avisées qui doit graviter autour de Jo.
"Ou alors tu préfères d'emblée ne pas répondre à cette question-là ?" Auquel cas, tu le comprendras et tu ne demanderas pas, parce que tu es beaucoup de choses, mais ne pas respecter les limites des autres ? Ce n'est définitivement pas toi et si elle t'accuse de t'inquiéter pour rien ou t'ordonne de lâcher la grappe, tu le feras sans aucune hésitation. Oui, tu seras toujours inquiet, mais tu garderas tes questions pour toi. "Et... où est-ce qu'on va d'ailleurs ? C'est la première fois que je mets les pieds à Sydney, Esmée m'a donné une liste de monuments à visiter et elle veut que je lui ramène un souvenir bien cliché." Quelque chose de non négligeable aux yeux de ta grand-mère et ce, même si d'après les quelques récits qu'elle t'a fait en grandissant et ce que tu sais de sa vie, elle est déjà passée par ici. Ce n'est pas nouveau pour l'autre Hurley, mais décidément pour toi. "Ceci étant dit, ça va me faire bizarre de ne pas être volant... je vois que tu as eu une upgrade." Petit coup de tête vers la voiture en question, ça c'est bien différent, et peut-être que Jo n'est pas tout à fait la même ici. Peut-être.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley  

"Tu sais parfois j’ai l’impression que tu crois que mon monde tourne autour de toi et de tes névroses et que je passe mon temps à les lister dans mon journal intime." L’amabilité de Jo était ce qu’elle était, mais elle permettait de briser la glace au moins, et puisque ces derniers temps, elle passait son temps soit à chialer, soit à faire la gueule, soit sur les genoux de Midas, retrouver un peu de sa superbe en mettant en avant son talent exceptionnel pour la dialogue sarcastique, ça faisait naître une sorte d’excitation en elle qui n’avait rien de sexuel ceci dit. Encore que, les moeurs de Jo, c’était un autre sujet qui aurait mérité moult heures de thérapie sans aucun doute "Descends d’un étage, Nicky, c’est moi la star ici." Insupportable. Heureusement qu’elle était douée, belle et charismatique finalement, autrement elle n’aurait pas eu grand-chose pour elle "J’y crois pas qu’à ton âge, t’avais même pas encore pris l’avion. Tu vois, c’est le genre de trucs que tu devrais prendre comme le signal ultime pour sortir de ta chambre. Quand tu clamseras, il sera trop tard pour faire tout ça." Si la forme était bancale, le fond n’était pas si mauvais que ça. Nicholas en avait l’habitude, il savait que sous ses travers de revêche de base, elle essayait de marquer des points qui n’étaient pas dépourvus de bienveillance. Elle avait juste un travail à faire sur elle-même pour que ça sorte moins brut, davantage enrubanné dans du beau papier doré qui scintillerait de toute l’hypocrisie qu’elle n’avait pas en elle et qui lui donnerait sûrement l’envier de gerber, mais hey, la vie c’était une succession de compromis — plus tard, elle songerait à travailler sur tout ça plus tard "Allez, monte — Marcus, Nicholas. Nicholas, Marcus." fit-elle en s’engouffrant dans la Bentley après que Nicholas eut terminé de mettre ses affaires dans le coffre.

Professionnel, Marcus fit un signe de tête à Nicholas dans le rétroviseur et alors qu’elle fourra de nouveau sa sucette entre ses lèvres pour avoir les mains libres et boucler sa ceinture de sécurité, elle mit un certain temps avant de répondre à la question de Nicholas simplement parce qu’elle se demanda si elle devait mentir ou pas "Est-ce que j’ai l’air de mal aller ?" lui fit-elle finalement, statuant que mentir ce serait peut-être une bonne idée histoire de ne pas rompre le contrat tacite qu’elle avait passé avec la prod pour ne pas parler de ce qui passait en interne avec n’importe qui d’autres que les principaux intéressés ; comme quoi, elle était capable d’obéir même si ça l’emmerdait tellement qu’elle sentit une nuée de chair de poule se répandre sur chaque centimètre de sa peau dénudée, lui faisant soudainement remonter les manches de sa veste sur ses épaules et croquer dans sa sucette pour faire passer l’envie fugace qu’elle ressentit de crier à l’injustice et au complot.
Elle mâchouilla bruyamment un instant, la consistance de ce qu’elle avait dans la bouche rendant sa mastication franchement pas élégante, mais qui s’en souciait vraiment ? Elle gagnait en fait du temps pour ne pas s’étendre sur cette question en particulier, sautant immédiatement sur la prochaine que le jeune homme lui posa pour rebondir une fois qu’elle eut avalé sa bouille de cerise, sa tête se tourna en même temps de son côté "T’as cru que j’étais Dora l’Exploratrice, ou c’est comment ? Non, j’ai d’autres projets pour toi, et ça implique pas de faire le tour des spots touristiques de la ville, mon grand." À ce moment-là, elle aurait pu jouer son avantage et faire remuer ses sourcils au-dessus de ses yeux soulignés d’un eye-liner si fin qu'il en devenait menaçant, laissant planer sous-entendus et autres qui auraient fait rougir la pucelle qui vivait en Nicholas Hurley, mais elle n’en fit rien, reposant son regard sur l’espace qui les séparait de l’avant de la voiture pour reprendre sur le même ton "Quand je suis arrivée ici à 16 ans, j’ai fait plein de petits jobs sympas avant de trouver un contrat régulier dans un piano-bar au-dessus duquel je vivais. C’était pas très légal comme truc, j’étais trop jeune, mais j’ai rencontré des gens cool et le patron m’adorait comme tu t’en doutes." Evidemment sembla dire le claquement de sa langue contre son palais "J’y suis pas retournée depuis la fin de ma première saison de The X-Factor. J’étais venue chercher mes affaires sans vraiment dire au revoir à personne parce que ça me soulait de devoir assumer ma défaite, mais je crois que y a prescription là." expliqua-t-elle en gardant son regard sur la route pour maintenir une certaine contenance et ne pas laisser entrevoir qu’elle était un peu nerveuse de se pointer à un endroit qu’elle avait fui comme une voleuse — ce qui n’était clairement pas son genre, Jo assumait souvent ses conneries au point d’en être parfois très fière. Mais pas là. Marquant une morsure de l’intérieur de sa joue avant de retourner la tête vers Nicholas, elle lui dit "J’ai pensé que ce serait un endroit qui te plairait comme entame à ton séjour. Je sais pas si les types avec qui je chantais font toujours des sets là-bas, mais je sais que le patron est toujours le même." Elle avait fait ses recherches avant d’envisager tout ça, gérant assez mal le rejet pour anticiper un peu sa manoeuvre et assurer ses arrières sans pour autant être convaincue qu’elle serait accueillie avec enthousiasme. Ce doute là, elle l’exprima d’une façon détournée, ses yeux quittant ceux de Nicholas pour ajouter "Avec un peu de chance, il nous laissera entrer." Peut-être même qu’avec un peu de chance, il les laissera même chanter, qui sait.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter  

Si tu devais dresser une liste de toutes les choses que tu n'as pas encore faites à ton âge, vous allez y passer du temps devant cette voiture, Jo et toi, et sans aucun doute, le chauffeur viendra vous faire remarquer que l'essence n'est pas gratuite et que l'heure tourne. Littéralement, mais tu pourrais le faire sans aucune hésitation, sans que la brune le demande en fait, juste parce que c'est facile de cataloguer tout ce que tu n'as pas fait et parce qu'on le fait souvent pour toi. Quand on veut te faire remarquer que tu es une anomalie à part entière ou quand on te demande si tu n'as pas des regrets. Non, tu n'en as pas, cela impliquerait d'avoir de l'ambition, de voir plus loin que ce que ton regard bleuté peut te montrer et surtout, d'en vouloir plus. Et tu as bien des défauts, mais certainement pas celui-ci, alors Jo a juste le droit à ton sempiternel hochement de tête. Tu ne t'offusques plus vraiment pour ses piques, si c'était le cas, tu n'aurais pas fait le chemin jusqu'ici et elle n'a pas tort, de vous deux, c'est bien elle la star et qu'elle capte toute l'intensité du projecteur à elle toute seule, cela te va très bien de regarder tout ça depuis les coulisses, surtout qu'elle fait ça beaucoup mieux que toi. Tu grimpes dans la voiture, pour t'installer sur la banquette arrière et tu boucles rapidement ta ceinture pour constater que oui, le véhicule est coûteux.
Tu n'es pas un expert comme une certaine mécanicienne que tu connais, mais même toi, tu sais faire la différence entre ce véhicule-ci et le tien, comme quoi, Jo n'avait peut-être pas si tort que cela, du tout même.  "Bonjour ?" C'est pour le chauffeur, le fameux Marcus qui se contente d'un hochement de tête, il est là pour faire son boulot après tout, et tu ravales le rire nerveux qui manque de quitter tes lèvres car c'est trop loin de ta réalité pour t'atteindre tout ça. Encore heureux. Tu reportes ton attention sur Jo à la place, la raison de ta venue et tu roules, un peu il faut bien le dire, des yeux quand elle répond à ta question par une autre interrogation. "Oh... c'est une question piège ça, même moi je le sais, donc tu n'auras pas de réponse." Et que la chanteuse ne t'accuse pas de critiquer son teint ou le temps qu'elle a mis pour se maquiller les yeux, tu ne te permettrais pas de le faire déjà et ensuite tu ne veux pas présumer ou te lancer en hypothèse. Oui, Josephine Carter peut paraitre difficile à lire, mais c'est bien parce qu'il y a des barrières épaisses qui la protègent, ce que tu vois et tu comprends, tu fais pareil, tes défenses ne sont pas aussi... piquantes que celles de ta voisine on va dire, mais elles sont bien là, les silences et ton attitude à tout laisser passer font fuir plus d'une personne et peu de personnes le réalisent, mais c'est totalement voulu. Dans un sens, Jo fait l'inverse en fait, elle prend de la place, elle est bruyante, ça ne donne pas le temps ou l'envie de s'attarder vraiment ou de voir le plus important. Et en l'occurrence, la brune n'a pas répondu à ta question.
Elle te dit qu'elle ne va pas jouer les guides à la place, pas d'exploration pour aller trouver un fameux trésor, tes lèvres se tordent dans une légère moue alors que tu fixes Jo. "Han... Je le vois pourtant, il te manque juste le sac à dos, tu fais déjà la bonne taille alors..." Et c'est plus fort que toi, même si Jo le prend mal, tu laisses filer un léger rire, parce que tu es hilarant et oui, elle en loupe des trucs en étant loin de Brisbane la plupart de la semaine. Jo a déjà une idée en tête dans tous les cas, pour le week-end et pour s'occuper et si tu suis déjà sa ligne de conduite à Brisbane, tu ne vois pas pourquoi cela serait différent ici. Elle parle de sa vie à Sydney comme si ce n'était pas grand-chose dans le fond, mais tu écoutes avec une attention certaine, une partie de toi ravie de constater que Jo a un minimum songé à ce qui pourrait te plaire. Ce qui n'est pas difficile au final et vu ta capacité à tout internaliser, tu aurais pris sur toi dans tous les cas.  "J'espère que oui, moi tu m'as eu à piano-bar, je suis convaincu et je suis encore plus content de ne pas être venu les mains vides pour le coup, tout s'aligne, c'est parfait."  Tu as un petit hochement de tête avant de poursuivre.  "Je ne savais pas que tu avais vécu à Sydney aussi longtemps et même avant de participer à l'émission pour la première fois, je sais ce que tu vas dire, je n'ai jamais vraiment demandé, je suis super nombriliste et tout ce qui va avec..." Tu anticipes les remarques de Jo maintenant, oui, tu n'as jamais posé la question, et c'est de ta faute, tu es trop refermé sur toi-même, il faudrait plus ouvert (c'est là qu'il y aurait eu une blague super vaseuse) enfin Nicholas. Peu importe en fait, tu le sais maintenant.  "Mais je suis content d'être là." C'est la vérité et si tu jettes un coup d'œil à la fenêtre par curiosité, tu es dans une nouvelle ville après tout, tu te tournes tout de même vers Jo l'instant suivant.
Parce que si tu n'insistes pas un minimum, tu vas t'en vouloir, elle a l'air d'aller bien, mais si tu aurais dû lui rendre visite ici un peu plus tôt, ou même venir avec sa grand-mère à elle, tu ne l'as pas fait. Oui, elle était une excuse toute trouvée pour quitter Brisbane et son ambiance un peu bizarre mais pas que. "Et tu n'as pas répondu à ma question précédente, je sais que ce n'était pas anodin, donc je vais le dire une fois et tu as le droit de me détester ou de me dire de me mêler de mes affaires, ou même de mes fesses... peu importe au final, si tu veux parler de ce qui se passe avec l'émission ou pourquoi tu as été mise de côté, je peux écouter." Tu supposes que ce n'était pas sa décision à elle, fuir tout ce pourquoi elle a travaillé ? Cela ne lui ressemble pas. "Sans poser de questions stupides." Tu le précises avant de hausser les épaules. "Ou alors on n'en parle pas et je serais l'une des seules personnes qui ne sera pas au courant, tu me connais, tu sais que je suis doué pour rester dans ma bulle."

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley  

Le visage de Jo s’illumina d’un sursaut de surprise lorsque Nicholas reprit la parole. Dégageant ses yeux de ses lunettes de soleil, les portant sur sa tête comme un diadème, la bouillis de cerise qu’elle avait avalée, elle était bien contente de l’avoir terminée parce que sans doute qu’elle se serait étouffée avec autrement "Attends, t’es en train de te moquer de ma taille ou j’hallucine ?" rétorqua-t-elle au jeune homme. Brusquement, elle se pencha en avant pour que sa jolie frimousse puisse observer le profil de Marcus qui lui lança un regard avec l’air de dire mademoiselle ? Elle lui dit sur le ton de la confidence surjouée "Marcus, Nicholas est en train de m’attaquer sur mon physique. Tu te rends pas compte, mais c’est un indicateur réel de comment le monde part en couilles." Parfois, il arrivait à Jo d’entendre sa mère lui dire de cesser de parler comme ses frères et de mieux tenir sa langue. Mais ça, il fallait y penser avant de laisser papa Carter planter ses graines dans son jardin de paradis, chose qu’elle s’était retenue de lui dire à de maintes reprises seulement parce que papa Carter avait la main lourde quand il se rendait compte que, passée une dizaine d’années, sa fille avait le chic pour s’attirer davantage la lumière que le reste du cheptel qu’il avait savamment élevé, et qu’en plus de ça, elle avait un talent inné pour appuyer là où ça faisait mal rien qu’en l’ouvrant un peu trop. Elle n’était pas la seule à en manger, c’était une certitude qui la réconfortait un peu, qui ne la rendait pas plus polie pour autant, c’était une évidence.
Elle arqua un sourcil parfaitement dessiné, se recalant dans son siège juste après, confrontée à la mine neutre de Marcus qui laissa pourtant un léger sourire fendre son visage lorsqu’il lui adressa une oeillade dans le rétroviseur. La tête tournée de nouveau vers Nicholas, Jo lui dit "Tu sais que dans un piano-bar, il y a déjà des instruments prêts à l’emploi ? Quoi, je te demande, t’as tellement l’air de tout découvrir tout le temps, je préfère te mettre rapidement au courant avant que tu sois tenté de me poser tout un tas de questions." Comme un gamin de cinq ans, et le choix de l’âge qu’elle préféra taire, il la ramena au fait que, dans un futur proche, elle devrait peut-être apprendre à communiquer avec les enfants de cet âge. Et putain, le moment était plutôt mal choisi pour penser à ça, non ? "Exactement, t’as jamais demandé." Nicholas connaissait la vie de Jo autant que Jo connaissait ses tables de multiplications ; en surface, et uniquement ce qui lui semblait opportun de retenir, en d’autres termes : pas grand-chose quoi "J’ai même plus besoin de te faire des reproches maintenant, tu les anticipes. Comme quoi, t’es peut-être bien un plus grand garçon que je croyais, c’est fou ça." lui fit-elle, détournant juste un peu les yeux pour les porter au travers de la vitre teintée de son côté de l’habitacle.

Quand il lui fit remarquer qu’elle n’avait pas répondu à sa question précédente, Jo roula des yeux en lâchant un soupir si profond que sa petite poitrine se creusa "Et ça t’informe pas sur le fait que j’ai pas envie d’y répondre et que c’est pour ça que je le fais pas ?" Sa tête se posant sur l’appui-tête de son siège, elle le regarda de nouveau par-delà la linge épaisse de ses cils allongés par le maquillage "J’en ai déjà parlé avec les gens qu’il faut, je crois pas que ce soit constructif de ressasser tout ça. Et te vexes pas, mais à part me donner des conseils archi-philosophiques dont je ferais jamais rien, je crains que tu puisses pas grand-chose pour moi sur ce coup-là." Si elle voulait être vexante — et se faire mousser un peu —, elle lui dirait que Midas avait déjà assuré ses arrières, qu’elle tirait la gueule simplement parce qu’elle devait s’excuser pour ce qu’elle avait dit, pour ce qu’elle avait fait, et que sur la liste des choses, elle était persuadée, capables d’avoir l’effet sur elle d’un produit toxique, c’était en haut de la liste. Si elle estimait avoir eu tort de remettre Laurie à sa place, elle savait aussi que ce n’était pas gratuit et qu’elle l’avait bien mérité. Franchement, au plus elle y pensait, au plus elle se disait que ça sonnait comme des histoires de collégiennes, et bien qu’elle estimait que Nicholas paraissait beaucoup plus immature qu’elle sur certains points, passer pour la dernière des godiches face à son voisin, ça l’enchantait autant que devoir partager la scène avec tous concurrents qui n’étaient pas Midas : en d’autres termes, ça lui fichait de l’urticaire, et pas dans des endroits accessibles aux yeux des prudes dont Nicholas faisait partie, c’était clair.
Se rembrunissant un peu, Jo décolla sa tête de son siège  pour mieux le regarder presque en face, leur position respective n’étant pas adéquate pour le faire ; elle ne se démonta pas, se contorsionnant pour le voir "T’essayes de me faire culpabiliser de vouloir rien te dire ? C’est quel genre de chantage affectif ça ?" lui demanda-t-elle en laissant un rire à moitié goguenard lui échapper, ses yeux suivant les contours du visage anguleux de son interlocuteur "Je savais pas que c’était si important pour toi de te tenir informé de mon parcours ici." commença-t-elle sans agressivité, juste un peu de lassitude d’être placée dans cette position pas très confortable pour elle qui avait essuyé assez d’affronts ces derniers temps pour accepter encore une fois qu’on joue avec sa patience "Jusqu’à il y a deux minutes, tu savais même pas que j’avais vécu là six ans avant de m’inscrire à ma première audition, alors qu’est-ce que tu viens jouer au laissé pour compte." Ça la fit rire, du rire jaune opportun, celui qu’on laisse échapper par faute d’avoir les mots ; venant de Jo, c’était assez étonnant pour être remarqué, et Nicholas ne le remarquerait pas. Finalement, elle pinça les lèvres pour arranger la tenue du gloss qu’elle portait, et puis elle lui dit, presque comme une mise en garde "Je t’ai pas fait venir pour me plaindre, que ce soit clair."

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Jo retire ses lunettes de soleil pour te regarder droit dans les yeux, comme si elle te voyait pour la première fois, comme si, et tu en profites pour lui renvoyer un sourire, et confirmer que oui… Un peu, tu te moques d’elle, il serait bien temps de lui rendre la pareille, avec des années de retard certes, mais vous n’êtes plus à ça près, pas vrai ? Après tout, peut-être que ce n’est pas grand-chose pour Jo, mais tu ne passes pas autant de temps avec une seule personne, tu ne partages pas tes textes avec le ou la première venue, et si quelqu’un d’autre avait attendu avec toi ce soir-là pour en savoir plus sur l’état d’Esmée… Peut-être que tu te serais contenté de dire merci, que tu gérais et tu aurais regardé le chaos du St Vincent tout seul depuis ta chaise en plastique. Cela n’a pas été le cas, alors pour ce que ça vaut, peu importe si tu as mérité le titre d’ami ou pas aux yeux de Jo, vous n’êtes vraiment plus à ça près. Tu ne sais pas si Marcus va intervenir, s’il est juste là pour conduire et garder ses réflexions pour lui, très sincèrement, c'est ce que tu ferais à sa place, de toute façon, tu ne lui en laisses pas le temps.  “Oh Jo, tu t’en remettras, comme une grande, je le sais déjà.” Et cette fois-là, tu te mords la lèvre inférieure pour ne pas éclater de rire, parce que c’est facile et que Jo a très certainement dû entendre cela des centaines de fois. Pas de ta part en tout cas et tant pis si elle t’en veut, tant pis si elle te fait remarquer ce que tu savais déjà sur les piano-bars.
Jo devrait le savoir que tu n’en es pas à ton premier coup d’essai, si ce n’était pas pour des établissements pareils, tu n’aurais jamais découvert ton amour de la scène. Okay, la musique, tu as toujours su que c’était ça qui te faisait vibrer, mais la scène ? Se retrouver devant des visages complètements inconnus et la plupart du temps pas du tout intéressés et trouver le moyen d’avoir cet attention-là ? C’est unique, c’est électrique en fait, et même toi avec tes angoisses et toutes tes insécurités, tu adores te prêter à ce jeu-là. “Ouais, mais je suis un snob et je préfère utiliser mes propres instruments, je n’y peux rien.” Pas la confession de l’année, tu l’avoues tout simplement, en haussant les épaules, toujours le sourire aux lèvres. Il faiblit un peu aux prochaines piques de Jo, est-ce vraiment des piques ? Tu ne sais pas, elle est honnête, comme d’habitude et tu laisses filtrer un léger soupir, ton regard bleuté fixé sur elle. “Déjà, si je me vexais aussi facilement je ne serais pas là et ensuite… ” Qu’elle ne t’accuse pas de faire du chantage, vraiment pas, c’est la chose qui te dérange le plus dans le discours de la brune, tu ne permettrais pas de le faire. Non, pas quand tu t’es retrouvé de l’autre côté d’une telle dynamique pendant des années. Vraiment, elle devrait rencontrer l’autre personne qui partage ton nom de famille et qui ne s’appelle pas Esmée, Jo pourrait alors aligner beaucoup de choses à ton sujet toute seule.
Mais soit, elle ne veut pas en parler, Jo le dit, tu l’as entendu, qu’on ne t’accuse pas de ne pas avoir demandé et tu n’insisteras pas. “Ce n’est absolument pas du chantage affectif, juste, je le dis pour que ce soit clair. Tu n’as pas envie d’en parler, alors on n’en parlera pas... Désolé, je cherchais juste à faire la conversation, comme une personne normale, ça n'allait pas plus loin que cela, tu sais...” Tu te tournes vers la fenêtre à la fin de ta phrase, parce que c’est si difficile à considérer en fait ? Tu pensais que le temps des joutes verbales étaient finies entre toi et ta voisine, visiblement pas, c’est son sport préféré après tout. “Tu ne m’as pas fait venir tout court, Jo, tu es juste une excuse pour sortir de Brisbane… désolé de l’admettre, mais c’est la vérité.” Cela, tu n’avais pas prévu de le dire à voix haute, tant pis, c’est déjà fait, tu ne peux pas le reprendre et tu cherches une distraction dans l’habitacle de ta voiture, qui sera ton téléphone portable. Parce que tu n’es pas là pour jouer au laissé pour compte, vraiment, on passe à côté de toi sans faire attention tout le temps, tu le sais, tu le vois, tu pousses les autres devant la lumière parce que c’est trop bruyant et que le reste est plus facile à supporter.

Tu es là pour la voir elle, certes, voir son quotidien à Sydney mais également pour échapper un peu à la pression de Brisbane et retrouver ton inspiration. C’est égoïste à souhait, tu le sais, tu ne t’en caches pas et le pire dans tout ça ? Tu ne te sens pas si coupable que cela, et ce même si on essaye de te faire croire que tu dois rendre des comptes, tu ne dois rien à personne.  “Je devrais appeler à la maison.” Tu t’étonnes de ne pas l’avoir fait plus tôt, Jo te distrait toujours, toujours, et naturellement, tu composes le numéro de ton domicile. La conversation avec Esmée est plutôt courte et tu te tournes vers Jo pour lui passer ton téléphone quand cette dernière veut lui parler. Pour lui dire de lui renvoyer son petit-fils en un seul morceau, c’est la seule partie de leur conversation que tu entends, le reste est privé visiblement. Tu finis par récupérer ton téléphone et même ton sac quand vous arrivez enfin à l’hôtel. A la réception, tu laisses Jo prendre les devants, tu es trop occupé à te dire que passer le week-end dans un hôtel, ça te rappelle un peu trop les mariages et partager une chambre avec Vance et trois autres personnes, histoire de, pas de ça aujourd’hui, tu as ta propre chambre. “Merci. Du coup, on se retrouve ici dans quoi ? Une demi-heure ?”
La chambre est propre, c’est ton premier constat, et le lit plus petit que celui que tu as laissé à Brisbane et il ne te faut que quelques minutes pour te changer et enfiler quelque chose de plus décontracté. Tu débats pendant quelques minutes sur le fait de cacher tes épaules ou pas, au final, la veste repose au creux de ton bras gauche, alors que tu tiens la guitare du droit, toi aussi, ayant fait glisser tes lunettes de soleil dans tes cheveux, comme Jo il y a peu.  “Ma guitare et moi, on est prêts.” Tu lances cela à la brune l’apercevant de nouveau à la réception, et c’est bien elle qu’il faut remercier pour le pantalon noir que tu portes, à ta taille, agrémenté d’un pull sans moche et de bottes qui sont clairement neuves, elles aussi.

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"Tu cherchais pas à faire la conversation, t’as insisté pour que je te parle de ce qui va pas." Par deux fois, il le lui avait demandé. Alors d’accord, Josephine n’était pas toujours le cerveau de la bande, elle n’était pas complètement retardée pour autant. A un certain niveau, poser deux fois la même question et souligner à la personne qu’on interroge qu’elle a évité d’y répondre, c’était insister, point barre "Je t’ai répondu que je voulais pas en parler, et ça non plus, ça va pas plus loin que ça." Ça ne faisait pas partie de leur dynamique, de se faire des confidences en prétendant vouloir trouver la paix grâce à une conversation à coeur ouvert en ne craignant pas d’être jugé. Un sourire carnassier fila sur ses lèvres enduites de gloss "C’est moins confortable de devoir se plier aux limites des autres que d’en donner hein ?" lui demanda-t-elle sans attendre de réponse, laissant la goguenardise de son ton emplir l’habitacle quand enfin, elle rechaussa ses lunettes de soleil pour continuer sur le même ton "J’imagine que c’est ma faute, j’ai toujours donné l’impression de pas en avoir. Et bah tu vois, surprise, j’en ai moi aussi." Jo se fichait bien d’être jugée ou non, et puis elle n’avait pas envie que Nicholas se méprenne sur l’idée qu’elle l’appréciait tellement qu’elle avait hâte de lui raconter ses bonheurs, ses malheurs et ses déboires. C’était le cas dans une certaine mesure, qu’elle l’appréciait, mais de là à en faire le receptacle de ses émotions, il ne fallait tout de même pas abuser.
Elle avait Midas pour ça, c’était aussi cliché de le penser comme ça qu’inopportun de le dire à voix haute parce que ça ne regardait personne, et surtout pas Nicholas par ailleurs. On pouvait l’accuser de chercher à compartimenter et de donner à chacun une place définie dans son ordre de priorité, mais elle s’en cognait pas mal, surtout que ça lui permettait de garder un cadre, chose qui n’était pas facile pour elle qui avait tendance à se disperser entre l’image qu’elle voulait donner et celle qu’elle était. Son impulsivité n’était pas simple à gérer, si elle réussissait à le faire en gardant des limites au sujet de ce qu’elle partageait avec les autres ou pas, c’était son problème, pas celui des autres qui devaient apprendre à vivre avec l’idée qu’elle ne se confiait pas au premier venu, qu’il lui fallait un degré d’intimité adapté pour pouvoir le faire sans avoir l’air de quémander quelque chose qu’elle disait ne pas avoir besoin — de la compassion, chose qu’elle avait tendance à prendre comme un véritable affront "Pour sortir de Brisbane, t’aurais pu juste prendre ta bagnole et aller sur la côte, pas prendre l’avion pour aller te perdre dans un endroit que tu connais même pas. Si j’étais pas là, t’y serais pas non plus." C’était limite blessant ce qu’il venait de lui dire, elle qui avait accepté qu’il vienne dans un moment où elle n’était pas tout à fait elle-même, et durant lequel pourtant elle avait fait tout ce qu’elle avait pu pour l’accueillir dans les bonnes conditions ; en lui réservant une suite confortable, en mettant au courant les bonnes personnes, en disant à Midas que ce serait peut-être sympa de se retrouver tous les trois un de ses soirs. Preuve qu’elle était un tantinet trop à fleur de peau en ce moment, mais elle n’avait pas envie d’en parler en effet, alors elle se contenta de conclure, gardant le silence tout le long du trajet par la suite  "Putain, je suis de mauvaise foi, mais t’es pas mal dans le genre toi non plus."

Le son de sa voix ne se fit réentendre que quand elle se pencha pour claquer un baiser  collant sur la pommette de Marcus pour lui dire au revoir — chose à laquelle il était habituée désormais, nul doute que Jo Carter laisserait un souvenir impérissable à ce jeune chauffeur tout au long de sa vie ; et puis ensuite pour demander à la réceptionniste de son hôtel de remplacement les clefs de la chambre qu’elle avait réservée pour Nicholas aux frais de la production qui n’avait rien trouvé à redire parce que quitte à la tenir en laisse, autant la mettre dans de bonnes dispositions pour ça. Lorsqu’elle prit le téléphone de Nicholas pour parler brièvement à Esmée, Jo se contenta de lui assurer qu’elle ne le ferait pas prendre coke ni souscrire à un abonnement de chaînes pour adultes depuis sa chambre d’hôtel et lui demanda de son côté de faire attention à Ava avec qui elle avait prévu quelques heures de papotages et de dégustations de petits gâteaux le soir-même ; leur version de la soirée pyjama en somme, ce qui fit sourire la jeune femme qui le perdit bien vite lorsqu’elle redonna son téléphone à Nicholas et qu’elle lui répondit mollement "Ouais, une demi-heure." Pour ce qu’elle en avait à foutre maintenant à dire vrai, il pouvait bien souscrire à l’abonnement de chaînes pour adultes qu’elle avait promis à Esmée de laisser hors de sa portée si ça lui faisait plaisir.
Elle resta dans le lobby Jo, à contempler sans vraiment les voir quelques minutes qui défilèrent durant lesquelles elle pianota sur son téléphone portable — limité à 30 minutes d'utilisation par jour par la production — pour vérifier les entrées de son emploi du temps et celui des autres candidats ; toutes les siennes étaient vides parce qu’elle était punie, ce qui lui donnait aucune excuse valable pour poser un lapin à son voisin, encore qu’elle était certaine que d'un texto, elle pouvait convaincre Midas de passer la prendre sans même aucune explication. Mais elle avait vraiment envie de retourner au piano-bar qui avait accueilli ses galères de jeunesse. Elle s’était hypée à ce sujet pendant des heures la veille, et ce n’était sûrement pas la mauvaise foi du jeune homme qui la forcerait à faire demi-tour. Elle se savait assez bonne pour servir de la soupe à la grimace de toute façon, ils n’étaient même pas obligés de se parler.
Toutefois, elle se retourna en entendant la voix de Nicholas résonner derrière elle, alors que, par ennui, ses pieds ne touchant plus le sol le temps de quelques instants, elle s’était brusquement penchée sur le comptoir de l’accueil pour demander à la réceptionniste ce qu’elle faisait. Elle fit exprès de ne pas vouloir montrer au jeune homme qu’elle avait remarqué que les fringues qu’il portait sur le dos étaient neuves, et remettant ses lunettes en passant près de lui, elle lui fit seulement "On y va à pied, c’est à cinq minutes de là. Je dis rien, mais tu vas souffrir avec tes bottes." Et elle avait bien du mal à dire que ce serait pas bien fait pour sa gueule.

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Si malaise il y a, malheureusement, cela t’est passé au-dessus avant que tu ne reviennes te planter devant Jo, ta guitare à la main. Elle t’a accusé d’être de mauvaise foi il y a quelques instants, tu aurais sûrement dû relever, mais franchement ? Quand il s’agit de Jo, dire que tu es de mauvaise foi, ça ne rentre même pas dans le top 10 des petites piques qu’elle a pour toi au quotidien. Okay, peut-être dans le top 50, mais ça ne va pas plus loin que cela et si tu étais censé t’offusquer, tu ne l’as pas fait et tu ne le feras pas. C’est une danse fatigante dans un sens que de la côtoyer, tu le sais, tu as pris ce billet d’avion en connaissance de cause et qu’elle ne se méprenne pas, tu ne t’attendais pas à un câlin et à ce qu’elle te brosse dans le sens du poil, vraiment pas. Tu sais que la chance n’est pas donnée à tout le monde, tu lui as déjà assuré que tu ne la dérangerais pas si elle se faisait appeler par la production mais... qu’est-ce que tu peux faire de plus en fait ? Tu le sais déjà, et Jo te l’a dit dans la voiture, tu n’es pas la personne vers qui elle se tourne pour gérer ses problèmes et ou encore pour les confidences, la réciproque est vraie, plus que vraie même, pourtant tu sais aussi qu’elle n’aurait pas fait venir le premier venu jusqu’à Sydney. Tout comme tu sais que tu t’es déjà enquis de son état, tu as été rabroué, et c’est tout.
Elle t’a accusé la brune et la partie la plus cynique de toi-même aurait pu lui faire remarquer qu’elle ne t’a pas retourné la question, elle ne te retourne jamais la question, Jo part du principe qu’elle sait déjà tout à ton sujet et qu’il ne se passe rien dans ta vie. Certes, tu ne passes pas tous les week-ends à la télévision et quelqu’un avec un peu plus d’amour proche lui ferait remarquer son hypocrisie, mais pour l’heure, tu hausses les épaules quand elle reprend la parole à la réception. “Hmm ...? Je verrais bien dans tous les cas, non ?” Jo est déjà partie en fait, lunettes bien en place sur le visage, elle ne t’écoute pas et tu te retrouves à la suivre, n’ayant même pas le temps d’observer un peu Sydney, concentré sur la brune et sa silhouette pour ne pas te perdre. Et puis, quelque chose dans son ton, dans sa posture, t’indique que si tu te fais bien mal aux pieds, ça la fera sourire et elle se dira que c’est de ta faute. Tu soupires, toujours en tentant de suivre, ayant loupé le moment où tu as dit quelque chose de particulièrement vexant. Ce n’est pas comme ça que tu veux passer ton week-end du tout, et peut-être que tu as mal exprimé ton désir de fuite maintenant que tu y penses...
“Jo ? J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?” Pour quelqu’un qui se veut être un bon parolier ou du moins un parolier en devenir, il faut dire que tu n’es pas doué pour faire des phrases cohérentes au quotidien. Ou exprimer un minimum ce que tu as dans la tête. C’est bien pour cela que tu préfères te réfugier derrière un morceau, au moins, tu as le temps de penser et de retourner toutes les paroles dans ta tête, de trouver la bonne tournure de phrase ou encore le bon tempo. Tu ne peux pas vraiment faire cela dans la vie de tous les jours et oui, c’est plus que frustrant. “Tu vas répliquer que je ne te connais pas, et tu as sûrement raison la plupart du temps, mais là, je crois que le silence n’est pas une bonne chose.” Le silence ou autre chose, ça tu ne le dis pas, réalisant que ce n’est pas à propos d’elle, mais bien une autre brune à qui tu dois des explications et que tu as laissé à Brisbane, sans encore donner d’explications là aussi. Pourquoi est-ce que les choses doivent être aussi compliquées ? Tu n’en sais rien dans le fond, cela devrait être simple à un moment donné, tu voulais venir, oui, tu voulais également voir Jo, oui, le reste ne la regarde pas vraiment et tu sais déjà qu’elle s’en moque complètement. Il n’est pas question de tout lui livrer, tu ne sais même pas si elle serait d’humeur à t’écouter et ça n’a rien de très intéressant dans le fond. “Si j’ai dit quelque chose de blessant ou d’insultant, je suis désolé, sincèrement, je suis content d’être là, de te voir et de constater de mes propres yeux que tu te débrouilles très bien.” Et évidemment, tu n’allais pas passer quelques jours en sa compagnie ou même à Sydney sans t’excuser, c’est tout toi. Sauf que si d’ordinaire, c'est plus un automatisme qu’autre chose et que tu ne sais pas pourquoi tu les prononces les excuses, là, ça n’a rien à voir. Peu importe que tu ne comptes pas vraiment aux yeux de Jo et qu’elle aurait pu trouver mieux, beaucoup mieux à faire de son week-end. 
“Pour ce que ça vaut, si quelqu’un d’autre m’avait invité, j’aurais dit non.” Et ce sans aucune hésitation et peut-être que tu aurais fait ce petit détour en voiture à la place, qui sait ?  “Je me tais maintenant et je te suis.” De ta main libre, tu fais mine de fermer une fermeture éclaire invisible au-dessus de tes lèvres, tu garderas le reste de tes réflexions pour toi et pour la scène. 

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Le mépris de Jo, il valait sans doute mieux que son indifférence. Elle était particulièrement bonne pour ça, et parce qu’elle n’avait jamais rencontré aucune difficulté à se désintéresser de ceux qui lui faisaient des affronts, les reléguant à une place peu enviable dans sa liste de priorités, elle ne culpabilisait quasiment jamais d’être aussi dure lorsqu’il s’agissait d’être rancunière. Elle était fière, c’était aussi simple que ça. Personne ne pouvait prétendre être assez important pour elle pour qu’elle daigne se montrer clémente, à quelques exceptions près qu’elle ne prendrait pas le temps de citer pour qu’on ne fasse pas d’eux ses faiblesses. Ceci étant, Nicholas n’en faisait pas tellement partie parce qu’au plus ils se côtoyaient, au plus elle se disait qu’ils ne se connaissaient pas et qu’elle n’avait donc aucun moyen de vraiment s’attacher à sa présence pour établir sa bonne place dans la liste de ceux à qui elle accordait son crédit. Une fois sur deux, quand elle avait l’impression que leur relation évoluait dans le bon sens, il se passait quelque chose qui la faisait camper sur l’idée qu’au mieux, ils étaient des partenaires de boulot, de ceux qui se retrouvent une fois de temps en temps pour mettre en commun des idées, les réaliser, et retourner à leur petite vie sans que ça ne les chagrine vraiment de ne pas se revoir jusqu’à la prochaine fois. Là, elle avait cette impression parce qu'il était clair que sa présence à Sydney n’était dû à un concours d’envies opportunistes qu’elle lui reprochait foncièrement étant donné qu’elle n’était pas bien, qu’il se passait trop de choses autour d’elle pour qu’elle se sente à l’aise à l’idée d’être avec quelqu'un d'autre que sa propre personne. Mais c’était vrai que, pendant l’espace d'un texto, elle avait cru qu’il s’inquiétait pour elle. Ce n’était visiblement pas le cas, il n’était que là que pour sa poire, et c’était mieux comme ça.
De fait, son indifférence n’était guère feinte, et la voix du jeune homme qui retentit derrière elle alors qu’elle campait sur son objectif de base, il la traversa sans qu’elle ne daigne lui répondre lorsqu’il lui demanda s’il avait dit quelque chose qu’il ne fallait pas. C’était une tare d’être un homme, elle le pensait sincèrement. Si elle, elle choisissait d’être un peu maladroite et abrupte dans sa façon d’exprimer ses émotions et ses avis tranchants, ils étaient du genre à être tellement imbus de leur propre personne de façon tout à fait naturelle que ça leur permettait de passer à côté des conneries qu’ils disaient sur une base quotidienne. Ça devait être confortable, et parce qu’elle était la soeur de cinq grands gaillards qui en avait essuyé d’autre des affronts de ce genre, elle choisit de ne pas arguer tout haut sur le fait que parfois, les hommes donnaient du grain à moudre aux femmes pour les supplier d’apprendre à tourner sept fois la langue dans leur putain de bouche avant de l’ouvrir.

En revanche, elle souffla fort quand il tacha d’anticiper sa réponse "T’es pas là pour profiter de la ville et faire du tourisme ? On est à pied, profite de l’instant au lieu de me gonfler avec des propos que tu m’incombes alors que j’ai même pas ouvert la bouche. J’ai pas envie de parler, ça m’arrive parfois, je vais devoir te le dire en quelle langue ?" Elle pouvait le dire en espagnol, encore qu’il était beaucoup plus mauvais que celui de sa mère, mais inutile de s’humilier en tentant quoique ce soit. Et puis quand on savait qu’elle n’aimait pas le silence, ça ressemblait très fort à un mensonge éhonté, ce qu’elle lui disait là, mais passons "C’est drôle comme façon de faire, de s’excuser pour un truc dont on a aucune idée. T’es vraiment le prototype parfait de la connerie masculine, ça me fascine." Et c’était ironique évidemment, tellement qu’elle se permit d’en sourire en continuant sa route sans avoir l’intention de s’arrêter avant d’arriver là où elle prévoyait d’aller "T’as raison, ça vaut rien. Ferme-la maintenant, je voudrais pas te donner une raison de plus de t’excuser dans le vide." conclut-elle sans intention de s’excuser pour ça en retour, se mouvant pour tourner à l’angle d’une rue qu’ils atteignirent selon le plan de base de Jo ; qui finit par descendre dans le renfoncement d’un bar installé en contrebas d’une rue qu’elle connaissait tellement par coeur, qu’elle donna l’impression d’être chez elle.

Les marches qu’elle dévala étaient familières, tout comme la sensation qu’elle eut de faire un bond en arrière de plusieurs années. Son regard se percha vers la succession d’appartements qu’elle voyait s’étaler au-dessus de l’enseigne du piano-bar, le Soultrain Bar, et son doigt se leva en direction d’une toute petite fenêtre qu’elle désigna à Nicholas en lui disant "C’était là que j’habitais. C’était jamais silencieux, c’était cool." Elle y habitait avec avec Laurie en l’occurence, mais elle n’avait pas envie de parler de sa colocataire, comme elle n’avait pas envie de parler du reste d’ailleurs — puisque tout était lié finalement, ça faisait sens. Après une légère inspiration, elle poussa la porte du Soultrain Bar qui n’était techniquement pas ouvert à cette heure-ci de la journée, mais la porte restait toujours déverrouillée de part l’éthique d’hédonisme de son propriétaire dont elle croisa le regard effilé sitôt qu’ils eurent traversés le vestibule de l’endroit qui n’avait pas changé, comme elle le constata en jetant un coup d’oeil rapide à l’ensemble, faisant glisser ses lunettes de soleil sur le haut de sa tête, en entrant "Pincez-moi je rêve." qu’elle entendit tonner. Milo était un homme gentil, un peu bourru dans sa façon d’envisager son rapport à ses employés qu'il appréciait du plus profond de son coeur pourtant, instinctivement bon quand il s’agissait de rendre service. Il avait eu une vie chaotique, entre errance et addictions, mais sa passion pour la musique était une constante de sa vie qu'il avait mené sur les routes en bon roadie qu'il avait été dans ses jeunes années. Jo en avait entendu des histoires de tournées, elle ne s’en était jamais lassée, affirmant à chaque fois que c’était ça qu’elle voyait sa vie, et pas autrement. Bien sûr, l’histoire l’avait fait mentir à ce sujet, mais ce n’était pas le moment.
Il s’était établi ici après avoir mis enceinte sa copine de passage qui était devenue sa femme quelques mois plus tard. Catarina lui avait offert une stabilité, un foyer, et des objectifs à atteindre pour arriver à son niveau — cette femme frôlait la perfection selon ses dires, et Jo ne pouvait que se caler sur cette description, elle qui l’avait côtoyée longtemps, prise sous son aile sans qu’elle n’ose avouer que ça lui faisait du bien d’avoir une présence féminine rassurante à ses côtés durant une période de sa vie où elle avait perdu tous ses repères familiaux "Je suis déçue, j’ai même pas droit au tapis rouge." Milo éclata de rire en sortant de derrière le bar sur lequel il était penché, occupé à lustrer des verres qu’il laissa en plan pour s’avancer vers Jo qu’il prit dans ses bras sans rechigner, lui demandant tout de même  en calant son menton sur sa tête, faisant pencher ses lunettes juchées dessus "Est-ce qu’on a encore le droit de te serrer dans nos bras, starlette ?" Jo laissa un rire authentique lui échapper, puisque de toute façon, il la serrait déjà contre lui — pour mieux la prendre par les épaules ensuite, et lui dire en l’observant comme un père observe sa fille "T’as pas grandi d’un pouce." "Mais je suis toujours aussi belle." Le petit mouvement de tête qu’il fit pendant que Jo battait des cils, il voulait dire encore plus, gamine. Aussi, son regard se déporta sur la silhouette de Nicholas qu'il regarda d’une façon peu amène, le toisant de part et d’autre "C’est ton garde-du-corps ?" Jo ne répondit pas, laissant Nicholas le loisir de se présenter s’il en avait envie.

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{but maybe I'll see you out some weekend}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter  

Quand Jo soupire, et fort en plus, tu sais que tu viens de mettre les pieds dans le plat et que tu aurais dû choisir le silence plutôt que de te perdre dans des phrases que tu ne maitrises pas du tout. Tu le sais, tu l'as senti, tu t'es senti stupide en disant cela et la brune ne fait que te le confirmer la seconde suivante et tu hoches la tête. Pour ne plus le briser ce silence et lire des trucs qui sont visiblement faux, mais il faut admettre que Jo qui ne veut pas parler, s'épancher ou prendre de la place, ce n'est pas anodin. Non, cela résume bien les trois quarts de vos interactions, la brune qui domine la conversation, qui n'attend pas vraiment de réponse de ta part, toi qui réussis à articuler quelques mots pour appuyer ton propos et rappeler à tout le monde que tu as tout de même une colonne vertébrale et que tu peux t'en servir de temps en temps... Jo adore le son de sa propre voix, voilà ce que tu as dit à Esmée la première fois qu'elle a débarqué dans ta vie, dans votre petite maison, suivant Ava et posant son regard impérieux sur toi, ta grand-mère et les interactions que tu avais avec la sienne. Absolument rien ne lui échappe, tout est sujet au critique et si à l'époque, tu pensais qu'elle aimait juste faire son intéressante et être bruyante pour gêner ou parce que cela l'amusait, tu sais à présent que tu es bien loin du compte. C'est comme ça qu'elle est tout simplement, sans aucun filtre, autant une tare qu'une bénédiction en fait, et c'est un bon moyen de cacher une sensibilité presque aussi accrue que la tienne et du talent.
Comment tu le sais ? Tu l'as vue sur scène, et en étant sur scène toi-même, tu sais tout ce que ça demande, autant sur le plan vocal, physique et même, surtout hors de question de le cacher, sur le plan émotionnel. Ce qui veut dire que tu as vu un peu de cette partie d'elle-même qu'elle ne montre à personne d'autre, cette partie est toujours un peu exposée devant un micro et un projecteur. Mais Jo te soutient que tu as raison et que tu ferais mieux de te taire, au moins, vous êtes d'accord sur cela et tu la suis sans broncher et sans faire plus de vagues. Tu suis le regard de la brune quand elle désigne une fenêtre en particulier et oui, l'endroit est proche du piano-bar en question, ironique, non ? Ou alors c'est le fruit d'un hasard parfait et complet ? Tu ne poses pas la question, imaginant déjà Jo à la fenêtre il y a des années de cela, à voir les gens se précipiter au bar, à observer sa compétition de loin tout en se préparant... C'est facile à imaginer maintenant que tu y penses bien et plutôt que de rester seul trop longtemps avec tes pensées, tu suis le mouvement encore une fois, tes mains se resserrant sur l'étui de ta guitare. Soultrain Bar que proclame la devanture, le nom te plait bien, personne ne te l'a demandé et tu gardes l'information pour toi, afin de conserver son silence et tu suis Jo. L'endroit n'est pas vide, du tout, tu t'en doutais un peu et vous êtes aussi accueilli par un homme qui doit être quoi... un employé ? Le propriétaire des lieux ? Vu l'heure de la journée, tu voterais plus pour la seconde option en fait et tu souris malgré toi à la remarque de Jo, sur son accueil qui est à refaire selon la jeune fille.

Elle a le droit à un rire sincère et ensuite une étreinte et voir la brune baisser un minimum sa garde, c'est assez pour que tu te dises que tu apprécies bien ce parfait inconnu. Tu es un peu en retrait pendant son échange avec Jo, mais c'est avant que l'attention se tourne vers toi et que tu doives t'identifier. Oui, c'est ce que les gens normaux font en arrivant dans un nouvel endroit, tu clignes plusieurs fois des yeux avant de retrouver ta voix. "Son voisin... et collaborateur ?" Pourquoi cela sonne comme une question ? Tu n'en sais rien, cela reste la vérité pourtant, vous avez déjà écrit de la musique et des textes ensemble, enfin non. Jo t'a corrigé, repris et elle t'a même prêté sa voix à plusieurs occasions, comme si ce n'était pas grand-chose. "Et ami ?" Ton regard bleuté passe de Jo à celui qui t'a posé la question, un de tes sourcils levés, tu ne sais même pas si tu as le droit à ce titre dans la présente, vu votre dernier échange. Mais, tu es toujours là, Jo t'a même donné une bribe d'information sur son passé, comme si de rien n'était, oui, certes... Tu hoches la tête, un rire nerveux t'échappant alors que tu continues sur ta lancée. "Je la suis et je fais ce qu'on me dit de faire sans poser de questions en fait." Ta réponse provoque un autre rire de la part du propriétaire qui hoche la tête à son tour. "Avec la miss ? Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée, t'as un prénom ?" 
"Nicholas, mais tout le monde m'appelle Nicky, c'est plus simple." Que tu précises et tu serres la main qu'on te tend, te soumettant à ce regard sans trop savoir quoi faire. Est-ce qu'il décide si tu es sérieux ou non ? Si tu mérites de rester dans le sillage de Jo ? Tu n'en sais rien, c'est assez pour que le rouge te monte aux joues et tu fixes tes chaussures la seconde suivante.
Tu les laisses rattraper le temps perdu, tu as bien conscience que tu n'es qu'un spectateur et un peu intrus dans la présente. Ton regard se porte donc sur l'endroit et bien entendu la scène, et les instruments qui s'y trouvent, ta curiosité est piquée, plus que cela, un autre sourire apparait sur ton visage alors que tu fais quelques pas vers la scène. Et quand on s'adresse à toi, tu ne réponds pas à la question, tu n'en sais rien, lâchant à la place un :"Elle m'a prévenu qu'il y aurait tout ce qu'il faut par ici, mais je suis quand même venu les bras chargés." ton attention ailleurs. Sur la scène et quand tu peux mieux observer tout ce qui s'y trouve, tu es plus qu'impressionné, la guitare que quelqu'un a laissée là est beaucoup trop tentante et les réglages intriguant. "Je peux ?" Que tu demandes au propriétaire, avec l'expression d'un enfant sur le point d'ouvrir un cadeau le jour de Noël.

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{but maybe I'll see you out some weekend}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley  

Laissant Nicholas se présenter à sa guise auprès de Milo, Jo ne corrobora pas l’étiquette qu’il tenait à mettre sur leur relation, boudant toujours un peu trop pour trouver ça honnête de se montrer sympa avec quelqu’un qui la faisait passer pour une opportunité.
Préférant regarder Milo plutôt que son voisin et collaborateur, elle lui flatta sa grosse barbe mal entretenue avec la bosse de son index, et ce avec un froncement de nez si adorable qu’elle parut tout de suite plus jeune sous son maquillage élaboré. Enfin, elle finit par le contourner pour les laisser discuter s’ils en avaient envie, s’approchant du bar d’abord pour y déposer ses lunettes de soleil, se faisant une petite session souvenirs qui lui serrèrent presque la gorge, ensuite pour s’y pencher avec la nonchalance des habitués en constatant encore une fois qu’absolument rien n’avait changé. Elle en avait dévalé des Cherry Coke ici, à se faire draguer éhontément jusqu’à ce que les musiciens qui l’accompagnaient viennent assurer ses arrières, pas parce qu’ils ne la croyaient pas capable de se défendre, ils savaient très bien qu’elle le pouvait, mais parce qu’ils étaient des hommes qui savaient très bien quel genre de pensées une fille comme elle, aussi jeune et séduisante, pouvait provoquer quand bien même elle n’invitait à rien.
Elle n’avait que 16 ans, elle était encore un bébé, mais elle se comportait comme si la vie avait été longue et sinueuse. Et l’avait été d’une certaine façon. Elle en avait passé des soirées longues et stimulantes, à vivre grâce à sa voix et la piano disponible sur la scène non loin de là. C’était à peine légal. Mais Milo avait été une crème avec elle, il avait toujours cru en elle au point de mettre son business en danger pour l’engager comme la chanteuse régulière d’un endroit qui accueillait pourtant des scènes ouvertes toutes les semaines. Elle soupçonnait Cat d’avoir plus ou moins compris de quel genre de foyer elle venait, peut-être parce qu’elle venait d’un foyer similaire, elle ne l’avait jamais su, et elle ne voulait pas le savoir, la ramenant à une autre sorte de souvenirs qu’elle n’avait pas envie de consulter aujourd’hui.

C’était ici que Jo avait rencontré Micah, c’était ici qu’ils avaient parlé de leurs aspirations, de leurs rêves, et de leur avenir qu’ils ne se voyaient pas vivre ensemble bien sûr, mais qui avait pourtant continué à se dessiner en parallèle sans qu’aucun d’eux ne ressentent du chagrin à ce sujet. Si le destin de Jo avait dérivé pour ne plus concorder à celui que Micah lui avait dit l’imaginer mener, il restait que leur amitié restait précieuse et n’avait pas bougé. Alors sortant soudain son téléphone portable de son décolleté, Jo alla se placer sous l’enseigne lumineuse qu’il y avait derrière le bar pour se prendre en photo avec elle, et l’envoya à Micah avec le genre de commentaire un peu graveleux qui faisait sa signature, soulignant qu’elle se ferait une session nostalgique dans les toilettes du bar parce que c’était là qu’il s’était passé des choses que la presse se ravirait d’avoir sous le coude. Et ça la fit rire presque tendrement, se fichant pas mal d’avoir l’air idiote quand elle sentait que ça lui réchauffait le coeur de repenser à tout ça, mais surtout d’être là.

Elle attendit la réponse de Micah avant de s’avance de nouveau dans la pièce, constatant que Nicholas avait déjà pris ses quartiers sur la scène qu’elle-même rejoignit pour aller vérifier si le piano qu’elle voyait était toujours le même qu’avant "J’y crois pas, c’est le même." fit-elle à Milo qui opina alors qu’elle s’y installait, tâtant déjà les touches avec la pulpe de ses doigts sans douter qu’il serait accordé à la perfection, et sans y réfléchir à deux fois à ce qu’elle avait envie de jouer, une mélodie inconnue, de sa propre composition vint emplir l’espace le temps de quelques secondes seulement, celle qu’il lui fallut pour enfin daigner accorder de l’attention à Nicholas et lui dire avec un petit ton bourru qui était surjoué cette fois "T’as rien prévu de faire ce soir ?" Après lui avoir dit qu’il était là pour le tourisme, peut-être qu’il avait envie de partir en vadrouilles pour faire elle ne savait quoi, ne doutant pas que Nicholas trouverait un truc chiant à crever à faire pour se donner l’impression de vivre.
Reportant son attention sur Milo qui était venu s’appuyer sur le haut du piano, elle réfléchit un instant en tachant de savoir si ce serait considéré comme une insubordination de la part de la production qui la traitait comme El Chapo de s’échapper de ses quartiers pour un concert non-officiel donné dans un piano-bar de la ville. Et puis elle décida qu’elle n’en avait strictement rien à foutre, voyant déjà les entrées d’une set-list se dessiner dans son esprit. Elle demanda à son ancien patron "T’as des artistes de prévus pour ce soir, ou on peut s’imposer pour un set de disons trois ou quatre chansons ?" "On va plus tenir Cat quand elle saura que c’est toi qui fait l’affiche de ce soir. Dis-lui pas que je te l’ai dit, mais elle vote pour toi toutes les semaines sans exception." Jo eut un léger rire, imaginant Catalina en fervente supportrice, tout comme elle l’avait été à l’époque. Elle sortirait probablement son appareil-photo pour immortaliser le tout, et ramènerait Billie, leur fille, que Jo n’avait pas vu depuis qu’elle était encore qu’une toute petite-fille — elle devait être si grande maintenant. Hochant la tête, dit à Milo "Je prends ça pour un la scène est toute à toi. Ça te tente ?" interrogea-t-elle Nicholas en se levant du banc du piano pour le rejoindre et affronter son regard avec la lueur d’insolence qui était la sienne "Ou tu préfères toujours faire une visite nocturne d’un musée à la con ?"

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{but maybe I'll see you out some weekend}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter  

Alors que Jo se promène dans le bar et ses propres souvenirs, tu as eu la permission du propriétaire, Milo que tu te dis aussitôt, histoire de ne pas oublier le prénom de ce dernier, pour t’essayer à la guitare qui se trouve là et tu le fais avec un vrai sourire sur le visage. Le sourire que tu ne peux pas vraiment reproduire en dehors d’un moment comme celui-ci, et ta propre guitare est abandonnée juste là, alors que tu finis par t’asseoir sur le bord de la scène et par gratter des cordes complètement inconnues. Et à la fois familières parce que tu sais jouer de la guitare depuis des années, pas quelque chose que tu risques d’oublier facilement quand on y réfléchit bien. Les quelques notes qui résonnent forment une mélodie décousue qui n’est pas réellement une chanson, tu testes plus qu’autre chose. L’endroit te plait déjà, une sorte de petite capsule d’une époque où les choses devaient être plus simples, surtout pour Jo vu qu’elle a l’air à son aise ici et auprès de Milo, et où il est clair que la seule chose importante est la musique. Alors comment ne pas tomber sous le charme de l’endroit ?
Dans un sens, tu es un peu étonné que Jo te montre cela, elle pourrait garder l’endroit pour elle ou pour toute personne qu’elle juge un peu plus proche d’elle et qui la connait mieux, elle t’a bien répété que tu n’étais pas celui vers qui elle se tournait pour se plaindre il y a quelques minutes de cela, n’est-ce pas ? Cependant, tu ne vas pas te montrer ingrat ou froisser de nouveau la brune, ce n’est pas pour ça que tu es ici, du tout. Tu étais sincère quand tu disais vouloir prendre de ses nouvelles, la voir dans son élément et t’échapper de Brisbane et fuir tes propres problèmes. Tout ça n’est pas incompatible à tes yeux, et okay, ça fait de toi un lâche fini, mais franchement ? C’est un problème pour un autre jour et pour un autre Nicholas, pas pour toi à l’heure actuelle. Non, ton regard bleuté suit Jo quand elle porte son attention sur le piano. Et tu ne peux t’empêcher de trouver ça un peu triste de ne pas pouvoir retourner la pareille, car le seul endroit qui a de l’importance pour toi et où tu as pu exercer le peu de talent que tu as et le faire grandir... c’est le salon de ta demeure dans Toowong, que la brune a déjà vu maintes et maintes fois.
Il serait sans doute un peu gauche de lui expliquer maintenant à quel point c’est important, le type de refuge et de sécurité qu’Esmée a pu t’apporter à l’époque et de quoi elle t’a sauvé. Tu chasses la pensée de ton esprit aussi vite qu’elle est arrivée, cependant, tu es de nouveau concerné par la conversation qui se déroule entre Milo et Jo, et tu es même prêt quand la brune s’adresse de nouveau à toi. “Rien du tout.” La réponse est automatique, elle est évidente à tes yeux et tu te voyais mal annoncer à Jo que tu avais des plans et que tu comptais lui faire faux-bonds comme ça. Merci pour la chambre et l’opportunité, mais non merci... Non, tes manières sont peut-être à refaire sur certains sujets, cependant tu es un peu plus avenant que ça, c’est certain. Jo a le feu vert de Milo sans problèmes et si tu identifies un peu de favoritisme, tu ne peux guère le blâmer, quand il s’agit de Jo, tu es dans le même bateau que Milo... et Cat visiblement. “Elle est impressionnante sur scène et encore plus sur le petit écran, pas vrai ?” Une question de rhétorique, tu ne sais pas qui t’écoute, sans doute personne, ce n’est pas important, pas une addition notable. Jo se lève, tu l’observes toujours et tu as un petit rire à sa question. Entre une ballade dans une ville que tu ne connais pas, entouré de beaucoup de sons et de lumières et l’accompagner sur scène devant une dizaine d’inconnus... le choix est vite fait, il était même déjà fait au moment où vous avez passé la porte ou que la brune t’a annoncée où vous vous rendiez en réalité. “Je crois que tu as la réponse à ta propre question.”
Tu reposes la guitare empruntée avec un soin tout particulier, avant de toi aussi de te lever et de jeter un coup d’œil au piano. Qui est plus qu’impressionnant et qui ne demande qu’à être joué.  “Tu vas avoir du mal à me dire de partir d’ici pour retourner à l’hôtel hein...” Mais ça, on aurait pu le dire de n’importe quel piano bar.  “On a combien de temps pour se décider sur les titres ? Pas beaucoup je suppose ?” Organiser un set en quelques heures sans aucune préparation en amont ? Oh, on est dans ton domaine de prédilection, si être à la tête d’un wedding band ne t’avait pas préparé pour une telle éventualité, alors tu ne t’appelles pas Nicholas Hurley... Un autre sourire trouve sa place sur ton visage alors que tu t’installes sur le banc du piano que Jo vient juste de quitter.  “À quel morceau tu penses là tout de suite ? Parce que vu l’ambiance et ton amour du jazz, je pense direct à Fly me to the Moon ou Cheek to Cheek... ou même I Got Rhythm... ouais, j’ai Ella dans la tête, pour une raison qui m’échappe aussi.” Tes doigts sont déjà sur les touches de l’instrument et chacune de tes suggestions est accompagnée par quelques accords, pour donner la mesure et le ton, même si tu ne doutes absolument pas de Jo et de son répertoire. “Ou alors, on peut partir dans une toute autre direction, Taylor Swift s'accorde bien avec le piano aussi.”

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{but maybe I'll see you out some weekend}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter  

Nicholas lui confirma qu’il n’avait rien de prévu de faire lors de la soirée qui se profilait, et ce n’était pas étonnant, alors elle emmagasina l’information avec un petit mouvement de tête entendu, sans en faire plus cas que ça, déjà occupée à faire part de son plan au propriétaire des lieux qui était sous le charme depuis des années maintenant, et ce dans le sens le plus platonique du terme, flirtant avec la relation qu’elle aurait pu avoir avec son père si ce dernier n’était pas l’homme qu'il était. Jo sourit à Milo, entendant Nicholas ajouter une sorte de compliment à son encontre, et s’il s’attendait à ce qu’elle le réfute, elle le prit au contraire, et le tordit comme elle seule savait le faire, faisant tressauter sa queue de cheval haute lorsqu’elle se leva du banc du piano pour se diriger vers le jeune homme en ajoutant "Et encore, vous savez pas à quel point je peux être impressionnante dans une chambre à coucher." Milo se boucha presque les oreilles en tournant soudainement les talons, peut-être que Nicholas ferait pareil parce qu’il avait l’humour d’un puceau de quarante balais qui a pour kink de regarder des vieux s’accoupler en gardant leurs chaussettes tout du long. Mais elle, ça la fit rire comme la salle gamine mal élevée qu’elle était, et sentir une nouvelle sorte d’expectative la transir de part en part, trop rompue à l’exercice de l’improvisation pour se laisser impressionner.

Ce soir, ce serait un bon soir, de ceux qu’elle avait vécu à de maintes reprises à l’époque. Sa notoriété viendrait sûrement trafiquer un peu l’ambiance, c’était pour cette raison qu’elle préférait taire sa venue, faisant jurer à Milo de ne prévenir personne, pas même ses abonnés sur les réseaux sociaux. Elle se ferait taper sur les doigts, elle ne serait pas à l’heure pour respecter son couvre-feu, mais qu’est-ce que ça pouvait bien faire ? Sur l’instant, elle se fichait d’être la tête d’affiche d’un télé-crochet mondialement connu, elle se fichait aussi d’être la risée d’une certaine presse qui la dépeignait comme une ingérable  en s’amusant de ses coups de sang : elle faisait un bond en arrière de plusieurs années, c'était assez pour la faire pencher vers une insouciance qui la rendait plus agréable à fréquenter, renouant avec celle qu'elle avait laissé de côté quand sa défaite avait rongé la partie d’elle qui était assez affirmée, et ce pour de vrai, pas pour amuser la galerie, pour savoir qu’elle deviendrait quelqu’un un jour. Toupillant sur la semelle compensée de ses chaussures, elle arqua un sourcil en posant de nouveau son regard faussement dur sur Nicholas "On a l’après-midi pour travailler. Mais de toute façon, c’est moi la chanteuse, c’est moi qui choisi. C’est mon monde ici, et c’est pas une démocratie." Et ça lui ferait les pieds de répondre à ses ordres en la matière, ça lui rappellerait que c’était une mauvaise idée de la prendre pour la dernière des connes à se servir de ses passe-droits pour échapper à ses problèmes.

Cherchant à peine dans les méandres de la playlist mentale qu’elle traînait partout avec elle pour arrêter un choix sans faire dans la demi mesure, ne s’arrêtant pas sur des classiques pour épater son monde quand on lui en donnait l’occasion, préférant se référer aux outsiders plutôt qu’aux idoles, quand bien même elle les plaçait haut dans sa liste de prédilection, Jo ajouta enfin "On laisse Ella de côté pour ce soir, je veux du Dinah Washington et du Anita O’Day et du Amy à un moment où un autre. C’est un public jeune qui vient ici, le but c’est pas de les endormir, c’est de soulever les foules. Je dois vraiment tout t’apprendre." Parce qu’elle avait la science infuse, ou qu’elle aimait prétendre l’avoir puisqu’elle avait quitté l’école sans diplôme, et que son seul champ de compétences était induit par le talent qu’elle avait reçu à la naissance.
Elle marcha de long en large de la scène juste pour aller crocheter le pied d’un micro remisé dans le fond de la pièce, le ramenant sur le devant pour se placer derrière et dire, pince sans rire "J’ai vraiment une gueule à chanter du Taylor Swift ?" Sûrement pas, encore qu’elle crèverait la bouche ouverte d’admettre qu’elle trouvait qu’elle faisait partie de meilleures parolières de ces quinze dernières années simplement parce qu’elle avait un esprit de contradiction trop marqué pour valoriser les tendances. Ne s’arrêtant pas sur la réponse que Nicholas lui donnerait, elle fit alterner son poids-plume sur ses talons, posant sa main dominante, la gauche, sur le pied pour rehausser à sa menue hauteur la tête du micro, et ordonna sans faire plus de cérémonie "I Get A Kick Out Of You. Si tu la connais pas, tu sors." Il ne sortirait pas, elle le savait autant qu’elle commença à chanter sans même attendre qu’il débute.

rp terminé.