Le Deal du moment : -17%
(Black Friday) Apple watch Apple SE GPS + Cellular ...
Voir le deal
249 €

 Le temps passe et parfois ne change rien (Kai)

Anonymous
Invité
Invité
  

Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) Empty
Message(#)Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) EmptyJeu 16 Fév 2023, 21:57

@Kai Luz - Mila Valentini


Samedi 17 décembre 2022

Dans son costume d’elfe sexy, Mila mitraille les enfants qui accourent pour accueillir le Père Noël. Elle tente au mieux de capturer leur joie, d’immortaliser l’amour dans le regard de leurs parents. Elle sillonne la foule pendant de longues minutes, photographiant à tout va, mais son regard dévie plusieurs fois vers Kai. Elle n’a pas suffisamment confiance en lui pour se concentrer totalement sur sa tâche, et craint qu’il ne disparaisse. Après tout, depuis combien de temps était-il à Brisbane sans avoir signalé à la brunette sa présence ici ? Car si la venue de Kai sur le sol australien est une surprise, il devait pourtant bien se rappeler que c’était là qu’elle vivait, à l’époque où ils se fréquentaient sur New York. Elle n’était que de passage dans la grosse pomme, profitant des hôtels luxueux de son beau-père. Elle avait cependant bien dû mentionner Brisbane, et un mari était censé se rappeler ce genre de choses, non ? Alors, pourquoi ne l’avait-il pas contacté ? Sa surprise avait pourtant eu l’air sincère lorsqu’elle s’était adressée à lui, quelques instants plus tôt. Rien ne faisait de sens, si ce n’est qu’elle était ravie de le revoir et qu’elle ne voulait pas qu’il détale. Ils avaient tant de choses à rattraper, sans aucun doute.
Finalement, l'après-midi touche à sa fin et le co-président de l’association monte sur scène pour un discours de remerciement. L’italienne fait ses dernières photos avant de rejoindre Kai, adossé à un pilier de la grande salle. Elle esquisse un sourire timide, ce qui est loin d’être dans ses habitudes.

« Tu es toujours là. »

Ce n’est pas une question, juste une affirmation, qui trahit quelque peu sa surprise. Elle désigne du doigt le stand de photos où elle avait installé du matériel qu’elle doit récupérer.

« Je dois aller ranger. Tu veux bien m’aider ? »

Ou au moins venir avec elle, parce qu’elle n’est toujours pas prête à le lâcher du regard. Elle se dirige vers le stand de photo booth et commence à réunir les accessoires et les polaroïds qu’elle met dans des grands sacs. Du coin de l’œil, elle détaille Kai de haut en bas, tentant d’analyser à quel point il aurait changé.

« T’es là depuis quand ? »

Quand est-il arrivé sur Brisbane ? Combien de temps a-t-il passé dans cette ville sans la contacter ? Combien de temps aurait-il encore passé sans l’appeler ?

« Tu … tu vis ici, ou bien … ? »

Est-il de passage ou bien s’est-il installé dans la même ville que la brunette ? Elle a envie de lui poser une centaine de questions, et les interrogations se bousculent dans sa tête. Mila doit se faire violence pour ne pas le mitrailler de demandes. Elle tente de se concentrer sur sa tâche pour penser à autre chose, rien qu’un peu. Elle s’applique pour ranger son matériel professionnel, manie les accessoires et l’appareil avec délicatesse avant de sourire à Kai.

« Je crois que j’ai tout. »

Elle penche la tête sur le côté, observant le jeune homme alors qu’un sourire illumine peu à peu ses traits fins. Elle semble attendre quelque chose qui ne vient pas. Elle a une idée derrière la tête, c’est certain, et ne saurait le cacher. Elle se rapproche doucement de Kai pour lui murmurer à l'oreille.

« Hé bien ? Je crois que c’est le moment où tu me proposes d’aller chez toi. »

Ils ont décidément trop de choses à rattraper pour rester planter ici, dans le hall de cet hôpital. Et l’italienne n’a pas changé, en quelques années : elle a toujours envie de s’amuser.


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) Empty
Message(#)Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) EmptyLun 06 Mar 2023, 00:50

J'avais erré dans l'atrium pendant le cours des festivités, adressant tantôt quelques sourires et gestes de la main en salutations, échangeant tantôt de brèves paroles. La vérité était que j'avais du mal à me concentrer sur ce qui se déroulait autour de moi et bien vite, je me sentais surmené par le dynamisme de l'événement : les enfants, les familles, les collègues, les photographies, le cinéma improvisé, les cupcakes, le sapin gigantesque. Mon attention se rivait sur tout et rien à la fois, recevant des houles d'informations qui tendaient à m'asphyxier, à rendre l'entier du décor odieusement abstrait, tel un moyen de protection pour ne pas sombrer dans l'angoisse. Je finissais par me poser près d'un pilier après avoir effectué le tour des stands et des lieux, observant à distance les interactions rayonnant de sourires lorsqu'elles ne révélaient pas la fatigue de certains.

Je passais machinalement une main dans mes cheveux, me stoppant brusquement en sentant les quelques points de suture encore sensibles sur mon cuir chevelu. Figé l'instant d'une seconde, je laissais retomber ma main le long de mon flanc, le cœur battant. Du regard, je cherchais Mila qui s'exécutait avec professionnalisme et détermination à éterniser les moments de joie des petits et de leurs proches. Je mordillais prudemment ma lèvre encore boursoufflée, hésitant de plus en plus à obliger sa demande de rester dans les parages le temps qu'elle soit disponible à ce que nous reprenions notre conversation. Je n'étais pas si certain de souhaiter rester ici, ni de discuter avec la Valentini. Non pas que je n'étais pas heureux de la retrouver mais mon visage appelait à de multiples interrogations desquelles je ne souhaitais pas répondre. Et ne pas donner à l'italienne ce qu'elle voulait était un jeu bien périlleux.

Anesthésié par mes dilemmes, happés par les différents souvenirs de notre relation, j'étais resté sur place. Mila, finalement, c'était une bouée du passé ; elle n'était ni amie, ni amante, ni némésis, mais un sublime, savant et inoubliable mélange des trois. Elle en savait plus sur moi que ma propre famille, elle m'avait vu dans des situations que mes meilleurs amis ne me soupçonneraient même pas endosser un jour. Elle avait été présente dans mes déchéances comme mes apothéoses. « Tu es toujours là. » Je cille, porte mon regard sur son portrait habité par des nuances de surprise tandis qu'elle désigne le stand de photos. « A croire que je suis obéissant, » « Je dois aller ranger. Tu veux bien m’aider ? » Elle me scrute sans vergogne, je redoute qu'elle m'interpelle sur l'origine de mes coups. « Tu t'es adoucie avec l'âge ? Je n'ai pas le souvenir que tu me demandais des choses avec tant de conciliance, » je remarque avec un rictus malicieux. J'imite Mila dans quelques uns des gestes, sans pour autant m'approcher du matériel que je crains mal manier. « T’es là depuis quand ? » Je croise son regard curieux. « Tu… Tu vis ici, ou bien… ? » « Pourquoi t'es si surprise, Mila ? J'aurais presque l'impression d'être de trop, » je formule. « J'ai emménagé cet hiver, » je révèle. « Tu vis beaucoup à Brisbane ? » Je questionne avec intérêt, me remémorant les allers-retours de la jeune femme lorsqu'on se fréquentait à New York. « Je crois que j’ai tout, » l'italienne annonce en plaçant son appareil photo de son étui. Un sourire radieux investit son portrait, qui se répercute timidement sur le mien. A cette vision, les horloges du passé sont remontées, je reconnais davantage ma partenaire de méfaits en tout genre. Elle se rapproche de ma silhouette, je n'émets aucun mouvement de recul, quand bien même des frissons courent le long de mon échine, comme si cela ne faisait pas plusieurs années que nous nous étions quittés mais une poignée de minutes tout au plus. « Hé bien ? Je crois que c’est le moment où tu me proposes d’aller chez toi. » J'émets un léger rire, place mes mains sur les hanches de la brune pour ancrer notre proximité. « Je t'invite chez moi mais je te préviens que je ne vis pas seul et je ne sais pas si ma compagnie se trouve à la maison ou pas. » Je marque une pause, jette un coup d'œil à l'heure affichée sur la pendule surplombant l'atrium. « Sinon, je connais des endroits ici où on peut être seuls à cette heure-ci. » Difficilement, je me retiens de m'enquérir sur son logement à elle, qu'elle n'a pas suggéré.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) Empty
Message(#)Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) EmptyMar 21 Mar 2023, 21:45

@Kai Luz - Mila Valentini


L’événement touche à sa fin, et si Mila est épuisée d’avoir couru partout pour tenter de capturer les instants clés de cette journée, son rêve de rentrer se prélasser dans la baignoire du loft d’Elijah a été relégué au second plan. Son regard dévie régulièrement vers Kai, comme pour vérifier qu’il ne s’éclipse, et c’est avec soulagement qu’elle le retrouve quand elle a terminé ses photographies.

« A croire que je suis obéissant. »

Elle laisse échapper un rire, attrape Kai par le menton et l’observe à nouveau sous toutes les coutures. Les questions sur ses ecchymoses lui brûlent les lèvres, mais la brunette a bien compris qu’elle n’obtiendrait pas de réponses, du moins pas de suite. Et puisqu’elle ne souhaite pas le faire fuir, elle préfère attendre pour le réinterroger sur ce point, et tente de répondre avec humour à son affirmation.

« Obéissant ? Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de mon mari ? »

Avec un air malicieux sur ces traits, elle le relâche et rejoint le stand de photo booth, Kai sur les talons.

« Tu t’es adoucie avec l’âge ? »
« Aoutch ! »

Elle lui lance un regard noir alors qu’il semble sous-entendre qu’elle a vieilli. Il s’engage sur une pente particulièrement glissante avec une femme, surtout avec une demoiselle qui prend autant soin de son apparence et mise énormément sur son physique. N’est-ce pas là sa seule possibilité de réussir, quand son intelligence a toujours été inférieure à celle de ses proches, quand bien même elle peut être brillante ?

« Je n’ai pas le souvenir que tu me demandais des choses avec tant de conciliance. »

Elle esquisse un sourire mais ne détache pas son regard du matériel qu’elle range avec soin. En réalité, elle a l’impression que Kai est un animal sauvage, prêt à détaler à n’importe quel geste brusque ou parole déplacée qu’elle pourrait prononcer et qu’il l’effraierait. Alors elle fait preuve de précaution pour ne pas le faire fuir.

« Ou alors j’essaie simplement de te permettre de réacclimater petit à petit à ma splendide personnalité … Après tout, ça fait tellement longtemps … »

Plusieurs années s’étaient écoulées depuis leur dernière rencontre, et presque autant depuis leurs derniers échanges téléphoniques. Kai avait quitté New York, Mila avait ralenti les voyages, et petit à petit, ils s’étaient perdus de vue, tout simplement. La brunette ne l’avait pas oublié, loin de là. Leur relation n’était cependant pas de celles qu’on vivait à distance. Leur amitié nécessitait qu’ils se voient. Leurs étreintes ne pouvaient se contenter de gestes décrits par visio. Et leurs défis devaient faire vibrer les murs avec les rires de l’autre. L’italienne profite de l’évocation du passé pour interroger davantage Kai sur sa présence ici.

« Pourquoi t’es si surprise, Mila ? J’aurais presque l’impression d’être de trop. »

Elle se contente de secouer la tête, alors que son regard bleuté, légèrement peiné, plonge dans celui de Kai. Il sait que ce n’est pas cela, n’est-ce pas ? Il sait qu’au contraire, elle souffre à l’idée qu’ils aient pu être si proches sans reprendre contact ?

« J’ai emménagé cet hiver. »

Elle hausse les sourcils, incapable de masquer sa surprise, mais se reprend rapidement en se concentrant sur les derniers accessoires de son appareil photo professionnel. Elle aurait préféré qu’il affirme être arrivé hier, sans aucun doute.

« Tu vis beaucoup à Brisbane ? »

Une nouvelle fois, ces sourcils se haussent, et cette fois, c’est un regard réprobateur qu’elle plonge dans celui de Kai. Son ton est froid lorsqu’elle reprend la parole.

« Je vis ici. Tout le temps. »

Il devrait le savoir, pourtant ! Elle s’adoucit légèrement quand elle reprend d’une voix dans laquelle parait sa tristesse.

« Tu comptais m’appeler ? »

Est-ce qu’il allait la prévenir qu’il avait emménagé dans sa ville ? Ou est-ce qu’il n’en avait pas l’intention et espérait simplement qu’ils n’auraient jamais à se croiser dans cette ville de plus de deux millions d’habitants.
Mila glisse dans son sac le dernier objectif et ferme la tirette. Elle ferme un instant les yeux, prenant une grande inspiration. Elle n’a pas envie de se disputer avec Kai. Elle n’a pas envie qu’il sache à quel point elle se sent blessée. Elle n’a pas envie de gâcher leurs retrouvailles, simplement de profiter, comme à l’époque. Lorsqu’elle se tourne à nouveau vers le jeune homme, un sourire coquin prend place sur son visage, et elle se rapproche doucement de Kai pour lui susurrer quelques mots à l’oreille. Il rit et place ses mains sur les hanches de la brunette, scellant ainsi leur proximité, acceptant par là-même de jouer à un jeu qu’ils ont souvent pratiqué à l’époque.

« Je t’invite chez moi mais je te préviens que je ne vis pas seul et je ne sais pas si ma compagnie se trouve à la maison ou pas. »

Elle laisse échapper un petit rire, ses mains prenant place sur la nuque de Kai.

« Ta « compagnie » ? Tu aurais osé me remplacer ? »

Elle rit à nouveau. Elle est jalouse, Mila, parce qu’elle veut toute l’attention de son interlocuteur. Et en ce moment, Kai n’a d’yeux que pour elle, et c’est tout ce qui compte. Elle se fiche qu’en dehors de l’instant présent, il ait quelqu’un dans sa vie. Il pourrait être en couple qu’elle n’en aurait que faire, à condition qu’il soit à elle et entièrement à elle pour les prochaines minutes.

« Sinon, je connais des endroits ici où on peut être seuls à cette heure-ci. »

Son sourire coquin revient alors que son regard bleuté pétille.

« He bien ? Qu’est-ce qu’on attend ? »

Elle était prête à le suivre, sans hésiter.



Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) Empty
Message(#)Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) EmptyMer 05 Avr 2023, 04:14

La proximité en alliée, Mila envoûte de nouveau mes sens de son mémorable parfum doublé de ses inoubliables perles céruléennes. En sa compagnie, les angoisses, doutes et dilemmes qui crépitaient en moi s'apaisent progressivement, faisant plutôt place à ce téméraire cocktail d'émotions qui m'étreint immanquablement lorsque je me trouve avec l'italienne. Il y a de ces gens qui jouisse d'un certain pouvoir sur vous, qui agissent sur l'essence même de vos impressions et de vos émotions, comme si leur aura irradiait à en modifier la vôtre. Je ne m'en plains assurément pas, gommer les années passées pour faire un lien des plus concrets avec New York détient quelque chose de séduisant, quand bien même j'aspire à laisser mes problématiques américaines bien distancées de mes drames australiens.

« Obéissant ? Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de mon mari ? » Je lâche un rire, lève les yeux au Ciel. « C'est peut-être ton influence sur moi, » j'accuse, plaisantin, avant d'emboîter le pas de la brune vers le photobooth. Je ne me prive pas de la taquiner sur sa politesse assez étrangère, moi qui avait davantage été habitué aux défis et affirmations tranchées de la belle. « Ou alors j’essaie simplement de te permettre de réacclimater petit à petit à ma splendide personnalité… Après tout, ça fait tellement longtemps… » « Que de bienveillance, » je qualifie, plissant doucement les yeux, comme pour tenter de déceler d'autres motifs incitant Mila à agir de la sorte. « J't'ai manqué ? » Je glisse, éhontément. « Ca aurait pu faire 50 ans que je t'aurais pas vu, je t'aurais pas oubliée. » Autrement dit, l'acclimatation n'était pas nécessaire ; la personnalité unique de la Valentini était en effet gravée dans ma mémoire et, je le soupçonnais, des parties même de mon être.

Je m'applique à aider la vingtenaire dans son rangement avant de me surprendre de ses questions vis-à-vis de ma présence à Brisbane. Apparemment, Mila et moi ne vibrions pas sur la même longueur d'ondes, la mélodie de nos états d'âmes sur la partition de ces retrouvailles était discordante. En cause : la surprise se mêlant à la tristesse et à la réprobation que je devinais en canards sur le portrait de l'italienne que j'avais eu la chance de voir sur toutes les coutures pendant que nous nous fréquentions. « Je vis ici. Tout le temps. Tu comptais m'appeler ? » La froideur m'envahit, je considère silencieusement mon interlocutrice, navré de l'avoir potentiellement froissée. « J'ai toujours appris à ne pas te prévoir, Mila. Ca n'aurait pas pu me choquer que tu te trouves ailleurs, » je lui explique. La jeune femme était bourrée de ressources ; à mes yeux, elle n'était pas de ceux à la route toute tracée mais plutôt de la catégorie qui vous surprend continuellement, qui en font qu'à leur tête, qui n'ont pas froid aux yeux et n'hésitent pas à défier la vie. « T'aimes vraiment rester tout le temps ici ? » Certes, je connaissais les bribes de son histoire qui la liaient à Brisbane et avaient aussi encouragé ses voyages à New York. Mais les arguments étaient-ils inchangés depuis ces années ? Et surtout, par ma tournure interrogative, je cherchais majoritairement à déterminer si c'était encore son choix d'être ici, ou plutôt un devoir. Attrayant à un appel téléphonique, j'hésitais : « Je préfère quand le hasard se charge de nous mettre sur la même route. Ca a plus de valeur, non ? » En réalité, j'aurais pu l'appeler, ça aurait même été plus respectueux et logique considérant qu'en effet, je connaissais son lien avec l'Australie. Sur ce coup, j'avais agi comme un con, tant que la culpabilité mordait sournoisement mes entrailles, jusqu'à ce que Mila joue du chaud en réduisant la distance entre nous, chassant mes remords alors que mes mains prenaient place comme elles l'avaient tant fait auparavant sur ses hanches. Un réconfort propre à notre relation atypique.

« Ta « compagnie » ? Tu aurais osé me remplacer ? » Je ris légèrement avant de hocher la tête en signe de dénégation, le contact des doigts de Mila dans ma nuque invoquant de nombreux frissons en mon être. Mes muscles se tendent, autant en réponse à sa chaleur se mêlant à la mienne qu'aux mémentos liés à l'agression dont j'avais été victime en début de mois. « On ne peut pas remplacer une épouse, » je rappelle avec arrogance. « C'est une amie. Elle m'héberge depuis que je suis arrivé. » Et lorsqu'il est question de quitter l'atrium du centre hospitalier, ma main prend possession de la sienne, l'attirant vers le laboratoire de l'établissement. J'ouvre un bureau pour le fermer derrière nous, promettant ainsi notre intimité. « J'ai encore beaucoup à apprendre sur Brisbane, » je lui annonce, malicieux.


Dernière édition par Kai Luz le Mer 19 Avr 2023, 00:18, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) Empty
Message(#)Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) EmptyMar 18 Avr 2023, 19:50

@Kai Luz - Mila Valentini


Elle ne peut le croire, quand il lui déclare être devenu obéissant.

« C’est peut-être ton influence sur moi. »

Elle rit en secouant la tête.

« Je n’ai pourtant jamais essayé de te dompter ! »

Et c’est bien vrai. Elle a essayé de le séduire, de le rallier à elle, de le faire participer à toutes ses idées saugrenues. Elle l’a entrainé avec elle, parfois de l’avant, parfois vers le fond. Mais elle n’a jamais essayé de le changer ou de le modeler. Elle l’a toujours aimé comme il est, à sa façon.

« J’t’ai manqué ? »

Elle rit à nouveau à cette question, l’une de celles qu’elle aurait pu poser. Elle apprécie son aplomb, et ment éhontément en réponse.

« Pas même une seule seconde. »

Un sourire amusé flotte sur son visage alors que son regard bleuté se détache des prunelles du Luz pour poursuivre le rangement de son matériel. Bien sûr qu’il lui a manqué … à certains moments. Il est son mari, son partenaire de jeux, et il est évident qu’elle aurait aimé qu’il soit là pour égayer ses journées et chasser la solitude qui pouvait parfois s’emparer de la brunette. Mais même si il est son ami et son amant, même si leur relation est particulière et unique, ils n’ont jamais été en couple, et n'ont sans doute jamais eu de sentiments pour l’autre, pas comme l’on devrait en avoir dans une relation saine. Alors il lui arrive aussi de ne pas penser un instant à lui pendant plusieurs semaines. L’italienne se demande si l’arrivée de Kai sur Brisbane va changer quelque chose à leur lien. Vont-ils à nouveau se perdre de vue, ou bien vont-ils reprendre leur histoire où ils l’avaient laissé, des années auparavant ?
L’experte en mensonges qu’elle est à beau prétendre qu’il ne lui a pas manqué, elle a beau afficher un air détaché, elle n’en demeure pas moins blessée que Kai ait emménagé en ville depuis plusieurs mois sans même la contacter.

« J’ai toujours appris à ne pas te prévoir, Mila. Ca n’aurait pas pu me choqué que tu te trouves ailleurs. »

Peut-être. Mais il pensait qu’elle était là. Alors il aurait dû vérifier. Sans relever le regard, elle se concentre sur ses gestes, prenant un soin particulier à tout emballer avec délicatesse. Elle gagne du temps, veut éviter de montrer à Kai à quel point cela l’affecte. Et pourtant, s’il la connait encore, un tant soit peu, il le voit à sa posture, à ses épaules tendues, à son regard fuyant. S’il se souvient encore de tous leurs instants ensemble, il l’entend dans le timbre de sa voix.

« T’aimes vraiment rester tout le temps ici ? »

Surprise par la question, elle relève finalement ses perles bleues et les plongent dans celles du Luz. Elle réfléchit longuement, prend bien trop longtemps pour répondre. Elle pense à sa famille, restée en Italie. Elle pense aux voyages qu’elle ne fait plus. Elle pense à cet homme qui l’a séduite pour lui laisser des dettes phénoménales et un cœur brisé. Elle pense à son boulot au Walker Group et à Channing … Elle finit par hausser les épaules.

« Ici ou ailleurs … »

Elle finit son rangement avant d’interroger à son tour Kai.

« Et toi ? Ca te plait, Brisbane ? Pourquoi tu es là ? »

Pourquoi avait-il emménagé ici ? Pour le boulot ? Pour cette fille avec qui il vit ?

« Je préfère quand le hasard se charge de nous mettre sur la même route. Ca a plus de valeur, non ? »

C’est vrai qu’en un sens, c’était poétique. Comme s’ils étaient faits pour se retrouver, à l’autre bout du monde. Le destin pouvait bien faire les choses. Pourtant, rien ne valait un homme qui cherchait à la retrouver.

« Et moi je préfère quand tu te charges de me courir après. »

Elle hausse les épaules, un sourire amusé sur les lèvres : rien n’avait changé, et elle aimait toujours autant être désirée. Ce même désir qui s’insinue petit à petit en elle et augmente au fur et à mesure des minutes passées en compagnie de Kai. Elle se rapproche de lui, réduit la distance entre eux et glisse ses mains dans sa nuque. Mais ces quelques caresses ne semblent pas suffisantes, pas après tout ce qu’ils ont vécu, pas après les moments d’intimité déjà échangés. Et la brunette désire qu’ils se retrouvent à nouveau seul à seule, quittant ce hall d’hôpital. Elle suggère d’aller chez Kai, mais il lui avoue partager son logement, suscitant des questions de la part de Mila.

« On ne peut pas remplacer une épouse. »

Elle affiche un sourire victorieux : il sait visiblement toujours aussi bien la flatter et l’amadouer.

« C’est une amie. Elle m’héberge depuis je suis arrivé. »

Elle hoche la tête et enlace ses doigts aux siens lorsqu’il lui prend la main pour la conduire jusqu’à un bureau. Et lorsqu’il referme la porte derrière eux, un sourire coquin illumine le visage de la brunette.

« J’ai encore beaucoup à apprendre sur Brisbane. »

Elle hausse un sourcil, gommant les quelques centimètres qui les séparent, glissant ses mains sous le haut de Kai. Elle ferme un instant les yeux, savourant le contact de sa peau contre celle de son mari, son ami, son amant. Quand elle les rouvre, son regard bleuté brûle de désir.

« Je suis sûre que j’ai énormément de choses à t’apprendre. »

Ses lèvres viennent se poser sur celles du Luz dans un baiser passionné, alors qu’elle entreprend de le débarrasser de ses vêtements.
Plusieurs minutes plus tard, Mila lisse sa jupe avant de remonter son bas rayé jusque sur sa cuisse. Un sourire flottant sur son visage, elle observe enfin l’environnement.

« C’est ici que tu te travailles ? Tu y fais quoi ? »

La dernière fois qu’ils s’étaient parlés, Kai faisait encore des études à New York. Mais cet échange remontait à plusieurs années. Se hissant sur la pointe des pieds, elle s’assied sur le bureau qui a été témoin de leurs récents ébats, attirant le brésilien à elle par le col. Et maintenant qu’il est à nouveau collé à elle, elle en profite pour passer doucement le doigt sur les ecchymoses qui ornent son visage. Il a pu éviter la première fois les explications, mais l’air inquiet de l’italienne ne laisse aucun doute sur sa volonté d’obtenir des réponses.

« Il s’est passé quoi, Kai ? »

Son ton a beau être doux, il n’en demeure pas moins ferme : la vérité, c’est tout ce qu’elle demande.



Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) Empty
Message(#)Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) EmptyLun 01 Mai 2023, 22:28

Pendant que je décris curieusement Mila du regard, traquant avidement chaque modification sur son portrait que les années nuancées de soleils comme de pluie auraient pu y teindre, je songe au pouvoir prodigieux dont jouit l'italienne sur ma propre histoire. Il me faut plus d'une main pour compter les années durant lesquelles nous ne nous sommes pas vus, pourtant, j'ignore s'il s'agit là de science ou de magie, mon coeur bat à se rompre tandis que mes pupilles ditalées glissent le long de ses mèches brunes, à défaut d'autoriser mes doigts à s'y faufiler. Je devine à sa posture, au timbre de sa voix, à son regard dissimulé, que je lui ai faillie, que j'ai fauté, et qu'elle possède probablement trop d'orgueil pour m'en accuser, comme il en serait de même de mon côté. Pourtant, une pointe de culpabilité transperce amèrement mon échine car même si notre relation relève de l'atypique, de l'indéfinissable, je tiens à Mila.
Elle est le courant insaisissable qui agite sans cesse la rivière de ma vie. Elle est les éclaboussures violentes sur le camaïeu de couleurs de la toile de mon histoire. Elle est la basse cacophonique de la symphonie de mon existence.

« C’est peut-être ton influence sur moi. »
« Je n’ai pourtant jamais essayé de te dompter ! »
« J’t’ai manqué ? »
« Pas même une seule seconde. »
« J’te crois pas. Pas même une seule seconde. »

Je me mordille précautionneusement ma lèvre encore boursoufflée et violacée de ma récente agression. Mon regard pulse l'arrogance, tente de lui brûler l'épiderme, mais l'italienne a le sang chaud et demeure de marbre pendant qu'elle range avec délicatesse son matériel que je soupçonne haut-de-gamme. Je me promets de partir en quête de ses clichés ou de tenter de l'immortaliser moi-même par ses propres armes.

Lorsque je questionne mon épouse sur sa sédentarité, je devine ses épaules se nouer de nouveau. Est-ce du chagrin ? Du ressentiment ? Du doute ? Du regret ? Les secondes défilent longuement, un suspens alarmant, esquintant, que je respecte - non sans difficultés. « Ici ou ailleurs… » C'est pas une réponse, Mila, je pense en claquant ma langue contre mon palais, désapprobateur, mon regard balayant négligemment l'atrium déserté. « Et toi ? Ca te plait, Brisbane ? Pourquoi tu es là ? » « Je voulais me rapprocher de gens que j'apprécie, » je réplique spontanément, comme si la réponse était naturelle, inscrite en moi ; comme si j'attendais uniquement que la Salvatori m'interroge pour lui répondre par une énigme insolente, ne précisant par la nature de ces gens, laissant presque sous-entendre qu'elle aurait pu en être, en joueur scrupuleux du chaud et du froid.

« Je préfère quand le hasard se charge de nous mettre sur la même route. Ca a plus de valeur, non ? »
« Et moi je préfère quand tu te charges de me courir après. »

La joute verbale se poursuit, le jeu prend de l'ampleur. J'autorise mes doigts à franchir le rideau de ses cheveux soyeux, l'italienne hausse les épaules et se déride. Lorsque Mila réduit enfin les centimètres qui nous distancent, mon coeur qui tonitrue produit une halte et mon souffle se coupe. Ses mains fraîches glissent dans ma nuque, invoquent instantanément une nuée indomptable de frissons. Mon épiderme se métamorphose en chair de poule, j'ignore s'il s'agit du passé ou bien du futur qui me fait autant d'effet. Un cocktail explosif qui malmène mon organisme et étourdit mes méninges, à n'en point douter. Je ferme doucement les yeux, le temps d'une seconde de prière à l'attention des médiocres forces qui me restent, le temps de recentrer mon entité brinquebalante sur cette frise chronologique saturée de moments forts.

Comment se fait-il qu'avec Mila, il me paraît si aisé de remonter les horloges du passé pour revenir à New York, revenir en 2016, au coeur des déchéances incommensurables, des cœurs brisés, des mascarades souveraines, des réussites jubilatoires, des défis déjantés ? Comment se fait-il que Mila sonne comme un monde parallèle, une double-vie que je mène, mais qui est pourtant tissée dans les fils les plus authentiques qui me constituent ? Comment se fait-il que je me sens si vivant à ses côtés, plus qu'auprès de mes proches, qu'auprès de mes meilleurs amis ? Est-ce parce que je suis prêt à la perdre ? Non. C'est parce qu'elle est la seule à pouvoir me conduire à ma perte. Celle capable de me hisser vers le meilleur comme de me faire sombrer dans le pire.

Ma main s'empare de la sienne, ses doigts se mêlent aux miens, comme elle l'a fait d'innombrables fois auparavant. Son parfum m'enveloppe, sa chaleur m'envahit, Mila emboîte mon pas alors que je dissimule notre duo dans un bureau du laboratoire, non fréquenté à ces horaires, même par les personnels d'astreinte. Lorsque je me tourne pour fermer la porte de la pièce, je sais que l'instant qui suivra sera déterminant. Rien n'est anodin avec Mila. Je me mordille de nouveau la lèvre inférieure, dos à elle, craignant temporairement ne pas être à la hauteur. J'ai le trac, comme il m'arrive de l'avoir avec elle, au coeur de notre comédie humaine rayée de véracité. Lorsque je me détourne et qu'elle me toise, néanmoins, la nervosité s'échappe pour faire place à une détermination sans faille.

« Je suis sûre que j’ai énormément de choses à t’apprendre. » Ma peau frémit sous son contact, mon palpitant martèle violemment ma poitrine. La cartographie de mon corps meurtri d'ecchymoses est gravé dans mon esprit et chaque geste de Mila m'apparaît telles d'indociles menaces que je redoute raviver mes douleurs, ranimer mes traumatismes. Ses lèvres s'emparant passionnément des miennes me distraient néanmoins et j'abats mes paupières avec force, m'échappant dans cet autre monde qui n'appartient qu'à nous.

« C’est ici que tu te travailles ? Tu y fais quoi ? » Insolent, je remonte mon pantalon sans le boutonner pour autant, mon torse demeurant nu. La notion du travail que je pourrais perdre si je me faisais surprendre ainsi ne me met aucunement la pression ; encore une fois, l'invulnérabilité qui émane de notre duo me fait pousser des ailes. « Biologiste, » j'annonce, sans passion. « Et toi, tu gagnes ta vie que comme photographe ? » J'attrape finalement ma chemise, glissant mes bras dans ses manches. Les pans demeurent lâchement séparés, les doigts de Mila saisissent le col de l'habit pour m'attirer entre ses jambes, sa silhouette assise sur le bureau. Mes pupilles la fuient, mouvées par la honte, alors que la pulpe de son index décrit les hématomes altérant mon portrait. « Il s’est passé quoi, Kai ? » « Pourquoi ça t'intéresse, Mila ? » Je fais, sur la défensive, jouant à ce jeu malsain où je bafoue un de nos interdits : ne pas sommer l'amour ni l'affection. « On a voulu me tuer, » je déclare sèchement, mon ton devenu acerbe car je me sens poussé dans mes retranchements. Les filtres de mes secrets se désagrègent sous le regard inquisiteur de l'italienne, il en a toujours été ainsi, et la vérité n'est pas mon meilleur jour. « Je fais pas mon dramatique. C'est vraiment ce qu'ont écrit les flics : "tentative de meurtre avec actes de torture et de barbarie," » je récite, des trémolos dans la voix. De la colère, du mépris, de la peur, de la douleur. « J'me dégoûte d'être comme ça, » je crache, haineux envers ma propre personne, le regard d'un sombre incomparable. « C'est sur Bea qu'ils ont sauté, » je précise, sachant que Mila lierait ainsi les points. Un crime contre une drag queen et tout ce qu'elle représente d'intolérable aux yeux de certaines Hommes.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) Empty
Message(#)Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) EmptyMer 17 Mai 2023, 21:56

@Kai Luz - Mila Valentini


Kai est là, devant elle, à Brisbane, et Mila peine à y croire. Kai est là, ils ne sont pas revus depuis plus de six ans et pourtant, on dirait qu’ils se sont quittés hier quand leur joute verbale et leurs taquineries prennent le dessus de leurs échanges. En réponse à sa question, Mila lui ment éhontément en prétendant qu’il ne lui a jamais manqué.

« J’te crois pas. Pas même une seule seconde. »

L’italienne se contente de sourire en secouant la tête, se concentrant sur le rangement de son matériel. Il sait maintenant qu’il lui a manqué, peut le deviner, même si elle n’a pas passé chaque minute de sa vie à penser à lui et à souhaiter son retour. Elle espère simplement que la réciproque est vraie, et qu’elle aussi, elle lui a manqué. Elle aimerait qu’il ait pensé à elle, au moins de temps en temps, qu’il ait ri en se rappelant leurs défis, qu’il ait frissonné en se remémorant le contact de sa peau sur la sienne.
La conversation se poursuit, Mila tentant d’oublier que son mari ne l’a pas contacté à son arrivée en ville. Il aurait dû le faire, il aurait dû la chercher. Au lieu de cela, les voilà qui se recroisent par hasard à un événement d’une association caritative. Combien de temps auraient-ils encore passé dans la même ville, à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, sans qu’il ne l’appelle ? L’aurait-il d’ailleurs fait un jour ? Mila est blessée, son orgueil en prend un sérieux coup, et la voilà qui tente de détourner la conversation en questionnant Kai sur les raisons de son emménagement ici, sur le continent australien.

« Je voulais me rapprocher de gens que j’apprécie. »

A ces mots, Mila ne peut empêcher un petit son trahissant son agacement s’échapper de son corps, comme une sorte de reniflement dédaigneux. Elle aurait sans doute pu croire qu’il parlait d’elle, qu’il l’incluait dans ces gens qu’il apprécie, s’ils ne s’étaient pas retrouvés ici par hasard. Il a pourtant laissé passer sa chance de se faire bien voir, et Mila a échoué dans sa tentative de détourner la conversation. Elle est toujours blessée et pourtant, elle se détend quand les doigts de Kai passent dans ses cheveux et, rapidement, il est convenu qu’ils choisissent un endroit à l’écart pour se retrouver. Kai a à peine le temps de refermer la porte derrière eux que les lèvres de Mila retrouvent celles de son époux. Ses doigts experts prodiguent à Kai d’exquises caresses, ses mains semblant se souvenir des points faibles du Luz. Ils ne se sont pas revus depuis plus de six ans et pourtant, le corps tout entier de Mila semble se remémorer de leurs ébats. Il se crispe par anticipation, et l’italienne gémit de plaisir en laissant ses mains redécouvrir le corps de Kai et insister sur toutes les parties sensibles qui plaisaient tant au jeune homme à l’époque et qui semblent toujours faire leur effet.

Tout en se rhabillant, Mila laisse courir son regard bleuté sur la pièce qui a accueilli leurs ébats. Elle n’y avait pas prêté attention auparavant, brûlant de désir pour son époux, mais remarque désormais qu’ils sont dans un laboratoire, entourés d’ordinateurs, de tubes à essai, de pipettes, et de nombreux instruments qu’elle serait incapable de nommer. Elle interroge alors Kai sur son métier.

« Biologiste. Et toi, tu gagnes ta vie que comme photographe ? »

Elle esquisse un sourire triste en secouant la tête : elle aimerait pouvoir vivre de sa passion pour la photographie ou de celle pour le surf. Pourtant, elle adore son travail, même si sur le papier, l’intitulé du poste ne fait pas rêver.

« Je suis assistante de direction dans une grosse boîte. »

Elle n’a pas encore 27 ans et pourtant, en prononçant ces mots, on dirait qu’elle a pris un coup de vieux. Elle les sent enfin, les six années durant lesquelles ils s’étaient perdus de vue. A l’époque, ils étaient tous les deux étudiants, débordant de rêves, aspirant à plus de liberté. Et les voilà adultes, avec un métier conventionnel, des factures à payer et de nombreuses responsabilités. Soudain, elle regrette le passé, cette époque insouciante durant laquelle ils se fréquentaient et, pour chasser ses pensées sombres, la brunette attire Kai à elle par le col de sa chemise qu’il a laissé déboutonnée. Assise sur un bureau, elle enroule ses jambes autour de la taille de son mari, le capturant dans son étreinte pendant qu’elle laisse courir ses doigts sur les ecchymoses qui sont un outrage à son joli minois. Et alors qu’elle l’interroge sur ses blessures, Kai botte en touche.

« Pourquoi ça t’intéresse, Mila ? »

Ses yeux bleutés se voilant de tristesse trahissent à quel point elle est blessée par cette question. Evidemment, que ça l’intéresse, parce qu’il est son mari, son amant, son ami. Ca l’intéresse, parce qu’elle s’inquiète pour lui, parce qu’il lui a manqué, et parce qu’elle aimerait ne pas le perdre, maintenant qu’elle vient juste de le retrouver. Ca l’intéresse parce qu’à un moment de sa vie, ou peut-être deux ou trois, elle a pu à sa manière éprouver des sentiments pour Kai, des sentiments incomplets, imparfaits, mais des sentiments tout de même. Et elle est blessée qu’il puisse douter de son intérêt pour lui. Le sous-entendu de la question du Luz ne vient que renforcer le malaise de la brunette, alors qu’il viole ainsi les règles implicites qui régissent leur relation : ne pas évoquer de sentiments. Tout est tellement plus simple quand ils prétendent simplement être deux amants s’amusant ensemble occasionnellement.

« On a voulu me tuer. »

Les yeux de Mila s’écarquillent sous le coup de la surprise et son regard inquiet sonde celui du brun.

« Je fais pas mon dramatique. C’est vraiment ce qu’ont écrit les flics : « tentative de meurtre avec actes de torture et de barbarie ».

Le cœur de Mila se serre et un instant, elle est certaine qu’elle ne va pas réussir à garder dans son ventre les délicieux gâteaux de Noël qu’elle a ingurgité plus tôt dans l’après-midi. Ses yeux s’emplissent de larmes et pour cacher à quel point les mots de Kai l’affectent, elle le serre terriblement fort contre elle, enfouissant son visage dans son cou. Elle ne le relâche que lorsqu’il prononce les mots suivants.

« J’me dégoûte d’être comme ça. »

Les sourcils de la brunette se froncent alors que ses yeux humides trahissent son incompréhension.

« C’est sur Bea qu’ils ont sauté. »

Elle ne peut empêcher une larme silencieuse de rouler sur sa joue, alors qu’elle attire à nouveau le jeune homme contre elle, dans un geste spontané qu’elle espère réconfortant.

« Mon Dieu, Kai, je suis désolée ! »

Et elle l’était terriblement. Qu’il ait eu à subir cela. Qu’il l’ait subi pour ce qu’il est, victime de la haine et de l’intolérance de certaines personnes. Qu’il ressente du dégoût pour ce qu’il est, alors qu’il n’a absolument rien à se reprocher, et qu’il n’est que la victime de personnes odieuses. Doucement, la brunette desserre son étreinte afin de pouvoir plonger ses yeux bleutés dans ceux du Luz.

« Tu sais que tu es absolument parfait, non ? En Kai comme en Bea. Tu es magnifique, tu es entier, et je … »

Elle toussotte, légèrement mal à l’aise, alors qu’elle s’apprête à franchir toutes les limites qu’ils s’étaient toujours fixées. Mais aux grands maux, les grands remèdes, et la situation mérite inévitablement de la transparence et de la sincérité.

« … et je t’ai toujours aimé comme tu es, sous toutes tes formes. »

Du bout des doigts, elle caresse tendrement la joue de Kai, espérant pouvoir quelque peu apaiser sa peine.

« Ca s’est passé ici ? A Brisbane ? »

Elle aimerait que ça se soit passé ailleurs, loin d’ici, pas dans cette ville où il vivait actuellement et où il risquait de retomber un jour sur ces personnes ou sur d’autres, tout aussi mal intentionnées.

« Est-ce qu’ils ont attrapé ceux qui ont fait ça ? »

Est-ce qu’au moins, ces personnes haineuses ont été punies pour leur crime et ont ainsi déserté les rues de Brisbane au profit d’une cellule de prison ?
Soudain, Mila s’agite et regarde autour d’elle, s’emparant d’un feutre noir qu’elle trouve dans un pot à crayons sur le bureau. Attrapant la main de Kai, elle y inscrit son numéro. Elle aurait pu directement le rentrer dans le téléphone du jeune homme, sans aucun doute, mais elle aime cette marque qu’elle laisse sur son corps, et qu’il aura du mal à effacer. Elle aime laisser sur lui son empreinte, une empreinte légèrement possessive mais douce et agréable, contrairement aux traces laissées par les criminels qui l’ont attaqué.

« Tu sais que je suis là, n’est-ce pas ? »

Reposant sa main sur la joue de Kai, elle pose doucement son front contre le sien.

« J’bougerai pas d’ici, alors tu peux compter sur moi. »



Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) Empty
Message(#)Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) EmptyLun 03 Juil 2023, 04:36

La première seconde, la porte de mon bureau au laboratoire du centre hospitalier se ferme ; la seconde, le parfum de Mila m'envahit avec délice. Les centimètres sont promptement annihilés entre nous, les affaires reposant sur le bureau sont envoyées sans cérémonie au sol, remplacées par le fessier de l'italienne. Mes bras encerclent la jeune femme, ses mains habiles éveillent avec expertise des sensations demeurées en dormance depuis des années - depuis notre séparation. Je redécouvre le goût de sa chaire, m'éprends de la nostalgie de nos précédentes fréquentations. Je marque son épiderme de baisers chauds, me plaisant à penser que mon coeur bat toujours au même rythme effréné que le sien lorsque nous formons notre duo infernal et invulnérable.

La parenthèse se clot néanmoins lorsque le présent nous rattrape, imposant le fossé entre New York et Brisbane, fatal boomerang. « Je suis assistante de direction dans une grosse boîte. » Un sourire fier se dessine sur mes lippes, bien que je sente que cette carrière ne passionne pas mon interlocutrice. « Tu es la directrice, quoi, » je rectifie, connaissant assez le profil de mon épouse pour augurer son caractère indispensable à cette entreprise. « C'est une boîte de quoi ? » Je demande curieusement avant que l'intérêt de Mila ne me pousse violemment dans mes retranchements.

C'est à ce moment-là que la partie de moi-même blessée et détruite prend le contrôle de mes gestes, de mes paroles. C'est un Kai brisé qui se tapit, en mécanisme de survie, derrière les propos brutaux et féroces que j'adresse sans cérémonie à mon interlocutrice, comme si je voulais la punir de s'enquérir de mon état, comme si je la blâmais de se soucier de ma santé - comme si je désirais qu'elle me rejoigne dans ma peine et mes maux. Mes mains tremblent et mon outrage se désagrège rapidement face à la réaction émotive de la Valentini : la dernière chose ambitionnée était de lui faire du mal, de lui faire peur. J'avais besoin de lui déverser mon poison, de cracher ce venin qui m'empoisonnait depuis si longtemps face à quelqu'un que j'estimais possédait la carrure pour l'encaisser et me décharger. Mila et moi, nous étions le meilleur et le pire ; le pire du meilleur, le meilleur du pire. Pourtant, rien ne pouvait briser notre lien, même pas le silence, même pas les années. Ce n'était pas des termes à la sémantique assassine qui sauraient nous faire défaillir, je m'en convainquais.

Pour autant, la culpabilité est imminente et pernicieuse. Elle se faufile en moi, serre mon coeur, s'agglutine dans ma gorge sous forme d'une boule indigeste. Mon sang se glace et les bras de Mila qui se nouent autour de mon cou viennent me sauver de la déchéance en m'inspirant vaillance et réconfort. Je cale doucement mon menton sur son épaule, j'emplis mes poumons de son parfum, puis j'exprime le dégoût innommable et acide que je me voue sans relâche.

« Mon Dieu, Kai, je suis désolée ! » La vingtenaire s'est distancée et une larme indocile roule désormais sur sa joue. Je souris faiblement, désolé, avant de l'effacer délicatement de mon pouce. « Je suis désolé aussi. Je voulais pas te mettre dans cet état, » je m'excuse sincèrement. J'aurais aimé lui expliquer que cette agression avait pris le meilleur de moi-même et que désormais, je me sentais tel un tas difforme de colère, de mépris, de saleté, de monstruosité. J'aurais aimé lui conter à quel point j'étais perdu et déconstruit, que la seule manière de communiquer ce profond mal-être qui me ravageait était d'être si brusque dans mes propos, si crus, comme si cela me permettait de m'approprier cette nouvelle réalité traumatisante. Je souffrais et le feu ne s'éteignait jamais sur mes plaies ; j'en étais à la fois exténué et impuissant. Catastrophé, j'ignorais quoi faire, comment faire. « Tu sais que tu es absolument parfait, non ? En Kai comme en Bea. Tu es magnifique, tu es entier, et je… » Je croise le regard azuré de mon épouse, profondément triste. « … Et je t’ai toujours aimé comme tu es, sous toutes tes formes. » Un fin rictus nait sur mes lippes, bien plus conciliant que franc. Pas moi, Mila, je pense, sans oser néanmoins l'articuler à voix haute, conscient des règles qu'elle vient de bafouer en m'accordant un tel aveu. Je soupire discrètement, tentant d'évacuer ainsi la pression, la tension. Je dépose un baiser dans le cou de la belle, symbole de remerciement tout comme de prétexte pour retrouver notre proximité que je désire, qui me fait du bien. « Ca s’est passé ici ? A Brisbane ? » « Oui, à Bayside, » je renseigne. « Le 1er décembre, » j'ajoute, avant de hocher la tête en signe de dénégation lorsque Mila me demande si tous les agresseurs ont été interpelés. « Est-ce qu’ils ont attrapé ceux qui ont fait ça ? » « Il leur en manque encore un. Ils étaient quatre. » Je me mords l'intérieur de la joue dans l'objectif de contrôler les tremblements de mes lèvres. J'étais dorénavant terrifié de sortir la nuit, de risquer de croiser cet individu qui m'a passé à tabac quelques semaines plus tôt. « J'ai été une vraie honte, Mila. J'ai pas su me défendre contre eux. » Certes, la supériorité numérique avait joué en ma défaveur mais je regrettais aujourd'hui avoir tenté de me défaire de cette situation verbalement plutôt que d'avoir attaqué dès le départ. Au moins, j'aurais eu le mérite de leur avoir fait du mal, de m'avoir défendu physiquement.  

Mila saisit un feutre puis ma main qu'elle noircit de chiffres que je devine composent son numéro de téléphone. « Tu sais que je suis là, n’est-ce pas ? » Sa main caresse ma joue et cette fois-ci, je ne trésaille pas. Mon regard ose se plonger dans le sien, laissant apparaître le véritable Kai et non ses artifices que j'ai érigés en derniers recours pour le défendre. « J’bougerai pas d’ici, alors tu peux compter sur moi. » « Tu es franchement tolérante, je trouve, » je réplique avec un sourire complice en coin. Si je suis incommensurablement réconforté et soulagé de pouvoir compter sur Mila et de l'avoir de nouveau dans ma vie, je n'oublie pas que durant six ans, j'avais entretenu la distance entre nous. Je n'oubliais pas que j'aurais pu lui annoncer mon arrivée à Brisbane, sachant qu'elle avait des attaches ici. Loin des yeux, loin du coeur, lui avais-je répété à l'époque, adage que j'avais fidèlement mis en application en termes de distance bien que les sentiments avaient perduré. « T'es la seule qui sait me faire sentir vivant, Mila, » je lui déclare. Il serait étonnant de ne pas se sentir vibrer d'adrénaline avec la vie que nous avions décidée de mener. Cependant, il n'en demeurait qu'avec elle, l'identité de Kai avait un goût, une histoire, des couleurs franches. Sans la Valentini, je ne vivais que via les exubérances de Bea. « T'as toujours été la seule à le faire, ça. » Parce que nous ne vivions que pour nous, nous n'étions dictés que par nos folies, nos lubies, nos instincts ; nous avions notre monde à nous et seulement à nous. Bien que j'étais entièrement sincère, j'avais conscience qu'avec cette confession, nous étions quitte en termes de déclarations sentimentales ; cette notion bannie de notre duo atypique. « Je veux me sentir de nouveau vivant avec toi, » j'exigeais, soutenant son regard, une nuance de détermination et de défi pulsant des mes yeux. Même si nos situations avaient changé au cours de ces six ans, je voulais retrouver Mila, je désirais nous retrouver.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) Empty
Message(#)Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) EmptyMar 18 Juil 2023, 22:25

@Kai Luz - Mila Valentini


Les jeunes gens ne se sont pas vus depuis six ans et pourtant, leur désir l’un pour l’autre semble intact et, comme à son habitude, brûlant. Mila se laisse envahir sans résister, et bientôt leurs corps se retrouvent. Leurs mains empruntent des chemins bien connus, retrouvent des courbes familières, comme s’ils s’étaient quittés hier.
Ce n’est qu’après que leurs corps se soient retrouvés que leurs langues se délient et que les questions sont posées. Et c’est à cet instant que Mila prend conscience des nombreuses années qui séparent ce jour de leur dernière entrevue. A l’époque, ils étaient très jeunes, rêveurs, ambitieux. Elle rêvait de voyages, de photographie, et de surf. Elle ne se serait certainement jamais imaginée assistante de direction dans une grosse boîte, et pourtant … Elle aime son métier, réellement, et elle est reconnaissante à Channing de l’avoir engagé, malgré son absence de diplôme. Mais ce n’est pas le job de ses rêves. Elle se lève avec enthousiasme et bonne humeur le matin, ce qui reste le principal, mais il manque de la passion et de l’adrénaline.

« Tu es la directrice, quoi. C’est une boîte de quoi ? »

Mila ne peut s’empêcher de laisser échapper un petit rire : il est vrai qu’elle avait su se montrer indispensable au fil des mois, et elle savait que son travail donnait satisfaction. Elle était pourtant mal à l’aise avec les questions de Kai. Elle était ravie qu’il soit à Brisbane, et elle avait envie de le revoir, sans aucun doute. Mais Kai, c’était New York, la jeunesse, la folie. Elle imaginait mal son époux faire irruption dans sa vie australienne qu’elle s’était donnée de la peine à construire et à ordonner. Et surtout, surtout, elle ne l’imaginait pas mettre un pied au Walker Group, là où travaillait son boss, l’homme pour qui elle avait des sentiments à l’heure actuelle. Alors elle botte en touche, répond vaguement avant de changer de sujet.

« De l’architecture et de l’immobilier. »

Elle hausse les épaules avant de passer ses doigts sur les ecchymoses de Kai, l’interrogeant sur celles-ci et espérant que le jeune homme soit plus loquace que quelques minutes plus tôt, dans le hall de l’hôpital. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas déçue du voyage. Les mots qui franchissent les lèvres de son mari sont durs, crus, sans filtres. Il ne la ménage pas, et malgré la peine et l’inquiétude qu’elle ressent, elle ne peut que lui en être reconnaissante. Il lui fait confiance, toujours. Et si Mila n’est pas vraiment douée d’empathie, elle ne peut rester insensible aux révélations de Kai. Parce qu’il parle de torture, d’actes de barbarie, de tentative de meurtre. Parce qu’il est son mari, son amant, son ami. Parce que malgré la distance, il aura toujours une place à part dans son cœur, aussi désordonné et bancal soit-il. Alors elle ne peut empêcher une larme silencieuse de rouler sur sa joue, signe de son trouble intense.

« Je suis désolé aussi. Je voulais pas te mettre dans cet état. »

Elle frissonne à la douce caresse du pouce de Kai sur sa joue puis secoue la tête.

« Non … »

Non quoi ? Elle n’a pas l’habitude de faire ça, de s’ouvrir, de réconforter quelqu’un. Elle ne se retrouve habituellement pas dans ce genre de position. Ce n’est pas auprès de Mila que l’on s’épanche et que l’on se confie. Ce n’est pas à elle que l’on fait appel pour panser ses blessures et chercher du réconfort. Elle n’est que celle que l’on appelle pour s’amuser, pour une soirée ou deux, pour une nuit endiablée, pour une idée farfelue. Elle est celle qui ne recule devant aucun défi, celle qui peut tirer les autres vers le bas, comme elle l’a fait si souvent avec Kai, le petit démon sur l’épaule qui chuchote à l’oreille les propositions les plus indécentes. Alors, elle doit faire un effort surhumain pour tenter de trouver les mots et, malgré cela, elle est convaincue d’être maladroite.

« Tu sais que tu n’y es absolument pour rien, n’est-ce pas ? »

Elle avait lu des trucs dans des bouquins sur la culpabilité des victimes, des articles parmi tant d’autres qu’elle avait dévoré, sa curiosité la poussant à vouloir tout découvrir.

« Je te remercie de me l’avoir dit, de ta confiance … »

Ca voulait dire beaucoup pour elle, surtout après son absence de six ans, surtout après son retour à Brisbane sans donner la moindre nouvelle. Elle ne l’avouerait pas, mais elle était touchée qu’il lui ait révélé toute la vérité, comme si leur lien demeurait intact, malgré leur éloignement.
La suite des révélations du Luz est tout aussi glaçante : son agression a eu lieu à Brisbane, ici, dans un quartier qu’elle affectionne, il y a seulement quelques semaines, et tous les agresseurs n’ont pas été interpelés. Il en reste un dans la nature, un qui pourrait potentiellement se venger. En réalité, il en reste beaucoup d’autres à l’esprit étroit, dévorés par la haine et aux poings qui les démangent. Et soudain, elle a peur pour Kai. Et s’il lui arrivait encore quelque chose ? Et s’il était victime d’une nouvelle agression ici, à Brisbane ? Et si cette fois-ci, il ne s’en sortait pas ? Elle frissonne à ces pensées et se mord la lèvre inférieure pour ne pas les extérioriser : il devait connaître les risques sans qu’elle les lui rappelle d’une façon peu délicate. Et puis, les mots suivants prononcés par Kai la sortent de sa torpeur.

« J’ai été une vraie honte, Mila. J’ai pas su me défendre contre eux. »

Elle esquisse un sourire triste et passe sa main, doucement, sur le visage de son ami.

« Qui arrive à s’en sortir seul contre quatre ? »

Elle ne savait pas ce qui c’était passé, n’avait aucune idée du déroulement des faits, mais ne pouvait qu’imaginer le sentiment d’impuissance de Kai face à la supériorité numérique de ses agresseurs. Et puis, ils étaient peut-être également armés. Ne se serait-il pas mis davantage en danger s’il s’était rebellé ?
La brunette regrette quelque peu d’avoir reposé la question sur la provenance des ecchymoses de Kai. Elle regrette d’avoir insisté pour obtenir une réponse, et maudit sa curiosité. En le réinterrogeant, elle a gâché leur moment de tendresse qui suit habituellement un câlin. En le questionnant, elle a ravivé des souvenirs douloureux chez Kai, et sans doute peu profondément enfouis. En le sondant, elle s’est fait souffrir toute seule et la voilà maintenant dans une position délicate, celle de devoir réconforter l’homme pour qui elle a éprouvé tant de sentiments, à un moment ou à un autre, au cours de sa vie. Elle tâtonne, essaie, et se lance, lui affirmant qu’elle sera là s’il a besoin d’elle. Après tout, elle ne compte pas quitter Brisbane, et il a maintenant son numéro de téléphone : qu’il s’en serve. S’il ne le fait pas, d’ailleurs, elle en sera grandement vexée.

« Tu es franchement tolérante, je trouve. »
« Ouais, je trouve aussi. »

Les mots s’échappent spontanément de ses lèvres, sans qu’aucun filtre ne puisse les retenir. Il lui faudra plus que quelques minutes de douleur pour oublier l’affront qu’il lui a fait : venir ici, dans la ville dans laquelle elle a des attaches, sans la contacter. Non seulement elle n’est pas n’importe qui pour tout à chacun : elle est Mila, voyons ! Mais en plus, elle est sa femme à lui, son épouse, celle à qui il est lié jusqu’à sa mort. Elle est profondément vexée, et il faudra plus qu’un câlin sur le coin d’un bureau pour que Mila lui pardonne.

« Mais que veux-tu, j’ai promis : pour le meilleur et pour le pire. »

Elle est blessée, et son égo en a pris un coup, mais ce n’est pour autant qu’elle l’abandonnera. Elle ne l’aurait pas fait sans cette histoire d’agression, parce que Kai a une place particulière dans son cœur. Elle le fera encore moins maintenant qu’elle sait à quel point il souffre.

« T’es la seule qui sait me faire sentir vivant, Mila. T’as toujours été la seule à le faire, ça. »

Elle ferme un instant les yeux et secoue légèrement la tête, comme pour nier. Parce qu’une partie d’elle ne souhaite pas entendre de telles confidences, et qu’elle se demande s’ils sont devenus tellement nostalgiques en quelques années qu’ils violent, le temps d’une discussion, toutes les règles qu’ils s’étaient fixés. Parce qu’une partie d’elle souhaite que ce ne soit pas vrai, et qu’il connaisse ce sentiment avec quelqu’un d’autre, une autre femme, un autre homme, qui le ferait vibrer. Et parce qu’en même temps, une partie d’elle est flattée et ne peut qu’apprécier cette confidence, alors que la brunette a toujours été particulièrement jalouse des gens qui pouvaient tourner autour de son époux.

« Je veux me sentir de nouveau vivant avec toi. »

La brunette plonge son regard bleuté dans celui de Kai. Elle l’observe intensément, tente de le sonder. Elle tente de comprendre s’il parle de l’instant présent, ou d’une reprise de leur relation bancale sur le long terme. Elle tente de savoir s’il veut refaire vivre leurs défis, s’il espère peut-être que cette fois, ils se tireront vers le haut plutôt que vers le bas. Elle ne sait pas ce qu’il souhaite, mais elle est partante pour tout. Elle ne veut plus de ce silence pendant plusieurs années. Elle veut qu’il fasse partie de sa vie, qu’il y reste. Elle sent déjà le désir monter à nouveau en elle. Elle aimerait que leurs retrouvailles ne cessent jamais, que leur instant de complicité demeure. Elle est prête à s’offrir à lui à nouveau et pourtant, elle sait aussi cultiver son côté insaisissable, celui qui donne envie de la recontacter pour la revoir. Alors elle dépose un baiser sur les lèvres de Kai, un baiser doux, tendre, loin de la passion de ceux qu’ils ont échangé quelques minutes auparavant. Puis elle se laisse glisser du bureau et récupère son sac. La main sur la poignée de la porte, elle se retourne avant de s’engager dans le couloir.

« J’attends ton appel, Luz ! Et cette fois-ci, j’te l’pardonnerai pas si tu attends six ans ! »

Après avoir adressé à Kai un sourire amusé, elle s’éclipse, déjà prête à recevoir son coup de fil.


Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) Empty
Message(#)Le temps passe et parfois ne change rien (Kai) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Le temps passe et parfois ne change rien (Kai)