a match into water
Cassie Edwards & @Lena Edwards

Il lui aura fallu presque deux ans, pour se lancer. Le temps de s’acclimater à ce nouveau pays, à ce nouvel environnement et surtout d’être bien en place. Elle est à peine sortie de l’école et n’a pas tardé plus que de raison pour se trouver un job. Il faut dire qu’en s’étant fait tout un tas de contacts et en ayant un dossier comme le sien, ça n’a pas été difficile. Alors l’agence qui l’a embauchée a sorti le grand jeu en la mettant sur la route de Sterling et pour le moment, ça se passe à peu près comme elle l’attendait. Et puis surtout, il lui fallait partir de chez ses grand-parents et prendre son envol. Pas que ça se passe mal, mais elle a besoin de son indépendance et n’a pas envie de dépendre du couple plus que de raison. Elle aurait sûrement pu demander à son père de lui payer un studio ou un logement plus que décent, mais pour cette fois, elle a préféré se débrouiller et ne rien lui demander. Les études et le job, c’est fait, l’appartement, également, ne reste plus qu’une grande ligne à rayer de sa liste ; Lena. Cassie l’a laissée tranquille depuis son arrivée à Brisbane (non sans garder un oeil attentif et critique sur les réseaux sociaux et toutes les rumeurs qui traînent autour de l’aînée), mais il est temps que ça change. Leur relation n’a jamais décollé, au final elles ne partagent qu’un nom et un paternel, et clairement il est difficile de dire si ça sera amené à changer un jour prochain. Dans le fond elles se ressemblent, toutes les deux ont besoin d’être vues et remarquées, après tout on ne devient pas influenceuse quand on tient à sa tranquillité et à son anonymat.  
La solution de facilité aurait été de directement entrer en contact avec Lena, de lui envoyer un message via son Instagram ou de récupérer son numéro de téléphone via un contact en commun. Seulement, agir de la sorte, c’était aussi prendre le risque de se retrouver face à un simple vu et de n’avoir aucun retour, et toute personne connaissant Cassie sait qu’on ne lui refuse rien. Alors elle a préféré prendre les devants, a fait en sorte de se retrouver à une soirée organisée une connaissance en commun ; ça sera l’occasion d’une rencontre hasardeuse où l’aînée ne pourra pas se défiler ou inventer des excuses pour ne pas se trouver dans la même pièce. Pour le reste, ça sera de l’improvisation. Si elle est tout à fait honnête, elle ne sait même pas tellement ce qu’elle attend de sa demi-soeur, Cassie. Si l’autre lui accorde un peu d’attention et qu’elles se voient un coup de temps en temps, ça sera déjà pas mal. Et pas mal, ça devra être suffisant pour le moment.
Alors voilà, la salle est bondée d’influenceurs de tous horizons, de stylistes ou de représentants de grandes marques, chacun est là pour repartir avec quelque chose. Et que ça soit de nouveaux contacts ou une promesse de contrat juteux, ça n’a pas tellement d’importance tant qu’ils y trouvent leur compte. Et tant qu’à faire en attendant que Lena se pointe, Cassandra ne se prive pas pour faire des rencontres et élargir son répertoire de numéros VIP. Ça sera utile pour son rôle auprès du Sterling, ça le sera d’autant plus pour son propre intérêt personnel. En plus de ça, voilà que la première fille Edwards débarque enfin. Décidément, c’est rare les plans qui se passent aussi bien que ça. Elle patiente encore un peu, termine sa conversation actuelle et laisse le temps à la blonde d’arriver, s’agirait pas non plus de lui sauter dessus à peine la porte passée. Une fois le moment propice, Cassie s’avance et la rejoint. « Lena ? » qu’elle l'interpelle innocemment en adoptant son meilleur air surpris, l’expression digne des plus grandes comédiennes du moment. Quand la concernée se retourne, Cassie affiche un sourire poli et fait un léger pas en arrière. « Je t’ai presque pas reconnue, ça fait longtemps. » Faut dire que ni l’une ni l’autre n’a été particulièrement efficace en ce qui concerne la prise de nouvelles, chacune était bien trop occupée et trop peu intéressée pour se donner la peine d’essayer. « Comment tu vas ? T'as l'air en forme. » Elle pourrait continuer et faire genre de parler du reste de la famille, du reste de la fratrie ou de papa, mais toutes les deux savent que le sujet n’est pas forcément le meilleur à aborder pour des retrouvailles. Alors ouais, autant se lancer dans des banalités affligeantes et tester les eaux avant d’entreprendre quoi que ce soit d’autre. « Je savais pas que tu connaissais Darren, c'est dingue. » L’organisateur de la soirée est un peu une pointure dans le milieu de l’événementiel, bien sûr qu’elle le connaît et Cassandra le sait très bien.  

Les soirées s'enchaînaient et le planning de Lena se remplissait de plus en plus : une bonne nouvelle après la période de creux qu'elle commençait à voir s'éterniser. A croire qu'une overdose ne faisait pas une bonne pub, même dans un milieu réputé pour son lot de consommations et d'excès en tout genres. Elle avait travaillé dur pour se reconstruire une image et regagner la confiance d'un paquet de personnes et il semblait que les efforts avaient fini par payer puisque même ceux qui lui avaient tourné le dos l'accueillaient ce soir avec un large sourire, sûrement hypocrite d'ailleurs, mais a lui était égal. C'était la preuve qu'elle avait repris sa place et qu'ils ne pouvaient plus se permettre de la traiter comme ils l'avaient fait et c'était tout ce qui comptait. Elle s'éloignait d'eux avec un sentiment de satisfaction quand quelqu'un vint l'interpeller. Lena ? Elle se retournait, reconnaissant un timbre de voix qu'elle avait du mal à situer immédiatement dans son esprit. Je t’ai presque pas reconnue, ça fait longtemps. La blonde ne cachait pas sa surprise à la vue de sa demi sœur, qu'elle n'aurait pas imaginé croiser ici - ou nul pars d'ailleurs. Elle devait bien admettre avoir souvent pensé à elle et au reste de leur famille depuis quelques temps mais certainement pas au point d'avoir envie de les contacter ; à croire que le destin aimait jouer avec ses nerfs. Cass ? Lena savait que Cassie était sur le continent. Elle devait bien admettre qu'il n'y avait rien de surprenant à voir sa demi sœur en Australie ; sa cadette avait dû vouloir s'émanciper, voyager, et la facilité l'aura menée sur les terres de sa famille maternelle. Lena avait eu les mêmes inspirations et elle s'était fait la réflexion : leurs choix parfois similaires laissait penser qu'elles avaient plus en commun qu'elle n'avait bien voulu le croire. La différence majeure dans leur parcours résidait dans le fait que Cassie, elle, avait eu la chance de savoir qui rejoindre en Australie, quand Lena s'était retrouvée à devoir enquêter pour trouver les traces de sa mère. Encore aujourd'hui, elle ignorait si elle pourrait reprendre contact un jour, n'ayant réussi à retrouver la piste que d'un potentiel cousin. Si elle savait la jeune femme loin de l'Écosse, la surprise dans le fait de l'avoir croisée là résidait dans le fait qu'elle ignorait son lien avec le monde de l'évènementiel ou de l'influence - quoi qu'au vu de son caractère elle n'avait pas de mal à comprendre ce qui l'y attirait. A vrai dire, un follow réciproque sur les réseaux sociaux était tout ce qui les liait à l'heure actuelle, et Lena ne s'était jamais plaint de cette relation. Elle aurait voulu avoir une sœur avec qui partager un vrai lien fraternel, tout comme elle aurait voulu avoir une famille pour l'entourer. Mais voir Cassie était un rappel constant du sentiment que sa vie lui a été volée, et c'était loin d'être une sensation agréable. Et à cet instant précis, ne pas avoir plus d'informations sur les circonstances qui les avaient menées à se retrouver la laissait pensive. Comment tu vas ? T'as l'air en forme. La gêne de Lena était presque palpable ; le fait qu'elles jouent d'affligeantes banalités le prouvait. Le principal sujet qui les liait était un terrain miné qu'elles feraient mieux d'éviter pour que les choses se passent bien. Malheureusement pour elles, il n'existait pas de manuel qui décrivait les meilleures façons de se comporter dans leur situation. Je vais bien, merci. Elle lui servait évidemment la même réponse qu'à tous, le visage affublé du même sourire que d'habitude même si la réalité était bien différente. Inutile d'entrer dans les détails alors même qu'elle ignorait ce qu'il adviendrait d'elles maintenant que le contact était repris : Lena ne avait pour règle de ne jamais s'attendre à rien de quelqu'un qui partageait son nom de famille. De toute manière, elle même n'avait pas encore décidé si elle était contente de croiser sa demi sœur ou si elle était horrifiée de cette rencontre ; elle déciderait plus tard. Et toi ? Tu te plais ici ? Qu'elle demandait, vraiment curieuse de la réponse. Lena de son côté avait eu du mal à s'adapter au départ, surtout au climat qui était loin de celui qu'elle avait connu en Europe. Et puis peut-être qu'elle apprendrait que son passage ici n'était que temporaire, qu'elle finirait par rentrer et qu'elles pourraient retourner à leurs vies bien loin l'une de l'autre. Je savais pas que tu connaissais Darren, c'est dingue. Ce qui était un peu surprenant puisqu'elle s'était déjà affichée avec lui sur les réseaux. Soit elle mentait pour trouver un sujet de conversation, soit elle n'avait pas suivi toute la vie de Lena a distance sur internet ou via les médias : la deuxième possibilité l'arrangerait clairement, vu que des informations peu reluisantes sur elle avaient été relayées un peu partout. J'ai travaillé avec lui après avoir eu mon diplôme. Il lui avait appris beaucoup et elle avait mille anecdotes à raconter mais elle ne le ferait pas : elle était trop sur la défensive pour ça. Mais c'est moi qui suis surprise de te voir là. Je ne te savais pas du milieu. Elle ne savait pas grand chose sur Cassie au final, et avoir plus d'informations lui permettrait de mieux jauger la situation. Alors elle s'intéressait à elle. T'es là pour un boulot, ou tu accompagnes quelqu'un ?

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Cassie Edwards & @Lena Edwards

« Cass ? » Elle retient un tadaaa théâtral et se contente d’un hochement de tête accompagné d’un sourire poli et maîtrisé. Elles n’ont jamais été du genre à faire des effusions d’émotion en privé, c’est pas pour commencer dans un lieu public et huppé. « Je vais bien, merci. Et toi ? Tu te plais ici ? » Alors elles en sont vraiment là ? A partager le même sang et pourtant à échanger des trivialités comme de parfaites étrangères. Rien d’étonnant, en vérité. Le tout maintenant, c’est de saupoudrer le tout d’une bonne couche de faux semblants et ça passera très bien. Aux yeux de tous, ça sera un moment charmant, presque touchant. « Ca va ! C’est plutôt sympa, ouais. Pas tout à fait le même temps qu’à la maison mais on finit par s’y faire. » Qu’elle plaisante en haussant les épaules, désinvolte au possible. La pluie et le beau temps, toujours efficace pour meubler des conversations. Et en même temps, ce n’est pas si faux, ça a pris un petit moment pour s’acclimater totalement au changement plutôt radical. Mais voilà, elle ne s’attarde pas dessus, dévie sur le fameux Darren et tout de suite, ça peut devenir bien plus intéressant. « J'ai travaillé avec lui après avoir eu mon diplôme. » Cassie lâche un petit “oh” faussement surpris, agissant comme si elle n’avait pas déjà l’information en sa possession. « Mais c'est moi qui suis surprise de te voir là. Je ne te savais pas du milieu. » « Ouais c’est plutôt récent. » Ca fait combien de temps, qu’elles n’ont plus communiqué ? Si quelqu’un s’amusait à remonter leur historique de conversation, ça se résumerait à “bon anniversaire / joyeux noël ou encore bonne année”, des messages génériques et sans aucune âme, possiblement envoyé dans un tir groupé à tout le reste du répertoire. Néanmoins ça doit être plus que ce que Lena a échangé avec leur père au cours de ces dernières années. « T'es là pour un boulot, ou tu accompagnes quelqu'un ? » « Un peu des deux. Je bosse officiellement depuis quelques semaines et ce genre d’event c’est parfait pour se faire des contacts. J’suis venue avec Tyler mais je sais pas trop où il est parti. » Et par “venue avec Tyler” elle veut plutôt dire que c’est lui qui a ajouté son nom sur la liste des invités. Le concerné, elle l’a rencontré sur les bancs de la fac et il a réussi à se faire une place dans le milieu de la mode, sûrement plus lié à son titre de “fils de” plutôt qu’à un véritable talent. Il n’est pas mauvais dans ce qu’il fait, attention, mais il n’a aucune originalité qui le démarque de tous les autres sur le marché. « J’ai fais mes études à la Queensland Uni. Tout juste diplômée. » Elle est fière de son parcours, Cassie. Elle a charbonné pour que tout se passe bien, elle est ressortie avec un dossier qui frôle la perfection et elle a déjà trouvé un job qui lui plaît. Le reste, ce n’est plus qu’un chemin à suivre et une histoire à écrire. « J’aurai bien voulu qu’on puisse se revoir avant mais heu- C’était compliqué. » Entre celle qui a tendance à hyperfocus sur ses études tant que c’était pas dans la poche et celle qui ne faisait pas tellement d’effort de son côté pour donner des nouvelles au reste de sa famille, c’était compliqué de trouver un terrain d’entente. « Pour être honnête je sais même pas si t’avais vraiment envie que je vienne te courir après, t’avais sûrement mieux à faire. » Autant se dédouaner tout de suite. De toute façon elles le savent toutes les deux, que ça n’aurait rien changé. A la rigueur elles seraient sorties boire un café une fois tous les six mois et ça en serait resté là, alors autant éviter de faire des ronds de jambes inutiles.
 

Ca va ! C’est plutôt sympa, ouais. Pas tout à fait le même temps qu’à la maison mais on finit par s’y faire. Lena manqua de s'étouffer à entendre Cassie parler de "la maison" mais reprit ses esprits sans rien laisser transparaître. Voilà bien longtemps que de son côté elle n'avait pas parlé de l'Écosse comme étant chez elle et c'était mieux ainsi, car ne pas s'en détacher aurait fini par la rendre folle. C'est pour ce genre de détails qu'elle n'avait aucune envie de fréquenter sa demi sœur plus que nécessaire : elle n'était qu'une ancre qui la rattachait à un passé auquel elle refusait de repenser. Clairement ici les saisons font n'importe quoi. C'était d'ailleurs ce point qui avait le plus perturbé Lena à son arrivée en Australie. Les noël sans neige n'avaient certainement plus la même saveur ni la même magie qu'avant - ou peut-être était-ce l'effet de la solitude ? Ouais c’est plutôt récent. Alors elle s'intéressait à elle pour essayer d'en savoir plus. Un peu des deux. Je bosse officiellement depuis quelques semaines et ce genre d’event c’est parfait pour se faire des contacts. J’suis venue avec Tyler mais je sais pas trop où il est parti. Les parallèles entre leurs deux vies avaient le don d'irriter Lena, qui se demandait si Cassie faisait exprès de suivre ses traces ou si elles avaient simplement les mêmes ambitions. Une question qu'elle creuserait peut-être à l'avenir. T'as bien raison, un bon réseau c'est important dans ce domaine. C'est pour ça que je suis là aussi. Je viens de me mettre à mon compte. Si elle ne combinait pas sa carrière avec une double vie d'influenceuse, elle ne se serait jamais permis de lâcher son emploi pour se lancer seule aussi tôt. Mais elle avait déjà pu faire ses preuves et certains clients l'avaient suivi dans cette aventure, alors elle avait tout à gagner a essayer. Et pour Tyler, tu finiras sans doute par le trouver pas trop loin d'un des deux bars. Lena avait entendu parler de lui et dans le genre businessman, il n'était pas le plus doué. Ceux qui lui rôdaient autour espéraient surtout profiter du rayonnement de la notoriété de son père à travers lui, tout en étant conscients qu'il était plus du genre à profiter de ces soirées pour s'amuser que pour décrocher des contrats. J’ai fais mes études à la Queensland Uni. Tout juste diplômée. - Félicitations ! Elle était sincère Lena. Cassie et elle avaient beau ne pas partager la meilleure des relations fraternelles, elle n'avait aucune raison de vouloir la voir échouer dans son parcours. J’aurai bien voulu qu’on puisse se revoir avant mais heu- C’était compliqué. Et encore, c'était un euphémisme.  Oh, euh... ouais c'est sûr. Lena n'avait fait aucun effort pour reprendre contact avec Cassie. Au contraire, elle s'était même trouvée une nouvelle famille avec Jordan, auquel elle était liée par le sang de sa mère. Bâtir une relation en partant de zéro lui avait semblé bien plus simple que d'essayer de se battre pour avoir dans sa vie une sœur qu'elle connaissait à peine. Pour être honnête je sais même pas si t’avais vraiment envie que je vienne te courir après, t’avais sûrement mieux à faire. Au moins elle était honnête et c'était appréciable. C'est vrai que j'ai été pas mal occupée. Trop pour se lancer dans une quête pour se rapprocher d'elle en tout cas. Mais ça fait plaisir de te voir. Elle ne mentait pas : ce n'était pas parce qu'elle n'avait aucune envie de se rapprocher d'elle de trop prêt qu'elle n'était pas contente de voir Cassie pour avoir quelques nouvelles. Si elle pouvait éviter qu'elle ne s'impose de trop dans sa vie, par contre, ça l'arrangerait clairement. Et du coup tu t'installe définitivement ici ? Depuis qu'elle était en Australie elle disait à qui voulait bien l'entendre qu'elle n'avait plus de famille. Et peut-être qu'elle avait tort de se braquer à ce sujet, mais elle n'espérait plus voir cet état de fait changer.

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Cassie Edwards & @Lena Edwards

« Clairement ici les saisons font n'importe quoi. » « Et les bestioles j’t’en parle même pas. » A croire que tous les pires rampants ont été placés dans ce pays, pas le moins dérangés par la chaleur et le climat rude. « Mais pour le reste, ça va. » Y a quand même pas mal plus d’opportunités ici qu’à Edimbourg, faut être honnête. Alors voilà, elles “rattrapent” le temps perdu, s’échangent des banalités sous forme de mise à jour sur leurs vies respectives et puis ça a presque l’air suffisamment naturel pour tromper tout le monde. « T'as bien raison, un bon réseau c'est important dans ce domaine. C'est pour ça que je suis là aussi. Je viens de me mettre à mon compte. » La cadette acquiesce, décidément. « Tu fais quoi exactement ? » Curieuse en plus d’être intéressée, elle est prête à écouter avec la plus grande attention qui soit. « Et pour Tyler, tu finiras sans doute par le trouver pas trop loin d'un des deux bars. » Par pur réflexe, Cassie, jette un coup d’oeil par-dessus son épaule, ne cherchant même pas spécialement après le concerné. C’est plus histoire de repérer les lieux pour plus tard qu’autre chose. « Ouais, j’irai faire un saut plus tard, y a pas d’urgence. » Et puis ça serait extrêmement impoli de planter sa demi-soeur ici pour aller retrouver le fameux Tyler. Encore que, si la conversation devient trop rapidement étrange ou malaisante, écourter la rencontre sera peut-être une bonne idée. Au moins, elles sont suffisamment lucides pour ne pas évoquer les sujets qui fâchent ; le paternel, leur passé commun. Ca reviendra peut-être un jour si elles se côtoient plus régulièrement, à moins qu’elles ne se contentent de cette unique rencontre. « Félicitations ! » « Merci. » Le sourire poli qui accompagne est maîtrisé, comme s’il avait été répété des milliers de fois auparavant. Et c’est le cas. C’est aussi la bonne occasion pour s’excuser de ne pas s’être manifestée avant. Parce qu’un diplôme universitaire, ça ne se passe pas en quelques semaines. « Oh, euh... ouais c'est sûr. » Qui sait, elles auront peut-être l’occasion d’apprendre à se connaître ici, loin des attentes paternelles trop exigeantes. « C'est vrai que j'ai été pas mal occupée. » Elles l’ont été toutes les deux, n’ont de toute façon pas vraiment cherché à reprendre contact ou à le garder, autant dire que la faute est partagée. Elles ont beau être différentes, les filles Edwards, elles restent tout de même similaires à bien des niveaux. « Mais ça fait plaisir de te voir. » « Pareil. » C’est même pas faux, en plus. « Et du coup tu t'installe définitivement ici ? » « Définitivement je sais pas trop. Pour le moment je bouge pas, je viens de commencer à bosser avec Midas. Sterling. T’sais, le chanteur. » Dire qu’elle bosse pour lui serait plus exact, mais quitte à enjoliver un peu la réalité, autant ne pas se gêner. Et puis ce poste d’assistante, il est provisoire, juste le temps de remplir son carnet d’adresses, de s’habituer à cet univers avant de faire le grand saut. Aucune idée de combien de temps ça va pouvoir prendre, mais elle est confiante dans le fait que ça arrivera. « Du coup pour la suite on verra. » Qu’elle ajoute avec un sourire. « Et toi alors ? T’as fini par te poser pour de bon ou tu veux encore bouger ? » Elle ne demande même pas si elle compte retourner en Ecosse voir leur père un jour, parce qu’elle se doute déjà plus ou moins de la réponse, Cassie.
 

A tous points de vus, l'Australie était un merveilleux endroit où vivre, où repartir de zéro et se reconstruire. La beauté de ses paysages et sa situation isolée à l'autre bout du monde en faisaient un petit coin de paradis aux yeux de Lena, si on omettait l'un ou l'autre détails comme la façon dont les saisons passaient. « Et les bestioles j’t’en parle même pas. » Lena ne pouvait qu'acquiescer chaudement ; au moins, en Écosse, elle ne risquait pas sa vie à chaque fois qu'elle croisait un insecte. « Mais pour le reste, ça va. » Si ce n'était pas le cas elles ne seraient certainement pas là, face à face à cette soirée. Heureusement, la flore était un point surmontable, surtout qu'elles vivaient en ville et pas en pleine cambrousse. « Tu fais quoi exactement ? » Elle fut un peu surprise de voir sa demi soeur s'intéresser à elle à ce point, agréablement. « De l'évènementiel, majoritairement pour des sociétés artistiques. Je bosse pas mal avec la maison de disques Fitzgerald pour leurs évènements par exemple. » A la façon qu'elle avait eu de prononcer ces mots ça sonnait un peu pompeux sans qu'elle n'en ait l'intention. « C'est vraiment intéressant. » Ça lui permettait de rencontrer du monde, de se sentir utile et importante aussi. C'était peut-être futile, mais elle avait la sensation que ça lui donnait une place dans la société, qu'elle pouvait être respectée de cette façon. Pas comme Tyler, qui avec sa réputation de pilier de bar, ne brillait pas par sa renommée. « Ouais, j’irai faire un saut plus tard, y a pas d’urgence. » Lena hochait la tête en observant au loin le bar avant de se concentrer à nouveau sur Cassie pour la féliciter lorsque le sujet du diplôme vint sur le tapis. « Merci. » Elle avait la sensation d'être à un dîner de famille gênant, pendant un instant ; ceux qui servent à se donner une fois de temps en temps des nouvelles mais qui pour autant ne parviennent pas vraiment à rapprocher les gens. Pour autant, elles semblaient l'une et l'autre sincères lorsqu'elles se réjouissaient de ces retrouvailles. « Pareil. » Le pensaient-elles vraiment ? Sur ce point, Lena avait encore à réfléchir. « Définitivement je sais pas trop. Pour le moment je bouge pas, je viens de commencer à bosser avec Midas. Sterling. T’sais, le chanteur. » « Ah oui, c'est pas rien. » Fitzgelard, Sterling... elles étaient là, à balancer des noms comme si le but de leur échange était de développer leur c.v et de faire leur pub ou d'impressionner l'autre. Et en même temps, au fond, il y avait de ça : il faut dire qu'elles avaient toujours été mises en compétition, d'une certaine façon. Pas certain que Lena réussirait un jour à passer au delà de ça vu qu'elle avait le mauvais rôle depuis toujours, celui de celle qui ne serait jamais "assez" pour quiconque. Mais ce n'était pas le moment de se lancer dans une conversation à ce sujet - d'ailleurs ça ne le serait jamais - alors elle se contentait de constater la chose. « Du coup pour la suite on verra. Et toi alors ? T’as fini par te poser pour de bon ou tu veux encore bouger ? » Au moins sur ce point les choses étaient plutôt claires pour Lena. « C'est ici chez moi maintenant. J'ai des projets de voyage mais je pense que même si je finissais par déménager, Brisbane resterait toujours mon point de chute. » Ce qui signifiait qu'elles risquaient de se croiser à l'avenir, gravitant dans les mêmes sphères. Une nouvelle qui ne réjouissait pas la blonde mais qui, au vu de cet échange plus sympathique que ceux à quoi elle s'était attendu, ne lui faisait plus peur. « Tu vas sûrement devoir voyager toi aussi, à suivre ton chanteur ? »

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Cassie Edwards & @Lena Edwards

« De l'évènementiel, majoritairement pour des sociétés artistiques. Je bosse pas mal avec la maison de disques Fitzgerald pour leurs évènements par exemple. » « Oh, » effectivement, ça a l’air plutôt sympa comme boulot. « C'est vraiment intéressant. » « J’imagine ouais. Et puis tu dois voir du beau monde. » T’as beau être supposée rester pro en toutes circonstances, tu n’en restes pas moins la meuf qui avait des posters de toutes les célébrités possibles et imaginables sur les murs de sa chambre alors qu’elle était ado. Ça arrivait par période, certains restaient plus ou moins longtemps que les autres, mais les faits sont là. « C’est qui la personne que t’ancitipais le plus de rencontrer ? » Y a un adage qui dit de ne jamais rencontrer ses héros, que c’est souvent décevant parce qu’on a tendance à les idéaliser et à s’imaginer tellement de choses à leur sujet, à leur prêter tellement d’intentions que lorsqu’ils se retrouvent en face, c’est soit des gros cons soit complètent l’inverse de l’image qu’ils renvoient. Rien de pire qu’une telle désillusion et t’es sûre que t’en auras plus d’une en bossant dans ce milieu. Mais t’es préparée, tu sais à quoi t’attendre et t’as pas non plus une liste si grande que ça de gens que tu veux vraiment rencontrer. « Et surtout, est-ce que c’était à la hauteur de tes attentes ? » Curieuse, tu continues sur ta lancée, souhaitant silencieusement que la réponse soit positive.
De ton côté, tu parles de ton boulot à toi, de la star dont tu es devenue l’assistante, pas peu fière de cet accomplissement qui ne fait que débuter ta carrière que tu sais déjà vouée à de grandes choses. « Ah oui, c'est pas rien. » « T’as vu ? » Grand sourire placardé sur le visage, tu ne peux t’empêcher de te délecter des réactions que ça suscite. Certes, ça sera plus impressionnant présenté à quelqu’un qui n’a pas l’habitude de ce milieu, mais quand même.
« C'est ici chez moi maintenant. J'ai des projets de voyage mais je pense que même si je finissais par déménager, Brisbane resterait toujours mon point de chute. » « Ah ouais ? Genre t’as trouvé ce que tu cherchais ou… » Ou plutôt qui elle cherchait, à la base. La question est indiscrète sans être trop intrusive, Lena a l’occasion de dévier sur la raison qu’elle veut et qui l’arrange. Si ce n’est pas sa mère, ça sera un ou une partenaire, quelqu’un de suffisamment intéressant pour justifier qu’elle ait envie de rester là. Son boulot, t’y crois moyen, elle a la chance de faire quelque chose d’assez permissif pour ne pas avoir à rester à un seul endroit le reste de sa carrière. Un peu comme toi, au final. Ou alors peut-être qu’elle est juste tombée amoureuse du pays, pour ce que tu en sais. Bref, ce ne sont pas les raisons qui manquent, elle a le champs libre et tu ne seras pas celle qui viendra questionner ses motivations. « Tu vas sûrement devoir voyager toi aussi, à suivre ton chanteur ? » « J’y compte bien ! » Que tu réponds avec un enthousiasme à peine dissimulé. Voir le monde, parfaire ton vivier de contacts, faire en sorte de saisir les opportunités dès qu’elles se présentent, le tout bien évidemment en faisant le job pour lequel t’es payée. Pour l’heure, tu dois encore faire tes preuves auprès des équipes du chanteur, l’inconvénient d’être jeune et de tout juste sortir de l’école, c’est qu’ils sont peu à te prendre véritablement au sérieux. Mais c’est pas grave, tu prends note et tu sauras te souvenir de celles et ceux qui t’auront laissé une chance. « Après je sais pas tellement si je compte m’installer ici ou pas, tout dépendra des opportunités, j’imagine. » Certes, tu es plutôt contente à l’idée d’enfin être dans le pays qui a vu naître ta mère, de pouvoir passer du temps chez tes grands-parents, mais ton écosse natale te manque, parfois. L’avantage de ton boulot, c’est qu’il paye plus que bien et qu’en un rien de temps, tu pourras négocier les congés que tu veux pour rentrer au bercail le temps de te ressourcer. Pour autant, t’as surtout l’intention de profiter pour voir le monde et ton rêve ultime serait sûrement Los Angeles et toutes les promesses que ça peut offrir. « Dans le meilleur des cas, j’aimerai faire du cinéma un jour. » La concurrence est rude et tu le sais, c’est bien pour ça que tu comptes mettre à profit le temps passé aux côtés de Midas pour commencer à te faire un nom.
 

« Oh, J’imagine ouais. Et puis tu dois voir du beau monde. » Cassie était elle en train de s'intéresser à Lena uniquement pour avoir accès à son potentiel carnet d'adresses ? Elle osait espérer que non mais après tout elle n'avait pas tellement de mal à imaginer ça de sa demi sœur. Porter de fausses accusations n'aurait clairement rien amené à ce stade de la conversation alors Lena avait répondu sans spécialement calculer ses propos, choisissant de croire que l'intérêt que Cassie lui portait était sincère et sans arrière pensée. « J'en suis pas encore au stade de bosser pour des célébrités de renommée mondiale quand même, mais j'ai pu croiser des personnes importantes c'est vrai. » Elle hochait la tête machinalement comme pour appuyer ses propos et la fierté qui découlait de ce parcours qu'elle s'était forgé seule. « C’est qui la personne que t’anticipais le plus de rencontrer ? Et surtout, est-ce que c’était à la hauteur de tes attentes ? » Lena prit une seconde pour réfléchir mais un nom lui vint en tête assez naturellement. Il ne s'agissait ni d'un acteur ni d'un chanteur mais d'un artiste/homme d'affaires avec une certaine notoriété. « Y'en a des tas. Mais là sans trop y réfléchir je dirais James Weatherton, le directeur artistique de la maison de couture de luxe. J'ai eu l'opportunité de le rencontrer récemment et j'ai rarement autant stressé avant de voir quelqu'un, surtout avec sa réputation. » Ses services avaient proposé à Lena de venir parce qu'ils avaient des propositions professionnelles à lui faire, visiblement quelque chose avait mal tourné puisqu'elle avait fini par ne plus avoir aucune nouvelle de leur part. « Je dirais pas que ça a comblé mes attentes par contre, que ce soit humainement ou professionnellement. Surtout que ça n'a rien donné au final. » En même temps James était un sacré personnage, on l'avait prévenue. C'était au tour de Lena de s'extasier sur le parcours de sa demi sœur. « T’as vu ? » A croire que l'envie de côtoyer les sphères de la haute société était inscrite dans les gènes. Tout comme l'envie de venir explorer l'Australie, d'ailleurs. « Ah ouais ? Genre t’as trouvé ce que tu cherchais ou… » Si elle avait pu fuir la conversation sans passer pour une folle, Lena, elle l'aurait fait. « Non je peux pas vraiment dire ça. » Elle était clairement mal à l'aise et elle n'avait aucune envie de développer ce genre de sujets avec Cassie. « J'ai ni famille ni quelqu'un qui m'attend chez moi le soir, si tu veux tout savoir. » Qu'elle avait lancé d'un ton un peu sec, avant de se reprendre et d'afficher un léger sourire. « C'est juste que pour le moment j'ai aucune envie de recommencer à zéro encore une fois dans un endroit que je connais pas. Et vu que je ma plais ici, j'ai pas de raison de le faire. » Elle aurait d'ailleurs tout donné pour n'avoir jamais à le faire, mais elle y avait été forcée, l'Écosse ne représentant pas le foyer dont elle aurait rêvé. Un point qui les opposait elle et Cassie, d'autant plus que sa benjamine ne semblait pas vouloir vraiment se poser. « J’y compte bien ! Après je sais pas tellement si je compte m’installer ici ou pas, tout dépendra des opportunités, j’imagine. » « C'est sûr qu'il faut rester ouvert d'esprit. » Surtout dans le genre de métiers qu'elles s'étaient toutes deux choisi. « Dans le meilleur des cas, j’aimerai faire du cinéma un jour. » Ses yeux s'écarquillaient, surprise. « Ah ouais ? Je savais pas. » Leur relation n'était pas de celles où on parle de ses rêves d'avenir ou de ses envies, bien sûr qu'elle ne pouvait pas le savoir. Mais elle aurait pu s'en douter, vu comme Cassie avait toujours aimé le devant de la scène. « Je te souhaite d'y arriver si c'est vraiment ce que tu veux. Les places sont chères dans le domaine et je me demande si ceux qui y parviennent sont pas juste des chanceux. » Surtout au vu du talent discutable de certains acteurs connus. « Ou des pistonnés. » D'où l'importance de se faire toujours plus de réseau.

a match into water
Cassie Edwards & @Lena Edwards

« J'en suis pas encore au stade de bosser pour des célébrités de renommée mondiale quand même, mais j'ai pu croiser des personnes importantes c'est vrai.  » « Ca arrivera, j’en suis sûre. » T’as même carrément aucun doute sur le sujet. Elle est douée dans ce qu’elle fait, Lena. Si ce n’était pas le cas, elle n’en serait pas là aujourd’hui, alors t’es certaine qu’avec un peu plus de temps, elle atteindra des sommets et sera amenée à côtoyer les plus grands. « Y'en a des tas. Mais là sans trop y réfléchir je dirais James Weatherton, le directeur artistique de la maison de couture de luxe. J'ai eu l'opportunité de le rencontrer récemment et j'ai rarement autant stressé avant de voir quelqu'un, surtout avec sa réputation. » Bien évidemment, le nom est familier, toute personne s’intéressant un tant soit peu à la mode de nos jours l’a forcément entendu. T’irais même jusqu’à dire que t’es une bonne cliente, quand bien même tu n’as pas encore eu l’occasion de rencontrer l’homme en question. « J’imagine, oui. » Mais le stress, ça se maîtrise pour sauver les apparences. « Je dirais pas que ça a comblé mes attentes par contre, que ce soit humainement ou professionnellement. Surtout que ça n'a rien donné au final. » « Oh, dommage. » Dommage, oui. Mais au moins elle a un numéro prestigieux dans son répertoire et ce n’est pas rien. Si ça n’a pas fonctionné la dernière fois, ça réussira forcément la prochaine ou celle d’après. Le tout c’est de persister et de continuer d’essayer, les efforts finiront forcément par payer. « Non je peux pas vraiment dire ça. » Une moue déçue se dessine sur ton visage mais tu ne la coupe pas pour autant. « J'ai ni famille ni quelqu'un qui m'attend chez moi le soir, si tu veux tout savoir. » C’est d’une tristesse, vraiment. D’un côté, t’as de la peine pour elle et de l’autre, tu ne peux que te dire qu’elle a choisi cet exil alors que le reste de sa famille se trouvait de l’autre côté du globe. Papa a un jour dit que Lena était une jeune femme indépendante, qu’elle préférait sûrement la solitude aux siens et que c’était pour cette raison qu’elle n’avait jamais essayé de s’intégrer dans sa nouvelle fratrie. Petite, tu te contentais d’acquiescer sans en comprendre le sens, sans réussir à saisir la portée de ses mots. Aujourd’hui et avec le recul, tu en arrives à ne plus trop te demander qui d’elle ou de lui a le plus repoussé l’autre. Avec l’historique du vieux qu’il a pris tant de soin à essayer de cacher aux yeux de tous et de faire oublier, la réponse logique coule de sens. Lena est le vilain petit canard, elle l’a toujours été et ce n’était certainement pas un choix de sa part. « C'est juste que pour le moment j'ai aucune envie de recommencer à zéro encore une fois dans un endroit que je connais pas. Et vu que je ma plais ici, j'ai pas de raison de le faire. » Elle continue et tu acquiesces, véritablement contente pour elle qu’elle ait plus ou moins réussi à se faire une place malgré tout. « J’imagine que depuis le temps, t’as dû te faire une place oui. » Un cercle d’amis, des proches choisis, tout ça. « J’espère que tu trouveras, quand même. » T’ajoutes un mot d’encouragement, histoire de, ça ne mange pas de pain. « Ah ouais ? Je savais pas. » Léger haussement d’épaules. « T’inquiète, c’est pas comme si on en avait déjà discuté un jour. » Elle remonte à quand votre dernière conversation, d’ailleurs ? Et par conversation, tu entends vous deux seules. Les rares fois où Lena revenait à Edimbourg, il y avait toujours les autres ou alors le paternel dans les parages, tous prêts à intervenir à la moindre opportunité de pouvoir placer une anecdote ou une autre. Tu comprends pourquoi elle a fini par s’éloigner, tu comprends aussi pourquoi vous n’avez jamais vraiment eu l’occasion de tisser des liens solides. « Je te souhaite d'y arriver si c'est vraiment ce que tu veux. Les places sont chères dans le domaine et je me demande si ceux qui y parviennent sont pas juste des chanceux. Ou des pistonnés. » « Merci, » presque touchée par sa sollicitude, tu lui adresses un sourire en acquiesçant. « Je sais bien que ça ne sera pas de tout repos, mais j’ai confiance. » En toi et en ton talent, principalement. Le reste, ça viendra. Il suffira juste de faire les bonnes rencontres, de côtoyer les bonnes personnes et ton heure viendra, ce n’est qu’une question de temps. Alors que t’étais sur le point de continuer les banalités, une main vient se poser sur ton épaules. Ton regard se pose sur l’opportun et tu reconnais un type avec qui t’as fait tes classes. Il salue Lena au passage avant que tu n’enlaces le type pour le saluer d’une façon trop enthousiaste pour être tout à fait honnête, mais c’est comme ça dans le milieu. Il indique que d’autres gens de ta promo se trouvent avec un énième créateur réputé et tu vois une autre opportunité. « Heum, je vais pas te déranger plus longtemps, » tu dis à l’adresse de Lena qui va sûrement se trouver plus soulagée qu’outragée à ton départ soudain. « Ca m’a fait plaisir de te voir, » tu répètes une nouvelle fois. « Ah, au fait, t’as toujours le même numéro ? Si jamais tu veux qu’on se prenne un café ou quoi à l’occasion, histoire de rattraper le temps perdu tout ça… » Ca fera meilleur genre de la contacter sur son téléphone plutôt que par un vieux DM Insta.