You turn wrong when you turn right
@Midas Sterling ☆ crédit/harley

Jo savait qu’elle devait mettre son sarcasme de côté, seulement il irradiait dans ses pensées pendant qu’elle prenait conscience que, quoi que Midas lui dirait, elle garderait la sensation désagréable d’avoir été prise pour une idiote. Ce n’était même pas la peine de relever chaque mot de sa défense en espérant pouvoir obtenir la maigre consolation de le placer face à ses contradictions en ouvrant sa grande gueule comme elle le faisait d’ordinaire, puisqu’elle savait dans tous les cas qu’il venait de mettre en exergue une certaine forme de méfiance à son égard au point de ne pas être capable de lui parler de ses secrets, et que ça la blessait beaucoup trop pour qu’elle ne veuille pas en plus le pousser à lui démontrer qu’il avait eu raison de vouloir la garder dans l’ignorance tant elle était incapable de se comporter en adulte. De fait elle la ferma, rongeant son frein en laissant ses pensées persiffler pendant un temps, les yeux perdus entre plusieurs points dans le décor qu’elle fixa pour ne pas avoir à le regarder.
Tu vas me les faire signer à moi aussi, ces papiers ? ça lui traversa la tête de lui poser la question avec défiance, sauf que ça appuyait en même temps sur l’offense qu’il lui avait faite en la regardant droit dans les yeux ce soir-là, quand elle s’était retrouvée face à Posy en se demandant ce qu’elle fichait avec lui au studio — pour lui dire qu’il s’agissait de sa nièce, qu’il n’y avait absolument rien de bizarre dans le simple fait de passer du temps avec elle, que c’était ce qu’on faisait dans les familles normales Jo, tu sais pas comment ça fonctionne ? Elle aurait dû être moins conne, suivre son instinct et camper sur celui qu’elle avait eu que non, ce n’était pas normal. Mais à donner le bon Dieu sans confession à ceux qu’on aime, on perd de vue l’idée que personne n’est parfait et la vérité, c’était qu’à le mythifier pendant toutes ces années, comme toutes ces groupies qui traînaient dans son sillage, elle avait fini oublier qu’il n’était qu’un homme et qu'il avait des défauts.

"Mais tu l’as pas fait." Ce n’était pas les occasions qui avaient manqué pourtant, c’est tout ce qu’elle réussit à articuler d’un peu cinglant lorsqu’il lui assura avoir eu envie de lui dire en précédant sa phrase d’une confirmation que ça aurait pu encore durer longtemps, que la décision ne lui appartenait pas uniquement. Elle voulait bien le croire à ce sujet. Mais dans les faits, ça ne changeait pas grand-chose : il lui avait menti, point.
Elle ajouta, haussant les épaules en même temps "T’as attendu d’être au pied du mur pour le faire, et j’arrive à comprendre pour quoi dans le fond, c’est vrai." Opinant du chef pour marquer sa certitude et sa bonne foi, elle insista pour qu’il sache qu’elle n’était pas complètement stupide malgré ce qu’il semblait croire, et qu’elle était tout de même en mesure de prendre de la hauteur pour admettre que ça craignait pour une enfant de cet âge d’être sur le devant de la scène à cause de la notoriété d’un de ses parents — il n’avait pas besoin de lui expliquer pourquoi en effet "Mais mets-toi à ma place juste le temps de te demander comment toi, tu le prendrais." Si elle avait attendu des mois pour lui parler de quelque chose d’aussi important, si elle avait attendu que quelque chose de concret se passe entre eux, quoique ce c'était vraiment, si elle avait soudainement sorti une carte de sa poche en lui disant tiens au fait, un détail : je suis maman. Elle secoua la tête, ne préférant même pas lui faire remarquer à quel point c’était tordu d’admettre que cacher sa fille était si naturel pour lui que ça surpassait son désir de mettre au courant ceux à qui il tenait. Elle avait brièvement eu la prétention de faire partie de ce lot-là Jo, mais ce n’était un secret pour personne qu’elle s’octroyait des privilèges sans demander son reste et que ça lui revenait à la gueule au moins une fois sur deux de penser qu’elle valait le coup qu’on lui cède le ciel et ses étoiles.

Après lui avoir admis qu’elle ne savait pas quoi lui dire, et qu’il lui répondit qu’il ne lui demanderait pas de garder le secret, arguant savoir ne pas avoir besoin de le faire, ça la fit rire légèrement "Ouais, je suppose que j’ai passé la phase-test à partir du moment où j’ai cru à tes salades sans me poser plus de questions alors que tu me mentais en me regardant droit dans les yeux. Sur ce coup, ça doit jouer en ma faveur de manquer de discernement dès qu’un truc sort de ta bouche." Je suis vraiment trop conne, c’est ce qui aurait pu compléter sa phrase si elle n’avait pas tendu de nouveau la main pour reprendre la casquette de Midas entre ses doigts pendant qu’elle essayait de remettre de l’ordre dans la liste de questions qu’elle avait établi ces derniers jours sans réussir à savoir laquelle serait la meilleure à poser en premier.
Il sembla lui souffler la bonne réponse lorsqu’il mentionna la mère de sa fille. Tournant la tête vers lui pour accrocher son regard avec le sien, elle lui demanda, presque prudemment, clairvoyante quant au fait que dans tous les cas, la réponse ne lui plairait pas, et ce pour un tas de raisons qu’elle n’avait pas besoin de lui expliquer, si ? "T’es resté longtemps avec elle ?" Et évidemment, qu’elle eut un tout petit rire, vaguement goguenard, expulsé par le nez, lorsqu’il minimisa presque le rôle qu’elle tenait dans sa vie, cette femme dont elle ignorait l’identité. Jo abandonna ce qu’elle était en train de faire pour se caler contre le dossier de son assise, pivotant légèrement dans l’angle formé par la banquette et le mur derrière elle pour pouvoir le regarder quand elle lui dit, triturant ses doigts les uns avec les autres, suivant avec leur pulpe les vestiges de sa nuit passée à se défouler sur les capsules de ses faux-ongles "C’est tout ce qu’elle est, comme si c’était pas grand-chose, comme si t’avais pas tenu assez à elle pour accepter d’avoir un enfant et de l’élever avec elle." Son sourire narquois ne s’effaça pas tout de suite, d’autant qu’elle ajoutait en détournant brièvement la tête pour regarder passer un employé du carré VIP faire immersion dans la pièce, ce qui lui fit baisser la voix et continuer en chuchotant "Je suis pas la nana la plus fleur bleue du coin, mais tu sais que pour la majorité des gens, c’est le summum de la preuve d’amour ?" Et c’était puéril, forcément que ça l’était, mais c’était le genre d’argument brise-coeur qui plaçait d’emblée cette femme dans la liste de ceux qu’elle ne pourrait probablement jamais apprécier. Après une seconde, une fois que son sourire de composition disparut pour de bon, elle osa enfin lui demander "Je la connais ?"

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« Mais tu l’as pas fait.  » Non, je ne l’ai pas fait. Et je ne répète pas que la décision ne m’appartient pas à moi seul pour une bonne raison : ce serait hypocrite. Je n’ai pas demandé à Marley son autorisation pour mettre Jo dans la confidence et essuyé un refus. Marley ignorerait que Jo fait à nouveau partie de ma vie et qu’elle a croisé Posy si cette dernière n’avait pas dit avoir parlé avec la jolie chanteuse de la télé la dernière fois que je l’ai ramené chez sa mère. Dans ces conditions, pourquoi n’ai-je pas dit la vérité ou, en tout cas, pourquoi n’ai-je pas projeté de le faire une fois que tous les détails réglés avec la mère de ma fille ? « T’as attendu d’être au pied du mur pour le faire, et j’arrive à comprendre pourquoi dans le fond, c’est vrai. » Je crois que la réponse tient en un seul mot : lâcheté, et je m’en veux, au fond. Je m’en veux de ne pas avoir fait en sortie d’éviter la première rencontre entre Jo et Posy et de ne pas lui avoir présenté cette dernière qu’un fois prêt à lui dire toute la vérité. Les choses auraient été faite dans un ordre plus sain, plus respectueux de la place qu’elles occupent toutes les deux dans ma vie. « J’en sais rien Jo. Je t’ai menti la première fois parce que j’ai été pris de court. » Pas par sa visite – j’étais surpris et ravi qu’elle se sente assez à l’aise pour reprendre petit à petit contact et passer à l’improviste – mais par le fait qu’elle tombe pile l’une des rares fois où ma princesse était avec moi au studio. « Mais mets-toi à ma place juste le temps de te demander comment toi, tu le prendrais. » - « Je suis désolé Jo. Tout ce que je peux te dire, c’est que ça avait tout à voir avec le bien être de ma gosse, rien avec toi… » Je prends brièvement mon visage dans mes mains, avant de redresser la tête et en gardant une main derrière ma nuque. Je me sens con, je ne sais pas où me mettre et, surtout, je n’arrive pas à la regarder dans les yeux trop longtemps d’affilé. J’ai honte qu’elle l’ai appris comme ça. « Je voulais être celui qui te le dirait. Je voulais pas que ça te tombe dessus comme ça. » Pour ça aussi, je suis désolé. Les choses auraient dû se passer autrement. Elle a dû se sentir prise au piège par l’arrivée d’Olive avec Posy, ce que je n’avais pas anticipé. « Posy est une enfant géniale. Je voulais vous présenter en bonne et due forme, pour que tu puisses le voir toi aussi. » Et pour pouvoir également mettre des mots sur la relation qui nous uni, Jo et moi. Des mots que ma petite fille serait en mesure de comprendre, et qui rendrait ses lettres de noblesse à ma relation avec la chanteuse. Pour faire simple : je n’avais pas envie de l’introduire auprès de Jo comme l’amie de papa quand elle est bien plus que ça.

« Ouais, je suppose que j’ai passé la phase-test à partir du moment où j’ai cru à tes salades sans me poser plus de questions alors que tu me mentais en me regardant droit dans les yeux. Sur ce coup, ça doit jouer en ma faveur de manquer de discernement dès qu’un truc sort de ta bouche. » Je secoue la tête, sentant que la brune est en train de se braquer – je commence à la connaître un petit peu – alors que c’est tout ce que j’aurais voulu éviter. « C’est pas ce que je voulais dire. Je voulais juste dire que j’ai confiance en toi. » Que je sais qu’elle gardera mon secret, autant en colère qu’elle puisse être, aussi trahie qu’elle se sente. J’ai confiance en elle, c’est aussi simple que ça.

« T’es resté longtemps avec elle ? » Je secoue la tête, prêt à répondre à toutes ses questions au sujet de Marley, celle-ci comprise : non, nous ne sommes pas restés ensemble bien longtemps. Je ne considère pas la mère de ma fille comme la femme de ma vie, je ne l’ai jamais considérée comme telle et c’est ce que je veux qu’elle comprenne, ce sur quoi j’aspire à la rassurer. « C’est tout ce qu’elle est, comme si c’était pas grand-chose, comme si t’avais pas tenu assez à elle pour accepter d’avoir un enfant et de l’élever avec elle. » - « Non, c’est pas comme ça entre elle et moi, je… » Je cherche mes mots, à la recherche de ceux qui seront assez fidèle à ce que j’ai dans mon cœur, à ceux qui remettront les pendules à l’heure, qui rendront à Marley la place qu’elle tient dans ma vie, avant que Jo ne s’imagine autre chose. Sauf que je n’ai jamais été un monstre d’éloquence. J’étouffe sans qu’il ne fasse chaud et Jo, qui est bien plus maîtresse dans l’art de la rhétorique que je ne le suis, me damne le pion. « Je suis pas la nana la plus fleur bleue du coin, mais tu sais que pour la majorité des gens, c’est le summum de la preuve d’amour ? » Je secoue la tête, cherchant attraper sa main dans la mienne, prêt à ce qu’elle refuse étant donné les circonstances. « Je la connais ? » - « Non. » Elle me tend la perche parfaite, celle dont j’avais besoin pour dérouler le fil de mes pensées sans lui laisser la chance de me couper, faute à trop d’hésitations. « Tu ne le connais pas. Personne ne la connaît, mon manager y a veillé à l’époque, et quand Posy est arrivée, il est devenu évident qu’il valait mieux qu’elle reste anonyme. » Dans un premier temps, l’idée était de me permettre de conserver mon image de séducteur de ces demoiselles. Ensuite, de pouvoir l’aider à conserver son intimité et de ne pas être poursuivie par les paparazzi et les demandes d’interview. « Cinq ou six mois. C’est le temps qu’a duré notre relation. Marley, c’est son prénom, est tombée enceinte au bout de deux mois, c’était pas prévu, on a pas cherché à ce que ce soit le cas. On s’est pas dit qu’on allait essayer d’avoir un enfant, ça nous est tombé dessus et… » Et comment le dire sans donner l’impression que je suis ingrat et que je regrette la venue au monde de ma petite fille ? « J’aime ma fille de tout mon cœur. Si c’était à refaire, je referai les choses de la même façon pour qu’elle fasse partie de ma vie… Mais c’était pas un choix. » Je n’en ai fait aucun, si ce n’est celui d’accepter de faire l’autruche sur les techniques de contraceptions douteuses de ma petite amie. « Marley a jamais envisagé de faire autre chose que d’avoir ce bébé, et à partir de là je suppose que c’était hors de question que je la laisse gérer ça seule et que je fasse pas partie de la vie de mon enfant. » Parce que je ne suis simplement pas bâti comme ça. J’ai voulu prendre mes responsabilités et, plus tard, une fois que Posy est née, je suis tombée raide dingue d’elle avant qu’elle ne pousse son premier cri. « On était déjà plus ensemble quand Posy est née. » Et Marley, évidemment, était déjà de retour dans les bras de son raté de petit copain. « C’est pas l’amour de ma vie, Jo. J’ai pas décidé de sauter le pas parce que j’étais fou d’elle. Ça nous est tombé dessus et depuis j’essaye d’être présent et responsable, pour Posy. » Je plonge mon regard dans celui de la jeune femme, je tente de sonder ses pensées. « C’est pas une histoire de grand amour duquel je me languirai et que je regretterai toute ma vie. C’est un membre de ma famille, mais les choses sont claires entre elle et moi. » Et, surtout, elles ne sont pas vouées à évoluer et menacer la jeune femme.

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"Qu’est-ce que tu veux dire par ça avait tout à voir avec le bien être de ma gosse ?" Il était maladroit Midas. La moitié du temps, quand elle n’était pas la victime de sa maladresse, Jo trouvait ça adorable. Elle pensait que ça le rendait plus abordable, lui la star interplanétaire qui devait en impressionner plus d’un avec son ascension fulgurante. L’autre moitié en revanche, quand il parlait avec son coeur sans prendre la mesure de ce qui sortait de sa bouche, elle avait juste envie de le gifler. C’était l’hôpital qui se fout de la charité, elle qui avait la langue aussi acérée qu’une lame, mais à son contraire, elle choisissait d’être blessante la plupart du temps. Ce n’était pas son cas, il le faisait en toute innocence, et ça le rendait plus redoutable qu’elle ne le serait jamais.
Fatalement, c’était une de ces fois qui était en train de se dérouler, et si elle le regarda fixement pour tenter d’anticiper la réponse à la question qu’elle lui poserait ensuite, elle sentit sa gorge se serrer lorsqu’il lui sembla qu’il remettait en doute sa bienveillance. Peut-être parce qu’elle avait admis que les enfants, ce n’était pas son truc, ou peut-être parce qu’il apprenait à la connaître pour de bon, qu’il n’aimait pas ce qu’il avait découvert et que ça lui donnait matière à penser qu’elle pourrait faire tourner tout ça à son avantage en se servant de Posy comme d’un as au cas-où. Peu importait dans le fond, ça lui fit de la peine de l’entendre dire ce genre de choses sans vraiment les dire, Jo les interprétant à sa sauce surtout parce qu’elle était fatiguée et à fleur de peau. Ça faisait trop de choses à encaisser en seulement 24 heures, et si elle avait l’impression d’être alerte, son corps lui rappelait qu’elle n’avait pas dormi en la forçant à se tenir moins droite. Le collé contre le mur derrière elle, ses yeux toujours posés sur Midas, elle lui demanda comme si elle ne s’était pas interrompue, sa voix ne souffrant d’aucun accès d’agressivité sur le moment, étant même un peu plus posée que d’ordinaire "Tu me crois capable de lui nuire, c’est ce que t’es en train de sous-entendre ?" Sûrement pas, mais il valait mieux lever le doute tout de suite au lieu de se rendre compte plus tard qu’il redoutait de la mettre au courant parce qu’il la considérait comme étant néfaste pour sa gamine.
Elle prit une inspiration qui se hachura doucement en l’entendant couvrir sa fille d’éloges. Si elle trouva ça insupportable selon le point de vue d’une enfant d’abord dorlotée par son père, abîmée ensuite, du point de vue de l’adulte qu’elle était supposée être, elle ne pouvait pas lui en vouloir de choisir ce moment pour lui dépeindre son ressenti à son sujet. Et elle ne lui en voulut pas, sans pour autant savoir quoi lui dire en retour, se contentant de faire, sa tête se secouant et ses yeux se levant en se remémorant rapidement le fiasco du dîner avec Olive, son corps se ranimant pour pouvoir de nouveau s’accouder à la table "Elle m’a vue en colère et sur le départ, j’ai dû lui laisser une super impression." Dans un autre monde où elle n’était pas aussi fière, elle admettrait que ça l’emmerdait profondément d’avoir donné une telle image d’elle à une pauvre gamine qui n’avait rien demandée. Mais ils étaient dans le monde réel, alors elle laissait Midas en retirer ce qu’il voulait de cet aveu fait à demi-mots.

On dirait pas. Voilà ce qu’elle pensait à l’instant où il lui assura avoir confiance en elle. Elle ne le fit pas parce que, dans la présente, elle ne voulait pas se précipiter dans la gestion lacunaire de ses émotions, ne tenant vraiment pas à lui dire des choses qu’elle regretterait, alimenter par la vexation cuisante que provoquait toute cette histoire sur elle et sur sa perception de l’équilibre précaire qui formait sa relation avec le jeune homme. A la place, elle le questionna pour donner le change, pour se rassurer d’abord, pour aussi lui prouver qu’elle n’était pas qu’une tornade qui décidait de tout mal prendre parce que ça lui fichait la trouille d’avoir à supporter le spectre chaotique des émotions humaines. Ça lui coûtait physiquement, de devoir s’astreindre à une forme de tempérance, et cette jambe qui avait cessé de remuer pendant quelques minutes, elle se remit à tressauter  sous la table lorsqu’il répondit à sa question d’un signe de tête, puis qu'il rebondit sur la suite de ses paroles en réfutant la nature de sa relation avec la mère de Posy. Non, c’est pas comme ça entre elle et moi, je — "T’étais amoureux d’elle ?" Elle ne lui laissa pas l’occasion de terminer sa phrase, le coupant sans faire preuve de beaucoup de délicatesse, mais il ne s’en formaliserait pas. Tu lui as écrit des chansons, t’as parlé d’elle dans certaines d’entre elles ? Elle aurait pu pousser le bouchon, démontrer à quel point ça lui faisait du mal d’être confrontée à ce à quoi elle avait évité de penser pendant six ans, établissant une dimension parallèle où tout ne s’était pas arrêté le soir de sa défaite, où elle avait été capable de passer outre sa déception pour le soutenir, être à ses côtés, et accepter de vivre sa vie du côté des coulisses comme sa propre carrière ne menai à rien. Ça ne la consola même pas d’apprendre que la mère de Posy n’était qu’une illustre inconnue, et tandis qu’elle le laissait prendre sa main sans intention de la lui reprendre, sans réelle intention non plus de forcer le contact en joignant ses doigts aux siens, le laissant juste en disposer comme il en avait envie, elle s’obligea à écouter ce qu’il avait à lui dire parce que putain, c’était elle qui lui avait demandé, mais quel genre de masochiste elle était ?

Marley, c’était son prénom, à la mère de Posy. Sur la seconde, elle fût à deux doigts de faire de l’ironie, de lui dire Marley, c’est pas le nom du chien qui crève dans ce film avec Jennifer Aniston ? sauf qu’être insultante dans ce moment-là, être aussi immature aussi, ça n’irait sûrement pas à son avantage, alors elle se contenta d’opiner du chef en serrant les lèvres pour s’astreindre au silence, ses yeux marquant une observation fixe de ses doigts tenus par ceux de Midas, son coude toujours vissé sur le bord de la table, sa jambe tressautant toujours, et son coeur manquant un battement quand il lui confirma que la naissance de Posy était un accident. Pas en ces termes, elle aurait trouvé ça terrible, et lui aurait conseillé de ne jamais dire ça devant sa fille, mais ça revenait à la même chose — et parce que ce n’était pas ses affaires dans un sens, qu’elle n’avait aucune espèce d’autorité à le faire, elle garda son conseil pour elle pour mieux lui demander "T’as été présent pendant sa grossesse ? Je veux dire, t’étais impliqué ou c’était le genre de deal où t’as voulu être là qu’une fois que la petite était née ?" Est-ce que ça reviendrait à grand-chose de le savoir ? Jo ne savait pas vraiment, et si elle n’avait pas autant le gorge serrée à ce moment-là, elle lui aurait peut-être dit qu’elle trouvait ça bien, qu’il ne se soit pas débiné face à la responsabilité de devenir papa — mais ce qu’il ajouta ensuite à propos de sa relation avec Marley, ça la fit perdre un tantinet son calme et lui demander soudain, sa tête se tournant vers lui à nouveau, sa main quittant la sienne pour marquer un point invisible dans l’espace qui les séparait "Comment tu peux être sûr que ça changera pas ? T’as été intime avec elle. T’es le père de sa fille, vous êtes liés à vie." Même si sa bouche était entrouverte, elle mit du temps à dire ce qu’elle avoua ensuite, ses sourcils se haussant en même temps qu’elle laissait un semblant de rire lui échapper par le nez. Trop court pour en être un vrai au fond, elle lui dit juste après "Je veux pas être au milieu de ça. Je serais pas ton second choix." Elle en avait sa claque de la seconde place Jo. Et ça ne partait pas seulement de son orgueil qui avait été écorché à de trop nombreuses reprises ces derniers temps, ces dernières années surtout, mais aussi de l’idée idiote qui avait été la sienne : pour elle, dans ce monde où elle n’était pourtant pas très fleur bleue comme elle l’admettait sans tourner autour du pot, il n’y avait que Midas et personne d’autre.
"Qu’est-ce que t’attends de moi exactement ?" finit-elle par lui demander après un instant à le regarder. A côté de son refus d’être au centre de quelque chose qui ne la regardait pas finalement, elle ne comptait pas lui tourner le dos. Si ce n’était pas clair pour lui, elle était en train de le rassurer l’air de rien alors que sa main retombait sur sa cuisse dénudée à mi-hauteur, ses lèvres se roulant l’une sur l’autre pendant qu’elle poursuivait en battant des cils pour faire le point sur autre chose que sur Midas "Comment je dois parler d’elle si on me pose des questions ?" De Posy, pas de Marley. Mais elle trouva ça inutile de lui faire la précision.

You turn wrong when you turn right
Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/hollyweirdgifs

« Qu’est-ce que tu veux dire par ça avait tout à voir avec le bien être de ma gosse ? » Pas assez fin pour voir où elle veut en venir ou plutôt, ce qui n’était pas évident et qu’elle peut avoir mal interprété – puisque, de toute évidence, elle est en colère, elle a mal interprété quelque chose – je fronce les sourcils. Je tente de ne pas bégayer, de ne pas non plus lui faire l’insulte d’une réponse passe partout, mais j’ai bien du mal à voir où j’ai fauté et j’ai besoin de ses lumières. Alors je me tais : j’ouvre la bouche pour la referme aussitôt, en espérant qu’elle désirera développer, qu’elle m’expliquera plutôt que de se braquer sans que je ne parvienne trop à comprendre pourquoi. « Tu me crois capable de lui nuire, c’est ce que t’es en train de sous-entendre ? » Cette fois-ci, c’est l’effroi qui anime mon visage. Mes yeux se froncent un peu plus, j’ouvre la bouche et je secoue la tête en même temps, incapable de prioriser entre nier farouchement ou remettre les pendules à l’heure. Finalement, je reviens sur mon erreur, je précise ma pensée pour ne pas la blesser ou mettre en danger la fragile relation que nous construisons avec ce genre de malentendu. « Non, bien sûr que non. » J’accord à la jeune femme une confiance sans borne, une qu’elle n’a pas forcément gagnée ou méritée, mais qui lui revient de droit sans que je ne comprenne tout à fait pourquoi. « La seule chose que je suis en train de dire, c’est que c’est que mentir au sujet de la paternité de Posy, c’est un réflexe, c’est un mécanisme de défense et que j’ai été pris au dépourvu lorsque vous vous êtes retrouvées toutes les deux dans la même pièce. » Qui dit pris au dépourvu dit aussi que ce sont mes réflexes qui ont pris le dessus, et ces derniers ne vont pas dans le sens de la vérité. « Et après… Je t’avais menti. C’était encore plus difficile de te dire la vérité. » Je pousse un soupir et je plonge mon regard dans le sien, en espérant qu’elle y lise ma sincérité. « Je sais que tu ne diras rien Jo. J’ai confiance en toi. J’ai pas fait ça parce que je me méfie de toi. » Au contraire, avec elle mes maigres défenses s’abaissent sans qu’elle n’ait le moindre effort à produire.

« Elle m’a vue en colère et sur le départ, j’ai dû lui laisser une super impression. » Ne sachant pas trop si j’ai le droit de le faire, j’esquisse un sourire timide à l’idée qu’elle puisse s’inquiéter de l’impression qu’elle a faite à ma fille. C’est touchant, d’une certaine façon, et je n’ai pas envie de le dissimuler. « Tu t’inquiètes de ce qu’elle a pensé de toi ? » Mon sourire s’agrandit un peu plus. « Elle a cinq ans Jo. Elle t’a trouvée merveilleuse avec tes paillettes sur les yeux et tes robes à la télé. Je suis presque sur qu’elle bassine sa mère pour regarder l’émission du vendredi soir avec la jolie chanteuse alors qu’elle est censée être couchée à cette heure-là. » Autrement dit : il n’y a pas la moindre chance que Jo ait fait mauvaise impression auprès de ma fille. Ses yeux brillent d’une timidité teintée d’admiration à chaque fois qu’elle les pose sur la brune, je l’ai remarqué au restaurant. Je suis tenté de lui dire que Posy a raison, que moi aussi je la trouve merveilleuse mais je suis également presque sûr que le moment est mal choisi et que tout ce que j’y gagnerait, c’est au mieux un regard sans équivoque et au pire son poing dans l’estomac.

« T’étais amoureux d’elle ? » Oui ? Non ? Est-ce que cela a la moindre importance compte tenu du fait que ces sentiments ont disparu depuis bien longtemps ? Je comprends ce qui motive la question de Jo, mais je pense aussi qu’elle se fait du mal pour rien. Alors, je récupère sa main dans la mienne et, soulagé qu’elle ne me repousse pas, je tente de me prêter à l’exercice de la sincérité. « Je croyais que je l’étais, oui. » Sans lâcher sa main, je me frotte l’arrière de la nuque, mal à l’aise à l’idée d’avoir avec elle une conversation qui lui fera peut-être mal au cœur. Mais n’a-t-elle pas vécu des histoires elle aussi, pendant six ans ? « Mais je l’étais comme un gosse qui est devenu célèbre d’un coup, qui est dépassé par ce qui lui arrive et qui tombe sous le charme d’une fille qui semble l’admirer et le porter aux nues. » Autrement dit : la mère de Posy était une groupie et je n’ose pas réellement le dire à voix haute. « C’était une fille libre, avec une âme d’artiste qui vivait dans sa caravane sans avoir de comptes à rendre à personne et sans la moindre attache. Tout ce que j’ai aimé chez elle, ça m’horripile aujourd’hui. » Et pas d’une façon ambigüe, pas le genre de sentiment d’agacement qui se transforme en passion. Marley et moi ne sommes pas faits pour être ensemble, voilà tout. Même si elle parvenait à trouver une réelle stabilité, une qui puisse tenir sur le long terme, je ne tomberais pas à nouveau sous son charme pour autant. « T’as été présent pendant sa grossesse ? Je veux dire, t’étais impliqué ou c’était le genre de deal où t’as voulu être là qu’une fois que la petite était née ? » - « J’ai été impliqué autant que j’ai pu. Et autant qu’on m’a permis de l’être. » Parce que mon ex s’était déjà remise avec son ex, un ex possessif et qui a refermé ses griffes sur la jeune femme tout en me percevant comme l’ennemi à abattre. Mais qu’est ce que ça change pour Jo, au final ? Qu’a-t-elle besoin de savoir, et qu’est ce qui est motivé par une curiosité malsaine destructrice pour elle ? « Comment tu peux être sûr que ça changera pas ? T’as été intime avec elle. T’es le père de sa fille, vous êtes liés à vie. » - « Je ressens plus rien de tout ça pour elle aujourd’hui, Jo. Je ressens plus rien de tout ça depuis des années. » Si la main de Jo cherchait à m’échapper, je la serrerais un peu plus dans la mienne pour ne pas lui laisser cette possibilité. « Je fais du mieux que je peux pour être là pour elles. Mais ça changera pas. On est liés à vie, mais pas de cette façon, et elle ressent les choses de la même façon que moi. » Je conserve une part de tendresse à l’égard de la mère de ma fille, parce que je suis comme ça, parce que je suis un garçon protecteur et que si elle se trouvait dans la merde et qu’il fallait l’aider, je répondrais présent, mais jamais plus nous ne serons intimes, jamais notre relation ne se retrouvera à nouveau teintée d’ambiguïté ou de passion. « Elle fait partie de ma vie Jo, je chercherai pas à te mentir à ce sujet. Mais pas comme tu le crains. La place qu’elle occupe est claire, je me pose pas la moindre question à ce sujet. » Et elle non plus, du reste. Je voudrais pouvoir dire à Jo que c’était une erreur, mais mon cœur de père m’en empêche. Aimer Marley m’a apporté Posy et, pour cette raison et uniquement pour cette raison, je ne changerais rien si j’avais l’occasion de remonter dans le temps.  

« Je veux pas être au milieu de ça. Je serais pas ton second choix. » - « T’es pas mon second choix. » Je tire un peu plus fort sur sa main pour qu’elle se rapproche de moi. Je me glisse plus près d’elle sur la banquette et, de ma main libre, j’attrape son menton entre mes doigts. « T’es tout sauf un second choix. Pendant des années, j’ai comparé toutes les filles avec lesquelles je suis sorti à toi. » J’ai honte de l’admettre, je ne suis pas habitué à mettre mon cœur à nu de la sorte, mais elle a certainement besoin de l’entendre. « C’est avec toi que j’ai envie d’être. » Pas avec qui que ce soit d’autre, certainement pas avec Marley : si nous l’avions voulu, nous avions cinq ans pour raviver la flamme et nous ne l’avons pas fait. « Qu’est-ce que t’attends de moi exactement ? Comment je dois parler d’elle si on me pose des questions ? » Elle parle à nouveau de mes mensonges, ceux dans lesquels je l’entraîne bien malgré moi, et je pousse un soupir. « Y’a pas beaucoup de chance que ça arrive. Je fais attention, je n’ai même jamais été photographié avec elle. » Mais cela ne veut pas dire que je n’ai pas un plan d’urgence, depuis le temps. « Mais si ça devait arriver – et ça n’arrivera pas, encore une fois – c’est ma nièce. Mon frère et moi on est pas vraiment en bons termes, mais on est au moins d’accord pour dégainer ce plan-là si c’était nécessaire. » Oscar nourrit de la rancune à mon égard, mais elle ne l’aveugle pas au point qu’il pénalise Posy. La famille reste importante, chez les Sterling.

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@Midas Sterling ☆ crédit/harley

Ça commençait à devenir pathétique, ce besoin profond qu’elle ressentait depuis tout à l’heure qu’il lui confirme qu’il lui faisait confiance, et que dans le fond son choix de ne pas parler de sa fille ne la concernait pas ; que sur ce coup-là, aussi difficile était-ce à accepter pour elle qui était sûre de mériter le privilège de son attention depuis le premier jour de leur rencontre, elle n’avait pas été logée à meilleure enseigne que le reste de la population. Elle était en droit d’en douter, non ? Faisait-elle ce qu’elle savait faire de mieux  à ce moment-ci ? Jouer à l’emmerdeuse vu que son ego avait été blessé, qu’elle sentait que l’équilibre n’était pas respecté entre eux et que si elle, elle lui accordait une confiance qu’elle ne savait pas expliquer non plus, alors qu’elle était du genre aussi méfiante qu’elle était bêcheuse, ce n’était pas le cas de son côté ? Elle n’en savait rien. Mais pire encore que de craindre le déséquilibre d’une relation réelle, mais mal définie, c’est quand elle l’entendit de nouveau apaiser ses doutes qu’elle se sentit soumise à un sentiment étrange de gêne, comme si elle quémandait qu’il le fasse pendant qu’elle ne réussissait pas à aller au-dessus de son mensonge, quand bien même elle voyait la sincérité dans ses yeux et qu’elle réussissait mieux à comprendre comment les événements s’étaient succédés pour qu’il se sente obligé de réagir et d’agir comme il l’avait fait.
Elle ne le pensait pas profondément menteur Midas, et le fait était qu’il croyait à ce qu’il disait parce que c’était le vérité, et que Jo était prête à le croire elle aussi parce qu’elle ne voulait pas être obligée de se mettre à douter chaque fois qu’il lui dirait quelque chose désormais. Ça, c’était des manoeuvres qu’elle réservait à tout le monde, sauf à Midas, et tant pis si ça mettait davantage en avant cette manière quasi-aveugle qu’elle avait de lui accorder le bénéfice du doute. Pour ce qu’elle en avait à cogner qu’on la juge idiote d’acquiescer à ses explications sans plus les remettre en doute, apaisée dans le fond qu’il ne se place pas du côté de ceux qui la pensaient capable du pire, l’entendant crier sur tous les toits qu’elle était venimeuse.

Cette légende perdit un peu de sa superbe lorsqu’elle s'inquiéta de l’impression qu'elle avait laissée à Posy "Je sais pas comment fonctionne une enfant de cinq ans, Midas. J’ai jamais fait de baby-sitting pour ce que ça vaut, tu m’as bien regardée ?" fit-elle d’abord, le voyant esquisser un sourire qui aurait pu la vexer un peu si elle n’avait pas déjà accumulé assez d’affronts pour la semaine à venir. Elle décida de ne le prendre mal qu’à moitié, et elle détourna le regard lorsqu’il insista sur l’idée que la petite Posy avait une vision d’enfant. C’était peut-être ce qui la terrifiait au fond. Sans être une nounou d’exception, sans avoir jamais donné l’impression d’être intéressée par les gamins, elle savait qu’ils avaient l’innocence, et que de celle-ci découlait un esprit analytique sans pareil. De là dire dire qu’elle craignait d’être jugée par la gamine, il ne fallait pas exagérer, mais elle ne voulait pas être vue au-delà des paillettes sur ses yeux et de ses robes à la télé — et comme elle l’avait trouvée atrocement mignonne sans même avoir su qui elle était vraiment, elle savait que ça serait compliqué. Ça, même à Midas, Jo n’avait pas envie de le dire.
En revanche, elle jugea bon d’ajouter "T’as pas peur de l’influence que je peux avoir sur elle ?" C’était débile comme question, pas moins que la manière dont elle poursuivit sa rhétorique et qui, elle en était certaine, le ferait rire — ou au moins sourire, tandis qu’elle sentait qu’il y avait un semblant de dépressurisation venant d’elle, respiration plus supportable qui la força à grossir juste un peu ses yeux en même temps qu’elle lui disait, devenant presque touchante tant ça paraissait naïf comme inquiétude  à soulever "C’est vrai quoi, je dis des gros mots tout le temps." Elle n’avait jamais voulu devenir un role model entre nous.

"Attends, t’es en train de me dire que c’était une fan ?" La perspicacité de Jo était irritante au possible, elle le savait, et elle ne s’en excusait jamais. Puisque c’était elle qui lui avait demandé s’il avait été amoureux de la mère de sa fille, elle ne trouva pas ça judicieux de lui faire remarquer que finalement, il était ce genre de type, celui qui lui avait soutenu ne pas être lorsqu’ils avaient discutés de ses groupies pleines d’espoir qui l’attendaient devant leur hôtel depuis le début de l’enregistrement. Ce serait si mesquin comme réflexion, et parce qu’elle lui était sincèrement redevable de la bienveillance qu’il lui avait accordé tout à l’heure, à propos de Laurie et du reste, elle s’interdit de tourner sa révélation en dérision, restant encore un instant à observer leurs mains jointes, son coeur se fêlant juste un peu puisqu’elle se dit en simultané qu'il avait un type de femmes dans le fond, qu’elle n’avait pas grand-chose d’unique étant donné que, si elle ne la connaissait pas, Marley partageait pourtant deux points communs avec elle : elle admirait Midas, et elle était un électron-libre.
À partir de là, c’était un peu douloureux d’entendre la suite alors qu’il lui avouait, pensant la réconforter sans aucune doute, que tout ce qu'il avait aimé chez elle l'horripilait aujourd’hui. Et sa main quitte la sienne, juste comme ça, pendant qu’elle prenait sens d'un délai menaçant, et sans doute imaginaire, qui se mit à flotter au-dessus de ce qu’elle serait en mesure de lui apporter tant qu’il réussirait à supporter ses coups de sang, ses caprices et ses sautes d’humeur. Au final, elle aurait préféré apprendre que Marley avait été comme Charlie : une parenthèse, et rien de plus.

Ce qui était un peu pathétique aussi, c’était de donner l’impression qu’elle se sentait menacée par Marley. Elle qui ne doutait de rien quand elle était le sujet du débat, souvent trop sûre d’elle pour ne pas assurer qu’elle valait le coup sans rougir d’en être autant convaincue, elle ne pouvait pas ignorer que cette fois, elle partait avec le genre de désavantage qu’elle n’avait jamais rencontré au cours de sa jeune vie. En plus de la certitude qu’elle ne serait jamais la priorité de Midas étant donné l’existence de Posy, elle savait aussi qu’elle serait une pièce rapportée dans une routine dont elle ne connaissait rien et qui lui faisait, pas si secrètement que ça, redouter de devenir le dindon de la farce à un moment donné ; mais il lui assurait que les choses étaient claires entre lui et la mère de sa fille, qu’était-elle supposée répondre à ça ? "Je suis forcée de pas remettre ça en doute, même si c’est difficile à faire maintenant que je sais que t’es capable de garder un secret comme celui-là. Juste, m’oblige pas à devenir copine avec elle." ajouta-t-elle à la dernière seconde, reprenant brièvement le contrôle de la jalouse de première qu’elle était.
Elle non plus, elle ne lui mentirait pas sur le fait que, si elle était prête à lui pardonner son mensonge, il lui faudrait probablement un petit temps pour mieux digérer le fait qu’il avait tenu bon jusque-là, et bien qu’elle ne l’avait jamais sous-estimé sur quoi que ce soit, de s’apercevoir qu’il était aussi fort que ça, ça l’ébranla de différentes façons qui la poussèrent à éprouver malgré tout encore un peu d’admiration à son égard ; quand de son côté, le manque de sommeil et les différents événements de ces dernières 24 heures pesaient trop lourd sur sa sensibilité immédiate. Quand il la tira vers lui tout en se rapprochant d’elle, le contact de ses doigts traçant un poinçon sur son menton qu’il releva pour lui attester qu’elle n’était pas sa seconde option, elle sentit ses yeux se remplirent de larmes au point que, pour ne pas admettre que ça lui faisait quelque chose de l’entendre dire qu’il voulait être avec elle juste après, elle lui dit dans une tentative laborieuse de sauver les apparences "Je suis fatiguée, c’est pour ça que j’ai les yeux mouillés." Et si elle lui dit ça en le regardant dans les yeux, se retenant de lui rendre la pareille en lui disant que c’était la même chose pour elle, à la différence près qu’elle avait très rapidement arrêté de vouloir comparer tous les hommes qui la tâtaient de trop près à lui, consciente qu’il n’avait pas d’égal, elle les détourna pourtant lorsqu’il soupira suite à sa question. Opinant à sa réponse, elle ajouta "C’est juste au cas-où, pour être sûre. Je veux pas faire de bourde parce que, je sais pas on t’a prévenu de ça, mais y a des fois où j’ai du mal à contrôler ce qui sort de là." Avec l’index qui avait gardé une manucure parfaite, elle tapota le centre de sa propre bouche tout en pensant qu’elle ferait très attention à propos de ça. Elle pouvait l’assurer sans en douter une seule seconde, connaissant l’importance de préserver ses proches du cirque dans lequel ils évoluaient. Et le parallèle avec Ava se fit sans qu’elle n’y songe vraiment en vérité.
Son silence retomba en même temps que le mince sourire qu’elle avait laissé filer se fana, et ce juste un instant alors qu’elle réfléchissait, sourcil froncés, genou cessant enfin de tressauter. Après une longue minute, sa tête se tourna de nouveau vers Midas pour glisser une main sur le côté de son cou, à même la peau découverte par le col de son t-shirt, et rogner davantage sur l’espace, déjà mince, qui les séparait sur la banquette. Jo inclina la tête sur le côté pour marquer plusieurs points sur le visage du jeune homme avant de lui dire "Je te demanderai plus rien d’autre après ça, mais tu veux vraiment me faire plaisir pour la suite ?" Elle ne laissa pas de pause s’installer, lui sommant un peu plus bas, mais pas moins résolument, son index se posant à l’endroit où elle sentit pulser son pouls "Me mens plus." Même par omission, — surtout par omission, aurait-elle pu conclure. Seulement à la place, elle fit ce qu’elle avait envie de faire depuis qu’ils avaient pris la voiture pour venir jusqu’ici, et posa ses lèvres sur les siennes.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/hollyweirdgifs

« Je sais pas comment fonctionne une enfant de cinq ans, Midas. J’ai jamais fait de baby-sitting pour ce que ça vaut, tu m’as bien regardée ? » C’est simple une enfant de cinq ans, Jo. C’est facile et, moi qui peine parfois à comprendre les diverses subtilités de la psyché des adultes, être au contact de ma petite fille m’apaise. Il n’y a pas de subtilités avec Posy. Pas de message caché ou de vérité retenue en otage. Posy dit ce qu’elle pense comme elle le pense. Elle voit le monde en noir et blanc et, à chaque fois que je suis avec elle, je me dit que ce serait plus simple, de redevenir un enfant. « Et ça tombe bien Jo, parce que j’attends pas de toi que tu fasses du baby-sitting. » Je ne cherche pas une belle-mère ou une seconde maman pour ma fille. La première a bien des défauts et a commis son lot d’erreur, mais je sais qu’elle aime Posy et que, comme moi, elle a ses intérêts à cœur. Si la chanteuse aspirait à se rapprocher de ma fille, à l’apprivoiser pour développer un lien avec elle, je serais le plus heureux des hommes, mais ce n’est pas ce que j’attends d’elle. Tant qu’elle la tolère, qu’elle comprend la place que ma fille prend dans ma vie et qu’elle se montre douce et correcte avec elle, je m’en contenterai sans amertume. « Posy change rien à ce qu’il se passe entre nous, tu sais. » Quoi que ce soit, quel que soit le nom qu’elle accepte de mettre dessus et le temps qu’elle décidera de garder notre relation secrète. « T’as pas peur de l’influence que je peux avoir sur elle ? » Est-ce que la grande Jo Carter s’inquiète de l’influence qu’elle pourrait avoir sur une petite fille, après avoir craint l’image qu’elle renvoyait à cette dernière ? Cette pensée m’arrache un sourire et je penche la tête sur le côté en fronçant les sourcils. « C’est vrai quoi, je dis des gros mots tout le temps. » Jo s’adoucit, je le sens, sans quoi elle n’irait pas dans une direction bien plus légère. Je secoue la tête sans que mon sourire ne s’efface. « Elle en apprendra un ou deux alors. » Et du reste, je m’en moque. Je n’attends pas de ma fille qu’elle devienne une petite poupée obéissante et polie. Posy sera exactement qui elle décidera d’être. « J’ai pas peur de l’influence que tu pourras avoir sur elle Jo. Parce que t’es quelqu’un de bien. » Certes, la brune a des défauts – je ne l’admettrai toutefois jamais à voix haut – mais elle est avant toute chose intègre, entière, courageuse et généreuse. Qui ne voudrait pas voir son enfant s’inspirer de ce genre de qualités ?

« Attends, t’es en train de me dire que c’était une fan ? » Dis comme ça, j’ai évidemment l’air de la star qui profite de la situation. Mais Marley était une adulte consentante, pas une jeune groupie de seize ans, bon dieu. « C’était… » Je préfèrerais trouver un autre terme que celui de fan, je n’aime pas ce qu’il dit sur moi. « On s’est rencontrés en festival. Elle était pas forcément là pour me voir moi… » Elle aurait pu employer le terme de groupie qui aurait été encore plus dégradant pour moi. « C’était une fan, si tu veux. » Je l’admets à défaut d’avoir assez de suite dans les idées pour me justifier et me battre. Je suis peut-être un cliché, après tout. « Je suis forcée de pas remettre ça en doute, même si c’est difficile à faire maintenant que je sais que t’es capable de garder un secret comme celui-là. Juste, m’oblige pas à devenir copine avec elle. » - « J’ai pas l’intention de te forcer à devenir copine avec elle. » Elles ne s’entendraient pas, de toute façon. Je me garde bien de le préciser à voix haute. « J’ai gardé ce secret pour Posy. Mais jamais je te ferai ce genre de truc Jo. » Je ne suis pas un infidèle. J’ai beau être une pop star, lorsqu’on en vient aux relations de couple, je suis ennuyeux de droiture à mourir. Il me semble plus aberrant encore d’imagine me conduire comme le dernier des goujats avec Jo et pour cause : être avec elle, j’en ai rêvé pendant des années. Nous étions peut-être trop jeunes à l’époque, ou peut-être manquions nous de courage mais une chose est sure : je n’ai pas l’intention de gâcher cette deuxième chance. « Je suis fatiguée, c’est pour ça que j’ai les yeux mouillés. » Jo est trop pudique pour admettre qu’elle est émue, mais je ne suis pas dupe. Du bout des doigts, je caresse sa joue pour essuyer une larme imaginaire. « Je comprends. » Je n’ai pas l’intention de pointer du doigt que je vois clair dans son jeu, je ne suis tout simplement pas ce genre de garçon.

« C’est juste au cas-où, pour être sûre. Je veux pas faire de bourde parce que, je sais pas on t’a prévenu de ça, mais y a des fois où j’ai du mal à contrôler ce qui sort de là. » Je suppose que Jo n’a pas la moindre intention de prendre la parole lors d’une interview pour parler de la fille de Midas Sterling. Elle est maladroite, parfaitement incontrôlable, mais pas complètement idiote. « J’ai confiance en toi. » Et du reste, je suis presque sûr que je ne parviendrai pas à lui en vouloir, même si elle me mettait dans une situation délicate. Il suffit de voir l’attitude que j’ai eu envers Olive qui a traversé le pays avec Posy et l’a emmené au restaurant de l’hôtel sans qu’il n’ait été privatisé. « Mais si t’as le moindre doute, il suffit que tu renvoies les journalistes vers moi. » Ce n’est pas à elle de gérer ça et de se faire un sang d’encre, après tout. Quoi qu’il en soit, nous avons d’autres questions auxquelles il faudra répondre, en termes d’exposition médiatique. Pour l’instant, elle veut toujours se cacher : je n’ai pas besoin de lui poser la moindre question pour le deviner. Elle n’aurais pas choisi la solution la plus intimiste pour notre fugue, sinon.

La main de la brune glisse dans ma nuque, et je suis soulagé. L’orage est passé – cet orage là et je pousse un soupir de soulagement tandis qu’elle se rapproche de moi. « Je te demanderai plus rien d’autre après ça, mais tu veux vraiment me faire plaisir pour la suite ? Me mens plus. » Il me faut user de toutes mes forces pour ne pas blêmir. Mon estomac se tord violemment et je n’arrive pas à articuler le moindre mot. Dieu que je voudrai pouvoir faire cette promesse. A défaut, j’en fais une autre, silencieusement. Je me promets de ne plus rien ajouter à la liste. Je me promets qu’une fois que l’émission sera passée et qu’elle l’aura remportée, les magouilles liées à X Factor et nos victoires respectives deviendront les seules choses que je lui cache et à tout jamais. Heureusement, Jo m’embrasse sans me laisser le temps de répondre. Peut-être a-t-elle pris mon regard planté dans le sien pour un oui. Peut-être sa question était-elle rhétorique. Tout ce que je sais, c’est qu’elle presse son corps contre le mien, je l’embrasse avec fièvre en espérant lui faire perdre la tête au point d’oublier sa question. Lorsque nos lèvres se séparent, je garde mon front collé contre le sien. « Je voudrais pouvoir te ramener à l’hôtel. » Notre hôtel, pas celui où elle a été exilée. Mes doigts ne sont pas tout à fait sages, ils glissent sur son genou, sa cuisse et remontent sous son sweat-shirt. « C’est une torture, d’être loin de toi. »

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@Midas Sterling ☆ crédit/harley

"Et qu’est-ce qui se passe entre nous exactement ? Tant qu’on y est." Le manque de subtilité de Jo n’était pas anesthésié par sa fatigue, contrairement au reste. Consciente de la brusquerie de sa question, elle haussa les épaules et rentra brièvement la tête dans ses dernières en maintenant cette position d’innocence feinte le temps de quelques secondes. Ils l’avaient à peine soulevé cette question, depuis qu’ils passaient du temps ensemble en dehors du tournage. De ça aussi, ils avaient dit qu’ils en parleraient, et puis Olive avait débarqué avec Posy, et finalement absolument tout avait  été mis sur pause pour les laisser respectivement mûrir des interrogations que Jo avait tenté de soulager en jouant à la stalkeuse du dimanche. Mais elle était meilleure chanteuse, c’était clair "C’est juste au cas-où, pour être sûre." fit-elle avant de réutiliser cette formule plus tard, plusieurs minutes après. Baissant les épaules et fronçant le nez tout en tachant de préserver un peu de sa crédibilité quand, par deux fois maintenant, elle était presque adorable de candeur. De toute façon, il y avait fort à parier que son inquiétude à propos de sa proximité imminente avec une enfant de cinq ans l’avait déjà mise à mal, sa crédibilité ; et encore un peu, elle eut l’impression de quémander le réconfort, celui que Midas lui donna sans rechigner lorsqu’il affirma sans flancher qu’elle était quelqu’un de bien. C’était agréable d’y croire quand c’était lui qui le lui disait "Ouais, tu diras pas ça quand elle aura la langue qui fourchera et qu’elle te dira que t’es une tête de gland." Ça, c’était pour la plaisanterie. C’était presque la moins pire des insultes qu’elle pouvait apprendre — sans le vouloir bien sûr — à la petite Posy.

Le plus gros problème de Jo — enfin l’un des plus gros problèmes de Jo si vous voulez. Inutile de chipoter, elle pourra vous faire la liste de ses problèmes elle-même si vous y tenez —, c’était sa propension à juger à peu près toutes les actions de ceux qui l’entouraient. Là qu’elle apprenait que la mère de Posy était une fan (c’en était une, il lui avait laissé le choix de la voir comme ça, et elle la verrait comme ça, c’était acté) sur laquelle Midas avait mis la main lors d'un festival, elle mentirait si elle prétendait ne pas avoir une bonne vingtaine de jugements à apporter à l’histoire qu’il lui racontait. Ce serait trop facile cependant, même pour elle, et étant donné qu’elle avait la prétention de penser qu’elle le connaissait un petit peu, la manière qu'il avait d’exposer les choses sans vraiment le faire, ça la renseignait sur l’idée qu’il savait très bien que c’était le pire cliché à accoler à son statut de chanteur célèbre et que quelque part, la paternité de Posy mise à part, ça devait l’embarrasser d’avoir eu la faiblesse de tomber dans ce genre de stéréotype. Alors le regard de Jo était un peu moqueur durant un très court instant, c’est vrai, toutefois elle ne lui dit rien qui aurait pu accentuer la sensation qu’elle avait qu'il était mal à l’aise. Elle ne voulait pas qu’il se sente mal à l’aise en sa présence, alors elle passa l’éponge. Chose qu’elle serait moins apte à faire si un beau jour, il se réveillait avec des velléités de reconquérir le coeur de la mère de sa fille.
C’était stupide, d’avoir besoin de l’entendre dire que c’était de l’histoire ancienne quand elle n’y croirait jamais vraiment dans le fond vu que, dans sa perception des choses, avoir un enfant avec quelqu’un, c’était signer un contrat à vie avec la personne qu’on avait aimé au moins un peu — une heure, un mois, un an, une éternité, la durée n’avait pas vraiment d’importance quand on était aussi possessif et territoriale qu’elle l’était. Jamais je te ferai ce genre de truc Jo "Je sais. Je te crois." lui dit-elle tout de même, ne voulant pas l’encombrer de la corvée de devoir la rassurer plus longtemps à ce sujet. Et comme il lui dit vouloir être avec elle, Jo n’ajouta rien d’autre. Au-delà de son caractère de garce mal embouchée, elle avait besoin d’entendre ce genre de choses venant de la bouche de l’homme auquel elle s’était interdite de penser pendant quelques temps avant d’arrêter de se torturer pour mieux espérer, attendre et souffrir au point que maintenant, quand il lui disait ça sans donner l’impression d’en douter, elle en avait les larmes aux yeux.

Presque pour les contrer, ces larmes qui avaient gonflées au ras de ses cils, elle l’embrassa en lui réclamant au préalable une faveur à laquelle elle ne le laissa même pas répondre en réalité. Il lui avait plusieurs fois répété qu’il lui faisait confiance, et sur le moment, elle voulait croire que c’était suffisant pour qu’elle ne redoute plus jamais qu’il lui mente à propos de choses aussi importantes. Si Midas se défendait d’être le cliché de la star qui lève des groupies sur des festivals, Jo se défendait d’être la sotte énamourée qu’elle était pourtant. Si elle avait été en mesure de penser plus droit à ce moment-là, emportée par la fièvre du baiser que Midas lui rendit, elle aurait mis en route sa perspicacité pour statuer sur le fait qu’elle se laissait piéger comme une débutante simplement parce qu’elle tenait à lui, qu’elle avait attendu trop longtemps pour savoir si oui ou non, ce qu’elle, elle ressentait, il le ressentait aussi.
Elle était certaine que oui, et ce n’était pas que son orgueil qui parlait. Il y avait des signaux qui ne trompaient pas. Le point de chaleur qui prenait naissance dans la manière qu’il avait de souder son visage au sien, l’électricité qu’il déclenchait en posant ses mains sur elle et qu’elle sentait grouiller jusqu’à l’intérieur d’elle à cet instant-là, il faisait partie de ceux-là, et personne ne pourrait la juger s’ils ressentaient ce qu’elle ressentait après avoir échangé ce baiser, et tous les autres d’ailleurs, avec lui — qu’il rompit pour la faire répondre, dans un demi sourire, respiration légèrement entrecoupée, et qu’elle lui adressa en glissant ses doigts repliés sous l’angle de sa mâchoire lorsqu’elle se recula pour mieux le regarder, défaisant le contact de leurs fronts sans pour autant s’éloigner "Ramène-moi à l’hôtel." Au sien, celui qui serait sa prison le temps de quelques jours seulement "J’ai dit que je serai sage demain, et on est pas encore demain." La petite lueur de défi qu’elle avait soudain dans les yeux, elle se cala sur la caresse indolente de Midas dont la main se fraya un chemin sous son sweat. Elle pouvait bien arguer pour se convaincre qu’une insubordination de plus ou de moins, ça ne changerait plus grand-chose à ce stade ; elle ne voulait pas se retrouver toute seule après cette discussion de toute façon "Ils me doivent bien un coup d’essai pour apprendre à obéir, et je suis sûre que je peux trouver un arrangement avec Cathy pour qu’elle te laisse rester toute la nuit." Il faudrait qu’elle dorme à un moment donné, c’est la pensée qui lui traversa vaguement l’esprit pendant qu’elle lâchait le visage de Midas pour poser sa main sur la sienne, celle qu’elle fit elle-même disparaître pour de bon sous la bordure de son sweat en enroulant ses doigts autour de son poignet ; avant de se rappeler que si elle n’était pas la dernière à braver les interdits, surtout ceux-là, elle devait faire profil-bas au moins pour les quelques jours à venir. Ça lui fit lui répéter dans un murmure prononcé après un court baiser, sans pour autant déloger sa main de l’endroit où elle l’avait glissée, ses doigts tenant toujours son poignet "Ramène-moi à l’hôtel."

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/hollyweirdgifs

« Et qu’est-ce qui se passe entre nous exactement ? Tant qu’on y est. C’est juste au cas-où, pour être sûre. » Il se passe entre nous ce qu’elle acceptera qu’il se passe entre nous puisque, la triste réalité de l’histoire, c’est que je suis prêt à me plier en quatre pour être certain de ne pas faire les choses trop vite, trop brusquement, trop publiquement ou que sais-je qui pourrait la mettre mal à l’aise. Je la laisse mener la danse sans envisager une seule seconde de reprendre le contrôle de la situation et pour cause : ma fierté n’existe plus dès lors que je peux grappiller quelques minutes en sa compagnie. C’est ridicule, pour un homme adulte, d’en être rendu là. J’en ai parfaitement conscience, mais je sais aussi que j’ai passé six ans à regretter de l’avoir laissée me filer entre les doigts et, à partir de là, je préfère m’aplatir plutôt que de risquer qu’il se passe six années de plus sans que je ne puisse la toucher. « Je te l’ai dit : je veux être avec toi. Les détails, c’est toi qui décide. On peut continuer à se voir en secret si tu as peur du jugement du public et des médias. Mais je n’ai pas peur de rendre la chose plus officielle, si c’est ce que tu veux. » Je ne veux pas risquer qu’elle se méprenne et pense que je ne veux pas être vu en sa compagnie parce que j’ai honte, ou parce que ses récentes frasques risquent de ternir mon image. J’ai les reins solides, une bonne équipe de relations publiques et, surtout, je suis prêt à prendre tous les risques du monde. J’ai choisi ma carrière, il y a six ans. Et loin de moi l’idée d’être ingrat, mais force est de constater que je ne suis pas certain d’être exactement où j’ai envie d’être.

« Ouais, tu diras pas ça quand elle aura la langue qui fourchera et qu’elle te dira que t’es une tête de gland. » Là-dessus, j’éclate de rire en imaginant le vocabulaire épicé de Jo dans la bouche de mon adorable petite fille. « Je suis à peu près sur que c’est déjà le genre de discours que doit tenir le mec de sa mère. » Il ne s’agit pas de jalousie et je ne veux pas que Jo se méprenne, mais je n’ai jamais senti ce mec. Si entretenir mon ex ne me dérange pas – il s’agit de la mère de ma fille – je perçois son compagnon comme le dernier des profiteurs et je n’aime pas l’idée que ma fille passe auprès de temps avec lui. En comparaison, Jo serait la meilleure influence du monde pour ma princesse et pour cause : je lui ai déjà dit qu’elle pouvait être un modèle tant ses qualités humaines me semblent évidentes. « J’ai pas peur de l’influence que tu peux avoir sur elle. C’est promis. Et le jour où tu en auras envie, je vois aucun problème à l’idée de te la présenter plus officiellement. » Et surtout, de présenter Jo comme elle le mérite aussi. Ma fille serait de toute façon ravie de pouvoir échanger avec la jeune femme qu’elle admire déjà de loin. « Je sais. Je te crois. » Je pousse un soupir de soulagement. J’ai eu l’impression de nager à contre-courant pendant la totalité de cette discussion mais c’est fini désormais : Jo me croît et elle a raison de le faire. J’ai beau lui cacher des choses – à ce stade, on peut même dire que je collectionne les mensonges – je suis un cœur fidèle et ce dernier lui appartient de toute façon depuis beaucoup plus longtemps que je ne le soupçonne.

Jo me pardonne cette erreur, elle m’embrasse et je me nourris de l’illusion qu’elle pourrait me pardonner le reste aussi, si toutefois elle devait un jour apprendre la vérité. Lui mentir me ronge, mais ma peur de la perdre si j’avouais tout est bien plus prégnante encore alors, je suis incapable de faire la promesse qu’elle me demande de faire. Je ne peux que la regarder dans les yeux, l’embrasser et me laisser gagner par la fougue en espérant qu’elle sera contagieuse et qu’elle lui fera oublier qu’elle a posé une question et que je n’ai pas réellement répondu. Peut-être décidera-t-elle que mon baiser passionné est la seule réponse dont elle a besoin. Je l’espère de tout cœur, tout comme j’espère de tout cœur que cela n’aggravera pas mon cas si un jour elle découvre le pot aux roses. « Ramène-moi à l’hôtel. » Les désirs de mademoiselle sont des ordres, et elle n’a même pas besoin d’utiliser d’autres arguments pour me rallier à sa cause. « J’ai dit que je serai sage demain, et on est pas encore demain. » - « Je me moque que tu sois sage. » Dans le cas présent, j’enrage même de la voir obligée de se plier à une telle docilité. « Ils me doivent bien un coup d’essai pour apprendre à obéir, et je suis sûre que je peux trouver un arrangement avec Cathy pour qu’elle te laisse rester toute la nuit. » - « Je te promets que je serais dans le bureau de la prod dès demain pour plaider ton cas. » Et pour m’assurer que la punition sera levée au plus vite, puisque je la trouve injustifiée. Qu’on attende d’elle qu’elle s’excuse publiquement, étant donné le contexte dans lequel nous évoluons, c’est compréhensible. En revanche, la traiter comme une paria est une humiliation qui me semble non nécessaire. « Ramène-moi à l’hôtel. » Je me redresse et main main abandonne sa cuisse pour glisser dans la sienne. « Je te ramène. Mais je prends une autre chambre, hors de question d’être à côté de l’autre folle qui peut ouvrir la porte à tout moment. » J’ai l’intention de rattraper le temps perdu – plus d’une semaine s’est écoulée depuis l’arrivée d’Olive et Posy et donc la dernière fois que j’ai pu être intime avec la brune, et j’ai la sensation d’être à l’étroit dans mon propre corps, maintenant que nous nous sommes rapprochés. Je n’ai pas l’intention d’être sage, et je n’ai pas non plus l’intention de laisser à quiconque la possibilité de nous interrompre, et je le prouve une fois de plus à la brune alors que je fonds sur ses lèvres dès que les portes de la berline dans laquelle nous transporte mon chauffeur se referment derrière nous.

You turn wrong when you turn right
@Midas Sterling ☆ crédit/harley

"J’ai pas peur." Du jugement de qui que ce soit. Du reste, elle avait peut-être un peu peur de quelque chose, mais mettre des mots dessus à l’heure actuelle, c’était creuser trop profond dans des mécanismes mis en place depuis suffisamment longtemps, et sur une période proche de l’infinie, pour qu’elle ne sache vraiment par où commencer sans avoir l’impression d’être forcée à l’introspection. Chaque chose à la fois, et au moins c’était clair. Enfin, sûrement pas assez selon son ressenti immédiat puisqu’elle ajouta dans la foulée "Je veux juste pas qu’on me prête de mauvaises intentions." Elle saurait se défendre, le problème n’était pas là. Cependant, sa carrière reprenait du poil de la bête, elle ne voulait pas qu’on l’incombe à sa vie privée, c’était aussi basique que ça "Mais pour de vrai, je m’en fous des autres et de ce que ça leur inspire. C’est toi qui compte." Ça, c’était clair et limpide en revanche. Elle ne deviendrait pas tributaire du jugement des autres sous de faux prétextes en inadéquations avec son tempérament, n’ayant pas l’intention d’abandonner sa confiance en elle pour vivre sereinement en se référant à la critique. Seulement, elle ne voulait pas non plus qu’on lui prête des velléités erronées quand elle était on ne peut plus honnête avec Midas, à défaut de vraiment montrer qui elle était au reste du monde. Certainement aussi que leur dispute à propos de Micah avait laissée des traces, qu’elle se sentait obligée de souligner grossièrement qu’elle n’était pas du genre opportuniste et que sa chance, elle la provoquait seule, sans compter sur qui que ce soit. Sans doute possible, elle ne se servait pas de lui pour alimenter l’attention autour d’elle, c’était ça qu’il fallait retenir. Une partie d’elle lui soufflait que de toute façon, elle n’avait pas besoin de lui pour ça.
Elle pinça les lèvres, prit un léger temps de réflexion pour rouvrir la bouche quelques secondes ensuite, essayant de se rappeler de ce qu’ils s’étaient brièvement dit avant qu’Olive et Posy de ne se montrent "Jusqu’à la fin du tournage, on peut continuer comme ça, en parler juste à nos proches ? Je vais pas toujours avoir envie de me cacher, je vais pas toujours réussir à me retenir de te toucher." Surtout, et ça lui arracha un léger sourire. Sur le papier, c’était tentant de jouer avec le feu, et elle le ferait sans bouder en présence de l’équipe de tournage, plutôt très douée pour les sous-entendus et les provocations furtives, mais elle ne le ferait pas avec sa famille ni avec ses amis. De l’un et de l’autre, elle en avait peu de son côté de toute façon, alors le tour serait vite fait, quand bien même elle n’avait pas l’intention de faire une putain d’annonce solennelle en le présentant comme son PeTiT aMi— elle avait 28 ans, il en avait 30, ils se passeraient aisément de ce genre d’étiquette. Son regard vrillant dans celui de Midas, elle haussa les épaules en concluant "Et on verra ensuite pour le reste du monde. Je suis pas sûre que ça surprenne qui que ce soit de toute façon." À moins d’être bigleux ou demeuré en effet, ça ne surprendrait pas grand-monde.

"Oh." laissa-t-elle échapper face à la réaction de Midas qui mentionna soudainement le mec de Marley qui avait un langage aussi fleuri que le sien. Elle savait reconnaître la jalousie, en fidèle pratiquante de la discipline à une échelle beaucoup trop grande pour le petit gabarit qu’elle était, alors elle savait la reconnaître sans se concentrer. Ce qu’elle lisait sur son visage, ça n’en était pas, elle en était persuadée sans même hésiter un instant à se dire que c’était une porte qu’elle n’avait pas besoin d’ouvrir, la laissant donc fermée sans rechigner "On l’aime pas lui." C’est noté, semblèrent dire ses yeux lorsqu’elle plissa les paupières en conséquence, feignant le mécontentement en même temps, prête à reprendre un ton plus léger et à repartir sur des bases qui n’impliquaient pas de se demander ce qu’il lui cachait, ce que ça voulait dire ; et elle se rendit compte que son genou avait  enfin arrêté de tressauter sous la table, et qu’à défaut d’être capable d’être calme, boule d’énergie pas toujours positive qu’elle était, elle était au moins apaisée par la conclusion qu’elle se fit intérieurement que dans les faits, elle n’avait rien à voir avec la manoeuvre du jeune homme de ne pas lui avoir parlé de sa fille.
Opinant du chef à ce qu’il lui promettait, elle ne rebondit pas tout de suite sur sa proposition de faire les présentations officielles avec Posy parce qu’elle fût prise d’une bouffée étrange de panique qu’elle refoula en faisant de l’humour, bien que ses sourcils se froncèrent pour se faire passer pour plus sérieuse qu’elle ne l’était "Je vais m’exercer sur Nicholas d’abord. Il a cinq ans d’âge mental lui aussi, ce sera un bon entraînement pour assurer le jour-j." Nicholas apprécierait.

Elle ne dirait pas qu’elle avait oublié d’exiger une réponse de sa part à propos de sa demande d’arrêter de lui mentir pour la suite, aussi elle ne dirait pas le contraire non plus, ses lèvres pulsant toujours de la pression des siennes, même s’ils avaient cessé de s’embrasser. À crier sur tous les toits qu’elle était au-dessus du commun des mortels, il arrivait à Jo d’oublier qu’elle restait humaine en vérité, et que Midas étant Midas, il avait le don de dériver son cheminement de pensées parfois en une oeillade, ou en l’occurence, en un baiser trop intense pour ne pas provoquer un glitch dans son système.
"Ton équipe va me haïr." lui fit-elle tout bas, et avec sourire en coin, lorsque, beaucoup moins inquiète à ce sujet qu’elle l’était à propos de l’impression qu’elle avait laissée à la petite Posy, il lui assura être prêt à intervenir en sa faveur dès le lendemain auprès de la production. C’était peut-être déjà le cas d’ailleurs, que son équipe la haïssait, et de ça aussi elle devrait se préparer : à recevoir des reproches de leur part, ou même des mises en garde. Mais quelque part, ça la soulageait de constater que ça ne l’arrêtait pas, lui qui n’était pas assez idiot pour ne pas déjà savoir qu’elle serait traitée comme un problème parce qu’il voulait passer du temps avec elle et qu’il ne s’en cachait plus vraiment. Contradictoirement, pour la jeune femme indépendante qu’elle était devenue, qui lui avait déjà demandé de rester à sa place, et ce quelques heures à peine de ça, ça comptait tout de même. Elle ne se souvenait pas d’avoir inspiré ce genre d’action de la part de qui que ce soit au cours de sa vie. C’était triste à réaliser, mais ça lui faisait du bien aussi qu’il soit peut-être le premier à le faire de bonne volonté — comme de répondre à la sienne, de volonté, en acceptant de la ramener à l’hôtel et de rester avec elle pour la nuit, quitte à s’attirer les foudres de sa nounou quand elle se rendrait compte que sa pouliche n’était pas dans sa chambre.

Inutile de dire que sur l’instant, ça lui importait peu, et que ça lui importa encore moins lorsqu’ils retrouvèrent l’arrière de leur voiture. Sans préambule, la bouche de Midas se retrouva sur la sienne pour un baiser plus empressé encore que celui qu’ils avaient échangé précédemment. Jo n’eut pas tellement le temps de boucler sa ceinture de sécurité ni même de faire état de l’attention portée par le chauffeur qui les conduisait : son corps se relâcha assez pour qu’elle sente son dos s’accoler à la portière fermée de son côté de l’habitacle, y glissant pour se retrouver à demi-allongée, ses mains encadrant en même temps le visage du jeune homme pour marquer davantage l’intention abrupte de leur étreinte qui, si elle ne perdit pas en intensité sur la seconde, se défit momentanément pour que Jo puisse diriger une oeillade vers l’avant du véhicule pour optimiser la malice qu’elle laissa poindre en chuchotant près des lèvres de Midas, toujours proche d’elle "Tu crois que ce que font les clients sur la banquette arrière de son véhicule de fonction, ça entre dans la politique de secret professionnel de ton chauffeur ?" Le cliché du jeune couple qui ne sait pas retenir ses ardeurs, c’était amusant à jouer. Surtout quand elle sentait de façon presque palpable la pression descendre de son côté, et quand bien même ils finiraient pas rester sages sur les derniers kilomètres qui les séparait de l’hôtel d’exil de la jeune femme, se sommant difficilement d’agir en adultes responsables avant d’aller s’enfermer ailleurs que dans la chambre assignée à Jo, elle ajouta pour l’heure, cherchant de nouveau sa bouche avec la sienne, laissant un léger rire filer avant de vraiment l’embrasser "Je demande comme ça, c’est pour une amie."

rp terminé.