It was an uphill battle but they didn't know, but they didn't know we were gonna use the roads as a ramp to take off. We could cry a little, cry a lot don't stop dancing, don't dare stop. We'll cry later or cry now
Alex s’est endormie rapidement ce soir. Le torse collé à son dos et un bras qui entoure son corps pour la maintenir contre moi, je ferme les yeux essayant de me concentrer sur sa respiration. Sa présence m’apaise et me fait du bien mais je sens que ce soir tout ça ne sera pas suffisant pour moi. Les insomnies sont de plus en plus fréquentes depuis quelques semaines et il ne me faut pas très longtemps pour comprendre que ce soir en fera partie. La journée a pourtant été fatiguante ; se lever tôt pour arriver au restaurant vers neuf heures et demie, quelques rendez-vous, assurer le service de midi, puis quelques autres rendez-vous pour rentrer chez moi afin de profiter de ma femme et de mes enfants. Sur la route du retour après avoir été chercher Nathan à l’école c’est avec fierté et beaucoup d’énergie qu’il me racontait sa journée à l’école et ses problèmes et péripéties avec ses amis et sa copine. La journée n’a pas été de tout repos et elle fut longue. Ce soir, je suis fatigué. Tout autant qu’hier et les jours d’avant mais pourtant je ne parviens pas à trouver le sommeil. Je pense, je réfléchis, mon cerveau semble être en ébullition sans accepter de me laisser une seconde de répit. Des ruminations anxieuses, c’est comme ça que mon médecin les appelle. C’est quelque chose que je connais et que je n’expérimente pas pour la première fois. Malheureusement. Je soupire et tout en essayant de ne pas réveiller Alex je m’éloigne un peu d’elle, essayant tant bien que mal de trouver une autre position qui peut-être, par miracle m’aidera à trouver le sommeil. 1h30 du matin. Déjà plus d’une heure que je ne cesse de bouger dans tous les sens et une nouvelle inquiétude vient s’ajouter à la déjà très longue liste : celle de réveiller ma femme, alors je préfère me lever doucement. Je m’assois au bord du lit et me tourne vers elle afin de m’assurer de la voir toujours endormie, elle bouge mais ne semble pas réveillée. Pour continuer ainsi j’attrape mon paquet de cigarettes un pantalon de jogging que j’enfile ainsi que mon portable pour sortir sur la terrasse donnant directement dans notre chambre. À nouveau, je soupire mais cette fois sans la peur de réveiller ma femme et c’est après m’être assis sur un siège que j’allume une cigarette. Bien heureusement ce n’est pas quelque chose que je fais souvent, fumer en pleine nuit. La journée quand ces moments d’anxiété sont tout aussi fort, les enfants et Alex peuvent quelque fois m’aider à m’apaiser sans même qu’ils en aient conscience. Mais ce soir, tout le monde dort alors ma seule amie reste cette cigarette présente entre mes lèvres. Triste réalité durant laquelle je fume et regarde sur mon portable le compte en banque du restaurant à bientôt deux heures du matin. Puis par la suite c’est notre compte personnel que j’examine et après une vingtaine de minutes dehors je décide de rentrer tout en faisant le moins de bruit possible. Ne pensant même pas à ôter mon pantalon je reprends place dans le lit au plus proche de ma femme.
Des pleurs qui me réveillent presque en sursaut. J’avais enfin réussi à trouver le sommeil. Je tourne la tête ; 3h19. Je soupire, sur le babyphone on peut voir que Mael s’est réveillé. Il ne se réveille plus vraiment la nuit et avant qu’Alex ne se lève pour aller voir notre fils, j’embrasse sa nuque avec douceur. « Bouge pas. J’y vais. » je lui assure, d’une petite voix et c’est pour la seconde fois de la nuit que je quitte le lit conjugal mais cette fois pas pour sortit fumer en vérifiant différents comptes en banque. « Heeey mon grand. » Mael pleure, Mael s’agite dans tous les sens dans son lit et c’est en fronçant légèrement les sourcils que j’allume une petite lumière dans sa chambre avant de le prendre dans mes bras. « Qu’est-ce qu’il se passe mon chéri ? » Je le berce, je l’embrasse, je caresse son dos et lui parle avec douceur mais rien n’y fait. Sa couche ne semble pas être sale et il ne prend plus de biberon la nuit. Peut-être a-t-il fait un cauchemar ? Le problème étant que même si je lui pose la question il ne sera pas en capacité de me répondre. Cinq minutes. Mael pleure toujours autant malgré toutes mes tentatives. Pas de fièvre, pas de changement de couche à faire, et je dois avouer me sentir un peu démuni. « Mael, tu vas réveiller tes sœurs et ton frère. Calme-toi, papa est là. » J’essaie de le rassurer bien que rien ne semble réellement efficace. Je fais les cent pas dans sa chambre et me doutant qu’Alex ne s’est pas rendormie je sors de sa chambre pour la rejoindre. « Je pense que ses dents lui font mal. » je lui dis en passant la porte.« Regarde tu n’es pas tout seul. Papa est là pour toi. Et maman aussi, regarde, maman est là. » je me tourne pour qu’Alex puisse être dans son champ de vision et j’ose espérer qu’avec un peu de chance la vision de sa mère pourra suffire à le calmer un peu. « Peut-être que tu auras plus de chance que moi. » Peut-être qu’il a besoin d’une présence maternelle et une fois Mael bien installé contre sa mère je quitte une nouvelle fois le lit mais cette fois pour partir à la recherche d’un anneau de dentition et une fois trouvé je les rejoins avec l’objet en mains. « Je déteste l’entendre pleurer comme ça… » que j’avoue une grimace au visage tout en venant caresser du bout des doigts la main de notre fils. L’entendre pleurer et d’autant plus difficile quand on sait que s’il est si bruyant c’est parce qu’il a mal et ce soir, c’est sûrement le cas.
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Dormir, je redécouvre la sensation des nuits complètes, des nuits à dormir sans me réveiller après ces trois dernières années qui n'ont pas été des plus reposantes. Grossesses, nourrissons, allaitement, biberons, terreur nocturne, j'ai l'impression d'apprécier réellement maintenant les nuits entières. Les journées sont longues, Lucy, Lena, Mael et Nathan, ils ont chacun leur besoins propres mais je fais au mieux pour répondre à leurs besoins, leurs envies, à être là pour eux, même si Nathan est encore réfractaire, pour ce qui est des trois plus petits, ils ont besoin de nous, tout le temps ou presque et les journées sont longues alors le soir venu, le sommeil n'est pas long à arriver. Et depuis que Maël nous permets de faire de plus en plus souvent des nuits complètes, je savoure et je dors vraiment bien. Sauf ces dernières nuits ou je sens Caleb qui semblent avoir un sommeil un peu plus agité qu'à l'accoutumée. Et cette nuit ne semble pas être différente des précédentes. Je sens Caleb qui bouge, je le sens qu'il se lève, mais ce n'est pas rare ces derniers temps et je pense qu'il va aux toilettes, enfin je ne pense pas vraiment, puisque je me rendors quasiment instantanément ma tête qui se pose sur son oreiller pour sentir sa présence avec moi. Je sens quand il revient dans le lit, incapable de dire si ça fait deux minutes ou deux heures qu'il est parti. Je me colle à lui, et si l'odeur de la cigarette me fait grimacer, le sommeil me rattrape bien vite et je me rendors. Ce ne sont que les pleurs de Maël qui sortent fort et clair du babyphone qui me réveillent. Je suis totalement perdue et je mets quelques secondes avant de réaliser que notre fils pleure. Je grimace, je n'arrive pas à ouvrir les yeux et je sens Caleb embrasser ma nuque avant de me dire. « Bouge pas. J’y vais. » Je me fais pas prier, mes yeux toujours fermés, je me tourne vers lui et j'ouvre un yeux pour le voir quitter le lit vêtu de son jogging. J'ouvre l'autre œil pour m'assurer de ce que je vois, et je peux jurer qu'il n'était pas comme ça quand il s'est couché, mais je n'ai pas le temps de réfléchir qu'il quitte la chambre et je sens mes yeux qui luttent pour ne pas se refermer. Mais j'entends les pleurs de Mael, je sens au travers du babyphone que les pleurs sont forts, qu'ils ne sont pas habituels et je finis par me réveiller pleinement alerter par l'intensité de ses pleurs. « Heeey mon grand. » La voix de Caleb est douce, je l'entends dans le babyphone et je peux l'entendre essayer de rassurer Mael. « Qu’est-ce qu’il se passe mon chéri ? » J'entends Caleb prendre soin de notre fils et les pleurs commencent à me faire mal au cœur et je suis désormais bien réveillée, j'allume la lampe de chevet tout en me frottant les yeux à plusieurs reprises. Je me tire du lit pour aller aux toilettes et quand je retrouve notre lit, les pleurs de Mael n'ont pas cessé. « Mael, tu vas réveiller tes sœurs et ton frère. Calme-toi, papa est là. » Il a raison Caleb, à ce rythme c'est même un miracle que ni Lucy, ni Lena ne soient réveillées alors qu'il pleure toujours. J'hésite à le rejoindre mais je ne pourrais rien faire de plus et je ne veux pas que Caleb pense que je n'ai pas confiance en lui pour gérer les pleurs de notre fils. Je me réinstalle dans le lit, écoutant le babyphone en espérant entendre les pleurs cesser. « Je pense que ses dents lui font mal. » C'est Caleb avec Mael dans les bras que je vois débarquer dans la chambre, et je grimace en entendant les mots de Caleb. La poussée dentaire, une joie, surtout la fin de nos nuits complètes. Et les douleurs pour lui surtout. « Il n'a pas de fièvre ? » C'est la première chose que je demande à Caleb, et je sais qu'il aura vérifié ça, mais les pleurs de notre fils commencent un peu à m'inquiéter puisqu'il pleure comme tout bébé, mais autant et avec une telle intensité c'est très rare. « Regarde tu n’es pas tout seul. Papa est là pour toi. Et maman aussi, regarde, maman est là. » Il est doux avec lui, il lui parle, il le rassure, mais ça ne semble pas avoir l'effet escompté, je regarde notre fils. « Coucou petit cœur. » J'essaye de lui sourire, de capter son regard, de lui montrer par ma voix que je suis là mais ça semble peine perdu. « Peut-être que tu auras plus de chance que moi. » Je redresse mon oreiller et je le laisse installer Mael contre moi. Je pose un baiser sur son front et je le serre contre moi tout en lui parlant doucement. Je le sens tout tendu dans mes bras, il gesticule beaucoup, pleure toujours et je vois dans son regard tout l'inconfort qu'il ressent et je me sens un peu démunie face à sa douleur. Il n'essaye même pas de réclamer le sein, ce qu'il pourrait faire habituellement. Je masse doucement ses gencives avec mon doigt, il pince mon doigt à plusieurs reprises et sa petite main agrippe ma nuisette, ça semble le détendre un peu, mais les pleurs ne cessent pas pour autant. Je le berce, je lui chante une chanson doucement, mais capter son attention semble compliqué ce soir et pourtant le lien que j'ai avec lui est plutôt fort habituellement mais ce soir je n'arrive pas à le soulager et ça m'inquiète beaucoup. Caleb revient avec l'anneau de dentition et j'espère que ça va soulager Mael, je n'attends pas plus pour tester parce que c'est un peu tout ce que l'on a actuellement pour lui. « Je déteste l’entendre pleurer comme ça… » Je le vois caresser la main de Mael et je ne peux que le comprendre. « Ça me fait mal au cœur de pas pouvoir le soulager. » Ses pleurs, son comportement, son regard qui montre à quel point ce ne sont pas des pleurs normaux, tout ça me fait mal au cœur, mais l'anneau de dentition commence à faire son effet, doucement mais les pleurs perdent en intensité même s'il continue à pleurer encore. Il a les yeux qui se ferme, et je le berce un peu. « Je l'ai rarement vu aussi tendu et agité que ce soir. » Je suis inquiète et si les poussées dentaires peuvent être douloureuses pour certains bébés, je ne supporterai pas de le laisser souffrir autant sans rien avoir à faire pour le soulager rapidement. Assise contre la tête de notre lit, je fais signe à Caleb de venir près de moi. Je pose ma tête sur l'épaule de Caleb, mais mon regard est toujours posé sur Mael. Je fredonne quelques chansons doucement tout en le berçant. Il finit par se calmer après de longues, trop longues minutes de pleurs, il se détends un peu et ses yeux luttent pour rester ouverts, les miens aussi, mais c'est sur Mael que je suis concentrée. Je le sens lutter et venir téter l'anneau de dentition plutôt que de le mâchouiller et je remplace doucement l'anneau par sa tétine en espérant que ça pourra l'aider à s'endormir. Je le pose délicatement sur le lit entre nous et je m'allonge à mon tour à côté de notre fils et je caresse son front du bout des doigts. Il ne dort pas encore, ses yeux sont ouverts, mais son regard a changé, les pleurs se sont arrêtés, il me regarde et je lui souris doucement. « C'est fini petit cœur, tu peux dormir on est là. » Je regarde pendant de longues secondes notre fils, ses yeux qui fixent les miens et je me sens soulagée de le voir apaisé. Ma main qui caresse toujours son front, il finit par fermer ses yeux tout en serrant le doigt de Caleb dans sa petite main. Et c'est vers Caleb que mon regard se pose désormais. « On peut le garder avec nous cette nuit ? » Je sais que c'est pas une bonne idée, mais le voir comme ça m'a un peu inquiétée (beaucoup) et je serai rassurée de le savoir avec nous. Mais quand je vois Caleb, je remarque bien vite qu'il semble fatigué, plus que d'habitude et mon attention change. « Il n'y a pas que lui qui dort mal, tu es agité dans ton sommeil, et tu as l'air fatigué ça va ? » Et c'est en voyant son jogging que je repense à ce début de nuit et je le regarde à nouveau, et je viens caresser son bras du bout des doigts, Mael entre nous qui m'empêche d'être contre Caleb, mais je cherche le contact physique avec mon mari. « Tu n'étais pas habillé comme ça quand tu t'es couché, tu t'es levé pour fumer cette nuit ou j'ai rêvé ? » L'odeur de la cigarette n'était sans doute pas un de mes rêves et Caleb qui quitte le lit non plus et si je suis inquiète pour Mael, je tente de cacher l'inquiétude que je ressens quand je réalise que Caleb a fumé en pleine nuit.
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Mael s’est réveillé. Mael pleure alors que je venais tout juste de réussir à trouver le sommeil. Mais j’ai malheureusement l’impression que quoi que je fasse, rien ne pourra l’aider à se calmer. Et c’est sûrement ça le plus difficile dans notre rôle de parents. L’impuissance. Ou bien peut-être que le problème c’est aussi moi après tout. Je suis fatigué, je n’ai pas encore réussi à réellement m’endormir alors comment est-ce que je peux réussir à apaiser notre fils qui semble souffrir à cause de ses dents qui poussent ? J’essaie pourtant de mettre toutes les chances de mon côté en lui parlant avec douceur, en caressant son dos en l’embrassant et en lui montrant qu’il n’est pas seul et n’a aucune raison d’avoir peur ainsi. « Il n'a pas de fièvre ? » Je lui réponds d’un signe de tête à la négative. Depuis l’otite de Lena quand elle n’était qu’un bébé prendre la température de nos enfants dès que je sens que quelque chose n’est pas comme d’habitude est devenu mon tout premier réflexe. Je sais que la présence de sa mère a tendance à le rassurer bien plus que la mienne alors j’essaie cette carte aussi, en lui montrant qu’Alex est avec nous mais rien n’y fait alors je me résigne rapidement à l’installer contre sa mère. Elle s’en sort bien mieux que moi, de toute façon alors je ne doute pas qu’elle parviendra à le calmer en un claquement de doigts. Je les laisse seuls un instant, simplement le temps de chercher son anneau de dentition dans l’espoir que cet objet puisse au moins le soulager et lui permettre de pleurer plus doucement. « Ça me fait mal au cœur de pas pouvoir le soulager. » J’acquiesce d’un signe de tête alors que je ne quitte pas Mael des yeux. Comme prédit, c’est assez rapidement qu’il commence à se calmer. Sûrement grâce à Alex. Ou bien à cet anneau de dentition. Peut-être un mélange des deux ? Il pleure encore mais bien plus doucement que tout à l’heure. « Je l'ai rarement vu aussi tendu et agité que ce soir. » C’était la même chose pour les filles. La période de la poussée dentaire est sans aucun doute l’une des plus difficiles que ce soit pour le bébé ou ses parents qui ne peuvent malheureusement pas grand-chose pour soulager leur enfant. C’est frustrant et surtout très désagréable. Parce que j’aimerais pouvoir l’aider, le soulager et lui permettre de passer cette période de la manière la plus sereine qu’il soit mais je m’en sens tout bonnement incapable. Je laisse Alex gérer bien plus douée que moi pour ça de toute façon, me mettant physiquement un peu à l’écart jusqu’à ce qu’elle ne me demande de m’approcher d’eux. Mon regard est concentré sur Mael alors que le sien ne décroche pas de sa mère. « On peut le garder avec nous cette nuit ? » Ce n’est que quand j’entends la voix d’Alex que mes yeux quittent notre fils pour se poser sur elle quelques secondes et c’est tout en hochant positivement la tête que je lui réponds. « Pour ce soir, oui. » je précise mais tout en acceptant tout de même. Pour ne pas trop déranger Mael et qu’il ne se sente pas trop oppressé je m’éloigne un peu, à contre cœur mais je veux qu’il puisse avoir toute la place dont il a besoin. « Il n'y a pas que lui qui dort mal, tu es agité dans ton sommeil, et tu as l'air fatigué ça va ? » Moi qui essayais d’être le plus possible discret pour ne pas la déranger ou la réveiller alors qu’elle semblait dormir si bien sa question me prouve que c’est un échec de ma part. « Excuse-moi, j’ai essayé de faire le moins de bruit possible pour ne pas te réveiller. J’ai pas réussi à dormir mais c’est pas grave, ça m’arrive souvent en ce moment. » et c’est peut-être justement parce que c’est quelque chose qui t’arrives régulièrement ces derniers temps que c’est important, Caleb, tu ne penses pas ? « Tu n'étais pas habillé comme ça quand tu t'es couché, tu t'es levé pour fumer cette nuit ou j'ai rêvé ? » Ça en revanche, il s’agit clairement d’un reproche pas vrai ? Du moins c’est comme ça que je l’interprète. Je me trouvais déjà ridicule tout à l’heure une cigarette à la main à deux heures du matin mais maintenant, je me rends compte de l’absurdité de la scène. « Désolé. Je ne me suis pas levé pour fumer non. Je n’arrivais pas à dormir alors je me suis levé pour prendre l’air et j’en ai juste profité pour prendre une cigarette. J’avais besoin de me détendre. » Et oui, on a connu mieux comme façon de se détendre je vous l’accorde mais la cigarette fait réellement partie de ces choses qui parvient à m’apaiser le plus facilement et rapidement. « Mais t’en fais pas je vais bien, c’est juste pas une bonne nuit c’est tout. Toi tu devrais te rendormir. » que je lui dis en me penchant vers elle pour déposer un léger baiser sur sa joue. Je pourrais réellement l’embrasser mais j’ai bien compris que l’odeur de cigarette la dérange alors je ne veux pas lui infliger une telle chose. En soit, je ne lui mens pas vraiment. Je vais bien, oui c’est vrai. Je ne suis pas triste mais juste angoissé par tout un tas de choses et c’est souvent la nuit que ces pensées prennent plus d’ampleur.
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Être réveillée en pleine nuit, ce n'est pas parce qu'on l'a déjà vécu avec les jumelles que c'est plus simple de le vivre à nouveau avec Mael. Je dormais bien, même si le sommeil agité de Caleb avait pu me tirer de mon sommeil pendant une micro-seconde, dormir une nuit complète je commençais à m'y habituer. Surtout à l'apprécier. Mais, cette nuit, Mael pleure. Rectification ; Mael hurle. Il nous communique son inconfort, sa douleur aussi sans doute et après Caleb c'est à mon tour de tenter de le rassurer, de l'apaiser, de le calmer mais la seule chose qui semble avoir un effet positif, c'est l'anneau de dentition que vient de ramener Caleb. Il le pince entre ses gencives et ça fait baisser l'intensité de ses pleurs. Mes yeux sont rivés sur notre fils, qui ne semble pas encore totalement soulagé, et ses larmes me font mal au cœur. J’essuie du bout des doigts ses joues, et ce n'est qu'après quelques minutes, longues minutes ?, que je m'adresse à Caleb et que je le regarde remarquant qu'il est loin de nous. Je lui fais signe de se rapprocher de nous, et après de longues minutes, Mael semble vraiment plus calme, et le sommeil semble le rattraper même s'il lutte encore et je ne me vois pas le remettre dans son lit, pas alors que ses pleurs ne m'ont pas laissé indifférente. Je ne veux pas décider toute seule alors je demande à Caleb. « Pour ce soir, oui. » Je sais que j'ai eu (ou que j'ai encore) une relation fusionnelle avec Mael. Il me l'a fait comprendre et j'essaye de faire attention à ça et au lieu de m'allonger et de le poser sur moi, je l'ai posé entre nous, sur le lit et si je suis proche de Mael, ma main qui caresse son front, Caleb lui semble s'écarter un peu et je suis surprise. Et si Mael s'est apaisé, et qu'il y a désormais un petit sourire sur son visage détendu, c'est pour le grand que je m'inquiète désormais. « Excuse-moi, j’ai essayé de faire le moins de bruit possible pour ne pas te réveiller. J’ai pas réussi à dormir mais c’est pas grave, ça m’arrive souvent en ce moment. » Il s'excuse, voilà la première chose qu'il fait et c'est Caleb, ça ne devrait pas m'étonner non ? Pourtant ça m'étonne mais ce que je retiens surtout ce sont ses autres paroles. Du Caleb tout craché aussi, mais j'ai l'impression de voir un grand panneau danger s'afficher dans ma tête en entendant sa réponse. c'est pas grave, ça m'arrive souvent en ce moment. Deux idées qui sont à mon sens totalement incompatibles et il verrait que ça l'est lui aussi si on ne parlait pas de lui. « Ça fait longtemps que tu as du mal à dormir ? » C'est quoi en ce moment ? C'est quoi souvent aussi ? Depuis quand il a du mal à dormir exactement ? « Tu peux pas dire que c'est pas grave alors que ça t'arrive souvent en ce moment, c'est pas anodin chéri, enfin ça l'est pas pour moi. » Je reviens aussi sur le fait que l'on a visiblement pas la même notion de ce qui est grave ou non. Mais, si en soit ne pas réussir à dormir ou dormir moins bien, n'est pas grave en soit, le fait que ça lui arrive souvent rends cette information préoccupante. Surtout si on ajoute à ça, le fait que désormais il se lève au milieu de la nuit pour fumer. « Désolé. Je ne me suis pas levé pour fumer non. Je n’arrivais pas à dormir alors je me suis levé pour prendre l’air et j’en ai juste profité pour prendre une cigarette. J’avais besoin de me détendre. » Je fronce les sourcils, inquiète. « Arrête de t'excuser chéri, c'est pas des reproches que je te fais, je m'inquiète pour toi. » Il s'excuse. Encore. Sauf, que je ne veux pas qu'il s'excuse d'avoir du mal à dormir, ou d'avoir besoin de fumer. Ca m'inquiète, ça m'interpelle forcément, mais il n'a pas à s'en excuser. Il a fumé donc. En pleine nuit, il s'est levé parce qu'il n'arrivait pas à dormir et il a fumé parce qu'il avait besoin de se détendre. L’inquiétude est présente. Parce que s'il avait besoin de se détendre c'est bien qu'il était inquiet, tendu, anxieux, en colère, enfin qu'il avait quelque chose qui n'allait pas et je veux tenter de le comprendre. Alors que soyons honnête, comprendre les gens c'est loin d'être mon point fort. Mais ce n'est pas n'importe qui Caleb, c'est mon mari alors j'ai besoin de le comprendre. « Tu veux qu'on aille prendre l'air tout les deux ? » J'ai envie d'être là pour lui. Ne pas le brusquer, ne pas le forcer à parler, ni pas le culpabiliser, ne pas trop parler, ne pas l'inquiéter, ne pas le faire se sentir encore moins bien. Je pense à ce que je dois faire et j'essaye surtout de faire ce que je peux pour lui, et lui montrer que je suis là. Présente, émotionnellement et aussi physiquement. Mael entre nous, je me rapproche de notre fils, juste pour pouvoir réduire un peu la distance avec Caleb, une distance qu'il a mise dès que j'ai posé Mael sur notre lit et j'ai besoin de lui montrer que je suis là pour lui malgré la présence de notre plus jeune fils entre nous. Je me concentre sur Caleb, Mael s'est endormi, et ton mon attention est centrée sur Caleb. Ma main qui caressait le front de notre fils, caresse désormais l'avant bras de Caleb, et après quelques secondes, j'entremêle mes doigts au sien et je tire un peu sur sa main pour le rapprocher de nous, tout en continuant à le regarder. « Mais t’en fais pas je vais bien, c’est juste pas une bonne nuit c’est tout. Toi tu devrais te rendormir. » Juste pas une bonne nuit alors qu'il vient de me dire que ça lui arrivait souvent en ce moment, je sens qu'il veut me rassurer, mais je vais avoir besoin de plus qu'un simple t'en fais pas même si ce soir, je dois surtout penser à ce que lui a besoin et ça aussi c'est pas simple pour moi. Il m'embrasse, un simple baiser sur la joue et j'ai l'impression qu'il pense vraiment que je vais me rendormir. « Je suis pas fatiguée. » C'est faux, mais c'est juste pour lui montrer que je ne compte pas me rendormir, ou plutôt que je n'ai pas l'intention de me rendormir comme ça tout en sachant qu'en ce moment il ne va pas très bien. Pourtant on pourrait. Mael s'est rendormi, il a retrouvé le calme et la sérénité pour dormir mais ce n'est pas le cas de Caleb et c'est lui désormais qui m'inquiète. Et je pourrais redire la même chose que j'ai dis pour notre fils. Ca me fait mal au cœur de ne pas pouvoir le soulager. De ne pas pouvoir l'aider. Je bouge un peu dans le lit, doucement pour ne pas réveiller Mael, mais je le décale un peu pour venir me mettre entre Caleb et Mael, et réduire à nouveau cette distance avec Caleb. « Je dors mal si je n'ai pas mon câlin. » Je lui souris, j'essaye d'être présente pour lui, à ma manière en venant me loger contre son torse, mais avant ça, je pose mes lèvres sur les miennes, délicatement, un baiser tendre mais plutôt long. « Et je ne peux pas dormir sans mon bisou non plus. » J'aurais 150 questions à lui poser, mais je ne sais pas si mes questions ne vont pas être sources de stress pour lui, et il n'a sûrement pas besoin de ça alors qu'il semble déjà l'être. Je me colle contre lui, essayant de lui faire sentir physiquement que je suis là pour lui et après quelques secondes, minutes, je ne peux pas m'empêcher de lui parler à nouveau. « Est-ce que je peux faire quelque chose pour t'aider ? » Dis moi comment être utile, comment t'aider, comment bien me comporter parce que j'en sais rien. « Tu es stressé en ce moment ? Y'a quelque chose dont tu voudrais me parler ? » Peut-être que c'est en lien avec nous ? Avec nos enfants ? Avec moi ? Avec ce rythme de vie qu'il doit gérer entre notre famille et son travail ? Est-ce que c'est en lien avec son passé ? J'essaye de ne pas être trop intrusive avec mes questions, mais c'est plus fort que moi, je m'inquiète et je sens à mon tour que je commence à trop réfléchir.
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Les insomnies sont fréquentes ces derniers temps, et si jusqu’ici je pensais avoir réussi à ne pas déranger ma femme aujourd’hui ça n’a pas été le cas. Mael se détend depuis qu’il est avec sa mère, c’est elle qu’il regarde avec les yeux grands ouverts et c’est bien à elle qu’il commence même à sourire. Cette nuit pour la première fois depuis bien longtemps je me sens clairement de trop et je comprends que je n’ai vraiment pas ma place entre eux. En même temps, quand on voit à quel point je ne suis pas très doué avec mon fils il semble normal qu’il ne s’apaise jamais avec moi. « Ça fait longtemps que tu as du mal à dormir ? Tu peux pas dire que c'est pas grave alors que ça t'arrive souvent en ce moment, c'est pas anodin chéri, enfin ça l'est pas pour moi. » J’hausse les épaules et soupire en venant me frotter les yeux. Pourtant je le pense vraiment en lui disant que ce n’est pas si grave. « J’en sais rien, ça fait quelques semaines. » Mais combien de temps exactement, je ne le sais même pas. J’ai toujours été le dernier de nous deux à m’endormir mais depuis quelques semaines il peut m’arriver d’avoir besoin d’une heure pour tomber dans les bras de Morphée. Et quand une heure n’est pas suffisante je sais en général que la nuit risque d’être très longue. Comme ce soir. « Arrête de t'excuser chéri, c'est pas des reproches que je te fais, je m'inquiète pour toi. » Je la sais sincère. Je ne doute pas de son inquiétude qui se lit de façon très claire sur son visage. Et voilà pourquoi je ne voulais pas lui en parler. Je savais qu’elle s’inquiéterait pour moi et ce n’est pas ce que je veux pour elle. Elle mérite mieux. Elle mérite le calme et la sérénité que je ne suis même pas capable de lui apporter et encore une fois, je me sens nul. Extrêmement nul. J’aimerais être à la hauteur pour elle. J’aimerais qu’elle puisse compter sur moi et sur ma force d’esprit qui est pourtant inexistante. Sa réponse me fait grimacer. Parce que je me rends bien compte que mon anxiété nocturne me pousse à mal interpréter ses propos. Elle ne me faisait aucun reproche, je le sais mais pourtant je j’ai pris ses paroles comme tels. Bêtement. « Tu veux qu'on aille prendre l'air tout les deux ? » Je joue avec mes doigts, je me ronge les ongles. « Non non t’en fais pas, ça va aller. » J’essaie de la rassurer, mais c’est surtout que si je sors je sais que je vais de nouveau avoir envie ou besoin de fumer une autre cigarette et sachant qu’Alex n’aime pas cette odeur ni même me voir fumer, je préfère refuser son offre. « Reste avec Mael moi ça va, il a besoin de toi. » Encore que des mots que je pense sincèrement. Je vais à peu près bien, je suis juste angoissé pour des raisons qui me sont même inconnues. Mael en revanche a besoin de la présence rassurante de sa mère. Je la sens tirer sur ma main pour me rapprocher d’eux, mais je ne le fais pas beaucoup ne voulant surtout pas déranger Mael ou qu’il se sente trop oppressé entre nous. « Je suis pas fatiguée. » Le regard que je lui lance parle pour moi. Je sais qu’elle me ment et je ne comprends pas vraiment son objectif. Si j’ai quelques troubles du sommeil depuis quelques semaines, cela ne veut pas dire qu’elle doit elle aussi arrêter de dormir. Je la regarde déplacer Mael et s’approcher de moi sans un mot. « Je dors mal si je n'ai pas mon câlin. » Un léger sourire s’étire sur mes lèvres avant que je ne puisse dire la moindre chose je prolonge le baiser qu’elle initie laissant une main caresser sa joue avec douceur. « Et je ne peux pas dormir sans mon bisou non plus. » Toujours avec ce même petit sourire je la regarde, je sais qu’elle de se montrer présente et de m’apaiser à sa manière et ça me touche beaucoup. « Merci bébé. » Ce n’est pas grand-chose et si malheureusement ce baiser et serrer ma femme contre moi ne suffit pas à me détendre ce soir je suis tout de même reconnaissant qu’elle tente sa chance ainsi. « Est-ce que je peux faire quelque chose pour t'aider ? » « Va dormir. » que je lui réponds sans la moindre hésitation, je sais que ce n’était pas ce genre de réponse qu’elle attendait mais c’est pourtant tout ce que je réussis à lui dire. « Tu es stressé en ce moment ? Y'a quelque chose dont tu voudrais me parler ? » Est-ce qu’il y a quelque chose dont je voudrais lui parler ? Honnêtement non, pas spécialement. Alors pourquoi est-ce que je suis si anxieux en ce moment ? Je n’en ai pas la moindre idée. C’est bête, c’est ridicule, c’est stupide. Je le sais, j’en ai déjà conscience. « Je ne sais pas. J’ai une boule dans le ventre, je ne peux pas t’expliquer pourquoi j’en ai pas la moindre idée. J’ai aucune raison de me sentir comme ça parce que tout va bien dans notre vie en ce moment mais… » Je termine ma phrase simplement en levant les épaules. L’anxiété est difficile à décrire et à comprendre pour les personnes qui ne l’ont jamais vraiment expérimenté. Mais je ne le souhaite à personne et surtout pas à ma femme. J’aurais pu reprendre la parole, essayer de lui expliquer tout ça mais ce sont des pleurs d’enfant qui me coupent dans ma lancée. Cette fois ce n’est pas Mael mais Lucy qui pleure, je l’entends qui m’appelle et après un nouveau soupir j’embrasse Alex sur le front. « J’y vais. » Pour la troisième fois cette nuit je quitte la chaleur des draps pour cette fois aller voir Lucy. Elle pleure et lève les bras vers moi en me voyant entrer dans sa chambre et c’est avec ma fille dans les bras que je quitte rapidement la chambre afin de ne pas réveiller sa sœur. Elle me dit avoir fait un cauchemar et essaie de me l’expliquer avec ses mots. Je descends avec elle pour lui donner un verre d’eau qu’elle boit d’une traite. « Câlin ? » qu’elle me demande les yeux encore tous rouges et ma réponse ne se fait de toute façon pas tarder en venant la serrer dans mes bras. « Ze peux faire bisou maman ? » Voilà presque dix minutes que j’ai quitté le lit mais je suis presque sûr qu’Alex ne s’est pas encore rendormie alors c’est toujours avec Lucy dans les bras que je finis par rejoindre ma femme dans notre chambre. « Elle a fait un cauchemar. Elle voulait venir te faire un bisou. » que j’explique à Alex qui, effectivement est toujours réveillée. Les bras de Lucy toujours agrippés à mon cou je me penche vers ma femme pour que Lucy puisse l’embrasser sur la joue. « Mael ! » qu’elle dit presque en criant, ce qui me fait légèrement froncer les sourcils ne souhaitant pas réveiller son frère. Elle veut l’embrasser lui aussi alors c’est sur sa joue qu’elle y déposer un baiser. « Ze veux rester avec vous ! » Avant de répondre quoi que ce soit je regarde Alex essayant de comprendre son avis sur la question simplement en un regard. Moi ça ne me dérange pas mais je préfère demander l’avis de ma femme avant. « Je crois qu’elle va avoir peur de retourner dans sa chambre ce soir. » que je dis simplement, ou bien l’envie de rester avec nous est venue simplement car elle a vu son frère dans notre lit ce soir.
It was an uphill battle but they didn't know, but they didn't know we were gonna use the roads as a ramp to take off. We could cry a little, cry a lot don't stop dancing, don't dare stop. We'll cry later or cry now
Il a fallu que Mael nous réveille cette nuit pour que je réalise que les nuits sont compliquées pour Caleb en ce moment. Il semble fatigué, mais entre les enfants et le travail, ce n'était pas si surprenant, il a tendance à toujours se donner à fond et ne jamais penser à lui. Alors la fatigue n'était pas si étonnante mais aujourd'hui j'apprends qu'il dort mal, qu'il a du mal à s'endormir surtout et cette nuit je réalise que ça lui arrive souvent en ce moment. « J’en sais rien, ça fait quelques semaines. » Quelques semaines. Voilà quelques semaines que mon mari dort pas et je n'ai rien vu avant et je m'en veux un peu. Je le sens bouger de temps en temps, se lever parfois mais je n'avais pas remarqué que c'était si régulier et surtout que c'était si problématique pour lui. Je me sens encore une fois à côté de la plaque, pas attentive à lui et j'aurais aimé réaliser à quel point c'était problématique pour lui. « Tu en as parlé avec ton médecin ? » J'aimerai pouvoir l'aider, peut-être que je le peux, mais j'en doute. Je n'avais même pas remarqué qu'il dormait si peu/si mal. Je le sens touché par mes mots qu'il prends comme un reproche, il s'excuse, il grimace, il me semble différent cette nuit ou alors c'est moi qui le voit différemment ? Inquiète d'apprendre ça, incapable de savoir comment l'aider ou quoi lui dire. Je m'inquiète pour lui mais j'ai l'impression que ce n'est pas quelque chose qui l'aide ou qui va l'aider. Je lui propose de sortir avec lui prendre l'air, ça l'aide visiblement à se détendre un peu puisque c'est ce qu'il a fait cette nuit, ça et la cigarette mais il refuse. « Non non t’en fais pas, ça va aller. » Je le regarde, je lui souris. Un sourire qui se veut rassurant même si je ne crois pas vraiment en ses mots. Mais, il semble déjà assez inquiet sans que j'en rajoute non ? Alors j'essaye d'être rassurante, j'essaye de cacher derrière un sourire l'inquiétude que je ressens pour éviter de lui ajouter mon inquiétude à gérer. « Reste avec Mael moi ça va, il a besoin de toi. » Je secoue la tête, tout en le regardant lui. « Il va bien, regarde le, il s'est endormi. » Une preuve que des deux ce n'est pas lui qui a le plus besoin de moi. « Et je peux être là pour vous deux. » Mael dort, Mael est apaisé, ce qui n'est pas le cas de Caleb et c'est sur lui que je veux me concentrer. Mais je ne lui dis pas que je considère qu'il a besoin de moi, je ne veux pas qu'il ait à me rassurer et surtout, je veux qu'il sache que je suis là pour lui, que je veux être là pour lui. Il ne bouge pas vraiment quand je l'attire vers nous, il reste loin et je n'aime pas ça. Je ne sais pas comment l'aider verbalement, et pourtant parler c'est quelque chose que je fais beaucoup mais je sais aussi que je peux être très maladroite et je veux éviter d'être une source de stress pour lui. Je ne lâche pas sa main, même s'il ne s'approche pas, je reste en contact avec lui. Il veut que je dorme et je sais qu'il veut prendre soin de moi, qu'il veut vraiment que je me repose, sauf que je ne veux pas dormir en sachant que lui ne va pas bien. Il ne veut pas sortir avec moi, il ne veut pas vraiment se rapprocher quand je l'invite à le faire, mais je veux pourtant être là pour lui et je lui montre en venant me coller à lui. J'en ai besoin, et je veux surtout faire quelque chose, lui montrer que je suis là sans qu'il ait à me le demander, mais juste parce que je veux être un soutien pour lui. Je ne suis pas sure de pouvoir l'être mais je veux essayer et c'est par ma présence auprès de lui et mes gestes que je lui montre mes intentions. Je décèle un léger sourire sur son visage et je lui souris aussi, parce que j'ai besoin de le voir sourire. Je l'embrasse, aussi espérant que ce baiser pourra avoir un effet positif sur lui, et mon corps contre le sien je serre sa main dans la mienne pour lui montrer que je suis là. C'est peu, mais je ne sais pas comment faire pour l'aider mieux. « Merci bébé. » Je l'entends me remercier mais je n'ai rien fais, enfin rien qui ne mérite des remerciements. J'ai même l'impression d'avoir rien fait, ou pas assez. Et je lui demande directement si je peux faire quelque chose de plus pour l'aider, parce que je me sens un peu impuissante. « Va dormir. » Je sais qu'il le veut vraiment, qu'il souhaite que je dorme mais ce n'est pas la réponse que j'attendais. « Je ne vois pas comment je vais pouvoir t'aider en dormant chéri. » Je dis ça doucement sur le ton de la rigolade pour ne pas lui montrer que son idée ne me plaît pas mais c'est pourtant le cas parce que je veux vraiment le comprendre un peu plus, savoir pourquoi il dort mal en ce moment, savoir si je peux faire quelque chose de plus. « Je ne sais pas. J’ai une boule dans le ventre, je ne peux pas t’expliquer pourquoi j’en ai pas la moindre idée. J’ai aucune raison de me sentir comme ça parce que tout va bien dans notre vie en ce moment mais… » Mais ? Mais quoi ? Tout va bien, alors pourquoi un mais ? Pourquoi il ressent ça ? Pourquoi quand je l'entends parler je sens qu'il y a quelque chose qui ne va pas alors que lui même dit que tout va bien ? Il me parle et je l'écoute. Il me parle et j'essaye de le comprendre même si finalement, il ne sait pas, il ne peut pas m'expliquer, il n'a aucune raison de se sentir comme ça. Ce sont ses mots et c'est difficile pour moi de comprendre ce qu'il ressent, même si au moins je sais qu'il ne me cache pas les choses, juste qu'il ne sait pas comment me retranscrire ce qu'il vit en ce moment. Je sais qu'il est stressé, qu'il a une boule dans le ventre et que ça l'empêche de dormir. C'est déjà quelques éléments même si je me sens bien démunie pour savoir comment l'aider concrètement et comment l'accompagner pour qu'il se sente mieux. « Tu as déjà connu des moments comme ça ? » Je me doute déjà de sa réponse, il a eu une vie compliquée, je le sais, et il a connu des moments sans doute bien pire, mais avec ma question, j'ai besoin de savoir s'il a déjà l'expérience de ce genre de moment et surtout s'il sait jusqu'à ou ça peut aller pour lui et comment faire pour aller mieux. Mais la discussion s'arrête là, et si tout à l'heure c'est le babyphone de mon côté qui nous a réveillé cette fois c'est celui posé sur sa table de chevet qui se fait entendre. Lucy pleure, Lucy appelle Caleb et je soupire en réalisant que cette nuit ne semble pas vouloir nous laisser le moindre répit. « J’y vais. » Je lui libère la main que je tenais depuis un petit moment et je le laisse partir restant seule avec Mael dans notre lit. Je le regarde dormir, il semble apaisé, il respire calmement, il tient entre ses doigts son doudou et je caresse sa petite main sur bout des doigts sans le réveiller tout en repensant aux mots de Caleb. Est-ce que je dois m'inquiéter ? Est-ce que je dois être vigilante +++ à ce qu'il est en train de vivre ? Est-ce que c'est comme ça que ça commence la dépression ? Est-ce que c'est un signe qui annonce quelque chose de mal à venir ? Est-ce que c'est physique ? Psychologique ? Est-ce que même je peux faire quelque chose ? J'en sais rien et je repense à tout ça, et le manque de réponse et de compréhension me laisse un sentiment d'impuissance que je déteste. « Elle a fait un cauchemar. Elle voulait venir te faire un bisou. » Je relève la tête, perdue dans mes pensées, je suis surprise par la voix de Caleb, mais je souris en voyant Lucy dans ses bras. « Oh t'es un amour, viens là ma puce. » Je souris à notre fille et je me redresse vers eux pour que Lucy puisse venir déposer un bisou sur ma joue et j'en fais de même. Je suis même prête à lui proposer un câlin mais elle voit son frère et elle cris presque le prénom de Mael et après un bisou fait à son frère, elle semble avoir comprit que ce soir elle avait peut-être une chance de rester dormir avec nous, puisque son frère est déjà là et elle nous le fait comprendre en nous disant qu'elle veut rester avec nous. « Je crois qu’elle va avoir peur de retourner dans sa chambre ce soir. » Caleb me regarde et je lève les épaules tout en secouant la tête pour lui signifier que je suis d'accord, de toute façon, notre nuit est déjà bien gâchée non ? Alors autant qu'elle et Mael puissent réussir à dormir un peu et surtout si on peut éviter que Lucy ne réveille Lena alors autant la garder avec nous ce soir. « D'accord ma chérie, pour cette nuit mais demain tu dors dans ton lit. » Je regarde Lucy qui tourne la tête et sourit en regardant son père, à la fois heureuse de rester et peut-être aussi rassurée pour ce soir. Je me décale un peu tout en veillant à ne pas écraser Mael. « Va falloir investir dans un lit plus grand. » Que je dis à Caleb en le voyant s'installer avec Lucy qui ne l'a toujours pas lâché, ses petits bras autour du cou de Caleb qui le serre de toutes ses petites forces. « Dodo avec mon papa. » Lucy aime bien rappeler que Caleb c'est son papa. Autant elle a parfois du mal avec les mon/ton, ma/ta mais pour ça, elle a bien compris que c'était son papa à elle et elle a du mal à le prêter. « Bon je crois que je vais devoir me passer de mon câlin pour dormir, j'ai comme l'impression qu'elle ne va pas te lâcher. » Je dis ça en souriant, mais je sais que c'est pourtant vrai, mais je sais aussi que les filles ont le pouvoir d'apaiser Caleb et peut-être que Lucy réussira là ou moi j'ai échoué. Réussir à apaiser Caleb pour l'aider à trouver le sommeil. « Papa est triste ? Tu fais un rêve aussi ? » C'est Lucy qui parle, qui regarde son père dans les yeux en lui posant ces questions et je me demande si elle, elle a senti quelque chose ou si c'est juste en lien avec son cauchemar à elle et son besoin d'être rassurée ? Mais je regarde pourtant Caleb en attendant de voir ce qu'il va lui répondre.
It was an uphill battle but they didn't know, but they didn't know we were gonna use the roads as a ramp to take off. We could cry a little, cry a lot don't stop dancing, don't dare stop. We'll cry later or cry now
« Tu en as parlé avec ton médecin ? » Oui, parce que ma psychologue m’a conseillé de retourner voir un psychiatre en parallèle de mes séances avec elle. C’est assez récent et si pour le moment je n’ai vu le médecin qu’une seule fois j’ai un peu de mal à comprendre les raisons pour lesquelles ces séances sont nécessaires pour moi. Je suis angoissé en ce moment, plus que ces derniers mois mais je ne pense pas que mon état de santé mentale soit aussi dégradé qu’un psychiatre soit nécessaire. J’acquiesce d’un signe de tête assez bref qu’elle ne peut sûrement pas voir et après avoir pris une grande inspiration je lui réponds. « Oui, mais tu sais ce n’est pas si grave. Des périodes comme ça, ça arrive à tout le monde, non ? » Des moments où les insomnies et angoisses sont plus présents et importants qu’à l’accoutumée. Alex s’inquiète, je le sens, je le vois à la façon avec laquelle elle me regarde et c’est bien la dernière chose que je veux : devenir un sujet d’inquiétude pour elle. Alors j’essaie de la rassurer comme je le peux mais je ne suis apparemment pas si doué que ça. « Il va bien, regarde le, il s'est endormi. Et je peux être là pour vous deux. » Mon regard se pose sur Mael pour se concentrer sur lui de longues secondes. Mael va bien. Il ne pleure plus. Il est calme et apaisé, ses yeux sont fermés et je vois à sa respiration qu’il semble être sur le point de se rendormir. Ce qui est certain c’est que je n’y suis pour rien dans le calme de notre fils. Comme toujours, c’est sa mère qui l’a calmé ce qui me confirme encore une fois une nouvelle chose ; à quel point je suis nul sur tous les plans. Et même avec nos enfants. « Je ne vois pas comment je vais pouvoir t'aider en dormant chéri. » Je sais qu’avec cette réponse elle essaie de me détende un peu mais ça ne fonctionne pas vraiment puisque je me mets à soupirer doucement. Je ne suis pas énervé contre elle mais j’aimerais simplement qu’elle respecte ma décision : me débrouiller seul avec cette insomnie. À mon sens il est largement préférable qu’au moins un de nous deux ne soit plus reposé pour avoir assez de force afin d’affronter la journée de demain. Mais elle ne semble pas du tout du même avis. « Tu as déjà connu des moments comme ça ? » Tiraillé entre l’envie de lui dire la vérité et celle de lui mentir. Je sais que la réalité va lui faire peur et l’inquiéter encore plus ce qui n’est très clairement pas mon objectif. Oui j’ai déjà connu des périodes de ce genre. Quand j’étais au plus bas, quand les médecins m’ont diagnostiqué une dépression le sommeil n’était clairement pas au rendez-vous malgré le fait que je passais mes journées au lit. Mais en même temps je ne veux pas lui mentir alors je me résigne à la première option. « Oui une fois. Mais c'était pas pareil, enfin j’avais toutes les raisons du monde d’avoir toutes ces angoisses qui m’empêchaient de dormir la nuit. Aujourd’hui c’est pas le cas. » Je ne veux pas qu’elle pense que je ne suis plus heureux avec elle parce que ce n’est pas du tout la vérité. Elle me rend toujours aussi heureux qu’au premier jour et selon moi c’est aussi ça la magie de notre couple et de notre amour. Malgré les épreuves, malgré les années, notre amour reste intact. Ou du moins, le mien.
Cette fois c’est Lucy qui se met à pleurer et je comprends assez rapidement qu’elle refusera sûrement de passer le reste de la nuit dans sa chambre. Malheureusement pour nous. « Oh t'es un amour, viens là ma puce. » Les yeux toujours rougis, Lucy embrasse sa mère sur la joue et en fait de même avec son frère à l’instant même où elle remarque sa présence dans notre lit. « D'accord ma chérie, pour cette nuit mais demain tu dors dans ton lit. » La réponse de sa mère semble satisfaisante pour elle et quand je sens son regard tourné vers moi je la regarde à mon tour. Son sourire est contagieux puisque voilà que mes lèvres s’étirent à leur tour. J’installe Lucy entre Alex et moi. « Va falloir investir dans un lit plus grand. » La réflexion d’Alex m’arrache un rire. « On pourrait faire des choses très intéressantes dans un lit plus grand. » Heureusement que Lucy ne peut pas comprendre ce genre de sous-entendus. Bien que notre lit soit assez grand pour que nous puissions faire parler notre imagination. « Dodo avec mon papa. » Je lui souris, amusé de la voir si heureuse à l’idée de dormir avec nous ce soir. Ou plutôt avec son papa. « Tu as l’air très possessive ma princesse, je me demande de qui tu tiens ça. » que je lui dis sur le ton de l’humour levant les yeux vers ma femme. On sait tous les deux que c’est de moi qu’elle le tient. « Bon je crois que je vais devoir me passer de mon câlin pour dormir, j'ai comme l'impression qu'elle ne va pas te lâcher. » C’est avec le sourire qu’elle me dit ça même si nous savons tous les deux que c’est la vérité. « Quand elle se sera endormie. » je murmure ces mots pour ma femme espérant que Lucy ne m’entende pas. Mais elle ne semble pas prête à s’endormir elle, en tout cas. « Papa est triste ? Tu fais un rêve aussi ? » c’est avec un regard plein de tendresse que je regarde ma fille tout en lui souriant doucement. « Non papa est pas triste ma chérie, regarde, je souris. » Mon sourire s’étire sur mes lèvres et je viens l’embrasser sur les deux joues puis le front. Ce qui la fait rire et dès que j’éloigne mon visage du sien ses petites mains se posent sur ma barbe. « Ça chatouille papa. » qu’elle me dit toujours en riant un peu. Et au moins elle a le mérite de me faire sourire avec une facilité déconcertante. Ses sourires, son rire, sa joie de vivre et sa naïveté y sont sûrement pour quelque chose. « Ok alors ma chérie maintenant il va falloir dormir d’accord ? » je l’installe confortablement sous la couette en lui donnant un coussin. « Papa et maman sont là pour te protéger si tu as peur. » Lucy est allongée entre nous venant même se coller presque totalement à moi ce qui m’étonne dans un premier temps mais je ne la repousse pas au contraire. Je caresse doucement ses cheveux et après avoir laissé toute mon attention sur notre famille c’est sur la mère que je relève le regard lui faisant un signe de s’approcher de nous pour venir m’embrasser. Je l’aurais bien fait moi-même mais la présence de Lucy m’en empêche clairement.
It was an uphill battle but they didn't know, but they didn't know we were gonna use the roads as a ramp to take off. We could cry a little, cry a lot don't stop dancing, don't dare stop. We'll cry later or cry now
« Oui, mais tu sais ce n’est pas si grave. Des périodes comme ça, ça arrive à tout le monde, non ? » Il en a parlé avec son médecin, c'est déjà une bonne chose, enfin je crois. Il minimise face à moi, ce n'est pas grave qu'il dit. Ca arrive à tout le monde, sans doute oui, enfin peut-être, mais s'il en a parlé à son médecin c'est au moins qu'il réalise qu'il y a un problème non ? Et ça me rassure un peu. Non, pas qu'il y ait un problème, mais qu'il prenne conscience que mal dormir n'est pas anodin, enfin pas aussi anodin qu'il essaye de me le faire croire. « Il en dit quoi ton médecin sur tout ça ? » Je n'ai pas envie de lui redire que moi je trouve que ce n'est pas pas grave. Et que ce n'est pas parce que ça peut arriver à tout le monde que c'est pas à prendre en compte. Surtout au vu de son histoire, de son passif, surtout parce qu'il n'est pas tout le monde et que je ne veux pas qu'il ait à vivre ça tout seul. Pourtant j'ai l'impression qu'il essaye de me tenir un peu à l'écart, pas de façon volontaire ou négative, mais il me dit qu'il faut que je m'occupe de Mael parce qu'il a besoin de moi, il me dit de dormir aussi mais je n'ai pas l'intention de fermer les yeux et de dormir paisiblement tout en sachant que lui ne va pas bien. Du moins, pas ce soir, parce que je veux comprendre, je pense surtout avoir besoin de m'assurer qu'il n'y a pas plus derrière ces insomnies et cette angoisse dont il me parle. Essayer de le comprendre, ou du moins d'être là pour lui. Et de trouver les réponses à des questions qui commencent moi aussi à m'angoisser. « Oui une fois. Mais c'était pas pareil, enfin j’avais toutes les raisons du monde d’avoir toutes ces angoisses qui m’empêchaient de dormir la nuit. Aujourd’hui c’est pas le cas. » Il a déjà connu ça, une fois. Une seule fois, à une période ou il avait toutes les raisons du monde d'avoir toutes ces angoisses. Ce sont ses mots, et même s'il ne fait pas référence directement à cette période, je n'ai pas besoin de réfléchir beaucoup pour savoir à quoi il fait allusion. La mort de son ex-fiancée. Le deuil. La dépression. Ses idées noires, et le reste. Le reste. Incapable de même penser avec les bons termes, je sens un frisson me traverser le corps en pensant à ça et je me tends un peu parce que je refuse de laisser mes propres craintes venir perturber cette discussion. Je soupire doucement pour gérer mes émotions et je suis heureuse d'être collée à lui et qu'il ne puisse pas me voir, parce que je suis très nulle pour cacher mes émotions, enfin pour les cacher à Caleb et je ne veux pas lui imposer mes craintes en plus de ses problèmes émotions qui semblent déjà trop lourde à porter. Je voudrais le comprendre, j'en ai besoin, pour savoir de quoi il en retourne, pour savoir comment l'aider à gérer, pour ne pas passer à côté de certaines choses. J'ai besoin de comprendre, de trouver des réponses. « Tu es heureux en ce moment ? » Je parle doucement avec le plus de tendresse et de douceur dont je sois capable pour lui montrer que quoiqu'il puisse me répondre je serais là. Je sais qu'il est heureux, enfin je l'espère. Je sais qu'il aime sa vie, enfin je l'espère. Je sais qu'il nous aime. Et ça je n'ai pas à l'espérer, je le sais, j'en suis persuadée, mais j'ai quand même peur pour lui. Pour tout ce que je suis en train de créer comme scénario dans mon esprit. Un mélange de crainte, de souvenirs, de pensées négatives et terrifiantes, qui vont et viennent. Il est angoissé, il ne sait pas pourquoi. Il a déjà connu ça, sauf que ça s'est mal terminé. Sauf qu'à cette époque, il savait pourquoi, mais pas aujourd'hui et c'est peut-être encore plus inquiétant non ?
Lucy se réveille, Lucy coupe notre discussion et il se lève pour aller la consoler. J'aimerais pouvoir faire de même pour lui. Pouvoir le prendre dans mes bras et lui apporter apaisement et confiance, mais ça ne fonctionne plus comme ça avec les émotions une fois devenu adulte. Ou du moins ça ne suffit plus parfois. Et en ce moment ça semble être le cas. Je reste avec Mael endormi, il semble si paisible, ce qui est loin d'être mon cas désormais alors que j'ai tout un tas de questions qui occupe mon esprit et mes pensées. Et la seule chose dont je sois absolument persuadée aujourd'hui, c'est que je dois tout faire pour ne pas montrer à Caleb que je m'inquiète réellement pour lui. Parce que ça risque de l'angoisser encore plus et je ne veux pas ça. J'ai besoin de comprendre, ça c'est sur. J'ai besoin d'être rassurée, ça aussi c'est sur mais ce n'est pas à lui de le faire, alors pour une fois je vais devoir gérer ça toute seule. Il revient avec Lucy et le sourire de notre fille semble réussir à faire naître sur le visage de Caleb un sourire et ça me rassure un peu de le voir comme ça. Oui il semble heureux, il l'est et c'est à ça que je dois penser. A ce sourire qu'il a quand il est avec nos enfants, à ce rire que j'entends quand il joue avec les filles, à ces moments ou il plaisante avec Nathan, à ces moments de tendresse ou il s'occupe de Mael. Il est heureux, je crois que je n'en doute pas mais pourtant il y a cette ombre qui est venue obscurcir un peu tout ça et je ne peux m'empêcher d'y penser. Je préférai le déni, c'était quand même une façon plus simple de gérer tout ça, toute la vie. Mais, je ne fonctionne plus comme ça. Enfin j'essaye. Il se couche avec Lucy dans notre lit, et j'essaye de profiter de ce moment pour faire retomber la pression, pour faire en sorte que ce moment soit tendre et joyeux. Et après les sourires en réponse à ceux de Lucy, je l'entends rire à ma remarque, et c'est bête mais ça me fait du bien de l'entendre rire. « On pourrait faire des choses très intéressantes dans un lit plus grand. » Et ça aussi, ça me fait du bien. Bon l'acte en lui même, enfin ce à quoi il fait allusion a généralement un bon effet sur moi, mais c'est surtout l'entendre plaisanter et faire de telles allusions que ce soir me fait du bien et me détends un peu. « Tu passes ton temps sur moi, ça servirait à rien d'avoir un lit plus grand pour ce genre de choses très intéressantes dont tu parles. » Je lui murmure les choses, et même si Lucy ne comprends pas ce genre de choses, je n'assume pas totalement mes propos devant notre fille. Mais, je le regarde et je lui souris. Je le regarde longuement même, une tendresse dans le regard essayant de faire abstraction de l'inquiétude que j'éprouve en pensant à tout ça. « Tu as l’air très possessive ma princesse, je me demande de qui tu tiens ça. » Il sourit à nouveau et il fait même un peu d'humour et d'auto dérision, ce qui devrait prouver qu'il va bien non ? « C'est bien ta fille y'a pas de doute. » Il n'y en avait déjà pas et si elle est aussi possessive que son père, (surtout avec lui d'ailleurs), elle a aussi hérité de beaucoup de qualités de son papa. Une douceur, une tendresse, qu'ils ont en commun et Lucy est collée à lui et je sais que ma place dans les bras de Caleb est prise pour ce soir et que je vais devoir attendre encore un peu. « Quand elle se sera endormie. » Et je n'ai qu'une hâte c'est qu'elle s'endorme, je l'aime mais ce soir, peut-être encore plus que d'autres soirs, j'ai envie d'être dans les bras de Caleb, de le serrer contre moi et de lui montrer que je suis là pour lui. Mais c'est Lucy qui a cette place et je ne sais pas si elle a sentie quelque chose, ou si c'est parce qu'elle était triste de son cauchemar, mais elle pose une question à son papa, une question anodine pour une enfant de son âge mais qui fait écho à cette situation. « Non papa est pas triste ma chérie, regarde, je souris. » Il dit à Lucy de le regarder, et j'en fais de même. Attentive à la façon dont il se comporte, à ce qu'il dit, à ce qu'il montre. Attentive à lui, chose que je ne suis pas toujours en mesure de faire, je veux l'être aujourd'hui et les autres jours. Il lui sourit, et je souris aussi en le voyant embrasser le visage de notre fille en la faisant rire aux éclats. Je ris un peu moi aussi, c'est pas comme ça qu'elle va dormir, mais ça fait du bien de l'entendre rire, de les voir tout les deux, et je me dis que c'est avec ce genre de moment que l'on va aider Caleb non ? Je ne sais pas, je l'espère peut-être fortement en tout cas. Me dire que notre famille sera suffisante pour l'aider, alors que par expérience je sais que la famille n'est pas toujours suffisante. « Ça chatouille papa. » Je ris à la remarque de notre fille. « Je suis d'accord ça chatouille mais j'aime beaucoup ça moi. » Des mots que je dis à Caleb, avec une pointe de sous-entendus dans la voix. Et si Lucy semble avoir un effet positif sur Caleb, sa présence en a aussi sur moi. Elle apporte une tendresse, une douceur et une légèreté à ce moment qui n'était pas vraiment doux, pourtant il n'y avait pas de disputes, pas de cris, pas de jugements, mais des pensées, des sujets, des mots qui n'avaient rien de doux ou de positifs. Lucy apporte tout ça, et si ça n'apporte pas de solutions à ce problème, elle me permet de voir que Caleb va bien, ou en tout cas qu'il est toujours lui. « Ok alors ma chérie maintenant il va falloir dormir d’accord ? » Si seulement ça pouvait marcher aussi pour lui. Que je lui dise ses mêmes mots et qu'il trouve le sommeil qui semble le fuir en ce moment. Si seulement. « Papa et maman sont là pour te protéger si tu as peur. » D'autres mots que je voudrais lui dire, enfin lui dire que je suis là pour le protéger s'il a peur, que je suis là pour entendre ses angoisses quand ça devient trop pour lui. Mais, ce n'est pas si simple, enfin je crois pas. « Bonne nuit ma chérie, fais de beaux rêves. Je t'aime » Je caresse le dos de Lucy en lui disant ces mots. « Je t'aime maman, je t'aime papa. » Et elle finit par se coller à Caleb et je souris tendrement à cette image. Et c'est en les voyant tout les deux que je réalise que je ne suis pas la seule à avoir besoin de lui et que s'il venait à aller mal, c'est tout notre équilibre qui en serait perturbé, parce que c'est lui le socle, le pilier, de notre famille. Mais, ça aussi je le garde pour moi, j'ai eu tendance à trop me reposer sur lui, des centaines et des centaines de fois, lui infligeant une responsabilité qu'il n'était pas forcément prêt à avoir, mais aujourd'hui j'apprends. J'essaye et si j'ai peur d'une centaine de chose, je dois lui éviter des angoisses en plus, surtout en ce moment. Je regarde Lucy qui tient la main de Caleb dans la sienne, et qui semble prête à s'endormir contre son père, et ce n'est que Caleb me fait signe de m'approcher que je bouge un peu. Je dépose un baiser sur la joue de Lucy avant de venir embrasser Caleb et c'est là que je vois que Lucy semble s'être déjà endormie puisqu'elle ne réagit pas alors que c'est son papa. Et j'en profite pour me redresser un peu et jouer avec les cheveux de Caleb. « Tu es vraiment doué avec elle. » Il est fait pour être papa Caleb, il est fait pour donner de l'amour, de la tendresse, de l'affection aux autres, et si lui est quelqu'un d'angoissé, il a une telle présence rassurante pour nos enfants et pour moi. « J'aimerais qu'une fois adulte ce soit aussi simple d'apaiser les angoisses. » Ca semble approprié à la situation non ? Lucy a fait un cauchemar, Lucy avait peur de se rendormir et pourtant elle s'endort après quelques minutes dans les bras de Caleb, si seulement c'était aussi simple une fois adulte. Je joue toujours avec les cheveux de Caleb. Quasiment assisse dans le lit, je le regarde et doucement pour ne pas réveiller Lucy ou Mael, la voix peu assurée je m'adresse à lui. « J'ai besoin de te poser la question pour essayer de te comprendre. » Je me mords la lèvre, je fronce les sourcils, j'ai peur de lui dire, peur que ma question ne soit encore plus négatives finalement. « Est-ce qu'en plus de tes angoisses, tu as déjà pensé à … enfin est-ce tu as des idées noires en ce moment ? » Ne pas montrer son inquiétude, même si ce genre de questions laissent sous entendre fortement l'inquiétude que je ressens, mais au lieu de laisser mon imagination me jouer des tours, je veux lui demander, je veux le comprendre, je veux savoir tout ce qu'il vit, parce qu'il l'a vécu une fois et on sait tout les deux ce qu'il s'est passé, lui sûrement bien mieux que moi d'ailleurs alors j'ai besoin de le savoir.
It was an uphill battle but they didn't know, but they didn't know we were gonna use the roads as a ramp to take off. We could cry a little, cry a lot don't stop dancing, don't dare stop. We'll cry later or cry now
« Il en dit quoi ton médecin sur tout ça ? » Une question simple qui ne demande pas beaucoup de réflexion mais j’ai tout de même besoin d’un petit moment avant de lui répondre. « Pas grand-chose, on essaie simplement de comprendre pourquoi cette recrudescence anxieuse arrive maintenant spécifiquement. » je lui explique sans pour autant rentrer dans les détails mais je pense que je n’ai pas encore de réponse précise à lui apporter. J’aimerais pouvoir la soulager et la rassurer mais je constate assez rapidement que j’en suis tout simplement incapable. Pas réellement surpris ceci dit, je n’excelle pas dans grand-chose en ce moment. Mes yeux se posent un instant sur Mael qui a finalement retrouvé le sommeil assez rapidement grâce à sa mère. Il semble apaisé et j’espère sincèrement que le reste de la nuit sera plus reposant pour lui. « Tu es heureux en ce moment ? » Si j’avais compris et rapidement décelé son inquiétude depuis le début de cette conversation sa question ne fait que me le confirmer et pour ne pas risquer de l’inquiéter encore plus je lui réponds très vite et sans la moindre hésitation. « Oui oui, bien sûr que je suis heureux. Grâce à toi et aux enfants je le suis vraiment. » J’essaie de lui montrer à quel point je suis sincère et ne lui donne pas le temps de suranalyser mes quelques secondes de réflexion. Ne voulant surtout pas qu’elle puisse penser que si l’anxiété est très présente pour moi ces dernières semaines c’est à cause d’une quelconque tristesse de l’humeur, car c’est loin d’être le cas et je suis toujours très heureux avec ma famille. Grâce à ma famille.
Malheureusement pour nous c’est au tour de Lucy de se réveiller et j’ai l’impression que cette nuit sera finalement mauvaise pour nous deux. Sans réellement trop savoir si lui autoriser à dormir avec nous cette nuit est une bonne idée nous accédons tout de même à sa demande en l’aidant à s’installer dans notre lit. « Tu passes ton temps sur moi, ça servirait à rien d'avoir un lit plus grand pour ce genre de choses très intéressantes dont tu parles. » De nouveau je ris doucement en entends les murmures pleins de sous-entendus de ma femme et avant de lui répondre mes mains viennent boucher les oreilles de notre fille. « Quelque fois je suis derrière toi mon amour, pas toujours au-dessus. » une précision que j’apporte avec un petit sourire amusé sur les lippes, Lucy frappe doucement sur mes mains qui bouchent ses oreilles et je la libère donc riant un peu en voyant le regard plein d’incompréhension qu’elle me lance. Les sourcils froncés et les bras croisés comme si elle attendait une explication de ma part. « C'est bien ta fille y'a pas de doute. » Lucy a beaucoup en commun avec moi et j’ai tendance à me dire que c’est la raison pour laquelle notre relation semble si fusionnelle depuis une bonne année. Elle est calme, douce et semble assez timide sur les bords et cette nuit encore une fois nous montre un autre trait de son caractère que nous apprenons à découvrir un peu chaque jour ; sa possessivité. Un autre point en commun que nous avons tous les deux, raison pour laquelle la réponse de ma femme me fait sourire. La question de Lucy est perturbante et si j’embrassais son visage dans le but de lui montrer que non, son papa n’est pas triste c’est en riant aux éclats qu’elle accueille mes baisers. « Je suis d'accord ça chatouille mais j'aime beaucoup ça moi. » Un sourcil levé, je relève les yeux vers Alex la regardant un petit sourire aux lippes. « Ah oui ? » que je lui demande toujours avec une pointe d’amusement dans la voix. Je comprends bien entendus ses sous-entendus et je sais que sans la présence de deux de nos enfants dans le lit conjugal elle aurait été plus loin dans ses propos. « Bonne nuit ma chérie, fais de beaux rêves. Je t'aime » « Je t'aime maman, je t'aime papa. » Un regard plein de tendresse et réellement touché des mots de notre fille je me penche doucement pour venir l’embrasser cette fois sur le haut du crâne. « Bonne nuit ma princesse, je t’aime très très très fort. » que je lui dis d’une voix douce et c’est une fois bien installée au plus proche de moi, sa petite main qui serre de toutes ses forces la mienne c’est ainsi que Lucy retrouve le sommeil. Mon attention est d’abord entièrement tournée vers notre fille afin de m’assurer qu’elle s’endorme bien et au bout de quelques minutes je relève le regard vers Alex lui faisant signe de s’approcher de nous pour venir m’embrasser. Ce qu’elle fait, et je prolonge le baiser en posant ma deuxième main sur sa nuque afin de l’empêcher de s’éloigner de moi. « Tu es vraiment doué avec elle. » Un sourire réellement touché sur les lèvres je regarde à nouveau Lucy qui n’est définitivement plus éveillée. « Je les aime tellement. » je murmure presque ces mots afin de ne pas déranger Lucy et Mael à présent tous les deux endormis. « J'aimerais qu'une fois adulte ce soit aussi simple d'apaiser les angoisses. » Sa main dans mes cheveux qui joue avec mes boucles je comprends bien entendu le parallèle qu’elle veut faire entre la peur de Lucy après son cauchemar et mes angoisses ces dernières semaines. « Si tu savais à quel point tu es plus douée que tu ne le penses pour m’apaiser. » que je lui dis avec douceur alors que ma main libre ne vient caresser avec tendresse la sienne. « J'ai besoin de te poser la question pour essayer de te comprendre. » Mes sourcils se froncent légèrement, attendant cette question qui semble la perturber et lui faire peur. « Est-ce qu'en plus de tes angoisses, tu as déjà pensé à … enfin est-ce tu as des idées noires en ce moment ? » Maintenant que ses mots sont ressortis de sa bouche je comprends bien mieux son inquiétude, ma main resserre son étreinte autour de la sienne et avant de me redresser tout en prenant les précautions pour ne pas réveiller Lucy, je secoue la tête à la négative. « Non non pas du tout bébé, je te promets. » je lui dis rapidement pour ôter toutes ses inquiétudes. « Ça n’a rien à voir avec ce que j’ai expérimenté dans le passé je t’assure. Je ne suis pas triste, je n’ai pas envie de mourir et j’arrive sans aucun problème à penser à l’avenir. Ne t’inquiètes pas pour ça, je vais bien sur ce plan-là. » J’essaie de me montrer le plus rassurant possible ne sachant pas vraiment si c’est un échec ou une réussite mais je ne veux surtout pas qu’elle puisse s’imaginer ce genre de chose. « Et oui bébé, je te promets que si un jour j’ai de nouveau des idées de ce genre en tête je t’en parlerai. » Je lui fais cette promesse en la regardant dans les yeux, je sais à quel point elle doit être inquiète si elle en vient à me poser cette question et j’espère avoir réussi à l’apaiser un peu.
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« Pas grand-chose, on essaie simplement de comprendre pourquoi cette recrudescence anxieuse arrive maintenant spécifiquement. » Oh s'il savait comme j'aimerais comprendre cela moi aussi. Comprendre pourquoi il se sent mal en ce moment. Pourquoi spécifiquement maintenant et si ça annonce quelque chose ou s'il y a quelque chose à faire ? Parce que tout ceci comment à m'inquiéter. Le psychiatre, les insomnies, l'anxiété, j'ai finalement de quoi m'inquiéter non ? Parce que personne ne semble pouvoir expliquer pourquoi il ressent ça, pourquoi il ne dort pas, pourquoi il se sent mal et je n'aime pas ça. « Et vous avez des pistes pour comprendre ça ? » Le manque de réponse, de compréhension, de solution. Je sais que tout n'a pas toujours de réponses, que je ne peux pas tout comprendre et que les solutions ne sont pas toujours aussi évidentes, mais pourtant j'aimerais. Parce que, je sais ce que Caleb a déjà vécu, je sais par quoi il est passé, enfin j'en sais ce qu'il m'a dit, et ça me suffit grandement pour me faire peur, pour me faire m'inquiéter pour lui parce que c'est quelque chose qui me terrifie. Le perdre, est une pensée qui est insupportable pour moi. Mais, le perdre comme ça, je sens que cette pensée me tends, me fait froid dans le dos. Mais pour l'heure, c'est juste des insomnies. C'est lui qui essaye de me le rappeler, que ce n'est pas grave, que ça arrive, que je dois dormir, que je dois m'occuper de Mael. Enfin tout pour éviter de penser à ce qu'il vit en ce moment. « Oui oui, bien sûr que je suis heureux. Grâce à toi et aux enfants je le suis vraiment. » Alors pourquoi l'anxiété ? Pourquoi les insomnies ? Pourquoi cette inquiétude que je ressens en pensant à cette situation ? Il est heureux et pourtant la nuit il ne parvient pas à dormir. Il a cette boule au ventre, ce besoin d'aller au fumer au milieu de la nuit, et ce ne sont pas des signes flagrants de bonheur ça non ? Il est angoissé mais heureux, voilà donc ce que je dois en retenir ? Ou heureux mais angoissé, c'est pareil, tout ce que j'arrive à retenir c'est son angoisse, ajouté à ses consultations chez le psychiatre qui ont reprit et au manque de réponses pour comprendre pourquoi il ressent ça et pourquoi maintenant. Je tente de lui sourire malgré tout, de lui montrer que l'entendre me dire qu'il est heureux me rassure. C'est à moitié vrai ceci dit. Oui je suis rassurée de le savoir heureux, mais ça ne donne pas plus de sens à tout ça.
Lucy a rejoins le lit et après Mael, nous voilà à quatre dans notre lit. La nuit s'annonce pas des plus réparatrices mais dans tous les cas, après la discussion que nous venons d'avoir je doute de pouvoir vraiment dormir sereinement. Mais l'arrivée de Lucy a au moins le mérite de détendre un peu l’atmosphère et nous plaisantons un peu sur la taille de notre lit, et sur un autre sujet. « Quelque fois je suis derrière toi mon amour, pas toujours au-dessus. » Il bouche les oreilles de Lucy avant de me dire ces quelques mots et je rigole autant de sa remarque que de la réaction de notre fille qui se débat et qui elle n'a pas l'air de trouver ça très drôle de ne pas entendre ce que nous nous disons. « C'est vrai et je sais que tu préfères en plus. » Je fais attention à ce que je dis alors que les oreilles de Lucy ne sont pas couvertes par les mains de Caleb, mais ce petit échange a le don de faire retomber un peu la tension et ça fait du bien. Lucy semble réussir, là ou moi j'avais échoué. Elle semble apaiser un peu son père, elle le fait sourire, et même rire et si elle semble elle aussi percevoir quelque chose, Caleb réussit à la rassurer bien vite et c'est en séance de câlin et bisous que se termine leur petit échange. Et si Lucy semble légèrement dérangée par la barbe de son père qui selon elle chatouille, moi j'aime beaucoup cette barbe. « Ah oui ? » Je secoue la tête avec enthousiasme. « Oui vraiment beaucoup, beaucoup et j'ai hâte d'être dans trois jours. » Trois jours, la fin de mon cycle et il devrait vite comprendre mes insinuations mais la présence de Lucy ne me permet pas d'en dire plus ou d'être plus explicite alors qu'avec lui, je le suis assez facilement en temps normal. Lucy a réussi à nous apaiser un peu, à ramener de la douceur dans ce moment et c'est toujours avec beaucoup de douceur qu'elle finit par s'endormir dans les bras de son papa. Je profite du sommeil de Lucy et de la demande de Caleb pour me pencher vers lui et l'embrasser, un baiser qu'il prolonge et ça me fait tellement de bien mais ça me rappelle aussi à quel point j'ai besoin de lui. A quel point, je l'aime et parfois cet amour a pu me faire peur tant ce que je ressens pour lui est intense. Il est tellement important dans ma vie, mais aussi dans celle de nos enfants et il est tellement doué avec eux que sans lui je pense que je ne pourrais jamais m'en sortir. La manière avec laquelle il a prit soin de Lucy, avec laquelle il l'a rassuré malgré ses propres angoisses, malgré le fait qu'il ne soit pas au meilleur de sa forme, ça montre à quel point il est doué avec eux. « Je les aime tellement. » Je le sais, et eux aussi ils le savent, parce qu'il sait le montrer, il sait être là pour eux, il est un papa incroyable et je suis heureuse et soulagée aussi de savoir que nos enfants ont un modèle comme lui. « Si tu savais à quel point tu es plus douée que tu ne le penses pour m’apaiser. » Je sais qu'il est sincère ou du moins qu'il le pense vraiment mais je n'ai pas l'impression d'être vraiment douée pour ça. Je serre sa main, pour lui montrer que je suis là, que je voudrais faire plus encore. Je voudrais tant que ce soit vrai, que tu ais raison. Mais je n'arrive pas à réaliser que ce qu'il dit est vrai. Parce que ce soir, c'est la preuve que ce n'est pas le cas. Je ne suis pas douée pour ça. Je ne le suis pas pour grand chose de toute façon, mais c'est une autre histoire. Parce que ce soir je n'arrive pas à l'apaiser, parce que ça fait plusieurs nuits (je ne sais même pas combien) qu'il ne dort pas bien et pourtant moi je suis là à faire mes nuits tranquilles sans que ma présence (endormie ou réveillée) ne l'aide à trouver le sommeil. Alors, même s'il le pense sûrement, moi j'en doute. Lucy lui a redonné le sourire, Lucy l'a apaisé un peu, mais moi je n'y arrive pas et pire encore, je réussis à me laisser déborder par mes propres angoisses. Je me sens conne de devoir l'obliger à me rassurer alors que c'est lui qui aurait besoin de l'être, mais j'en suis incapable. Je ne comprends pas comment l'aider, je ne comprends pas ce dont il a besoin, je ne comprends ce qu'il se passe dans sa tête et c'est peut-être ça qui me fait le plus peur. On a déjà parlé de la dépression tout les deux, et je n'avais pas aimé cette discussion. Parce que je ne comprends pas, parce que je ne veux pas accepter l'idée qu'une maladie puisse venir pousser quelqu'un que j'aime à penser que l'idée de mourir est la meilleure option. « Non non pas du tout bébé, je te promets. » Il n'y a pas de temps de réflexion, pas de blancs, pas de doute dans sa voix non plus alors que le sujet est tout sauf simple. Il n'hésite pas et je le regarde, j'essaye réellement de contenir mon émotion, de ne pas montrer à quel point cette simple pensée me terrifie réellement. Je ne veux pas qu'il se sente coupable ou encore plus anxieux à cause de ce qu'il ressent ou vit. Je me contente de l'écouter, de serrer sa main toujours un peu plus fort sans même m'en rendre compte, mais c'est sur ce lien que je me concentre. « Ça n’a rien à voir avec ce que j’ai expérimenté dans le passé je t’assure. Je ne suis pas triste, je n’ai pas envie de mourir et j’arrive sans aucun problème à penser à l’avenir. Ne t’inquiètes pas pour ça, je vais bien sur ce plan-là. » Je sens les tensions dans mes épaules se relâcher un peu. Je le crois, j'ai besoin de le croire. « Je suis désolée de t'avoir posé la question, c'est à moi de te rassurer normalement. J'aimerais tellement être plus forte pour pouvoir t'aider mais j'ai l'impression de passer mon temps à renforcer tes angoisses et je ne sais pas comment t'apporter un peu de sérénité. » Ce n'est pas exactement ce que je voulais dire mais c'est tout comme finalement. A défaut de réussir à l'aider, je l'oblige à apaiser les miennes et je me sens minable comme tout le temps. Surtout que lui faire penser à cette période de sa vie, c'est sans doute la dernière chose pour l'aider à s'apaiser avant de dormir non ? Minable que je suis. « Et oui bébé, je te promets que si un jour j’ai de nouveau des idées de ce genre en tête je t’en parlerai. » Je ne lui ai pas demandé ce genre de chose, mais il a du comprendre que j'avais besoin de ça. De l'entendre me promettre de me parler, même si ça le terrifie, même si ça me terrifie aussi, c'est une promesse qui étonnamment m'aide à m'apaiser, ou à apaiser cette crainte que j'avais et qui se faisait de plus en plus grande. J'espère n'avoir jamais cette discussion, j'espère qu'il ne me parlera jamais de ces idées là mais je ne peux pas lui dire ça sous peine qu'il pense que je ne veux pas qu'il m'en parle si un jour ça lui arrive. Alors que tout ce que je veux, c'est que ça n'arrive jamais, mais ça il ne le contrôle pas, malheureusement. « Je suis là pour toi, et si tu as besoin de me parler de ce que tu ressens même au milieu de la nuit, je veux être là pour toi, même si c'est juste d'un câlin dont tu as besoin. » Et je suis sincère et sérieuse quand je lui dis ça. On a passé des nuits à se réveiller pour les tétées, les biberons, les cauchemars, les poussées dentaires, alors je compte bien me réveiller aussi si Caleb en a besoin, même si je doute qu'il ne soit d'accord avec cette idée. « Parce que même si tu es heureux en ce moment, tu n'arrives plus à dormir et le manque de sommeil va finir par avoir un impact très négatif sur ta santé et je ne veux pas que ça arrive. » Sa santé physique comme psychique. Et si les angoisses ne cessaient jamais ? Si elles ne faisaient que s'amplifier au fil du temps ? Si les angoisses finissaient par avoir raison de ce bonheur, de cette lueur de vie ? Et si je m'en rendais même pas compte et qu'un jour les angoisses prennent le dessus sur tout le reste ? Mon inquiétude me semble légitime sachant que même son psychologue a jugé qu'il fallait que Caleb retourne vers un psychiatre. C'est pas bon signe ça non ? Du moins dans ma logique à moi, ça ne l'est pas non. Mais je ne dois pas penser à ça, enfin plus y penser et penser à lui plutôt. « Si tu veux on peut essayer de dormir avec la musique, la télé ou autre chose si ça peut t'aider. Ou je peux te chanter une berceuse aussi comme pour les enfants. » J'essaye d'amener une dose de légèreté mais même ça, ça sonne faux finalement parce que même si je me sens rassurée par ses propos, je ne suis pas encore totalement rassurée par son état que je constate ce soir.
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« Et vous avez des pistes pour comprendre ça ? » Cette angoisse permanente que je ressens actuellement est complètement stupide, j’en ai conscience. Tout ceci est ridicule et malheureusement le savoir ne m’aide pas à passer au-dessus. Malheureusement, ce n’est pas si simple. Mes séances chez la psychologue peuvent m’aider mais selon elle son rôle n’est pas suffisant pour mes problématiques actuelles. Un constat qui peut s’avérer assez peu rassurant quand on y réfléchit plus sérieusement. Ayant déjà eu à faire à des psychiatres et psychologues dans le passé je me doute que si on m’a redirigé vers un médecin ce n’est pas seulement pour un soutien supplémentaire, mais certainement pour l’introduction d’un nouveau traitement médicamenteux. Je n’en ai pas envie, pour le moment persuadé que je peux m’en sortir sans prendre le moindre médicament. Le sujet n’a pas encore été abordé avec le psychiatre mais je sais que ça ne serait tarder. C’est simplement avec une légère grimace que je lui réponds. Un geste qui devrait être suffisant pour qu’elle comprenne que nous sommes encore loin de trouver des réponses à cette question. Peut-être qu’il n’y en a pas réellement, de toute façon. Le réveil de Lucy a au moins un point positif à mes yeux : le changement de sujet. « C'est vrai et je sais que tu préfères en plus. » Avec cette conversation bien plus légère les traits de mon visage se détendent et c’est un léger sourire qui s’étirent sur mes lèvres. Mes yeux glissant sur ses lippes un court instant avant de ne me plonger à nouveau dans son regard qui m’hypnotise toujours autant. « Oui vraiment beaucoup, beaucoup et j'ai hâte d'être dans trois jours. » Toujours avec ce même petit sourire qui ne me quitte pas j’avance doucement mon visage du sien tout en lui murmurant ces quelques mots. « Oh, moi aussi. » je pourrais aller plus loin en lui disant en détails ce qui l’attendra dans trois jours mais la présence de notre fille entre nous m’en empêche. Mes lèvres se posent sur les siennes mais pour un baiser malheureusement court. Lucy râle, Lucy soupire et je la sens essayer de me pousser de ses toutes petites forces. « Moi aussi je veux un bisou papa ! » qu’elle me fait savoir les sourcils légèrement froncés alors qu’elle m’embrasse sur la joue. J’en fais de même, essayant par la suite tant bien que mal de l’aider à se sentir assez en sécurité pour qu’elle puisse s’endormir. Ce qui semble fonctionner puisqu’elle tombe assez rapidement dans les bras de Morphée. Je serre sa main dans la mienne, la regardant avec tendresse et amour alors qu’Alex me parle. Je ne pense pas être réellement spécialement doué avec elles, mais ce qui est sûr c’est que je semble toujours mieux m’en sortir avec Nathan et les jumelles qu’avec notre plus jeune fils.
Alex n’est pas vraiment bavarde ce soir, et personne ne peut lui en vouloir quand on voit l’heure affichée sur le réveil. Si je sais que je ne pourrais sûrement pas dormir ou du moins, pas plus de quelques heures pour le reste de la nuit je pense qu’elle devrait profiter de l’endormissement de nos enfants présents dans la chambre pour faire de même mais comme bien souvent, elle n’est apparemment par sur la même longueur d’onde. « Je suis désolée de t'avoir posé la question, c'est à moi de te rassurer normalement. J'aimerais tellement être plus forte pour pouvoir t'aider mais j'ai l'impression de passer mon temps à renforcer tes angoisses et je ne sais pas comment t'apporter un peu de sérénité. » Je secoue doucement la tête à la négative. « Il n’est pas question de toi là, bébé. » Ce n’est pas elle qui parvient ou non à apaiser ou renforcer mes angoisses. Tout est bien plus fort que ça. Si les choses étaient aussi simples que ça je doute que des médicaments anxiolytiques existeraient. « Je suis là pour toi, et si tu as besoin de me parler de ce que tu ressens même au milieu de la nuit, je veux être là pour toi, même si c'est juste d'un câlin dont tu as besoin. » J’hoche la tête. Mais quoiqu’elle en dise jamais je ne la réveillerais en pleine nuit simplement parce que je ne parviens pas à dormir. Je dois apprendre à me débrouiller seul avec mes angoisses, parce qu’Alex ne sera pas toujours là pour m’aider à les apaiser. « Parce que même si tu es heureux en ce moment, tu n'arrives plus à dormir et le manque de sommeil va finir par avoir un impact très négatif sur ta santé et je ne veux pas que ça arrive. » Ça j’en ai conscience, je le sais, je l’ai déjà expérimenté. Malheureusement. Mais je ne comprends pas vraiment ses mots et j’ai surtout du mal à comprendre pourquoi est-ce qu’elle me dit ça maintenant. « Si tu veux on peut essayer de dormir avec la musique, la télé ou autre chose si ça peut t'aider. Ou je peux te chanter une berceuse aussi comme pour les enfants. » « Non non non, je n’ai pas besoin de ça. Et ça pourrait réveiller les enfants. » Ceux qui ont décidé de venir dormir avec nous ce soir plutôt que de rester dans leur propre chambre. Et en parlant d’ailleurs de réveiller les enfants je vois du coin de l’œil Mael qui recommence à s’agiter et en règle générale quand il commence à bouger de cette manière dans son sommeil ce n’est jamais vraiment bon signe. Ça ne loupe pas parce qu’il se met encore une fois à pleurer. Je soupire longuement réalisant que je vais certainement passer une nuit blanche sans réussir à dormir ne serait-ce qu’une heure. « Bon, il faut croire que ce n’est pas que pour moi que tu vas devoir chanter une berceuse. » Une phrase lancée d’un ton plus léger que les précédentes, mais je n’y cache pas pour autant ma fatigue et la patience que je commence à perdre ce soir. Je pourrais prendre Mael avec moi et quitter la chambre pour laisser Alex essayer de se rendormir mais nous savons tous les deux qu’il ne se calmera pas avec moi.
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C'est pas vraiment le genre de discussion que j'avais envie d'avoir à 3h du matin, ni même à n'importe quelle heure d'ailleurs. Apprendre que Caleb est anxieux au point de ne plus réussir à trouver le sommeil, bien sur que c'est information importante, une information que j'ai besoin de savoir, mais une partie de moi aurait préféré sans doute ne pas le savoir. Ou plutôt que ça n'arrive jamais. Cette discussion mais surtout cette réalité. Il est heureux, il me le dit, me le répète. Mais il n'a pas d'explications pour comprendre ce retour de ses insomnies et de tout le reste. Tout le reste, c'est moi qui pense au reste, lui n'y fait pas référence, lui ne dit pas qu'il est malheureux, lui ne dit pas qu'il se sent mal, lui ne parle pas du reste, juste de cette difficulté à s'endormir et de l'anxiété qui revient, mais je ne peux m'empêcher de penser au reste moi. A ce que ça peut représenter, à ce que ça peut vouloir dire. Peut-être rien, mais dans le passif de Caleb, dans mon passif familial aussi, ça a du sens de s'inquiéter, de se questionner. Pourtant l'arrivée de Lucy entre nous, calme la discussion, apaise les tensions que je ressens et fait sourire Caleb. C'est sans doute ça en premier lieu qui m'apaise, le voir sourire, l'entendre rire aussi en même temps que notre fille, l'entendre rassurer Lucy, ce sont toutes ces petites choses qui me rappellent ô combien j'aime le voir comme ça. Heureux, doux, apaisant et apaisé. On en vient même à plaisanter tout les deux, à se taquiner sur l'un de nos sujets favoris, et ce malgré la présence de notre fille qui nous oblige à nous contenir dans nos propos pour qu'elle ne puisse rien entendre de déplacé. Et ce sont ses lèvres qui se posent sur les miennes qui m'aident aussi à me détendre un peu. Un baiser bien trop court malheureusement parce que Lucy rappelle qu'elle ne dort pas totalement en poussant Caleb, pour l'éloigner et capter son attention. « Moi aussi je veux un bisou papa ! » Jalouse et possessive, c'est bien la fille de Caleb mais même si j'aurais aimé prolonger ce baiser, je m'allonge sur mon oreiller essayant de me faire une place entre Lucy et Mael, et je les regarde tout les deux, d'abord Mael qui semble calme et apaisé, et ensuite je regarde Lucy coller sa tête contre le torse de son père et s'endormir au plus près de lui et je la comprends, moi aussi je voudrais être dans ses bras à ce moment précis. Parce qu'il m'apaise, parce qu'il me permet d'arrêter de douter, de réfléchir, de m'inquiéter, et ce soir j'en ai besoin.
Je ne suis pas forte, je ne suis pas quelqu'un de naturellement douée dans mes relations sociales. On peut même dire que je suis carrément nulle pour comprendre le besoin des autres, j'essaye pourtant, mais j'échoue bien plus souvent. C'est une vraie constante chez moi, incapable d'apaiser les autres mais c'est tout sauf anormal, je n'arrive même pas à m'apaiser toute seule. Mais, je veux l'aider, je veux vraiment et ce même s'il me donne pas de piste pour y arriver, même si je ne comprends pas ce qu'il traverse, même si je suis terrifiée par certaines choses. Je n'arrive pas à l'apaiser et pire encore, c'est à lui de m'aider à gérer les angoisses qui prennent de plus en plus de places dans mon esprit. Et si lui m'assure ne pas avoir d'idées noires, moi j'y pense. Pas pour moi, mais ça me terrifie que lui puisse y penser. Que lui puisse replonger dans une spirale qu'il a déjà connu, avec une même issue que quelques années auparavant mais avec la réussite de son geste en plus. C'est d'ailleurs très paradoxale de parler de réussite pour un suicide non ? Une tentative de suicide réussie n'est plus une tentative non ? Et un suicide ne devrait jamais être une réussite. Pourquoi je pense à ça ? Pourquoi mes pensées ne peuvent pas s'arrêter de penser à ce genre de chose ? Pourquoi, alors que je le crois, que j'ai confiance en lui quand il me dit qu'il n'y pense pas. Pourquoi moi je ne peux pas cesser d'y penser ? Comment je peux le rassurer, comment je peux l'apaiser alors que je suis agitée moi même ? Pas physiquement, mais c'est à l'intérieur que tout s'agite, les pensées, les sensations, les peurs, les souvenirs du passé, pleins de choses que j'essaye de contrôler mais pendant que je tente de gérer ça, je ne suis pas là pour lui. Et je m'en veux. Je m'en veux d'être incapable de faire ce que lui réussi à faire avec moi. M'apaiser un peu, me rassurer par sa présence, par ses mots, et même si je suis toujours inquiète, ses mots m'aident. Il ne pense pas à ça, il n'est pas triste, il ne veut pas mourir, voilà ce sur quoi je dois me concentrer encore et encore, mais je me sens minable de l'obliger à me dire ces mots alors que ce ne sont pas des sujets qui je sais peuvent renforcer son anxiété. « Il n’est pas question de toi là, bébé. » Je sais qu'il n'y a pas de méchanceté ou de reproche dans sa réponse, et pourtant elle me fait quand même mal. Il n'est pas question de moi, voilà encore une preuve que je ne comprends rien, que je ne sais pas comment faire, parce qu'il est obligé de me le préciser, de me le redire, et c'est pas la première fois, et sans doute pas la dernière. « Je sais, je suis désolée. » Pourquoi je suis désolée ? J'en sais rien. Mon égoïsme, Mon incompréhension, cette faculté que j'ai à toujours faire passer mes pensées avant les siennes. J'en sais rien mais je sens que je lui dois des excuses, peut-être plus par habitude que parce que je sais pourquoi et c'est bien triste non ? « A quoi tu penses quand tu n'arrives pas à dormir ? » Encore une mauvaise idée non ? Évoquer les choses qui l'angoisse ne pourra faire monter que son anxiété non ? Mais je ne sais pas ce que je dois faire pour lui. Rien sans doute, et ce serait sûrement mieux parce que je suis incapable d'être un soutien pour lui. Il ne s'agit pas de toi Alex, il s'agit de lui mais je ne sais pas ce qu'il veut, ce dont il a besoin, ou ce que je dois faire, à part dormir, voilà ce qu'il m'a demandé de faire et je refuse cette idée. Il ne s'agit pas de moi, mais pourtant je veux l'aider, je veux me sentir utile pour une fois, et surtout je veux qu'il puisse dormir un peu, enfin s'endormir surtout et je veux essayer de l'aider pour ça. « Non non non, je n’ai pas besoin de ça. Et ça pourrait réveiller les enfants. » Alors de quoi as-tu besoin Caleb ? Aides moi, dis moi quoi faire parce que ce sentiment d'impuissance et d'inutilité je le déteste. Mais il ne s'agit pas de moi, alors je ne dis rien. Je le regarde pourtant comme si ses yeux allaient parler pour lui, parce que sa bouche ne le fait pas alors je cherche désespérément à comprendre ce que je peux faire ou dire pour l'aider. Il a dit que j'étais plus douée que je le pensais pour l'apaiser mais je ne vois pas comment il peut dire ça alors que je me sens toujours aussi nulle et incapable d'agir correctement dans ce genre de moment. « Peut-être pas pour cette nuit, mais pour les prochaines quand ils seront pas là, si y'a quelque chose qui peut t'aider à t'endormir, on pourra tout essayer si tu veux. » Tout ce qu'il veut je suis prête à l'essayer si ça peut avoir des effets positifs sur lui. Je sens Mael qui s'agite à côté de moi, me donnant des tout petits coups alors qu'il a encore les yeux fermés et je ferme les yeux en soupirant à mon tour comprenant bien vite que Mael est en train de se réveiller. Encore. Je me redresse pour m’asseoir dans le lit tout en évitant de réveiller Lucy et je prends Mael contre moi. « On va pas y arriver cette nuit. » C'est la première nuit depuis plusieurs nuits que je ne dors pas correctement et je me sens conne de me plaindre alors que Caleb dort mal depuis un petit moment maintenant. « Je sais pas comment tu tiens en dormant si peu. » Oh si je le sais, on l'a fait pendant des mois entre la grossesse, les filles, Mael, on a eu des nuits bien compliquées mais pour Caleb ça continue encore. Je berce Mael contre moi tout en massant ses gencives doucement mais ses pleurs redoublent d'intensité encore. « Bon, il faut croire que ce n’est pas que pour moi que tu vas devoir chanter une berceuse. » Je sens un mélange de fatigue et d'agacement dans la voix de Caleb, ou c'est ce que je ressens moi ? Sans doute que c'est un peu des deux, mais je le ressens en tout cas surtout quand je vois que les pleurs ne s'apaisent pas et que Lucy commence à bouger contre Caleb. « Je vais aller marcher un peu avec lui avant qu'il réveille Lucy. Essaye de te reposer un peu, tu en as besoin et tu ne peux faire que ça avec Lucy collée à toi. » Je ne lui dis pas de dormir, je sais qu'il a du mal mais s'il peut au moins se reposer un peu, se détendre et juste resté allongé avec Lucy, ça peut, peut-être, l'aider à finir par s'endormir pour le reste de la nuit. Il en a besoin et j'ai besoin de le voir dormir un peu moi aussi. Je me penche vers lui en me levant pour venir déposer un baiser sur ses lèvres. « Je t'aime ne l'oublie jamais. » Je lui glisse ses quelques mots tout en déposant un second baiser sur sa joue et c'est avec Mael qui pleure toujours que je quitte la chambre en prenant avec moi le babyphone posé sur la table de chevet de Caleb, au cas ou Lena se mette elle aussi à pleurer.