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{she always seems to be alone
but the diamonds make it better}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson    

C'est fou tout ce que l'on peut faire sans véritablement se reposer et sans sommeil. Vraiment.
Ce n'est pas quelque chose que tu recommanderais à une autre de tes danseuses ou même à Itziar, mais ce n'est pas comme si d'autres étaient dans tes chaussures. A savoir une paire de talons assez hauts pour que n'importe qui oublie ta véritable taille, accordée à la tenue en strass que tu portes et le tout raccord à la lumière des projecteurs du club. Est-ce vraiment nécessaire cependant ? Tu n'en sais rien, il est presque cinq heures, vous avez dépassé les horaires d'ouverture du club depuis longtemps, le DJ, plus épuisé que toi l'a annoncé, c'est la dernière danse de la soirée avant la fermeture. Et oui, messieurs, il va falloir aller se soigner ailleurs. Le aw des quelques gens encore présents a été audible, sûrement parce que la musique ne vibre plus autant que cela, sûrement parce que les gens un peu plus censés ont déjà remballé leurs affaires pour la soirée. Il ne reste plus qu'une seule serveuse derrière le comptoir, Izzie est partie depuis longtemps, elle t'a conseillée d'en faire de même et pourtant, le dernier numéro c'est juste toi. Parce que toi aussi, dans un sens, tu es déçue que la soirée soit déjà finie, que le jour soit déjà là et qu'il s'agisse du moment où il faut être raisonnable et faire face au reste. Tout est tellement plus facile ici, voilà ce que tu te dis alors que tes cuisses sont fermement sur la barre en métal, que ta nuque et ton décolleté sont exposés alors que tu tournes et tournes, ta chevelure effleurant légèrement le sol.
Plus simple, personne ne te demande quoi que ce soit, personne n'attend de réponses de ta part et pendant trois minutes, ton rôle est de distraire. Distraire qui ? C'est la question du jour, le soupir que tu pousses est long quand tout ceci arrive à sa fin et comme à son habitude, Duran te conseille de rentrer chez toi alors qu'il chasse tout le monde du club. Ce n'est pas aussi simple, si tu as été la première à approuver le choix d'Evelyn de s'éloigner, tu ne sais pas quoi faire de ce qui t'accable toi, oui, toi qui es connue pour agir avant de réfléchir, tu es dans une impasse. Un autre soupir alors que tu passes deux mains dans tes cheveux, pour les écarter de ton visage et ramasser les dollars qui ont été abandonnés çà et là et que certaines ont oublié dans leur hâte de quitter le club. Pas toi, tu perds un temps fou à le faire, avant de retrouver les vestiaires, tu enfiles un pull un peu trop grand qui t'arrive à mi-cuisse pour cacher ta tenue de scène et enfin, tu conçois à rentrer chez toi. Maquillage toujours sur le visage, tes talons dans une main, sac sur les épaules, tu te moques bien de quelle image tu renvoies, tu es concentrée sur ton téléphone portable, à la recherche d'une autre distraction. Tu la trouves sous la forme d'un cours de danse, il y en a toujours à point nommé dans Brisbane et c'est rassurant. Tu n'envisages même pas la pause et la seule chose qui te tire de tes pensées c'est quand tu réalises que la porte de l'appartement est déjà ouverte.
"... bonjour ?" Tu prononces le mot en passant le pas de la porte, une de tes mains se resserrant sur tes chaussures au cas où. Tu pourrais les envoyer à la figure de quelqu'un et courir, on ne sait jamais. Mais non, ce n'est pas inconnu, c'est Evelyn. "Oh c'est toi, un peu plus et j'allais penser que j'étais partie sans refermer la porte derrière moi, non pas que ce soit mon genre mais je ne suis pas repassée ici depuis..." Deux ? Trois jours ? Beaucoup plus ? Tu n'en sais rien. Tu abandonnes tes talons à côté de ses chaussures à elle, refermant la porte. "Bref, comment était Londres ? Toujours aussi gris ? Je n'espère pas." Tu pensais qu'elle déciderait vraiment de rester de l'autre côté en fait, cela ne t'aurait pas étonné et tu ne l'aurais pas vraiment à blâmer, tu n'as aucun argument à lui dire qui pourrait lui donner envie de rester à Brisbane. Tu es sans doute un peu fatiguée, trop, tu ne te laisses pas abattre, tu es toujours en mouvement, dépassant déjà Evie comme si c'était une autre journée de plus. "Je suis juste de passage, il faut que je me douche, que je récupère plus de vêtements et une paire de pointes, il y a un cours de danse classique pour intermédiaires à l'autre bout de la ville dans... pas longtemps et je suis peut-être rouillée mais pourquoi pas ?"

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Lara Pearson    

Elle était rentrée finalement Evie, mais pas de gaieté de coeur. Son avion avait atterri assez tôt pour qu’elle sache qu’en commandant un Uber pour traverser le ville, elle serait à la maison juste avant que Lara ne termine son service de la nuit. L’aube ne la dérangeait pas, elle avait le genre de rythme qui la faisait se lever aux aurores pour profiter du calme du matin et remettre de l’ordre dans sa tête, chose qui n’était pas facile à faire ces derniers temps, la masse de choses qui s’y bousculaient lui faisant craindre tout et son contraire ; ce qu’elle craint en arrivant, ce fût la mine de six pieds de long de sa tante  Cassandra qu’elle trouva devant la porte de l’appartement, et qui lui fit froncer les sourcils si fort qu’ils se rejoignirent au centre de ses deux yeux. La discussion s’était enchaînée rapidement, pas le temps de palabrer chez les Pearson, même ceux qui l’étaient devenus par alliance. Plus pour longtemps visiblement, et si Evelyn avait fait entrer Cassandra pour lui servir une tasse de thé, c’était parce qu’elle eut de la peine de la voir si mal en point, elle qui cherchait à contacter sa fille depuis un moment, en vain, qu’elle était finalement venue la chercher par elle-même pour se trouver devant une porte close. Le dialogue s’était allongé, Evie avait vite retrouvé sa stature de jeune femme factuelle pour proposer à sa tante de se charger de faire entendre à Lara que sa mère avait besoin de la voir. Inutile de la forcer à rentrer dans un conflit qui ne la regardait pas tout à fait au final, quand bien même elle en souffrirait tout de même, elle en était persuadée. C’était beaucoup d’émotions pour un retour, elle s’en fit la réflexion lorsqu’elle referma la porte derrière elle après avoir assuré à Cassandra qu’elle ferait la commission à Lara. Et le soupir qu’elle laissa filer en se retrouvant enfin seule dans son appartement, il était lourd de tout un tas de choses qui lui donnèrent envie d’une douche.

Elle en sortait à peine lorsqu’elle entendit la porte d’entrer se refermer "Surprise." qu’elle fit à Lara en sortant de la salle de bain, une serviette éponge au bout du bras pendant qu’elle essorait ses cheveux qui retombèrent humides sur ses épaules recouvertes d’un peignoir bien fermé. Le débit de paroles de Lara était assez dense pour qu’Evie sache qu’il ne valait mieux pas l’interrompre. Elle ne le fit que pour répondre à sa question, et de la tête, elle lui proposa de lui servir un peu de thé resté sur la table-basse du salon, là où était encore installés les reliefs de sa longue discussion avec Cassandra "Toujours aussi gris. Mais avoir froid m’avait manqué, c’est toujours plus agréable de boire un thé chaud quand les températures sont en-dessous de zéro." Elle s'assit "Assieds-toi avec moi juste une seconde." lui fit-elle, essayant d'un regard de la dissuader de s’en aller maintenant, et tendant la main pour servir une tasse de thé à sa cousine avant de s’en servir une, sa serviette posée sur ses genoux.
Il y avait plusieurs sujets fâcheux à aborder avec la jeune femme. Mais autant commencer par celui qui la concernait de près. Après une gorgée de thé et un léger rire qu’elle laissa filer en entendant Lara lui dérouler les entrées de son programme de la journée, Evie lui dit "Tu sais que c’est scientifiquement prouvé que ne pas dormir huit heures par nuit est mauvais pour la santé ?" Elle s’en fichait, Evie le savait tout aussi bien qu’elle savait qu’elle tournait autour du pot pour lui avouer ce qu’elle avait à lui avouer maintenant et qui commençait par "J’ai trouvé ta mère devant notre porte quand je suis rentrée de l’aéroport ce matin." Devait-elle ajouter dans un sale état, ou pouvait-elle se permettre de passer sur ce détail qui ne changerait rien à la suite de la phrase qu’elle avait stoppé pour reprendre une gorgée de son thé ? Elle décida que ça ne servait à rien en effet, et posa délicatement sa tasse sur ses propres genoux pour lui dire avec délicatesse, la tête inclinée après l’avoir tourné dans sa direction "Elle m’a appris pour le divorce. Je suis désolée." Et elle était sincère. Parce qu’entre ce qu’elle pensait de son oncle et de sa tante et la réalité du gâchis que ça représentait de mettre un terme à une union qui avait duré depuis autant d’années, il y avait un tri à faire, et qu’elle en était capable. Ses lèvres se pinçant brièvement, Evelyn finit par reposer sa tasse sur la table-basse pour retrouver une liberté de mouvement et se retourner entièrement vers Lara à qui elle prit la main pour enfin lui dire, doucement "Elle m’a demandé de te dire qu’elle a besoin de te parler."

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Tu devrais sans doute accorder un peu plus d'importance au retour d'Evelyn sur Brisbane. Elle est partie pour tous un tas de raisons précises, sans donner de véritable date pour son retour et tu ne pensais pas que ce dernier se ferait immédiatement. C'est une pause plus que méritée et si tu avais quelques heures de sommeil de plus au compteur, tu lui poserais une question un peu plus poussée, et pas quelque chose d'aussi générique sur le temps qui est connu comme mauvais au Royaume-Uni. "Pour l'avoir brièvement expérimenté, je crois que je vois ce que tu veux dire, mais le temps d'ici me manquerait trop je crois bien." Là aussi, c'est une réponse brève et banale, qui n'engage absolument rien ni personne, certainement pas toi et tu te serais très certainement dirigée vers ta chambre si ce n'était pas pour le ton d'Evelyn. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose à des kilomètres de Brisbane ? Quelque chose de plus, qui vient s'ajouter à la pile de problèmes; tu n'en sais rien, elle te dit juste de t'asseoir et si tu considères une réponse négative, tu finis par hausser les épaules et la rejoindre. Une distance certaine entre vous, tu es à la fois debout et assise sur le bras du canapé, tes pieds touchent toujours le sol et ce n'est pas la posture la plus confortable du monde.
"Je me reposerais plus tard, j'aurais bien quelques minutes avant que le club rouvre ses portes dans tous les cas..." Tu répliques cela facilement, croisant les bras sur ta poitrine, tu n'as pas envie d'entendre une leçon de morale sur ton rythme effréné. Encore moins de la part d'Evelyn, qui ne sait pas ce qu'elle a loupé du tout. Ou alors ta cousine le sait, tu fronces les sourcils à ses prochains mots et tu tournes la tête, ton regard se promenant sur le salon, dans un sens, tu t'attends à ce que Cassandra révèle sa présence et soit soudainement là. Est-ce une mauvaise blague ? Ou une intervention ? Tu n'en sais rien du tout, dans tous les cas, ça te fait l'effet d'une douche froide, toute trace de fatigue a disparu et tu trouves même un peu trop clémente quand tu reprends enfin la parole. "... heureusement que tu étais là, si ça avait été moi, elle serait restée dehors." Et puis, elle doit vraiment être désespérée si les coups de fil ne suffisent pas, ta mère aime bien régler ce genre d'affaires en privé et ça n'a pas dû être facile de partager tout ça avec Evelyn. Ou même de recevoir la nouvelle de ton père, pas de doute que Cassandra ne doit pas avoir un seul allié à l'heure actuelle. Mais là, encore, à qui la faute ? Tu as toujours les sourcils froncés quand Evelyn s'excuse et quand ta cousine te prend la main, tu sais déjà que la conversation ne va pas te plaire.
Tu sais ce qu'elle essaye de faire Evie, d'être là pour toi et elle a le mauvais rôle du messager dans toute cette histoire mais tu n'as pas besoin de sa compréhension ou de sa compassion maintenant."Tu n'as pas besoin de t'excuser, ce n'est de ta faute ce divorce, c'est de la mienne alors..." Tu déclares cela sur un ton presque serein, tu récupères ta main et d'un simple mouvement, tu es de nouveau debout, sur tes deux pieds. Tu as toujours les bras croisés et tu hoches la tête à tes propres mots, parce que tu sais que c'est la vérité, il n'y a aucun moyen de tourner autour du pot. Clairement quelque chose a changé aux yeux de ton père, assez pour qu'il s'éloigne et la seule nouvelle variable à l'équation, c'est l'aveu que tu as fait à tes parents, et la réaction de ta mère. Ce sont les seules différences. "Crois-moi, elle n'a pas besoin de me parler, elle m'a déjà dit tout ce qu'elle avait à me dire au moment où je leur ai annoncé la vérité, Cassandra a même été explicitement claire : elle n'a pas de fille, donc tu vois... je ne sais même pas pourquoi elle t'a embêtée avec tout ça ou même pourquoi elle veut parler avec une étrangère. Cela ne fait pas de sens, du tout."  Le sourire qui passe sur ton visage est faux, il est réservé au club d'ordinaire, mais de quelle autre façon est-ce que tu peux voir les choses ? Tu n'as pas envie de te retrouver au milieu de tout ça, que ce soit Trevante ou Cassandra, tu t'en moques, les trois quarts de ta vie a été passée à essayer de les contenter et de leur montrer qui tu es. Plus maintenant, tu as suffisamment perdu de temps avec toutes ces bêtises. "La seule chose que je devrais faire c'est sans doute contacter un avocat de mon côté... mais ce sera plus tard." Beaucoup plus tard, ou même jamais.

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Lara était froide et Evie n’essaya pas de savoir pourquoi. Il y avait un contrat tacite entre elles qui partait du principe de base qu’il ne fallait pas poser de questions, que seule leur envie commune de se dire des secrets devait prévaloir sur l’inquiétude qui naissait quand elles se rendaient compte que quelque chose n’allait pas. Parfois ça prenait un peu de temps, mais elles ne forçaient jamais les choses en se montrant inquisitrice. C’était sans doute stupide, ça les menait souvent au désastre et aux confidences faites en troisième vitesse, mais c’était comme ça "Elle avait l’air mal en point, j’ai préféré la faire entrer et lui proposer de se remettre un peu avant de sortir d'ici." Jusqu’à preuve du contraire, Evelyn restait humaine. Elle n’avait pas d’affection pour sa tante, néanmoins la manière qu’elle avait eu de se présenter devant la porte de l’appartement lui paraissait fait partie d’une liste de pour et de contre qu’elle avait sûrement dû consulter avant de se lancer. Cela dit, elle comprenait très bien la réaction de Lara qu’elle continua à regarder, et avant qu’elle n’ouvre la bouche, elle se demanda si elle savait pour le divorce de ses parents, si c’était pour cette raison qu’elle paraissait distante et éteinte.
Elle le saurait bien assez tôt, Evie. Elle sentit que son geste de la main, celui qu’elle fit pour prendre celle de Lara n’était pas le bienvenue, aussi elle la retira aussi vite pour la joindre à la sienne qu’elle avait posé sur ses propres genoux en penchant la tête sur le côté pour mieux fixer la jeune femme qui se plaçait en seule responsable du divorce de ses parents. Elle se retint de lui dire que ce n’était pas le cas, qu’elle ne devait pas partir de ce constat-là, simplement parce qu’elle connaissait l’obstination de Lara à obtenir le dernier mot et qu’elle ne tenait pas à ce qu’elle l’accuse de seulement vouloir la réconforter en l’ensevelissant sous des lieux communs du type ce n’est pas ta faute. C’était le cas bien sûr, que ce n’était pas sa faute, elle y croyait vraiment au fait qu’elle n’y était pour rien. Si elle n’avait pas vécu de divorce, elle avait eu le déplaisir de côtoyer des personnes qui avaient divorcé elles-mêmes, ou qui étaient des enfants du divorce : ça ne partait jamais d’un enfant, ce n’était que des histoires d’adultes dont il ne valait mieux ne rien savoir. Mais quand bien même Lara était loin d’être une enfant dans le sens basique du terme, Evelyn savait qu’elle prenait sans doute la nouvelle comme si elle l’avait reçue il y avait des années de ça quand elle n’était encore, et bien justement, qu’une enfant.

Elle la regarda se lever, et dans son for intérieur, elle sut que la discussion allait prendre un tournant compliqué "Lara." Elle en avait assez de se battre pour faire entendre le bon sens des choses à ceux qui l’entouraient, reléguant ses propres difficultés à la dernière place de ses priorités parce qu’elle était comme ça, qu’elle préférait se concentrer sur les autres que sur elle-même. Mais il fallait une adulte pour gérer ce genre de choses, et de plus en plus, elle prenait conscience qu’elle avait dépassé le stade où, souvent, elle était la plus adulte de la pièce — celle qui acceptait de l’être devenue sans rechigner en tout cas "Je n’ai pas envie de me faire l’avocate du diable, mais je pense que tu devrais prendre en considération le fait qu’elle doit souffrir de tout ça." Parant un regard noir de Lara, Evelyn leva ses deux mains devant elle "Je te l’accorde, c’est maladroit de chercher à s’amender de ses erreurs au moment où elle a besoin de quelqu’un. Seulement je suis à peu près sûre que ça ne part pas d’une mauvaise intention, qu’elle a juste besoin d’avoir une discussion posée avec toi." Ça allait lui revenir au visage, elle en était certaine, surtout qu’elle ne croyait qu’à moitié à ce qu’elle disait "Elle ne veut peut-être pas te monter contre ton père, ou au contraire, c’est ce qu’elle veut… Mais si tu refuses d’avoir une discussion avec elle, tu ne sauras jamais, et de mon point de vue, ça ne t’apportera rien de bon de t’imaginer votre discussion au lieu de l’avoir pour de bon." Qui sait, peut-être que ça serait salvateur de remettre les pendules à l’heure et de faire entendre à Cassandra que, sous ses doléances, Lara préférait ne pas prendre part au conflit qui la montait contre son époux. Les mots qu’elle avait eu pour sa fille étaient durs, Lara avait le droit de ressentir un sentiment de rancune à son encontre, et elle pouvait même le retourner contre elle dans cette situation en lui assénant qu’elle voulait définitivement rester à l’écart — le faire de vive voix, et pas par l’intermédiaire d'un avocat que Lara mentionna soudain "Tout dépend de la cause de leur divorce, mais tu es majeure et tu ne vis plus sous leur toit, tes droits resteront les mêmes dans tous les cas." À moins qu’elle ne souhaitait exiger une pension alimentaire, mais Evelyn doutait beaucoup que Lara ne veuille se lancer dans ce genre de procédure. Lâchant un discret soupir, elle finit par lever la tête dans sa direction pour lui demander "Qui t’a mise au courant de leur décision ?"

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Tu es blessée.
Il n’y aucun autre mot pour décrire cela et te tenir face à Evelyn ne fait que te confirmer cela. Tu n’as jamais vraiment été capable de cacher tes émotions, sauf que d’habitude, tu t’en sers comme combustible pour continuer d’avancer, d’être aussi véhémente et continuer de vivre. Tu commences à arriver au bout de tes propres limites et ça tu voudrais que quelqu’un le voit vraiment, tu n’es pas invincible, tu ne vas pas juste lancer la prochaine insulte et passer à autre chose. Cette fois-ci, la coupure est profonde, ton cœur est meurtri et si tu n’as même pas envie de t’arrêter pour avoir cette discussion, c’est pour une raison. Un vrai paradoxe, car une partie de toi est véritablement contente de voir Evie de nouveau dans votre appartement, mais, le reste et tout ce que tu as eu le temps de ruminer toute seule écrase ce sentiment. C’est bien pour cela que tu t’es levée, que tu fronces déjà le sourire aux mots d’Evelyn et franchement, les mots suivant de ton ainée ? Ils ne te surprennent pas vraiment. “Mais tu vas le faire...” Que tu laisses échapper dans un souffle, alors que Evelyn fait des pieds et des mains pour te dire dans quel état se trouve Cassandra et toutes les difficultés que ta mère doit tenter de surmonter, et seule qui plus est.
Et moi ? Voilà ce que tu as envie de répondre, comme une véritable gamine, ou encore pire, tu as envie de rouler des yeux et de rappeler à Evie, à juste titre, qu’elle n’était pas là, alors elle ne peut pas tenter d’être élégante et magnanime maintenant, histoire de te faire passer encore plus comme la vilaine Lara qui ne sait pas écouter les grands quand ils parlent. Vraiment, tu pourrais le lui dire, le lui cracher à la figure et terminer tout ça en allant te terrer dans ta chambre, en claquant la porte histoire de plus appuyer ton propos. Tu ne le fais pas, parce qu’Evelyn ne mérite pas tout ça et que tu as beau être abimée, à vif et même en colère, Evelyn n’est que le messager dans toute cette histoire. Elle se retrouve au milieu de tout ça alors qu’elle ne devrait pas l’être.  “Maladroit ? Oui, on va dire que c’est quelque chose comme cela.” Tu n’aurais pas utilisé cet adjectif là : abject ? Oui, parce que si Cassandra compte se servir de toi pour garder Trevante et son nom de famille, tu peux déjà voir le refus que tu risques d’offrir à ta mère aussi.
De mon point de vue... Tu prends une profonde inspiration en entendant ces mots si particulier venir de ta cousine, ça ne fait que remuer autre chose en toi, mais tu ne le dis pas. On te considère déjà comme une bombe à retardement, quelqu’un qui ne fait qu’enchainer des mauvaises décisions alors... Alors Evelyn a simplement droit à un regard trop noir qu’elle ne mérite certes sûrement pas, mais qui est beaucoup mieux que toutes les horreurs que tu pourrais lui dire, même pas pour te sentir mieux qui plus est. “Si tu veux prendre la défense de Cassandra Pearson, parfait, je ne vais pas t’empêcher de le faire, Evie, vraiment pas. Mais avant de me dire d’aller me planter devant quelqu’un qui m’a donnée l’impression que je suis une moins que rien toute ma vie adulte, il faudrait peut-être que tu aies tous les faits. C’est comme cela que fonctionne un vrai avocat, non ?” Avant de prendre parti, avant de te laisser seule, encore une fois, à tenter de garder la tête sous l’eau. Tu ne dis pas que ta méthode est la meilleure, cependant, il s’agit de ta méthode, celle que tu as choisie et qui te convient. “Le divorce est à cause de moi, comment je le sais ? Parce que c’est logique, c’est vraiment la seule explication, je leur ai annoncé ce que je faisais pour vivre, ma mère est partie dans une de ses tangentes, et elle m’a dit de but en blanc tout le dégoût que je lui inspirais et que je devrais avoir honte de me lever tous les matins pour faire ce que je faisais.” C’est la première fois que tu parles autant de ce fameux diner, Diana a eu le droit à trois lignes et ton regard perdu, parce que tu n’avais pas encore pris la pleine mesure de la conversation avec tes parents.
Tu as eu le temps de tourner et de retourner tout ça dans ta tête, de laisser les mots de Cassandra faire leur destruction habituelle et te laminer encore plus. Tu pensais que tu étais mieux préparée que cela, vraiment. “Je connais assez mon père pour savoir qu’il a pris sa décision à ce moment-là, il n’a pas levé le petit doigt, il n’a pas essayé de me défendre et il n’a rien dit, ils ont dû se prendre la tête en privé, comme d’habitude.” Tu hausses les épaules en disant cela, un vrai contraste avec les larmes qui sont déjà dans tes yeux, tu ne voulais pas en parler pour une raison, tu savais que tu serais incapable d’aborder tout ça calmement et sereinement, c’est impossible. “Je ne veux pas lui parler, je ne peux pas lui parler, je n’ai pas envie de prendre du recul et d’être celle qui garde la tête haute alors que je suis blessée et que la seule femme qui est vraiment censée me protéger ne l’a jamais fait.” Pourquoi t’infliger cela ? Pourquoi continuer de retourner voir ton bourreau ? Certains auraient coupé les ponts depuis trop longtemps, tu as été assez naïve et optimiste pour tout justifier et te dire que dans le fond, Cassandra était fière de toi et qu’il y avait bien un semblant d’affection. “Ce n’est pas juste, elle souffre maintenant ? Je m’en fiche, je suis assez grande pour savoir que mes actions ont des conséquences, elle devrait le savoir aussi.” Et qu’est-ce qu’Evie pense ? Que cela ne te fait rien, que ça ne te brise pas un peu plus de l’intérieur à chaque fois que tu envoies ta mère sur ton répondeur et que tu vois un de ses messages et que tu n’y réponds pas ?
Tu n’es pas sans cœur vraiment, et si qui que ce soit voulait une preuve, elle est sûrement là, dans les larmes qui roulent sur tes joues et qui viennent se mêler à ton maquillage et tout le reste. "C’est Marvin qui me l’a dit, Trevante est allé le voir lui histoire d’en faire une affaire d’état.” Un autre haussement d’épaules de ta part. “Et je suis désolée si ce n’est pas ce que tu voulais entendre, mais c’est tout ce que je peux faire pour le moment.” Tant pis si ce n’est pas correct et tant pis si cela ne fait pas de sens.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Lara Pearson    

Lara ne devait pas se méprendre sur les intentions de son aînée, étant donné que cette dernière ne jugeait absolument pas que son oncle et sa tante avaient le beau rôle dans l’histoire, bien au contraire. Elle aurait pu le lui dire tout de suite, le lui préciser pour qu’elle évite de démarrer au quart de tour, et ce avec toute la diplomatie qui faisait qu’on avait confiance en elle et qu’on s’en remettait à son jugement, seulement elle connaissait assez sa cousine pour savoir que rien que le fait de vouloir faire amende honorable en prenant partie pour personne, c’était déjà la trahir. Et par conséquent, la braquer. Ça ne loupa pas, et intérieurement, elle roula des yeux. Evelyn n’avait même pas besoin d’avoir un accès illimité aux pensées de Lara pour savoir ce qu’elle pensait à ce moment-là, et parce qu’elle n’avait pas envie que tout prenne des proportions démesurées, elle  prit sur elle, s’astreignant à l’écoute de ce qu’elle avait à lui répondre sans l’interrompre, les yeux posés sur elle.

Le regard de Lara était noir, la voix d’Evie resta posée lorsqu’elle lui précisa d’emblée, la coupant à peine dans le petit laïus qu’elle déclamait avec l’aisance des créatifs — ça ne l’impressionna pas assez pour qu’elle ne lui dise pas, calmement "Je ne veux prendre la défense de personne, Lara." Elle ne souvenait pas vraiment quel genre de personne elle était à 30 ans, Evie, mais une chose était certaine, elle n’était sans doute pas plus mature que l’était Lara à ce moment-là. Elles avaient des historiques avec leur cocon familial respectif, des blessures qui mettaient du temps à cicatriser malgré les années, et plus que tout le reste, elle n’était personne pour juger que Lara se comportait comme une enfant gâtée sur l’instant. Pourtant, la pensée lui traversa l’esprit, et ses sourcils se froncèrent pendant qu’elle continuait de l’écouter, la faisant rebondir sur ce qu’elle lui disait "T’es en train de t’énerver toute seule et de prendre de travers ce que je suis en train de te suggérer. J’examine la situation d’un regard extérieur, je n’essaye pas de te faire la leçon, ou de me constituer défenseuse de quoi que ce soit, ou de qui que ce soit." lui dit-elle, ses yeux dans les siens à distance, ses mains se mouvant devant elle pour marquer son point "Je te donne juste un conseil, et le principe d’un conseil, c’est de le prendre ou non. Ce n’est pas utile que ça finisse en drame, ou en attaque personnelle." conclut-elle sans se départir de son calme, réussissant à terminer sa phrase sans hausser le ton.
Poussant un soupir profond lorsqu’elle entendit la suite des paroles de Lara, Evie inclina la tête sur le côté en haussant les sourcils "Et tu juges ça incorrect de la part de ton père de vouloir être de ton côté pour une fois ?" C’était un peu contradictoire de la part de Lara, mais elle pouvait passer l’éponge sur ça, consciente que lorsqu’elle était dans cet état, elle n’était pas la plus logique dans sa façon d’exposer les choses "Même si ça a voir avec toi, c’est sa décision. Tu sais sous le spectre de l’amour, on est capable de supporter beaucoup de choses et de fermer les yeux sur tout autant de choses. Peut-être qu’il avait besoin de ça pour se rendre compte de qui était vraiment Cassandra." Et probablement, qu’au moins un peu, elle réussissait à se figurer ce qu’on était capable de supporter sous le spectre de l’amour ; elle était bien placée en ce moment-même pour le mettre en exergue, encore qu’elle n’admettrait à quiconque que c’était ses sentiments pour Rhett qui la poussaient à fermer les yeux sur ses excès, mais passons sur le sujet "Ne le fais pas dans ce cas, si c’est de cette façon là que tu vois les choses. Je ne t’ai pas mise un couteau sous la gorge en te forçant à accepter de lui parler, je t’ai juste fait remarquer que tu pourrais mal vivre l’idée de ne pas savoir ce qu’elle veut te dire, ça ne va pas plus loin que ça." précisa-t-elle suite au discours de Lara. Toujours assise sur le canapé, Evie rabattit les pans de son peignoir de bain sur ses cuisses, restant droite comme la justice à observer la tornade Lara discourir avec véhémence — tellement d’ailleurs qu’ayant plusieurs heures de vol sur les épaules, elle sentit une pointe de migraine lui vriller les tempes.

Elle se les massa, baissant brièvement la tête pour parer le regard peu amène de sa cousine et entendre sa réponse à propos de comment elle avait reçu l’annonce du divorce de ses parents. Elle l’avait su par Marvin, et elle ne comprenait pas comment son neveu avait pu juger bon endosser le rôle de messager quand en vérité, ça ne le regardait pas "C’est ton père qui lui a demandé de t’en parler ?" Ou alors il avait été assez mesquin pour le faire comme le grand garçon qu’il était ? Soit elle était trop vieille pour ce genre de choses, soit elle avait loupé un épisode qu’elle n’avait guère envie de rattraper, et le nouveau soupir qu’elle poussa en était l’illustration nette et précise — comme le ton venimeux avec lequel sa cousine prononça des excuses qu’Evie soupçonnaient d’être rien d’autre ironiques. Elle secoua la tête, haussant les épaules dans la foulée "Je n’ai besoin de rien entendre, c’est plutôt clair que tu considères que ce ne sont pas mes affaires." Elle se leva, se retenant de lui dire qu’à repousser les gens qui lui voulaient du bien en montant sur ses grands chevaux quand ce n’était pas utile, elle finirait sans doute par se retrouver seule et démunie face à cette situation délicate qui se présentait à elle. Mais puisqu’il lui paraissait évident que pour l’heure, elle ne tenait pas à avoir son aide, et que la patience d’Evelyn s'étiolait au fur et à mesure qu’elle traversait les épreuves sans que personne ne semble se soucier de son état mental, elle décida ici et maintenant que tout ça ne la regardait pas en effet.

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but the diamonds make it better}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson    

Peut-être que par bien des aspects, Evelyn a raison. Tu es très certainement trop proche de tout ça pour pouvoir raisonner objectivement et même si c'est quelque chose que tu essayes de pratiquer depuis quelques années, tu n'as pas son savoir-faire, son calme ou même son tact. Mais, que tu as envie de rajouter, c'est toi qui vis tout ça, c'est toi qui dois ériger des lignes de défense plutôt fortes et c'est toi qui dois composer avec les humeurs de tes parents. Parce qu'Evie ne s'en rend sûrement pas compte, mais avant qu'elle n'entre dans ta vie et que tu aies quelqu'un pour te défendre activement, c'était souvent eux qui formaient un noyau soudé. Soudé et lié pour t'attaquer et relever le moindre de tes petits défauts et te remettre sur le droit chemin. Souvent, trop souvent, ça a été des années à chercher des repères, à tenter de concéder tes envies et ce que tes parents voulaient, pour finalement accepter que ça ne collerait jamais et que tu étais un peu trop différente et impétueuse. Pour enfin te dire ce n'était pas vraiment ton boulot de réconcilier tout cela et de leur apprendre quoi que ce soit. Alors l'éponge a été jetée, littéralement et véritablement et maintenant que tout ça leur explose à la figure... tu dois faire quoi au juste ? Être celle qui leur prend la main et qui doit recoller les morceaux ? Non, tu n'as pas envie d'avoir ce rôle, d'être objective et d'écouter les doléances de tout le monde, si c'est ce qu'Evelyn veut faire, grand bien lui fasse, qu'elle joue les saintes encore une fois et tu vas t'énerver toute seule dans ton coin. Comme elle le dit si bien, c'est assez amusant de la voir adopter la perspective de tout le monde... sauf la tienne.
Et déguiser tout ceci sous la forme de conseils bien avisés. Evelyn soupire et tu le sais que pour elle, ça signifie beaucoup, elle arrive à ses propres limites et elle va abandonner, elle aussi. "C'est trop peu trop tard, peu importe de qui tu veux parler, autant de Cassandra que de Trevante." Ce n'est pas juste, ce n'est très certainement pas le moment pour punir tes parents pour des erreurs passées et quelqu'un avec plus de diplômes d'Evelyn pourrait te faire réaliser tes erreurs et te faire ouvrir les yeux. Décidément pas ta cousine qui en rajoute une couche alors que tu essuies tes larmes. Tu la regardes se masser les tempes, comme si tu étais impossible, le genre d'énigme qu'on met du temps à déchiffrer, et elle n'a clairement pas la patience ou l'envie de se pencher sur ce problème en particulier. Alors ne le fais pas, que tu penses amèrement quand Evie secoue la tête. "Je n'en sais rien, c'est plus facile de parler à Marvin visiblement, il écoute, il est docile, il ne pose pas de questions alors..." Alors cela devait être plus facile pour ton père. Tu t'es déjà posé plein de questions à ce sujet, tu t'es déjà retourné la tête, le cerveau et l'esprit, à tenter de comprendre la logique de ton père. Tu ne le comprends pas et avec ce simple geste, cette simple demande, il n'a fait que creuser davantage le fossé entre Marvin et toi, ton cousin a eu le mauvais rôle, tu ne lui as donné aucune chance de répliquer et tu l'as même banni du club. La punition sera lourde et sévère s'il remet les pieds dans Paradise City.
Mais c'est Marvin, pas Evie. Elle se lève, donne son verdict et tu peux dire avec une précision folle à quelle seconde ton cœur se serre. Et tu te trouves bien idiote d'avoir versé des larmes, ou t'être dit que c'était une bonne idée de l'avoir fait devant Evelyn. Réellement, c'était une grosse erreur de ta part et cela ne se reproduira plus jamais."Au moins, on est d'accord sur ce point-là." Tu réponds sur un ton faible et tu passes tes mains sur tes joues pour t'assurer qu'il n'y a plus aucune trace de ton faux pas visible. Le message est clair et cela ne devrait même pas t'étonner, Evelyn a ses propres problèmes à gérer, elle n'est pas là pour jouer les baby-sitters et ce n'est pas ce que tu lui demandes de faire. Il était tout aussi naïf de croire qu'elle allait sauter à la gorge de tes parents avec toi et comprendre ton raisonnement de pensées. Tu es seule, comme ça a été le cas ces dernières semaines et ça sera toujours le cas. "Ouais." La réalisation te fait sourire, le moment d'égarement est terminé, tu mettras ça sur le coup de la fatigue et pas autre chose, c'était aussi simple que cela et cela n'arrivera très certainement plus. Tu hoches la tête encore une fois et tu finis par te passer une main dans les cheveux en ayant pris ta décision. "Bonne journée." Tu l'annonces sur un ton un peu trop enjoué pour être réel et c'est décidément celui que tu réserves aux clients d'ordinaire et les gens que tu tiennes à distance. C'est justifié pour le coup et Evie a le droit à l'ombre d'un sourire avant que tu ne repartes dans la même direction qu'à ton arrivée, vers la porte, où tu récupères ta paire de talons abandonnés pour enfin quitter l'appartement, sans un regard en arrière.