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« Et Oaks, il va comment ? » Madison relève la tête - elle s’est perdue dans la contemplation des petites bulles de bière qui explosent à la surface du liquide ambrée - et regarde Tommy, ses boucles blondes, son sourire mutin. Oliver est venu plusieurs fois faire des soirées avec les amis de fac de Madison et son caractère jovial plait aux gens qu’il a rencontré. On a souvent une bonne impression d’Oliver et Madison ne la contredit pas, ne racontant jamais les disputes qui éclatent souvent entre eux. C’est quelqu’un de bien après tout, simplement un peu moins lisse qu’il n’apparait en soirée. « Il va bien, » répond Madison avec un petit sourire. « Toujours la tête dans les étoiles, » ajoute-t-elle.

Elle a toujours aimé ce côté rêveur qu’ils partagent et que les amis de Madison a remarqué. Là où Madison est douce et perdue, Oliver est passionné et légèrement hors de la réalité. Il n’est pas rare qu’il débarque en soirée avec un nouveau but de vie qu’il raconte aux autres, ou qu’il décroche au milieu d’une conversation parce qu’il pense à autre chose.

« C’est plus simple maintenant qu’il est là, quand même, non ? » « Oui, bien sûr, » dit Madison : une vérité et un mensonge, en même temps. Elle a appris à ses dépends que sa vie se constituait de beaucoup de ces entre-deux là. « Invite-le à la prochaine soirée ! Tu te souviens quand on avait été à la boîte près de la plage ? » Madison éclate de rire. Elle a tellement bu cette soirée-là, comme beaucoup de soirs, et a des bouts de souvenirs qui forment un kaléidoscope. « Quand il a émerveillé tout le dancefloor quand la chanson de BTS est passée et qu’il connaissait toute la choré ? » Les joues de Madison se colorent de l’admiration qu’elle ressent parfois pour Oliver et qui participe à cet amour instable qu’elle ressent pour lui. « Exactement. Il faut qu’il m’apprenne ses moves. Je t’avais dit que j’avais matché sur Tinder avec une coréenne ? » Il sort son téléphone et montre à Madison la photo d’une petite brune aux yeux brillants. Elle suit la conversation, un peu déconnectée, occupée à penser à Oliver, ses yeux pétillants, son sourire doux, une chaleur diffuse picotant le bout de ses doigts. Être en présence de gens qui apprécient son petit-ami lui rappele toujours la chance qu’elle a d’être avec lui, comme si elle a besoin d’un miroir pour apprécier celui qu’elle dit aimer.  

Elle termine sa deuxième pinte et quitte ses amis. Elle a promis de rejoindre Oliver, la nuit est déjà tombée mais la soirée ne fait que commencer. Elle jette un coup d’oeil à son téléphone, il n’est que 21h. Elle achète une canette de gin tonic dans l’épicerie du coin et la boit tout en pédalant sur son vélo. Elle a réussi à atteindre ce stade où l’alcool la détend mais où elle n’est pas encore complètement ivre - ses proches pensent qu’elle atteint ce stade après un ou deux verres, mais en réalité, elle tient très bien l’alcool à force de boire autant, mais les gens avec qui elle sort ne voit pas les verres qu’elle boit avant de les rejoindre, les shots qu’elle commande au bar quand ils ont le dos tourné. Ce soir, elle racontera probablement à Oliver qu’elle n’a bu que deux verres et se gardera bien de parler du gin-tonic, ou des deux verres de vin de ce midi.

Arrivée en bas de chez Oliver, elle utilise le double des clefs qu’il lui a donné pour ouvrir la porte du bâtiment, puis la porte de chez lui, après avoir donné un petit coup pour prévenir de son arrivée.

« Bonjour bonsoir, » dit-elle d’une voix chantante, déposant un baiser sur les lèvres d’Oli. Elle en profite pour ébouriffer ses cheveux d’un geste amusé et tendre, et caresse légèrement son avant bras. Elle se rend compte qu’elle est de bonne humeur, sûrement assez détendue par l’alcool pour ne pas trop s’inquiéter. « T’as passé une bonne journée ? » Elle ôte sa veste, pose ses affaires. « J’ai un truc pour toi, » elle fouille dans son sac et en ressort un petit casse-tête en bois qu’elle tend à Oliver avec un sourire : « Je l’ai trouvé dans une brocante ce matin. » Madison sait qu’Oliver a toujours aimé les puzzles, les énigmes, les casses-têtes.

Souvent, elle se dit que c’est pour ça qu’il l’aime.

@Oliver Oaks  

Assis sur le sol, le regard fixé sur mon pied gauche, je fronce les sourcils lorsque je le vois, certes, faire les mouvements que je lui demande de faire, mais en décalé par rapport aux ordres donnés par mon cerveau. Ça fait plusieurs heures maintenant que j'ai cette drôle d'impression que le chemin, entre le moteur central et mes différents muscles et articulations, est ralenti. Comme tout à l'heure, lorsque je suis sorti à midi et que j'ai trébuché sans aucune raison, juste parce que la pointe de mon pied est resté accroché au sol. Je me suis éclaté de tout mon long au sol, mais j'ai réussi à me rattraper au dernier moment pour limiter la casse au maximum. Les gens qui m'entouraient étaient tout aussi surpris que moi, mais se sont montré assez bienveillant pour m'aider et me demander si tout allait bien. C'est en mentant parfaitement que je me suis remis en route pour retourner chez moi. J'avais, à la base, envie d'aller au studio pour répéter la chorégraphie avec laquelle je me suis complètement rétamé devant mon frère la veille, mais j'ai bien compris que ce n'était pas la peine.

Si je suis rentré, c'était dans le but de me reposer. J'ai même dit à Madison que je ne pourrais pas venir avec elle au bar, mais qu'elle pourra me rejoindre plus tard pour que nous passions au moins la nuit ensemble. Mais même ça, je me suis dit que je l'annulerais, tant la fatigue m'a prise d'un coup. J'ai dormi toute l'après-midi, pensant que ça ira mieux après, mais fait est de constater que cette grosse sieste n'a fait que me décalquer encore plus. À la fatigue musculaire et aux courbatures, s'est ajoutée une migraine tenace qui a bien décidé de ne pas partir malgré les deux cachets que j'ai pris.

C'est, en pensant que ça ira mieux après un peu d'effort physique, que je me suis installé au sol en t-shirt, jogging et pieds nus, afin de faire quelques exercices d'assouplissement. Passant outre les vertiges créé par le fait de me pencher en avant et en l'impression d'être aussi raide qu'un balai, j'ai très rapidement remarqué que quelque chose n'allait pas avec mon côté gauche. J'ai beau cherché encore et encore, je suis incapable d'en connaître la raison. Une grippe ? Quelque chose de plus grave ? Je soupire doucement avant d'être sorti de mes pensées par la porte de mon appartement qui s'ouvre.

Je fronce légèrement les sourcils et ferme les yeux lorsque la voix criarde de ma copine retentie dans le couloir. Dans un effort qui me semble surhumain, je me relève et me redresse au moment où Madison débarque, guillerette, dans le salon pour m'embrasser joyeusement, me demandant en même temps si j'ai passé une bonne journée. Puis, attrapant son sac à main, elle le fouille quelques instants et me tend un casse-tête. « Oh woh, merci ! J'en cherchais justement un-... » Je n'en dis pas plus car, alors que j'allais attraper l'objet, ma main gauche se referme dans le vide « Ah la fatigue hein» rayais-je en laissant échapper un rire pour éviter que je ne panique de trop « J'ai plus les yeux en face des trous » je secoue doucement la tête, toujours avec ce sourire moqueur, puis attrape l'objet de la main droite qui, malgré le fais que je sois gaucher, m'écoute plus facilement. « Trop bien ! Vraiment, c'est super cool !» Et je suis sincère dans mes paroles « ça va toi ? Ça a été ta soirée ? Tu leur as passé le bonjour, j'espère !» tout en parlant, je me détourne pour aller vers le canapé, stoppé net dans mon mouvement par la table basse contre laquelle je viens cogner mon tibia « merde» grognais-je en coréen, me penchant en avant pour frotter ma jambe tout en posant le casse tête sur la table « j'ai bien fais de ne pas venir avec, imagine le carnage que ça aurait été si j'avais couplé l'alcool avec la fatigue» je laisse, à nouveau, échapper un rire et me redresse pour relever mon regard sur ma copine «Tu veux boire encore un truc ? » demandais-je en désignant la cuisine d'un coup de tête.

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« Oh woh, merci ! J'en cherchais justement un-... » Pendant une demi-seconde, Madison se demande si l’alcool influence sa vision, avant de comprendre que non, elle ne s’est pas trompé, Oliver a refermé ses doigts à quelques centimètres de l’objet qu’elle lui tend. Elle fronce les sourcils, se demandant un instant si son petit-ami a bu lui aussi, mais elle a envie de rire d’une idée aussi incongrue. Il est resté se reposer chez lui, après une longue journée, et elle connait assez Oliver pour savoir que s’il est un fêtard quand ils sortent, il ne serait pas du genre à se rendre ivre seul. Non, ça, c’est le talent plus ou moins caché de Madison. « Ah la fatigue hein. » Madison fronce un peu les sourcils, mais elle sourit à Oliver. C’est un danseur, un sportif, et parfois son corps le trahit quand il a passé la journée à s’entraîner. « Il faut que tu te ménages, » lui répond Madiso avec douceur. Il est comme elle, passionné au point d’en oublier un peu la réalité. « J'ai plus les yeux en face des trous » Il finit par prendre le casse-tête que Madison lui tend toujours, souriant sincèrement, visiblement content de la trouvaille. « Trop bien ! Vraiment, c'est super cool ! » C’est facile de lui faire plaisir, se dit souvent Madison, un petit geste, un petit cadeau. Elle se demande parfois si la distance qu’elle impose, plus ou moins volontairement, dans son couple est si violente que le moindre geste vers Oliver est un soulagement pour lui. « ça va toi ? Ça a été ta soirée ? Tu leur as passé le bonjour, j'espère ! »« Oui, c’était super, on a été au - » « merde»  « Eh, attention, ça va ?! »

Décidément, ça ne ressemble pas à Oliver d’être aussi maladroit. Il est plutôt du genre à être connecté à son corps, comme la plupart des danseurs que Madison connait, et elle admire d’ailleurs souvent cette qualité, elle qui a tendance à enfoncer la plupart de ses émotions au fond d’elle, y compris les ressentis physiques. « J'ai bien fais de ne pas venir avec, imagine le carnage que ça aurait été si j'avais couplé l'alcool avec la fatigue, » lui dit Oliver avec un rire léger. Il ne s’inquiète pas, il ne prend pas sa maladresse au sérieux, ce qui calme Madison qui lui sourit. « Tu veux boire encore un truc ? » Madison n’a jamais répondu non à cette question. Elle pose sa main sur le bras d’Oliver, doucement, avec un sourire :  « T’inquiète pas, je vais me servir, assis-toi, repose-toi, » et elle dépose un petit baiser sur sa joue. Le voir vulnérable décuple l’affection de Madison, affection que l’alcool a déjà délié. Elle se dirige vers la cuisine où elle cherche dans le frigo où se trouve une bouteille de vin blanc, son alcool préféré. Oliver en a souvent chez lui car il sait qu’elle aime bien voir un ou deux verres après une longue journée. Pendant qu’elle se sert, elle lance :  « Tu veux un truc ? Une infusion, de l’eau ? » Visiblement l’alcool serait absent pour lui ce soir. Elle se dit qu’elle peut encore boire un ou deux verre sans trop alerter Oliver. Après tout c’est une soirée comme une autre pour elle. Pendant qu’Oli est sur le canapé et qu’il ne la voit pas, elle boit un fond de verre avant de s’en resservir. Toujours un peu plus d’alcool sans qu’on remarque, une habitude. Elle revient s’installer sur le canapé, posant son verre de blanc sur la table basse. Elle s’assoit près d’Oliver.  « J’ai passé le bonjour et ils te le passent tous, évidemment. Tommy veut qu’on ressorte en boîte, ta choré de la dernière fois lui a laissé un souvenir mémorable, » lui raconte Madison avec un petit rire. Elle soupire, amusée :  « Ce n’est pas facile d’être la petite-amie d’une star comme toi, » plaisante-t-elle, reprenant une gorgée de vin, s’installant plus confortablement, ses gestes un peu plus relaxés maintenant qu’elle est légèrement ivre, son corps un peu plus à l’aise contre celui d’Oliver.

@Oliver Oaks  

 « Il faut que tu te ménages » six mots que j'ai déjà tellement entendu, qu'on n'a jamais cessé de me répéter encore. Se ménager de corps et d'esprit, voilà ce que je n'ai jamais réussi à faire. Depuis toujours, j'ai vécu avec une pression familiale certaine, d'abord à cause de mon père d'adoption qui, carriériste au possible, a toujours voulut que ses enfant fassent de grandes études comme lui et son épouse. Puis, cette pression a changé et a émané de mon grand frère qui s'est révélé être un carriériste de la danse, réussissant tous les examens que je ratais. Alors oui, je ne me suis jamais ménagé et j'ai toujours pousser mon corps et mon mental de plus en plus loin, jusqu'à atteindre la rupture en 2016. Depuis, je me suis calmé, mais pour maintenir une forme physique telle qu'on l'attend de moi je continue de m’entraîner tous les jours.

Toutefois, les mots de Madison prennent tous leur sens aujourd'hui. Et pourtant, je refuse d'en entendre le sens car, même si la réalité est là.  « Je gères  » lui répondais-je avec tendresse, allant lui serrer gentiment le bras  « La preuve, j'ai dormis toute l'après midi. C'est que mon corps en avait besoin » Même si la fatigue est toujours présente et presque plus forte qu'avant. Mais ça, Madison n'a pas besoin de le savoir  « La seule chose que je n'ai pas ménagé c'est mon appartement » reprenais-je avec un trait d'humour en désignant le bordel qui règne dans mon salon. Mais ça, ma copine en a l'habitude. Elle sait que je suis bordélique et absolument pas organisé. De toute manière, ça ne dénote pas forcément de mon style de danse : comparé au ballet, le contemporain ressemble à un joyeux bordel.

L'inquiétude de Madison fini toutefois par me gagné pendant quelques secondes lorsqu'elle s'exclame de faire attention, s’inquiétant de savoir si ça va lorsque je me cogne le tibia contre la table basse du salon. Ce n'est pas normal. Tout ça, ce n'est pas normal. Ne pas réussir à refermer du premier coup mes doigts sur l'objet, me cogner à tout bout de champs, trébucher sur mes propres pieds, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond en moi. Mais, encore une fois, je décide de prendre le tout avec humour avant de lui demandé si elle veut boire quelque chose. Évidemment, la réponse est oui, comme toujours et je la laisse faire, m'installant sur le canapé.

 « Fait moi une infusion s'il te plaît » lançais-je lorsque la jeune femme me demande si je veux quelque chose  « Peu importe laquelle, choisi » tout en parlant je pose mon regard sur ma main que je ferme et ouvre plusieurs fois, constatant la même chose qu'avec mon pied : les gestes sont là, mais lent et en décalé. Je n'ai, toutefois, pas le temps de m'en inquiété davantage que Madison revient déjà au salon avec une moue d'inquiétude, car elle a bien remarqué mes gestes à l'instants.  « C'est rien » m'empressais-je de lui dire alors que je secoue doucement ma main  « J'ai chuté pendant un enchaînement hier et depuis j'ai un peu mal au poignet. Mais ce n'est pas grave, je le sens. Ça va déjà passer » c'est un demi mensonge : j'ai certes, chuté et j'ai effectivement mal au poignet, mais ce n'était pas lors d'une chorégraphie.

Fort heureusement, Madison change de sujet et me fait doucement sourire lorsqu'elle évoque Tommy et son envie qu'on ressorte en boîte tant j'ai impressionné la foule avec ma Choré  « Tout le mérite revient au chorégraphe de BTS  » lançais-je avec humour  « Mais on peut se refaire une sortie un de ce soir. Laisse moi juste le temps de bosser une choré et on est bon » je laisse échapper un rire en secoue la tête alors que j'observe comment, du coin de l'oeil, Madison se met plus à l'aise à côté de moi, disant qu'il n'est pas facile pour elle d'être la petite amie d'une star  « Une star n'est rien sans sa moitié » répondais-je en tournant le visage vers elle, toujours souriant  « Derrière chaque personne connue, il y a une encore meilleure personne qui l'accompagne partout et qui l'aide à garder les pieds au sol » répondais-je alors que je lève mon bras pour entourer les épaules de la jeune femme  « Ton rôle est primordial » je l'attire contre moi et dépose un baiser dans ses cheveux.

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Combien de fois Madison a-t-elle suggéré à Oliver de ralentir ? Elle adore sa passion, son tempérament légèrement tout feu tout flamme, surtout lorsque quelque chose retient son attention. Mais il ne connait pas ses limites et même si Madison est mal placée pour commenter les limites de qui que ce soit, elle ne peut s’empêcher de regarder avec inquiétude et affection l’emportement d’Oliver. « Je gères  » Combien de fois est-ce que Madison a entendu cette réponse ? Elle a un petit sourire amusé. Bien sûr. Il gère. Elle gère, elle aussi, elle le dit souvent. Elle se le dit souvent. « La preuve, j'ai dormis toute l'après midi. C'est que mon corps en avait besoin. La seule chose que je n'ai pas ménagé c'est mon appartement »

Madison éclate de rire. Elle qui est si ordonnée - ses parents n’ont jamais supporté qu’une seule poupée traine dans sa chambre - elle est pourtant plutôt tolérante sur le bordel que sème Oliver chez lui. Heureusement qu’ils ne vivent pas ensemble, se dit-elle souvent. Les rares fois où la question a été soulevée, souvent après quelques verres, Madison a plaisanté en disant qu’elle était trop maniaque pour vivre avec Oliver, qui ne l’avait pas vraiment bien pris. Mais les termes de leur relation sont souvent sujet à dispute entre eux : est-ce qu’ils se voient assez, est-ce qu’ils couchent assez ensemble, est-ce que Madison est assez démonstrative, est-ce qu’Oliver est assez empathique.

« Fait moi une infusion s'il te plaît. Peu importe laquelle, choisis. » Madison regarde les boites d’infusions dans le placard, hésitant. Une part d’elle se demande si elle ne devrait pas juste lui servir une infusion qui aide à s’endormir, pour jouer sur la fatigue d’Oliver et qu’ils s’endorment avant qu’ils n’aient à coucher ensemble. Puis elle se dit que non, peut-être qu’elle devrait justement en profiter, coucher avec Oliver ce soir, que ça ne durera pas longtemps s’il est fatigué. Et puis, elle est plutôt de bonne humeur, elle pourrait presque en avoir envie. Oliver lui a encore reproché l’absence d’investissement de ce côté-là, elle sait qu’il va falloir qu’elle fasse un petit effort pour l’appaiser un moment.

Elle se regarde, un peu au-dessus d’elle-même, ivre et en train de calculer si elle doit coucher ou non avec son copain, et se dit sa vie est tout de même bien triste. Mais elle secoue la tête, attrape une infusion à la menthe poivrée, fait chauffer l’eau, et revient avec la tasse dans le salon qu’elle tend à Oliver, inquiète de la façon dont il regarde sa main.

« C'est rien. J'ai chuté pendant un enchaînement hier et depuis j'ai un peu mal au poignet. Mais ce n'est pas grave, je le sens. Ça va déjà passer. » Madison fait la moue : « Tu vois qu’il faut que tu fasses attention. Tu as pris des anti-inflammatoires ? » Demande-t-elle d’une voix douce. Se médicamenter, d’une façon ou d’une autre, est un peu sa réponse à tout, elle le sait.

Elle boit une gorgée de vin et s’installe plus tranquillement dans le canapé, près d’Oliver. Elle peut sentir son odeur, indéfinissable mais bien à lui. Elle la reconnaîtrait entre mille.

« Tout le mérite revient au chorégraphe de BTS. Mais on peut se refaire une sortie un de ce soir. Laisse moi juste le temps de bosser une choré et on est bon. » Madison a un petit sourire, reconnaissant bien là Oliver et son envie d’impressionner les autres, d’amuser la galerie. « Tant que tu ne me proposes pas une chorégraphie en duo… » Elle grimace. Oliver la taquine souvent sur ses deux pieds gauches, elle est beaucoup trop insécure pour aimer véritablement danser, sauf quand elle a bu. Et évidemment, quelques notions en danse de salon. Elle est la fille de ses parents, après tout. Mais pour la danse, c’est Oliver qui devra être la star. « Une star n'est rien sans sa moitié. Derrière chaque personne connue, il y a une encore meilleure personne qui l'accompagne partout et qui l'aide à garder les pieds au sol. » Les poumons de Madison se gonflent d’une lumière tiède. Dans ces moments-là, elle se dit qu’elle est vraiment amoureuse d’Oliver, son côté rêveur, sa douceur. Elle a un petit rire, se colle un peu plus contre Oliver qui l’entoure de son bras. « Je ne sais pas si qui que ce soit peut te faire avoir les pieds vraiment sur terre, mais c’est ça qui fait ton charme, » dit-elle avec un sourire. « Ton rôle est primordial. » Oliver ajoute en déposant un baiser sur le front de Madison. Elle sent un sorte d’éclat dans son ventre qu’elle essaie d’associer à du désir, même si elle sait tout au fond d’elle que c’est un mêlange de sécurité et d’angoisse qu’elle ne veut pas affronter. « Je croyais que j’étais juste là pour prendre des photos pour la future rétrospective, » plaisante-t-elle en référence à leur rencontre. Elle embrasse Oliver, timidement, puis un peu plus franchement, se disant-elle qu’elle peut bien ce soir, que ça fera plaisir à Oliver, qu’elle a assez bu, que ce n’est pas si terrible que ça. Elle repousse ses pensées sinueuses qui lui rappellent que c’est étrange d’avoir ce genre de pensées quand il s’agit de coucher avec la personne qu’on aime. Mais elle se convaint que ce n’est que des pensées intrustives. Alors elle embrasse Oliver, se dit qu’elle ressent des étincelles, elle caresse du bout des doigts ses bras, ses clavicules, elle se colle à lui, elle sent la bascule, la fameuse, et elle commence à déboutonner son propre chemiser, à se préparer, à plonger, et… Et elle sent qu’Oliver a un mouvement étrange, quelque chose qui le freine - elle reconnait cette retenue parce qu’elle l’a souvent et qu’Oliver ne la voit pas, ou prétend ne pas la voir. Elle s’écarte, le souffle court. « Oli, ça va ? » Demande-t-elle, inquiète.

@Oliver Oaks  

Loin de moi l'envie d'inquiéter Madison outre mesure. Malheureusement, c'est plus facile à dire qu'à faire, tant la confiance en elle et donc la confiance en moi est basse. Ça a toujours été comme ça, j'ai toujours été obligé de la rassuré, de lui dire que si je suis un homme de confiance, qu'elle ne risque rien avec moi. Alors, encore une fois, je la rassure, je lui dis que tout va bien, que ma maladresse n'est due qu'à la fatigue et que mon poignet me fait mal à cause d'une mauvaise chute lors d'un entraînement de la veille. Pinçant les lèvres, je secoue doucement la tête lorsqu'elle me demande si j'ai pris un anti inflammatoire et hausse les épaules  «Non mais ça va déjà partir. Et au pire j'ai de toute façon rendez-vous avec mon kiné la semaine prochaine, il saura quoi faire » J'ai très -trop?- souvent sous estimé un problème physique chez moi et ça m'a déjà porté préjudice. Mais là, en l'occurrence, je n'ai pas le temps d'aller consulter un médecin.

Fort heureusement, Madison ne reste pas figer là dessus et change de sujet, disant que je devrais revenir un soir avec eux et enflammé le dance floor comme la dernière fois que j'étais de sorti. C'est avec un sourire que j'accueille la conversation pleine de légèreté et laisse même échapper un rire lorsque ma copine évoque le fait que je devrais pas lui proposer un duo.  « Un jour j'arriverais à te convaincre ! Un jour ! J'y crois fermement qu'un jour nous arriverons à monter un beau duo » En vrai, j'ai abandonné depuis bien longtemps l'idée que Madison puisse un jour enchaîner deux pas sans s'emmêler et sans que sa coordination ne lui fasse défaut. Mais en vrai, ce n'est pas grave, nous avons tous les deux notre passion qui nous définie et qui fait de nous des personnes singulière. Je suis incapable de faire de jolies photos et je me sens de toute manière plus à l'aise devant un objectif.

Encore une fois je la rassure en lui disant qu'elle n'est en aucun cas dans mon ombre et que son rôle à mes côtés est primordial. Je fond un peu lorsqu'elle me dit que mon côté rêveur est aussi mon charme et souris doucement en l'embrassant sur le front. La suite, est fort étonnante ! Alors que j'étais persuadé qu'elle allait s'éloigner, elle dépose son verre de vin sur la table et, au contraire, vient se coller un peu plus contre moi, capturant nos lèvres dans un baiser passionné comme elle ne m'en a plus donné depuis bien trop longtemps. Si, en temps normal c'est quelque chose que j'attends avec impatience, je dois avouer qu'elle n'a pas trouvé le meilleur moment. Alors qu'elle commence à déboutonner son chemisier, la migraine qui s'était calmé depuis l'arrivée de ma copine, revient violemment à la charge. Fermant les yeux, je laisse échappé un gémissement plaintif alors qu'une grimace tord mon visage. Évidemment, l'inquiétude de Madison revient à la charge alors que je me décale légèrement et secoue la tête lorsqu'elle me demande si ça va  «N...non, ça va pas. Je ... » sans crier gare, je me lève brusquement et me précipite, chancelant, jusqu'à la salle de bain. J'ai tout juste le temps de me jeter à genou devant les toilettes que je déverse déjà le contenue de mon estomac dans la cuvette.

Tremblant, et après m'être assuré qu'il n'y aurait pas de récidive, je me laisse glisser au sol, m'adossant, tremblant, contre la baignoire, peinant à reprendre le contrôle sur ma respiration. De ma main droite, j'essuie les larmes qui se sont invités au coin de mes paupières  «Ma... Madison ? » demandais-je, faiblement, espérant que ma copine soit proche de moi pour m'entendre. Fort heureusement, la porte s'ouvre rapidement et c'est un regard paniqué que je lève sur elle  « je … j'arrive plus … à me lever » car si je suis tombé à genou, ce n'est pas parce que je l'ai voulu et contrôlé, mais parce que mes jambes m'ont brusquement lâcher et que j'ai l'impression que les sensations dans mes muscles et articulations commencent à s'évaporer.

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Oliver n’a jamais repoussé Madison. C’est même tout l’inverse : il semble aussi passionnée par Madison qu’il l’est avec les choses qu’il aime, et il cherche toujours à pouvoir l’exprimer physiquement. La pudeur - du moins c’est ainsi qu’elle le décrit - de Madison est toujours un sujet de discorde entre eux et Oliver saisit toujours les occasions où elle est plus tactile. Madison s’alarme dès qu’elle sent qu’il s’écarte, consciente qu’il doit se passer quelque chose de grave, même si elle essaie immédiatement de se convaincre que c’est son angoisse qui s’emballe. «N...non, ça va pas. Je ... » Madison n’a pas le temps de répondre que déjà Oliver bondit hors du canapé et court à la salle de bain. Elle l’entend vomir, se relève, le coeur serré. Ce n’est pas la première fois qu’il est malade devant elle, ils sont assez jeunes et fêtards, mais elle sait que l’alcool n’a rien à voir ce soir. Madison voudrait se convaincre que ce n’est sûrement une mauvaise digestion, mais les images d’Oliver et sa maladresse depuis qu’elle est arrivée lui revienne et l’inquiétude grandit. Elle se précipite à la suite d’Oliver, qui est sur le sol de la salle de bain, le visage tordu par la douleur. «Ma... Madison ? Je … j'arrive plus … à me lever »

Madison s’agenouille à côté de lui, ignorant l’odeur acide du vomi qui flotte dans l’air et lui contracte l’estomac. C’est l’anxiété qui la gagne et la dévore, comme à chaque fois qu’une situation échappe à son contrôle. Elle n’est pas bonne en situation de crise, elle le sait, elle essaie toujours de garder la tête froide mais sa respiration se coupe et se coince dans sa gorge. Elle a trop bu, se dit-elle, maintenant que l’adrénaline se mélange avec le reste de la bière et du vin dans son estomac. Elle voudrait être sobre, pouvoir réfléchir - elle ne sait plus vraiment, depuis quelques temps, si l’alcool la calme ou l’empêcher de se calmer.

Depuis le cancer et la mort de Lola, Madison a toujours paniqué à l'idée d'être malade, même lorsqu'il s'agit d'une banale grippe. Oliver la taquine souvent, la traitant d'hypocondriaque avec affection. Lui, il n'est pas du genre à paniquer lorsqu'il a mal quelque part, il est du genre à tenir, à compenser. C'est pour ça que son visage inquiet panique autant Madison.

« Tu, tu veux dire que… Tu as une crampe, un vertige ? » Elle n’est pas sûre de comprendre ce que le “je n’arrive plus” signifie vraiment, ou plutôt, elle en a peur. Elle reboutonne son chemiser, ses doigts tremblant, se sentant absolument ridicule d’être à moitié nue dans un instant pareil. Elle remet sa mèche derrière son oreille nerveusement, pose sa main sur le bras d’Oliver délicatement : « Est-ce que tu aurais pu te faire mal aux cervicales pendant ta chûte à l’entraînement ? » Vertige, vomissement, les symptômes seraient cohérents. Mais elle jette un regard paniqué à Oliver et comprend avant même qu’il ne parle que ces symptômes ne sont que la partie immergée d’un iceberg dans lequels ils foncent.

@Oliver Oaks  

Assis là, au sol dans la salle de bain, c'est une réelle panique qui s'empare de moi lorsque je relève mon regard sur Madison et que je me mets à nu devant elle. Je n'ai pas pour habitude de me montrer faible, même si je suis malade, je continue d'avancer et je laisse mon esprit compenser mes faiblesses. Mais dans cette situation-là, le mental est bien trop atteint pour que je puisse réussir à gérer mes sentiments et mes émotions. Savoir que mes jambes m'ont lâchées pour une raison inconnue et ne plus réussir à me lever par mes propres moyens ce n'est absolument pas normal et c'est pour cela que je demande de l'aide à Madison. Loin de moi l'envie de l'inquiéter outre mesure, mais je sais pertinemment que sans elle, je serais incapable de faire quoi que ce soit.

Lorsqu'elle s'agenouille à mes côtés en me demandant si c'est une crampe ou un simple vertige qui me maintient au sol, je secoue la tête, incapable pourtant d'exprimer par des mots ce que je ressens. « Je ne suis pas tombé à un entraînement » avouais-je finalement faiblement « Je… J'ai trébuché tout simplement. Sur mes propres pieds et je ... » Je pince les lèvres, sentant les larmes de paniques monter « Je ne sais pas ce qui se passe Madison » soufflais-je alors que lève à nouveau le regard sur elle « aide moi» l'implorais-je d'une petite voix.

À faire quoi ? Elle sera bien incapable de me soulever moi et mes 80 kilogrammes surtout si je suis incapable de l'aide et de tenir sur mes jambes. Même si ça m'embête sincèrement, je crois que la plus simple et plus rassurante des solutions serait d’appeler les pompiers. Mais ai-je réellement envie de me retrouver à l'hôpital ? Pourront-ils au moins m'aider ? « Mon portable... » Reprenais-je brusquement dans un éclair de lucidité « Tu… » Je ne peux en dire davantage qu'un nouveau haut le cœur me prend. Fort heureusement, sans conséquence pour Madison, car tout est sorti déjà avant et que je n'ai plus rien dans l'estomac. C'est, toutefois, un électrochoc pour que je me rende compte qu'il n'y a pas 36 solutions « Appel les secours» dis-je entre deux profondes inspirations pour essayer de calmer ma respiration « s'il te plaît»

❀ what a mental fire alarm « 24th street, where you held me, grabbed my arm | what a mental fire alarm 'cause a lot of that felt wrong like i miss you but when i kissed you back, i lied | you don't know how hard i tried, had to fake the longest time »

L’odeur acide du vomi qui emplit la salle de bain est familière, et Madison a une triste image de tenir les cheveux de Lola penchée sur les toilettes, en train de vomir après une séance de chimio. Madison se souvient de quand sa grande soeur a commencé à être malade. Au début, les symptômes étaient minuscules, leurs parents les mettaient sur le compte d’autre chose, ce n’était rien de grave. Puis les signes avaient persisté j’usqu’à que finalement un médecin mette le doigt sur le problème. Ensuite, ce fût pire, comme si tout à coup les barrières craquaient, tout s’était emballé si vite. Madison a appris très jeune une leçon qui la hante depuis : la vie peut basculer, d’un instant à l’autre, en une rotation d’aiguille sur le cadran d’une montre.

« Je ne suis pas tombé à un entraînement. Je… J'ai trébuché tout simplement. Sur mes propres pieds et je ...  » Madison n’a jamais vu Oliver aussi paniqué et elle sent son propre coeur qui bat violemment en écho, cognant contre ses côtes. « Je ne sais pas ce qui se passe Madison. Aide moi. » Mais comment ? Madison s’imagine le relever, elle et sa petite carrure, elle s’imagine appeler quelqu’un, mais qui, Archie, les secours ? Dans son cerveau, tout tourne à 100 à l’heure. Mais avant qu’elle puisse faire quoi que ce soit, Oliver prend les devants : « Mon portable… Tu… Appelle les secours. S'il te plaît. » Il a raison, elle le sait, et c’est ce qui l’inquiète. Elle se précipite hors de la salle de bain et les mains tremblantes, elle compose le numéro des secours sur le téléphone d’Oliver qui traine sur la table basse. Les bips qui la font patienter font monter l’angoisse toujours un peu plus en elle, elle essaie de lutter, d’inspirer. Mais dès qu’on décroche, les mots se bousculent sur ses lèvres : « Mon petit-ami a fait un malaise, il n’arrive pas à se relever, on a besoin d’aide, je - » Une voix calme et douce la coupe : « Il est toujours inconscient ? » « Non, il est conscient. Mais il ne peut plus utiliser ses jambes. On ne sait pas pourquoi. » Elle essaie de parler à voix basse pour ne pas qu’Oliver l’entende. « Est-ce qu’il a des problèmes de santé connus ? Pouvez-vous me donner son âge ? » La voix de l'opératrice a changé, elle est plus pressante, comme s'il avait reconnu la gravité de la situation lorsque Madison a annoncé qu'Oliver était bien conscient mais immobilisé par une force invisible. « 28 ans, pas d’antécédents, pas que je sache. » « Est-ce qu’il a consommé de l’alcool ou des stupéfiants avant son malaise ? » Madison a envie de pleurer. Non, c’est elle qui l'a fait, c'est elle qui devrait avoir un problème. Pas Oliver. « Non, absolument pas. On était simplement sur le canapé chez lui quand c’est arrivé, je vous jure je - » « Je vous crois mademoiselle, ne vous inquiétez pas. Nous allons vous envoyer une ambulance, d’ici là, restez avec lui. »

Madison hoche la tête, donne l’adresse à l’opératrice et raccroche. Son coeur bat encore la chamade mais elle n'imagine pas l'état de celui d'Oliver et elle sait qu'elle doit prendre sur elle, être celle qui gère et qui est calme, ne serait-ce que pour rassurer son petit-ami. Elle retourne dans la salle de bain, s'agenouille à côté d'Oliver.

« Les secours arrivent et en attendant, je suis là. Ca va aller. Ils vont trouver ce qui se passe, on va te soigner. »

Elle se retient de dire "ne t'inquiète pas". Elle sait, évidemment, que cela serait vain - elle sent les battements du coeur d'Oliver dans le bout de ses ses doigts qui caressent doucement son bras.

@Oliver Oaks  

Je déglutis difficilement lorsque Madison se relève et s'en va pour faire comme je viens de demander : appeler les secours. Moi qui déteste me retrouver dans une telle position d'infériorité, je sais toutefois parfaitement que ça ne sert à rien de se battre contre l'évidence : je ne vais pas bien et ce n'est pas le temps qui passe qui y changera quoi que ce soit. Ainsi, donc, seul, dans la salle de bain, je parviens enfin à me calmer assez pour analyser l'état des dégâts. Si depuis ce matin, je me sens un peu maladroit avec ma main gauche- qui est pourtant ma main maîtresse- je me rends rapidement compte que je suis incapable de savoir où elle se trouve actuellement. Je ne sens même pas la température du carrelage sur lequel elle repose. Il en va de même avec mes jambes, bien que, en m'y attardant un peu plus, j'ai plus de facilité à bouger la droite que la gauche. Et c'est là que ma panique revient à la charge. Le manque de force dans un côté, une commande motrice inexistante, une faiblesse générale et une migraine, tout cela, ce sont les signes d'un AVC. Non ? Mais comment ? Pourquoi ? Depuis quand est-ce que ça touche les jeunes de mon âge ? Et surtout les sportifs, ceux qui ont une hygiène de vie plus ou moins irréprochable ? Est-ce parce que j'ai un peu trop forcé sur l'alcool le week-end dernier ? Et que j'ai mis une pilule d’ectasie la semaine dernière ?

Finalement, c'est le retour de Madison qui me fait sortir de mes pensées. Alors qu'elle me dit que les secours arrivent, que ça va aller et qu'ils s'occuperont bien de moi, je lève mon regard sur elle, secouant doucement la tête, les lèvres tremblantes « Je suis désolé Madison » soufflais-je. Désolé de t'inquiéter, désolé d'être un tel boulet, mais aussi, et surtout, désolé pour tout ce que j'ai pu te faire subir depuis le début de notre relation « Je suis tellement désolé » Fermant les yeux, je baisse la tête alors que les larmes se frayent finalement un chemin à travers mes paupières, brisant les derniers barrages que j'avais irrigué autour de mes émotions et de mes sentiments.

L'instant d'après je ressens subitement la chaleur du corps de ma copine alors qu'elle entour mes épaules de ses bras et qu'elle me sert dans une étreinte dont elle seule connaît le secret et c'est, mollement, je me laisse aller contre elle. Je laisse mes émotions prendre le dessus pendant quelques instants, mes larmes de panique et de douleur, autant physique que psychologique, mouillant son la manche de son chemisier « j'ai peur » finissais-je par articuler entre deux sanglots. Ce sont les deux seuls mots que j'arrive à prononcer et qui ont une signification toute particulière tant, ce n'est pas dans mes habitudes que de mettre des mots sur mes sentiments. « reste avec moi, s'il te plaît » soufflais-je d'une voix étranglée par l'émotion. Car même si je m'en veux de faire subir toute cette situation à ma copine, je sais que sans elle, je ne serais rien.

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Madison n’a pas l’habitude de voir Oliver vulnérable, de voir qu’il a besoin d’elle, besoin d’elle si franchement. Dans leur couple, c’est habituellement plutôt l’inverse. Olivier fait tout pour être aussi indépendant qu’elle l’est, c’est d’ailleurs bien le sujet de nombreuses de leurs disputes et des tensions qui reviennent sans cesse. La proximité souhaitée d’Oliver et la distance de Madison, l’investissement dans le couple, les reproches qui fussent et demandent à Madison d’être plus démonstrative, plus romantique. Madison sait bien qu’elle freine Oliver dans son affection et que leur couple est loin d’être le modèle de fusion qu’il voudrait. Et malgré cela, au quotidien, c’est Oliver qui rassure le plus souvent Madison quand elle est angoissée, ce n’est pas lui qui lui demande de l’aide, il est sûrement trop fier pour cela. Mais ce soir, Madison se retrouve propulsée dans cette position qu’elle ne sait pas tenir.

« Je suis désolé Madison » Madison lui serre le bras, agite la tête pour repousser sa phrase. « Je suis tellement désolé. » Elle sent son coeur qui s’enfonce dans sa poitrine, un poids immense qui l’aspire. Elle ne supporte pas de voir Oliver pleurer, cela lui troue les poumons. « Tu n’as rien fait, Oliver, rien. Ce n’est pas ta faute et on va trouver ce qui t’arrive, promis. » Même s’il fallait remuer ciel et terre pour un bon médecin. Elle savait déjà que ses parents pourraient proposer des amis à eux, et elle qui est habituellement réticente à mêler sa famille à sa relation avec Oliver, elle le ferait sans hésiter une seule seconde si cela pouvait aider à soigner son petit-ami. Elle se penche, le prend dans ses bras et le laisse pleurer même si elle se sent minuscule et qu’elle a envie de pleurer elle aussi. Elle regrette de ne pas avoir plus bu, se dit-elle avec culpabilité, parce qu’elle voudrait que sa propre panique fonde et disparaisse. Mais elle sent que son menton tremble dangereusement.

« J’ai peur » Madison serre les dents pour ne pas pleurer elle aussi. Elle inspire. « Je sais », murmure-t-elle. « C’est normal », rajoute-t-elle parce qu’elle sait qu’il n’a pas l’habitude d’avouer cette émotion à haute voix, de la ressentir. « Reste avec moi, s'il te plaît. » Elle sourit doucement, sans qu’il puisse le voir, et répond simplement : . « Tant que tu auras besoin de moi, je reste là. »

Et elle est sincère : elle continuera de le serrer dans ses bras jusqu’à que les secours arrivent et qu’elle s’écarte tout en restant près du brancard, elle insistera pour monter dans l’ambulance et attendra dans la salle d’attente des urgences de l’hôpital patiemment, fatiguée, sans bouger, paniquant silencieusement, attendant la sentence qu’elle sentait prêter à tomber dans les prochaines heures.

Terminé @Oliver Oaks