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Je l’ai observé, l’homme qui travaille à temps partiel, en tant que consultant pour l’Octopus et recruté par mon époux. Je n’ai pas caché son identité à Amos, je ne lui ai pas caché non plus qui était l'instigatrice du passage à tabac qui, il y a déjà presque trois ans, lui a coûté un doigt de la main gauche. J’ai été miséricordieuse : j’aurais pu exiger qu’on le prive de sa main droite. Le message aurait été bien plus fort, dans l’état j’ignore si Aberline a remarqué qu’on avait estropié son cher et tendre, mais il aurait aussi été un peu plus excessif. Cela n’a plus la moindre importance. Je n’ai plus le moindre message à envoyer à Aberline : elle a reçu le dernier en plein milieu du front. Il paraît qu’elle n’a pas souffert.

Dommage.

On dit que le roux est sorti de sa vie, un peu après mon intervention. On dit aussi qu’elle s’est rapidement consolée dans les bras de son garde du corps et bras droit. Ce qui n’est pas un on-dit, en revanche, c’est que son dernier soupirant, son chevalier, était décidé à lui ôter la vie et aurait pris les devants, si je n’avais pas tiré la première. Je le tiens du principal intéressé. Qu’il l’ait dit ou que je l’ai lu dans ses yeux n’a plus la moindre importance : Aberline est morte seule. Ironiquement, pour une femme - ou une fillette - déterminée à se venger du Club et de Mitchell, elle aura passé sa courte vie à recevoir des couteaux dans le dos de la part d’homme qu’elle a aimé ou auxquels elle a en tout cas accordé sa confiance. Je lui ai presque rendu service en lui ôtant la vie : j’ai évité qu’elle meure, une fois de plus, trahie par l’un des hommes de sa vie.

J’ai été miséricordieuse.

J’ai fait ce que font les éleveurs qui abattent un animal malade. Que j’y ai pris du plaisir n’entre pas en ligne de compte. Je ne m’en veux pas de l’avoir tuée de mes mains. Je ne m’en veux pas d’avoir pressé la détente et pour une raison plutôt simple : j’étais animée par les plus nobles intentions ; protéger, pas détruire. En posant mes yeux sur le cadavre de mon ancienne némésis, j’ai ressenti le soulagement de savoir qu’elle ne menacerait plus jamais ma fille.

Et un peu de jouissance, certes.

Je l’ai donc observé, Finnley quelque-soit-son-nom-de-famille. Je l’ai toujours fait de loin, du haut des escaliers de la salle de jeux, ou bien du bout du bar. Jamais je n’ai fait le moindre premier pas dans sa direction, désireuse qu’il ne prenne pas ça comme une agression. Mon problème n’a jamais été avec cet inconnu. La vérité, c’est qu’un était un message, un vaisseau, pas une victime choisie parce que je lui en voulais pour une raison quelconque. Son seul tort, c’était d’être aimé par Aberline. Il n’a été agressé physiquement par mes hommes et mentalement par moi que pour la détruire elle. Toutefois, je ne suis pas certaine que, de son côté, sa rancune ne soit pas dirigée entièrement contre moi. Alors puisque, d’après Amos, il nous est utile et fait son boulot de façon intelligente, je me tiens à part.

Sauf que ce soir, c’est lui qui a planté son regard dans le mien. Lui qui m’a aperçue, lui qui, après une courte hésitation, se dirige à présent dans ma direction. Moi, je ne bouge pas. Au contraire, j’adresse un signe de la main au barman pour qu’il remplisse mon verre de scotch, et je lui demande même d’en ajouter un second pour le jeune homme qui arrivera bientôt à mon niveau. En présence d’Amos, je ne bois plus. Peut-être un jour sera-t-il assez solide pour que je puisse me permettre de le faire devant lui sans qu’il ne soit tenté ou touché mais, pour l’instant, je m’abstiens par amour. Mais je ne lave pas mon foie de tout poison pour autant. Lorsque je suis seule au casino, je bois encore plus souvent qu’à l’occasion. Ce que je m’assure de faire en revanche, c’est de brosser mes dents pour me débarrasser de l’odeur de l’alcool avant d’embrasser ma moitié, une fois rentrée chez moi. La cigarette couvre de toute façon souvent assez bien l’odeur du whisky. « Je me demandais quand tu me reconnaîtrais. » Je ne l’ai jamais vouvoyé, je ne vouvoie que les personnes qui ont gagné mon respect et elles sont rares. « Je t’ai commandé un verre. Je suis civilisée, même si je reconnais que je n’ai pas dû te faire cette impression là, la dernière fois. » Pourtant, j’ai dis bonjour et surtout, j’ai dit la vérité moi, au moins.

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Il n’a pas mis plus d’une seconde à la reconnaître. Il n’a croisé le chemin de cette Raelyn qu’une seule fois et ce durant quelques minutes il y a désormais plusieurs années, mais son visage s’est imprégné dans l’esprit de Finnley. Compte tenu des circonstances de leur rencontre, il est compréhensible qu’elle ait laissé un souvenir aussi marquant au rouquin. Difficile d’oublier la personne à l’origine de votre passage au tabac. Pourtant, ce n’est pas exactement pour cette raison que Finnley se souvient d’elle. Il pourrait, c’est certain, compte tenu des blessures qui ont été les siennes. Quelques os cassés, des contusions à en perdre le compte, l’annuaire de sa main gauche sectionné ; toutes ces raisons font qu’il devrait craindre Raelyn. Mais à sa plus grande surprise, bien qu’il ne compte pas lui pardonner le méfait dont elle s’est rendue coupable, Finnley a ressenti une forme de soulagement envers la jeune femme quand elle lui a ouvert les yeux sur tous les petits secrets de Lou. La pensée de ce prénom suffit à lui serrer le cœur, autant par la faute de sentiments jamais totalement révoqués qu’une amertume certaine quant aux nombreux mensonges qui ont fait de lui un homme dont elle s’est ouvertement moquée alors qu’il croyait sincèrement qu’ils allaient quelque part, tous les deux. Avant l’excès de violence qu’elle a commandité sur sa personne, c’est bien cette raison-là qui vient à l’esprit de Finnley quand il a croisé son regard pour la première fois au sein de ce casino. Et si sa rancœur est toujours persistante, ce n’est pas par rapport aux blessures physiques qui ont su guérir, mais bien aux autres qu’elle lui a infligés, et une pilule toujours difficile à avaler même des années plus tard.

Il ne s’était pas renseigné sur le casino plus que de raison et même ces quelques recherches n’auraient jamais pu lui indiquer dans quoi il a mis les pieds. Bien qu’il reste ignorant de tout un tas de choses, il se doute que si Raelyn s’est vantée d’être une connaissance de Lou, c’est aussi parce qu’elle connaît mieux que personne l’univers qui lie les deux jeunes femmes. S’il était capable d’être raisonnable, le rouquin ne mettrait plus les pieds dans cet endroit, donnerait sa démission avec effet immédiat à Amos, et tenterait d’oublier dans quel engrenage il prend le risque de glisser en étant ici. Car s’il ne doutait pas des bonnes intentions d’Amos, il a toutes les raisons du monde de douter de celles de Raelyn, alors que c’est bien sa présence qui lui a mis la puce à l’oreille quant aux activités que ce casino peut dissimuler. Des activités dont Finnley n’a conscience uniquement parce qu’il considère qu’elles existent, sans pour autant être en mesure de les détailler. De toute évidence, il ne le veut pas, pas alors que son boulot consiste seulement à vérifier la régularité des joueurs – quelle ironie, compte tenu de tout ce face à quoi il ferme les yeux. Il conserve néanmoins l’espoir que Raelyn ait fait de ce casino une activité légale qui l’empêcherait d’en subir les préjudices d’une façon ou d’une autre – mais s’il y a une chose dont Finnley peut se vanter, c’est d’avoir de bonnes œillères.

Pour cette raison, il aurait dû ignorer l’existence de Raelyn comme il a ignoré celle de Lou depuis que la vérité sur ses activités a éclaté. Après leur mise au point, il n’a jamais cherché à renouer avec celle qui, à une époque de sa vie, a été l’essence même de son existence. Ce n’est pas pour autant qu’il n’a jamais pensé à elle, se demandant souvent si elle continuait ses manigances ou si elle regrettait de l’avoir laissé partir. Au milieu de tout ça, il s’est surtout souvent demandé de quoi aurait été faite leur vie si elle n’avait pas été cette personne-là, si elle était restée celle dont il est tombé amoureux des années plus tôt. Elle n’a pas toujours été ainsi, ou du moins plus un dommage collatéral que l’investigatrice de telles activités, et pour cette raison les regrets de Finnley n’ont jamais pu être totalement effacés. Il n’a jamais cessé de se demander s’il aurait pu faire quelque chose pour changer la situation, pour la convaincre de rester sur le droit chemin, pour lui faire croire, naïvement, que l’amour était une réponse à tous les problèmes. Pour toutes ces raisons, il devrait se tenir éloigné de Raelyn, car même si ce sont des questions auxquelles elle ne peut répondre, elle lui les impose sans même le vouloir. Parce que tout ceci découle d’elle, et que derrière le soulagement, il y a une colère tenace.

Pourtant, c’est bien vers elle que ses pas le guident, incapable de prétendre qu’ils ne se connaissent pas, ne voulant pas plus lui donner l’impression qu’elle l’a suffisamment marqué pour qu’il ne soit pas capable de soutenir son regard ou croiser son chemin. Il a souffert de cette agression, mais n’en demeure pas traumatisé comme on pourrait le croire. Sa vigilance ne s’est pas accentuée, ses pensées ne l’encombrent pas et ses séquelles sont déjà oubliées. Il ne sait pas quoi lui dire ; mais il sait qu’il ne veut pas rester silencieux face à elle, ne pas lui offrir cet avantage qu’elle possède sur probablement beaucoup de gens, mais qu’il refuse de lui donner à nouveau. « Je me demandais quand tu me reconnaîtrais. » - « Dès le premier jour. » Il ne ment pas, principalement parce qu’elle sait autant que lui qu’il ne pourra jamais l’oublier. « Difficile d’oublier les circonstances de notre rencontre. » Elle ne prétendra pas le contraire. « Je t’ai commandé un verre. Je suis civilisée, même si je reconnais que je n’ai pas dû te faire cette impression là, la dernière fois. » Elle-même le souligne, alors que le verre qui se présente devant lui est repoussé de l’index pour l’éloigner. Il ne précise pas qu’il ne boit pas, elle fera ses déductions toutes seules puisqu’a priori elle est amenée à en savoir beaucoup sur lui sans que la réciproque ne s’applique. « J’ai tiré un trait sur la possibilité que vous me fassiez bonne impression. » Son ton est neutre, il ne cherche pas à provoquer, seulement à mettre en évidence des faits. « Sans vouloir vous vexer. » Il doute que ce soit le cas. « C’est pas un truc à dire à sa patronne, c’est ça ? » Il interroge, ne cachant pas son ton provocateur cette fois-ci, alors qu’il s’agit aussi de souligner l’ironie de la situation.

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Il y a une chose que je suis obligée de reconnaître : soit Finnley Coverdale est courageux, soit il est idiot. Etant données les circonstances et l’issue de notre dernière et unique rencontre, n’importe qui avec un peu de jugeote ou tenant à ses neufs doigts restants aurait quitté le casino pour ne plus jamais revenir. La conversation que nous avons eue doit être gravée dans son esprit bien plus que dans le mien et si j’ignore à quel point je lui ai laissé comprendre qui j’étais, il m’a semblé avoir acté que je n’étais pas une amie. Dans sa malchance – il en faut pour être embauché par l’époux de celle qui a commandité un passage à tabac sur votre personne, dans un établissement où elle fait également figure d’autorité – il a de la chance : je n’ai pas de raison d’être une ennemie non plus. S’il ne lui vient pas l’idée incongrue de venger sa belle, je n’ai aucune raison de porter atteinte à son intégrité physique – cette fois.

Non content de s’installer à côté de moi, il repousse du bout du doigt le verre que je lui ai fait offrir. Certes, je possède une moitié de l’endroit. Mais même dans ce contexte-là, n’est-il pas considéré comme malpoli de cracher sur une main tendue ? « Dès le premier jour. Difficile d’oublier les circonstances de notre rencontre. » Je plante mes iris couleur jade dans les siens et je l’observe, un sourire mi-amusé mi-impressionné sur les lèvres. La lueur qui brille au fond de mon œil, elle trahit de l’amusement, impossible d’y méprendre. « Je suis difficile à oublier. » Il y a ça, aussi. Mais il y a surtout, comme le rouquin l’a très justement souligné, tout le contexte de notre petite discussion alors qu’il était allongé dans un lit d’hôpital. « Ils ont fini par attraper les types qui vous avaient passé à tabac, la dernière fois ? » Bien sûr, jamais je n’avouerai à voix haute et autrement qu’en sous-entendus toute la vérité sur cette histoire, mais il la connaît. « Dans beaucoup d’endroit, on pourrait vous dire que c’est malpoli de refuser un verre offert par une dame. » Oh, beaucoup de qualificatif me collent à la peau, mais je ne suis pas une dame. Je sais reconnaître un homme qui a arrêté de boire dans la douleur. Les muscles de sa mâchoire tressaillent d’une façon quasi imperceptible, mais pas pour quelqu’un qui vit avec un ancien alcoolique. Mais ma délicatesse concernant le sujet se limite à Amos, comme beaucoup de mes plus nobles comportements et traits de caractères.

« J’ai tiré un trait sur la possibilité que vous me fassiez bonne impression. » Je laisse échapper un rire aussi franc que bref, qui se transforme en rictus déposé au coin de mes lèvres. « Sans vouloir vous vexer. » - « Aïe. » Je porte théâtralement une main à ma poitrine. « C’est pas un truc à dire à sa patronne, c’est ça ? » - « Oh. Il est observateur, en plus de ça. Mais il me semble que tu as été embauché pour ça, après tout. » Qu’il ne s’en enorgueillisse pas : lorsqu’un pose les yeux sur moi, il faut à peine une minute pour comprendre que je possède l’endroit. En partie du moins. Et il faut moitié moins de temps pour comprendre le lien qui m’unit à Amos lorsqu’on pose les yeux sur nous. Même sans Micah que nous amenons de temps à autre avec nous, tantôt dans les bras de l’un, tantôt dans les bras de l’autre, il est facile de deviner le lien qui nous unit, bien plus que de poser un terme dessus tant nous représentons tout l’un pour l’autre. Il existe des couples qui donnent l’impression que la passion est quelque chose de tangible, et nous en faisons assurément partie. « C’est ingrat de résumer notre rencontre à ça. » A la mauvaise impression que je lui ai faite. « Je t’ai rendu service, non ? » Bien plus qu’il ne le pense, puisque je doute qu’il sache à quel point la folie a pris possession de son ex, après leur rupture. « J’ai rendu le même genre de service à quelqu’un d’autre, récemment, c’est amusant. » Un sourire étire mes lèvres alors que je fais mention de Solas. Pour l’instant, nous n’en sommes qu’au stade des allusions à peine déguisées. Pour l’instant, il lui sera bien impossible de comprendre que cette fois, j’ai été plus radicale. Je suis certaine que, de là où elle est, Lou Aberline apprécie l’ironie de toute cette situation.

Il se refuse à craindre cette femme. Ce n’est même pas dans une volonté de suivre des préceptes selon lesquels le pardon est plus fort que tout, ou une tentative de continuer à voir le monde sous son meilleur jour malgré les événements. Finn n’est pas optimiste, mais peut se targuer d’être réaliste. L’agression, aussi violente qu’elle ait pu être, appartient au passé. Il s’est rétabli et même si elle était préméditée, il considère qu’elle n’est qu’un moment délicat de sa vie qui n’est pas amené à se reproduire. Si Raelyn avait voulu l’éliminer, elle l’aurait fait. Elle en avait les moyens par le passé, les a probablement toujours et ne se serait pas arrêtée à lui sectionner un doigt en guise de message. Son corps sans vie en aurait été un d’autant plus parlant ; mais pour il ne sait quelle raison, il avait été épargné de ce semblant de guerre entre les deux femmes. Pourtant, il cochait toutes les cases pour justifier qu’on se débarrasse de lui. Partageant sa vie avec la personne incriminée, n’ayant pas de boulot ou de propriétaire qui signaleraient sa disparition, un entourage qui se compte sur les doigts d’une main auquel il ne donne que des nouvelles ponctuelles... Ce n'est qu’un éventail de raisons pour lequel il n’aurait pas été difficile de se convaincre d’en faire un dommage collatéral ; et profiter ainsi de s’assurer que le message soit clair aux yeux de Lou. Peut-être qu’il doit finalement sa survie à la jeune femme ; et au fait qu’elle n’avait pas beaucoup plus de proches que lui, de manière à ce que la menace planant sur sa tête soit le seul moyen de la contenir un minimum. Pour autant, ce n’est pas une hypothèse à laquelle il désire songer, n’ayant aucune envie de lui devoir quelque chose. Il se sent déjà redevable d’avoir connu quelques belles années en sa compagnie, autant qu’il la déteste pour avoir été à l’origine d’une période bien plus sombre.

« Je suis difficile à oublier. » À défaut de la craindre, elle peut néanmoins susciter son exaspération alors qu’elle s’amuse d’une situation qui n’a rien de cocasse – surtout pas pour lui. « Ils ont fini par attraper les types qui vous avaient passé à tabac, la dernière fois ? » Alors, à cette nouvelle provocation, Finn ne se restreint pas quant au fait de rouler les yeux. « Dans beaucoup d’endroit, on pourrait vous dire que c’est malpoli de refuser un verre offert par une dame. » -  « Et dans beaucoup d’endroits, on pourrait vous dire que c’est malpoli de se vanter de ses crimes devant sa victime. » Pas ici, vraisemblablement et ce n’est pas le point qu’il veut souligner ; seulement cette manière de se réjouir d’avoir commandité son passage à tabac – il doute qu’elle se soit salie elle-même les mains. Et si l’instinct de survie de Finnley l’a empêché de réagir au moment opportun, préférant se recroqueville pour sauver ce qui pouvait l’être, ce n’est pas pour autant qu’il s’agit d’une passivité qui lui est caractéristique. Au contraire, il s’est souvent mis dans des situations déplaisantes de par son incapacité à garder ses commentaires pour lui, comme c’est le cas à cet instant. Dans tous les cas, il doute que Raelyn en ait quelque chose à faire et quelques recherches lui suffiront pour comprendre qu’il est définitivement sorti de la vie de Lou et qu’elle n’a probablement plus aucun attachement à lui. « Aïe. » Sa théâtralité confirme qu’elle n’est pas atteinte par ses mots, de même que son statut ne semble pas être une raison pour lui de se taire. « Oh. Il est observateur, en plus de ça. Mais il me semble que tu as été embauché pour ça, après tout. » -  « Il paraît, oui. » Il hausse les épaules d’un air presque dédaigneux, presque confiant quant au fait qu’il est un élément utile au casino. Amos a cherché à le convaincre de bosser pour eux, et à vrai dire, compte tenu des tricheries qui se déroulaient sous le nez de son équipe sans que ceux-ci ne semblent réagir, il ne craint pas que son efficacité soit remise en question. « C’est ingrat de résumer notre rencontre à ça. » Son regard et son sourcil levé la questionnent pour plus de précisions. « Je t’ai rendu service, non ? » Et cette fois-ci, c’est un rire forcé qui s’échappe d’entre ses lèvres. « J’ai rendu le même genre de service à quelqu’un d’autre, récemment, c’est amusant. » -  « J’ai insisté auprès d’Amos pour avoir des détails quant au poste, il m’a assuré que ce n’était pas nécessaire. » Pas au premier entretien, du moins, mais ce n’est pas là où il veut en venir – et probablement qu’elle ne comprend pas. « Il aurait pu me dire que les illusions étaient le langage courant de l’établissement. » Il précise, avant de continuer à fixer son regard dans le sien pour que sa demande soit plus franche. « Dites-moi ce que vous avez à me dire, Raelyn. » Puisqu’elle en trépigne d’impatience – en elle aussi, il n’est pas difficile de lire.

@Raelyn Blackwell

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« Et dans beaucoup d’endroits, on pourrait vous dire que c’est malpoli de se vanter de ses crimes devant sa victime. » - « Je n’ai pas besoin de te rappeler le principe même de la présomption d’innocence, non ? » Techniquement, je n’ai jamais rien avoué concernant l’agression du jeune homme il y a trois ans de cela. Techniquement toujours, je suis innocente puisque tout ce qui s’est dit entre nous ce jour-là à l’hôpital était fait de sous-entendus et d’allusions voilées, à peine certes, mais voilées tout de même. « Je ne t’en veux pas. » Ce serait un comble, honnêtement. « Tu étais sonné. Certainement sous anti inflammatoires et anti douleur. Tout le monde aurait des souvenirs flous, à ta place. » Oh, sauf que les siens sont visiblement tout sauf ça et, si j’en crois les informateurs qui m’ont rapporté à l’époque qu’il avait disparu de la vie de Lou Aberline peu après son séjour à l’hôpital, les informations que je lui ai rapportée ont eu sur lui un effet fabuleux. Je ne peux prétendre qu’il était escompté : à l’époque, je voulais l’atteindre à lui rappelant que ceux qui lui étaient chers étaient en danger et que je pouvais m’en prendre à eux à tout instant. Qu’il la quitte – si c’est ce qu’il s’est passé – n’est que la cerise sur le gâteau, une finalité que je n’avais pas anticipée mais qui m’a apporté bien plus de satisfaction que ce que je n’avais imaginé. Elle s’est retrouvée seule, isolée et à ma merci. A l’époque, je le croyais en tout cas. Et bien que le dénouement de notre rivalité se soit fait attendre, ne l’ai-je pas emporté, au bout du compte ? Ne l’ai-je pas exterminée, plus radicalement encore que je ne l’aurais cru à l’époque où mes sbires s’en sont pris à Finnley ?

Mon innocence n’est qu’un mirage, un masque qui flotte sur mon minois mais qui tombe à chaque sourire froid qui se dessine sur mes lèvres. J’ai le gabarit et le charmant visage adéquat, pour me faire passer pour bien plus innocent que je ne le suis. Mais avec Finnley, je ne désire convaincre personne : juste garder ce qu’il faut d’illusion pour que rien ne puisse m’être réellement reproché. Autrement dit : il ne m’arrachera aucune confession susceptible d’être enregistrée. « Il paraît, oui. » Le jeune homme est farouche, pour un être que mon intervention a tiré de griffes d’une criminelle tout sauf bien intentionnée. Je suis de la même trempe mais, au moins, nous ne sommes rien l’un pour l’autres. Les rancunes les plus tenaces sont souvent celles qui ont un aspect personnel. « J’ai insisté auprès d’Amos pour avoir des détails quant au poste, il m’a assuré que ce n’était pas nécessaire. » Je suppose qu’il les a pourtant eus : personne ne s’engage et accepte une offre sur la base de mystères qui peuvent potentiellement se transformer en mauvaises surprises. Je lève un sourcil, désireuse de l’entendre poursuivre et me livrer le fond de sa pensée. « Il aurait pu me dire que les illusions étaient le langage courant de l’établissement. » Un rire bref s’échappe de mes lèvres et, sans me soucier de la bienséance – elle voudrait que je ne nargue pas un ancien alcoolique – je porte mon verre de scotch à mes lèvres pour en déguster quelques gorgées. Le verre tourne ensuite un instant dans mes doigts, puisque je prends un malin plaisir à ménager mes effet, avant que je ne le repose sur le comptoir. Je m’installe un peu plus en arrière sur mon tabouret ; le bras sur mon dossier, le corps tourné dans sa direction. « Dites-moi ce que vous avez à me dire, Raelyn. » - « Tu n’as pas oublié mon prénom non plus, donc. » Le constat n’a pour but que d’asseoir un peu plus ma supériorité. « Tu as pris des nouvelles de Lou récemment ? » A-t-il appris la nouvelle de sa disparition ? Se fait-il du souci pour elle ? J’en doute : il n’a pas l’air d’un homme en deuil ou en passe de le devenir. Elle a peut-être marqué sa mémoire, mais ne vit plus dans son cœur, j’en mets ma main à couper. « Ou bien la désillusion a été trop importante, après ton accident ? » Je connais la réponse à cette question : Lou elle-même m’a craché sa colère au visage, après que le roux l’ait rejeté à cause de qui elle était, de ce qu’elle était. « Tu connais peut-être Solas, vous avez pas mal de choses en commun. » Certainement aucune sauf celle qui nous intéresse le plus : leur inclination pour Lou Aberline, et la source de déception qu’elle a été pour l’un comme pour l’autre.

« Je n’ai pas besoin de te rappeler le principe même de la présomption d’innocence, non ? » Finnley n’essaie pas de retenir l’agacement qui est le sien, ainsi il n’essaie pas de lutter quand ses yeux se lèvent au ciel. « Je ne t’en veux pas. » Finnley l’écoute d’une oreille distraite, son visage neutre sur lequel elle ne peut déceler d’autres réactions qu’une certaine impatience. « Tu étais sonné. Certainement sous anti inflammatoires et anti douleur. Tout le monde aurait des souvenirs flous, à ta place. » - « Ils ne le sont pas. » Il précise rapidement, pour qu’elle comprenne que la conversation est encore bien ancrée dans son esprit ; et que peu importe les variations qu’elle décide d’utiliser, à ses yeux tout est très explicite. « Et je préfère la justice populaire. » Il souligne, en haussant les épaules. Sa justice, en d’autres termes ; celle où il n’essaie pas de venger le crime dont il a été la victime, mais où cela ne l’empêche pas d’avoir désigné le coupable et de s’en tenir à ce verdict-là. Peu importe si elle veut feinter l’innocence, Finnley sait ce qu’il en est. S’il avait voulu porter plainte, il l’aurait fait au moment de l’agression, ainsi il semble acté que même en ayant la commanditaire de ce déferlement de violence sous les yeux, rien ne changera à la situation telle qu’elle est aujourd’hui. « Je n’ai pas porté plainte et je ne compte pas le faire. » Ce qui implique aussi de cesser de s’en vanter, ne serait-ce que par indulgence. Pour autant, Finn n’est pas étonné de l’attitude de cette femme, aussi déplaisante qu’elle puisse lui être à cet instant. C’est Amos son patron, et même s’il venait à être mis à la porte pour manquement envers la direction, il n’a plus grand-chose à perdre. Ce boulot est correct, mais il ne se lève pas tous les matins en s’impatientant de l’exercer ; il s’en remettrait s’il venait à le perdre. Pour le reste, Raelyn a sûrement déjà vérifié qu’il ne tourne plus autour de Lou et en ce sens, il n’a plus grand intérêt dans son désir de vengeance. Aussi paradoxal que cela puisse paraître compte tenu de la situation dans laquelle ils se sont rencontrés, c’est bien une forme de gratitude qu’il ressent à l’égard de cette femme.

Ce n’est pas pour autant qu’il compte s’amuser de son attitude ; Finn n’a jamais été connu pour sa patience et sa capacité à tourner autour du pot et il en attend de même de la part des autres. L’attitude du rouquin laisse présager qu’il n’est pas dupe et dans le fond, elle est bien la seule à se fatiguer de ce petit jeu auquel il ne participe pas – ou pas totalement, alors qu’il en vient à étendre le fond de sa pensée et prendre le temps de formuler celle-ci. Seulement pour lui dire de ne pas passer par quatre chemins, de lui dire ce qu’elle attend désespérément qu’il quémande – sans quoi elle ne se serait jamais intéressée à lui. Elle peut se donner de grands airs, mais il le connaît, ce regard de celui qui s’apprête à asséner un dernier coup de poignard. « Tu n’as pas oublié mon prénom non plus, donc. » Quand bien même ça aurait été le cas, celui-ci est à la bouche de tous les employés de cet établissement. Il se serait rappelé à lui un jour ou l’autre. « Tu as pris des nouvelles de Lou récemment ? » - « Pourquoi ? Pour y laisser un autre doigt ? » Il interroge aussitôt, le sourcil arqué et le visage toujours impassible. Un coup d’œil à sa main et elle comprendra qu’il ne cherche pas à cacher sa mésaventure, ce qui, dans un sens, indique qu’il s’en est formalisé. « Ou bien la désillusion a été trop importante, après ton accident ? » Elle l’a été, oui. « Pourquoi poser des questions dont vous connaissez les réponses ? » Finnley n’a jamais baigné dans le milieu de la criminalité et malgré sa présence ici, il ne compte pas le faire. Et s’il y a de nombreux aspects dont il ignore encore tout, il n’est pas assez stupide pour ne pas croire qu’elle ait été bien informée des conséquences de son intrusion au milieu de leur relation. Dès le moment où elle a su envoyer des hommes pour venir s’en prendre à lui, ces informations-là sont à sa portée. « Tu connais peut-être Solas, vous avez pas mal de choses en commun. » - « Je l’ai vaguement côtoyé, je crois. » Il n’en est pas sûr ; il a bien le souvenir d’un chien de garde qui ne quittait pas Lou des yeux le soir où elle est venue le sortir de garde à vue, mais il n’a jamais à chercher à questionner le lien entre eux. Probablement parce qu’il savait que ça lui ferait mal. « Il ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. » Il était surtout trop bourré pour s’en souvenir, ce dont il se cache, évidemment. Restant silencieux un long moment, désirant ne pas être celui qui quémande les informations, il finit par se raviser lorsque la phrase s’échappe d’entre ses lèvres sans qu’il ne puisse l’en empêcher. « Qu’est-ce qu’elle a fait ? » Il voudrait s’en ficher, il le voudrait réellement. Parce que Lou n’a plus d’importance dans sa vie, parce qu’elle n’est plus supposée en avoir ; mais qu’il y aura pourtant toujours une place, quelque part, pour elle.

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Raelyn Blackwell & @Finnley Coverdale ☆ crédit/jcssiemeilimakesgifs

Finnley a tout d’un ennuyeux et je me demande ce qu’Aberline a pu lui trouver. Après une vie entière de frissons, peut-être recherchait-elle un homme avec lequel, au contraire, elle saurait exactement à quoi s’attendre chaque matin ? Avec lequel toute surprise serait radiée de son vocabulaire ? Dieu que c’est triste, si c’est le cas. Quoi qu’il en soit, loin d’être une enfant qui se braque lorsqu’on refuse d’entrer dans son jeu, je garde mon sourire fièrement affiché sur mes lèvres. Je ne lui offre pas l’opportunité d’avoir le dernier mot ou celle de réaliser que je suis déçue. « Ils ne le sont pas. Et je préfère la justice populaire. » Je porte mon verre à mes lèvres, avale une nouvelle gorgée d’alcool, avant de le reposer sur le bar. « Oh ici aussi, ne t’en fais pas. » Nous sommes de ceux qui se font justice eux-même. Nous sommes de ceux qui se moquent bien des lois et pour cause : j’ai toujours estimé que j’étais au-dessus de ces dernières et qu’elles ne s’appliquent que lorsque l’on se fait prendre. Plutôt que celle du peuple, c’est ma justice qui compte, elle qui fait office de référentiel, elle qui m’a poussée à appuyer sur la détente. J’ai décidé. J’ai jugé que mon ennemie serait une menace pour ma fille tant qu’elle respirerait, alors j’ai prononcé ma sentence. J’ai été juge et bourreau, et je ne suis pas câblée pour éprouver des remords ou pour regretter de ne pas avoir géré les choses différemment. Je suis ravie que le corps de l’ancienne reine des abeilles pourrisse quelque part sous terre, ravie de savoir que son bras droit et amant n’a même pas daigné être celui qui disposerait de son corps : lorsque lui viendra l’envie de se recueillir, il n’aura aucune sépulture pour le faire. « Je n’ai pas porté plainte et je ne compte pas le faire. » - « Tu as raison. Les forces de l’ordre ne servent pas à grand-chose dans ce genre d’affaires. » Peut-être qu’un gros bras serait arrêté. Dans tous les cas, il serait liquidé avant que l’envie de prononcer mon nom ne lui vienne, et je filerai entre les doigts des flics, comme je l’ai toujours fait.

« Pourquoi ? Pour y laisser un autre doigt ? » - « Tu vois ? On est finalement tombés d’accord tous les deux sur le fait qu’elle était responsable. » Et que, sans elle, il aurait continué sa vie sans suspecter mon existence, celle du Club ou celle de la Ruche, même s’il ne connait les noms d’aucunes de ces organisations. Un coup d’œil à sa main gauche, et un rire contenu me secoue. Si j’étais positionnée du bon côté, j’aurais poussé le vice jusqu’à attraper sa main dans la mienne pour constater l’étendue des dégâts. « Un regrettable accident, en effet. Ces voyous ne savent rien faire d’autre que frapper trop fort. » La seule chose que j’avais exigé était que Finnley Coverdale se souvienne de son agression. Force est de constater que les gros bras qui se sont chargés de son passage à tabac ont été inventifs.

« Pourquoi poser des questions dont vous connaissez les réponses ? »
« Parce que les réponses m’intéressent moins que tes réactions. »

Parce que je suis une formidable juge de caractère, parce que cerner mes interlocuteurs, c’est ce qui m’a toujours animée. Parce que je me moque bien de savoir combien de fois il a vue, embrassée ou tenue Lou Aberline dans ses bras après avoir appris la vérité la concernant, mais que je veux savoir comme il réagit aujourd’hui, trois ans après, lorsqu’on mentionne la métisse et l’homme qui est à la fois son prédécesseur et son remplaçant. « Je l’ai vaguement côtoyé, je crois. Il ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. » - « Il fait cet effet-là, oui. » Parce qu’il n’a pas grand-chose à dire Solas, et lorsqu’il le fait, il divague souvent dans ses illusions de grandeur et de noblesse. Moi, c’est son attaque à mon domicile qui m’a marquée mais, ça, je n’ai pas l’intention de le partager avec le jeune homme. « Qu’est-ce qu’elle a fait ? » - « Elle a menacé ma fille. » La réponse est directe, froide et implacable. « Mais je n’ai plus de nouvelles d'elle depuis plusieurs semaines. » Et pour cause, elle n’est plus en mesure d’en donner et cette pensée remet un sourire carnassier et joueur sur mon visage. « Elle a comme… Disparu de la circulation. Je me demande ce qui lui est arrivé. » Oh que non.

Quand bien même il a pris plusieurs coups sur la tête, les souvenirs de Finnley ne sont pas flous. Il n’irait pas dire qu’ils sont particulièrement détaillés ; il n’arrive pas à retracer la manière exacte dont les individus l’ont passé à tabac. La visite de Raelyn à son réveil est, elle, très distinctement gravée dans son esprit ; difficile d’oublier celle qui vous fait ouvrir les yeux sur la personne qui partage votre vie. Alors que la blonde s’en félicite, Finnley est loin d’avoir oublié leur rencontre ; et malgré le contexte de celle-ci, il n’a jamais essayé de demander justice alors qu’il aurait eu toutes les raisons de le faire. Il se cache derrière son appréciation de la justice populaire ; pour autant la vérité est que cela aurait été inutile de chercher à obtenir une revanche. Il ne doute pas qu’elle a suffisamment de sbires (sûrement plus futés que les gros bras qui l’ont amené à l’hôpital) pour enterrer l’affaire. « Oh ici aussi, ne t’en fais pas. » C’est une information dont il ne souhaite pas avoir connaissance, pour dire vrai, car cela ne fait que le renvoyer aux mauvaises ondes que dégage cet endroit. C’est un casino ; il y a forcément quelque chose de malsain à travailler dans un endroit où des individus dépensent leur salaire en quelques heures, en dépit de leurs obligations, se jouant de l’addiction qu’ils ont pu développer avec les années. Bien sûr, ce n’est pas représentatif de l’entier des clients de cet endroit, mais les endroits comme celui-ci sont inévitablement entourés d’une aura particulière. Elle l’est encore plus depuis qu’il a identifié Raelyn comme la propriétaire des lieux, lui laissant présager d’un pan d’activités dont il est tenu à l’écart. Et justement, cette ignorance lui convient comme elle est ; il n’a aucune envie d’être amené à se poser plus de questions que nécessaire. Il n’a surtout pas envie de s’inquiéter plus qu’il ne le devrait. « Tu as raison. Les forces de l’ordre ne servent pas à grand-chose dans ce genre d’affaires. » La menace est à peine déguisée et ne fait que confirmer ses appréhensions, qu’il ne divulgue pas pour autant, son visage restant irrémédiablement neutre. Sous son apparence fade, Finnley possède une certaine arrogance qui l’empêche d’offrir aux gens ce qu’ils attendent de lui ; et un certain goût pour les situations à risque, de toute évidence.

« Tu vois ? On est finalement tombés d’accord tous les deux sur le fait qu’elle était responsable. » - « J’en ai jamais douté. » Qu’il souligne en haussant les épaules d’un air absent, un certain dédain sur le visage lorsqu’il force un demi-sourire. Il a évidemment douté des paroles de la jeune femme le jour de leur rencontre, même si les questions qu’il lui a posées et les demandes de précisions ne manquaient pas de prouver qu’il était déjà acquis à sa cause. Pour le reste, si à première vue les gros bras de Raelyn sont responsables de l’amputation de son doigt, il n’est pas idiot : il sait que cette violence n’aurait jamais été dirigée sur lui s’il avait aimé la bonne personne. Mais c’est Lou Aberline qui a volé son cœur pendant quelques années ; et il conservera éternellement les marques. « Un regrettable accident, en effet. Ces voyous ne savent rien faire d’autre que frapper trop fort. » - « J’en ai pas honte. » Qu’il souligne lorsque son regard glisse sur son doigt raccourci. « Ça m’indiffère. » Il ajoute, non pas pour garder contenance, mais parce que c’est la vérité. Bien sûr, il aurait préféré conserver ses dix doigts, mais dans l’ensemble, Finnley n’a pas eu beaucoup de mal à s’adapter à cette part désormais manquante de lui. Certains jours, il tend à l’oublier, même. « Parce que les réponses m’intéressent moins que tes réactions. » - « Vous devez être déçue. » Car son indifférence va au-delà de quelques phalanges manquantes. Bien sûr, le prénom de Lou accélère un court instant les battements de son cœur ; mais il a aussi eu le temps de l’oublier, de refaire sa vie, et après le manque des débuts est venu le soulagement de ne pas s’être encore plus enfoncé dans ce qu’il considère désormais comme une erreur. Son attitude reflète plus d’une certaine mélancolie que d’une véritable affection. Mais probablement qu’elle doit être déçue, alors qu’il ne supplie pas pour plus d’informations, alors qu’il ne se met pas à hurler, qu’il n’a pas de larmes aux yeux et que, globalement, il reste d’une étrange passivité. Que Lou se soit trouvé un autre homme ne le dérange pas ; il a eu des aventures, il s’est même marié, autant dire que rien ne les obligeait à ne pas avancer. « Il fait cet effet-là, oui. » La vérité est que Solas ne lui a pas fait une grande impression parce qu’il était trop bourré pour se souvenir de son existence. « Elle a menacé ma fille. » - « Elle ne sera ni la première, ni la dernière. » Un constat qui ressemble presque à un conseil ; la situation se reproduira certainement. Si on lui demande son avis, il faut être absolument inconscient pour mettre au monde un enfant dans le milieu qui est le sien ; un jour elle tombera sur sa propre Raelyn, qui transformera son enfant en messager (au mieux) ou en dommage collatéral (au pire). « Mais je n’ai plus de nouvelles d'elle depuis plusieurs semaines. » Il est tenté de dire qu’elle prépare sa vengeance, mais il s’en fiche. « Oui, ça lui arrive parfois. » Il souligne en haussant les épaules, parce que c’est un traitement de faveur qui n’est pas réservé à Raelyn ; il y a eu le droit même lorsqu’ils étaient en couple. « Elle a comme… Disparu de la circulation. Je me demande ce qui lui est arrivé. » Et il comprend. Le sourire carnassier, l’annonce tirée en longueur, le besoin de converser avec lui ; Lou est morte. Et sa meurtrière est devant lui, se vantant de son crime qui restera probablement impuni. Lou ne méritait pas ça. Elle méritait des milliers de choses à la hauteur de la vie qu’elle a choisie et à laquelle il n’arrive pas à porter un regard qui justifierait de tels choix, mais elle ne méritait pas ça. Cela ne veut pas pour autant dire qu’elle ne l’a pas cherché ; mais là encore, la sanction lui semble bien trop radicale. « Vous jubilez, n’est-ce pas ? » Il demande alors que ses traits se crispent de manière presque imperceptible. Ce n’est pas tant l’annonce – parce qu’il s’était préparé à cette possibilité voilà longtemps, bien conscient que c’est l’issue la plus probable pour les gens comme son ex – que la manière dont Raelyn se régale de l’information, de l’utiliser à l’encontre d’un homme qui n’a jamais rien fait pour subir son courroux, et la cruauté dans sa manière d’être, dans la personne qu’elle est, tout simplement. C’est un univers qu’il ne comprend pas, qu’il ne comprendra sans doute jamais, pas plus qu’il ne peut comprendre qu’on perde son humanité à ce point. « Qu’elle repose en paix. » Il se contente de dire, n’ayant aucune envie de satisfaire les désirs de réactions théâtrales que semble attendre la jeune femme. Pourtant, l’annonce l’ébranle plus qu’il ne l’aurait cru, quand bien même il s’y est préparé depuis longtemps. Lou est morte ; et le chapitre qu’il a trop longtemps laissé volontairement ouvert connaît une fin abrupte à laquelle il ne peut s’opposer. « Et allez vous faire foutre. » Cette fois-ci, c’est à son tour d’avoir un sourire joueur, presque défiant. Ce n’est pas tant qu’il est fier de son comportement qui en dit long sur ce qu’il ressent, mais simplement le goût de la provocation, qui n’atteindra sans doute pas la jeune femme. Ce n’est pas vraiment le but, il ne fait qu’exprimer son avis quant à son attitude et tentant de ne pas lui offrir ce qu'elle attend avec impatience.

@Raelyn Blackwell  

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Raelyn Blackwell & @Finnley Coverdale ☆ crédit/jcssiemeilimakesgifs

« J’en ai jamais douté. » Vu la tension palpable dans la pièce – elle est à couper au couteau – je doute que Lou soit la seule destinataire de sa rancœur et de son mépris. Il ne me porte pas dans son cœur et si je laissais tomber le masque, je lui dirais que j’en suis autant consciente que je m’en moque. Je n’ai jamais eu de souci avec le fait d’être haïe. Ce que je ne tolère pas, c’est de laisser les gens indifférents. Je préfère être haïe qu’ignorée et, jusque-là, je m’applique à rendre ce rêve possible. Je ne laisse personne de marbre, on me déteste (dans la plupart des cas) ou on m’apprécie voire m’admire pour mon esprit. L’entre-deux n’existe pas, avec moi. « J’en ai pas honte. Ça m’indiffère. » Ce n’est pas grand-chose en même temps, un doigt. Peu de personnes doivent le remarque et, si le choix de ne pas porter de prothèse n’a rien d’anodin, il confirme les dires du roux : il ne cherche pas à cacher cette particularité qui n’est au fond pas bien handicapante. « Disons que cela aurait pu être pire. » Contre toute attente il n’y a pas de menace voilée dans mes mots. Cela pourrait certes être pire, s’il décidait de tenter de me nuire où de chercher à me rendre la monnaie de sa pièce, mais il ne me semble pas vindicatif et honnête à ce sujet. Il semble avoir réellement envie de tirer un trait sur cette histoire et de se tenir à par du monde de son ancienne dulcinée, et ce serait crédible et peu surprenant à une seule condition : il aurait fallu pour que j’y crois entièrement qu’il quitte l’Octopus à l’instant même où il a appris l’identité de la co-propriétaire de l’établissement. Qu’il prenne ses jambes à son cou en m’apercevant la première fois aurait été crédible. Qu’il soit resté et qu’il ne prenne pas la fuite maintenant trahit l’une de ces deux choses : soit le jeune homme a un dessein caché, soit il est désespéré à ce point. Je suppose que les services qu’il rend sont grassement rémunérés. Je n’ai pas de chiffre en tête puisque je ne fourre mon nez dans les affaires d’Amos que lorsqu’il le demande, mais je me doute que l’offre doit être alléchante au point d’apprendre à fermer les yeux.

« Vous devez être déçue. » - « Oui et non. » Je ne suis pas une méchante de cinéma : je suis ni pas là pour me nourrir de sa peur ou de sa colère et m’en repaître en m’esclaffant d’un rire théâtral. « Jusque-là, tu m’as appris que si tu n'es peut-être pas tout à fait indifférent à son sort, tu prétends en tout cas l’être. » Du reste, je saurai s’il joue la comédie ou non d’ici quelques minutes, lorsqu’il comprendra la vérité qui se cache derrière mes allusions voilées. Lou n’est plus de ce monde et, quoi qu’il en pense, je ne jubile pas, ou pas tout à fait. Je ne ressens pas plus d’émotion à ce sujet que si j’avais abattu un animal malade, condamné de toute façon, j’ai fait ce qui devait être fait. J’ai protégé ma fille et j’y ai pris un plaisir non dissimulé certes, mais je n’ai pas agi sous le coup de la folie. Contrairement à son ex, je n’ai rien d’une incontrôlable. Je l’ai fait parce qu’il fallait le faire, et parce que ma boussole morale ne pointe pas vers les mêmes points cardinaux que la sienne. « Elle ne sera ni la première, ni la dernière. » Agacée, je fais claquer ma langue contre mon palais avant de m’adosser plus confortablement, passant un bras sur le dossier du tabouret. « Je suis prête à recevoir ceux qui essaieront. » Tant que je respirerai, personne ne pourra s’en prendre à ma fille. Si toutefois je devais rejoindre le créateur avant son père, il resterai toujours Amos après mon trépas et je suis confiante : nous formons une bonne équipe, une muraille solide érigée autour de notre bébé. Je suis prête à les recevoir, comme je l’ai reçue elle. Qu’ils viennent, je sais que nous pouvons l’encaisser, à présent. « Oui, ça lui arrive parfois. » Un vague hum hum passe la barrière de mes lèvre, feignant un détachement parfaitement maîtrisé et volontaire. « Vous jubilez, n’est-ce pas ? » Oh, Finnley Coverdale a compris. Le jeune homme a raccroché les wagons et compris ce qui se cachait derrière mes sous-entendus grossiers. Je ne cherchais pas à être subtile, simplement à pouvoir clamer mon innocence s’il m’accusait officiellement de quoi que ce soit. « Je ne vois absolument pas de quoi tu parles. » Toujours appuyée en arrière sur mon tabouret, le corps tourné dans sa direction, rien ne vient fissurer mon masque de tranquillité absolue. Mon sourire ni quitte pas mes lèvres, bien que plus discret. « Qu’elle repose en paix. » Je hausse les épaules sans rien ajouter, comme si j’étais parfaitement dans le flou concernant ses allusions. Qu’elle repose, elle pourra déjà s’estimer heureuse si cela lui est permis. « Et allez-vous faire foutre. » J’éclate de rire, avant de tendre la main pour attraper mon verre de scotch. « Document Finnley. » Je me moque bien qu’il se révolte et sorte du cadre que lui impose le fait que je sois, sur le papier, l’une de ses supérieures. Mais il y a des limites à ne pas dépasser. Je porte mon verre à mes lèvres, fait tourner ce qu’il me reste de liquide ambré dans le verre quelques secondes, avant de finalement ajouter. « Tu es bien placé pour savoir que Lou menait une vie dangereuse. Ce serait la faute de personne s’il lui était réellement arrivé quelque chose. » Cela fait écho à ce que j’ai dit à Solas lorsque, après avoir dégainé mon arme et tiré, j’ai voulu m’assurer qu’il ne ferait rien d’idiot. Lou a tué Lou. Me penchant vers lui, je chuchote pour que personne ne m’entende. « Tu as l’air moins choqué d’apprendre qu’elle a tenté de tuer un enfant de quinze mois que par sa… Disparition. Voilà ce que tes réactions m’apprennent sur toi. » Une pause, et j’ajoute. « Je ferai n’importe quoi pour ma famille. Je voulais être certaine que c’était clair pour toi. » Là, il peut s’offusquer et crier à l’emploi de menace. « Tu devrais essayer ce whisky. Rien à voir avec la merde que tu trouves dans la plupart des bars du centre-ville. » S’il avait le moindre doute au sujet du fait que je sois capable de passer d’un meurtre à une discussion concernant – presque – la pluie et le beau temps, voilà qui est acté.

« Disons que cela aurait pu être pire. » - « Ça m’aurait laissé tout autant indifférent. » Qu’on ne se méprenne pas, Finnley n’est pas suicidaire. Il n’a jamais attenté à sa vie, ne compte pas le faire et n’en rêve même pas. Pour autant, il ne peut pas dire qu’il apprécie sa vie. Si pour la plupart des gens sa vision des choses est pessimiste, ou même à tendances dépressives, Finn estime seulement que le constat est cohérent avec son quotidien. Ses boulots ne lui plaisent que moyennement, il s’est marié sur un coup de tête avec une illustre inconnue et il a sa propre famille en horreur. Il ne se lève pas le matin en s’impatientant de vivre cette journée, mais il ne la trouve pas pour autant insupportable. Il n’est pas particulièrement heureux, pas pour autant malheureux ; il prend les choses comme elles viennent, son esprit rationnel l’empêchant de ressasser trop longtemps les choses. C’est une attitude qu’il avait par le passé, à laquelle il apprend peu à peu à renoncer ; il ne sait que trop bien le danger d’être ancré dans le passé. Il est passé à autre chose après sa rupture avec Lou, ne la pleure pas tous les soirs ; et il est vrai que tout cela a été facilité par le vrai visage de son ex. Ça aurait pu être pire, oui, et sans doute qu’il arrange la vérité en prétextant qu’il aurait été indifférent – mais Finnley ne se serait pas arrêté de vivre pour autant. Le courroux de cette Raelyn s'est abattu sur lui, d’une façon ou d’une autre il n’a pas pu et n’aurait pas pu changer les choses. « Vous vous fatiguez toute seule. » Le rouquin se permet de souligner avec un regard envers la blonde ; parce que l’aspect sur lequel il ne ment pas est qu’il est effectivement passé à autre chose. Son passage à tabac, son doigt en moins, sa rancœur envers elle est remplacée par une forme de gratitude qu’il ne lui partagera jamais ; Finn a avancé et ne compte pas ouvrir à nouveau le chapitre d’une histoire qu’il a mis du temps à clôturer.

« Oui et non. » Elle l’est au moins un peu, et c’est déjà un semblant de victoire pour Finnley que de ne pas se montrer aussi transparent qu’elle ne le voudrait. « Jusque-là, tu m’as appris que si tu n'es peut-être pas tout à fait indifférent à son sort, tu prétends en tout cas l’être. » - « Trois ans, c’est difficile à effacer. » Bien sûr, leur couple n’a pas duré autant de temps, mais il a connu Lou pendant plusieurs années. Il l’a vue changer, aussi, pour le meilleur puis pour le pire, toujours est-il qu’il ne peut pas prétendre que ces années n’ont pas compté. Elle peut certainement comprendre, elle qui semble ne former qu’un avec l’autre patron des lieux. « Pour le reste, je suis marié depuis plus d’un an, pensez-en ce que vous voulez. » Elle se fera son propre avis. Il aurait préféré ne pas impliquer Ava là-dedans, mais il ne doute pas que Raelyn n’a pas hésité à s’actualiser sur sa situation (ou le fera), avec la même facilité que par le passé. Ce qu’elle veut savoir, elle l’apprend, d’une manière ou d’une autre. À son opposé, tout ce que Finn append est au-dessus de sa volonté ; même si plus rien ne le surprend depuis qu’il a eu un aperçu du monde dans lequel Raelyn et Lou évoluent, un qu’il pensait être unique au cinéma. « Je suis prête à recevoir ceux qui essaieront. » - « Recevoir, bien sûr. » Il esquisse un rire moqueur. Il sait très bien ce qu’elle sous-entend par là ; et si Finn a compris que c’est une prérogative de cet univers, il n’en est pas pour autant à l’aise. Ce qui est certain, c’est qu’il se cassera de ce casino dès qu’il aura réussi à rembourser la plus grosse partie de ses dettes.

D’autant plus en prenant en compte que la femme qui a ôté la vie à celle qu’il a aimée plus que de raison se trouve face à lui. Deux mondes qui se rencontrent et qui n’auraient jamais dû être confrontés l’un à l’autre. La pointe de colère qu’il ressent n’est pas tant destinée au geste de Raelyn qu’aux mensonges de Lou. Tout a été rendu si compliqué, alors que Finnley a toujours été partisan de la facilité. Lou est morte. Dans un sens, c’en est une, de facilité, mais pas celle qu’il aurait souhaitée. Pas celle qu’il est en mesure d’accepter, aussi inévitable soit-elle. « Je ne vois absolument pas de quoi tu parles. » Il ne lui offre même plus les efforts d’une réponse alors qu’il roule les yeux au ciel, exaspéré par l’attitude de cette femme qui contraste avec la sympathie d’Amos. Il n’arrive pas à les concevoir ensemble, pas plus qu’il n’arrive à concevoir ce genre de personnalité, pourrie jusqu’à la moelle. Finn fait part de son opinion, l’invitant à lui laisser sa tranquillité, mais évidemment que Raelyn n’est pas décidée à lui offrir la paix. « Doucement Finnley. » Il hausse un sourcil agacé, pour lui faire comprendre qu’aucune excuse ne sortira d’entre ses lèvres. « Qu’allez-vous faire ? Envoyer vos sbires ? » Le sifflement qui s’échappe d’entre ses lèvres traduit de sa moquerie quant à cette idée. « Tu es bien placé pour savoir que Lou menait une vie dangereuse. Ce serait la faute de personne s’il lui était réellement arrivé quelque chose. » - « C’est drôle, on dit la même chose des gens qui se suicident d’une balle dans le dos. » À d’autres, donc. « Tu as l’air moins choqué d’apprendre qu’elle a tenté de tuer un enfant de quinze mois que par sa… Disparition. Voilà ce que tes réactions m’apprennent sur toi. » - « J’ai aucune sympathie pour vous, voilà ce que vous devez comprendre. » Et bien qu’il condamne cette forme de violence, il n’en demeure pas moins que Finn s’en fout, de sa gosse. « Je ferai n’importe quoi pour ma famille. Je voulais être certaine que c’était clair pour toi. » - « Pour quelqu’un qui aime s’entendre parler et se croire plus intelligente que le commun des mortels, vous avez pas l’air de comprendre que vous vous adressez à la mauvaise personne. » Et tant qu’à être dans les confidences : « J’en ai rien à foutre de votre gosse, ou de vous. Je veux être certain que c’est clair pour vous. » D’autant que même s’il espérait secrètement obtenir une vengeance, Finn possède des valeurs morales que ni elle, ni son ex, ne possèdent. « Tu devrais essayer ce whisky. Rien à voir avec la merde que tu trouves dans la plupart des bars du centre-ville. » - « Merci pour l’information. » Qu’il glisse avant de se lever et d’abandonner la blonde sans un regard en arrière. Il lui laissera payer la note, et se fait une joie de la quitter avant qu’elle ne l’y autorise – dans quel cas elle doutait d’une arrogance plus subtile que la sienne. Oui, merci de l’information ; mais il ne parle pas de ce dernier conseil, mais bien de ce qui le déstabilise plus qu’il ne le voudrait, et qui se traduit dans son empressement à quitter les lieux pour ne pas se laisser aller à la proposition de la jeune femme – chamboulé et, par conséquent, capable de craquer. Lou arrive toujours à avoir une influence sur lui, même depuis l’au-delà.

@Raelyn Blackwell  

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Raelyn Blackwell & @Finnley Coverdale ☆ crédit/jcssiemeilimakesgifs

« Vous vous fatiguez toute seule. »
« Qui te dis que je me fatigue ? »

Pourquoi perdrais-je du temps si l’échange n’était pas stimulant et divertissant pour moi ? Pourquoi diable serais-je encore ici si l’exercice était un supplice pour moi ? S’il était aussi désagréable que de converser avec l’ex de l’homme que j’ai en face de moi ? Je suis chez moi ici. Amos est gérant de l’Octopus, mais j’y évolue comme sur mon propre territoire et personne – et certainement pas Finnley Coverdale – peut réussir à m’intimider entre ces murs. C’est peut-être la raison pour laquelle j’agis comme je le fais : ici, je me sens intouchable. Et je ne nierai pas non plus que la chute vertigineuse d’Aberline me met dans de bonnes dispositions, ce serait un mensonge éhonté. « Trois ans, c’est difficile à effacer. Pour le reste, je suis marié depuis plus d’un an, pensez-en ce que vous voulez. » Instinctivement, je jette un coup d’œil à son annulaire gauche. Ou plutôt, là où devrait se trouver son annulaire gauche. Je suis amusée d’en constater l’absence mais je reste de marbre. Oh, il est bien sur moins question de décence que de froideur, rassurez-vous « Je connais des mariages aussi dysfonctionnels que le mien est passionné. » Autrement dit : je n’en pense rien du tout. Je ne me permets pas de tirer de conclusion sur la simple base d’une signature en bas d’un bout de papier quand je sais que c’est souvent bien plus compliqué que ça et que, parfois, cela ne veut pas dire grand-chose. J’ai connu Mitch au bras d’une prostituée différente chaque semaine à l’époque ou il était encore l’époux de Mavis. A l’époque, leur simulacre d’union avait achevé de me dégouter de toute forme d’engagement. « Mais félicitations, je suppose que cela ne peut être que mieux. » Mieux que Lou, ses mensonges, sa folie et la paranoïa qui sur la fin la dévorait. J’ignore à quel point le jeune homme a été témoin de la décadence de son ex, je me suis tenue assez éloignée de la métisse pour ignorer à quel moment sa vie a pris un tournant qui, à la fin, fut mortel.

« Recevoir, bien sûr. » Prétendant être un parangon d’innocence, j’écarte les bras pour lui désigner les lieux dans lesquels nous nous trouvons. « Tu trouves qu’on ne sait pas recevoir ? » Si on ignore ce qui se passe sous la surface, l’endroit a pourtant tout d’accueillant. « Les revues sur google sont plutôt bonnes pourtant, si j’en crois les échos qui me parviennent de mes équipes. » Oh, bien sûr, le casino n’est pas remis en question et nous le savons tous les deux. C’est moi qui suis loin de l’être – chaleureuse – et Finnley l’a appris de la pire des manières. « Qu’allez-vous faire ? Envoyer vos sbires ? » - « Tout ne se résume pas à la violence. » Je n’ai pas besoin de le prétendre cette fois. J’ai toujours été plus subtile que Mitch, préférant largement la manipulation à la force brute. Mais parfois, cette dernière est inévitable. « Ton boulot paie bien, ici ? » Je ne suis pas responsable des ressources humaines, j’ignore ce qu’on donne au tricheur qui surveille ses pairs. Toutefois, Finley Coverdale doit comprendre que s’il lui vient l’envie de me menacer, moi ou ma famille, d’une quelconque des manières, alors un licenciement serait la meilleure des choses qui pourrait lui arriver. De fait : je ne m’arrêterais certainement pas là pour protéger Micah et je l’ai déjà prouvé. « C’est drôle, on dit la même chose des gens qui se suicident d’une balle dans le dos. » - « Tu lis trop de thrillers Finnley. » Je porte mon verre à mes lèvres sans le quitter des yeux. Nous savons tous les deux ce qu’il est arrivé à Lou mais il ne parviendra pas à me faire l’avouer à haute voix. Pas parce que j’ai peur qu’il puisse me livrer aux forces de l’ordre – mais parce qu’il est hors de questions qu’il ait en sa possession ne serait-ce que quoi que ce soit pour envisager de le faire. « J’ai aucune sympathie pour vous, voilà ce que vous devez comprendre. » - « Tu n’as pas de cœur. » La remarque est faite sur un ton amusé. De ma part, la chose n’a rien d’une critique. Elle ne deviendrait un constat d’un défaut, d’un potentiel danger que s’il décidait de nuire à ma famille d’une façon ou d’une autre et je n’ai pas l’impression qu’il ait la moindre intention de le faire.

« Pour quelqu’un qui aime s’entendre parler et se croire plus intelligente que le commun des mortels, vous avez pas l’air de comprendre que vous vous adressez à la mauvaise personne. J’en ai rien à foutre de votre gosse, ou de vous. Je veux être certain que c’est clair pour vous. » Je parle peut-être – et j’aime le son de ma voix – mais lui ne l’a pas encore fait autant depuis le début de cette conversation et c’est ça qui m’amuse bien plus que tout le reste, qu’il dépense autant de salive pour me convaincre qu’il n’a rien à faire de tout ça. « C’est très clair. » S’il continue à s’en moquer et à ne se préoccuper de rien de ce qui concerne mes affaires, il pourra continuer à respirer : c’est aussi simple que ça. « Merci pour l’information. » Il se lève, et je termine mon verre d’un trait. Avant qu’il ne s’éloigne, je l’interpelle. « J’espère qu’ils retrouveront Lou. » Non, jamais. Elle est à l’état de cendres dispersée dans le fleuve, sans l’ombre d’un doute. « Il paraît que c’est le plus dur, de ne pas savoir. »