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 ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL.

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Message(#)ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. EmptyMer 8 Mar 2023 - 17:43



TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL
@Kieran Halstead


EXORDIUM.
Trop souvent la sensibilité de Lola m’inquiète. Un jour, son empathie lui causera du tort, comme à moi, et je redoute qu’elle souffre de maux identiques aux miens : “Culpabilité. Peur de l’abandon. Besoin de s’occuper de son prochain plutôt que de s’occuper de soi. S’oublier au profit de gens qui ne le méritent pas toujours.” En tant que mère, j’aimerais lui apprendre l’égoïsme, juste un peu, histoire de l’armer contre la déception relationnelle. Sauf que ce défaut compte parmi mes détestés. Je n’en comprends pas les rouages, comment les enseigner ? Et quand bien même, quelle genre de maman serais-je si je lui apprenais à se concentrer sur son bien-être, uniquement sur celui-là, parce que les autres n’en valent pas la peine ? Quel monstre serais-je si je lui inculquais que la foi en l’humanité est une perte considérable d’énergie ? J’aspire à ce que le sort l’en avertisse, mais en douceur, ce qui est en soi une utopie. J’essaie d’être un exemple en terme d’équilibre, mais ce n’est pas probant : je ne peux ignorer ma nature. N’ai-je pas partagé son tracas lorsqu’une après-midi, au sortir des cours, elle a manifesté son tracas pour la santé de Kieran ? N’ai-je pas attentivement écouté les rumeurs circulant dans l’établissement au sujet de son absence ? Ses collègues parlent d’hôpital et, un texto plus tard - je crois pouvoir parler d’amitié en devenir entre l’artiste et moi - l’information m’a été confirmée par le précité. Je lui ai rendu visite à plusieurs reprises, veillant à ne pas enfoncer le clou par rapport à son erreur de jugement. Je n’ai pas jugé qu’être moralisatrice lui apporterait un quelconque bénéfice. Je me suis plutôt promis d’être présente aussi souvent que possible, avec ma douce enfant ou non, pour ce jeune homme heurté par les horreurs du monde.

Au cours de cette clémente après-midi, quelques heures à peine après qu’Halstead soit sorti de l’hôpital, je me suis donc présentée à sa porte, un plat de lasagne entre les mains, mon plus joli sourire sur les lèvres - acte calculé (et il est rare) pour attirer sa sympathie et étouffer son impression éventuelle que je suis envahissante - et une bouteille de vin rouge, quoique je l’aie achetée pour la forme. On n’offre pas des fleurs à un homme ou, pour être exact, je ne m’y risque pas. En revanche, je m’autorise à lui intimer de se pousser pour me faire entrer d’une phrase d’apparence anodine : «Tu as un four ? Parce que c’est le moment de le préchauffer. 180°. Ni plus, ni moins. Et, sache qu’elles sont artisanales et rien que pour nous deux.» Si nous le sommes bel et bien : j’ai déjà un pied dans le hall quand l’hypothèse qu’il n’est pas esseulé - ce n’est pas forcément l’apanage des Hommes qui perdent toute raison de se battre - je me suis arrêtée tout net. «Enfin, si tu n’as rien de prévu. En réalité, il y en a pour plus que ça… et si ce n’est pas assez, je peux te les laisser, je les ai faites pour toi à la base. Et un peu pour Lola. Elle prend de tes nouvelles tous les jours. Elle t’a même fait un dessin, il est dans mon sac. » Je le lui offrirai dès que je serai débarrassée du plat qui m’encombre les mains, qu'importe si je suis reconduite vers mon point de départ ou non. «C’était maladroit, non ? De me pointer comme ça sans prévenir. Je n’ai pas réfléchi.» ai-je conclu, la mine désolée, mais néanmoins susceptible de l’abandonner si, d’aventures, il était déjà accompagné. A l’inverse, je déclamerai tous mes arguments justifiant que ma présence est requise, qu’ensemble nous pourrons passer un bon moment.      
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Kieran Halstead
Kieran Halstead
les cicatrices de la mémoire
les cicatrices de la mémoire
  
ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. MTtf4TM Présent
ÂGE : trente-cinq (14.07). aïe.
SURNOM : « kiki » (couché, grrrrhhhh).
STATUT : c’est bien aussi la solitude, on s’y habitue (non, pas du tout #help).
MÉTIER : illustrateur (fauché) en freelance et prof (dépité) d’arts visuels.
LOGEMENT : #18 james street, fortitude valley, avec cesar (le coloc) et waterproof (le corgi).
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POSTS : 4054 POINTS : 200

TW IN RP : dépression, pensées suicidaires, tentative de suicide, relation toxique, maltraitance, abus physiques et psychologiques, harcèlement scolaire, dépréciation, troubles anxieux, distorsion corporelle, mention d'agression physique (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡).
ORIENTATION : J'aime les jolies filles.
PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022.
CODE COULEUR : kieran bafouille en rosybrown.
RPs EN COURS : ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. Tumblr_inline_plhd1mS2X01slbpsl_1280 halstay #12, #13 & ua #3 (parents) ⊹ i hope your ghost will haunt me, i hope i hear you calling my name at 3am. 'cause honey, i love you dearly and i cannot bear you leaving again, not again. oh, i hope your ghost will haunt me 'til the end.

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spencer #5 ⊹ i've been begging, hope you're listening. i've done my wrongs but i'm someone different.

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ally ⊹ oh, if i can take something to make me feel better than i'm feeling now and everything else will work itself out.

(13/06 - vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais compte. moi, si je devais résumer le rp aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres)ginny (fb)ceciliashilohwildalfly #17 (ua)danaëolive #2greta #2
RPs EN ATTENTE : flora #3
RPs TERMINÉS : ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. MokPW9e
ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. 8978
kieyer ⊹ close your eyes and think of me and soon i will be there to brighten up even your darkest night. you just call out my name and you know wherever i am i'll come running, to see you again.

(2001) ichabod (2015) laila #1autumn #1raphael #2owen #2 (2016) archie #1autumn #4 (2017)archie #2 (2019) reese #1archie #3 hannahkeith (2020) sawyer #1andrew #1dylane #1eve #1raphael #1jessalyn (+ sawyer)eve #3ivy #4ivy #5lucia #1birdieprojet xelias #6eve #4ilariamolly #1hannah #2anastasiadylane #2ava #2halsey #2eve #5raphael #3raphael #4clyde #1lenamolly #2sawyer #2 (2021) ivy #6ivy #7peterjordan raphael #5anastasia #2 & raphael #6eve #6raphael #7sawyer #3ichabod #2ally #1eleonor eliotautumn #2may #1 › › lena #2louisa #1mickey #1ezracaitrionaautumn #3raphael #8spencer #1ottoautumn #5eliot #2owen #1aleisha #1 (2022) raphael #9may #2primrose #1birdie #2 & jordan #2autumn #6ivy #8autumn #7spencer #2aleisha #2autumn #8penelopeia #1caitriona #2raphael #10raphael #11autumn #9flora #1albane #1spencer #3archie #4autumn #10 (2023) halstay #11 + masonsiham #1eliot #3albane #2greta #1archie #5zoya #1zoya #2siham #2dina flora #2spencer #4birdie #3mickey #2mavisolive #1albane #3adèlebirdie #4zoya #3pénélope

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ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. 015f
AVATAR : dan cutie pie smith.
CRÉDITS : (ava) @harley ♡ (dessin) mapartche ♡ (sign) astra (gifs) @raquelsgifs, @harley, @hiddlestonss, @womenrph, @aboutstark, @marril96 (ub) @loonywaltz.
DC : finnley coverdale (domhnall gleeson) & maisie moriarty (daisy edgar-jones).
PSEUDO : leave.
Femme (elle)
INSCRIT LE : 01/03/2020
https://www.30yearsstillyoung.com/t29377-
https://www.30yearsstillyoung.com/t29503-
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Message(#)ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. EmptyJeu 6 Avr 2023 - 22:59


@ALIYAH REEVES & KIERAN HALSTEAD ⊹⊹⊹ Tu me prends vraiment pour un con, Tu crois que tu m'endors. Mais même derrière ton masque, Tes cernes en parlent encore. Tu n'as pas sommeil.

(c) harley & kaesgifsrp. 

D’une main, il tient fermement l’anse du sac contenant les affaires qui l’ont accompagné au cours des trois derniers mois. De l’autre, il entoure cette poignée de porte qu’il n’ose pas abaisser. Paralysé devant son appartement, un rictus nerveux aux lèvres, Kieran réalise le paradoxe de la situation. Il ne rêvait que d’une chose au cours des dernières semaines ; quitter cet hôpital où on l’a gardé contre son gré. S’il a fini par adhérer à leur traitement, il s’impatientait néanmoins de retrouver une certaine forme de liberté. Aujourd’hui, alors qu’elle semble être acquise, Kieran réalise pourtant que c’est loin d’être le cas. Son retour dans le monde réel implique qu’il se retrouve désormais livré à lui-même. Oh, il sait qu’il ne sera pas tout à fait seul. Les séances avec son psychiatre sont accentuées, ses contrôles à l’hôpital pour gérer les conséquences de son geste sont agendés, ses prescriptions ont été limitées au strict minimum. Mais les obligations qu’il souhaitait fuir sont devenues de plus en plus pesantes et Kieran n’est pas certain d’avoir les épaules pour gérer tout ce que l’après nécessite. À commencer par ce retour dans un quotidien devenu trop insupportable. Reprendre le cours d’une vie qu’il a voulu s’ôter, renouer avec des proches qu’il a volontairement aveuglés au cours des derniers mois, recommencer à travailler en gardant la tête haute malgré les rumeurs qui circulent, réaliser le soir venu que peu importe que les heures soient prises l’une après l’autre pour y aller doucement, à la fin de la journée ils ne restent plus que celles durant lesquelles il est laissé seul avec des pensées qu’il n’a pas encore réussi à réduire au silence. Et celui-ci sera assourdissant dans cet appartement qu’il ne partage plus avec personne, pour la première fois depuis des années. Lui et seulement lui, incapable de vivre seul et qui y goûte pour la première fois au moment le moins opportun. Le seul avantage dans tout ça, c’est que l’endroit demeure aussi familier qu’au moment de le quitter. Rien n’a changé. Rien ne doit avoir changé, pour qu’il y ait au moins une chose tangible dans cet océan d’incertitudes.

Au moment où il se décide à franchir le palier et à claquer la porte derrière lui, Kieran prend conscience d’à quel point rien n’a effectivement changé dans cet appartement. Les cartons de pizzas qu’il devait descendre aux ordures trônent toujours près de la porte, la conduite d’eau située près de l’entrée continue son cliquetis agaçant, le néon au-dessus de la télé est toujours cassé, le cactus offert par Sawyer trône toujours fièrement à côté du canapé. Mais tout a changé. Il n’entend plus les pas de Raphael qui font vibrer l’appartement quand il s’exerce, il n’a plus à libérer la table à manger pour accueillir la leçon hebdomadaire de Caitriona, il n’a plus besoin d’avoir une réserve au réfrigérateur de la bière préférée de Sawyer, ni de mettre de l’ordre dans sa chambre pour recevoir la visite d’Ivy. Le miroir de la salle de bain n’a pas été remplacé depuis qu’il n’a plus supporté d’y voir son propre reflet, sa porte est toujours entravée par un trio de serrures qui ne semblent pas lui suffire pour se sentir en sécurité et la photo volée à Caitriona sur laquelle apparaissent ses parents continue de le narguer bien qu’elle soit enfermée dans un tiroir. Kieran n’est de retour que depuis une petite heure que déjà il se dirige vers l’armoire à pharmacie dans l’espoir de calmer son mal de crâne qui s’annonce déjà dévastateur. Et il prend conscience d’à quel point il a sous-estimé les mots du personnel soignant qui l’informait que son retour avait été soigneusement préparé. C’est dans sa chambre qu’il se rend bientôt pour constater ce qu’ils voulaient réellement dire par-là ; et qu’il ne s’agissait pas uniquement de son séjour à l’hôpital, mais également de sa vie ici alors que son appartement a été nettoyé de tout ce qui a risqué de causer sa perte. Le problème réside plus dans la manière de faire que dans ce qui lui a été enlevé ; et de réaliser que désormais ce sera ça, sa vie. De voir son intimité exposée aux autres, dans le but de le « guérir » alors même qu’il a déjà l’impression d’avoir tout essayé en la matière.

Cette impression ne diminue pas lorsqu’on frappe contre sa porte et il lui faut plusieurs minutes pour se décider à aller ouvrir, l’entrebâillement qu’il autorise ne dévoilant que sa tête. « Tu as un four ? Parce que c’est le moment de le préchauffer. 180°. Ni plus, ni moins. Et, sache qu’elles sont artisanales et rien que pour nous deux. » Aliyah ne lui laisse pas vraiment le choix alors qu’elle force le passage avec un mélange équilibré de fermeté et de douceur, et si dans d’autres circonstances cette visite l’aurait sans doute réjoui, à cet instant il demeure sur ses gardes. « Enfin, si tu n’as rien de prévu. En réalité, il y en a pour plus que ça… et si ce n’est pas assez, je peux te les laisser, je les ai faites pour toi à la base. Et un peu pour Lola. Elle prend de tes nouvelles tous les jours. Elle t’a même fait un dessin, il est dans mon sac. » Toujours silencieux, l’évocation du prénom de l’enfant le met mal à l’aise ; il n’a jamais voulu causer l’inquiétude de quiconque et encore moins de ses petits élèves qui doivent rester dans l’ignorance de tels actes. « C’était maladroit, non ? De me pointer comme ça sans prévenir. Je n’ai pas réfléchi. » C’est maladroit, oui, de là à lui le dire et prendre le risque de la vexer, Kieran n’ose pas. « Non, non, c’est juste que... » Tu me déstabilises. Revenant à lui-même, fermant la porte derrière la jeune femme, il s’empresse de libérer le comptoir de la cuisine des divers emballages qui montrent à quel point son appartement a été laissé à l’abandon et ce, bien avant son absence. Lui indiquant la place pour déposer le plat, il contourne le comptoir pour rejoindre le salon ouvert. « Pardon, je m’attendais pas à de la visite. » Ses gestes se veulent plus précipités, nerveux, alors qu’il essaie de faire un brin de ménage, anxieux à l’idée de l’image que cela pourrait renvoyer à Aliyah. « Désolé, je-je viens juste de rentrer, j’ai... même pas encore défait mon sac. » Il souligne pour prouver sa bonne foi, et même s’il n’espérait pas être confronté de sitôt à qui que ce soit, il sait aussi que la visite d’Ali tombe au bon moment. Revenant du côté de la cuisine, il allume le four avant de se retourner vers la jeune femme. « Euh, merci au fait. » Il dit en désignant le plat d’un signe de tête, avant d’ajouter : « T’avais pas besoin de faire ça. » Il lui assure avec un sourire discret. Il essaie, promis. Il essaie de faire en sorte que les choses soient naturelles, même si rien ne semble l’être. « Mais, hm, c’est cool, parce que mon autre option c’était une pizza surgelée, alors j’aime mieux la tienne. » Il tente de plaisanter avec un rire peu convaincant. Néanmoins, rien qu’à l’odeur, l’option d’Aliyah semble la plus intéressante des deux. Pour autant, il n’ose pas lui dire qu’il n’a pas vraiment faim, l’estomac noué par la nervosité qui lui procure cette journée. Silencieux un instant qui lui semble durer une éternité, son regard qui se perd sur le sol, ne sachant pas vraiment de quoi parler dans un tel contexte, il finit par relever les yeux vers Aliyah. « Comment va Lola ? Et toi ? » Il s’ose à demander, et s’il est soucieux de la deuxième réponse, il s’inquiète particulièrement quant à la première.



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Message(#)ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. EmptyMer 19 Avr 2023 - 23:55



TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL
@Kieran Halstead


EXORDIUM.
A quoi je m’attendais exactement ? Un sourire heureux ? Du soulagement alors que Kieran vient tout juste de sortir de l’hôpital - j’ai reçu l’information à l’aide d’un coup de téléphone à l’accueil de l’hôpital ? Ce qui, plus tôt, m’apparut comme une excellente idée me pétrit désormais de gêne. J’ai l’air fin avec mon plat de lasagne entre les bras, mes indications soufflées sur le ton de l’impératif, tout bienveillant soit-il, à me demander s’il n’avait pas d’autres projets pour la soirée ? Certes, le jeune artiste opéra un geste malheureux à l’encontre de sa vie, mais n’est-ce pas réducteur d’envisager qu’il est seul ? Que d’aucuns n’auraient nourri les mêmes intentions que moi ? Que Kieran est peut-être bien accompagné et que je tombe tel un cheveux sur une soupe dans un restaurant pourtant réputé ? J’en viens naturellement à m’excuser pour cette intrusion, le cœur battant d’être renvoyée dans mes buts. Il serait en droit de m’asseoir de force sur le banc des réservistes. Je ne suis personne pour m’imposer. Que le geste soit louable ne me pardonne en rien et mes pupilles glissent désormais jusqu’à mes pieds. Je ressemble à un gosse pris en défaut qui patiente avec angoisse et qui se languit de découvrir à quelle sauce il sera mangé. Quelle serait ma sanction si j’étais une gosse ? Aurais-je droit à autant de douceur de la part de mon interlocuteur ? Il s’explique en bafouillant et je regrette mon audace. Je la déplore jusqu’à ce que j’intègre, grâce à la bonhomie du blessé de l’âme, que sa surprise découle de la mienne et non de ma présence. «Ne le sois pas. C’est moi. J’aurais dû te téléphoner avant, vérifier que tu avais envie d’avoir de la visite. Je suis partie du principe qu’à ta place, ça m’aurait fait du bien. Je me dis d’ailleurs que tu attendais peut-être quelqu’un…» Le cas échéant, quoique je me répande en désolation, je m’éclipserai… lorsque je serai convaincue que mon ami - c’est bien ce que Kieran représente à mes yeux - sera en sécurité. «Et, si tu veux, on peut s’occuper de tout ça ensemble. Je peux remettre un peu d’ordre, aérer, tout ça…» Nul n’est venu débarrasser et dépoussiérer les lieux durant son absence. «Pendant que ça réchauffe et que tu ranges ton sac.» Celui-là, il relève de son intimité, je n’y mettrai pas la main. Le reste, c’est dans mes cordes. «Ce serait un plaisir pour moi. Ne me dis pas non parce que tu serais embêté pour moi. Tu sais comme j’aime rendre service.» ai-je conclu d’un clin d’oeil, sous-entendant que toute protestation sera entendue, mais balayée par des arguments probants. «Je ne fais jamais rien avec le coeur, et ça aussi, tu le sais…» Je renchéris en déposant mon plat sur le plan de travail de sa cuisine. En partie lavée de mon malaise - il me demeure un soupçon de gêne plutôt tenace - je règle le four sur la température adéquate et adresse à Kieran un sourire des plus étirés. «Une pizza surgelée, ça ne nourrit pas, ça coupe la faim, c’est juste une illusion.» ai-je ajouté pour mieux respecter le silence. Pas question de brusquer le jeune homme tant adoré par Lola. Je veille à ce qu’il digère toutes les informations que je livre avec un débit plus rapide que celui d’une mer agitée par un vent de tempête. J’attends qu’il reprenne la parole en tirant de mon sac le dessin réalisé par ma petite fille à son égard. Je ne le lui tend pas, pas encore. Inutile de forcer la conversation faute à la précipitation. Lentement, je me dirige vers la fenêtre pour l’ouvrir. Les restes de sa vie d’avant son hospitalisation, je n’y touche pas, pas sans autorisation. Il est maître de peindre ces instants que nous passerons ensemble de la couleur qui lui conviendra. Sincère, je le pense. Je suis ravie qu’il s’adresse à moi cependant. La grimace qui, jusqu’ici, ne m’a pas quitté, fend davantage mes traits tandis que je lui confie le précieux de ma fillette. «Elle va bien.» Je ne lui confierai pas qu’elle s’est tracassée pour lui et que les rumeurs courant l’ont heurtée : je ne suis pas là pour alourdir des épaules sans doute lestées de culpabilité, de douleur ou autres émotions négatives. «Elle a fait ça pour toi. Elle veut que tu me dises si ça te plait, si elle s’est améliorée en matière de perspective et de…. je ne sais plus exactement ce qu’elle a dit, mais je suis convaincue que tu sais de quoi je parle.» Un rire ricoche contre les murs de l’appartement. « Je lui ai dit que si tu n’étais pas trop fatigué, on l’appelerait, mais il n’y a pas d’obligation évidemment.» La seule, sur l’heure, est de nous entourer d’authenticité et de nous activer pour ennoblir l’ambiance des lieux. «Et toi ? Est-ce que c’est bienvenu de te demander comment tu vas ? » La question est large : je n’évoque pas que l’instant. Je cherche aussi à comprendre ce qui lui est passé par la tête à Kieran. Je m’interroge aussi sur les raisons qui l’ont empêché de m’appeler à l’aide. Je la distribue à l’envi comme une raison de vivre, parce que c’est plus facile de m’inquiéter des autres que de régler mes propres soucis. Ceci étant, je ne tranche pas dans le vif de ce qui m’interloque. J’avance à tâtons, petit pas après petit pas. «Oh et moi… j’approche tout doucement de mes objectifs, mais je te raconterai tout ça en mangeant. Tu m’aides à mettre la table ? »
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Kieran Halstead
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AVATAR : dan cutie pie smith.
CRÉDITS : (ava) @harley ♡ (dessin) mapartche ♡ (sign) astra (gifs) @raquelsgifs, @harley, @hiddlestonss, @womenrph, @aboutstark, @marril96 (ub) @loonywaltz.
DC : finnley coverdale (domhnall gleeson) & maisie moriarty (daisy edgar-jones).
PSEUDO : leave.
Femme (elle)
INSCRIT LE : 01/03/2020
https://www.30yearsstillyoung.com/t29377-
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Message(#)ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. EmptyDim 7 Mai 2023 - 22:58

Kieran ne s’attendait pas à recevoir de la visite à peine quelques heures après sa sortie de l’hôpital. À vrai dire, il a pris soin de n’informer personne de celle-ci, afin de s’assurer un retour en douceur chez lui, sans la pression d’un regard porté sur lui à mesure qu’il reprendrait ses marques dans cet appartement. Surtout, il n’avait aucune certitude quant au fait que les preuves de son geste aient été effacées ; et compte tenu de l’état dans lequel il a laissé sa chambre – s’il en croit le récit de Spencer au moment de le découvrir – il n’est pas certain qu’il aurait pu affronter cela avec quelqu’un. Il n’était pas non plus certain de pouvoir y arriver seul ; mais tant qu’à devoir se confronter à la réalité, il aurait préféré ne pas avoir de témoin de son désespoir. La vérité, c’est que Kieran n’avait aucune idée de la façon dont sa sortie se déroulerait. S’il était en mesure de rejoindre cet appartement, où s’il préférait trouver une excuse pour ne pas reprendre possession des lieux tout de suite. S’il allait devoir affronter la curiosité des voisins ou même de certaines connaissances. S’il allait simplement rentrer chez lui, ou si l’anxiété liée à cette liberté retrouvée l’aurait fait glisser sur un autre chemin sans même passer par la case « efforts de sa part ». La seule chose à laquelle il s’attendait, à vrai dire, est le coup de téléphone quotidien de sa sœur ; et compte tenu du fait qu’elle a pris l’habitude de passer par la réception de l’hôpital s’il a le malheur de ne pas décrocher, elle aurait appris tôt ou tard pour sa sortie et aurait été capable de prendre le premier avion pour le rejoindre. Parce qu’il a déjà suffisamment suscité son quotidien, ce n’est pas une option qui lui paraît envisageable. Toutefois, elle aurait pu être maîtrisée, l’avantage de la distance lui permettant de communiquer en ayant seulement sa voix à moduler pour paraître convaincant, s’évitant ainsi d’avoir également à songer à chacune de ses expressions. Mais à cet instant, face à Aliyah, c’est un travail épuisant qui semble l’attendre alors qu’il se doit de paraître plus en forme qu’il ne l’est réellement, trouvant le juste milieu entre un visage fatigué, mais apaisé. S’il se montre trop réjoui, il sera percé à jour ; s’il se montre lui-même, il le sera aussi. C’est une autre chose à laquelle il s’est plus ou moins préparé à être confronté ; sauf qu’il s’imaginait avoir le temps de songer aux questions qu’on lui poserait et, surtout, à toutes les réponses qu’il pourrait donner ; et tous les détails qui sauraient rendre le tout probant. Des couches entières de subtiles précisions pour mieux dissimuler l’ampleur de son mensonge. Mais face à Aliyah, c’est pourtant la vérité nue qu’il doit assumer ; et le fait qu’il vient à peine de rentrer, qu’il est déstabilisé et qu’il n’a pas encore su reprendre ses marques. 

« Ne le sois pas. C’est moi. J’aurais dû te téléphoner avant, vérifier que tu avais envie d’avoir de la visite. Je suis partie du principe qu’à ta place, ça m’aurait fait du bien. Je me dis d’ailleurs que tu attendais peut-être quelqu’un… » Et il s’en veut de causer une gêne aussi perceptible. Un instant, il est tenté de souligner qu’il n’y a personne ; sans quoi il n’en serait probablement pas là aujourd’hui, mais la réflexion est probablement inadaptée. « Oh euh, non, non, j’attends personne, t’en fais pas. » Il admet, tentant d’afficher un sourire pour que la jeune femme comprenne que sa présence n’est pas un fardeau. Il aurait préféré la retrouver dans d’autres circonstances, c’est certain, mais il a toujours apprécié le temps passé en sa compagnie. « Et, si tu veux, on peut s’occuper de tout ça ensemble. Je peux remettre un peu d’ordre, aérer, tout ça… » Un coup d’œil aux alentours suffit à comprendre que le travail est conséquent ; et Kieran, dans son crainte habituelle de déranger, n’envisage pas d’infliger ça à la jeune femme. « Pendant que ça réchauffe et que tu ranges ton sac. » -  « Oh, tu sais, il peut attendre. » Il affirme, alors qu’à part des habits et quelques carnets, il n’y a guère d’effets personnels qui se doivent de retrouver rapidement leur place. « Ce serait un plaisir pour moi. Ne me dis pas non parce que tu serais embêté pour moi. Tu sais comme j’aime rendre service. » Cette fois, le sourire qu’il esquisse est sincère alors qu’Aliyah a su lire dans ses pensées. « Je ne fais jamais rien avec le coeur, et ça aussi, tu le sais… » Oui, il connait suffisamment la jeune femme pour savoir qu’elle se propose en toute connaissance de cause et avec plaisir ; et cela ne l’empêche pas de protester pour autant. « Mais je t’assure, je veux pas profiter de ta visite pour te reléguer au ménage. » Et même si ladite protestation ne sera sûrement pas écoutée, il n’empêche qu’il a besoin de l’en assurer. « Une pizza surgelée, ça ne nourrit pas, ça coupe la faim, c’est juste une illusion. » - « Ouais, tu vois, justement. Déjà que tu me nourris, je vais pas encore t’en demander plus. » Il n’est pas du genre à demander l’aide des autres – ça s’est vu. « Quoi que, à la rigueur, tu peux m’apprendre quelques tips en cuisine. » Ce sera toujours bon à prendre et, surtout, ça saura les occuper sans avoir à parler des choses sérieuses, de celles qui les poussent à ne plus savoir comment se comporter l’un avec l’autre.

Mais Aliyah file déjà vers la fenêtre qu’elle ouvre, permettant à un air bien plus frais d’envahir la pièce. De son côté, il continue de ramasser les ordures les plus envahissantes qu’il met tantôt à la poubelle, tantôt ans les bacs de tri, avant de s’emparer de son sac près de la porte qu’il glisse dans sa chambre dont il referme soigneusement la porte. Et lorsqu’il s’aventure à demander des nouvelles de Lola, il craint déjà la réponse ; le dessin qu’Aliyah lui tend ne fait qu’accentuer son malaise. « Elle va bien. » Son regard glisse sur l’œuvre entre ses mains, qu’Aliyah s’empresse de commenter. « Elle a fait ça pour toi. Elle veut que tu me dises si ça te plait, si elle s’est améliorée en matière de perspective et de…. je ne sais plus exactement ce qu’elle a dit, mais je suis convaincue que tu sais de quoi je parle. » Le rire qui est le sien un instant est sincère, avant de s’éteindre aussitôt en songeant à la version que l’enfant a pu entendre ; peu importe la manière dont elle a pu être édulcorée, elle a été mise au courant d’une façon ou d’une autre, suffisamment pour se sentir obligée de lui faire ce dessin et de prouver son affection pour lui. « Je lui ai dit que si tu n’étais pas trop fatigué, on l’appelerait, mais il n’y a pas d’obligation évidemment. » Mais il peut imaginer qu’elle sera déçue s’il ne l’appelle pas ; et il a déjà causé bien assez de déconvenues autour de lui pour ne pas ajouter celle de Lola à la liste de ses fautes.  « Non, on l’appellera, comme ça je pourrai la remercier et lui dire de vive voix que ça me plait vraiment beaucoup. » Il souligne, son regard toujours posé sur le dessin pour ne pas avoir à le relever vers Aliyah. « Et la féliciter de s’être autant améliorée en termes de perspective et d’espace. » Il complète les paroles d’Aliyah, ajoutant rapidement. « Je vois qu’elle s’est aussi améliorée sur les couleurs, j’ai galéré à lui expliquer le principe de perspective atmosphérique avec un vocabulaire adapté, mais elle a l’air d’avoir saisi l’idée. » Il songe à voix haute avant de relever les yeux vers Aliyah. « Et là tu regrettes ta proposition en sachant la conversation qui t’attend ? » Car quand on le lance sur le sujet, il est incapable de s’arrêter ; et Lola aura probablement droit à un vrai cours par téléphone. « Et toi ? Est-ce que c’est bienvenu de te demander comment tu vas ? » Pas vraiment ; non pas parce que la question est déplacée, mais parce qu’il ne sait pas comment y répondre. « Si je suis dehors, c’est que ça va. » Il met en avant des faits pour répondre à la question ; l’hôpital ne l’aurait pas renvoyé chez lui s’il n’avait pas su montrer que son état s’améliorait. « Oh et moi… j’approche tout doucement de mes objectifs, mais je te raconterai tout ça en mangeant. Tu m’aides à mettre la table ? » - « Quel suspense. » Il souligne avant de se diriger vers le tiroir où se trouvent les couverts pour en sortir deux jeux, et en se dirigeant vers la table à manger située derrière le canapé, il profite de cette courte distance pour ne pas avoir à garder contenance alors qu’une question s’impose de plus en plus à son esprit, jusqu’à ce qu’il finisse par relever les yeux vers Aliyah et lui demander : « Qu’est-ce qu’elle sait ? » Le ton est solennel, mais néanmoins inquiet, alors qu’il précise. « Lola, qu’est-ce qu’elle sait ? » Et les autres ? Et l’école ? Et elle-même, est-ce qu’elle a su découvrir des détails qu’il a pris soin de garder pour lui ?

@Aliyah Reeves ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. 1949770018



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TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL
@Kieran Halstead


EXORDIUM.
Nouvelle leçon apprise par la vie : la bienveillance doit être bornée au risque de tomber dans l’indélicatesse. Sur l’instant, face à Kieran à peine de retour de son hospitalisation, je fais les frais des débordements de mon syndrôme de l’infirmière. Je suis embarrassée à mesure que je réalise que j’ai agi et réagi, à l’instinct, mais comme une intruse. Je n’ai pas envie de le déranger, l'instituteur de ma fille. Je ne veux pas non plus lui donner le sentiment que je nourris envers lui une pitié déplacée. Je ne me suis pas chargée de mon plat de lasagnes pour remuer le couteau dans une plaie encore ouverte au risque de l’infecter. J’avais à coeur de me présenter en amie et, devant mon échec, je présente d’humbles et sincères excuses. Que dire d’autres, de toute façon ? Tête basse, je relève vers mon hôte un regard chargé de mon désappointement en lui offrant une porte de sortie. L’artiste aurait pu la pousser, arguant qu’il attendait effectivement quelqu’un d’une minute à l’autre. Au lieu de ça, il bafouille qu’il n’en est rien, qu’il n’a prévu aucun plan pour l’accompagner en ce début de soirée. Puis-je en déduire que, faute de mieux, ma présence fera bien l’affaire ? Est-il au contraire trop poli pour me chasser ? Normalement, la bienséance exigerait que je marche sur des oeufs désormais. Peut-être qu’elle aurait imposé à une autre de déposer son plat sur le plan de travail de la cuisine et de filer aussi vite qu’il n’est arrivé. Moi, je parle sans réfléchir pour colmater les brèches de mon malaise dans la carapace factice de mon assurance. Je propose mon aide pour ranger, rendre une forme agréable aux lieux, les assainir - si tant est que ça soit possible - des mauvais souvenirs inhérents au décor. Je me permets même d’insister sans me figurer que je frôle l’oppression. Suis-je pendable pour mon comportement ? Sur l’instant, la question m’effleure à peine. Je ne mesure pas encore mon ingérence et j’insiste, lourdement. Je reçois un sourire sincère en retour, mais il y a comme un faux contact entre les yeux éteints de mon interlocuteur et la chaleur de sa grimace. Dès lors, mes travers me sautent aux yeux et je suis envahie par l’émotion. Mon menton est instable et je mords l’intérieur de mes joues pour interdire les larmes de couler. Mes emmerdes, elles n’ont pas à interférer avec mon projet initial, projet que Kieran peut refuser parce que c’est son droit le plus légitime, ça l’est autant qu’un besoin de solitude. Je me distingue par un silence parasité par la soufflerie du four et par le verre du plat glissant sur le plan de travail. Déciderais-je de m’en aller - ou de le proposer - que mes préparations culinaires le nourrirons, en guise de pardon et parce que j’ai assemblé pâte, sauce et fromage davantage pour lui que pour ravir mes papilles. «Très bien. Je n’en dis pas plus.» ai-je fini par rétorquer, un rien plus calme, quoique prête à vérifier s’il me préfère ici, avec lui ou ailleurs, en l’occurrence, chez moi.

Je crois que s’il n’avait manifesté aucun enthousiasme - relatif - à l’idée de manger plus nourrissant qu’une pizza surgelée, je lui aurais posé cette question qui me taraude. A défaut, je lui décoche mon plus beau sourire. «En réalité, tu ne m’as rien demandé du tout, tu pourrais profiter du coup de main, mais va pour les conseils “cuisine”.» ai-je acté, babillant déjà au sujet de ma lasagne artisanale. Je lui explique la facilité de la recette, sans livrer les secrets d’abuela Fernandèz. En discutant, j’ouvre la fenêtre et je respire amplement l’air frais, fermant les yeux tandis qu’un dernier rayon de soleil me caresse le visage. J’aime la chaleur de cet astre qui ranime mon optimisme. Je le suis et j’aspire à ce que Kieran comprenne que je ne vais pas l’interroger comme un agent de la gestapo. Mon but ? Prendre de ses nouvelles. Egayer les heures à venir. L’aider à se souvenir, avec subtilité - si j’en ai - qu’il n’est pas seule, qu’une myriade de gosses tient à lui, une ribambelle à laquelle appartient ma fille. Je lui tends d’ailleurs le dessin qu’elle a réalisé pour lui et, j’avoue, je me doutais qu’il serait touché. En outre, je ne m’attendais pas à ce qu’il le soit tant. Par réflexe, pour tuer dans l’oeuf un silence gênant, j’ai renchéri à propos de la volonté de ma fille de progresser. J’ai mis en avance ces éventuelles progrès et sa requête. «ça va tellement lui faire plaisir. Merci Kieran.» ai-je commenté en saisissant sa main libre dans la mienne. Je l’ai serré très fort, mais je ne l’ai pas gardé longtemps. Je n’ai pas non plus ajouté que Lola est inquiète pour lui. Il n’est pas idiot, il présume sans mal que la rumeur de son acte a parcouru les couloirs de l’école, aggravant les faits, les amplifiant, laissant aux gosses tout le loisir d’être horrifié. Le moment serait-il adéquat que je lui en toucherais un mot. Je ne l’envisage pas. «D’espace, c’est ça. » Mes doigts ont claqué l’un contre l’autre.  «Elle aime vraiment ça. Dessiner. Mais, elle aime aussi que tu sois fière d’elle.…» Le four sonne, déjà. Il est chaud. Nous avons 25 minutes pour dresser une table. Facile, normalement. J’ai aussitôt enfourné notre repas sans inquiétude, bavardant sur tout, et surtout, sur le “rien”, sur la normalité et les quelques petites nouveautés de mon quotidien que je reporte à plus tard.

M’étais-je préparée à ce qu’il me pose la question qui fait mal ? Qui nous fera mal à tous les deux ? Non ! Au contraire, j’aurais anticipé ma réponse. Je n’aurais pas écarquillé de grands yeux effarés. Pas grand chose. La version officielle, c’est que tu as eu un accident. La direction a fait son maximum pour endiguer les bruits qui courent, mais tu sais comment sont les parents. ai-je avoué puisque je déteste mentir. «Je suppose que si tu me poses la question, c’est pour te préparer à ton retour et savoir comment affronter tout ça.» Pour quelles autres raisons ? Il a besoin de savoir où il va mettre les pieds, à quelle sauce il va être dégusté par les fauves. C’est légitime et, a fortiori, je ne l’insulterai pas en lui taisant l’important. « Certains parlent de la vérité sans les détails. Parfois, ils en inventent. Les enfants répètent et on ne peut pas leur en vouloir. Pour ma part, je ne sais rien ou je n’ai prêté aucun crédit à ce qu’il s’est dit. Quant à Lola, j’ai confirmé la thèse de l’accident à Lola. Tu es libre de dire ou d’expliquer ce que tu veux et de la façon que tu le veux à tout le monde, et par dessus-tout, quand tu seras prêt.» Et pourtant, une question m’échappe sans que je ne réussisse à la retenir. «C’était un accident, n’est-ce pas ?» Derrière ces mots se cache de l’inquiétude et un désir de l’entendre me confesser que c’était avant tout une erreur de jugement, qu’on ne l’y reprendrait pas et qu’il ne va pas mieux “parce que les médecins l’ont laissé sortir”, mais parce qu’il aurait intégré qu’il aime la vie, à défaut d’être épanoui par la sienne.

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Kieran Halstead
Kieran Halstead
les cicatrices de la mémoire
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ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. MTtf4TM Présent
ÂGE : trente-cinq (14.07). aïe.
SURNOM : « kiki » (couché, grrrrhhhh).
STATUT : c’est bien aussi la solitude, on s’y habitue (non, pas du tout #help).
MÉTIER : illustrateur (fauché) en freelance et prof (dépité) d’arts visuels.
LOGEMENT : #18 james street, fortitude valley, avec cesar (le coloc) et waterproof (le corgi).
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POSTS : 4054 POINTS : 200

TW IN RP : dépression, pensées suicidaires, tentative de suicide, relation toxique, maltraitance, abus physiques et psychologiques, harcèlement scolaire, dépréciation, troubles anxieux, distorsion corporelle, mention d'agression physique (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡).
ORIENTATION : J'aime les jolies filles.
PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022.
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RPs EN COURS : ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. Tumblr_inline_plhd1mS2X01slbpsl_1280 halstay #12, #13 & ua #3 (parents) ⊹ i hope your ghost will haunt me, i hope i hear you calling my name at 3am. 'cause honey, i love you dearly and i cannot bear you leaving again, not again. oh, i hope your ghost will haunt me 'til the end.

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spencer #5 ⊹ i've been begging, hope you're listening. i've done my wrongs but i'm someone different.

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ally ⊹ oh, if i can take something to make me feel better than i'm feeling now and everything else will work itself out.

(13/06 - vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais compte. moi, si je devais résumer le rp aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres)ginny (fb)ceciliashilohwildalfly #17 (ua)danaëolive #2greta #2
RPs EN ATTENTE : flora #3
RPs TERMINÉS : ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. MokPW9e
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Message(#)ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. EmptyMar 23 Mai 2023 - 23:57

tw : tentative de suicide

Il ne devrait pas s’en soucier. Il ne devrait pas se soucier de l’état désastreux de son appartement, laissé à l’abandon durant des semaines, et déjà mis à mal par l’évident manque de vie de son occupant. Ce n’est pas tant de la faute de sa lente agonie que le fait qu’il ne possède pas de souvenirs à emmagasiner qui puissent rendre cet endroit moins austère. Un coup d’œil suffit à comprendre que les décorations qui tentent d’égayer les lieux n’ont rien de personnelles ; et qu’il s’agit seulement d’objets à l’esthétique qui lui convient, mais qui n’ont aucune valeur sentimentale. Un feu aurait pu réduire cet appartement en cendres durant son absence qu’il n’aurait probablement regretté que ses carnets à croquis, et ce n’est même pas garanti tant il est le premier à dénigrer son talent. Il ne devrait pas plus se soucier de son état physique ; l’excuse concernant celui-ci étant plus que recevable après les récents événements, et quiconque avec un minimum de jugeote ne s’attendrait pas à retrouver un Kieran au meilleur de sa forme, sans même avoir le détail de toutes les procédures par lesquelles il est passé et les soins qui continuent d’être les siens pour relancer les fonctions vitales de son corps. Ainsi, un teint gris et des joues plus creusées n’ont rien de particulièrement effrayant dans de telles conditions, il pourrait même s’en servir comme motivation à reprendre le dessus s’il n’était pas aussi ambivalent quant à son acte désespéré. Il ne devrait pas se soucier de toutes ces choses ; mais c’est mal connaître Kieran que de supposer qu’il puisse se trouver des excuses, ou du moins, les entendre lorsqu’il est le premier à les formuler. Il s’excuse, mais il continue pourtant de s’en vouloir pour absolument tout ; alors même qu’il aurait toutes les raisons d’en être préservé. « Très bien. Je n’en dis pas plus. » Le timide sourire qu’il lui adresse est sincère alors qu’il est toujours désolé de l’accueillir dans de telles circonstances, mais qu’il n’a aucune envie d’en profiter pour lui demander de l’aider à mettre de l’ordre dans cet appartement. Ce n’est pas son rôle et, de toute évidence, il a besoin de s’en charger lui-même pour reprendre ses marques. « En réalité, tu ne m’as rien demandé du tout, tu pourrais profiter du coup de main, mais va pour les conseils “cuisine”. » Sauf que Kieran n’a jamais été un profiteur et ne le deviendra probablement jamais, et qu’à défaut, il tend l’oreille pour écouter les précieux conseils culinaires d’Aliyah, posant des questions de temps à autre pour démontrer qu’il suit, qu’il est là, sans pour autant avoir l’assurance de retenir la moitié des informations qu’elle lui transmet.

L’air frais qui envahit la pièce lui rappelle que la sienne n’est toujours pas régulée, alors que son anxiété prend le pas sur le reste. Ce n’est pas tant la présence d’Aliyah que tout ce à quoi elle le renvoie involontairement ; et toutes les explications qu’il faudra donner un jour ou l’autre, même si pour l’heure il tend à repousser celle-ci en jouant au plus ignorant. Il n’est pas certain de donner le change, mais on ne pourra pas lui enlever qu’il essaie, alors qu’il met tout en œuvre pour être plus préoccupé par des recettes de lasagnes que par son état d’esprit embrouillé. Mais la mention de Lola menace cet équilibre précaire lorsqu’il songe au moment fatidique où il faudra l’assumer en dehors de son cercle amical, quand bien même il conserve l’espoir que les détails n’aient pas été révélés. Il ne s’est jamais autant félicité d’avoir si peu de contacts qu’à cet instant où il se rêve tellement insignifiant que personne n’a cherché à prendre des nouvelles ou à imaginer des hypothèses sur son cas. Mais il sait aussi que les nouvelles vont vite, bien trop vite, même quand on prend soin de n’en donner à personne. Le regard capté par ce dessin, autant par intérêt que par lâcheté d’assumer celui d’Aliyah posé sur lui, il n’a pas le cœur à refuser l’appel que lui propose son amie. « Ça va tellement lui faire plaisir. Merci Kieran. » Il pince les lèvres, secoue doucement la tête, alors qu’un instant, il en vient à oublier sa culpabilité quand il complète les explications d’Aliyah, et que la main de celle-ci exerce une pression sur la sienne, lui permettant de se recentrant sur le moment présent. C’est doux, c’est chaleureux, et un instant alors qu’elle lui rappelle sa présence, il en oublie à quel point c’est cette solitude qui lui a pesé. « D’espace, c’est ça. » -  « Elle est vraiment douée. » C’est ça, oui, et il poursuit autant par passion que pour s’accrocher à un sujet qui ne lui donne pas l’impression d’être une bombe prête à exploser. « Elle aime vraiment ça. Dessiner. Mais, elle aime aussi que tu sois fière d’elle.… » Et cette fois-ci, lorsqu’il relève les yeux, la surprise est perceptible dans son regard. « Elle pense que je ne le suis pas ? » Kieran a toujours été modulé par l’avis des autres ; et même ceux de gosses ont une valeur essentielle pour décider de la sienne. Pourtant, pour la majorité de ses élèves, la question ne le préoccuperait pas, il n’a pas d’autres rapports que celui d’un professeur qui enseigne et parvient à garder la distance avec son envie d’être apprécié, mais c’est différent pour Lola. Lola n’est pas qu’une élève parce que sa mère est une amie, parce qu’il la côtoie au-delà des murs de l’établissement et que l’enfant s’est, au même titre que sa mère, imposée comme une constante dans son quotidien chaotique. « Je le suis, bien sûr que je le suis. » Il précise inquiet, se faisant déjà la note mentale de ne pas manquer de le dire à la principale concernée quand l’occasion se présentera.

Il y a autre chose qui suscite son inquiétude ; et à en croire la réaction d’Aliyah, il aurait dû réfléchir plus longuement avant que la question ne franchisse ses lèvres. Mais s’il avait justement été en capacité d’y songer, jamais il ne l’aurait pas formulée. « Pas grand chose. La version officielle, c’est que tu as eu un accident. La direction a fait son maximum pour endiguer les bruits qui courent, mais tu sais comment sont les parents. » La première partie de sa phrase le rassure, la seconde l’achève. Kieran ferme les yeux un instant, le plat de sa main qui vient caresser son arcade sourcilière jusqu’à son front, ses doigts crispés, dans un geste qui traduit de sa nervosité à cette idée. Un accident, c’est une bonne version, mais probablement une à laquelle plus personne ne croit étant donné que c’est son deuxième séjour à l’hôpital en un an en soins intensifs, mais il lui reste la possibilité d’inventer une histoire qui tienne la route. Les parents, à l’inverse, sont une menace qu’il n’arrive plus à endiguer, d’autant plus alors qu’il a déjà remué leur petit confort en se mettant en tête d’éradiquer le harcèlement scolaire dont Tom, un autre de ses élèves, est victime. Alors, en vue des récents événements, il ne doute pas qu’il sera celui à éliminer et qu’ils vont s’en donner à cœur joie. « Je suppose que si tu me poses la question, c’est pour te préparer à ton retour et savoir comment affronter tout ça. » - « Si j’y retourne. » Il reconnaît aussitôt, avant de reprendre la parole pour préciser : « ça se passe pas très bien depuis un moment, ils vont sûrement profiter de l’occasion pour me foutre dehors. » Et la perspective ne l’inquiète même pas, en réalité, démontrant aussi qu’il ne s’accroche plus à grand-chose, au fond. « Qui voudrait d’un mec pareil comme prof de ses gosses ? » Question rhétorique à laquelle il peut très bien répondre tout seul : personne. Encore moins si les explications derrière sa seconde hospitalisation sont dévoilées ; hors de question qu’un suicidaire   s’approche des enfants et il ne peut même pas les blâmer. « Certains parlent de la vérité sans les détails. Parfois, ils en inventent. Les enfants répètent et on ne peut pas leur en vouloir. Pour ma part, je ne sais rien ou je n’ai prêté aucun crédit à ce qu’il s’est dit. Quant à Lola, j’ai confirmé la thèse de l’accident à Lola. Tu es libre de dire ou d’expliquer ce que tu veux et de la façon que tu le veux à tout le monde, et par dessus-tout, quand tu seras prêt. » -  « J’expliquerai rien. » Son verdict tombe aussitôt, sévère, alors qu’il ne s’agit même pas d’un sort réservé à Lola qu’à l’ensemble du monde. « Elle est trop jeune pour ça. » Il se justifie, la voix légèrement plus adoucie, et emprise de culpabilité. Aliyah a fait le déplacement jusqu’ici et lui ne lui offre qu’une humeur chancelante, des discours hachés et une vision guère réjouissante. « Mais je... enfin, je te remercie. » De le tenir informé de ce qui l’attend, d’avoir maintenu cette thèse-là auprès de Lola, et de simplement être là aujourd’hui. « C’était un accident, n’est-ce pas ? » Son regard, fébrile, s’ancre un instant dans celui d’Aliyah avant qu’il ne le détourne, et qu’il entreprenne de continuer à dresser cette table pour que ses mains restent occupées ; sans quoi il serait amené à les lier entre elles dans un geste qui traduirait de sa pensée. « Est-ce que c’est important ? » Un instant, il a envie de lui demander si elle désire la réponse qui saura la rassurer, ou celle qui va lui faire poser un regard de pitié sur lui. Ou de colère, de gêne, et toutes ces choses qu’il ne veut pas lire chez les autres, mais auxquelles il n’échappera pas. Surtout, il n’a rien envie d’expliquer, comme il l’a déjà souligné. Il pourrait alors la renvoyer à ce sac qui ramène trois mois de sa vie dans cet appartement, à son armoire à pharmacie, vidée de tout son contenu, aux rendez-vous réguliers notés dans son agenda ou à cette nouvelle ordonnance renouvelable tant que ses reins n’auront pas réussi à récupérer du choc qu’il leur a infligé. Il pourrait lui mentir ouvertement, prétendre que tout ceci n’est qu’un hasard, parce qu’au fond, c’en est un, d’accident, seulement sa définition n’est pas la même que celle des autres. L’issue est l’accident et non le geste, comme les autres peuvent le croire. Il pourrait lui donner la même excuse qu’à Autumn ; et le fait qu’il s’est simplement confondu dans ses prescriptions – car quasiment tout ce qu’il a pris lui était, d’une façon ou d’une autre, conseillé. Il pourrait mentir, oui ; mais Kieran ne fait que cela depuis des semaines, des mois, au point où il en vient à se demander si la vérité serait réellement si terrible qu’il le craint depuis tout autant de temps. « Tu restes pas trois mois en psychiatrie si c’est un accident. » Qu’il se surprend à souligner, sans relever la tête, alors que ses gestes, mécaniques, tranchent avec la sincérité de ses mots. C’est consciencieusement qu’il occupe l’espace, passe d’un tiroir à l’autre, vagabonde entre la cuisine ouverte et la pièce à vivre, en évitant soigneusement la silhouette autant que le regard d’Aliyah. « On peut l’appeler ? » Lola, ils peuvent l’appeler ? Qu’il demande en relevant les yeux, ses mains qui viennent rapidement s’essuyer contre son pantalon pour savoir quoi en faire, et son visage neutre qui sonde celui d’Aliyah, son esprit encore dissocié entre son acte et ce qu’il ressent.

@Aliyah Reeves  ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. 893420793



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Message(#)ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. EmptySam 1 Juil 2023 - 22:46



TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL
@Kieran Halstead


EXORDIUM.
L’air vicié des grandes villes s’infiltre dans l’appartement et je réalise que, finalement, c’est presque symbolique. Peut-être qu’en chassant l’odeur de renfermé, Kieran arrivera à se sentir plus à l’aise avec ma présence. Peut-être que l’un des derniers rai du soleil striant le sol l’aidera à se rappeler que mon amitié est distribuée avec une telle générosité qu’il n’y a à s’inquiéter de prendre ce que j’offre. Je n’aspire à rien en retour. Tout est gratuit en ce qui me concerne et le phénomène est identique dès qu’il est question de sincérité. Je n’attends pas de l’autre que son authenticité soit pleine et entière. Je souhaite simplement que d’aucuns ne créent des non-dits - spécialité de Mickey -, non en me révélant un secret, mais en me précisant que j’aborde une question douloureuse. Le cas échéant, je n’ai pas été à l’origine de cette maladresse avec Kieran. Babillant autour de la cuisine, je n’ai pas tranché moi-même le vif de la chair de l’acte qui l’a conduit à l’hôpital. En mon for intérieur, mon but était de le divertir, de lui éviter cette solitude qui blesse et qui fait mal. Je le sais : j’en fais les frais. Andréa ne peut, à elle-seule, combler le manque du soutien apporté d’antan par mon mari. Quand bien même me promet-il d’être toujours présent pour moi et même si je me plie à l’habitude de lui écrire quand je frôle les trente-sixième dessous, je suis lucide sur le caractère éphémère de cette situation. Un jour viendra où il refera sa vie. Un jour peut-être, c’est moi qui lui intimerai de me rendre ma liberté pour ces raisons-là. En attendant de lever le voile sur le mystère, je tâtonne tandis que l’artiste s’inquiète du qu’en dira-t-on. Moi, je le rassure comme je le peux. Je songe, avec honte, que le mensonge serait diablement plus facile, mais je m’astreins à être honnête. Je déclame la vérité, aussi dure soit-elle, car elle l’est systématiquement après une telle épreuve et une si longue absence au sein d’un établissement scolaire. Je présume également que ce doit être compliqué d’affronter les regards des croquants de ragots si mal pensants. «Tu voudrais arrêter ? Changer de voie ? » Égoïstement, je pense à Lola qui sera déçue à outrance. Du reste, je me recentre et je comprends. Au fond, je ne serais pas surprise qu’il abandonne son poste pour s’éloigner au maximum de ce qu’était sa vie de jadis, celle qui ne le comblait compte tenu de la détresse cachée derrière son “erreur de jugement”. «Parce que ce serait trop dur pour toi ? » me suis-je enquis sans me tourner dans sa direction. Mes yeux demeurent rivés sur le four qui réchauffe la lasagne. Je n’ose affronter les émotions que renfermeraient le sien, pas maintenant, pas alors que je n’ai que des morceaux d’informations à disposition. Il convient de ne surtout pas être maladroite. Un mot de trop pourrait pousser Kieran à se refermer comme une huître et ce serait contre productif. «Moi, je voudrais d’un mec “pareil”» J’ai mimé des guillemets de mes doigts et, cette fois, j’ai cadenassé mes pupilles aux siennes. «Parce que tu es un amour avec les enfants, que tu es compétent, que tu les aides à s’épanouir… parce que tu travailles avec eux leur créativité. Tu n’es pas malsain, si c’est ce que tu penses. Il n’y a rien de malsain à…» Quoi ? Avoir avalé des médocs ? Penserais-je la même chose si, d’aventures, il avait opté pour la pendaison ? J’ai désormais l’impression qu’aucun mot ne sera le bon et j’hésite à poursuivre. Mes yeux rivés aux siens, je suis paralysée par le silence. Je n’ai plus pipé d'autres mots, si ce n’est pour répondre à la première question, la seule qui vaille ou avec laquelle je me sens moins mal à l’aise. «Et, je respecte, et je pense comme toi : elle est trop jeune. Mais, c’est aussi une curieuse. Avant de l’appeler, il faut que tu te prépares.» ai-je annoncé, la voix couverte par l’alarme du four. «C’est prêt et, pas de raison de me remercier. J’ai fait ce qui me semble juste..» C’est mon leitmotiv. Je m’y tiens. C’est un besoin à l’instar d’un autre : être soulagée de mes angoisses puisque je compte parmi ces gens qui s’occupent des autres avant de prendre soin d’eux-mêmes. Alors, oui, c’est important pour moi d’être avertie des efforts à déployer pour être présente au maximum pour mon ami, pour veiller sur lui, pour l’empêcher de trouver de bonnes raisons de recommencer. «Pour moi, oui. Parce que….» Parce que je suis envahie par un sentiment de culpabilité de ne pas avoir remarqué qu’il allait aussi mal. «Parce que j’ai besoin de croire que ç’en était un, même si tu es resté en psychiatrie trois mois. Et, si ç’en était pas un, j’ai besoin de me dire que tu es sorti en meilleure forme.» Moins jolie que “guéri”, moins utopique aussi. «Kieran…» l’ai-je interpelée en posant ma main sur son avant-bras. «Je te demande pas de me mentir, je te demande même pas de m’expliquer. Je veux juste être certaine que je peux dormir les yeux fermés.» Comprends-tu ?, lui hurle mes yeux écarquillés. Ils sont restés plantés dans ses iris claires assez longtemps pour que l’ambiance s’alourdisse au point qu’il change de sujets, sans doute pour notre bien à tous les deux. «Oui. On va faire ça de suite.» J’ai récupéré mon téléphone dans ma poche et je lui ai tendu. «Tu n’as plus qu’à appuyer. Elle attend ton appel… Moi, je vais nous servir pendant que vous discutez.» La conversation risque d’être longue. Ma gamine est volubile. «Dis-moi que tu meurs de faim, que j’ai pas l’impression d’être un ogre.» J’ai souri, mais la grimace n’est pas aussi éclatante que je ne l’aurais voulu. Trop brusque aura été la transition, beaucoup trop brusque pour moi.
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Kieran Halstead
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les cicatrices de la mémoire
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ÂGE : trente-cinq (14.07). aïe.
SURNOM : « kiki » (couché, grrrrhhhh).
STATUT : c’est bien aussi la solitude, on s’y habitue (non, pas du tout #help).
MÉTIER : illustrateur (fauché) en freelance et prof (dépité) d’arts visuels.
LOGEMENT : #18 james street, fortitude valley, avec cesar (le coloc) et waterproof (le corgi).
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POSTS : 4054 POINTS : 200

TW IN RP : dépression, pensées suicidaires, tentative de suicide, relation toxique, maltraitance, abus physiques et psychologiques, harcèlement scolaire, dépréciation, troubles anxieux, distorsion corporelle, mention d'agression physique (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡).
ORIENTATION : J'aime les jolies filles.
PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022.
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RPs EN COURS : ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. Tumblr_inline_plhd1mS2X01slbpsl_1280 halstay #12, #13 & ua #3 (parents) ⊹ i hope your ghost will haunt me, i hope i hear you calling my name at 3am. 'cause honey, i love you dearly and i cannot bear you leaving again, not again. oh, i hope your ghost will haunt me 'til the end.

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spencer #5 ⊹ i've been begging, hope you're listening. i've done my wrongs but i'm someone different.

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ally ⊹ oh, if i can take something to make me feel better than i'm feeling now and everything else will work itself out.

(13/06 - vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais compte. moi, si je devais résumer le rp aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres)ginny (fb)ceciliashilohwildalfly #17 (ua)danaëolive #2greta #2
RPs EN ATTENTE : flora #3
RPs TERMINÉS : ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. MokPW9e
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kieyer ⊹ close your eyes and think of me and soon i will be there to brighten up even your darkest night. you just call out my name and you know wherever i am i'll come running, to see you again.

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Message(#)ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. EmptyVen 28 Juil 2023 - 22:22

tw : tentative de suicide

Ses absences répétées finiront par avoir raison de son travail de professeur, Kieran en est persuadé ; et une fois encore, il ne peut même pas blâmer la direction d’en avoir marre de lui. Si son premier arrêt maladie pouvait réellement être catalogué d’accident, un an plus tôt, après qu’un cambrioleur l’ait pris pour cible jusqu’à l’en poignarder, aujourd’hui l’artiste n’a guère d’excuses pour justifier de son acte. À vrai dire, il ne s’en cherche même pas, pas alors qu’il n’a même pas voulu expliquer à son propre entourage les raisons de son acte, se cachant derrière une maladresse, alors que le corps professionnel s’est assuré que cette hypothèse soit balayée compte tenu de la durée de son hospitalisation et, surtout, son affectation dans un service plus sécurisé. Rares sont ceux au courant de ce détail puisque celui-ci (au même titre que ses émotions et son état au cours des derniers mois) a volontairement été passé sous silence par le trentenaire – et aux téméraires s’essayant tout de même d’obtenir de ses nouvelles, Kieran a été catégorique sur son désir de limiter ses visites. Mais une absence aussi longue n’est pas sans conséquences et, surtout, sans suppositions de la part de ceux qui sont maintenus dans l’ignorance, et qui ne sont pas assez proches de lui pour respecter son désir de silence. Alors ils se font des idées, les transmettent, les ajustent et finalement le fond de vérité se confond avec un large tissu de mensonges. La vérité, c’est que Kieran a attenté à sa vie. Les mensonges, ce sont les raisons qui l’ont poussé à un tel acte, qu’ils ont certainement formulé à sa place. À défaut, nulle ne doute que leur opinion sur sa personne – déjà bien peu valorisante – ne l’est d’autant moins. À quoi bon se jeter au milieu d’une mer de requins qui n’attend que de le dépecer vivant et de s’assurer de contribuer à la finalité qu’il visait, tout en dédouanant au profit d’un « instinct » de protection ? Envers leurs enfants qui ne peuvent évidemment pas être confrontés à un professeur aussi malheureux, dont l’état émotionnel pourrait finir par impacter ses élèves ? Encore une fois, il ne leur en veut pas ; lui-même se questionne quant à la version qu’il devra donner, tout autant qu’il ne se sent plus légitime d’exercer son travail. Il a toujours voulu pousser ces jeunes vers le haut, même au travers d’un domaine aussi sous-estimé que l’art, mais comment est-il supposé se montrer bienveillant et encourageant quand il est incapable de l’être avec lui-même ? Kieran est un imposteur ; il s’en rend compte un peu plus chaque jour. « Tu voudrais arrêter ? Changer de voie ? » Il hausse les épaules, peu convaincu par cette option. En réalité, sa voie est toute tracée ; il n’est pas professeur, à l’origine. Il est illustrateur, artiste, dessinateur, choisissez le terme qui vous convient, mais qui représente sa créativité au profit des autres, sans que celle-ci ne soit brimée par les administrations, les élèves récalcitrants ou les périodes réglementées de cours. Kieran a toujours espéré s’épanouir dans la profession pour laquelle il est diplômé, l’enseignement n’a toujours été qu’un moyen de gagner sa vie quand il est revenu à Brisbane, sans repères, après sa rupture. Il ne déteste pas. Il n’adore pas cela pour autant. « J’en sais rien, c’est juste que c’est pas mon travail, à la base. » Mais il n’arrive pas à s’en sortir, se cachant derrière ce qu’il considère comme un manque de talent plutôt que de reconnaître qu’il ne se donne pas tous les moyens de réussir. « Et ça se voit, j’ai aucune autorité, ma voix pèse jamais dans rien concernant l’école et mes cours sont les premiers qu’on fait sauter quand on a besoin de créneaux. » Rien de bien valorisant et qui lui donne l’impression d’avoir sa place à St-Anthony. C’est même tout l’inverse. « Parce que ce serait trop dur pour toi ? » Aliyah ne relève pas les yeux vers lui et il l’en remercie, alors que la réponse se lit à travers son regard. Évidemment que ce sera trop dur pour lui. « Tu sais comment sont les parents. » Et la direction, surtout. Quand il a alerté sur le harcèlement que subit Tom, tout a été fait pour le réduire au silence plutôt que de prendre des mesures. Alors, il est certain qu’il s’agit là d’une occasion en or de mettre à la porte le professeur qui commence un peu trop à tirer la sonnette d’alarme sur tout ce qui se passe mal au sein de l’établissement, et qui remettrait en cause des années d’un système jamais discuté, jamais inchangé.

« Moi, je voudrais d’un mec “pareil”. » Cette fois-ci, Aliyah capte son regard qu’il ne soutient qu’un bref instant, touché par cette tentative de le rassurer. « Parce que tu es un amour avec les enfants, que tu es compétent, que tu les aides à s’épanouir… parce que tu travailles avec eux leur créativité. Tu n’es pas malsain, si c’est ce que tu penses. Il n’y a rien de malsain à… » Mais ses efforts ne sont que de courte durée alors que, déjà, le malaise s’empare à nouveau de lui. Ses yeux accrochés à ceux d’Aliyah, dans une curiosité malsaine de découvrir l’issue de sa phrase et donc la mesure de ce qu’elle sait de toute cette situation, il le soutient durant un instant qui semble durer une éternité. Ni l’un ni l’autre n’ose poursuivre. « À faire une overdose. Je te laisse aller le faire entendre aux autres. » Il rétorque, acide, peu envieux qu’on continue de le prendre par pitié, avant de fermer les yeux un instant et de baisser la tête sous le poids de la honte. « Merde, je... désolé. Je suis désolé. » Il se répète, embarrassé, tentant de se justifier : « c’est un peu compliqué, en ce moment. » Il rétorque avec un rire nerveux, froid, pour tenter d’apaiser une atmosphère devenue lourde par sa faute. « Je parle avant de réfléchir. » Ou il réfléchit suffisamment pour ne pas avoir à parler. Désireux aussi de ne pas s’étendre sur toutes les qualités qu’elle lui associe, qui n’en sont pas à ses yeux. Parce qu’il ne veut pas rendre la discussion plus inconfortable qu’elle ne l’est déjà, Kieran se referme comme il le fait souvent, s’évitant ainsi de s’épancher sur ce qu’il pense et ressent. La vérité, c’est que cela va bien au-delà du monde professionnel ; personne ne veut d’un mec pareil, point. Tous les qualificatifs sont usés pour le décrire comme étant « trop », mais jamais « assez ». Jamais assez pour les autres, et Kieran le ressent un peu plus chaque jour, à mesure qu’il prend conscience que ses amis sont rares, et que ses rêves de famille sont encore loin d’être réalistes, ce qui le confronte à la solitude qui est la sienne dès qu’il passe le pas de cette porte, et des rejets perpétuels qu’il essuie. C’est peut-être un amour avec les enfants des autres, mais il souffre de ne pas pouvoir aimer les siens.

« Et, je respecte, et je pense comme toi : elle est trop jeune. Mais, c’est aussi une curieuse. Avant de l’appeler, il faut que tu te prépares. » - « Je suis prêt. » Il sera forcé de l’être. Mais il l’est, bien sûr qu’il l’est, et s’il était capable de cynisme, il lui ferait remarquer qu’il a su mentir à son entourage pendant des mois, au point où aujourd’hui celui-ci tombe de haut quant à son geste. Il est prêt, oui, il l’est d’autant plus s’il peut s’abstenir de glisser sur le terrain où ils dirigent. « C’est prêt et, pas de raison de me remercier. J’ai fait ce qui me semble juste.. » Il lui adresse néanmoins un sourire reconnaissant, et sincère, en guise de remerciement silencieux. Sourire timide qui disparaît aussitôt qu’elle pose une question à laquelle il s’attendait. Oui, mais pas maintenant. Pas tout de suite, pas alors qu’il n’a pas encore eu le temps de reprendre ses marques. « Pour moi, oui. Parce que… » Kieran sent sa gorge se nouer et son cœur s’accélérer. Son regard se pose sur Aliyah alors qu’il essaie de la convaincre de ne pas poursuivre cette phrase. Pas pour partager des inquiétudes qu’il ne saurait rassurer. Il le voudrait, oui. Il le voudrait réellement, mais il mentirait. « Parce que j’ai besoin de croire que ç’en était un, même si tu es resté en psychiatrie trois mois. Et, si ç’en était pas un, j’ai besoin de me dire que tu es sorti en meilleure forme. » C’est au moins un aspect sur lequel ils se rejoignent ; ils ont besoin de croire que c’en était un. Alors que ses lèvres sont scellées et que Kieran réfléchit à la réponse qui saurait atteindre le juste milieu entre ses réels sentiments et ceux qu’il peut continuer à prendre pour la tranquillité d’esprit d’Aliyah, celle-ci pose sa main sur son avant-bras, comme si elle se rendait compte qu’il lui échappait et qu’il faut l’ancrer à nouveau dans la réalité. « Kieran… Je te demande pas de me mentir, je te demande même pas de m’expliquer. Je veux juste être certaine que je peux dormir les yeux fermés. » La nervosité qui accentue toujours plus les battements de son cœur lui donne l’impression que celui-ci va imploser d’une minute à l’autre, alors que sa gorge nouée l’empêche de formuler une réponse, autant que toutes ses émotions qu’il réprime depuis des semaines, des mois, et qui menacent d’exploser au coin de ses yeux. Alors il pense à Lola. Lola, leur lien commun, utilisée à cet instant comme une médiatrice malgré elle. « Oui. On va faire ça de suite. » - « Merci. » Ses mains tremblantes le trahissent alors qu’il s’empare du téléphone de la jeune femme sans lui adresser un regard. « Tu n’as plus qu’à appuyer. Elle attend ton appel… Moi, je vais nous servir pendant que vous discutez. » -  « Merci. » Qu’il répète pour tenter de remettre ses idées au clair, faisant dos à Aliyah qui continue de babiller, expirant bruyamment pour tenter de contrôler sa respiration, fermant les yeux pour se concentrer, passant sa main sur son visage pour essuyer les traces de fatigue. Son doigt glisse sur le bouton d’appel, et très vite, Lola répond, et dès qu’elle comprend qu’il ne s’agit pas de sa mère mais bien de Kieran, exige aussitôt un facetime pour lequel il redouble d’efforts pour ne rien laisser paraître. Il n’a pas besoin de forcer un large sourire quand il aperçoit Lola, mais sa voix demande plus de discipline pour en dissimuler les vibrations incertaines, bien que l’exercice soit si habituel qu’il ne lui est pas difficile de s’y remettre. Aux questions de Lola, il demeure vague, usant du terme accident précédemment employé par Aliyah, ajoutant de très légers détails visant à accentuer l’aspect maladroit (un manque de chance, une malheureuse allergie comparable aux effets des noix pour sa camarade Emma – afin qu’elle puisse même visualiser et qu’il en soit d’autant plus crédible). Il détourne l’inquiétude de l’enfant sur ses progrès qu’il félicite, et conclut même en riant de bon cœur à une plaisanterie avant qu’il ne redonne le téléphone à Ali des fois qu’elle aurait quelque chose à transmettre à Lola. Ces quelques instants sont salvateurs, alors que son expression se fait plus grave, moins enjouée, moins fausse surtout et qu’il s’autorise à retirer le masque nécessaire pour apaiser Lola, évitant le regard d’Ali quant au fait qu’il lui a menti. C’est pour le mieux, elle le sait autant que lui.

« Ça sent super bon. » Qu’il finit par reprendre une fois Aliyah libérée, et qu’ils se retrouvent à nouveau tous les deux, l’un face à l’autre. Il a déjà usé de la discussion superficielle pour connaître les étapes de préparation, et il reste silencieux un long moment, à la recherche d’une conversation tout aussi distante. « C’était pas un accident. Mais c’était pas prévu non plus. » Qu’il se surprend pourtant à dire. L’ambiance est pesante, faite de non-dits et le sera sans doute encore longtemps. Alors il préfère ne plus ignorer cette tension entre eux ; car c’est en l’évoquant qu’il parvient, paradoxalement, à la faire quelque peu diminuer – de son côté, du moins. Il ne s’est pas réveillé ce matin-là en sachant comment sa journée se déroulerait, ou plus particulièrement comment elle se finirait. « J’aimerais te faire ces promesses, Ali, mais j’y arrive déjà pas envers moi-même. » Il ne les formule pas, mais elle sait ce dont il parle. Être en meilleure forme. Ne pas recommencer. Trouver de quoi s’accrocher. « Tout ce que je sais, actuellement, c’est que j’essaie. » Il précise, plantant sa fourchette dans sa part de lasagnes, déstructurant celle-ci à force de jouer avec plutôt que de relever son regard brillant en direction d’Aliyah. « J’essaie d’être en meilleure forme, vraiment, je t’assure, je fais que ça. » Il poursuit, précisant : « Je peux pas encore dire que c’est une réussite. Mais je peux te dire que c’est pas aussi pire que... » Qu’avant. « Je veux que tu puisses dormir les yeux fermés, et tu peux. C’est pas ta responsabilité. Ça l’a jamais été et ça le sera jamais. » Il lui assure, quelque peu lassé. Ce n’est pas elle le problème, c’est surtout que les efforts sont incommensurables pour des résultats à peine perceptibles. « C’est justement ça, le problème. Je suis comme un fardeau pour les autres, et pour moi aussi, et j’ai plus envie que ce soit le cas. » Il admet, marquant un court silence en réalisant ce que ses paroles peuvent induire et ajoutant aussitôt : « J’apprends à me détacher de cette impression. Ça prendra du temps, c’est tout. » Il a essayé pendant plus de trente ans. Il s’est cassé la figure, et c’est paradoxalement dans l’épuisement de se tuer – presque – à essayer de s’aimer qu’il y voit enfin une lueur d’espoir. Elle pourra dormir tranquille ce soir, oui. Et sûrement bien d’autres soirs encore. Il a besoin de s’en persuader, et il est convaincu qu’il y arrivera.

@Aliyah Reeves ALIYAH & KIERAN #1 ➻ TU AS TOUT, MAIS TU N'AS PAS SOMMEIL. 1949770018



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