MARS 2023 L’Europe. Mitchell l’avait quitté il y a tout juste deux jours pour rejoindre sa triste vie. Il avait laissé Sofia, amnésique dans les bras de son époux, il avait laissé sa petite sœur Meryl se remettre de ses émotions suite à l’événement dans la petite ruelle et il n’avait pas pris le temps de prévenir sa famille de son départ pour Budapest. Seul Solas était au courant au final, puisqu’ils avaient échangé et s'étaient même retrouvés dans l’obscurité. L’américain apprenait ce soir, la mort de Lou de la bouche de Solas. La nouvelle avait mis du temps à être acceptée par son esprit, comment pouvait-elle être morte s’était-il demandé sur le moment, alors qu’elle était une survivante depuis toutes ces années. Il en avait voulu à Solas de ne pas l’avoir protégé, il était triste d’apprendre cette nouvelle, lui qui avait eu l’opportunité de la tuer bien des fois et qu’il n’avait pas franchi le pas par affection pour elle. Il avait comblé la tristesse avec l’alcool, mais n’oubliait pas, ne réalisait pas. Son voyage avait eu son lot d’émotions en tout genre. Il y avait vécu de la joie, de la colère et de la tristesse, mais surtout il avait fait un gros bon dans le passé, revivant ses travers. Sergeï Kovacs, chef du gang le plus puissant de Budapest n’avait pas tardé à aller à sa rencontre lorsque l’américain se trouvait à Budapest. Les deux hommes avaient toujours entretenu une relation amicale et avaient fait de nombreuses affaires ensemble, malheureusement le dernier contrat n’avait pas pu être conclu puisque Mitchell avait tout perdu et était recherché, une histoire d’armes devant être vendu au marché noir. Mitchell lui devait une belle somme d’argent, argent qui s’était retrouvé bloqué suite à la saisie de ses comptes. De l’argent qu’il avait à présent, mais qu’il ne pouvait pas débloquer sans en justifier la raison. Sa force de persuasion avait pu apaiser les mœurs. Ils avaient trouvé un accord et bien plus encore. Il lui donnera son dû dans un délai d’un mois après son retour en Australie.. Sur place l'Américain n’avait pas hésité à prêter main-forte à son allié, faisant preuve de bonne-foie. Le suivant dans des règlements de compte, l’aidant à conclure des affaires allègent ainsi sa dette, il s’était à nouveau sali les mains, le sang coulant sur celle-ci, il avait renoué assez facilement avec l’homme qu’il avait tenté d’enterrer pour avoir une vie meilleure et il avait aimé ça. Il avait aimé cette puissance derrière son arme, l’adrénaline que ça apportait et surtout l’argent facile. Il avait hésité à rester à Budapest pour poursuivre cette vie sans but, mais ses ambitions se trouvaient à Brisbane, tout comme sa famille.
Le frigo rempli de bières, les mégots de cigarettes qui s'entassent dans le cendrier, il regrettait presque d’avoir convié ses deux sœurs pour le dîner ce soir-là, alors qu’il aurait pu passer sa soirée verre à la main en bonne compagnie, non pas que ses sœurs n’étaient pas de bonne compagnie, mais ce n’était pas le même type de soirée qui l’attendait, puis il tentait de se rassurer en se disant qu’après leur départ il pourrait très bien poursuivre. Alors qu’il préparait son fameux chili, prenant le soin de préparer une portion végétarienne pour Gabrielle tout en buvant un, puis deux, puis trois whisky. La bouteille était devenue sa plus fidèle alliée pour ce soir et ce qui devait être un verre lui permettant de se détendre était devenu plusieurs verres lui permettant d’oublier ses tracas. Il avait regardé son téléphone de nombreuses secondes, espérant au fond de lui des nouvelles de Sofia avant de réaliser une nouvelle fois, qu’elle n’avait aucun souvenir de lui et qu’elle vivait le parfait amour en compagnie de son époux violent qui profitait clairement de la situation. Il avait tenté de lui rappeler leur relation, en vain. Il était arrivé à l'échéance de ce qu’il pouvait faire et était finalement saturé par tout ça, préférant abandonner.
Ça sonnait enfin à la porte. Surpris par la sonnette il lâchait son verre qui ne manqua pas d’exploser sur le sol. « J’arrive ! » qu’il disait en se dépêchant de ramasser les bouts de verre au sol, se concentrant sur ça alors que l’appartement n’était pas dans de bonnes conditions et que quelques bouts de verre n’était pas flagrant à côté du désordre qui régnait dans l’appartement. L’appartement d’un célibataire qu’il dirait. « Fait chier » qu’il murmurait en jetant les bouts de verre à la poubelle. Il ouvrait (enfin) et tombait nez à nez avec ses deux sœurs. « Salut, vous êtes pile à l’heure ! » les accueillant avec un sourire malgré tout, il ne tardait pas à les faire entrer. « faites comme chez vous, je vous sers quoi ? » qu’il disait en prenant le chemin vers le bar où il s'empressa de se resservir un verre en attendant leur réponse. « Ne faites pas attention au désordre, je suis rentré il y a deux jours » qu’il ajoutait, en rangeant l’arme qui était resté en évidence sur le plan de travail du bar comme s’il s’agissait d’une quelconque babiole et surtout faisant comme si son absence ces quelques semaines était tout à fait normal. « Vous allez bien ?» demandait-il finalement, d’un ton presque enjoué.
Mars 2023, appartement de Mitch, Spring Hill. Gabrielle, installée à même le sol face à la table du salon, ses lunettes vissées sur le bout de son nez, a ce dernier plongé dans ce dossier qu’elle a à charge depuis six mois maintenant, et Meryl, installée quant à elle sur le canapé, s’empiffre d’un gros sachet de bonbon en regardant un film. Un petit instant partagé que les deux sœurs s’accordent, même si l’attention de l’ainée est plus accaparée par la paperasse qu’elle a à faire pour le lendemain que l’histoire qui se joue devant ses yeux. Au moment où Gaby se tourne pour venir piocher à l’intérieur du paquet que tient sa sœur entre ses mains, le téléphone respectif de chacune se met à sonner à l’unisson. Se figeant, un air étonné prenant place sur ses traits, Gabrielle découvre alors une invitation d’un qui semble être revenu d’entre les morts. L’instant suivant, son regard retrouve celui de sa cadette qui a reçu le même message du même expéditeur : Mitchell. L’ainée se préoccupe avant tout de l’avis de sa sœur avant de formuler une quelconque opinion à ce sujet, laissant cette dernière décider pour elles deux si elles acceptent de rejoindre leur frère chez lui le lendemain pour un repas retrouvaille auquel il les convie ou si elles s’abstiennent. Il faut dire que depuis octobre dernier, autant l’une que l’autre n’a plus eu de nouvelles de Mitchell qui a tout bonnement disparu de la circulation. Même si elles lui sont redevables pour avoir ramener Meryl à la maison alors qu’elle filait du mauvais coton, l’amertume est cependant présente chez les deux sœurs qui ont l’impression de revivre un éternel schéma avec l’un comme l’autre des frères. Et la simplicité du message adressé par leur ainé sans même des excuses ou un semblant d’explications n’aident en rien à apaiser cette rancœur qui a eu le temps de s’immiscer chez elles ces dernières semaines.
Et bien que la discussion fût longue, elles ont finalement décidé de faire front. Parce qu’elles ne s’y rendent pas pour le dîner partagé et la bonne humeur qui ne régnera pas lors de cette soirée, mais pour mettre leur frère devant le fait accompli et obtenir des réponses aux questions nombreuses qu’elles peuvent avoir pour lui. Le soir venu, Meryl et Gabrielle se dirigent donc vers l’appartement de leur ainé. Mais une certaine appréhension – qu’elle dissimule à la perfection - habite cependant Gabrielle qui craint à nouveau que cette réunion de famille tourne au vinaigre. Elle ne se souvient que trop bien de cette invitation similaire de la part de ces deux frères, presque deux ans plus tôt, où Alec et Mitchell l’avaient conviée dans un restaurant loin de la ville pour célébrer son anniversaire. Une occasion qui n’a pas eu le temps d’être célébré, du moins pas de la manière dont elle l’espérait puisque, très vite, le ton est monté entre les deux frères et des vérités ont fini par éclater au grand jour, donnant toutes les réponses aux questions, là aussi nombreuses, que l’avocate se posait à l’époque à leurs sujets. Des révélations qui n’ont toutefois en rien apaiser le climat déjà tendu dans la fratrie et Gabrielle ne peut s’empêcher de craindre que la soirée qu’elle s’apprête à passer avec Mitchell et Meryl ne soit qu’un parallèle à celle dont les souvenirs sont restés bien ancrés. Frappant à la porte, la voix de Mitchell ne tarde pas à se faire entendre « J’arrive ! », leur garantissant au moins qu’il ne leur a pas fait faux bond et leur confirmant surtout qu’il est bel et bien rentré « Ca va aller ? » demande alors Gabrielle à Meryl, sa main venant se saisir de la sienne dans un contact furtif, en attendant que leur frère daigne venir leur ouvrir. D’ailleurs, ce dernier met un peu de temps, ce qui pousse Gaby à taper de nouveau « Salut, vous êtes pile à l’heure ! » « Bonsoir Alex ». Gabrielle n’a jamais su utiliser son autre patronyme, si ce n’est lors d’excès de colère à son encontre, ces mêmes moments où elle a eu l’impression d’avoir un étranger face à elle. « faites comme chez vous, je vous sers quoi ? » Les deux sœurs pénètrent à l’intérieur de l’appartement qui n’est pas particulièrement accueillant en l’état. Quelques déchets jonchent la table basse, quelques autres le sol et le désordre environnant n’invite pas les deux sœurs à prendre leurs aises, celles-ci préférant rester debout pour le moment « J’ai apporté deux bouteilles de vin », pour le principe mais aussi par prévoyance, quand elle n’est pas certaine que Mitchell puisse avoir ça dans son placard – le verre de whisky qu’il sert démontre le type d’alcool qu’il a coutume à consommer. Et, au vu de la soirée qui s’annonce, la californienne sait qu’elle aura bien besoin de plusieurs verres. « Ne faites pas attention au désordre, je suis rentré il y a deux jours » Et c’est lorsqu’elle s’approche du bar pour y déposer les deux bouteilles qu’elle a amenées que Gabrielle tombe nez à nez avec l’arme de son frère qu’il range l’air de rien. « Sérieusement, Alex ? » demande-t-elle à voix basse d’un ton réprobateur, se retournant pour s’assurer que Meryl n’ait rien vu… Ce dont elle n’en est pas certaine. « Vous allez bien ?» « C’est plutôt à nous de te demander ça, tu ne penses pas ? » Son regard trouve le sien, sévère, connotant avec le sourire que son frère a flanqué sur son visage et cet air enjoué qui l’agace. Cette façon de contourner la véritable source du problème et de faire comme si de rien n’était a toujours été le fort d’Alexander et si les questions pourraient attendre un peu, Gabrielle n’a nullement envie de faire dans la dentelle ce soir. « On peut savoir où tu étais passé ? ». Même si elles ont besoin de réponses, Gabrielle ne peut s’empêcher de sentir son appréhension grandir secondes après secondes. L’arme que son frère a tenté de dissimuler un peu plus tôt ne présage rien de bon quant aux activités auxquelles il a pu s’adonner pendant ces derniers mois de silence. Et finalement, peut-être qu’elle préférerait qu’il n’use pas tant de franchise parce que si elle sait la personne qu’il est devenu, Meryl, quant à elle, l’ignore – et il vaut mieux.
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Dernière édition par Gabrielle Strange le Sam 29 Juil 2023 - 23:31, édité 2 fois
Mars 2023 | La jeune Américaine n’aurait pas cru que reprendre ses études seraient si prenant. Faut dire que deux ans après, se replonger dans un rythme pareil, ça l’avait achevée les premières semaines... Entre les aller-retours, les révisions, les devoirs, les cours, elle avait parfois l’impression de vivre à cent à l’heure. Au moins, elle n’avait pas le temps de songer à ses conneries et à leurs possibles conséquences ! Et si elle s’accorde un temps de pause ce soir, c’est pour partager un moment avec sa sœur qu’elle a l’impression de voir en coup de vent ces dernières semaines. Pourtant si elle est avec elle physiquement, l’avocate reste le nez plongée dans ses papiers, pas que ça dérange Meryl, elle sait que la californienne est sur une affaire importante dont elle n’a pas les tenants ni même les aboutissants, mais la blondinette ne peut s’empêcher de faire en sorte qu’elle puisse s’ôter d’une charge mentale dès lors qu’elle passe les portes de la villa. Elle sait aussi que Gabrielle n’aime pas vraiment ça, qu’elle joue à celle qui veille, mais la jeune femme ne peut s’empêcher de veiller, d’autant plus que Channing n’est plus vraiment dans l’équation. Alors ces petits moments partagés, Meryl les chérie et en profite autant qu’elle peut, un sachet de skittles pas loin, et un seau de pop corn sur la table basse. L’ombre vient de son téléphone quand elle aperçoit de prénom de son frère s’afficher et ses sourcils se froncent dès lors qu’elle comprend que sa sœur a reçu le même message. Alex revenu d’entre les morts après avoir fait voler en éclat les maigres espoirs qu’elle avait pu fonder après qu’il soit intervenu pour lui sauver la mise. Au dessus du message d’Alex, deux messages restés sans réponse et une putain d’amertume qui venait de remonter à la surface, à croire qu’elle était condamnée au même cycle sans fin.
Le moment des retrouvailles approchent et si elle a tenté d’écarter le sujet en s’occupant l’esprit autant que faire se peut, la blonde a ruminé une bonne partie de la journée au point qu’elle le sait, elle a été une piètre compagnie pour son entourage. « Ca va aller ? » Et maintenant qu’elles sont devant la porte et qu’elle entend la voix de son frère de l’autre côté de la porte, Meryl ne peut s’empêcher de regretter ce geste et de lever les yeux au ciel en soufflant. « C’est une idée de merde... » Si ça ne tenait qu’à elle, la blonde ferait demi-tour et se préserverait de ce qu’elle pressent être un carnage annoncé. La porte s’ouvre sur leur frère, le visage irradiant d’un sourire qui ne manque pas de faire monter la tension chez l’étudiante, à croire que la rancœur n’avait pas été digérée, loin de là. « Salut, vous êtes pile à l’heure ! »« Bonsoir Alex » A ça elle répond d’un simple signe de main en guise de salut, et un regard qui trahit le fait qu’elle voudrait finalement être ailleurs. Et l’état de l’appartement ne lui donne pas plus envie de rester tant elle a l’impression que leur venue n’était pas prévue, voir souhaitée. « Hm... une bière... ou une vodka ? » Elle jette un œil à Gabrielle, puis Alex pour voir s’ils réagiront ou non. La blonde fait fi de l’arme, ne pouvant s’empêcher de se demander s’il s’agit bien là de celle avec laquelle il avait menacé son agresseur. Elle feint l’indifférence quand ça réveille une angoisse et tout un tas de questionnement. « Vous allez bien ?» La benjamine ne peut s'empêcher de sourire un poil amère qu'elle est. « Bien et toi, pas trop fatigué par le voyage ? » L'ironie qu'elle ne peut s'empêcher de mettre dans ses mots la laisse pantoise tant elle se mettrait des baffes en temps normal. « C’est plutôt à nous de te demander ça, tu ne penses pas ? » Ne pas être agressive, ne pas passer pour une gamine hystérique. Elle laisse donc Gabrielle mener la barque dans un premier temps, ravalant sa fierté et son amertume. « On peut savoir où tu étais passé ? » Mais oui Alex, où tu étais passé au juste ?! « Y avait pas de réseau dans ton patelin ?! » Ok c’était peut-être un poil agressif, plus qu’elle ne l’aurait voulu en tout cas. Elle se tait, consciente que son attitude n’est en rien chaleureuse quand elle aurait voulu être simplement contente de le revoir et le remercier sans être imbibée par l’alcool qu’on l’avait poussée à consommer lors de leur dernière rencontre.
Il avait ouvert la porte avec une appréhension qu’il avait camouflé, les invitant rapidement à entrer, leur proposant immédiatement à boire, de quoi briser la glace selon lui. Il savait que la soirée n’était pas destinée à se dérouler dans les meilleures conditions, il savait qu’il allait devoir se justifier auprès de ses sœurs après avoir disparu durant des mois sans aucune nouvelle. Un bon dans le passé qui ne lui avait pas effleuré l’esprit au moment des faits, ne se rendant pas compte qu’il avait reproduit ce qu’il avait déjà commis. Disparaître de leur vie tout en leur cachant la vérité sur ses activités. Il allait devoir y faire face, mais en attendant il préférait faire comme si de rien était.
“Il ne fallait pas, j’ai une cave pleine !” Qu’il disait en pointant du doigt la cave à vin qui devait contenir une centaine de bouteilles. Il ne savait même pas ce qu’elle contenait comme vin en réalité, alors qu’auparavant les bouteilles s’écoulaient comme des petits pains lors de soirées en tout genre, ça faisait un moment qu’il ne l’avait pas ouverte, recevant personne en ces lieux depuis bien trop longtemps déjà. L’appartement qui était peu meublé se montrait sous un mauvais jour, mais lorsque Mitchell observait les lieux il ne pouvait s’empêcher d’y voir le charme qu’avait cet appartement qui donnait une belle vue sur Brisbane. Le lieu où il avait organisé ses soirées poker, le lieu ou ses plaisirs charnels avaient été réalisés, le lieu où il conclut des affaires importantes autour d’un dîner, le lieu qui lui servait de refuge lorsqu’il voulait éviter Mavis. Un appartement classe avec le strict minimum qui était devenue sa résidence principale après avoir vu son appartement de Fortitude sans dessus dessous suite à la descente de la police. Un appartement qui à présent était plus proche d’un dépotoire. Il attrapait cependant les bouteilles et les déposait sur le bar, prenant le soin de ranger la fameuse arme. Gabrielle n’avait pas manqué la scène et lui avait fait part de son désarroi immédiatement. “Vieille habitude” qu'il disait sans attendre avant de tourner son regard vers la cadette de la famille qui réclamait de la vodka. Il ne pouvait s’empêcher d’hausser un sourcil, n’ayant pas une bonne image de l’alcool et de Meryl. Il s'exécuta malgré tout, car le but de cette soirée n’était pas de se prendre le chou, mais bien de combler le vide qu’avait laissé l'aîné en quittant la ville sans rien dire, du moins c’est ce qu’il espérait. Il attrapait la bouteille de Belvedere qui se trouvait sous le bar et servit un verre à Meryl sans se faire prier, tendant immédiatement un tire-bouchon à Gabrielle. “Si tu préfères le vin.” Il prenait ensuite une gorgée de son propre verre avant de leur demander si elles allaient bien, depuis tout ce temps …
C’était une question qui sans surprise se retournait contre lui. Après avoir déserté la ville sans donner la moindre nouvelle, il s'y attendait à s’en prendre plein la tronche par ses deux sœurs et si Gaby faisait plus ou moins bonne figure en se contenant, ce n’était pas le cas de Meryl qui ne manquait pas de le tacler directement. Il ne perdait cependant pas le sourire, agissant comme toujours face à une embûche, agissant comme s’il se trouvait dans une pièce de théâtre parfaitement orchestrée. “Je suis en vie … enfin je crois. Le décalage horraire m'a épuisé !” Qu’il surjouait en rigolant. “Je ne savais pas que je devais vous rendre des comptes sur mes déplacements, si j’avais su !” S’exclamait-il en sortant des papiers de sa veste qui se trouvait sur l’un des tabourets présents face au bar. “Voyons voir … Prague, Budapest, Vienne, Paris, ah je dois vous donner les factures pour obtenir le remboursement des frais c’est ça ?” Il riait, mais au fond il comprenait très vite qu’elles allaient vouloir en savoir plus. Il regardait Gabrielle un instant avant de tourner son regard vers Meryl. “ça coûte très cher les communications à l’étranger !” Qu’il disait simplement, se servant un nouveau verre alors qu’elles commençaient tout juste le leur. “Je déconne, mais parlons de choses sérieuses.” Qu’il disait. “Je sais, je suis parti sans rien dire, je n’ai pas donné de nouvelles, vous vous êtes inquiété, bla bla bla, ne vous en faite pas pour moi, je vais bien et je n’ai jamais été aussi bien de ma vie !” Pure mensonge. Il était au plus mal une fois encore, mais il devait se justifier un minimum, car il le savait qu’elles avaient envie d’en savoir plus sur son absence, Gabrielle devait sûrement le suspecter et Meryl devait sûrement lui en vouloir d’avoir disparu juste après qu’il lui ait sauvé la mise et c’était légitime. “J’avais besoin de vacances tout simplement, j’ai donc sauté sur l’occasion d’avoir un vol intéressant pour rejoindre l’Europe.” ajoutait-il en avançant vers les grandes vitres donnant sur la ville. “Qu’est-ce que j’ai loupé ?” Qu’il demandait en se retournant avec un sourire, ne comptant pas s'attarder sur les détails de son séjour qui s’était avéré plutôt fort en adrénaline.
Mars 2023. « C’est une idée de merde... » Ca, Gabrielle ne la contredira pas parce qu’elle est bien placée pour savoir que des retrouvailles chez les Strange n’est jamais synonyme de retrouvailles apaisées et ne se déroulent pas toujours comme ils le souhaiteraient. C’est bien souvent le moment que choisit l’un d’eux pour laisser extérioriser une rancœur bien trop longtemps retenue et où de nombreuses vérités finissent par éclater. Des vérités qui ne sont pas toujours bonnes à dire, surtout quand elles ont été gardées secrètes pendant bien longtemps et qu’elles mettent en lumière des choses peu glorieuses. Et si Gabrielle craint que l’hostilité de Meryl à l’égard de leur frère ainé ne mette le feu aux poudres, c’est surtout le comportement de ce dernier qu’elle craint davantage, quand elle ne sait jamais ce qu’il peut bien leur réserver, surtout que, ce soir, c’est lui qui les invite dans son antre.
En pénétrant chez lui, Gabrielle ne s’attendait pas à y voir un tel désordre et peut-être est-ce pour cette raison – entre autres – qu’il propose à ses sœurs ce qu’il peut bien leur servir à boire. Gabrielle brandit deux bouteilles de vin qu’elle a apportées, ce à quoi Mitch ne tarde pas à répondre “Il ne fallait pas, j’ai une cave pleine !” Et à ça, l’avocate tourne son regard vers celle-ci, celle qui est effectivement bien garnie « Il n’y en a jamais de trop » surtout quand on ignore comment la soirée fraternelle va se dérouler « Hm... une bière... ou une vodka ? » Meryl annonce tout autant la couleur, ce qui ne manque pas de faire grimacer Gabrielle, bien qu’elle ne blâme nullement sa sœur pour oser demander un alcool plus fort. Cela ne manque pas de faire sourire l'aînée des deux sœurs, jusqu’à ce que son regard croise cet arme entreposée, tel un trophée, sur le bar d’Alex qui dédramatise – comme toujours – la situation “Vieille habitude” Des habitudes que Gabrielle préférerait ne pas lui connaitre et, à défaut, qu’elle préférerait savoir révolues, ce qui ne semble pas être le cas. A défaut toutefois de pouvoir poursuivre sur le sujet, surtout parce que Meryl est présente dans la pièce, Gaby se résigne donc d’étouffer sa colère qui remonte immédiatement contre son aîné et de se saisir de ce tire-bouchon qu’il lui tend. Oui, elle va avoir besoin de ce verre de vin… et même plusieurs “Si tu préfères le vin.”.
« Bien et toi, pas trop fatigué par le voyage ? » L’hostilité que Gabrielle craignait se manifeste sans tarder dans les propos de sa cadette, ce qui ne manque pas de la faire grimacer, l’amenant alors à les tempérer en retournant cette question qu’Alex venait de leur poser à son encontre. Il est celui qui a disparu après tout, celui qui n’a daigné donner de nouvelles depuis des mois sans se soucier des interrogations que cela pourrait bien susciter chez l’une et l’autre de ses sœurs. « Y avait pas de réseau dans ton patelin ?! » que ne manque pas de surenchérir Meryl et c’est sûrement à cet instant que Gabrielle décide de ne plus chercher à tempérer quoi que ce soit, sachant que cette bataille est perdue d’avance, quoi qu’elle décide de faire. “Je suis en vie … enfin je crois. Le décalage horaire m'a épuisé ! (…) Je ne savais pas que je devais vous rendre des comptes sur mes déplacements, si j’avais su !” « Ce n’est pas une question de comptes à nous rendre, plus d’éviter à tes sœurs de s’inquiéter inutilement » Ou de tirer des conclusions trop hâtives au sujet de sa disparition, chacune différentes chez l’une et chez l’autre des sœurs Strange. “Voyons voir … Prague, Budapest, Vienne, Paris, ah je dois vous donner les factures pour obtenir le remboursement des frais c’est ça ?” Gabrielle roule des yeux, préférant ignorer l’ironie de son frère « Tu as été voir Finn dans ton périple ? » Après tout, Alec vivait avec Mia en Grèce, et vu que Mitch a fait le tour de l’Europe, il aurait tout aussi bien pu y faire un petit détour – bien qu’elle doute de l’accueil chaleureux qu’aurait pu réserver la petite-amie de Finn à Alex, en connaissant l’incident malheureux qui s’est passé entre Mia et Mitch. “ça coûte très cher les communications à l’étranger !” Gabrielle le trouve gonflé d’user d’un tel argument, persuadée que celui-ci n’était qu’une fausse excuse de sa part – et si elle n’en dit rien, elle est certaine que Meryl va se charger de faire une remarque à ce propos puisqu’il s’adresse directement à elle, faisant écho à ce qu’elle a pu dire un peu plus tôt. “Je déconne, mais parlons de choses sérieuses.” Gaby voit très bien son frère se servir un deuxième verre alors qu’elle porte le sien tout juste à ses lèvres pour la première fois. Et peut-être devrait-t-elle modérer sa propre consommation pour limiter les dégâts de cette soirée qui ne présage rien de bon au vu de la tournure qu’elle prend déjà, l’atmosphère tendue plus jamais. “Je sais, je suis parti sans rien dire, je n’ai pas donné de nouvelles, vous vous êtes inquiété, bla bla bla, ne vous en faite pas pour moi, je vais bien et je n’ai jamais été aussi bien de ma vie !” Ca, Gabrielle en doute. Ils sont fort pour camoufler dans la famille, elle est très bien placée pour le savoir quand elle n’a de cesse, depuis des mois, d’user de faux semblant en prétendant aller. “J’avais besoin de vacances tout simplement, j’ai donc sauté sur l’occasion d’avoir un vol intéressant pour rejoindre l’Europe.” « Tu aurais dû nous prévenir, ne serait-ce que par principe, et tu sais très bien pourquoi » finit par lâcher Gabrielle alors qu’elle attrape le regard de son frère qui s’est éloigné. « On ne te demande pas de nous énumérer ton itinéraire précis et de nous tenir informer toutes les heures de tes moindres faits et gestes. Juste de nous garantir que tu vas bien et que tu reviendras » Parce que son départ a eu un air de déjà-vu pour elle, celui où Finn et lui ont disparu du jour au lendemain de leur vie. Lui qui prétendait vouloir renouer avec cette famille brisée, il peine clairement à le prouver en agissant comme il l’a fait.
“Qu’est-ce que j’ai loupé ?” « Rien d’important de mon côté » Gabrielle est amère mais ne laisse rien transparaître, son ton restant le plus neutre possible alors qu’elle porte son verre à ses lèvres. Elle n’a pas envie de s’épancher sur tout ce qu’elle a pu traverser ces derniers mois, surtout quand cela ne semble pas avoir la moindre importance aux yeux de son aîné. Et au-delà, elle ne tient pas à s’épancher sur les sujets houleux, tout comme certains qu’elle n’a toujours pas pris la peine d’évoquer autant avec son aîné que sa cadette – les raisons de sa venue première à Brisbane et le fait qu’elle va devoir retourner à Los Angeles d’ici peu, notamment.
Mars 2023 | Si Meryl devait illustrer son état d’esprit, elle utiliserait sans la moindre hésitation les petits personnages qu’elle avait pu voir dans le film d’animation Vice-Versa... Et celui qui prédominait actuellement n’avait rien à voir avec la couleur jaune, bien au contraire. Aux manettes, c’est Colère qui préside et si elle arrive un minimum à le contenir à l’aide de sarcasme et d’ironie, la blonde sait que sa tête risque de s’enflammer incessamment sous peu. Elle provoque, c’est certain, elle aurait pu laisser couler, bouder dans son coin et se contenter de jouer les petites filles calmes et ravie de retrouver son frère aîné... Mais soyons honnête, les chances pour que ça arrive étaient infinitésimales et déjà elle sent son sang bouillir dans ses veines. “Je suis en vie … enfin je crois. Le décalage horaire m'a épuisé ! Je ne savais pas que je devais vous rendre des comptes sur mes déplacements, si j’avais su !” Inspire, expire... c’est ça souffle et détend-toi ! La blonde le dévisage avec toute l’amertume du monde quand elle prend les mots pour des attaques. « Ce n’est pas une question de comptes à nous rendre, plus d’éviter à tes sœurs de s’inquiéter inutilement » « A moi non c’est certain, mais à Gabrielle tu aurais pu au moins... » Parce que toi et moi on sait que ça n’existe pas ! Elle prend sur elle pour ne pas se montrer trop agressive tant l’amertume lui brûle la gorge, elle n’a d’ailleurs même pas touché à son verre, pas certaine d’en avoir envie. Au final c’était plus pour la provocation qu’autre chose qu’elle avait opté pour un alcool fort. Du coin de l’oeil, elle suit ses gestes et ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel en secouant la tête lorsqu’il a le malheur d’évoquer ses remboursements de frais après sa folle escapade européenne. Elle ne relève pas non plus l’évocation de Finn, curieuse certes, mais finalement bien extérieure à tout ça. “ça coûte très cher les communications à l’étranger !” « C’est vrai que répondre à UN message t’aurait clairement mis sur la paille... A croire qu’on a l’habitude de s’appeler tous les jours en passant des heures à se raconter nos journées ! » Puisqu’il use d’ironie, elle peut bien le faire elle-aussi. Par là, elle laisse sous-entendre à Gabrielle qu’elle a tenté de communiquer avec lui, ses messages étant resté lettres mortes ruinant le semblant d’espoir qu’elle avait pu mettre dans leur relation après son agression.
“Je sais, je suis parti sans rien dire, je n’ai pas donné de nouvelles, vous vous êtes inquiété, bla bla bla, ne vous en faite pas pour moi, je vais bien et je n’ai jamais été aussi bien de ma vie ! J’avais besoin de vacances tout simplement, j’ai donc sauté sur l’occasion d’avoir un vol intéressant pour rejoindre l’Europe.” Besoin de vacances après leur discussion ?! La temporalité de la chose était follement ironique elle-aussi quand on se penchait un peu sur la question. « Tu aurais dû nous prévenir, ne serait-ce que par principe, et tu sais très bien pourquoi. On ne te demande pas de nous énumérer ton itinéraire précis et de nous tenir informer toutes les heures de tes moindres faits et gestes. Juste de nous garantir que tu vas bien et que tu reviendras » Elle a l’étrange sensation de se voir dans les paroles de son aînée et ça la peine. Instinctivement, elle vient chercher le regard de sa sœur à défaut de pouvoir avoir un contact physique avec elle.
“Qu’est-ce que j’ai loupé ?”« Rien d’important de mon côté » Meryl fronce les sourcils, hésite sur quoi répondre, se terrer dans le mutisme à son tour est une idée, mais elle a une folle envie de jouer. « Hm... Et bien figure-toi que je vais me marier parce que je suis tombée enceinte d’un type rencontré dans un bar ! Un gars très bien il a environ deux fois mon âge. » Elle balance les mots tout en portant son verre à ses lèvres, une grimace sur le visage dès que le liquide entre en contact si bien qu’elle le repose dans la foulée. C’est définitif, elle déteste la vodka. « Je déconne, pas besoin de me regarder comme si j’étais la bête noire ! » Elle doute du fait qu’il puisse vraiment s’intéresser à ce qu’elle devient, pour être franche l’Américaine ignore s’il se souvient de ce vers quoi elle souhaitait s’engager professionnellement parlant. « J’ai repris mes études... » Ca c’est plus par fierté qu’elle le dit, comme pour lui prouver qu’elle n’est pas qu’une ratée, même si elle ne cherche en rien son approbation pourtant.
La fatigue faisait partie intégrante de la vie de l'Américain, il avait d’ailleurs appris à vivre avec depuis de nombreuses années déjà, la vie d’un criminel n’est jamais de tout repos et même s’il avait plus ou moins arrêté les frais un certain temps, les problèmes du passé s’était empressé de le rattraper. Il ne dormait jamais sur ses deux oreilles au même titre qu’il gardait toujours une arme sous la main sans compter le stock d'armes en tout genre qu’il cachait soigneusement derrière une porte dérobée dont lui seul connaissait l’existence et qui ne manquerait pas d’effrayer ses deux sœurs si elles devaient tomber dessus. « En pleine forme ! » qu’il répondait avec enthousiasme, posant un œil sur Meryl rapidement, se demandant si elle avait pu se remettre facilement des évènements qui avaient eu lieu juste avant son départ.
A aucun moment il n'avait pensé à ce qu’il avait fait par le passé lorsqu’il décida de quitter Brisbane sans un mot, à aucun moment il avait imaginé que ça rappellerait ce mauvais souvenir de frères disparaissant sans rien dire durant de nombreuses années. « Je suis bien présent face à vous, entier et je ne suis même pas passé par la case prison ! Un miracle ! « Qu’il s'exclamait sans trop réfléchir, réagissant comme à son habitude sous l’impulsivité et je se rendant pas compte qu’il en avait peut-être déjà trop dit en la présence de Meryl qui n’avait pas vraiment idée de qui était son frère, bien qu’elle avait déjà eu un petit aperçu de ce dont il était capable. Lorsqu’il était parti sur un coup de tête en Europe, c'était une fois encore pour fuir, fuir sa vie qui devenait misérable et dans ces moments là, l'aîné des Strange n’était pas du genre à se justifier, préférant éviter tout contact avec quiconque. Certes, ne rien dire à ses sœurs n’avait pas été sympa de sa part, mais au final la vie continuait et en les invitant ce soir, son but était réellement de briser la glace, bien que ça n’allait pas facile et que l’alcool faisait de lui un homme pouvant réagir de n’importe quelle façon sans prévenir.
Gabrielle demandait s’il était allé voir Finn et c’est en levant les yeux au ciel « non ça ne faisait pas partie de mes plans, mais une autre fois, sûrement » qu’il disait rapidement ne voulant pas vraiment s’éterniser sur le sujet de son frère avec qui la relation connaissait des hauts et des bas. "Puis tu sais, il est très occupé et je ne suis pas certain que Mia aurait été ravie de me voir" Mitchell avait toujours du mal à digérer le fait qu’il avait participé à son éviction du Club tout comme Alec avait du mal à pardonner à son grand frère son comportement de ces dernières années. Ils avaient fait des efforts chacun de leur côté, mais leur relation passée était belle et bien morte.
Alors qu’il observait l'extérieur, il se tourna rapidement vers Meryl lorsqu’elle annonça être enceinte, faisant les gros yeux sans tarder, il n’avait pas envie de la prendre au sérieux, mais le doute était bien présent. Son premier réflexe fut de penser à la fois où il avait dû lui sauver la mise dans la ruelle et il était l’exemple concret que tout était possible. Le visage décomposé, il s’apprêtait à répondre lorsqu’elle annonça rapidement que c’était une blague. Soufflant de soulagement, il se força à sourire à sa petite sœur, enchaînant rapidement. «C'est une bonne nouvelle ! Quoi comme étude ? » C’était sûrement la meilleure décision qu’elle pouvait prendre et il en était ravi. “C’est jamais trop tard pour changer de vie, je suis content pour toi.” Qu’il ajoutait avant de regarder Gabrielle, lui faisant passer un message à travers ces mots. Lui-même était passé par de nombreuses phases, des bonnes, des mauvaises et il n'avait jamais baissé les bras et continuait de croire qu’il pouvait réellement changer, et ce même s’il avait beaucoup de mal à balayer son propre passé de sa vie. « Vous voulez que je vous fasse visiter ? Qu’il disait d’un seul coup, se rappelant qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion de se retrouver ici. “Le repas est bientôt prêt, ça nous fera passer le temps.” Un sourire aux lèvres, il terminait une nouvelle fois son verre, le déposant sans ménagement sur le coin de la table.
Mars 2023. « A moi non c’est certain, mais à Gabrielle tu aurais pu au moins... » Voilà que Meryl surenchérit alors que l’ainée aurait aimé que leur frère prenne la peine de leur donner des nouvelles. L’amertume et la rancœur, toujours présente chez Meryl, sont parfaitement visibles encore à travers ses mots, et parce que Gaby ne peut lui reprocher, elle ne rebondit pas, se contentant de soupirer. Et quand Mitch trouve comme excuse que les communications sont trop chères à l’étranger – sûrement est-ce une boutade de sa part mais il n’empêche qu’autant Meryl que Gabrielle n’ont nullement envie d’en rire – la cadette réagit à nouveau d’un ton mauvais « C’est vrai que répondre à UN message t’aurait clairement mis sur la paille... A croire qu’on a l’habitude de s’appeler tous les jours en passant des heures à se raconter nos journées ! » Bien sûr que la brune bute sur le répondre évoqué par sa sœur, s’interrogeant quant au fait qu’elle ait pu écrire à leur aîné et n’a obtenu aucune réponse de sa part. Le regard qu’elle porte d’ailleurs à sa cadette le signifie, comme si elle l’interrogeait silencieusement, se promettant de lui demander lorsqu’elles se retrouveront seules et si tel est le cas, elle ne manquera pas de sonner les cloches à son frère dont elle ne comprend définitivement plus le comportement.
« Je suis bien présent face à vous, entier et je ne suis même pas passé par la case prison ! Un miracle ! » Il évoque la prison, comme s’il parlait d’un club de vacances, sous-entendant ici un passé dont leur cadette n’est définitivement pas au courant le concernant. Instinctivement alors, son regard se porte sur Meryl, pour guetter sa réaction du coin de l’œil, tentant de garder un calme apparent alors qu’elle rétorque « Je ne pensais pas à ça ». Elle pensait à pire – bien qu’elle ne minimise pas la case prison pour autant, surtout parce qu’il a toujours eu le don de se mettre dans de beaux draps. Une disparition définitive ou une fin tragique, voilà ce qu’elle n’a de cesse d’avoir en tête concernant son aîné.
Son périple en Europe évoqué, et ses multiples destinations, Gabrielle l’interroge alors quant au fait qu’il ait pu rendre visite à Finn « Non ça ne faisait pas partie de mes plans, mais une autre fois, sûrement » Elle aurait aimé, au fond, parce que, bien qu’elle comprenne que les relations soient tendues entre ses ainés, Gabrielle espère au fond d’elle qu’un jour, ils parviendront à retrouver leur complicité. Une complicité qu’elle aimerait pouvoir retrouver au sein de la fratrie, mais elle sait son souhait utopique pour l’heure. "Puis tu sais, il est très occupé et je ne suis pas certain que Mia aurait été ravie de me voir" « Tu aurais pu essayer et prendre le temps pour. C’est à toi de faire le premier pas ». Il a merdé et, aux yeux de Gabrielle, Alex est celui qui doit se racheter auprès de Finn et aussi auprès de Mia. Elle déteste voir qu’il n’en fait pas l’effort, tout comme elle déteste le voir prendre autant à la légère d’être parti sans l’avoir tenu informé. Elle le trouve égoïste, déçue de lui bien qu’il clamait haut et fort vouloir se racheter aux yeux de son frère et ses sœurs et revenir sur le droit chemin.
Il a beau demander des nouvelles à ses sœurs, Gabrielle n’a nullement envie de lui partager tout ce qu’elle a pu traverser ces derniers mois. Elle est amère et en colère contre lui, las de son égoïsme et son indifférence perpétuels « Hm... Et bien figure-toi que je vais me marier parce que je suis tombée enceinte d’un type rencontré dans un bar ! Un gars très bien il a environ deux fois mon âge. » Meryl sort un mensonge inventé de toutes pièces, sûrement pour faire réagir Mitch – ce qui semble fonctionner – jusqu’à ce que la blonde démente « Je déconne, pas besoin de me regarder comme si j’étais la bête noire ! » Elle n’intervient pas, Gaby, prenant une gorgée de son verre de vin à la place, soupirant à nouveau alors que l’idée de repartir avec Meryl se fait sentir « J’ai repris mes études... » «C'est une bonne nouvelle ! Quoi comme étude ? » Un sourire se dessine sur les lèvres de l’avocate qui est un mélange de fierté et de tristesse. Parce qu’elle essaye. Elle essaye malgré tout Meryl d’attirer l’attention de son frère sur elle, lui faisant part, là, de quelque chose d’important alors qu’elle serait en droit de ne pas vouloir dialoguer avec lui. Alors, prudemment et d’un pas lent, Gabrielle vient à rejoindre sa sœur, l’effleurant de sa main libre sur son épaule « Je suis fière de toi, Meryl » et ces propos ont une double signification quelque part, alors que son regard est là pour réconforter et encourager sa petite sœur. “C’est jamais trop tard pour changer de vie, je suis content pour toi.” Gabrielle sent le regard que Mitch lui porte et n’a aucun mal à saisir le sous-entendu. « Il suffit simplement de le vouloir et de s’y tenir » et le ton qu’elle emprunte, bien que neutre, sonne davantage comme un reproche parce qu’elle signifie à son frère qu’elle n’est pas convaincue qu’il soit réellement dans cette optique.
« Vous voulez que je vous fasse visiter ? Gabrielle hausse mollement les épaules, acceptant tout en terminant elle aussi son verre. Et, contrairement à son frère, elle se remplit à nouveau celui-ci, sans pour autant le porter à nouveau à ses lèvres “Le repas est bientôt prêt, ça nous fera passer le temps.” « C’est toi l’hôte, ce soir. On te suit » qu’elle dit machinalement, sans grand enthousiasme. « Tu as cet appartement depuis longtemps ? ». Elle se rend compte qu’elle n’en sait rien, prouvant une nouvelle fois que tout est à reconstruire entre eux.
Mars 2023 | Il lui en faut du sang froid pour ne pas lui rentrer dedans à la blonde. Elle aimerait savoir se taire, encaisser, ne rien dire pour éviter que la soirée ne tourne au drame familial. Mais le brun n'y met pas du sien à ses yeux. Son attitude est un appel à tester sa patience déjà plus que limitée tout le monde le sait. De la patience elle en a lorsqu'il s'agit de ses études, ses patients quand elle est en stage... Pour lui la tâche est difficile et elle aimerait ne pas avoir accepté cette mascarade. Si elle se contient de lui claquer ses quatre vérités, c'est pour ne pas mettre Gabrielle dans une situation plus inconfortable encore. Elle sent bien la brune nerveuse et elle s'en veut d'agir comme une enfant trop capricieuse. « Je suis bien présent face à vous, entier et je ne suis même pas passé par la case prison ! Un miracle ! « "Tu dis ça comme si... C'était un lieu de villégiature... Tu connais ?" Elle tique Meryl, l'évocation de la prison, les bribes de souvenirs de ce soir dans la ruelle, la violence, la crainte dans le regard du type qui l'avait agressée... Ce prénom qui l'avait fait tiquer d'autant plus et dont elle peinait à se souvenir. Elle a l'impression que certaines informations lui échappe et ce n'est pas les échanges de regards et de paroles qu'ils s'échangent qui viennent la contredire. Ca l'agace plus encore sans qu'elle ne mette de mots dessus. Encaisse Meryl...prend sur toi.
Chassez le naturel, il revient au galop avec une vitesse déconcertante, si bien qu'elle ne peut s'empêcher de sortir une connerie cent fois plus grosse qu'elle... Et vu la réaction d'Alex, elle ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel dans un soupire exaspéré. Une preuve de plus qu'il ne la connaît pas, une preuve de plus qu'il ne s'intéresse pas à elle malgré seslmots bourrés d'hypocrisie lorsqu'il lui demande la nature de ses études. Parce qu'elle lui a déjà dit ça, lorsqu'elle était venu le voir la toute première fois. "Je termine ma dernière année d'infirmière... Et puis je me spécialiserai. " “C’est jamais trop tard pour changer de vie, je suis content pour toi.” Une fois encore elle lève les yeux au ciel. "Te sens pas forcé de faire comme si ça t'intéresse..." Je sais que si je suis là c'est uniquement parce que je vis chez Gabrielle et que tu te sens obligé de me montrer de l'intérêt...ou au moins de faire semblant. Elle aimerait qu'il soit sincère, mais sa non réponse de l'autre jour elle ne l'a pas oubliée, elle sait qu'il la déteste, alors à quoi bon faire semblant encore et encore. Elle sourit en sentant la main de Gabrielle sur son épaule, vient y déposer la sienne. « Je suis fière de toi, Meryl » Et pour le coup, elle y croit et ne met nullement en doute la sincérité de son aînée. Elle note les sous entendu, les reproches à peine dissimulés sans pour autant en saisir tout le sens et ça contribue à l'impression qu'elle se fait que quelque chose lui échappe... Alors plutôt que d'en rajouter une couche, elle ronge son frein la blonde, s'empêcher de terminer le verre devant elle.
« Vous voulez que je vous fasse visiter ? Le repas est bientôt prêt, ça nous fera passer le temps.” « C’est toi l’hôte, ce soir. On te suit. Tu as cet appartement depuis longtemps ? » L'échange est lunaire pour la blonde alors qu'elle dévisage ses ainés, pas certaine de pouvoir garder son calme et de prendre sur elle plus longtemps. "Vous êtes sérieux ?! Donc on fait comme si de rien ?! On va jouer les hypocrites toute la soirée et se regarder dans le blanc des yeux ?! Vraiment ?! " Elle lâche un rire amer avant de tremper ses lèvres dans sa vodka avant de grimacer, définitivement elle n'aime pas ça ! Elle bouillonne l'américaine, et si elle fumait, c'est le momçent qu'elle choisirait pour s'éclipser. Histoire d'aller griller une cigarette pour faire redescendre le feu qui lui brûle les veines. "Désolée mais je vais pas réussir à faire comme si t'avais pas dit que tu me détestais. " Quoi il ne l'a pas dit ?! Justement il est bien là le problème.
L'aîné des Strange n’avait pas d’excuse valable pour expliquer sa disparition soudaine pour faire son voyage. Il ne pouvait pas se confier sur son voyage sous peine de décevoir ses sœurs. L’une parce qu’il lui avait promis de changer et l’autre parce qu’elle n’avait pas idée du monstre que pouvait être son frère. Il avait regardé Meryl sans laisser paraître la moindre émotion sur son visage au sujet de la prison alors qu’elle lui demandait si c’était un lieu qu’il connaissait avant de regarder rapidement Gabrielle se rendant compte qu’il avait parlé sans réfléchir d’un sujet qu’il fallait mieux éviter. “Tout vas bien c’est l’essentiel non ?” Qu’il disait finalement, préférant n'ajouter rien de plus sous peine de se mettre davantage dans une situation compliquée.
Finalement la conversation se tournait vers la cadette qui avait une bonne nouvelle, annonçant la reprise de ses études. Un sujet qui, même s’il n’était pas proche d’elle, lui faisait plaisir, surtout parce que ça voulait dire qu’elle n’allait pas mal tourner et qu’elle faisait en sorte de se dessiner un avenir. Sans surprise, Meryl n’acceptait pas le compliment de son frère, pensant que ça ne l’intéressait pas vraiment. “Je ne me force pas, je suis réellement content pour toi.” Se justifiait-il avec un sourire sincère.
Tout était digne d’un mauvais sitcom et pourtant chacun continuait de faire comme si de rien n'était, comme si ce dîner avait été une bonne idée durant une fraction de seconde. L’ainé qui était dans un état déplorable, mais qui tentait de faire illusion en prenant sa disparition soudaine à la légère, proposait de faire une visite de l’appartement, une proposition pour tenter d’éviter tout conflit supplémentaire. Gabrielle lui demandait s’il avait l’appartement depuis longtemps, une question des plus classiques, du moins il l'espérait. “Depuis des années, je ne vivais pas ici avec Mavis.” Pourquoi parler de sa defunte femme ? “C’était un investissement” Son appartement à Fortitude avait été mis sans dessus dessous par les flics suite à une saisie et après avoir pu y retourner il avait pris la décision de vivre ici, à Spring Hill à temps plein, le réconfortant dans sa décision de changer de vie. Il soufflait intérieurement pour calmer les nombreuses mauvaises pensées qui envahissaient son esprit. Il pensait à Lou avec qui il avait partagé de nombreux moment au sein de cet appartement, des souvenirs qui l'affectent bien plus qu’il pensait. Heureusement, la voix de Meryl stoppa toutes ces pensées et c’est en fronçant les sourcils qu’il regarda en sa direction. Le but n’était pas de faire de cette soirée un terrain de jeu pour un règlement de compte, bien au contraire et même si la cadette n’avait pas tort, Mitchell n’était pas d’humeur à se lancer là-dedans. Il se pinçait les lèvres pour ne parler trop vite jusqu’à entendre la suite.
C’était donc ça. Elle restait persuadée qu’il la détestait après toutes ces années. Il n’avait jamais prononcé de tels mots et pourtant à en voir le regard de la blonde c’était comme si. Après avoir posé son verre, il leva les deux mains pour avoir l’air innocent. “C’est toi qui le dis et le pense, je n’ai jamais rien dit de tel ” Qu’il tentait de se défendre face aux mots prononcés par sa jeune sœur comme s’il devait se défendre à tout prix, cherchant le regard de Gabrielle. Bon, il était vrai qu’il n’avait jamais réellement porté Meryl dans son cœur et ce depuis sa naissance. Elle était le fruit de l’union de leur père avec sa nouvelle femme après que sa mère ai soufflé son dernier souffle sous ses yeux et il avait toujours eu beaucoup de mal à accepter le mariage de son père tout comme l’enfant qui avait été servit avec. Elle n’avait pas vécu la même chose qu’eux, elle n’avait pas subi la même violence de la part de cet homme et c’est pour cela qu’Alex avait toujours eu du mal à l’accepter. Même si aujourd’hui il n’avait plus autant d’amertume à son sujet, le fossé était creusé entre eux et ne pouvait se refermer sans que la vérité éclate. Elle ignorait beaucoup de choses sur son frère, sa vie passée, sa vie de criminel, il ne pouvait pas jouer au grand frère parfait avec elle en continuant à mentir. Il avait vu son regard le soir ou il était venu à sa rescousse et il n’avait pas envie de le revoir, il n’avait pas envie d’être jugé une fois encore. “Pourquoi penser que je te déteste ?” Qu’il demandait avec légèreté. Il ne niait cependant pas le fait de la détester, mais uniquement le fait de ne pas l’avoir dit. Il regardait finalement Gabrielle. “Tu penses que je la déteste ?” Qu’il demandait. “Autant avoir l’avis de tout le monde non, on devrait appeler Finn pour lui demander son avis là-dessus aussi !” Finalement, il avait eu du mal à garder son calme, ne comprenant pas pourquoi elle s’obstinait à penser qu’il la déteste alors qu’il tente de faire les efforts pour être au minimum son frère comme il se doit.
Mars 2023. "Tu dis ça comme si... C'était un lieu de villégiature... Tu connais ?" Forcément que Meryl tique à cette précision, celle qu’Alex donne comme si le passage par la case prison était devenue monnaie courante, autant pour lui que pour le reste du monde. Cette précision exaspère Gabrielle qui ne manque pas de lui jeter un regard d’autant plus noir quand leur cadette réagit à ce propos. Elle n’est au courant de rien et ce n’est définitivement pas une discussion qui serait la bienvenue ce soir, alors que l’atmosphère est déjà suffisamment délicate et tendue “Tout vas bien c’est l’essentiel non ?” « C’est l’essentiel » que vient conclure Gaby d’un ton ferme pour ne plus permettre plus de divagation à ce sujet et surtout pour éviter de rajouter de l’huile sur le feu.
"Je termine ma dernière année d'infirmière... Et puis je me spécialiserai. " C’est le parcours qu’a décidé de reprendre Meryl et lorsqu’elle en donne la précision, Gabrielle ne peut s’empêcher d’avoir ce sourire naturel qui revient spontanément sur ses lèvres. Elle est fière de voir que sa petite sœur souhaite renouer avec cette voie qui semble être la sienne, enlevant un poids à Gaby qui s’inquiétait pour elle, après son arrivée à l’improviste à Brisbane, dont les raisons floues ont fini par laisser place à un peu plus de clarté "Te sens pas forcé de faire comme si ça t'intéresse..." “Je ne me force pas, je suis réellement content pour toi.” Assister à une telle scène ne met pas l’avocate dans une position agréable. Elle se retrouve entre son frère et leur cadette, celle qui doute de l’intérêt que peut lui porter Alex tant il n’a jamais pris la peine de s’intéresser à elle, et a raison. C’est peut-être pour cette raison qu’elle préfère une nouvelle fois tempérer l’instant en s’approchant de Meryl, déposant une main sur son épaule pour lui signifier cette fierté qu’elle représente à ses yeux.
“Depuis des années, je ne vivais pas ici avec Mavis.” Mitchell décide de leur faire faire le tour du propriétaire. Pas que cela intéresse outre mesure la californienne, mais elle y voit là un moment de répit. Alors elle accepte, bien qu’elle aimerait à la place avoir des discussions plus animées, mais dans le bon sens du terme, où les éclats de rire se mêleraient à l’évocation de souvenirs d’enfance. Mais quelle enfance, quand la leur a été des plus chaotiques, expliquant aujourd’hui pourquoi une telle atmosphère règne au-dessus de leur tête et ne leur permettra jamais de connaitre une telle légèreté. Trop de rancœur, trop de non-dits, trop de secrets. Et tant que cela continuera, cette fratrie soudée qu’ils ont pu être à un moment donné de leur vie ne pourra pas renaitre. “C’était un investissement” « Je vois » Si elle avait été seule avec Mitch, elle lui aurait demandé de quel type d’investissement il parle et celui-ci, surtout, avait été fait avec l’argent sale qui était le sien, celui-là même qu’il lui a fourni pour l’aider à poursuivre ses études… "Vous êtes sérieux ?! Donc on fait comme si de rien ?! On va jouer les hypocrites toute la soirée et se regarder dans le blanc des yeux ?! Vraiment ?! " Elle soupire en entendant la colère de Meryl s’exprimer face à cette scène qui n’a aucun sens. Mais comment lui en vouloir quand elle a parfaitement raison. Ils jouent les hypocrites, Gabrielle la première mais parce qu’elle ne tient pas à ce qu’une fois de plus, les retrouvailles entre les Strange connaissent la même issue que lors de leur dernière rencontre, où lorsqu’elle-même a passé la soirée avec Mitch et Alec et que celle-ci a tourné au drame. "Désolée mais je vais pas réussir à faire comme si t'avais pas dit que tu me détestais. " « Tu as réellement dis ça, Alex ? » qu’elle demande à son ainé en se tournant vers lui, ahurie “C’est toi qui le dis et le pense, je n’ai jamais rien dit de tel ” Il répond à sa question tout en s’adressant à la cadette qui ne semble pas convaincue. “Pourquoi penser que je te déteste ?” Même Gabrielle pourrait en énumérer les raisons mais laisse ce loisir à sa cadette qui n’en a toutefois pas le temps parce que Mitch poursuit “Tu penses que je la déteste ?(…) Autant avoir l’avis de tout le monde non, on devrait appeler Finn pour lui demander son avis là-dessus aussi !” « Arrêtes un peu, tu veux, Alex ? » Elle le somme de cesser de surjouer, comportement qu’il adopte toujours lorsqu’il a réellement quelque chose à se reprocher. « Tu ne peux pas lui en vouloir de penser ça. Tu ne t’ai jamais intéressé à elle, tout comme tu ne t’ai jamais intéressé plus à moi lorsque toi et Finn êtes partis de Vegas » le passé refait nécessairement surface à cet instant « Arrêtes un peu de prétendre que ce n’est pas le cas, ose au moins pour une fois reconnaitre que tu n’as pas agi comme le grand frère que tu aurais du être pour nous. Que ce soit envers Meryl, envers Finn ou envers moi » Parce que malgré son absence, Alec était concerné aussi « Tu as peut-être raison, peut-être qu’on devrait appeler Finn pour lui demander ce qu’il en pense lui aussi. Mais plus sur ton rôle d’ainé que sur le fait que tu détestes ou non Meryl ». Elle n’en pensait pas un mot mais perdant sa patience, elle le provoque à son tour en le mettant devant le fait accompli : il n’est pas irréprochable. Son verre délaissé à son tour, Gaby soupire « J’ai tout autant envie que toi qu’on redevienne cette fratrie qu’on a pu être enfant, en incluant Meryl comme elle mérite de l’être. Mais, arrêtons de nous leurrer un peu, Alex… Ca n’arrivera jamais » Ils ont déjà eu cette discussion, elle a voulu se rattacher à ce mince espoir que son frère a laissé entrevoir en disant qu’il souhaitait changer mais si c’est avec regret qu’elle arrive à cette conclusion ce soir, c’est parce qu’elle sait que tout cela n’était que de la poudre aux yeux.
Mars 2023 | “Tout va bien c’est l’essentiel non ?”« C’est l’essentiel » L’américaine sent que derrière ses paroles aux allures anodines, les non dits sont plus que présents. Il n’y a qu’à voir les regards entre ses deux aînés pour comprendre que tout ça n’est qu’une façade et qu’on la tient à l’écart d’une chose qu’elle ne saisit pas. Elle se retient de soupirer et de lever les yeux au ciel, mais l’envie est plus que présente. Au lieu de ça, elle préfère montrer qu’elle n’est pas qu’une imbécile paumée qu’on récupère derrière un bar. Elle vaut mieux que ça, ça fait des années qu’elle essaie de s’en convaincre, alors oui elle aimerait qu’il l’entende, peut-être même qu’il lui dise qu’il est fier d’elle, mais même là, ses mots sonnent faux à son oreille, comme prononcés mécaniquement histoire d’assurer le service minimum. “Je ne me force pas, je suis réellement content pour toi.” C’est sûrement une idée qu’elle se fait, peut-être qu’il le pense réellement après tout. Elle se contente d’un hochement d’épaules en détournant la tête, à défaut de vouloir en découdre dans une argumentation qui n’aurait pas de fin. Elle préfère se taire, au moins un temps, regarder ses aînés ‘discuter’ le regard plein de sous entendus là-encore ce qui ne manque pas de faire bouillir son sang. La blonde soupire, agacée face à la scène qui se joue et devant cette hypocrisie ridicule.
« Tu as réellement dis ça, Alex ? » Elle le dévisage, amère qu’elle est en souvenir de cette nuit où elle avait bêtement cru que quelque chose de positif aurait pu ressortir de ce carnage. “C’est toi qui le dis et le pense, je n’ai jamais rien dit de tel ” A ça, elle répond par un rire forcé, blessée qu’elle est dans son for intérieur. « JUSTEMENT, t’as rien dit ! Je t’ai posé la question... Et t’as rien dit ! » Et c’est peut-être ça qui la heurte le plus, le silence qu’il a imposé à cette question est plus blessant que tous les mots qu’il aurait pu prononcer à son égard. “Pourquoi penser que je te déteste ?” La posture de l’américaine se ferme face à son frère, le regard qu’elle lui lance trahissant ce qu’elle peut ressentir. Ose dire le contraire surtout ! C’est ce qu’elle se retient de dire, non contente d’avoir lancé les hostilités, elle craint le débordement émotionnel si elle ouvre trop les vannes. Ses émotions à fleur de peau déjà bien trop présentes. “Tu penses que je la déteste ?(…) Autant avoir l’avis de tout le monde non, on devrait appeler Finn pour lui demander son avis là-dessus aussi !” Sa réaction ne fait que la braquer un peu plus, déjà à fleur de peau. Pourquoi réagir de manière aussi virulente s’il n’a rien à se reprocher ?! « Arrêtes un peu, tu veux, Alex ? » Son regard se porte sur Gabrielle, Meryl n’attendait pas spécialement une prise de position de la part de sa sœur, Pour autant, elle ne crache pas sur son intervention. « Tu ne peux pas lui en vouloir de penser ça. Tu ne t’ai jamais intéressé à elle, tout comme tu ne t’ai jamais intéressé plus à moi lorsque toi et Finn êtes partis de Vegas. Arrêtes un peu de prétendre que ce n’est pas le cas, ose au moins pour une fois reconnaitre que tu n’as pas agi comme le grand frère que tu aurais du être pour nous. Que ce soit envers Meryl, envers Finn ou envers moi » Et ça l’américaine ne s’y attendait pas vraiment, elle avait sûrement idéalisé leur relation de ses yeux d’enfant. Faut dire que du haut de ses cinq petites années, ils avaient l’air proches et les souvenirs qu’elle garde de cette époque sont bien trop flous pour qu’elle puisse les détailler avec certitude - à l’exception de la mort de leur père étrangement. « Tu as peut-être raison, peut-être qu’on devrait appeler Finn pour lui demander ce qu’il en pense lui aussi. Mais plus sur ton rôle d’ainé que sur le fait que tu détestes ou non Meryl. J’ai tout autant envie que toi qu’on redevienne cette fratrie qu’on a pu être enfant, en incluant Meryl comme elle mérite de l’être. Mais, arrêtons de nous leurrer un peu, Alex… Ca n’arrivera jamais » Les reproches sont amers et Meryl ne peut nier le fait que sentir Gabrielle aussi remontée contre Alex la conforte dans son ressenti. Elle ne devrait pas rebondir, non, le mieux serait encore de faire profil bas et laisser se tasser le feu qu’elle a elle-même allumé. « Y a visiblement pas que moi que tu as déçu... » Celle-là n’était pas indispensable, mais les mots avaient fusé plus vite que ses pensées. « Je suis la pièce rapportée n'est-ce pas Alex ? Tu m'as jamais vue comme ta sœur, j'en avais pas conscience jusqu'ici mais je le vois maintenant... » Là encore les mots sortent sans qu’elle ne prenne le temps de les peser. « Au début, j'ai cru que tu étais trop occupé, que peut-être il t'arrivait de penser à moi... Que je te manquais, même un petit peu, mais la vérité c'est que t'en as jamais rien eu à faire de moi... » Son sourire n’est qu’une façade pour cacher sa peine qu’elle tente de dissimuler sous une colère refoulée depuis des années. « T’as jamais été là pour moi... » C’est presque vrai...
La scène qui se jouait ce soir était pure hypocrisie et ça n’avait pas duré longtemps. Les non dits était sur le point d’être mis en plein jour et quiconque aurait dû faire face à une telle conversation aurait joué le jeu et aurait avoué ses torts, mais Mitchell lui laissait comme à son habitude son arrogance et son impulsivité prendre le dessus et suite aux dires de ses deux soeurs il eut beaucoup de mal à garder le contrôle et c’est sans réellement réfléchir qu’il prit la parole. “On la connait l’histoire à force !” Qu’il s’exclamait, s’allumant une cigarette pour rendre ce moment plus théâtrale. “Oh le vilain grand méchant loup !” Il riait amèrement. “On devrait écrire des bouquins sur notre famille, je serai le méchant, Gaby tu serais la fille droite dans ses bottes, Alec lui … oh pardon je voulais dire Finn, il serait quoi lui ? Le suiveur ? Et toi Meryl tu serais la victime de la famille. Combo parfait, succès assuré !” Il se braquait et ce n’était pas bon, il se sentait attaqué de tous les côtés et sa seule défense possible face à ses sœurs était belle et bien la parole. Il regardait ses deux sœurs à tour de rôle alors qu’il continuait de parler avec de grands gestes et surtout en haussant le ton. “Tout ce que j’ai toujours fait c’est me battre pour survivre, me battre pour vous donner une chance de réussir dans cette vie de merde donc excusez-moi si je n’ai pas été ce frère présent H24 !” Il laissait sa cendre tomber au sol posant son regard sur Gaby. “Finn n’a jamais eu de couteau sur la gorge à ce que je sache, tout ce qu'il a fait … ” Il stoppait net sa phrase avant de regarder Meryl. “Si j’en avais tellement rien à faire de toi j'aurais laissé ce type faire de toi ce qu’il voulait dans cette ruelle, mais non, rappel moi, je t’ai sauvé !” Il n’était pas censé en parler, Gaby ne devait pas savoir, mais face à la situation c’était beaucoup trop facile de lui balancer tout ça au visage et il n’avait pas pu se retenir. “Il va falloir revoir ta définition de “je n’ai jamais été là pour toi, car c’est faux !” Il terminait sa cigarette, l’écrasant dans son verre vide. “Mais vu qu’on joue la partie ou je suis le méchant et que vous êtes toutes les deux contre moi, je vais faire comme si j’étais d’accord avec vous.” Il avançait à travers la pièce dans le but de se resservir un verre sans pour autant cesser de parler. “Gabrielle a raison, ça n’arrivera jamais.” ayant rempli son verre, il prit une bonne gorgée. “Nous ne serons jamais cette famille et tu as peut-être raison Meryl, je ne t’ai jamais considéré comme ma soeur, à vrai dire tu ne devrais même pas être parmi nous vu l’enfoiré qu’était notre père, ou devrais-je dire TON père, puisque je ne le considère pas comme tel.” Il semait des pierres sans entrer dans les détails, ne se rendant pas compte qu’il en disait trop sans en dire trop et que la présence de Meryl allait sûrement susciter des questions chez elle. Il déposait son verre sur la table. “Qui a faim ?” Qu’il demandait avec un sourire en coin, bien conscient qu’il venait de mettre de l’huile sur le feu et que la soirée n’était pas loin d’être terminée.
Mars 2023. « JUSTEMENT, t’as rien dit ! Je t’ai posé la question... Et t’as rien dit ! » Gabrielle est outrée d’entendre qu’Alex n’a eu aucune réaction lorsque Meryl l’a interrogée à ce sujet et c’est pour cette raison que Gabrielle, à son tour, est incapable de garder ses pensées pour elle. Elle ne fait là que formuler à voix haute un constat qui reste inchangé, et ce, depuis des années, où elle estime que Meryl et elle n’ont plus jamais eu d’importance à ses yeux – Finn est exclu, pourtant, il pourrait tout autant faire partie du lot, bien qu’elle et lui aient toujours été plus proche qu’elle et Alex. Elle est déçue en tout cas et en vient même à statuer sur cette possibilité qui pourrait leur être donnée, cette chance de renouer au moins tous les trois, de redevenir une fratrie soudée. Il n’en sera rien, il n’en sera jamais rien, ce n’est que de la poudre aux yeux, tout comme cette soirée, alors autant cesser tout de suite les faux semblants. Gaby en a assez. « Y a visiblement pas que moi que tu as déçu... » La déception est réelle et même si Meryl a raison, il est vrai que sa réaction est puérile et pas nécessaire, ce que l’ainée ne prend toutefois pas la peine de souligner. « Je suis la pièce rapportée n'est-ce pas Alex ? Tu m'as jamais vue comme ta sœur, j'en avais pas conscience jusqu'ici mais je le vois maintenant... (…) Au début, j'ai cru que tu étais trop occupé, que peut-être il t'arrivait de penser à moi... Que je te manquais, même un petit peu, mais la vérité c'est que t'en as jamais rien eu à faire de moi... (…) T’as jamais été là pour moi... » Si Gabrielle comprend le ressenti de sa cadette, il n’est pas aussi fort de son côté et l’entendre formuler ce mal être à voix haute la meurtrie davantage encore.
“On la connait l’histoire à force ! (…) Oh le vilain grand méchant loup !” Il entre dans son rôle, celui dans lequel il se glisse avec une telle aisance, celui dont l’identité n’est plus le Alexander Strange mais Mitchell Strange, celui qu’elle ne cessera jamais de clamer être un inconnu à ses yeux. Sa théâtralité l’agace déjà et elle n’a tout bonnement plus envie de l’écouter, ses pupilles roulant dans leurs orbites. “On devrait écrire des bouquins sur notre famille, je serai le méchant, Gaby tu serais la fille droite dans ses bottes, Alec lui … oh pardon je voulais dire Finn, il serait quoi lui ? Le suiveur ? Et toi Meryl tu serais la victime de la famille. Combo parfait, succès assuré !” Il fait allusion à Alec et évidemment que Meryl aurait tous les droits de se poser des questions, ce qui ne manque pas de tendre davantage encore l’ainée des filles « Arrêtes, Alex ! ». Ce n’est pas comme ça qu’il doit la jouer, ce n’est pas cette défense là qu’il doit utiliser pour recoller les morceaux. Il semblerait que tout ça ne soit plus d’actualité. “Tout ce que j’ai toujours fait c’est me battre pour survivre, me battre pour vous donner une chance de réussir dans cette vie de merde donc excusez-moi si je n’ai pas été ce frère présent H24 ! (…) Finn n’a jamais eu de couteau sur la gorge à ce que je sache, tout ce qu'il a fait … ” Il va trop loin, menaçant de révéler des secrets encore bien gardés et non portés à la connaissance de la cadette – elle n’a pas besoin de ça. Alors, l’échange de regard entre le frère et la sœur est suffisant pour qu’il cesse avant de prononcer les mots de trop, l’emmenant à changer de sujet – et Gabrielle, après ça, ne sait plus ce qui aurait été finalement le mieux. “Si j’en avais tellement rien à faire de toi j'aurais laissé ce type faire de toi ce qu’il voulait dans cette ruelle, mais non, rappel moi, je t’ai sauvé !” « Attendez, une seconde » que fait Gabrielle en levant la main en l’air « De quoi il parle ? » Ce n’est pas à lui qu’elle pose la question mais à Meryl directement parce qu’elle ne fait plus confiance aux dires de son frère, qui a tendance à tout exagérer. « Qu’est-ce qu’il s’est passé Meryl ? » qu’elle ajoute pour inciter sa jeune sœur à parler de ce quelque chose qui est, semble-t-il, passé à la trappe. “Il va falloir revoir ta définition de “je n’ai jamais été là pour toi, car c’est faux !” Alex ajoute, sans ménagement, alors que, là encore, il adopte une réaction des plus puériles, tout comme la cadette un peu plus tôt. “Mais vu qu’on joue la partie ou je suis le méchant et que vous êtes toutes les deux contre moi, je vais faire comme si j’étais d’accord avec vous (…) Gabrielle a raison, ça n’arrivera jamais.” Le glas tombe et même si elle a été la première à formuler cela à voix haute, une part d’elle aurait aimé qu’Alex la contredise et ne baisse pas les bras à son tour “Nous ne serons jamais cette famille et tu as peut-être raison Meryl, je ne t’ai jamais considéré comme ma soeur, à vrai dire tu ne devrais même pas être parmi nous vu l’enfoiré qu’était notre père, ou devrais-je dire TON père, puisque je ne le considère pas comme tel.” « TU vas beaucoup trop loin Alex. Comment tu oses lui parler comme ça ?! » Gabrielle s’emporte, s’approchant de son ainé, comme si cela allait le faire taire définitivement « Notre père était une ordure, c’est un fait, mais tu n’as pas le droit de lui reporter la faute sur elle. Elle n’y ait pour rien et elle aussi à tout autant subi que nous l’indigne père qu’il a pu être. Tu es injuste ! » Il ne devrait pas avoir de tels mots, il est l’ainé, celui qui devrait montrer l’exemple, celui qui devrait se battre pour cette famille détruite. C’est avec un mélange de dégout et de déception qu’elle le regarde, croyant rêver alors qu’il ose encore demander “Qui a faim ?". Son regard, insistant posé sur lui, elle finit par lâcher un « Tu ne vaux finalement pas mieux » parce que, si leur père blessait par les coups, lui le fait par les mots. Son regard ancré dans celui de son ainé, Gabrielle lui démontre toute sa déception et ajoute à l’attention de sa cadette « On ferait mieux de partir ». Sa voix est calme mais ferme et, récupérant son sac, elle attend que Meryl en face de même pour qu’elles partent.
Mars 2023 | Tout aurait été plus simple pour l’américaine si elle avait eu la chance de faire le deuil de cette relation fraternelle fantasmée. Meryl avait toujours souffert de cette indifférence et du silence de ses aînés. Elle avait jalousé la relation entre Gabrielle, Alex et Finn, s’imaginant des liens qui de toute évidence n’étaient rien. Elle lui en veut Meryl, de rester loin d’elle, de ne pas l’aimer, de ne pas savoir combler ce vide qu’elle ressent à chaque fois qu’elle tente une approche. Elle lui en veut d’être distant, de ne pas lui avoir juste dit qu’elle avait tort. Ses réactions sont puériles elle le sait, elle n’y peut rien, c’est plus fort qu’elle, parce qu’au fond c’est l’enfant blessée et abandonnée qui parle. L’adolescente qu’on a laissée pour compte qui ne demande qu’à être acceptée quand elle n’a jamais eu de place, vraiment ni auprès d’eux, ni auprès de leur tante. Elle n’avait pas fini en foyer, elle ne devrait pas se plaindre, elle le sait, mais là encore la maturité lui fait défaut. “On devrait écrire des bouquins sur notre famille, je serai le méchant, Gaby tu serais la fille droite dans ses bottes, Alec lui … oh pardon je voulais dire Finn, il serait quoi lui ? Le suiveur ? Et toi Meryl tu serais la victime de la famille. Combo parfait, succès assuré !”« Arrêtes, Alex ! » Mais il ne s’arrête pas non, trop lancée pour se taire, la jeune femme encaisse, non sans claquer la langue, piquée à vif par les allégations de son frère. Elle bouillonne, d’un trop plein d’émotion alors qu’elle lui lance des regards assassins. « Va te faire foutre Alex... » Qu’elle lance sans même écouter les justifications qu’il peut bien donner. Elle aurait voulu un frère présent plutôt que de l’argent, elle aurait voulu une famille.
“Si j’en avais tellement rien à faire de toi j'aurais laissé ce type faire de toi ce qu’il voulait dans cette ruelle, mais non, rappel moi, je t’ai sauvé !” Le coup qu’elle se prend, Meryl ne l’avait pas vu venir, ça la laisse un instant sans voix, le souvenir de cette soirée se rappelle à elle, la sensation des mains qui courent, l’impuissance face à l’agression et maintenant, la trahison d’un frère qui venait de rompre sa promesse. « Attendez, une seconde. De quoi il parle ? » Elle dévisage Alex, blessée, alors qu’elle n’ose même pas croiser le regard de Gabrielle. « T’avais promis... » Sa voix se serre à mesure que les mots passent ses lèvres. « Qu’est-ce qu’il s’est passé Meryl ? » Là encore, elle détourne le regard, ravale ses émotions, même si elle déborde à outrance et qu’elle voudrait pouvoir hurler pour tout expulser. Elle n’arrive pas à le dire Meryl, pas là qu’elle est si exposée. Il l’a mise à nue en balançant ce secret et Meryl lui en veut. “Il va falloir revoir ta définition de “je n’ai jamais été là pour toi, car c’est faux !” Le silence pour seule défense, elle n’a qu’une envie : fuir d’ici, courir aussi loin qu’elle le peut. “Mais vu qu’on joue la partie ou je suis le méchant et que vous êtes toutes les deux contre moi, je vais faire comme si j’étais d’accord avec vous (…) Gabrielle a raison, ça n’arrivera jamais. Nous ne serons jamais cette famille et tu as peut-être raison Meryl, je ne t’ai jamais considéré comme ma soeur, à vrai dire tu ne devrais même pas être parmi nous vu l’enfoiré qu’était notre père, ou devrais-je dire TON père, puisque je ne le considère pas comme tel.” Les mots sont rudes à entendre et l’acide qui lui couvre la gorge lui refile une nausée monstrueuse. Elle peut sentir la pointe dans sa poitrine, son coeur se serrer dans sa cage thoracique. « Au moins c’est clair maintenant... » Et ça lui fait un mal de chien de l’entendre, de le comprendre et surtout de le réaliser. Ses doigts viennent effacer les traînées humides qu’elle n’a pas pu refouler. « Notre père était une ordure, c’est un fait, mais tu n’as pas le droit de lui reporter la faute sur elle. Elle n’y ait pour rien et elle aussi à tout autant subi que nous l’indigne père qu’il a pu être. Tu es injuste ! » En retrait, elle écoute à peine les mots de Gabrielle, son instinct de protection lui hurle de partir d’ici, de cesser de se battre puisqu’il ne veut pas d’elle dans sa vie. « J’ai jamais demandé à naître... Je voulais juste... faire partie de votre famille. » Elle s’exclue volontairement de leur famille, elle a bien compris le message et ce ne sont pas les mots de Gabrielle qui compenseront la peine qu’il vient d’inscrire en elle au fer rouge, validant tous ses ressentis accumulés depuis près de vingt ans. « On ferait mieux de partir » Elle n’irait pas la contredire, elle a trop mal pour ça. « J’ai compris le message ne t’inquiète pas... T’auras plus à faire semblant... Elle est déjà levée Meryl, elle ne lance même pas un regard à cet homme qui l’a ouvertement rejetée, avec ou sans Gabrielle, elle ne comptait pas rester dans un lieu où elle n’était clairement pas la bienvenue. L’instant qui suit, elle a déjà passé la porte, le poids sur son estomac refusant de la quitter. Elle n’attend pas spécialement Gabrielle, en cet instant elle n’a envie que d’une chose : plonger dans les bassesses et oublier l’humiliation qu’elle vient de subir. L’américaine a juste envie d’être seule pour encaisser.
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