Une tasse fumante de thé posée sur la table, je m’étais assise sur ma terrasse avec mon ordinateur. Les cours à la fac avaient repris depuis fin janvier mais il était encore possible de s’inscrire jusqu’à la fin du mois. J’avais ouvert un dossier en ligne et il ne manquait plus que je l’envoie pour confirmer mon inscription en PhD (doctorat) de psychologie. Cette idée me trottait dans la tête depuis que j’avais accepté de devenir directrice adjointe (en formation) au planning familial. Même si j’avais le soutien de mes collègues, j’avais l’impression de manquer de légitimité et je m’étais mise en tête que je serais plus capable d’assumer un jour le poste de directrice si j’avais un doctorat. « Je suis folle, dans quoi est-ce que je me lance encore ! » Me morigénais-je. Je fixais l’écran de mon ordinateur et le ferma sèchement avant d’avoir envoyé quoi que ce soit. Je me sentais encore plus nauséeuse que la veille et me disais que j’avais dû manger quelque chose qui ne passait pas. J’avais vraiment besoin de faire du sport pour calmer mes nerfs.

Je rangeais mon ordinateur et partis me préparer parce que j’avais rendez-vous avec Savannah dans pas longtemps. J’enfilais ma plus belle tenue de sport verte – Thème St Patrick jusqu’au bout ! – attachais ma lourde chevelure blonde en une queue de cheval toute simple et mettais un peu de vert sur mes yeux. Quand je fus enfin prête, je me rendais directement au Brisbane Irish Festival où Savannah devait déjà m’attendre.

Il y avait déjà beaucoup de monde et heureusement qu’il y avait des panneaux qui indiquaient où se trouvait les différentes activités. Je nous avais inscrite – mon amie et moi – à un parcours d’obstacles du style parcours du combattant / koh lanta … Une épreuve semble-t-il assez physique mais ça, je m’étais bien gardée de donner cette information à ma binôme du jour parce que je suis certaine qu’elle n’aurait pas accepté de le faire sinon. Il y avait des femmes et des hommes de tout âge et de toute condition physique pour cette épreuve mais une grande brune, pas spécialement musclée et avec un faux air d’Angelina Jolie me bouscula alors que je m’avançais vers mon amie. Elle me lança un regard si condescendant, que je ne pus m’empêcher de la regarder de toute ma hauteur et avec dédain avant de tracer ma route. « Hey !!! » lançais-je avec entrain à la belle blonde avant que mon sourire ne se fige et qu’une grimace ne le remplace, « T’as une sale tête ! Mathis a été malade cette nuit ? On dirait que tu as super mal dormi ! » sans penser une seule seconde que ma comparse ait pu faire la fiesta toute la nuit au lieu de se reposer un minimum.

« Bon, t’es prête ? J’avais tellement hâte de faire cette course d’obstacle ! » mon excitation se voyait clairement sur mon visage, « Va pas falloir avoir peur de se mouilller, sauter dans la boue ou à la corde par contre, et la concurrence va être rude. Angelina Jolie version wish, là-bas, » montrais-je à mon amie la brunette qui ne me quittait du regard depuis qu’elle m’avait bousculé, « elle a l’air coriace. Je suis sûre que c’est le genre de garce à te faire un croche-pied pour gagner alors méfies-toi d’elle. » Est-ce que j’étais déjà à fond dans la compétition ? Oh mais complètement ! Je n’aimais pas perdre face à ce genre d’énergumènes et je comptais bien embarquer Savannah dans mon délire !

J’observe cette foule qui m’acclame sans répit depuis la scène, jouissant intérieurement de la reconnaissance professionnelle qui m’est offerte. Des efforts qui ont porté leur fruit par cet accueil particulièrement prenant. J’y suis arrivée, tout ce travail fourni m’aura permit de connaître ce moment de gloire et de le savourer au premier rang. Le sourire béant qui orne mes lèvres témoigne de cette immense fierté, cette reconnaissance, que je ressens au plus profond de moi, et dont je ne parviens pas à me défaire. Un moment où je suis coupée du monde, alors qu’une voix féminine s’élève jusqu’à moi après s’être discrètement approchée. “Mademoiselle Williams… Il va falloir y aller maintenant.” J’entends, mais je ne comprends pas. Ce moment n’en est pourtant qu’à son commencement. Elle sourit, hochant brièvement de la tête pour appuyer ses propos, comme si  tout était évident, comme si nous étions sur la même longueur d’ondes, alors mon sourire semble peu à peu se perdre face à cette incohérence “Mais pourquoi?” parviens-je à demander, ayant l’impression d’entendre ce brouhaha général en arrière-plan, nous laissant l’intimité nécessaire pour échanger “Parce qu’ils vous attendent.” Je fronce les sourcils, ne parvenant pas à comprendre à qui elle fait allusion. Quoiqu’il en soit, cette impression qu’elle veut gâcher ce moment s’amplifie sans en comprendre la raison. Elle le perçoit et me rappelle à l’ordre. “Ca sonne” Une légère mélodie semble effectivement s’élever dans la grande salle de réception, me poussant à relever mes iris bleus vers le plafond pour en deviner la provenance. “Vous devez encore vous changer.” Cette somptueuse robe blanche, conçue par un grand créateur, est pourtant la tenue parfaite pour l’occasion. Quelques éclats de rire se font entendre, je suis pointée du doigt, me poussant à baisser le regard sur mon corps, qui se trouve désormais vêtu de simples sous-vêtements. Toujours cette mélodie insidieuse, qui prend de plus en plus de place, qui braille toujours plus, et ces rires moqueurs… Mais qu’est ce que c’est que ce bordel?! “Savannah...SAVANNAH!” me hurle t-elle, me faisant sursauter alors que mes paupières s’ouvrent subitement. Il me faut quelques secondes pour retrouver mes repères, et reconnaître cette chambre autour de moi, alors que mon corps lui, reste parfaitement immobile. Stupide sonnerie! Je me trouve dans mon lit, et ce son qui trouble ce silence n’est autre que mon téléphone qui me rappelle qu’il est l’heure de se lever. L’école. Je lâche un juron, parvenant à étirer le bras pour attraper ce détestable petit objet technologique et arrêter ce massacre. Un long soupir, justifié par l’interruption de ce rêve, ô combien agréable, mais aussi par la dureté de la réalité, qui m’impose à devoir interrompre mon sommeil pour jouer mon rôle de mère accomplie. Hourra! Je me frotte le visage, trouvant le courage de relever les paupières pour observer les dernières notifications, subissant la lumière aveuglante de l’écran qui me brule les rétines. Aucune info qui indique que je me suis retrouvée en petite tenue en plein meeting, c’est déjà ça. Une alerte me rappelle pourtant la raison de ce réveil, qui est loin de concerner le petit bonhomme, qui après réflexion, ne dort pas à la maison pour les jours à venir. Course avec Nephtys. C’est pire que tout. Je lâche le téléphone, tournant pour enfoncer mon visage dans l’oreiller.

Pourquoi? Parce que cette jolie blonde qui s’avère être l’un de mes piliers, a besoin de moi. J’aurais très bien pu trouver une fausse excuse, à laquelle elle n’aurait bien évidemment pas cru une seule seconde, mais mon égocentrisme n’a pas trouvé sa place. J’ai envie d’être là pour elle, particulièrement après les événements qu’elle a subi ces derniers mois. Un soutien qu’elle m’a tout autant apporté dans certaines périodes chaotiques de ma vie. C’est donc vêtue d’un legging noir et d’une paire de baskets que je remonte le chemin qui m’amène tout droit vers le lieu d’animation. L'euphorie de certains sonne comme une souffrance pour moi, qui ne pratique une activité physique que de façon très aléatoire. Ma chevelure blonde a été relevée dans un chignon négligé, alors que la mine que j’affiche, au-delà de l’absence de sourire, laisse largement entrevoir la fatigue écrasante. Les deux cafés pris depuis mon saut du lit n’auront pas suffit. Arrivée à destination, j’observe rapidement autour de moi, devinant rapidement quelques noyaux de personnes qui se sont formés pour l’occasion, alors que mon amie manque pour le moment à l’appel. J’ai l’air d’une parfaite intrus, comme si mon apparence laissait entrevoir tout le côté amateur de ma présence. Puis-je seulement leur en vouloir d’y penser? Pour sauver les apparences, je viens imiter les étirements d’une fille un peu plus loin, me baissant pour attraper le bout de ma basket, alors qu’une voix familière vient troubler ce moment. « Hey !!! » Je me relève, ayant bien du mal à faire preuve d’autant d'enthousiasme. Elle a toujours eu le chic pour m’amener dans des situations rocambolesques. « T’as une sale tête ! Mathis a été malade cette nuit ? On dirait que tu as super mal dormi ! » Je souffle sur la mèche blonde qui se la joue rebelle et qui est venue se glisser devant mes yeux. “J’ai 4h de sommeil au compteur…Et une légère gueule de bois. J’suis sortie hier soir”. Elle acquiesce, mais j’ai l’impression d’entendre un “Encore” dans sa réaction, qui serait pourtant allègrement mérité. Il est vrai que je m’autorise bien plus souvent des sorties extérieures lorsque je n’ai pas Mathis ou que je ne croule sous le boulot, un besoin de me changer les idées qui se fait toujours plus fort. “J’t’interdis d’le dire” Une remarque, qui provoque pourtant un sourire complice entre nous. Nous n’avions définitivement pas les mêmes moyens de se sortir de nos problèmes. « Bon, t’es prête ? J’avais tellement hâte de faire cette course d’obstacle ! » Je fronce les sourcils, penchant légèrement le visage par-dessus mon épaule. “Obstacle?” Ne s’agit-t-il pas seulement d’une stupide course relais? « Va pas falloir avoir peur de se mouiller, sauter dans la boue ou à la corde par contre, et la concurrence va être rude. Angelina Jolie version wish, là-bas, » Je secoue la tête “Sérieusement?! Attends, ca faisait pas parti du deal…” Je m’apprête à râler, mais son air tout à fait innocent me rappelle combien ça peut lui tenir à coeur. “Super…Ca f’sait un bail que je m’étais pas faite un soin du visage “ironisais-je en lui adressant un sourire forcé venant contredire ma précédente réaction. Je suis son regard, devinant sans plus attendre la jeune femme qu’elle ne porte pas dans son coeur, et qui nous dévisage par la même occasion. En temps normal, j’aurais peut-être prit à coeur ce genre d’affront, mais la fatigue et le peu de sérieux que j’investis dans ce moment me pousse simplement à m’en amuser. « elle a l’air coriace. Je suis sûre que c’est le genre de garce à te faire un croche-pied pour gagner alors méfies-toi d’elle. » Je lâche un rire. “J’ai toujours été team Jennifer Anniston de toute façon! Allons lui faire manger la terre” Un humour qui se veut léger, je ne suis pas là pour jouer les acharnés mais passer un bon moment en compagnie de la jolie blonde, que je prends grand plaisir à retrouver.

J’étais littéralement excitée comme une puce et particulièrement déterminée à mettre Angelina Jolie de Wish sur le tapis. Quand il s’agissait de sport j’étais toujours dans la compétition mais ce n’était pas le cas de Savannah qui avait l’air d’avoir fait nuit blanche. “J’ai 4h de sommeil au compteur…Et une légère gueule de bois. J’suis sortie hier soir”. Confirmant par la même occasion mon hypothèse à part que ce n’était pas son adorable bambin qui était à l’origine de sa nuit blanche. Je me contentais de m’empêcher de lever les yeux au ciel et mettais mes deux mains sur mes hanche, un air entendu collé au visage. Un espèce de ‘encore’ qui n’avait rien d’un reproche mais qui m’amusait plus qu’autre chose. “J’t’interdis d’le dire” Là encore, je lève mes bras en signe de reddition avant de partager un sourire complice avec la jolie blonde.

« Mes lèvres sont closes ! » Ohh que oui elles étaient closes surtout lorsque je la vois froncer les sourcils lorsque j’évoque une course d’obstacle. “Obstacle?” C’est vrai que lorsque je lui avais vendu cette histoire de course, j’avais peut-être oublié de préciser que ce n’était pas simplement du relais. Mais bon, ce n’est qu’un détail pas vrai ? “Sérieusement?! Attends, ca faisait pas parti du deal…” Je le sais, je le sens à des kilométres qu’elle s’apprête à râler alors je fais mine de commencer à m’échauffer, tournant doucement mes poignets et mes chevilles d’un air le plus sérieux possible. « T’es sûre ? Je suis certaine de te l’avoir dit pourtant. » Lui répondis-je d’une voix parfaitement innocente. De toute façon, quelle importance n’est-ce pas ? Course d’obstacle ou course relais, la finalité en sera la même : on va transpirer et en chier ! – oui ça fait beaucoup trop longtemps que je n’ai pas couru - “Super…Ca f’sait un bail que je m’étais pas faite un soin du visage “ Là j’éclatais franchement rire parce que j’avais compris qu’elle le disait avec ironie mais j’avais encore envie de la taquiner. « Voilà, ça c’est un mental de gagnante ! Et en plus de ça, tu me remercieras ce soir, quand tu auras une peau parfaite … Et un superbe bronzage ! » Rajoutais-je, avant de me taire parce qu’il fallait pas pousser non plus trop loin. Mon regard se posa ensuite sur la Angelina Jolie de Wish qui m’avait provoqué il y a quelques instants. “J’ai toujours été team Jennifer Anniston de toute façon! Allons lui faire manger la terre” « Pas de pitié pour ce genre de pintade ! » m’écriais-je avant qu’on ne nous invite à nous mettre près de la ligne de départ. Je savais que j’exagérais quand il s’agissait de sport et de compétition mais quand on me provoquait c’est ce qui arrivait.

Je pris Savannah par le bras pour nous faire avancer de quelques pas et lui dit : « Pour finir la course, il faut passer toutes les deux la ligne d’arrivée donc on se lâche pas. » Traduction : je compte pas te laisser tomber, on commence et on finit ensemble. Le coup de sifflet retentit. Je préférais qu’on courre plus lentement, même dès le départ, pour pouvoir tout donner à la fin du parcours. Je vis ma concurrente directe courir devant et se retourner quelques instants pour nous narguer. Je décidais de ne pas faire attention à sa provocation et de me concentrer. Quelques centaines de mètres plus loin, le premier obstacle se présentait à nous : une flaque d’eau mélangée à de la boue … qui semblait assez profond quand on voyait les premiers participants se jeter dedans. Juste après, il y avait une mur de cordes qu’il fallait escalader sur les deux côtés pour continuer la course. « ça va ? » demandais-je à mon avis qui devait avoir compris à quel genre de course je nous avais vraiment inscrite. « Tu me détestes pas trop ? » Demandais-je avant de me jeter la première dans la flaque de boue …

Ma motivation ne se résume qu'à une seule chose, la jolie blonde à mes côtés. Sportive occasionnelle, à aucun moment il ne me serait venu à l'idée de participer à ce genre d'événements, encore moins après un lendemain de soirée qui m'aura offert si peu d'heure de sommeil et un manque de fraîcheur assez perceptible. Je me dois cependant d'assumer, je suis la seule responsable de ce chaos que je me suis moi-même infligée, et je sens d'avance que cela ne va pas réellement m'aider pour faire preuve d'endurance et de combativité pour la course à venir. Je sais cependant que mon amie se chargera de me motiver lorsque j'aurais envie d'abandonner, et c'est peut-être bien ce qui me fait le plus peur. “J’t’interdis d’le dire”  Pourtant, je perçois une réaction méritée sur son visage, et qui dénote surtout un certain amusement de sa part. Au-delà de Mathis, j'ai donc trouvé deux solutions plutôt efficaces pour me faire oublier l'échec d'une relation sentimentale, me donner corps et âme dans mon boulot, et oublier ma solitude au travers de soirées passées en charmante compagnie. C'est peut-être pas glorieux, mais ça reste pour le moins efficace.  « Mes lèvres sont closes ! » Je souris en roulant des yeux, sachant très bien qu'elle n'émet aucun jugement à ce sujet, et qu'il est peut-être préférable de me voir agir ainsi, que de voir me morfondre inlassablement dans mon coin. Pour le moment, ce n'est pas ce sujet qui pourrait venir créer la discorde, mais plutôt l'épreuve à venir. Ou plutôt LES épreuves à venir. Je n'ai peut-être pas les idées claires, mais je reste persuadée ne pas avoir eu écho du déroulé exact. “Sérieusement?! Attends, ca faisait pas parti du deal…” Elle m'ignore presque, s'échauffant avec une indifférence notable. « T’es sûre ? Je suis certaine de te l’avoir dit pourtant. » Je fais les gros yeux, pourtant, un rictus menace de s'échapper de mes lèvres face à tant de mauvaise foi. Bien évidemment qu'elle ne l'a pas dit, ce genre de chose aurait assuré mon abandon avant même qu'elle n'ait pu chercher à m'en convaincre. Si la course en soi ressemble à un véritable défi, ce genre d'exercice risque rapidement de me mettre en difficulté. Je pourrais donc chercher à le lui reprocher, et fuir avec une excuse sous le coude, mais je n'y parviens pas. Parce qu'au fond, c'est pour elle que je le fais, et que la voir prendre les choses avec tant de légèreté et d'enthousiasme semble une raison suffisante pour que je vienne à cracher mes poumons et souffrir lors des épreuves à venir. “Super…Ca f’sait un bail que je m’étais pas faite un soin du visage “ ironisais-je, alors que son rire spontané vient à provoquer le mien sans plus attendre. « Voilà, ça c’est un mental de gagnante ! Et en plus de ça, tu me remercieras ce soir, quand tu auras une peau parfaite … Et un superbe bronzage ! » Je relève les sourcils. "Un bronzage de rêve où on pourra même deviner les marques de mon tee shirt…Un fantasme pour tous ces hommes!"  Je n'avais pourtant pas l'intention de me mettre nue devant qui que ce soit dans les jours à venir, il n'empêche que ça ne vendrait pas du rêve si c'était le cas. "Tu s'ras obligée de me payer un massage si mon corps courbaturé peine à s'en remettre demain" Mon air amusé persiste, jusqu'à ce que je croise celui d'une potentielle adversaire, à qui l'on inspire visiblement pas une certaine sympathie.

Sur la ligne de départ, je sens le bras de Nephtys se glisser autour du mien, cherchant à marquer une sorte d'attachement éphémère pour marquer notre binôme. « Pour finir la course, il faut passer toutes les deux la ligne d’arrivée donc on se lâche pas. » Je prends une grande inspiration, ayant cette étrange impression que la pression que Nephtys s'inflige déteint finalement sur moi. Et si j'étais pas à la hauteur, et que ce moment s'avérait décevant pour la grande sportive en herbe? "J'te donne l'autorisation de me traîner sur les derniers mètres si tu sens que j'ai arrêté de respirer" Je piétine sur place face à une certaine nervosité, observant les différents participants comme si cela permettrait de me rassurer.
Le coup d'envoi est donné, et nous subissons assez rapidement un affront de la grande brune qui nous voue un attachement particulier, de quoi me soutirer un sourire, malgré l'effort que je subis par cette course. J'ai déjà le souffle coupé après plusieurs secondes, ayant l'impression d'être déjà à la traîne alors que tout parait plus facile pour mon acolyte. « ça va ? » Devais-je me montrer honnête et lui avouais combien j'étais en grande souffrance alors que tout ça ne faisait que commencer. « Tu me détestes pas trop ? » "Tu plaisantes? J'suis entrain de vivre ma meilleure vie" Je n'en donne pourtant pas l'impression alors que nous arrivons à cette flaque, qui visiblement ne me donne pas tellement envie de m'y atteler.

Spoiler:

Savannah a décidé, pour soigner son cœur, de ne pas se morfondre seule chez elle mais plutôt de passer la soirée en charmante compagnie. Je ne peux pas la blâmer à ce propos et préfère la voir profiter de la vie. Il est vrai que je n’ai pas été tout à fait tout à fait honnête avec ma comparse. Je lui avais vaguement parlé d’une course relai mais c’était bien à une course d’obstacle qu’on allait participer. Je savais que je tendais un sacré piège à mon amie mais je savais aussi qu’elle ne reculerait pas devant une tel challenge. Après tout, elle en avait l’habitude et j’étais toujours celle qui nous embarquait dans des situation rocambolesque. "Un bronzage de rêve où on pourra même deviner les marques de mon tee shirt…Un fantasme pour tous ces hommes!" En voilà un nouvel exemple et je ne pus m’empêcher de pouffer de rire devant la mine de la jolie blonde. « Il paraît que le bronzage agricole revient à la mode, je dis ça je dis rien …. » Peut-être valait-il mieux que je n’en rajoute pas plus et je me contentais de carrément d’éclater de rire à propos de ses dernières paroles. "Tu s'ras obligée de me payer un massage si mon corps courbaturé peine à s'en remettre demain" « Deal ! De toute façon, j’ai besoin moi aussi, que des mains expertes s’occupent de moi. » Dis-je d’une voix plus sombre que je ne l’aurais voulu. Ça ne va pas très bien dans mon couple en ce moment et j’ai l’impression de vivre des montagnes russes avec Andrew. J’ai du mal avec la pression que nous met sa célébrité : les paparazzis, la presse people … Il me faut du temps pour m’adapter à tout ça et mon compagnon lui, voudrait, que ça cesse de m’atteindre. Oui mais ce n’est pas le cas et je ne le trouve pas indulgent envers moi. J’ai pourtant pas l’impression de demander la lune. Un fossée est en train de se creuser doucement entre nous et ça me rend malade.

Je me force à occulter mon bel étalon de l’équation et me concentre sur cette courses parce que je suis une sportive qui aime la compétition. Savi n’a pas le même niveau que moi mais il faut qu’on passe la ligne d’arrivée ensemble et je ne comptais quand même pas la laisser sur le carreau. Peut-être même que je lui ai en quelque sorte communiqué la pression que je me mettais à moi-même mais ma comparse semblait tout à coup très motivée par cette courses et me donnait même l’autorisationde la traîner sur les derniers mètres de la course s’il le fallait. "J'te donne l'autorisation de me traîner sur les derniers mètres si tu sens que j'ai arrêté de respirer" « On va essayer de faire en sorte qu’aucune de nous deux n’arrête de respirer. T’es tout à fait capable de finir cette course. Si je nous ai inscrite toutes les deux, c’est que je nous en sentais capable. Par contre je t’aurais pas amené au marathon de l’an dernier pour les sportifs confirmés. » J’essayais de rassurer mon amie et lui prouver que même si je l’embarquais dans des situations complètement burlesques, jamais je ne voudrais la mettre en difficultés… ou en tout cas, pas dans une situation inextricable pour elle. Et comme pour confirmer mes dires, je m’assurais qu’elle arrivait à suivre même si la course venait de commencer. J’avais aussi aperçu notre concurrente directe aka Angelina Wish Jolie qui nous passait déjà devant. Bien sûr ça me mettait la rage qu’elle nous passe déjà devant mais je suis certaine qu’elle allait moins faire la maligne quand on approcherait de la ligne d’arrivée.

De son côté Savannah ne semble pas très encline à traverser cette immense flaque de boue mais son moral, en revanche c’était autre chose. "Tu plaisantes? J'suis entrain de vivre ma meilleure vie" Même si elle ne semble pas rassurée, elle s’élance et juste devant elle, je lui adresse mes encouragements : « Tu t’en sors super bien. Surtout … » Dis-je alors que moi aussi, je commence à m’essoufler, « Lèves bien tes jambes parce que tu vas t’enfoncer dans la boue et tu vas te vautrer. » Ce qui serait, certes, super drôle mais là n’est la question.

Etant la première à sortir de l’eau boueuse, j’attendis une fraction de seconde ma comparse et l’aidais à sortir sans qu’aucune de nous ne soit tombée par terre. Il nous fallut encore courir une petite centaine de mètres et nous arrivons enfin au prochain obstacle : un mur de cordes entremêlées haut de 3 mètres de haut qu’il fallait escalader d’un côté , puis de l’autre. « OH merde c’est haut ! » marquant le fait que je ne m’attendais pas à ça, mais je me tournais tout de même vers Savannah et lui demandais : « On monte en même temps si tu veux. »

Spoiler:

Mon manque d'enthousiasme disparaît dès lors que je me rappelle la raison qui m'a amené ici. La jolie blonde a des arguments, mais c'est surtout les événements qu'elle a pu traverser ces dernières années qui me poussent à être compréhensive et volontaire pour toutes les activités grotesques qui peuvent lui traverser l'esprit et auxquels elle daigne inlassablement me soumettre. Et la blonde n'en est pas dépourvue, preuve en est avec cette course, qui s'apparente finalement à un parcours du combattant dans lequel je risque d'y perdre quelques plumes étant donné l'état pitoyable dans lequel je me trouve en ce début de matinée, particulièrement ensoleillée. « Il paraît que le bronzage agricole revient à la mode, je dis ça je dis rien …. » Je plisse les yeux face à cette remarque sarcastique, qui avouons-le, a finalement peu de chance de voir le jour, encore moins auprès de femmes soucieuses de leur apparence physique que nous sommes. "Tu s'ras obligée de me payer un massage si mon corps courbaturé peine à s'en remettre demain" J'accepte de souffrir, mais je peux bien en tirer quelques avantages au passage. « Deal ! De toute façon, j’ai besoin moi aussi, que des mains expertes s’occupent de moi. » Les risques se montrent particulièrement élevés face au manque d'activité que j'impose à ma silhouette pourtant élancée, bien que pas très athlétique. Mais au-delà de la satisfaction que me procure cette promesse, je détecte un manque d'engouement de mon acolyte, qui laisse possiblement apparaître des problèmes qui m'échappent encore. "Tu n'en as pas déjà?" demandais-je avec un air faussement innocent. "Ou peut-être n'est-il pas assez doué?" Contrairement à moi, Nephtys vivait, aux dernières nouvelles, cette histoire d'amour particulièrement passionnée. Le prince charmant avait-il décidé de faire des siennes?

« On va essayer de faire en sorte qu’aucune de nous deux n’arrête de respirer. T’es tout à fait capable de finir cette course. Si je nous ai inscrite toutes les deux, c’est que je nous en sentais capable. Par contre je t’aurais pas amené au marathon de l’an dernier pour les sportifs confirmés. » Je la regarde avec insistance, attendant qu'elle vienne à ne pas savoir retenir son sérieux pour contredire ces pseudo certitudes qu'elle tente de m'exposer avec entrain. "Tu m'en crois capable?" Finis-je par demander face à son impassibilité persistante "Tu t'souviens pourtant que j'ai failli perdre un poumon la dernière fois que je me suis retrouvée à courir après ce chien dont j'avais la garde au beau milieu de ce parc?" L'anecdote n'avait pas manqué de la faire rire, alors que ce moment d'humiliation s'était largement amplifié lorsque un jeune homme était parvenu à arrêter la bête, mais avait subi l'assaut de la glace que je tenais entre les mains. Cette fois-ci, pas d'homme séduisant en costard pour constater mes lacunes au premier rang…Juste une armée de grands sportifs prêts à ne faire qu'une bouchée de moi pour souligner mon incompétence dans le domaine. Quoi qu'il en soit, je ne fuis pas, et contre toute attente, mes jambes viennent à s'agiter, suivant ce moment de foule avec l'énergie que je puise au plus profond de moi, et qui s'avère être particulièrement défaillante par ce manque de sommeil.

C'est pourtant la flaque qui se dresse devant moi qui s'apparente à la première difficulté. Je ralentis, laissant apparaître une once d'hésitation avant de la franchir sous les encouragements de la jolie blonde. « Tu t’en sors super bien. Surtout … » Comparé à qui? J'observe brièvement derrière moi, comme pour m'assurer qu'il y ait plus faible que moi et que ma place dans le classement provisoire reste pour le moment remarquable. Mauvaise idée! La pression monte d'un cran en constatant qu'il y a probablement bien plus de participants devant que derrière moi. « Lèves bien tes jambes parce que tu vas t’enfoncer dans la boue et tu vas te vautrer. » J'observe, ayant pourtant l'impression d'avoir une sorte de poids dans chacune de mes baskets qui m'empêchent de pouvoir respecter cette consigne. Intérieurement c'est la panique, mais je parviens à canaliser tout ça en restant concentrée sur la mission. J'attrape le bras de Nephtys pour finalement me sortir de là, et découvre avec dégoût cette sensation peu agréable que provoque la boue lorsque que nous reprenons la course. "Mes chaussures pèsent une tonne!" Ce passage semble avoir eu raison de moi, j'ai l'impression d'y avoir tout donné, alors que nous ne sommes que prémices de cette course. C'est lorsque je vois mon amie ralentir que je relève le visage, y découvrant ce mur démesurément grand qui se dresse devant nous.« OH merde c’est haut ! »  Particulièrement essoufflée, les mains posées sur mes hanches, je montre déjà les premiers signes de faiblesse. peinant à reprendre une respiration normale pour pouvoir m'exprimer. "J'y..J'y arriverais pas! J'ai le vertige je te rappelle!" Un détail qui allait rapidement nous poser problème. « On monte en même temps si tu veux. »
Je secoue la tête. "J'te jure, ça me semble impossible cette fois" lançais-je alors que la blonde prend les devants, parvenant à m'impressionner par sa rapidité à monter rapidement l'obstacle. Elle me fait signe de la rejoindre, alors que je lâche un juron face à l'appréhension qui me gagne de plus en plus. J'attrape la corde, luttant contre moi-même pour parvenir à m'élever. Cependant, j'ai à peine le temps de lever les yeux pour m'assurer de ce qui me reste à franchir que Nephtys vient à me tomber dessus. Un peu sonné, il me faut quelques secondes pour remarquer que nous sommes tous les deux à la case de départ, et qu'il nous faut rapidement nous reprendre afin de ne pas perdre de temps. Je profite d'une corde vacante, qui se fait assez rare face à l'affût des participants, pour m'en emparer, sachant que je n'aurais pas la même facilité que Nephtys pour parvenir à rejoindre l'autre côté. Mes yeux figés sur celle-ci, j'ai cependant à peine le temps de l'attraper que je me retrouve propulsée en avant sans en comprendre la raison. Allongée sur le sol, il me faut quelques secondes pour comprendre que Angelina Jolie est probablement la raison de ma chute, alors qu'elle s'évertue à escalader le mur pendant que je reste vautrée au sol. Si dans un premier temps je ne me sentais pas concernée par ses petites attaques, me voilà plus rageuse que jamais face à tant d'hostilité. Je viens l'attirer vers le bas en tirant sur son tee shirt, m'assurant qu'elle puisse elle aussi subir les aléas d'une rivalité qu'elle cherche elle-même à instaurer depuis le départ. "GRIIIIIMPES NEPH'!'" J'avais besoin d'une motivation pour surpasser mes peurs? La grande brune aux allures de peste venait de m'en fournir alors que je m'attèle à escalader le mur à une vitesse qui me surprend moi même. Arrivée au sommet, j'ai cependant le vide qui m'attend de l'autre côté, et un cri de stupeur sort de mes lèvres alors que j'ai presque le réflexe de me pencher en arrière pour tenter d'y échapper. Les encouragements de la jolie blonde à mes côtés ne suffisent pas,je secoue la tête pour les contester. "C'est trop haut, j'vais me casser une jambe en plus de ça" Pourtant, elle vient à évoquer la peste, et en jetant un coup d'œil de l'autre côté, je remarque qu'elle ne va pas tarder à nous rejoindre. Ce qui me pousse finalement à redescendre la paroi, avec des précautions pour le moins excessives, luttant pour ne pas regarder le sol que je me dois désormais de rejoindre.

Je sens d’ici le manque d’enthousiasme de mon acolyte mais je sais aussi que je suis capable de lui faire faire les trucs les plus farfelus du monde et qu’en plus, elle peut finir par y prendre une certaine forme de satisfaction et de plaisir. La preuve en est : malgré sa précédente soirée alcoolisée, elle est là. Je sais que, peu importe son état – ou inversement le mien – nous serons là l’une pour l’autre. Et parfois je regretterais – presque ! – qu’elle me connaisse si bien. "Tu n'en as pas déjà ? Ou peut-être n'est-il pas assez doué?" Son ton faussement innocent ne me dupait pas et j’aurais aimé répondre de manière beaucoup plus légère à mon amie. Mais je n’en étais pas capable. Comme je n’étais pas capable de cacher mieux que ça ma mine lugubre. « C’est compliqué avec Andrew en ce moment, j’ai l’impression qu’on se comprend pas tous les deux mais …. Mais c’est pas important. » Répondis-je en balayant mes paroles d’un revers de main. Ce qui me paraissait le plus important, c’était cette course. J’étais vraiment contente de la faire avec la jolie blonde parce que je savais que ça allait me changer les idées.

Savannah, elle, manquait de confiance en elle concernant ses compétences sportives. Mais si je l’avais embarqué là-dedans, ce n’était pas pour la ridiculiser. "Tu m'en crois capable?" Je lui jetais un rapide coup d’œil, vérifiant si elle était vraiment sérieuse – et oui elle l’était ! - et lui assurais : « Bien sûr Sav’ ! » "Tu t'souviens pourtant que j'ai failli perdre un poumon la dernière fois que je me suis retrouvée à courir après ce chien dont j'avais la garde au beau milieu de ce parc?", sa remarque m’arracha un petit sourire que je tentais de cacher avec beaucoup de difficultés. « Oui mais il y a une grande différence entre courir après un chien et après la victoire… et accessoirement un bon massage. Tu vas pas me dire que ça te motive pas hmm ? » Demandais-je en toute innocence alors que nous avancions vers le premier obstacle : une flaque de boue. Je me jette dedans sans hésitation mais je n’en oublie pas ma comparse pour autant. Je l’encourage à avancer doucement tout en levant les jambes pour ne pas qu’elle se vautre, tête la première, dans l’eau boueuse. Je vois les autres nous passer devant mais je me concentre sur mon amie qui, je le vois, se donne à fond. "Mes chaussures pèsent une tonne!" Et encore, ce n’était pas ça notre plus gros problème. C’était plutôt la hauteur que nous devions escalader. Oh je savais que la jolie blonde avait le vertige mais il était hors de question qu’Angelina Wish finisse cette course et pas nous. Non, ça, hors de question ! Même si Savannah s’en fichait bien de cette pintade, moi non alors je lui coupais l’herbe sous le pied et lui proposais de grimper en même temps qu’elle. "J'te jure, ça me semble impossible cette fois" qu’elle me répond alors qu’elle se montre très courageuse…. Courage que je trouve admirable jusqu’à ce qu’une chute – MA chute ! – nous fasse perdre l’avance que nous avions pris en montant par la corde. Le pire c’est que ce n’était pas de ma faute mais bien celle d’Angelina Wish. Cette dernière nous piétina pour nous passer devant une fois de plus. J’étais verte de rage, elle n’allait pas s’en tirer à bon compte cette pétasse. Et si Savannah ne s’était pas trop montrer concernée par cette gueguerre – jusqu’à présent – maintenant ce n’était plus le cas. C’est sous mon regard ébahi que mon amie tire Angelina par le tee shirt, l’empêchant de progresser et qu’elle me hurla : "GRIIIIIMPES NEPH'!'"

Ni une, ni deux, je me relevais – malgré mon coccyx en compote – et me mis à grimper tout en regardant de temps en temps derrière moi pour m’assurer que ma binôme me suivait. Je sautais la première au sol, de l’autre côté du mur de cordes et regardais en haut. Savannah se trouvait déjà en haut du mur de corde et si, jusqu’alors elle avait été guidée par sa rage de passer devant Angelina – et celle-ci était encore derrière elle ne parvenant pas à se hisser sur les cordes à cause du monde qui essayait aussi – à présent, elle semblait pétrifiée par la hauteur. "C'est trop haut, j'vais me casser une jambe en plus de ça" Les deux mains sur les hanches, je plantais mon regard dans le sien et lui criais : « Meuf, j’ai le coccyx en compote parce que je suis tombée de toute ma hauteur donc fais-moi confiance, tu ne te casseras pas une jambes. Ne regardes pas en bas et passes ta première jambe de l’autre côté, puis l’autre et ensuite tu descends comme si tu descendais une échelle. » Lui expliquais-je calmement. « T’as trop assurée jusqu’à présent, ne laisses pas tomber ! » Mon regard se dirigea ensuite vers Angelina qui arrivait presque à hauteur de mon amie et je lui décochais un regard mauvais avant de m’adresser à la l’italienne. « Et pour ton égo, tu veux quand même pas qu’Angelina Wish te passe devant ?  »

Mes paroles eurent, semble-t-il, l’effet escompté parce que Savannah finit par descendre. Je lui pris immédiatement la main et lui adressais d’autres encouragements : « T’es une tueuse ! »

Je n’en dis pas plus parce que nous avions parcouru une petite cinquantaine de mètres pour arriver à l’avant dernier obstacle : un espèce de mur épais de cordes, entremêlées entre elles entre lesquels nous devions passées. Rien de très compliqué en soi, il fallait juste bien lever les jambes …. Et s’écouter …. Et progresser ensemble pour franchir, ensuite le dernier obstacle ensemble. « Tu me suis ? » lui demandais-je alors qu’on arrivait à hauteur de l’obstacle, « ça va être moins physique que les cordes, on fait comme tout à l’heure, on lève bien les jambes pour pas se vautrer dans les cordes et perdre du temps, ok ? » Bien sûr qu’elle allait y arriver, j’avais une totale confiance en elle.

Joignant les paroles aux gestes, je m’avançais vers un espèce de trou que laissait les cordes pour m’y engouffrer dedans ….

Spoiler:

"Tu n'en as pas déjà ? Ou peut-être n'est-il pas assez doué?"Une réplique qui pourrait s’avérer cruelle, elle l'est sûrement. Mais c'est comme ça que les choses se passent entre nous, faire preuve d'une franchise parfois dérangeante fait partie de notre amitié, une amitié vache, mais une amitié quand même. Le sourire que je lui adresse témoigne de toute ma perversité pour dénigrer celui qui lui sert de copain, mais visiblement pas de bon masseur. J'attends un regard rempli de reproche et de la lassitude, parce qu'il serait bien mérité, mais il n'arrivera pas, de quoi me rendre pour le moins perplexe. « C’est compliqué avec Andrew en ce moment, j’ai l’impression qu’on se comprend pas tous les deux mais …. Mais c’est pas important. » Je me redresse, délaissant cette attitude de garce pour quelque chose de plus sérieux. Cette relation, que j'étais prête à discréditer est peut-être bien plus fragile que je n'avais pu l'imaginer, et soudainement, c'est une attitude protectrice qui prend le relais, prête à bondir dans le cas où monsieur ferait des siennes. Pour ma part, l'entente avec Andrew n'est pas au beau fixe, et même si je reste sceptique sur cette relation qu'elle entretien avec lui, je me réjouissais qu'il lui apporte le bonheur qu'elle mérite. Peut-être n'avais-je pas envisagé qu'il puisse y avoir une quelconque ombre au tableau. "C'est à dire?" demandais-je sans plus attendre, balayant rapidement le caractère non important qu'elle s'efforce d'imposer à sa situation. Malheureusement, ou plutôt heureusement pour elle, le départ imminent de la course m'empêchera d'en savoir plus. Je garde cependant dan un coin de mon esprit cette discussion pour plus tard.

« Oui mais il y a une grande différence entre courir après un chien et après la victoire… et accessoirement un bon massage. Tu vas pas me dire que ça te motive pas hmm ? » Je soupire, n'ayant d'autre choix que d'abdiquer face à une telle envie. Ce n'est cependant pas, selon moi, le moment idéal pour faire ce genre d'activité. Il fait chaud, il est bien trop tôt, et mes jambes ressentent sans plus attendre un besoin de me lâcher après plusieurs mètres "intenses", toujours selon moi. Les encouragements de Nephtys me tiennent cependant en haleine, et la compétition prend un tout autre tournant face à la provocation que nous impose cette grande brune sur pattes. Détestable sur tout point. "J'te jure, ça me semble impossible cette fois" Ma phobie du vide aura raison de moi, j'en suis presque certaine. Je sens déjà la peur tétaniser la plupart de mes membres avant même d'avoir osé franchir le mur.  C'est pourtant l'acte sauvage que va subir Neph' qui va me mettre hors de moi et qui va me pousser à attaquer à mon tour. Les coups sont bas, pour autant je n'éprouve pas la moindre culpabilité, ou sentiment de puérilité en agissant de la sorte. Cet acte de courage prend cependant fin alors que j'observe la hauteur à laquelle je me trouve depuis le haut de l'obstacle. Bon sang c'est haut. Enfin, pour moi ca l'est, et toute volonté semble se volatiliser  alors que je suis supposée en descendre. « Meuf, j’ai le coccyx en compote parce que je suis tombée de toute ma hauteur donc fais-moi confiance, tu ne te casseras pas une jambes. Ne regardes pas en bas et passes ta première jambe de l’autre côté, puis l’autre et ensuite tu descends comme si tu descendais une échelle. » Je relève les sourcils, la défiant du regard "Une échelle?! Tu t'fous vraiment de ma gueule Neph'!" Pour autant, j'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je vais bien devoir regagner la terre ferme, et la solution la plus simple reste le côté pas encore arpenté. Je jure entre mes dents, et tente un mouvement pour revenir dessus très rapidement.  « T’as trop assurée jusqu’à présent, ne laisses pas tomber ! » Je secoue la tête, réfutant l'idée encore quelques secondes avant que la voix de la jolie blonde ne s'élève de nouveau jusqu'à moi. « Et pour ton égo, tu veux quand même pas qu’Angelina Wish te passe devant ?  » Je grimace "Fais chier" Un événement qui me pousse à me précipiter dans le vide, ayant visiblement bien plus douloureux à perdre qu'une jambe, aka mon égo. Mes pieds retrouvent le sol dans un effet de planitude, que je peine à assimiler. « T’es une tueuse ! » J'y suis arrivée, mais je suis forcée de regarder en deux fois pour m'en assurer, n'y croyant pas moi même.

Je dois me ressaisir, n'ayant malheureusement pas le temps de me remettre de mes prouesses.  « Tu me suis ? ça va être moins physique que les cordes, on fait comme tout à l’heure, on lève bien les jambes pour pas se vautrer dans les cordes et perdre du temps, ok ? » Je hoche successivement de la tête. "J'te suis" Je n'ai pourtant aucune idée de la difficulté de l'épreuve, bien qu'elle ne me paraisse pas insurmontable. Ma concentration est au maximum, suivant soigneusement les pas de mon amie pour plus de sûreté. Malheureusement, Angelina profite de son avancée pour s'attaquer à Nephtys, de quoi alimenter ma rage du moment alors que je viens à le pousser assez violemment. Manquant de perdre l'équilibre moi-même. " Touche-là encore une fois, et ta mère te reconnaitra pas après ça". Elle éclate de rire "Parce qu'tu crois que tu m'effraies avec tes airs de barbie?!" Je sens mon coeur battre dans mes tympans, et j'en finis à me demander ce qui est le plus important sur le moment, avant que la voix de mon acolyte me ramène à la raison et me pousse à poursuivre dans la bonne direction. Je prends sur moi et m'affaire à franchir les dernières cordes, pour ensuite m'élancer à grandes enjambées jusqu'à la ligne d'arrivée, désormais visible. "J'crois...J'crois que j'suis entrain de faire un arrêt" lançais-je à bout de souffle, prête à m'effondrer d'un moment à l'autre. La volonté de nous faire passer la ligne d'arrivée de Neph est cependant bien plus forte, et rapidement, c'est un sentiment de puissance ultime qui se loge dans ma poitrine, nourrissant ce palpitant avec une fierté des plus intenses. "On y est arrivées bon sang!" Je croise le regard de Neph', sautillant presque sur place dans une danse de joie des plus ridicules, mais remplie de rire. "ON L'A FAIIIIIT! AAAAH" Je la serre contre moi, probablement un peu trop, dans l'euphorie du moment.