Il arrive à Redcliffe aux alentours de minuit, après avoir promené son âme en peine le long du fleuve, cumulant les détours dans l'espoir de remettre de l'ordre dans ses idées. Peine perdue : Jackson est à côté de la plaque. Lorsqu'il verrouille la jeep, le clignotement des phares éclaire sa gueule cassée. Double coquard pour le balafré dont l'une des clavicules tiraille. Marley l'aurait-elle cassée ? Peu importe. Il marche jusqu'au logement de Mickey mains dans les poches, transit de froid, n'ayant pas pris le temps de se doucher avant de quitter le dojo. Mills tremble, cela ne lui ressemble pas. Serrer les dents et contracter ses muscles ne suffit plus à le cacher.
L'agent frappe à la porte de son cousin sans se soucier de le réveiller ou non. Il existe au sein de la famille des accords tacites qu'aucun horaire tardif, aucune occupation professionnelle ne sauraient contrarier. Depuis combien de temps n'a-t-il plus partagé de soirée en compagnie de Mickey dans le seul but de ne pas les mettre en porte-à-faux ? Jackson sait que Reeves trempe dans des affaires louches mais ne souhaite pas s'y trouver confronté. Lorsqu'ils se voient, c'est souvent en journée, dans des endroits neutres, autours de prétextes aussi retenables que manger un morceau ou discuter de Lola pour l'épanouissement de laquelle Jackson accepte de jouer le rôle de tampon entre Aliyah et son ex-mari. La rechute de Mickey dans la drogue ainsi que le retrait de ses titres ont précipité le divorce. Mills est la passerelle, la main tendue, celui qui ne l'abonnera pas, quoiqu'il arrive, parce que les liens familiaux sont plus forts que leurs travers d’hommes. Mais l'agent est aussi le bras armé de la justice et la peur de se retrouver un jour dans la situation détestable d'avoir a arrêter son cousin l'a depuis longtemps dissuadé de chercher à en savoir d'avantage sur la façon dont Mickey gagne sa vie depuis que casser des nez ne lui rapporte plus rien ...
Il espère de tout cœur que la porte s'ouvre sur un Reeves cohérent et lucide, seul, sans mauvaises fréquentations sur les méfaits desquels Jax serait beaucoup moins disposé à fermer les yeux. Quand il réalise qu'on tarde à lui répondre, Mills a ce réflexe de flic capable d'imaginer un suspect caché sous la table du salon, en train de faire le mort afin d'éviter la descente de police : « C'est Jackson. » Il n'a ni sa plaque, ni son arme avec lui. Seulement son cœur agonisant et ses plaies apparentes. Marley vient de le quitter. Encore. Et il l’a laissée faire. La Justice peut bien attendre demain que son plus fidèle soldat finisse de pleurer la mort de leur histoire.
(c) sweet.lips
Dernière édition par Jackson Mills le Dim 9 Avr 2023 - 7:39, édité 1 fois
Waking up, half past five, blood on pillow and one bruised eye. Drunk too much, you know what I'm like but you should've seen the other guy. In my dark times I'll be going back to the street, promising everything I do not mean. In my dark times I've still got some problems I know, driving too fast but just moving to slow. And I've got something I've been trying to let go, pulling me back every time.
Les aiguilles se chevaucheront bientôt sur l'horloge de son modeste salon, signe que minuit s'apprête à pointer le bout de son nez mais signe, surtout, qu'une nouvelle nuit blanche risque encore de lui tendre les bras. Mickey est bien le seul à savoir comment il compte occuper les prochaines heures mais personne ne serait surpris de le voir s'enfiler tout ce que ses yeux auront le malheur de trouver, des bouteilles en tous genres risquant de défiler à vitesse grand V aux lignes blanches elles aussi vouées à s'enchainer, ce sera un miracle s'il parvient à rester sobre jusqu'au petit matin avec toutes ces tentations se trouvant à portée de main. Il en aurait encore des choses à noyer dans le fond d'un verre, des frustrations à étouffer dans la défonce et des colères à évacuer contre les murs de son studio et pourtant, ce soir, le boxeur n'est pas pressé de reprendre cette danse infernale avec sa sombre débauche. Rien ne l'en empêche à proprement parler si ce n'est, peut-être, son absence totale de volonté quant au fait de bouger de ce fichu canapé. Il faudrait encore une grue pour le déloger de là alors qu'il semble presque incrusté dans ce cuir usé – et usé, justement, Mickey l'est aussi à force de flirter avec des excès dont il ne perçoit plus le bout sans trop savoir encore lequel aura le privilège de l'emporter le premier. Pour ça les paris sont ouverts, dirait-il.
Ce n'est vraisemblablement pas l'un de ces soirs où le boxeur se mettra le plus minable mais un corps comme le sien ne connait plus l'abstinence, peu importe la forme que celle-ci pourrait prendre. Son mariage semble si loin lorsqu'il se met à chercher n'importe quel contact disposé à réchauffer son lit pour la nuit, prêt à se contenter de la compagnie la plus éphémère qui soit pour contrer cette solitude le guettant un peu trop ces temps-ci. Il ne se serait sûrement pas fait des idées avec Rhett s'il ne se sentait pas si seul et s’il n’aspirait pas parfois à autre chose qu’à ces coups tirés à droite à gauche mais cette réalité, Mickey n'est pourtant pas près de la regarder dans les yeux. Il n'était pas plus perdu à ce moment-là qu'un autre jour, pas plus en besoin d'attention ou de tendresse non plus et cette dernière s'est d'ailleurs fait la malle comme le reste quatre ans plus tôt alors que tendre, Mickey a lui-même oublié comment l'être. Dans ses gestes comme dans sa façon de s'adresser aux autres, il n'est bien souvent qu'un concentré de froideur et de dureté que plus personne ne semble savoir manier.
Personne, si ce n'est son cousin avec lequel Mickey est à peu près resté le même en dépit d'une vie d'immoralité dont il est aujourd'hui très loin de sa vanter face à lui. Il n'en aurait pas intérêt et ça tous deux le savent bien, sa dernière envie étant que Jackson vienne mettre son nez dans ses petites affaires où rien de très bon ne serait à flairer car moins son cousin sait de choses, et moins son regard est aussi susceptible de changer. Un regard dont Mickey n'a jamais cessé de se soucier, y compris quand il rejetait fermement l'aide qu'on pouvait lui offrir pour se soigner à l’époque car décevoir son cousin figure parmi ses plus grandes craintes depuis toujours, de quoi le pousser à ne surtout pas en rajouter en portant à sa connaissance tout ce dans quoi il peut allègrement tremper. Il y a ce dont Jackson peut très certainement se douter et il y a le reste, à propos duquel le boxeur demeure silencieux tout en se jurant de ne jamais laisser ces deux mondes se rencontrer. Ses excès d'un côté et sa famille de l'autre, sans possibilité de voir les uns déteindre sur les autres et ce, qu'importe le prix que Mickey devra payer pour s'en assurer.
On toque à sa porte ce soir-là, il ne peut pas faire comme s'il ne l'entendait pas mais il n'a surtout aucune raison de penser que ce cousin qu'il voudrait préserver est aussi celui l'honorant d'une visite à une heure si tardive. Ce n'est pas forcément une heure pour débarquer chez les gens mais c'est totalement une heure pour débarquer chez Mickey, à la seule nuance que le boxeur n'attend personne et qu'il n'est jamais très anodin que l'on se présente à sa porte à plus de minuit. Oh, la plupart des types voulant sa peau ne sauraient pas où le trouver et le seul à qui il ait dernièrement confié son adresse doit être désormais allergique à l'idée de l'approcher – à moins que le Hartfield ne soit venu chercher sa dose mais il ne l'a pas convié pour ça, et a encore moins de saloperies à lui refiler ce soir. Une chose est sûre Mickey ne se précipite pas pour mettre un visage sur l'inconnu se tenant derrière sa porte mais la donne change à l'instant même où une voix se charge de dissiper ce mystère pour lui. « C'est Jackson. » Et aussitôt ses pas s'activent pour ne pas laisser son cousin à la porte de chez lui, pas alors que sa visite constitue l'une des seules que Mickey tolère à n'importe quel moment du jour et de la nuit. C'est d'autant plus le cas quand il n'a rien à planquer et c'est sa maigre satisfaction ce soir, celle de ne pas apparaître parfaitement débraillé face à celui qui l'est en revanche beaucoup plus. « La vache. T'as une de ces tronches. » Il aimerait en rire mais la situation ne semble pas s'y prêter, pour une fois que Mickey n'est pas le plus abîmé des deux. Son regard déphasé et son visage tuméfié sont deux raisons le pousser à le faire entrer sans attendre, sentant bien que Jackson traine derrière lui un calvaire qu'il n'est pas encore apte à nommer. « Et t'as l'air mort de froid, attends. » il reprend en allant chercher la première couverture lui tombant sous la main pour la lui tendre ensuite, car hors de question que son cousin grelotte sous son toit. Il n'en a pas l'air comme ça mais Mickey sait encore accueillir les gens, surtout lorsque ces derniers ont l'air de revenir tout droit de l'enfer. Ce n'est plus qu'une question de secondes avant que le boxeur ne le bombarde de questions, mais d'abord : « Tu bois un truc ? » Car Mickey ne serait pas vraiment Mickey s'il n'offrait pas un accès à son bar à chaque personne passant sa porte, même si quelque chose lui dit qu'aucun verre n'aura assez l'allure d'un remontant pour Jackson. « Je t'ai jamais vu comme ça et je t'avoue que j'aime pas spécialement ce que je vois. » Il sait bien que l'inverse serait vrai si c'était lui qui se ramenait la gueule écorchée chez son cousin et les choses ne seront jamais acceptables dans un sens comme dans l'autre, peu importe à quel point elles pourraient être habituelles. « Raconte. » il reprend, le laissant s'échouer sur son canapé s'il le souhaite. Mickey se jure déjà qu'il ne forcera rien mais il veut savoir pourquoi il le retrouve dans cet état et pourquoi sa peine se devine aussi à des kilomètres, ce soir.
« La vache. T'as une de ces tronches. » L'accueil incomparable de Mickey force Jackson à hausser les épaules. Pas si grave, voudrait-il ainsi sous-entendre, mais sa clavicule lui arrache une grimace ne faisant que confirmer à son cousin la gravité de la situation. Plus qu'amoché physiquement, Mills est psychologiquement à terre. Voir son cousin se précipiter pour lui offrir une couverture lui donne envie de chialer comme le gamin triste et vulnérable qu'il est ce soir. « Tu bois un truc ? » Tentation. Se mettre une murge pour oublier, ne serait-ce que quelques heures, ce sentiment destructeur d'avoir tout perdu. Bien sûr que ce n'est pas le cas, que Mills a plein de gens et de biens dans sa vie permettant d'affirmer qu'il a tout pour être heureux mais, lorsqu'un seul être vous manque, ne dit-on pas que tout est dépeuplé ? L'agent n'a pas le recule lui permettant de considérer cette rupture avec Lynch comme un mal tout aussi nécessaire que le combat qu'il a initié sans l'avis de la métisse. Qu'avait-il espéré ? Qu'ils en ressortent grandis ? Qu'elle accepte son comportement violent ? Qu'elle le remercie de lui avoir ouvert les yeux ? Qu'elle cesse soudainement d'avoir peur de l'avenir et qu'ils continuent de se voir en toute simplicité, comme cela était le cas depuis le début de leurs séances d'entraînement à l'auto-défense ? Jackson est con. Ses sentiments le rendent débile. Ses espoirs sont irrationnels. « Nan, merci. » Refuse-t-il en se laissant tomber tel une brique dans la canapé de Mickey. Mills ne fuira ni sa douleur, ni sa peine. Masochiste, il passe une main sur son visage, appuyant sur les hématomes qui boursouflent ses traits. « Je t'ai jamais vu comme ça et je t'avoue que j'aime pas spécialement ce que je vois. » Des deux, c'est Reeves la gueule cassée de la famille, pas l'agent. Du temps où il était champion et où toute la tribu l'adulait, il y avait sur le rebord de la cheminée plus de photos de Mickey avec le nez de travers que de Jax dans son costard de Men in Black. Cette nuit, les rôles s'inversent et c'est penaud que Mills se voit contraint de répondre à l'interrogatoire, de dire enfin tout ce qu'il cache depuis des mois : « C'est Marley. » Red flag. À peine leurs regards se croisent-ils que Jackson peut sentir son cousin se crisper.
Lynch est un sujet sensible pour toute personne faisant partie du clan. Chez les Reeves comme chez les Mills, tout le monde sait qu'il ne faut surtout pas parler de Marley. Elle les a tous déçus en disparaissant du jour au lendemain. Les frères, les sœurs, les oncles, les grands-parents, les cousines ... Perdre celle qu'ils avaient accueilli à bras ouverts fut une épreuve pour les membres de la famille. Une trahison d'autant plus cuisante qu'ils ont assistés, impuissants, au repli émotionnel de Jackson sur lui-même. Car c'est bien ce qu'il s'est passé en 2018, après qu'elle ait menacé de le quitter s'il refusait de rester avec elle un soir de mission. Mills se revoit pleurer au volant de sa Jeep tout en sachant qu'à son retour, il n'y aurait plus de Marley dans son lit. La bague de mariage dont il n'a jamais parlé à personne, planquée dans l'un des tiroirs de son dressing. Les cadeaux d'anniversaire abandonnés dans la salle de bain. Toutes ces traces d'elle dont il a du se défaire les semaines suivantes ... Ce départ l'avait changé. Suite à ce dernier, l'agent s'était montré moins à l'écoute, moins disponible, toujours occupé à noyer son chagrin dans le travail. Il ne serait pas capable de l'avouer, mais Jax sait qu'il y a dans cette distance un peu des raisons pour lesquelles Mickey est complétement parti en vrille l'année suivante. Mills n'a tout simplement pas joué son rôle de garde-fou. Il a manqué à sa tâche en étant trop occupé à combler le trou laissé par Lynch dans sa vie.
« Elle ... » Par ou commencer ? Jax cherche ses mots tandis que défilent dans sa caboche cabossée les souvenirs des derniers mois. Sept pour être précis. Putain que le temps passe vite ! Mills n'avait pas réalisé à quel point cette histoire l'a accaparé, à quel point le seul fait de savoir son ex dans les parages a complètement changé le centre de gravité de son monde. L'agent a tenté d'aller de l'avant et de faire des projets afin de ne pas retomber bêtement dans les filets de la métisse. Il en a d'ailleurs mené quelques-uns à terme ; un en particulier dont il attend la concrétisation par échographie avant d'informer ses proches de la bonne nouvelle. Mais constater qu'il se retrouve sur le canapé de son cousin à ravaler ses larmes comme il le faisait quelques années plus tôt sur le siège de sa bagnole finit de l'achever. Jackson n'a rien appris de ses erreurs tout comme il n'a rien perdu de ses sentiments pour Marley. Il s'est voiler la face, c'est tout. Et parce que mentir fait partie intégrante de sa formation, de son métier, l'agent a mystifié son entourage, à commencer par ceux les plus à même de l'aider à s'en remettre vraiment. « Je l'ai laissée me casser la gueule. » A-t-il seulement conscience de l'étrangeté de ses propos aux oreilles de son cousin pas même au courant du retour de la métisse ? Résolument pas et cela se voit au fait qu'il s'adresse à la table basse plutôt qu'à Mickey. Jax essaye de condenser l'histoire, de sauter les chapitres sans importances mais aussi de ne pas révéler les secrets que personne ne doit savoir. Il a buté Swenson de sang froid ... « J'l'ai provoquée ... » Tout est de sa faute, Mills le sait bien. À aucun moment il ne tient la métisse pour responsable de ses blessures. Pas celles physiques en tout cas. « Putain ... J'crois qu'elle reviendra plus. » Panique et désespoir dans sa voix rauque. Non, Marley ne reviendra pas. Elle le lui a dit, face to face, bouche-à-bouche : c'est à lui de soigner sa méfiance, à lui de trouver la force de surmonter ce qu'elle lui a fait, de lui pardonner ses défections. Quel dilemme dégueulasse. L'agent a l'impression d'être la victime de son propre assassina. Il est certain que Swenson ressentait ce même sentiment d'asphyxie lorsqu'il coulait, bras attachés dans le dos, sans pouvoir nager vers la surface ...
Waking up, half past five, blood on pillow and one bruised eye. Drunk too much, you know what I'm like but you should've seen the other guy. In my dark times I'll be going back to the street, promising everything I do not mean. In my dark times I've still got some problems I know, driving too fast but just moving to slow. And I've got something I've been trying to let go, pulling me back every time.
La première chose qui le frappe est bien évidemment les traits abimés de son cousin, ce dernier ne faisant en plus rien pour les cacher. Il ne sait pas d'où il revient comme ça mais il devine que la soirée a été mouvementée, espérant que Jackson ne s'est pas attiré des ennuis plus gros que lui et s'étonnant forcément de la raclée qu'il semble avoir prise. Parce qu'ils ne sont pas de ceux que l'on terrasse facilement l'un comme l'autre, son aîné a même l'avantage de la taille depuis toujours avec une carrure qui en impose et qui, ce soir pourtant, n'impressionnerait plus grand monde. Mickey est saisi par cette carcasse que Jackson traine d'un bout à l'autre de son studio, incapable de se rappeler la dernière fois qu’il est apparu si cabossé devant lui mais ne perdant pas pour autant ses réflexes, le premier consistant à lui proposer de piocher dans son bar à défaut de se précipiter pour panser ses blessures. Son remède c'est l'alcool, ça le sera toujours et son cousin ne peut pas s'en étonner quand bien même la perspective de se saouler la gueule ne semble pas grandement l'attirer. C'est aussi ce qui lui fait dire que quelque chose ne va pas car un Jackson sobre et sérieusement amoché sous son toit, ça ne fait pas tellement de sens. « Nan, merci. » Il décline son offre et lui hausse les épaules, pas disposé à lui mettre un verre entre les mains si son cousin n'en veut pas. Il boira pour deux, c'est la seule chose qui soit sûre à cette heure car du reste, Mickey n'a toujours pas la moindre idée du genre de soirée qu'il a pu passer. Et il n'aime pas beaucoup rester dans l'ignorance quand sa famille est touchée, en d'autres termes s'il faut aller casser la gueule d'un type ou s'ils doivent s'y mettre à deux pour le finir, l'ancien champion est d'ores et déjà prêt à signer. Il comprend néanmoins qu'il n'en est rien au regard que Jackson reporte vers lui, un regard lui inspirant aussitôt les pires sensations et lui faisant aussi serrer les poings par principe, parce qu'il sent venir la désagréable vérité que son cousin lui réserve. Cette histoire sent mauvais et il ne croit pas si bien dire lorsqu'un nom lui est finalement balancé, le dernier que le boxeur aurait voulu entendre pour tout ce qu'il est susceptible de faire ressurgir. « C'est Marley. »La garce, pense-t-il sur le champ. Qu'est-ce qu’elle vient faire là-dedans, Mickey aimerait bien le savoir et en même temps, il déconseillerait presque à Jackson de poursuivre tant cet échange promet d'être sensible en tous points. « Et merde. » Il soupire lourdement, destinant ses prochaines pensées à cette traîtresse que Marley est restée à ses yeux.
Il n'a aucune envie de parler d'elle, aucune envie de remuer ce passé qui ne fera de bien à personne et pourtant Mickey se souvient à présent : la dernière fois que Jackson a eu l'air d'une sombre loque devant lui, c'est ce fameux jour où la satanée Lynch l'a quitté. Partie un soir, envolée alors que toute la famille semblait déjà prête à l'adopter. Mickey est tombé de haut comme tous les autres, il n'a jamais digéré cette fuite qu'il n'avait pas vu venir et ça Jackson le sait bien, preuve en est que le sujet est depuis devenu un tabou que les cousins n’effleurent jamais. Parce que Marley n'existe plus pour lui depuis ce jour où la confiance fondée en elle s'est brisée, parce qu'il ne peut pardonner un affront si rude causé à sa famille et parce que les secondes chances, avec lui, sont de toute façon peine perdue. « Elle ... » Les explications tardent à venir mais déjà, Mickey croise les bras. Son regard rivé vers le grand esquinté du jour suggère que tout ce qu'il s'apprête à entendre ne pourra que lui déplaire, à partir du moment où la conversation doit tourner autour de Marley. Il n'y a plus rien de bon qui soit susceptible de parvenir à ses oreilles en ce qui la concerne, et la présence de Jackson ce soir lui confirme bien que cette fille n'est bonne qu'à le piétiner comme elle l'a déjà fait. Alors non, il ne connait pas encore l'histoire mais il n'en a pas besoin pour en vouloir déjà férocement à l'intéressée. « Allez vas-y. » il souffle comme pour l'inviter à cracher le morceau, histoire que tout ça puisse au moins l'alléger. Ses yeux ne quittent plus Jackson dont il détaille la posture, à défaut d'avoir droit à son regard en retour car de toute évidence, son cousin n'en a pas la force et ne veut pas non plus risquer d'y lire sa prochaine réaction.
« Je l'ai laissée me casser la gueule. »Mais oui, bien sûr. Sur le moment Mickey n'y croit pas ou disons que les choses lui paraissent surtout sacrément improbables, quand bien même elles pourraient expliquer l'état qui est le sien ce soir. Marley, responsable de ces plaies ornant aussi bien son visage que son thorax ? Il a toutes les difficultés du monde à l'imaginer et pourtant, il connait assez bien son cousin pour savoir qu'il ne peut pas l'inventer. « J'l'ai provoquée ... » Et ça, par contre, Mickey le conçoit beaucoup plus. La Marley qu'il a connue n'aurait pas fait de mal à une mouche à l'époque, c'est en tout cas l'impression que la jeune femme lui a toujours laissé mais n'était-elle pas censée aussi ne jamais pouvoir les trahir ? Au final il ne la connaissait pas si bien que ça et cette pensée le rend amer, mais pas autant que les prochains mots jetés depuis ce maudit canapé. « Putain ... J'crois qu'elle reviendra plus. » Si elle pouvait être partie pour de bon cette fois, Mickey en serait le premier content. Pas une once de satisfaction sur ses traits en attendant, pas alors qu'un millier de questions lui parviennent et achèvent de lui mettre la tête à l'envers. « Okay. Pause. » Il fait aussitôt les cent pas dans la pièce car en dégourdissant ses jambes, ce sont aussi ses méninges que le boxeur active. « On va reprendre depuis le début parce que là, j'y comprends que dalle à ton histoire. » Lui, compatissant ? Pas ici. Il déteste le voir comme ça, c'est un fait, mais l'impression d'avoir été pris pour un con domine s'il s'avère que Marley n'est pas revenue dans sa vie hier. « Comment ça se fait qu'on en vient à parler d'elle au présent toi et moi ? » À parler d'elle tout court à vrai dire, quand ce nom ne devait plus jamais pouvoir s'immiscer dans la moindre conversation. De tous les retours que Mickey aurait pu redouter, celui de Marley se situait parmi les grands indésirables et il suffit de croiser son regard depuis la tournure qu'a pris cet échange pour le comprendre. « Et c'est quoi ce bordel, depuis quand tu te laisses démolir comme ça toi ? » Depuis aujourd'hui visiblement, et le problème n'est évidemment pas qu'il l'ait été par une femme. Le problème, c'est qu'il l'ait laissée elle le mettre plus bas que terre, une fois de plus. « Putain, me dis pas que c'est reparti pour un tour avec elle. » Secouant la tête et oubliant totalement le verre qu'il était supposé se servir, il reprend. « Enfin, que c'était. » Parce qu'il croit au moins comprendre que Marley a encore pris la fuite comme elle sait si bien le faire, et que Jackson avait aussi une très bonne raison de la laisser s'acharner sur lui. C'est un incroyable foutoir que le boxeur désire à présent éclaircir, se jurant même que son cousin ne sortira pas de là avant de lui avoir livré les explications qui s’imposent – pas censé forcer les choses, à part ça.
Sa pulsation cardiaque s'accélère insidieusement, battement après battement, au rythme de ses certitudes toujours plus fortes. Elle ne reviendra pas. Il l'a perdue. Comment va-t-il survivre à cette nouvelle séparation ? Jax sent sa poitrine se soulever à intervalles beaucoup trop rapprochés, signe que l'hyperventilation le guette, que le faucon de la crise d'angoisse s'apprête à lui plonger dessus d'un instant à l'autre. « Okay. Pause. » Mills reconnecte à la réalité, lève les yeux et tombe dans le regard de son cousin ou des éclairs se cachent derrière les nuages noirs. Okay : pause. Il souffle un bon coup, s'oblige à faire face, à encaisser. L'agent ne peut pas craquer maintenant. Il sait qu'il en a le droit, que Mickey est probablement la dernière personne sur cette terre susceptible de le juger ou de profiter de ce rare moment de faiblesse pour l'enfoncer d'avantage et tirer profit de la situation mais Jax lui doit des explications car venir foutre le sujet de Marley sur la table basse de son salon à cette heure-ci de la nuit c'est aussi réveiller chez Reeves des mauvais souvenirs que ce dernier n'a pas demandé à déterrer.
« On va reprendre depuis le début parce que là, j'y comprends que dalle à ton histoire. » L'agent acquiesce. Il aurait souhaité ne pas avoir à entrer dans les détails mais prendre son cousin pour un con ne fait pas de ce dernier un idiot pour autant. Reeves est futé, il aime connaître tous les détails de l'histoire afin de se faire sa propre opinion. « Comment ça se fait qu'on en vient à parler d'elle au présent toi et moi ? » Jax baisse les yeux. C'est un aveu en soi. « Elle est revenue en septembre. » Il la revoit dans son minishort. Cette manie aussi bandante qu'exaspérante de ne pas porter de soutif et ce string qu'elle s'était amusée à lui brandir sous le nez pour l'allumer comme la dernière des garces revenue jouer avec lui parce que Davies ne l'intéressait plus tant que ça. Mais était-ce véridique ? Mills serre les dents. Il aura beau se cacher derrière ses premières impressions et tenter de se convaincre qu'elle lui voulait du mal, après les adieux déchirants qu'ils viennent d'avoir dans les toilettes du dojo, les fausses notes de ses propres interprétations lui sautent aux yeux. Leurs corps ont parlé plus vite que leur bouche, plus vite que leurs sentiments. Peut-il vraiment lui en vouloir quand on sait qu'il ne vaut pas mieux qu'elle ? Mills n'a semble-t-il plus la force d'être à ce point hypocrite ... « Et c'est quoi ce bordel, depuis quand tu te laisses démolir comme ça toi ? » Jax ouvre la bouche, inspire un début de réponse puis se la ferme en réalisant que ce qu'il s'apprête à dire est plus minable que tout ce qu'il présente à Mickey ce soir : sa gueule cassée, la courbe de ses épaules voutées et son moral dans les chaussettes. Mais son cousin ne serait pas son cousin s'il ne le connaissait pas si bien. C'est sans surprise que Reeves tape en plein dans le mille : « Putain, me dis pas que c'est reparti pour un tour avec elle. » L'agent renifle en guise d'approbation ... « Enfin, que c'était. » ... et fronce les sourcils de douleur face à l'emploi de l'imparfait.
Là encore des images des derniers mois lui reviennent à l'esprit. Étrange comme le fait de savoir que tout est fini redistribue les cartes. En janvier, Mills revoyait les moments passés avec Marley fin 2022 comme des manipulations montées de toute pièce par la métisse, des mensonges dégueulasses et immoraux ; maintenant, il sent les larmes lui monter aux yeux rien qu'au souvenir de leurs mains l'une dans l'autre au cimetière ou de leurs êtres en état de choc allongés sur le lit après la crise de paranoïa. Qu'est-ce qu'ils ont fait ? Comment en sont-ils arrivés là ? Jax a besoin de faire le tri dans ses pensées et profite que Mickey lui sorte sa plus belle face d'extracteur de vers du nez pour cracher le morceau qui l'empêche de respirer. Tant pis s'il perd toute dignité au passage. Le trop plein de détresse est en train de le noyer à l'intérieur de ses propres poumons : il fond en larmes, vaincu. Des sanglots silencieux secouent sa carrure imposante autant que sa clavicule douloureuse mais la douleur physique est secondaire. Mills se liquéfie comme un bonhomme de neige au zénith. Il n'a plus d'ombre dans laquelle se cacher.
« Elle disait qu'elle regrettait d'être partie. » Explique-t-il entre deux déglutitions difficiles. « J'l'ai pas cru, j'l'ai poussée à prouver sa valeur. » Leurs bonnes résolutions de la nouvelle année lui semblent si loin désormais. « Elle m'a déçu. » En se tapant Malik. La colère morcelée dans sa voix fait pitié parce qu'au bout du rouleau comme il est, Jax n'a même plus la force de prendre un air contrarié. Le constat lui fait mal, c'est tout. Marley a fait de l'oncle de son futur enfant un ennemi qu'il a longtemps considéré comme l'un de ses amis les plus proches. Comment encore la contredire quand elle affirme qu'ils se font plus de mal que de bien ? Elle le met dans des positions insoutenables, lui complique la vie de bout en bout. « J'voulais plus entendre parler d'elle, mais ... » L'agression. « Tu sais ... » Sûrement qu'il sait, oui, mais tant que Mils ne l'avouera pas, Mickey n'aura aucune prise pour lui coller la claque qu'il mérite de se recevoir sur le coin du nez. « Le manque ... » Et c'est là tout le tabou du sujet.
Lynch est la drogue de Jackson. Celle qu'il préfère se mettre dans le nez, celle pour laquelle il a prouvé qu'il était prêt à faire n'importe quoi. Reeves pourra le trouver con de se mettre dans des états pareil pour une nana, il n'en reste pas moins que le cousin sait. Mickey sait mieux que personne ce que le manque représente de chantage et de négociations avec soi-même, de pourparlers et de redéfinitions des contours de valeurs ou de principes dont les périmètres gagneraient pourtant à rester invariables. Le regard que Mills pose sur son cousin, en plus d'être gorgé de larmes, déborde de non-dits. Parlent-ils de Marley ou bien de l'addiction en règle générale ? Est-ce réellement le moment de créer ce genre de passerelles scabreuses entre les ressemblances de leurs défauts communs ? La génétique y joue-t-elle un rôle dans cette capacité qu'ils ont à tout gagner et à tout perdre en un claquement de doigts ? Comme si être excellents n'allait de paire qu'avec la malédiction d'être très mauvais lorsque les choses se gâtent.
Waking up, half past five, blood on pillow and one bruised eye. Drunk too much, you know what I'm like but you should've seen the other guy. In my dark times I'll be going back to the street, promising everything I do not mean. In my dark times I've still got some problems I know, driving too fast but just moving to slow. And I've got something I've been trying to let go, pulling me back every time.
Marley, c'est du passé. On n'en parle plus ou bien si on le fait, ce n'est certainement pas au présent comme ce soir. C'est à n'y rien comprendre aux yeux du boxeur que son cousin débarque dans cet état avec le nom de son ex à la bouche et ce qu'il comprend encore moins, c'est comment un tel retour dans sa vie a pu lui échapper jusque là. « Elle est revenue en septembre. » Le calcul est rapidement fait de son côté : sept mois déjà que Jackson la revoit en douce sans rien lui dire et s'il reste évidemment libre de fréquenter qui il veut, la donne est tout de suite différente quand il devient question de la Lynch. « Tu t’étais bien gardé de me le dire, en tout cas. » rétorque-t-il amèrement avec le regard de celui qui l'apprend bien trop tard. Mickey a conscience que la vie qu'il mène ne permet pas toujours à ses proches de le tenir informé sur tout mais merde, Marley est de retour et la terre entière doit l'avoir su avant lui. Entre se sentir offensé et frustré le boxeur hésite encore mais une chose est sûre : la nouvelle n'est pas bonne, et elle lui reste tout particulièrement en travers de la gorge. « Elle disait qu'elle regrettait d'être partie. » C'est le moment où il est censé rire, sans doute. Des regrets, c'est réellement ce qu'elle a osé lui brandir après tout ce temps ? Il commence déjà à voir rouge Mickey, et pour une fois ses drogues n'y sont pour rien. « Bah tiens. » il peste en prenant appui contre le mur défoncé de son salon, guettant son cousin du regard alors que ce dernier n'a pas intérêt à être retombé aussi bêtement dans le panneau de son ex. « J'l'ai pas cru, j'l'ai poussée à prouver sa valeur. » En a-t-elle seulement encore, de la valeur ? Mickey a son opinion bien tranchée sur la question. « Elle m'a déçu. » Rien de nouveau sous le soleil donc, car c'est un peu la grande spécialité de Marley de décevoir ceux qui l'entourent. De quoi lui valoir un point commun non négligeable avec le boxeur ici présent, et la comparaison n'est ici flatteuse pour personne. « Comme toujours. » Sait-elle seulement faire autre chose ? Mickey en doute fort mais il a perdu son objectivité depuis bien longtemps la concernant, ce n'est pas à son cousin qu'il risque de l'apprendre. « Tu t’attendais à quoi ? C’est une fille à emmerdes et ça le restera. » Elle est pire qu'un chewing-gum collé sous une chaussure et pourtant Mickey doit l'avouer, il ne l'aurait jamais cru capable de réapparaitre comme une fleur après cinq ans. Alors c'est ça, ces deux-là ont remis le couvert car si Jackson ne consent pas à l'admettre, c'est sans l'ombre d'un doute que son silence se charge à la place de le faire. « Merde Jax. Tu déconnes complet là, c’est grave. » Et c'est lui, le pro en la matière parvenu à anéantir l'ensemble de sa vie qui se permet de lui dire ça. Car c'est grave, bien sûr, de l'avoir laissée revenir alors qu'il en a déjà tant bavé. C'est grave, aussi, de se laisser mettre dans de tels états pour une raison encore obscure. C'est n’est pas l’envie qui lui manque d’offrir deux tartes à son cousin pour lui remettre les idées en place mais il ne l’abîmera pas davantage, Jackson ayant de toute évidence assez morflé pour ce soir.
« J'voulais plus entendre parler d'elle, mais ... » Ce mais, Mickey le redoute autant qu'il s'impatiente d'en connaître le sens et son regard cramponné aux lèvres de son cousin en dit long sur combien il peut être attendu au tournant. « Tu sais ... » Oh, il n'est finalement pas certain de vouloir en entendre beaucoup plus car si le boxeur sait une chose, c'est notamment que certains sujets ne sont pas bons à évoquer entre eux. Et il devine que Jackson s'apprête à dépoussiérer l'un d'entre eux comme si la discussion du jour n'était pas assez désagréable. « Le manque ... » L'allusion est claire, bien trop claire pour celui qui se retrouve à gérer l'état de son cousin et ces parallèles qu'il ne désire pour sa part ni voir ni entendre. Ce n'est pas la même chose si on l'écoute et pourtant, leurs drogues portent des noms différents mais leurs effets dévastateurs sur eux sont sensiblement bien les mêmes – car quand Jackson ne se laisse pas ratatiner, c'est Mickey qui court le risque de l'être en défiant le monde entier sous l'influence de ses substances. Alors bien sûr, ce n'est pas à n'importe qui que l'agent vient parler de manque ce soir et c'est bien parce qu'ils en connaissent tous les deux le cercle vicieux que le boxeur se retrouve à grincer des dents. Ce n'est pas la bonne porte à ouvrir devant lui, pas le bon terrain sur lequel s'aventurer car assumer face à lui, Mickey s'en sent toujours aussi incapable. « Me regarde pas comme ça. » il souffle en détournant le regard le premier, autant pour ne pas y lire ces sous-entendus que pour ne pas y voir ces larmes que son cousin retient. La situation pourrait paraitre drôle tant elle est grotesque, Jackson l'ayant finalement suivi dans la rechute et cela à une date presque symbolique – car d'ici quelques jours le boxeur fêtera le quatrième anniversaire de la mort de sa carrière et d'une grande partie de sa vie, le rappel a donc de quoi faire mal et cette quasi symétrie n'est bonne qu'à lui rappeler que dans la famille, ils ont un sacré chic pour s'auto-saboter. Combien de fois Marley devra-t-elle encore le décevoir pour qu’il lâche l’affaire et offre un véritable répit à son cœur ? Et lui, combien de fois devra-t-il frôler l’overdose pour enfin réagir et s'assurer que sa fille ne finira pas orpheline ? Ils ne valent pas mieux l’un que l’autre, au final. « Putain. » il lâche en laissant lourdement retomber ses bras le long de son corps. « Tu l’as dans la peau, hein. » Il connait ça Mickey, il sait aussi ce que ça fait d’être accro à quelqu'un au point d’en devenir fou mais il n'a jamais eu besoin de personne pour se détruire lui, tandis qu'un jeu malsain se serait instauré avec la Lynch que ça ne l'étonnerait pas et les dégâts se trouvent présentement sous ses yeux. Il fait peine à voir Jackson, plus dépité que le dépit lui-même et ce n'est pas une chose à laquelle le boxeur peut être insensible. « Hey. Je suis là. » Sa détresse est trop forte pour qu'il ne le rejoigne pas sur ce fichu canapé où l'agent est venu un peu plus tôt s'échouer. Il est là oui, avec tout ce que cela peut signifier car on ne laisse pas un membre de sa famille broyer du noir sans rien faire, c'est un principe. « Mais si je dois apprendre d’autres trucs je préfère que ce soit maintenant. » Et ça, Mickey le fait entendre assez distinctement pour que le message ait le mérite de passer. Des secrets ils en ont tous les uns pour les autres mais son cousin ferait mieux de le tenir à jour sur le reste si tant est qu'il doive l'être, car apprendre les choses sept mois plus tard ne sera jamais sa partie de devinettes favorite. « Je passerai pas derrière elle pour t’achever. Promis. » il lui assure alors, quand bien même ce genre de promesse n'a jamais valu grand-chose avec lui.
- TW : mentions d'agression, hypersexualisation de la femme -
C'est précisément parce que Jackson savait que Mickey n'approuverait pas qu'il n'a rien dit. D'abord parce qu'il avait honte de sa réaction dans la laverie. Tout aussi encourageant que puisse être son cousin, Mills n'attend pas de lui qu'il le félicite pour avoir failli prendre une femme de force, quand bien même cette dernière est Marley, quand bien même c'est elle qui l'a agressé la première en aventurant ses doigts dans le fond de son slip. Ensuite, parce que Mills aurait du expliquer à Mickey que ce modèle qu'il est pour lui depuis l'adolescence n'a plus le même éclat qu'à l'époque, que sa santé mentale a plus de mal à se remettre de l'accident de Sydney que son corps et sa mémoire réunis. Comment expliquer à Reeves qu'il entend parfois des voix, qu'il se persuade tout seul de complots n'existant que dans sa tête ? Son déni de paranoïa a isolé Jackson au point que, lors de sa crise en novembre, Marley était finalement la seule capable de le sortir de ses miasmes mentaux. Et c'est précisément parce que son absence l'a rendue aveugle aux traumas subis par l'agent depuis son départ qu'elle a su, par on ne sait quel miracle, le remettre sur les rails cette nuit là. Peu de temps après est arrivé Noël. Mills n'avait pas le cœur de pourrir l'ambiance déjà quelque peu morose durant le temps des fêtes sensées se partager en famille, alors que le divorce et les reproches autour de l'éducation de Lola rendent les discutions difficiles, encore plus à cette période de l'année. Annoncer aux Reeves - car pour lui Aliyah est et restera la femme de son cousin - que son passé l'avait rattrapé et qu'ils seraient peut-être amenés à recroiser Marley à son bras si cette dernière parvenait à le convaincre de lui laisser une seconde chance l'aurait fait se sentir particulièrement mal à l'aise ...
Jax a eu le nez fin. Quelque semaines plus tard, le clip de Malik venait démentir les belles paroles de la métisse. Il n'était alors plus temps de dire quoique ce soit à Mickey. Pour raconter quoi ? Que Lynch l'avait une fois de plus pris pour un con ? Son orgueil s'était passé de ce genre d'entaille inutile. Mills a préféré se venger comme le dernier des connards, couper les ponts et foncer tête baissée dans la demande de Louisa. À aucun moment il n'a envisagé que la situation puisse à nouveau s'inverser jusqu'à recevoir ce S.O.S au beau milieu de la nuit et découvrir Marley en étant de choc dans la ruelle. C'est là qu'il a su que tous ses efforts n'avaient servi à rien. Qu'enceinte ou pas, Lou ne parviendrait pas à lui faire oublier celle avec laquelle il a pour la toute première fois envisagé aussi bien le mariage que l'idée de devenir père. Un chewing-gum collé à la chaussure, l'image est plus qu'appropriée. Collée à ses projets d'avenir autant qu'aux points de sutures de son cœur rafistolé après son départ, il a suffi à Marley de revenir dans sa vie pour engluer une fois de plus Jackson dans ses fantasmes contradictoires ; de se trouver en situation périlleuse pour qu'il accourt et tue un homme en représailles. « Merde Jax. Tu déconnes complet là, c’est grave. » Il sait. Jax ne peut même pas avouer son meurtre à Mickey. Le mettre dans la confidence reviendrait à le condamner en cas de fausse note ou d'imprévu dans le plan qu'il a monté pour s'en sortir. Tout ne tient qu'à ça : personne ne doit savoir, doit-il en cauchemarder durant des années avant d'enfin accepter l'idée d'avoir échappé à la Justice qu'il est pourtant sensé représenter derrière son badge, son flingue et son statut d'agent du PSI.
Alors Jackson met toute cette histoire sur le compte du manque car c'est au final la raison pour laquelle il s'est laissé casser la gueule ce soir. Putain qu'il avait peur qu'elle lui manque trop une fois cette dernière session terminée. Peut-être même que derrière sa volonté d'offrir à Marley une occasion de se prouver qu'elle en était capable, Jax espérait secrètement finir KO. Tout plutôt que de la voir partir tout en sachant qu'elle ne ferait plus jamais appel à lui. « Me regarde pas comme ça. » Mills baisse les yeux. Cette nuit, il n'a pas la force d'en vouloir à Mickey pour ses addictions qui ont tout foutu en l'air et dont l’existence continue d'effriter un peu plus leur lien au fur et à mesure que son cousin les préfère à lui, à sa femme et surtout à sa fille. L'agent n'est pas venu lui faire la moral. Il s'est réfugié chez Reeves comme il était venu le trouver après l’agression de Gloria et la perte du bébé. Plus jeune mais aussi plus marqué, Mickey témoigne d'une triste expérience : c'est lui qui, des deux, a appris à Jackson comment survivre à la perte d'un proche ; lui qui a perdu les siens beaucoup trop jeune. Mills a rendu la pareille en apprenant à son cousin comment canaliser la colère, en le traînant jusqu'au dojo et l'encourageant dans cette voie. Cette nuit, pourtant, Mickey ne saurait l'encourager dans l'impasse que représente Marley et son « Putain. Tu l’as dans la peau, hein. » sonne comme le point final à toute cette histoire : il n'y a rien d'autre à faire qu'à chialer parce qu'à part s'écorcher vif, Jackson n'arrivera pas à s'enlever cette satanée Lynch du crâne.
« Hey. Je suis là. » Mills renifle. Ça va passer, il le sait, mais les secondes sont éternelles quand il a l'impression que sa cage thoracique est un trou noir et que le vide laissé par le départ de Marley l'aspire tout entier au point de lui donner le vertige. « Mais si je dois apprendre d’autres trucs je préfère que ce soit maintenant. » Bien qu'accablé par son propre chagrin, Jax saisit parfaitement la perche que lui tend son cousin. Une autoroute du cash pour débiter ce qui doit l'être comme on arrache un pansement plutôt que d'y aller poil par poil. « Je passerai pas derrière elle pour t’achever. Promis. » Alors Jackson se lance, pêle-mêle. Il exorcise son mal : « J'l'ai agressée quand elle est revenue. » Vrai. « On a convenu que j'lui enseignerai quelques techniques d'auto-défense pour m'faire pardonner. Pas de plainte, juste un échange de services. » Pas vraiment un mensonge, mais pas tout à fait une vérité non plus. Jax contourne le sujet de Swenson parce qu'en plus de vouloir respecter le choix de la métisse concernant le silence autour de cette attaque, l'agent imagine Reeves capable de lire dans le font de ses yeux que le véritable agresseur - celui à cause duquel Lynch a finie terrorisée à la seule idée de sortir de chez elle - n'est aujourd'hui plus de ce monde et que son passage aux enfers s'est fait de ses propres mains. « Tu sais comment ça marche : faut pousser pour valider les acquis ... » Véridique, combien de fois a-t-il poussé Mickey dans ses retranchements au risque de se prendre une droite en retour quand ils étaient ados ? « J'avais pas envie de répliquer quand elle a commencé à trouver le flow. »Le flow. Mills reprend les termes de Barry pour qualifier ce point de bascule durant le combat où les coups deviennent aussi instinctifs que viscéraux, quand plus rien d'autre ne compte que de frapper là où ça fait mal. « Et Louisa est enceinte. » Jax capte le regard de Mickey. « De moi. » Il voudrait sourire mais ses conflits internes l'en empêchent. Comment expliquer que l'idée d'offrir à sa meilleure amie et sa femme un bébé dont il sera le père l'enchante autant que cela l'attriste de penser au fait qu'il n'aura finalement même pas eu l'occasion de mettre Marley en cloque ? Triste, Jackson se dit qu'il aurait du supplier pour une dernière baise en plus de ce dernier baiser.
Waking up, half past five, blood on pillow and one bruised eye. Drunk too much, you know what I'm like but you should've seen the other guy. In my dark times I'll be going back to the street, promising everything I do not mean. In my dark times I've still got some problems I know, driving too fast but just moving to slow. And I've got something I've been trying to let go, pulling me back every time.
Il aurait certainement dû s’attendre à ce que l'état de son cousin n’annonce pas autre chose qu'un échange orageux mais il y a un monde entre se douter que sa venue ne dissimule rien de bon et se retrouver face à des vérités dérangeantes comme Mickey présentement. Il n'a rien vu venir, bien sûr, et cela parce qu'il n'a plus les yeux là où il faut depuis bien longtemps. Jackson n'a peut-être pas laissé échapper le moindre indice du retour de Marley dans sa vie mais s'il l'avait fait, Mickey l'aurait-il seulement capté ou n'était-il pas trop occupé à se détruire et à entreprendre une funeste danse avec ses démons pour ça ? Oh, l'idée lui traverse inévitablement l'esprit et le regard brièvement échangé avec son cousin en dit déjà long sur ce parallèle existant entre eux et sur ce manque qu'il connait mieux que personne. C'est une autre discussion, pas plus agréable pour sûr, que le boxeur ne tient pas à avoir ce soir peu importe à quel point il mériterait d'être mis face à ses dérives car plus que jamais, Mickey a à cœur de ne pas tout mélanger. Son procès aura lieu un autre jour, aujourd'hui il n'est question que de Jackson et des choses que ce dernier pourrait encore lui apprendre – car il a le sentiment que ce n'est pas tout ou du moins, qu'il ne perdrait rien à creuser un peu plus.
C'est donc ce qu'il fait avec la subtilité qu'il n'a jamais eue, invitant Jackson à vider un sac qui lui semble encore bien lourd pour éviter que d'autres secrets ne puissent planer sur leur relation. Son regard guette alors la moindre entrouverture sur les lèvres de son cousin et Mickey s’empresse de tendre l'oreille aux prochains mots passant ces dernières. « J'l'ai agressée quand elle est revenue. » Agressé comment, agressé pourquoi ? Ces précisions-là ne lui sont pas offertes et le boxeur convient déjà avec lui-même qu'il n'ira pas les chercher. Ce n'est pas qu'il choisit de fermer les yeux sur cet acte, bien au contraire, mais il n'interrompt pas celui que son regard se charge à la place de questionner et peut-être aussi de juger. « On a convenu que j'lui enseignerai quelques techniques d'auto-défense pour m'faire pardonner. Pas de plainte, juste un échange de services. » C'est le terrain d'entente qu'ils étaient de toute évidence parvenus à trouver et pourtant, ça n'a pas empêché les choses de mal tourner d'après ce qu'il comprend. S'est-il également laissé tabasser en guise de pardon comme on offrirait carte blanche à quelqu'un pour prendre avidement sa vengeance ? « Tu sais comment ça marche : faut pousser pour valider les acquis ... » Il sait oui, pour avoir été à la place de Marley il y a maintenant un paquet d'années. Jackson a toujours été bon pour pousser les autres à se dépasser mais il n'aurait jamais laissé son jeune cousin le ratatiner de la sorte, tous deux le savent bien. « J'avais pas envie de répliquer quand elle a commencé à trouver le flow. » Ces mots lui arrachent un bref sourire car cette référence à son mentor ne le contourne pas autant que Mickey le voudrait. Ainsi donc Marley a su trouver ce fameux flow en elle et l'agent l'a laissée donner tout ce qu'elle avait, de quoi lui faire regretter de ne pas avoir été là pour voir ça quand bien même le résultat à l'arrivée n'en reste pas moins un Jackson sacrément amoché. « Elle t’a pas raté en tout cas, on peut dire que tes leçons ont porté leurs fruits. Mais j’ai toujours su que t’avais l’âme d’un bon coach. » il formule avec sincérité même s'il pourrait tout aussi bien lui reprocher d'avoir accordé cette victoire à la Lynch sur un plateau. Jackson était le sien de coach, avant même que Barry ne s'y colle sérieusement alors Mickey sait de quoi il parle quand il salut les qualités d'entraineur de son cousin. S'il ne lui avait pas mis des gants au bout des mains puis montré comment transformer sa rage en énergie sa voie le boxeur ne l'aurait sans doute jamais trouvée, et sa sombre dérive serait aussi arrivée encore plus vite.
« Et Louisa est enceinte. De moi. » Même dans son état Jackson ne perd rien de son sens de l'humour et c'est une autre qualité que Mickey pourrait souligner chez lui s'il n'était pas occupé à le dévisager. « T'es con, arrête. » Ce n'est pas le genre de blague à lui faire ce soir, aussi grande puisse être la volonté de son cousin de détendre l'atmosphère mais plus il s'attarde sur son regard, moins il aime ce qu'il peut y voir. En y repensant ses mots ne sonnaient pas tellement faux et Jackson n'a aussi aucune raison de mêler subitement une nouvelle protagoniste à cette discussion, ce qui lui vaut de changer bien vite de ton et d'expression. « Merde t'es sérieux ? » Un peu qu'il l'est, Mickey préférait juste croire qu'il ne pouvait pas le gratifier d'une surprise comme celle-là en plus du reste car une telle révélation, comme on le devine, est loin de glisser sur leur échange sans rien ébranler sur son passage. Louisa Fleming, donc. L'amie de toujours de son cousin et la harceleuse bien connue de son lycée, aussi, même si cette autre histoire le boxeur ne se voit pas la remuer ce soir. « Je vais avoir un petit-cousin, c’est vraiment ce que t’es en train de me dire ? » Heureusement qu'il est assis car la nouvelle est renversante pour celui qui s'attendait à beaucoup de choses, mais sûrement pas à ça. L'idée aurait d'ailleurs de quoi le réjouir mais les circonstances n'aident pas vraiment ici, la venue future d'un nouveau membre dans la famille restant pour l'heure une information que Mickey a bien du mal à manier. Pourquoi Louisa, et comment ces deux-là en sont surtout venus à faire un enfant ensemble ? Ce n'est pas à lui que l'on va apprendre comment une telle conception s'enclenche mais il aimait Aliyah du plus profond de son cœur lorsque leur fille a vu le jour, et n'avait certainement pas une autre femme dans la tête comme son cousin actuellement. Il crève d'amour pour Marley et met Louisa enceinte derrière, les décisions sans queue ni tête sont décidément leur marque de fabrique à l’un comme à l’autre. « Toi papa. Bordel. » il souffle puis s'enfonce lentement dans le dossier de son canapé tout en essayant d'assimiler l'idée. Elle n'est pas déconnante à ses yeux et sa surprise mise à part, il n'a aucun mal à croire que Jackson honorera bien plus dignement ce rôle que lui en faisant un excellent père. Cette pensée en est d'ailleurs douloureuse et Mickey a encore bien trop de questions pour se permettre de se perdre là-dessus. « C'était voulu au moins ? » Son regard vient aussitôt chercher une réponse dans le sien, sans même savoir s'il en existe une bonne et une mauvaise. « Je veux dire, comment on en vient à faire un gosse à sa meilleure amie ? » Du peu qu'il connait Louisa il lui semble bien que les hommes n'ont jamais eu sa préférence mais Jackson pourrait être l'exception du lot, et l'a même manifestement été si cet enfant est déjà en route. C'est donc officiel : la fertilité est aussi de famille chez les Mills-Reeves. « Et Marley, elle sait ? » Il présume que oui, que c'était même une raison supplémentaire de s'acharner sur lui mais ses suppositions sont gardées à l'état de pensées en attendant que sa lanterne ne soit éclairée.
« T'es con, arrête. » Mills soutient le regard de Mickey. Communication silencieuse. « Merde t'es sérieux ? » Son air interloqué le consterne. Jax devine ce que pense son cousin. À quel moment est-il question de mettre sa meilleure amie (lesbienne) enceinte quand l'ex avec laquelle il se voyait finir sa vie revient sur le devant de la scène piétiner son cœur et monopoliser son esprit ? « Je vais avoir un petit-cousin, c’est vraiment ce que t’es en train de me dire ? »« Il sera plus grand que toi, te fais pas d'illusions. » Il essaye l'humour en guise de consolation, sèche ses larmes d'un revers de main honteux et renifle une fois de plus afin de reprendre contenance. Penser à son futur rôle de père l'aide à se sentir plus fort non pas parce qu'il l'est réellement - certainement pas en cet instant - mais parce qu'il n'a pas d'autre choix que de l'être. Avec leur mètre soixante dix passé, quatre-vingt en ce qui concerne l'agent, les espoirs que Mills nourrit d'éduquer une futur star de NBA ne sont pas vains, c'est peut-être même les seuls qui tiennent encore la route cette nuit. « Toi papa. Bordel. » Le soupire que pousse Reeves se confond avec celui de Jackson. L'air de famille se traduit par la façon dont tous deux s'enfoncent un peu plus dans le canapé, l'un secoué par la nouvelle, l'autre accablé par ce qu'il ressent. Dans le silence qui s'en suit, chacun fait le tri de ses pensées. Jax tente de compartimenter. Il passe le balai mental et rassemble les morceaux de ce qui s'est brisé ce soir entre Marley et lui afin de les rassembler dans un coin de sa tête. Le genre de placard ou finissent les objets cassés ou perdus qu'on ne peut se résigner à jeter, quand bien même ces derniers prennent un espace monstre et pèsent des tonnes sur le moral. Sentimental, l'agent l'est bien plus que ses gros muscles et la dureté de son caractère ne le laissent deviner ...
« C'était voulu au moins ? » Mills le fusille du regard. Il sait qu'il a très mal géré cette affaire avec Lynch, que sa gueule cassée n'est que le résultat de l'acharnement avec lequel il s'est appliqué à se mettre en position délicate lorsqu'il a accepté de coacher la métisse, mais quand même ! De là à se retrouver avec une grossesse non désirée chez Fleming, il faudrait vraiment qu'il soit le dernier des nuls. « Je veux dire, comment on en vient à faire un gosse à sa meilleure amie ? » « J'veux des enfants. Lou et Erika aussi. Elles m'ont proposé d'être leur donneur ... » Il laisse Mickey relier les informations et tirer les conclusions. S'il a refusé de venir dans un pot, Jax n'a toutefois pas tardé à accepter la proposition de sa meilleure amie. À ce moment là, Lou s'imposait comme la seule femme à laquelle il avait toujours pu et pouvait encore faire confiance, contrairement à Marley dont le comportement témoignait d'un sérieux manque de cohérence. Mills se demande si Mickey a entendu le titre de Malik. Il n'en a pas vu le clip, en tout cas, c'est une évidence. « Et Marley, elle sait ? » Jax ferme les yeux, inspire profondément. « Non. » Il sent Mickey se tendre à ses côtés et soupire sur plus de cinq secondes. « Elle sait que c'est prévu, pas que c'est une affaire qui roule. »
Une affaire qui roule. Si Gloria l'entendait. Comment va-t-il lui expliquer, à sa mère, que son gosse aura deux mamans sans qu'aucune d'elle ne soit sa femme ? Le fait d'y penser lui contracte l'estomac. L'agent n'y songeait évidemment pas lorsqu'il tirait sa crampe, mais faire accepter le contexte très particulier dans lequel naîtra son enfant au reste de sa famille risque de s'avérer corsé. Chez les Mills-Reeves on est peut-être ouvert d'esprit sur bien des choses, mais pas sur le schéma familial traditionnel. Pas pour rien que Mickey est descendu dans l'estime des membres du clan quand son comportement a poussé Aliyah à demander le divorce. Laisser une femme s'occuper seule de son enfant c'est indigne d'un homme tel qu'on les a éduqué chez eux. Erika sera-t-elle acceptée par la tribu ? L'agent n'en sait rien. Tout ce qu'il peut s'engager à faire c'est d'être un bouclier pour elle si les conversations dégénèrent. Après tout, ça ne serait pas la première fois que Gloria le harcèle à propos de Louisa sans savoir que cette dernière n'a jamais risqué de finir au bras de son fils, puisque c'est à celui des filles qu'elle préfère marcher. Mais toute cette logistique est une autre histoire, une liste de problèmes potentiels auxquels Jackson préfère ne pas songer pour le moment car sa coupe est déjà pleine de ceux qu'il se traine dans l'immédiat ...
C'est pourquoi il change soudainement d'avis et se lève, trainant sa carcasse toute cabossée en direction du bar d'où il extrait plusieurs bouteilles qu'il présente à Mickey jusqu'à ce que ce dernier ne lui fasse signe de la tête. L'agent sert alors à son cousin l'alcool de son choix et revient à ses côtés muni d'un verre de whisky pour lui. Lorsqu'il reprend place dans le canapé, Jax sent peser sur ses épaules le poids de ses choix merdiques, de ses responsabilités et de sa peine inconsolable. « J'aurais du la demander en mariage en 2018. J'avais déjà la bague et tout ... » Avoue-t-il, puisqu'il n'est plus à une révélation près et que Reeves sait de quoi on parle lorsqu'il est question d'alliances ou de grands engagements, quand bien même les tenir sur la longueur ne semble pas être son fort. « J'sais même plus comment on en est arrivés là. » Mills parle aussi bien de Marley et lui que de son cousin et d'Aliyah ou encore d'eux deux dont les genoux se touchent sur cette assise trop petite pour leur carrure de boxeurs. Il se revoit à 17 ans, l'attrapant par la nuque en lui jurant qu'ils finiraient par s'en sortir, par avoir une bonne vie. Ah ils sont beaux, les deux vaincus, l'un par la dope, l'autre par l'amour. Aussi criminel l'un que l'autre, aussi seul l'un que l'autre. Alors Jax lève son verre pour trinquer : « On fera mieux demain. » Parfois, il faut juste savoir reconnaître la défaite.
Waking up, half past five, blood on pillow and one bruised eye. Drunk too much, you know what I'm like but you should've seen the other guy. In my dark times I'll be going back to the street, promising everything I do not mean. In my dark times I've still got some problems I know, driving too fast but just moving to slow. And I've got something I've been trying to let go, pulling me back every time.
Il savait qu'il entendrait un jour les mots Jackson et papa associés dans une même phrase mais l'annonce ne comble pas vraiment de bonheur un Mickey pris de court, lui que rien n'aurait pu préparer au fait d’apprendre que son cousin est contre toute attente parvenu à planter sa graine. Avec presque dix ans de retard sur l'âge que lui avait au moment de devenir père, Jackson s'emploie à son tour à agrandir leur arbre généalogique et cette idée donne à sa venue une dimension que le boxeur ne peut s'empêcher de questionner. Avait-il vraiment prévu de tout lui avouer ce soir, ou son cousin a-t-il surtout saisi la perche qui lui a été tendue ? Il ne lui demandera pas depuis combien de mois cette autre histoire le contourne car il devine d'une certaine façon que la nouvelle n'est pas bien vieille, et que l'enfant dont ils parlent n'est pas encore près de voir le jour. Une bonne chose pour Mickey qui a au moins le temps de se faire doucement à l'idée, pas particulièrement pressé que le futur rôle de son ainé l'amène à souffrir d'une comparaison dont certains ne manqueront pas de le gratifier. En tête de liste son frère Junior, pour sûr. « Il sera plus grand que toi, te fais pas d'illusions. » Et l'allusion lui arrache un nouveau sourire, conscient que ses atouts n'ont jamais résidé dans sa taille quand bien même celle-ci l'a toujours bien plus avantagé que le contraire sur un ring. « Sauf si c'est pas il mais elle. » il glisse d'une voix lointaine en ne pouvant s'empêcher de penser à sa propre fille, à qui il aurait pu offrir une petite sœur ou un petit frère si les choses n'avaient pas connu l'évolution que l'on sait avec Ali. La question d'un deuxième enfant se serait posée tôt ou tard, Mickey n'en a jamais douté pour sa part mais à défaut d'avoir été au bout de son projet de famille et d'avoir surtout assuré dans le plus grand rôle de sa vie, c'est à Jackson qu'il peut désormais confier la relève.
Avec perplexité, toutefois, en raison d'une meilleure amie présente dans l'équation dont les préférences ont à ses yeux toujours été claires. « J'veux des enfants. Lou et Erika aussi. Elles m'ont proposé d'être leur donneur ... » Ceci explique cela, c'est donc un service que Jackson leur a rendu et c'est ce qui l'empêche une fois de plus de sauter au plafond. Car ce n'est pas tant ce projet lui tenant à cœur que le boxeur se permet de juger, mais plutôt la place que son cousin peut espérer y trouver. « Tu t'es engagé dans un truc risqué là, t'auras des droits sur ce gosse au moins ? » Il n'y connait rien lui mais si cette histoire tend bien à prouver quelque chose, c'est qu'il n'a pas intérêt à se mettre un jour sa meilleure amie à dos. Peut-être bien que Mickey s'inquiète que cet enfant pourtant de leur sang soit davantage un Fleming qu'un Mills, mais sa prochaine préoccupation est bien celle menaçant le plus de lui écorcher la gorge. « Non. » Marley n'a donc pas bénéficié de cette mise à jour comme lui. « Elle sait que c'est prévu, pas que c'est une affaire qui roule. » Mais elle se doute que la chose finira par être concrète, ce qu'il soupçonne être presque déjà trop pour elle. « Et y'a pas une petite chance qu'elle se soit barrée pour ça aussi ? » il tente en s'armant ici de quelques pincettes, son regard reposant sur son cousin avec la précaution de celui avançant en terrain miné. Si Marley l'aime autant que la réciproque semble vraie alors oui, il peut imaginer que la nouvelle avant même d'être officielle a fait trembler le cœur de la Lynch et pourtant il n'entend pas la défendre ici, simplement la comprendre.
Une grimace anime ses traits en voyant Jackson aligner péniblement ses pas jusqu'à ses bouteilles avant que son regard ne vienne appuyer son choix du jour : un verre de rhum en ce qui le concerne et son cousin peut se permettre d'y mettre la dose, car il lui faudra bien ça. « J'aurais du la demander en mariage en 2018. J'avais déjà la bague et tout ... » Un aveu de plus parmi tous ceux que le boxeur n'attendait pas ce soir mais celui-ci pèse d'une façon particulière sur leur échange, comme s'il pouvait déjà présumer que le sujet ne les épargnera pas l'un comme l'autre. « Comment tu sais qu'elle reviendra pas cette fois ? » C'est la première question qu'il désire lui poser, celle qu'il retient depuis déjà plusieurs minutes avant qu'une seconde ne s'impose d'elle-même suite à sa confession. « Et la bague, tu l'as toujours ? » Ce n'est évidemment pas rien d'entendre que Jackson aurait pu épouser celle qui aujourd'hui lui piétine le cœur et lui retourne la tête car à l'époque, l'idée d'une Marley en robe blanche prête à dire oui à l'agent ne l'aurait pas du tout rendu allergique. Une part de lui en vient même à penser que Jackson ne pourra jamais en épouser une autre, tout comme lui ne pourra pas signer ces foutus papiers qui signifieraient rendre sa liberté à Aliyah au risque de laisser la place à un autre aussi bien dans le cœur de sa femme que dans celui de sa fille. « J'ai jamais été foutu de retirer la mienne, moi. » il commente avant de trouver le réconfort de son verre face à ce constat désolant. C'est une question de volonté dans son cas, il ne veut pas retirer le signe de son union à Aliyah quand bien même leur séparation aurait dû le pousser à le faire il y a déjà quatre ans. « J'y arrive pas. » Et ces mots-là, Mickey les souffle d'une voix à peine audible comme s'il s'agissait là de l'aveu de trop. Il n'y arrive pas mais il n'essaie pas non plus, rejetant par principe tout ce qui irait dans le sens d'un divorce dont il n'a jamais voulu. Alors il garde cette alliance pour se rappeler qu'il est encore le mari de quelqu'un, au moins sur le papier, tout en redoutant le jour où Aliyah ne portera plus ni la sienne ni son nom. « J'sais même plus comment on en est arrivés là. » La remarque de son cousin lui arrache un rire désenchanté car en la matière, il n'y en a vraiment pas un pour rattraper l'autre. Le décor autour d'eux est d'ailleurs à leur image, sombre et minable. « J'appelle ça un double foirage dans les règles, ouais. » il lui accorde sans intention aucune de sauver la moindre apparence, hissant son verre à son tour lorsque l'agent l'y invite. « On fera mieux demain. » C'est peut-être bien à leur lose mutuelle que les cousins trinquent ce soir, leurs deux verres levés en l'honneur d'un désastre que chacun se figure bien. Champions toutes catégories des plans qui tournent mal et des décisions qu'ils n'ont pas fini de regretter. Cela fait déjà quatre ans que Mickey se raconte que demain est un autre jour mais force est de constater que faire mieux revient bien souvent à faire pire, avec lui. « J'ai sûrement pas besoin de te le dire mais si t'es pas en état de rentrer, tu peux crécher ici. » C'est comme souligner l'évidence à ce stade mais le boxeur appuie malgré tout son offre d'un regard, lui qui n'attend personne et qui, si c'était le cas, se débarrasserait de n'importe quelle compagnie pour offrir à son cousin un refuge pour la nuit. Ses tourments, Mickey préfère encore qu'il les traine sous son toit.
« Tu t'es engagé dans un truc risqué là, t'auras des droits sur ce gosse au moins ? »« J'vais le reconnaître. » Répond-il, plus assuré qu'il ne l'est depuis qu'il est entré dans le studio de son cousin avec ses épaules tombantes et ses contusions de loser. S'il y a bien une chose sur laquelle l'agent n'a rien laissé au hasard, c'est les conditions entourant la naissance de cet enfant. Il voulait que le bébé soit conçu dans les règles de l'art et même s'il n'épousera aucune des mères, son nom figurera sur le livret de naissance à côté de celui de Fleming et de Langford. Pauvre gamin qui devra se farcir 20 lettres de 3 patronymes différents lorsqu'il apprendra à écrire son nom sur ses cahiers scolaires. Ils lui trouveront un prénom court, pour compenser. FLM, ça passe aussi. Jax se l'imagine parfaitement dans le dos d'un t-shirt des Lackers.
Ce qu'il n'avait pas imaginé, en revanche - et que Mickey soulève avec la pertinence des experts en disputes conjugales - c'est le fait que Marley s'en est peut-être allée en partie à cause de cela. Mills y songe en silence, recollant les morceaux de la chronologie chaotique de leur histoire. Si l'agent a toujours été clair quant à son envie d'avoir des enfants, Lynch, elle, ne s'est jamais engagée à rien. Lorsqu'il lui a donné sa chance de revenir dans sa vie en tâchant de le convaincre qu'elle était la future mère de sa progéniture, la brune est entrée dans son jeu sans jamais lui avouer qu'à peine quelques semaines auparavant elle s'envoyait en l'air avec le frère de Louisa. Malik, un ami de longue date, presque un membre de la famille. Le sentiment de trahison lors de la découverte du clip du rappeur fut d'autant plus cuisant que Lynch a eu l'opportunité de l'avertir en amont, mais qu'elle ne l'a pas fait. Comment alors se persuader que cette menteuse lui donnerait les enfants dont il a toujours rêvé ? Elle qui préférait coucher avec ses potes en pensant qu'il n'y aurait pas de conséquences à ses actes, que rien ne se saurait. Elle l'avait tellement déçu, avait réveillé en lui tellement de rancœur ... Puis les évènements s'étaient enchainés de manière dramatique, obligeant Mills à garder le cap sur les grandes aspirations de sa vie s'il ne voulait pas couler dans l'océan de larmes que toute cette histoire avait provoqué. La proposition de Louisa était arrivée à point nommé, lui avait redonné de l'espoir là ou tout semblait foutre le camp, sa confiance en la gent féminine autant que ses projets de paternité. À aucun moment la métisse n'a le droit de lui en vouloir de chercher à avancer sans elle sur un chemin qu'elle a saboté toute seule, voilà ce que se dit l'agent tandis qu'il reprend place aux côtés de Mickey. Mais Jax n'articule rien de ses pensées car la soirée catastrophique qu'il vient de vivre est la preuve du gouffre séparant ce qu'il est rationnel de croire et ce que les actes traduisent de n'importe quoi manipulé par les émotions. S'il n'avait pas été aussi effrayé à l'idée de la perdre, peut-être qu'il n'aurait pas tout fait pour que cela arrive ...
« Comment tu sais qu'elle reviendra pas cette fois ? » Mills pouffe d'un rire sans joie. « Parce qu'elle a dit que c'était à moi de revenir vers elle. » Et tous deux savent que ce n'est pas le bon choix à faire, quand bien même il faudra probablement de la poigne à Mickey pour retenir Jackson de courir la rejoindre après deux ou trois verres ... « Et la bague, tu l'as toujours ? » L'agent fixe le fond de son verre ambré par la couleur de l'alcool attendant de lui noyer les idées noires. Cinq ans plus tard, l'anneau continue de prendre la poussière dans le fond de son dressing, caché dans un tiroir qu'il a fait semblant d'oublier en janvier, lors de son grand ménage de printemps, son extermination en règle de toutes traces de Lynch à son domicile. Repeindre les murs et changer la literie ne lui a posé aucun problème, mais jeter cette bague ... Jax sait bien qu'il n'aurait pu s'y résoudre. « Ouais ... » Avoue-t-il, honteux, préférant boire que de croiser le regard de Reeves. « J'ai jamais été foutu de retirer la mienne, moi. » Silencieuse, la vague de reconnaissance part d'un cousin pour venir s'écraser sur la plage de l'autre. Mills remercie intérieurement Mickey de se mettre à sa hauteur, de se montrer aussi désolant que lui. « J'y arrive pas. » « Je sais. » Oh oui, il sait. Des années qu'il éteint les feux entre Aliyah et le boxeur, qu'il fait le tampon en tâchant de ne vexer personne quand pourtant son point de vue sur la question est fermement tranché : ce divorce est une hérésie, Ali et Mickey sont faits l'un pour l'autre, Lola mérite de grandir auprès de son père et la dope est la princiaple responsable de ce nauffrage. « J'appelle ça un double foirage dans les règles, ouais. » Jackson soupire. Quoi dire de plus ?
À l'approche de la fin de leur premier verre si vite expédié, Reeves lui rappelle qu'il peut dormir sur place s'il n'est pas en état de rentrer. Jackson renifle, se lève à nouveau et retourne fouiller le bar dont il rapporte cette fois les bouteilles avec lui. Pas besoin de mots pour annoncer là cuite qui s'en vient. L'agent remplit leurs verres. Copieusement. Puis il extirpe son téléphone de sa poche et le tend à Mickey. « Cache-le. » Reeves sait pourquoi ; tout comme il a sûrement deviné qu'il ferait bien de récupérer les clés de la jeep traînant sur la table et de s'assurer que le verrou de la porte est fermé. Mills est triste. Mills est malheureux. Mills fait peine à voir. Mais ce qu'il y a de pire qu'un Jackson dépressif, c'est un Jackson ivre mort se mettant en tête d'aller régler les problèmes qui le rongent à des heures pas possible de la nuit sans plus sentir sa force ni savoir ou se trouvent les limites entre l'action efficace et celle faisant pire que mieux. Saoul, l'agent pourra se casser le dos sur le canapé et dormir comme une pierre sans même s'en rendre compte.
Waking up, half past five, blood on pillow and one bruised eye. Drunk too much, you know what I'm like but you should've seen the other guy. In my dark times I'll be going back to the street, promising everything I do not mean. In my dark times I've still got some problems I know, driving too fast but just moving to slow. And I've got something I've been trying to let go, pulling me back every time.
« J'vais le reconnaître. » Son cousin n'a jamais fait les choses à moitié et n'est pas non plus du genre à prendre la question de la paternité par-dessus la jambe alors sa réponse n’est pas vraiment une surprise. C'est aussi ce que Mickey préfère entendre pour ne pas imaginer un service rendu plus avantageux d’un côté que de l’autre, avec un enfant du sang de Jackson autour duquel le rôle de ce dernier resterait flou. Il ne s'est pas contenté de planter sa graine pour dépanner sa meilleure amie et l'assurance dans sa voix convainc bien vite le boxeur que les choses ont au moins été correctement définies. Cet enfant aura un père, bien plus qu'un simple géniteur et cette idée l'amène à visualiser un tableau de plus en plus acceptable avant que ses pensées ne bifurquent de façon regrettable. Car ce que le tableau révèle est aussi qu'avoir un père dans la police comporte son lot de risques, Mickey le sait pour s'être retrouvé brutalement orphelin du sien et pour avoir redouté de perdre son deuxième grand repère il y a trois ans lorsque son cousin a vu la mort de très près. Il se souvient un peu trop bien de ces deux dates et a souvent prié pour qu'aucun enfant ne voit plus jamais son père tomber en service dans cette famille, quand bien même de tels mots ne seront jamais prononcés ce soir et resteront à l'état de pensées que Mickey s'autorise tout juste à avoir. Car espérer que ce gosse donnera une raison de plus à Jackson de filer droit s'apparente certainement à l'hôpital se foutant de la charité lorsque sa propre fille n'a pas été une raison suffisante pour le pousser à se soigner. Mickey est bien le dernier père de cette ville à pouvoir se permettre de faire la moindre leçon, le dernier aussi que l'on viendrait trouver pour appréhender un tel rôle alors c'est silencieux que le boxeur demeure, saluant d'un regard cette sage décision que Jackson s'engage à prendre car Dieu sait que tous deux n'en prennent pas beaucoup.
Le silence est également roi quand une question semble entrainer chez son cousin une réflexion qu'il devine être profonde sur l’autre raison qui aurait pu pousser la Lynch à partir. Il ne mettra pas davantage le nez dans leurs histoires, bien trop certain que celles-ci comportent encore des éléments voués à l'agacer mais on ne pourra pas lui reprocher de condamner Marley sans même essayer de comprendre. Vouer une rancœur tenace aux autres est toutefois ce que Mickey fait le mieux depuis qu'en vouloir au monde entier l'aide à en vouloir un peu moins à lui-même, mais il n'imaginait pas apprendre que Jackson a bien failli poser un genou à terre pour cette fille et qu'une demande en mariage était prévue un an avant sa rechute. Les révélations s'enchainent sans que Mickey ait l'impression d'en voir le bout et il aura fallu une bonne raclée à son cousin pour passer aux aveux, de quoi lui permettre au moins de se mettre partiellement à jour sur la vie de ce dernier. Il ne remerciera pas Marley de lui avoir rendu Jackson dans cet état avec des plaies apparentes et un cœur en morceaux mais il ne peut pas nier les portes que celle-ci a ouvert entre eux ce soir, avant de s'évaporer comme elle sait encore si bien le faire. « Parce qu'elle a dit que c'était à moi de revenir vers elle. » Un regard, c'est tout ce que Mickey vient poser sur lui à défaut de lui demander s'il compte le faire car bien sûr, si on l'écoute, son cousin en a l'interdiction. Il refuse même d'entendre que revenir vers Marley peut être une option mais il ne versera pas d'huile supplémentaire sur le feu que l'on devine, remettant cette discussion à plus tard si jamais cette désillusion de plus ne suffit pas à Jackson pour comprendre qu'il ferait mieux de s'en tenir éloigné. C'est un rappel que Mickey se fera un plaisir de brandir devant lui quand ce sera nécessaire, quitte à remuer pour ça les souvenirs de cette soirée où la Lynch est parvenue à le mettre plus bas que terre car il y a bien assez d'une cause perdue comme lui dans cette famille. Jackson a toujours la bague et il n'est pas le seul car celle trônant au doigt du boxeur en dit long sur leur incapacité mutuelle à passer à autre chose, et à imaginer une vie auprès d'une autre femme que celle qu'ils ont initialement choisie. Leur grand amour, leur plus belle histoire mais aussi la plus tragique à l'image des deux losers affalés piteusement sur ce canapé, pas fichus l'un comme l'autre de se faire une raison.
L'alcool ne promet pas d'apaiser grand-chose mais il reste un refuge tout trouvé sur lequel aucun ne viendra cracher, pas alors que Jackson a carte blanche pour venir piocher dans ses bouteilles et pour leur servir autant de verres que ce que cette table peut accueillir. C'est le genre de soutien que Mickey est en mesure de lui offrir, tout le monde sait bien qu'un réconfort ne connait plus vraiment d'autre forme quand il vient de lui mais il jure que des barrières seront mises ce soir, et la première lui est offerte sur un plateau sans même qu'il ne l'exige. « Cache-le. » Oh, ça, il ne faudra pas le lui dire deux fois. Les cousins s'entendent en un regard, ce dernier appuyant l'idée qu'un Jackson ivre et brisé peut être amené à faire de très mauvais choix et Mickey s'interdit de manquer de vigilance sous prétexte qu'ils ne sont plus des enfants. Il ne prendra pas le risque de le laisser recontacter Marley ou de se frotter à qui que ce soit dans l'idée d'en découdre, tout comme il ne prendra pas le risque de le voir sortir en pleine nuit dans l'état qui est le sien, sans savoir où sa peine pourrait le mener et quelles conneries cette dernière pourrait lui dicter de faire. Mickey s'y connait en dérive et en très mauvaises décisions prises dans le feu de l'action. Il sait aussi à quel point les limites n'existent plus lorsqu'on se persuade qu'on n'a plus rien à perdre alors ce n'est pas seulement son téléphone que le boxeur va s'efforcer de cacher, c'est aussi sa porte d'entrée qu'il promet de cadenasser car sans ça il ne dormira que d'un œil, tous deux le savent bien. « Compte là-dessus. » Il récupère le téléphone aussitôt glissé dans sa poche tout en convenant déjà avec lui-même où ce dernier sera planqué. Et maintenant ? Eux seuls savent vraiment combien de verres défileront sur cette table basse avant que le sommeil ne vienne réciproquement les chercher car la soirée n'est pas terminée, et son issue dépend encore du bon vouloir des dés.
alors, comment l'histoire se termine ?:
WIN –On ne laisse pas un membre de sa famille broyer du noir sans rien faire, c'est un principe. Et ce principe tient d'autant plus quand Mickey s'avère parfaitement rodé à ce genre de situation pour dégainer face à son cousin les réflexes nécessaires. Ce n'est pas seulement un toit pour la nuit qu'il s'assure de lui offrir, c'est aussi de quoi surmonter sa cuite et les effets de son tabassage avec un attirail de choc mais surtout de connaisseur. Des bouteilles d'eau pour s'hydrater, un seau pour vider ses tripes et des antalgiques pour anesthésier un mal de crâne et des courbatures qu'il peut déjà voir venir. Les lunettes noires pour rentrer chez lui sans affoler celles et ceux qu'il croisera ne sont pas non plus une option, Mickey les lui confie en se fichant bien du moment où Jackson les lui rendra car comme son cousin, elles n'iront en principe pas bien loin.
SO CLOSE – Leurs idées les plus lumineuses n'ont aucune chance de naitre sous l'influence de l'alcool et cette soirée le prouve encore bien. Dans sa volonté d'éradiquer de sa vie tout ce qui le rattachait à Marley, Jackson a de toute évidence oublié cette Jeep à laquelle il tient tant et où les tourtereaux ont autrefois fait de nombreuses folies de leurs corps... une Jeep méritant donc de connaître le même sort que le reste aux yeux de Mickey et pour cela, rien de tel qu'une batte de baseball pour détruire le malheureux véhicule et tous les souvenirs que ce dernier peut renfermer. Aux grands maux les grands remèdes comme dirait le boxeur, sa façon de remédier au problème est certes radicale mais elle offre surtout à Jackson l'occasion d'expulser sa colère comme il doit en rêver. C'est bien sûr un carnage, leur victime en voit de toutes les couleurs mais ce n'est qu'au petit matin que l'état de la Jeep leur saute brusquement aux yeux. Aucun ne se souvient y avoir passé ses nerfs et chacun se demande qui peut bien s'en être pris au véhicule de l'agent – peut-être ce sale type à qui Mickey doit de l'argent ? Ce n'est pas ce dont la nuit dernière peut attester mais le black-out est total après les nombreux verres enfilés. Rip.
FAIL – Mickey pensait avoir pris toutes les précautions du monde en confisquant à Jackson son téléphone et ses clés de voiture, mais il n'avait pas pris en compte un autre risque bien trop à sa portée : cette poudre blanche trainant sur sa table basse, et cette ligne que son cousin a sniffé sans même qu'il s'en rende compte. Le constat fait mal au petit matin, Mickey se mord les doigts de ne pas avoir fait gaffe à ce qu'il avait laissé trainer et cela par habitude de vivre seul, mais aussi de laisser sa drogue en évidence quand il est le seul que celle-ci peut d'ordinaire attirer. Il a été con en plus d'avoir été inconscient, lui qui s'efforçait jusque là de tenir son ainé à l'écart de ses histoires de stupéfiants en s'interdisant formellement d'en consommer devant lui. Qu'une telle chose ait pu arriver le ramène au moins brusquement sur terre mais il peine à croiser le regard de celui qu'il n'a pas su surveiller, et préserver de ces mauvaises habitudes que Jackson ne doit surtout pas prendre à son tour. Car on sait quand on commence, jamais quand on termine.
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31459 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014