Swann a beau se tourner et se retourner dans le lit conjugal depuis plus d’une heure déjà, cela n’a pourtant rien de négatif. Du moins, rien de négatif pour autre chose que pour son sommeil, parce que tous les autres paramètres sont plus que jamais au vert. Il tapote l’écran de son téléphone pour observer l’heure qu’il est et regrette de ne pas trouver le sommeil pour avoir au moins l’impression que le temps s’écoule plus rapidement. Son esprit est un amas de pensées diverses et variées, la majorité d’entre elles étant positives et une très fine minorité le laissent avec une certaine appréhension de la journée à venir. A minuit, Rory aura trente-deux ans, le même âge que Swann a atteint à peine un an plus tôt. A minuit, surtout, son fiancé sera en droit de lui offrir son cadeau d’anniversaire et de le lui souhaiter comme il se doit, ce dernier étant un peu trop à cheval sur les traditions pour oser le faire la veille au soir. Rory ignore tout de ce qui trotte dans ses pensées depuis plusieurs jours, alors il n’a pas à vivre avec l’idée que Swann lui cache quoi que ce soit, ni même qu’il lui prévoit une surprise à sa façon. Et pour cette seule et simple raison, il a préféré se torturer seul avec ses pensées plutôt que de gâcher la simple idée de pouvoir lui souhaiter son anniversaire ledit jour de ce dernier. La seule différence, cette année, c’est qu’il ne risque pas de l’oublier, sans que Swann n’ose penser une telle chose parce qu’il a prévu les choses en grand: c’est le cas, d’une certaine façon seulement.

Minuit. Enfin. Un immense sourire s’étire sur le visage de l’anglais, qui ne peut décidément pas respecter le sommeil de son fiancé jusqu’au petit matin. Il a besoin de lui parler, et il a besoin de savoir qu’il ne lui cache absolument plus rien. Il a besoin de lui dire, enfin, ce qu’il a dans son esprit depuis plusieurs jours et qui n’a de cesse d’occuper ses pensées. Doucement, très doucement, il rapproche son visage du sien et l’embrasse d’abord contre la joue, avant de déposer ses lèvres contre sa nuque. “Rory.” Il souffle tout aussi doucement, conscient qu’il était sûrement le seul des deux à ne pas arriver à trouver le sommeil, même si ses mouvements incessants n’ont sûrement pas aidé l’australien à s’endormir à son tour. La main de Swann glisse contre son torse et se pose contre ses côtes, qu’il caresse de son pouce. “Qu’est-ce que ça fait d’avoir trente-deux ans ?” Il aurait pu le lui demander le lendemain, bien sûr qu’il aurait pu. Il aurait dû, aussi, sûrement, parce qu’il sait à quel point le sommeil de l’homme qu’il aime n’est jamais acquis. Pourtant, au fond de lui, il sait déjà que son fiancé ne risque pas de lui en vouloir, une fois qu’il connaîtra toute l’histoire. Il devine son visage dans la pénombre de leur chambre et sourit une fois de plus, sans vraiment avoir de raison précise derrière une telle réaction. Il est simplement heureux, en réalité. Plus heureux que jamais. “Il faut que tu ouvres ton cadeau.” Ses baisers capturent chaque parcelle de sa peau, sans doute pour s’excuser de mettre autant à mal son sommeil. Sans doute, aussi parce qu’il en a terriblement envie, ressentant plus que jamais un amour incommensurable pour le brun. “Je te promets que ça en vaut la peine.” En d’autres termes: non, ils ne peuvent certainement pas attendre le lendemain. Ni l’un, ni l’autre. “Je vais allumer la lumière.” Swann prévient doucement, se dégageant bien malgré lui de ses côtés, déjà en quête de la petite boîte contenant le cadeau de son fiancé. Plus que jamais, son cœur bat la chamade, l’impatience grondant plus lourdement à chaque nouvelle seconde.

Il ne fait que quelques pas à peine, ayant pris soin de ne pas cacher son cadeau à l’autre bout de la maison. La boîte tient dans une seule main, et Swann se pince déjà les lèvres lorsqu’il pense aux prochaines minutes qui les attendent et vont irrémédiablement changer la vie de Rory. Après avoir fait le tour du lit pour le rejoindre de son côté, il prend le temps de l’embrasser amoureusement une fois de plus, ses lèvres trouvant longuement les siennes dans un baiser qui ne laisse aucun doute quant aux sentiments qu’il lui porte. “Joyeux anniversaire.” Swann souffle enfin, toujours aussi souriant, ses yeux brillant plus que jamais. Et si la moindre larme devait s’échapper, elle n’aurait rien de titre, bien au contraire: il laisse enfin la boîte passer entre les mains de son fiancé, le papier cadeau rapidement retiré laissant apparaître le logo de Longines sur l’étui de la boîte de la montre. Puisqu’il a conscience de prendre son fiancé de court, son attitude étant singulière alors qu’ils ont déjà fêté beaucoup d’anniversaires auprès l’un de l’autre, Swann se garde au moins de le presser ou de lui imposer le moindre commentaire supplémentaire de sa part. Son regard passe de la montre à son visage, et s’épanche évidemment bien plus longtemps contre ses traits plutôt que n’importe quoi d’autre. Dans les yeux de Swann, l’émotion se fait toujours plus grande et toujours plus évidente. Il avait pour idée de lui offrir cette montre il y a quelques mois déjà, bien que son prix ne corresponde pas réellement à leurs habitudes: il la trouvait pourtant simple et fine, le genre de chose que Rory pourrait toujours porter au poignet. “Je l’ai faite graver.” Et ça, c’est ce qui s’est fait en dernière minute, sans doute aussi dans l’urgence puisqu’il n’a pas été simple pour lui de trouver quelqu’un qui aurait la faculté de graver une montre d’une telle qualité. L’anglais se mord les lèvres, n’ayant désormais d’yeux que pour l’homme qu’il aime et surtout sa réaction, lorsqu’il comprendra quel est le véritable sens derrière le we love you, daddy. Il donne à Rory le temps de la réflexion et, avec lui, le temps de se demander si ce n’est pas une blague ou tout simplement une gravure maladroite de la part de son fiancé: non, cela ne l’est pas, comme en témoigne le sourire de ce dernier. “L’agence a appelé y’a deux jours. Notre dossier est accepté. Ils estiment que tout ne se compte plus qu’en semaines.” Que dans quelques semaines, de maigres mois tout au plus, ils seront père tous les deux. “C’est une vraie montre de papa, je trouve.” Le cadeau en lui-même n’a plus vraiment d’importance désormais, il est le premier à le penser et à s’en rendre compte, mais il sait aussi que pour Rory c’est désormais un bien qui a bien plus une valeur émotionnelle que marchande.

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Il dormait paisiblement, Rory, pourtant alerté de temps à autres par le fait que Swann se tourne et se retourne sur le matelas, lui qui semblait avoir le plus grand mal à trouver le sommeil sans que l'australien ne mette ça sur le compte d'autre chose qu'une insomnie un peu plus robuste que les autres. Instinctivement, son bras s'était enroulé à plusieurs reprises autour de son corps, comme s'il espérait que la chaleur du sien l'aiderait à se détendre. Il était pour ainsi dire bien loin d'imaginer que l'état de son fiancé avait bien moins à voir avec des troubles du sommeil qu'avec une impatience de plus en plus difficile à contenir, et qu'à mesure qu'ils se rapprochaient de minuit leur vie était un peu plus proche de basculer du tout au tout. Parce qu'il était jusqu'ici bien loin de se douter que son fiancé s'apprêtait à lui faire la plus belle des surprises et que c'était ça, oui, qui le tenait éveillé à cette heure. “Rory.” Son corps s'étira sur le matelas lorsque lui parvint l'écho de la voix de Swann, ses yeux s'entrouvrant péniblement pour constater la pénombre autour d'eux. C'était encore la nuit et, à en juger par la façon dont le manque de sommeil faisait se raidir chacun de ses muscles, celle-ci n'était sans doute qu'à peine entamée. « Hmm ? » Il lui fallut finalement quelques secondes pour remettre ses idées dans le bon sens et pour tourner le haut de son corps vers celui de l'anglais. « Swann ? Tout va bien ? » Ce n'était pas dans les habitudes de son fiancé de le tirer du sommeil en pleine nuit, à moins qu'il se soit passé quelque chose. C'est forcément la première pensée qui le traversa et un soupçon d'inquiétude qui ne mit qu'une seconde à l'envahir. Rory ouvrit plus grandement les yeux, cette fois, pour étudier attentivement les traits de son visage. “Qu’est-ce que ça fait d’avoir trente-deux ans ?” Finalement, le soulagement se lut sur ses traits tandis qu'il fut tenté de le traiter d'idiot, pourtant incapable de réprimer le sourire qui s'étira aussitôt sur ses lèvres. « Pitié, ne me rappelle pas que j'aurai bientôt à traquer mes premiers cheveux blancs. » La vérité, c'est qu'il n'en faisait pas toute une histoire de prendre un an, Rory, quand bien même il faisait un métier qui avait vu bon nombre d'acteurs se voir offrir de moins en moins d'opportunités à mesure qu'ils prenaient de l'âge. A trente-deux ans, il aimait penser qu'il était encore loin d'affronter ce genre de problèmes, qui plus est alors que son fiancé avait fêté les siens pas plus tard qu'en début d'année. « Heureusement que je connais un bon kiné pour quand mes articulations souffriront de mon grand âge. » Il reprit, un petit air amusé sur le visage, se tournant sous les couvertures avant de reposer son attention sur son fiancé et de songer à combien il était chanceux de pouvoir ouvrir les yeux sur la présence d'un être aussi formidable dans sa vie. Même encore à moitié endormi, il s'en faisait inévitablement la réflexion avec une lueur attendrie dans le regard. “Il faut que tu ouvres ton cadeau.” - « Maintenant ? » Il demanda, pensant naïvement que Swann se contenterait de le réveiller pour lui souhaiter un bon anniversaire puis que son fiancé et lui feraient l'amour avant de se rendormir dans les bras l'un de l'autre. “Je te promets que ça en vaut la peine.” Il avait comme une idée derrière la tête, Swann, et ça justifiait à ses yeux de rester éveillé pour voir ça. « Je... d'accord, dans ce cas. » Swann s'était donné du mal, à n'en pas douter, et ça le touchait déjà au plus haut point. “Je vais allumer la lumière.” L'occasion pour Rory de se redresser légèrement, incapable de dire ce que Swann avait prévu mais forcément impatient de le découvrir.

Son regard attendri et rieur suivit Swann lorsque celui-ci s'éloigna d'un pas ou deux pour récupérer une mystérieuse boîte, que les yeux curieux de Rory s'employaient déjà à détailler sous toutes les coutures. Quoi qu'elle puisse contenir, cette surprise à elle seule suffisait déjà à faire chavirer son cœur et le baiser que son fiancé déposa finalement sur ses lèvres, durant de longues et délicieuses secondes, tout autant. “Joyeux anniversaire.” Les traits de son visage marquaient à cet instant la joie qui s'était emparée de lui mais se changèrent bientôt en une expression à la fois stupéfaite et émue, lorsque ses yeux détaillèrent le contenu de la boite et de cette splendide montre dont ses doigts ne mirent qu'une seconde à redessiner les moindres contours. « Mais... Swann. » Si ses yeux s'attardèrent un long moment sur le bijou, ils finirent par retrouver ceux de l'anglais. « Tu es fou, ça a du coûter une fortune. » Il n'avait pas besoin de s'y connaître pour le deviner rien qu'à observer la structure de cette montre et si tout dans ce cadeau faisait naturellement son bonheur, il ne pouvait s'empêcher de songer que Swann avait fait une folie. « Elle est vraiment magnifique. J'ai envie de l'essayer, mais je sais que j'aurai plus aucune envie de la retirer après ça. » Et quand bien même il était à présent suffisamment éveillé pour ne plus éprouver le besoin de se recoucher avant un bon moment, il souhaitait encore moins prendre le risque d’abîmer son cadeau. Il lui tardait pourtant de porter sa montre et d'afficher combien il en était fier, attendri jusqu'au fait que Swann l'ait probablement choisi de cette couleur parce qu'il savait combien le bleu avait toujours eu une place particulière dans le cœur de l'australien. Un peu trop influencée par son amour de l'océan, sans doute. “Je l’ai faite graver.” - « Oh ? » Son regard détailla le sien quelques secondes, s'étant encore moins attendu à ce détail mais ému encore bien davantage par cette précision. Son premier réflexe fut donc de chercher la gravure en question, ses doigts s'appliquant à retourner le bijou pour observer au dos de celui-ci. Là, ce que ses yeux découvrirent le laissa d'abord silencieux, pris dans un tourbillon d'émotions à lui en donner le tournis. « Swann ? Qu'est-ce que... ? » Il tremblait d'envie de lui demander ce que ça signifiait, mais une part de lui avait probablement plus que jamais envie de croire qu'il connaissait déjà la réponse. Que ce We love you, Daddy n'était pas un choix de mots anodin, que c'était même tout le contraire. « Est-ce que tu en en avance sur mon anniversaire de l'année prochaine, ou... ? » Ou bien est-ce qu'il avait raison de croire que ces mots gravés au dos du bijou n'étaient pas complètement étrangers à la manière dont il l'avait tiré du sommeil pour lui offrir ce cadeau ? Ses yeux n'avaient jamais interrogé les siens avec une plus grande impatience, une plus grande crainte aussi sans doute, appréhendant au fond de son cœur de peut être se faire des idées en y voyant autre chose que le désir de son fiancé de lui faire plaisir en choisissant les mots les plus susceptibles de trouver leur écho au fond de son cœur, quand bien même ils semblaient en l'état un peu trop optimistes. Optimistes, mais pas pour autant douloureux.

“L’agence a appelé y’a deux jours. Notre dossier est accepté. Ils estiment que tout ne se compte plus qu’en semaines.” Soudain, le monde lui sembla tourner dix fois plus vite, ses yeux replongeant au fond des siens avec le besoin de s'assurer qu'il avait bien compris, que ça n'était pas juste une réalité fabriquée par son cerveau encore quelques peu ensommeillé et plus que jamais plein d'espoir. « Ils ont appelé ? Ils ont... » Les mots de son fiancé tournaient maintenant en boucle dans son esprit, Rory tentant du mieux qu'il pouvait de les intégrer. L'émotion l'envahissait de toute part, pourtant, si bien que rester rationnel n'avait jamais été plus difficile. Si l'agence d'adoption avait appelé, si leur dossier avait été accepté et si on leur prédisait quelques semaines d'attente, alors c'était forcément synonyme d'une formidable nouvelle. Alors ils n'avaient jamais été si proches de réaliser leur plus grand rêve, n'est-ce pas ? « T'es pas entrain de me faire une blague et je suis pas entrain de rêver, on est d'accord ? » Il balbutia avec émotion, un rire euphorique franchissant ses lèvres tandis que son regard brillait au point de dévoiler les larmes perlant aux coins de ses yeux. Même sa respiration s'était accélérée, l'excitation et la joie se répandant dans chaque recoin de son être. “C’est une vraie montre de papa, je trouve.” - « C'est... Tu veux dire... » Ses mains tremblantes se frayèrent un chemin jusqu'au visage de son fiancé, qu'elles encerclèrent avec la plus grande douceur. Il souriait et il riait Rory, son cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique, clignant des yeux pour s'assurer que tout ça était bien réel. Que Swann, tout autant que cette annonce synonyme d'un bonheur immense, étaient bien réels. « Qu'on sera bientôt parents pour de vrai ? Que c'est vraiment entrain de nous arriver, à nous ? » Que ce serait bientôt leur vie, comme ils en avaient toujours rêvé. Rory reprit difficilement sa respiration, étouffant bientôt un rire contre le cou de Swann qu'il serra amoureusement contre lui. Il le serra si fort qu'il lui coupa peut être un court instant la respiration, à lui aussi, transporté par la joie qui l'envahissait. « Attends, attends, qu'est-ce qu'ils ont dit exactement ? » Ses larmes de joie mentaient aussi peu que l'immense sourire ému qui n'avait pas quitté ses lèvres depuis de longues secondes, lesquelles tremblaient d'émotion en songeant à combien ils avaient rêvé de ce moment. « Je veux tout savoir, s'il te plaît, raconte-moi tout. » Les mots s'échappaient d'entre ses lèvres à toute vitesse, l'acteur dès lors incapable d'articuler ses pensées autour d'autre chose tandis que ses doigts s'attardaient contre la peau de son fiancé avec le besoin de lui faire sentir tout l'amour qui berçait son cœur. Rory était plus que jamais réveillé, mais aussi et surtout plus que jamais heureux.

Tout va bien au point où Swann ne prend même pas le temps de répondre à la question de Rory, assuré que ce dernier le comprendra en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Tout n’a jamais été aussi bien, en réalité, et ce pour un bon millier de raisons différentes dont une restant encore inconnue à Rory. L’anglais le réveille avec toute la délicatesse du monde, bien conscient de le tirer d’un sommeil pourtant réparateur pour l’acharné de travail et le petit dormeur qu’il est. Au fond, pourtant, il sait déjà que l’homme à ses côtés ne lui en tiendra pas rigueur et bien au contraire, même si sa première excuse se résume encore à parler de son anniversaire - après tout, il veut tout de même le lui souhaiter comme il se doit, parce que tout ce qui se rapproche de Rory est infiniment important à ses yeux. « Pitié, ne me rappelle pas que j'aurai bientôt à traquer mes premiers cheveux blancs. » Sans même le voir, il devine aisément l’amusement qui anime le cœur de Rory, pas vraiment en train de lui reprocher quoi que ce soit. “On fera un concours, toi et moi.” Ils ont le même âge, à une maigre année près, et les problèmes de l’un seront les problèmes de l’autre au même moment. Ils vieilliront au même rythme et, surtout, ils vieilliront ensemble. « Heureusement que je connais un bon kiné pour quand mes articulations souffriront de mon grand âge. » - “Ah oui ? Tu connais ce genre de personne, toi ?” Swann reprend avec le même amusement, profitant que son fiancé tourne la tête en sa direction pour enfin l’embrasser délicatement contre ses lèvres, une seule de ses mains posée contre sa joue. Tout paraît si simple, maintenant. Ils peuvent être heureux sans que cela n’implique aucune conséquence ou concession d’aucune sorte. Néanmoins, aussi soucieux et envieux de profiter de l’instant présent puisse-t-il être, Swann meurt surtout d’envie d’enfin lui annoncer la nouvelle qu’il garde secrètement depuis quelques jours. Garder des secrets n’est pas dans ses habitudes, et cela l’est encore moins lorsqu’il s’agit de Rory, raison pour laquelle il ne sait pas attendre davantage avant de déjà plonger au coeur du sujet: qui dit anniversaire dit cadeau à ouvrir. « Maintenant ? » Dans la pénombre, le sourire de l’anglais devient plus immense encore. Il hoche la tête, ses mouvements ne pouvant sans doute être que devinés. Pour des raisons qui semblent évidentes à ses yeux, cela ne peut pas attendre, et cela explique donc qu’il se relève déjà du lit et allume la lumière de leur chambre, sans pour autant donner de plus amples explications à l’acteur.

Il ne part qu’une seule seconde pour chercher ledit cadeau et profite de son retour pour embrasser l’homme qu’il aime, bien plus convenablement et longtemps, sans laisser le moindre doute quant à leur relation ou aux sentiments qu’il ressent à son égard. Après tout, il n’a aucune raison de se retenir de l’embrasser, pas alors qu’il est bien placé pour savoir que les gestes et le toucher sont pour eux une façon d’exprimer leur amour. Ce n’est que lorsqu’il sépare ses lèvres des siennes, et ce bien malgré lui, qu’il lui souhaite enfin un bon anniversaire. Nul doute que Rory ne l’oubliera jamais, sans que cela soit pourtant intrinsèque au cadeau en lui-même: une montre de très belle qualité. « Mais... Swann. Tu es fou, ça a du coûter une fortune. » C’est loin d’être un cadeau normalement dans ses moyens, il faut bien l’avouer, mais en la voyant il ne s’est pas longtemps posé la question. “Je me suis dit qu’elle serait parfaite pour toi, quand je l’ai vue.” De toute évidence, il ne lui dira pas combien ladite montre a coûté, trop soucieux de simplement rendre heureux son fiancé à qui le cadeau semble bel et bien plaire. Leurs regards se croisent et s’accrochent, le sourire de Swann ne se tarissant jamais. « Elle est vraiment magnifique. J'ai envie de l'essayer, mais je sais que j'aurai plus aucune envie de la retirer après ça. » - “Dis pas de bêtises.” Il souffle presque aussitôt, ses mains déjà posées autour de l’avant-bras de son fiancé, lequel il caresse doucement. Il lui a offerte pour qu’il en profite, surtout alors que la montre est loin d’être tape à l'œil. Elle lui ira à merveille, et il s’assurera bel et bien qu’elle se trouve à son poignet, à la seconde où Rory aura compris jusqu’où il souhaite en venir avec la gravure au dos.

Lorsque Rory s’applique à lire la gravure, le cœur de l’anglais bat plus que jamais la chamade. Les secondes qui vont suivre changeront leur vie à tout jamais, rien de moins, et c’est loin d’être anodin. « Swann ? Qu'est-ce que... ? » Une partie de sa lèvre inférieure emprisonnée sous sa canine, Swann sourit pourtant plus que jamais. A nouveau, et cette fois-ci de façon bien visible, il hoche la tête: c’est bien ce qu’il pense, oui. Ils vont devenir papas. Ils n’en ont jamais été aussi proches, ils touchent leur rêve du bout des doigts. « Est-ce que tu es en avance sur mon anniversaire de l'année prochaine, ou... ? » Il soutient son regard, comprenant sans mal que Rory puisse se sentir assiégé par un bon millier de sentiments différents en cet instant. Il n’y a sans doute rien de plus normal, surtout alors que la surprise de Swann l’a jusqu’alors empêché de poser des mots simples sur la situation, chose qu’il rattrape finalement après quelques instants. Il n’est pas en avance sur quoi que ce soit, bien au contraire, il accuse quelques jours de latence, la faute à son irrépressible envie de faire au mieux pour lui mais aussi pour leur couple, au milieu de ses éternels élans romantiques. Ce n’est qu’après plusieurs secondes supplémentaires que Swann pose enfin des mots sur la situation, annonçant à son fiancé que leur dossier a officiellement été accepté, ce qui signifie par extension qu’ils pourront accéder à leur désir de paternité dans très peu de temps. « Ils ont appelé ? Ils ont... » Oui, ils ont appelé et oui, ce n’était que pour partager une excellente nouvelle. Le sourire de Swann est immense et rassurant, ses yeux brillent d’un bonheur nouveau alors qu’il ne les détache pas un seul instant de ceux de son fiancé. “Ils l’ont fait. Je te promets qu’ils l’ont fait.” Il ne l’a pas rêvé, il ne l’a pas inventé. Il l’a entendu de ses propres oreilles, lui qui s’attendait pourtant à recevoir une mauvaise nouvelle en voyant le numéro de l’agence d’adoption s’afficher sur son téléphone. Il avait rarement été aussi loin du compte, en réalité. « T'es pas entrain de me faire une blague et je suis pas entrain de rêver, on est d'accord ? » Il en rit nerveusement, Rory, au point où ses yeux baignent désormais dans ses larmes menaçant de couler à tout instant. Les mains de l’anglais cessent de caresser les bras de son fiancé pour plutôt se poser contre ses joues et tenter de le garder aussi calme que la situation peut encore l’admettre. Après tout, lui aussi était euphorique en recevant cet appel, et il l’est encore très largement aujourd’hui. “On va être parents.” Ce n’est pas une blague, à commencer parce que jamais Swann n’aurait osé en faire une de la sorte, sur un sujet qui leur tient autant à cœur à l’un comme à l’autre. « C'est... Tu veux dire... Qu'on sera bientôt parents pour de vrai ? Que c'est vraiment entrain de nous arriver, à nous ? » A son tour, il pose ses mains autour du visage de Swann, avant de plonger son visage près de son cou, proximité que l’anglais accueille avec une ultime bienveillance tout en entourant sa tête de ses bras. Son visage se tourne pour l’embrasser contre la joue, lui-même pris dans l’étreinte de Rory qu’il ne cherche même pas à calmer. Ce n’est pas tous les jours qu’ils apprendront qu’ils seront parents, et cela se doit d’être célébré. Après tout, leur bonheur a rarement été aussi entier et immense. “C’est vrai, Rory, je te promets que tout est vrai.” Il n’est pas en train de rêver, et Swann non plus. Du moins, si c’est un rêve, ils le vivent de façon pleinement éveillée.

« Attends, attends, qu'est-ce qu'ils ont dit exactement ? » Il reprend, son visage se détachant doucement de celui de son fiancé. L’émotion se lit aisément sur le visage de Rory, sur lequel l’anglais s’attarde en balayant doucement les larmes. Bien qu’elles soient la preuve de sa joie, Swann préfère toujours ne pas le voir pleurer, peu importe les raisons derrière. « Je veux tout savoir, s'il te plaît, raconte-moi tout. » Il lui doit rien de moins, et c’est avec patience qu’il lui racontera chaque seconde de cet échange, parce que Rory est impliqué au même niveau dans le processus d’adoption. Pour autant, Swann prend le temps de le calmer avant toutes choses, posant d’abord son pouce contre ses lèvres pour tenter de calmer les tremblements de ses dernières, avant de juger que l’embrasser reste encore et toujours la meilleure chose à faire. “Tout d’abord, je t’aime.” Il l’aime plus que jamais, il est fier de tout le chemin qu’ils ont parcouru et il est surtout envieux de connaître l’avenir qui sera le leur. “L’agence a appelé y’a quatre jours, et je te jure que ça a été les quatre plus longs jours de ma vie.” Il lui avoue dans un rire, parce que Rory comprendra aisément ce dont il est question: il ne lui a pas menti, mais il n’a pas non plus parlé de ce fameux appel durant tout ce temps, alors qu’il en mourait évidemment d’envie. Après tout, ils attendent depuis des mois une nouvelle du genre. “Je pensais que ça allait être un nouveau problème de papiers, tu sais, mais au contraire ils ont dit que le dossier avait été accepté et qu’ils avaient même sûrement un bébé pour nous.” Mais tout est compliqué, tout est incertain, tout est sujet à changements et ils le savent tous les deux, parce qu’on les a prévenus, parce qu’ils se sont renseignés sur tout ce qu’impliquait une adoption aussi. “Ils appelaient pour savoir si on était toujours intéressés.” Et pour des raisons évidentes, Swann n’a pas hésité une seule seconde avant d’assurer que oui, c’était bel et bien le cas. Ils en parlent quasi quotidiennement, fonder une famille étant une évidence pour eux deux. “On est en tête de liste.” Peut-être pas les premiers, certes, mais ils seront rapidement appelés lorsqu’un bébé destiné à l’adoption viendra au monde. “Je suis désolé si j’ai paru distant ces derniers jours, je voulais t’annoncer les choses en grandes pompes et d’un autre côté j’avais tellement envie de t’en parler…” Il finit par avouer dans un rire incertain, une de ses mains venant brièvement gratter l’arrière de son crâne par pure mécanisme d’habitude. En réalité, il préfère surtout occuper ses pensées en accrochant enfin la montre de Rory à son poignet, là où elle lui rappellera à chaque instant cette soirée où il a su que son souhait de devenir père allait enfin se concrétiser et dépasserait enfin le stade de rêve.

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Il ouvrait à peine les yeux Rory, pourtant déjà ému de constater que son fiancé n'avait pas seulement pensé à son anniversaire avant qui que ce soit d'autre – et sans que ça n'ait rien de surprenant lorsqu'on connaissait l'homme aimant qui partageait sa vie – mais qu'il avait aussi fait une priorité de le lui souhaiter en bonne et due forme à la première occasion. Et quand bien même ladite occasion impliquait de le tirer du lit au milieu de la nuit, il ne pourrait pas en être plus heureux, mieux placé que quiconque pour apprécier depuis toujours ses attentions si caractéristiques de la personne tendre et attentionnée qu'était Swann. “On fera un concours, toi et moi.” - « Et dans trente ans on se chamaillera pour savoir lequel de nous a eu des cheveux blancs en premier. » Et chacun assurerait tout naturellement que c'était l'autre, sans la moindre mauvaise foi bien entendu, Rory aimant penser que ce serait le genre de choses qui les feraient encore et toujours rire même lorsqu'ils auraient passé toute une partie de leur vie ensemble. Il n'imaginait pas pouvoir un jour poser un regard autre qu'admiratif et amoureux sur l'homme qui partageait son quotidien et l’embellissait chaque jour un peu plus, pour preuve cette nuit ne faisait que lui confirmer une nouvelle fois combien il avait de la chance de pouvoir l'appeler mon fiancé. “Ah oui ? Tu connais ce genre de personne, toi ?” Le baiser qui suivit fut naturellement prolongé par un Rory avide de profiter de ce contact avec lui, même au saut du lit et alors qu'il y a encore quelques minutes, il n'aurait peut être pas dit non à quelques heures de sommeil en plus. Peu importe, à présent, il n'imaginait déjà plus se rendormir. « Oui, et il a vraiment été parfait quand je me suis blessé au genou. Et chaque fois que j'ai eu besoin d'un massage parce que j'avais terriblement mal au dos, bien entendu. » Il s'amusa, sourire au coin des lèvres, conscient que tout le monde n'avait pas la chance de partager la vie d'un kiné et d'être grâce à ça son patient le plus assidu. Un privilège forcément d'autant plus précieux lorsqu'on pouvait comme lui facilement se blesser lors d'un tournage mais dont Rory aimait aussi profiter dans leur intimité, simplement parce que ça leur permettait comme un millier d'autres choses de passer toujours plus de temps ensemble, juste tous les deux. Et jamais trop habillés, il est vrai, ce qui n'était jamais trop désagréable non plus.

C'est bientôt une petite boite remplie de mystère qui atterrit entre les mains de l'australien, et une montre ravissante qu'il y découvrit finalement avec une véritable émotion dans le regard. Swann n'avait jamais fait les choses à moitié en matière de cadeaux, mais il était plus ou moins acté depuis toujours qu'ils n'avaient pas besoin de faire des folies pour se faire plaisir, quand bien même ils en auraient les moyens ça n'avait simplement jamais été une question d'argent ni pour l'un ni pour l'autre. Ici, pourtant, Rory n'avait qu'à observer le bijou pour en deviner la valeur et il n'en était qu'un peu plus touché encore que son fiancé n'ait pas hésité à le gâter à ce point, devinant qu'il n'avait simplement pas regardé à la dépense lorsqu'il avait très probablement eu un coup de cœur pour cette montre. “Je me suis dit qu’elle serait parfaite pour toi, quand je l’ai vue.” C'est sans surprise que Swann avait su que ce bijou lui plairait, lui qui savait tout de ses goûts et tout de sa personne. « Je l'adore, c'est exactement le modèle que j'aurais choisi. Et que tu l'aies su rend ce cadeau encore un peu plus parfait. » Avec tendresse, Rory replongea son regard dans le sien, impatient de porter cette montre qui valait encore bien plus que son prix pour toutes les raisons qui voyaient ses yeux briller d'émotion et de gratitude depuis plusieurs secondes. Swann était simplement Swann, il n'échouait jamais à lui faire plaisir et à le toucher en plein cœur, aujourd'hui n'en était qu'une preuve supplémentaire. “Dis pas de bêtises.” Bien sûr, cette montre ne mettrait sans doute que quelques minutes à rejoindre son poignet, la seule raison le poussant en vérité encore à attendre étant cette inscription que Swann avait pris la peine de faire graver au dos du bijou.

Une inscription dont Rory ne mit que quelques secondes à comprendre le sens, quand bien même son instinct de protection l'empêchait sans doute de sauter directement à certaines conclusions même lorsque son cœur espérait plus que tout que ce soit vrai, bel et bien vrai. Que ces quelques mots symbolisaient non seulement la fin de ces longues démarches pour adopter un enfant, mais aussi l'arrivée prochaine d'un bébé dans leur foyer. Un bonheur auquel ils avaient si longtemps rêvé et qui n'avait peut être jamais été aussi proche de se concrétiser, enfin. “Ils l’ont fait. Je te promets qu’ils l’ont fait.” Il tremblait, Rory, non pas de peur mais bien parce que l'émotion se voulait impossible à contenir face à la possibilité que ce qu'ils souhaitaient le plus au monde n'ait peut être bientôt plus rien d'hypothétique. Plus rien d'éventuel, et tout de certain. Sous le regard éternellement bienveillant et patient de son fiancé, l'australien tâchait d'intégrer chaque information tout en s'efforçant de rationaliser, de peur sinon qu'il puisse subsister le moindre risque d'être déçu à l'arrivée. Personne ne se montrait pourtant plus solaire et optimiste que Swann, qui à cet instant ne semblait plus s'inquiéter le moins du monde, à tel point que Rory comprit que son fiancé n'exagérait pas et que ce fameux coup de fil était bien le sésame que le couple attendait plus que tout. Leur chance de réaliser leur rêve et de fonder enfin leur famille. “On va être parents.” - « On va être... parents. Parents pour de vrai. Mon dieu, Swann. » C'était encore presque impensable quelques jours plus tôt que ces mots puissent finalement sortir de sa bouche, non pas parce qu'ils avaient perdu espoir – c'était tout sauf le cas, alors qu'ils étaient animés depuis le premier instant par le besoin d'y croire jusqu'au bout, au contraire – mais parce que tout leur paraissait forcément long et interminable depuis qu'ils attendaient des nouvelles de l'agence. Si on leur avait dit que plusieurs mois seraient nécessaires à ce que leur dossier avance dans la bonne direction, personne n'avait ensuite été en mesure de leur donner plus de précisions. Alors ils avaient attendu, espéré, n'avaient rien lâché mais s'étaient quand même résolus à ne pas brûler les étapes en attendant de recevoir une bonne nouvelle. Et cette bonne nouvelle, voilà qu'elle leur parvenait enfin, pour le plus grand bonheur d'un Rory incapable de refréner l'immense sourire qui illumina son visage. « J'arrive pas à réaliser. Je réalise pas que notre patience a fini par payer, c'est... ça semble encore tellement irréel. » Les mots étaient encore difficiles à trouver, parce qu'aussi préparés étaient-ils c'était pour l'australien une surprise qu'il n'aurait sûrement pas pensé avoir un jour comme celui-ci. Lui qui quelques années plus tôt n'osait pas rêver aussi grand apprenait désormais qu'ils n'avaient jamais été plus proches de devenir parents. Qu'ils n'avaient jamais été plus proches de l'être ensemble et tels qu'ils le souhaitaient plus que tout, ce qui avait inévitablement pour effet de chambouler tout son monde. Mais pour le meilleur, sur ce point le regard immensément ému et larmoyant de Rory ne laissait pas la moindre place au doute. “C’est vrai, Rory, je te promets que tout est vrai.” Entre les bras de Swann, l'australien laissa parler son émotion tout autant que l'amour inconditionnel qu'il éprouvait pour l'homme qui n'avait jamais cessé d'y croire, à ses cotés, et de se battre avec lui pour ce rêve qu'ils avaient poursuivi à deux. « Je suis tellement heureux. Tellement, tellement heureux Swann. » Et ce n'était encore qu'un euphémisme pour parler de l'état indescriptible qui l'envahissait, à l'aube de la plus belle transformation que leur vie n'ait sans doute jamais connue.

Un état qui n'empêcha pourtant pas Rory de chercher des réponses, plus que jamais désireux de comprendre comment les choses s'étaient exactement déroulées et comment son fiancé, surtout, les avait vécu. Il pouvait se les imaginer mais préférait s'en remettre à la parole de Swann, toujours plus précieuse qu'aucune autre à ses yeux. “Tout d’abord, je t’aime.” - « Mon cœur. Je t'aime, moi aussi. » Et c'est son baiser qu'il prolongea et son front qu'il apposa tendrement contre le sien, avide d'entendre comment les choses s'étaient passées de la bouche de son fiancé, qui avait vécu ces moments-là pour eux deux sans que Rory ne lui reproche de l'avoir gardé dans l'ignorance jusqu'ici. Il n'avait eu que de bonnes intentions et la joie qui l'envahissait masquait toute potentielle déception de n'avoir pas pu participer à cet appel. Ce n'était justement qu'un appel, et il y avait de fortes chances pour que le prochain soit encore plus heureux et déterminant pour eux. “L’agence a appelé y’a quatre jours, et je te jure que ça a été les quatre plus longs jours de ma vie.” Il n'avait aucun mal à l'imaginer, son pouce dessinant des lignes invisibles contre la joue de l'anglais, un sourire paisible sur les lèvres. “Je pensais que ça allait être un nouveau problème de papiers, tu sais, mais au contraire ils ont dit que le dossier avait été accepté et qu’ils avaient même sûrement un bébé pour nous.” Et c'était à nouveau comme si on lui retirait un poids immense des épaules, un poids qui jusqu'ici prenait un peu plus d'ampleur à chaque mois passé à espérer et à attendre sans pour autant recevoir la moindre nouvelle, qu'elle soit positive ou non. Enfin, ils y voyaient beaucoup plus clair. Enfin, tous leurs espoirs étaient récompensés. « Donc ça y est, on doit pas... leur renvoyer une énième fois les mêmes papiers ? Ni recueillir d'autres témoignages pour prouver qu'on ferait des parents responsables ? Ils nous font confiance, alors ? » Une part de Rory peinait encore à réaliser que tout ça appartiendrait bientôt au passé et qu'il n'y aurait plus de paperasse interminable à renvoyer, plus de points à éclaircir avec leur avocat, plus de projets en suspend en attendant d'avoir au moins la plus petite idée de l'avancée des choses. Est-ce qu'une bonne fois pour toutes, on les pensait pleinement aptes à s'occuper d'un enfant ? De leur futur enfant ? “Ils appelaient pour savoir si on était toujours intéressés.” Son regard brillait, à Rory, le cœur si rempli de joie qu'il allait jusqu'à lui faire oublier la fatigue et l'état de légère confusion qui avait substitué quelques minutes à son réveil. Rien de tout ça ne subsistait plus maintenant qu'il n'éprouvait plus qu'une immense impatience à l'idée que tout se concrétise officiellement. « Rien n'aurait pu nous faire changer d'avis. » Et il n'avait pas même le plus petit doute en l'affirmant, Rory. Ils étaient décidés depuis le jour où ils s'étaient lancés dans ces démarches, et ils avaient longuement pensé les choses avant de commencer quoi que ce soit, conscients que ce serait possiblement long et fastidieux, douloureux et éprouvant aussi à certains égards. Ils étaient plus que sûrs, ils étaient plus que prêts. Et chaque jour d'attente n'avait fait que renforcer leurs certitudes : ils voulaient devenir parents, plus que tout. “On est en tête de liste.” Une confirmation qui suffit à répandre la plus enveloppante des chaleurs dans le cœur de l'australien. « Et est-ce qu'ils... t'ont dit quoi que ce soit au sujet du bébé qu'ils pensent à nous confier ? Parce que quelle que soit son histoire, ça aura pas d'importance à mes yeux. » Il savait bien que certains parcours étaient plus difficiles que d'autres, Rory, et qu'il pouvait y avoir un millier de raisons pour qu'une femme fasse adopter son enfant. Ce qu'il voulait dire par là, c'est qu'il n'avait pas peur que le passif de leur futur bébé puisse être plus lourd que ce à quoi ils s'étaient originellement préparés. Il n'avait pas peur, tout court. « Je veux juste qu'il soit en bonne santé, le reste changera rien pour moi. » Et il n'y a rien qu'il souhaitait davantage que de pouvoir bientôt tenir leur enfant dans ses bras, sans savoir si à ce stade quelqu'un était en mesure de leur donner plus d'informations. Si ça n'était pas le cas, ils l'accepteraient sans problème, conscients que l'évolution de leur dossier était déjà extrêmement positive et qu'ils n'avaient ce soir que des raisons de se réjouir, tel que le sourire sur les lèvres de l'acteur le montrait.

“Je suis désolé si j’ai paru distant ces derniers, je voulais t’annoncer les choses en grandes pompes et d’un autre côté j’avais tellement envie de t’en parler…” L'esquisse sur ses lèvres se fit plus attendrie encore et ses caresses, elles, plus douces à chaque geste de ses doigts tout contre la peau de son fiancé. « Eh, Swann, je te le reproche pas. Pas un seul instant. » Ça ne lui avait même pas traversé l'esprit, parce qu'il savait que Swann désirait simplement lui faire la surprise et absolument pas lui cacher la moindre information importante au sujet de leur future famille. « Ça n'aurait pas changé grand chose si je l'avais su il y a quatre jours, et je mentirais si je disais que ça rend pas ça encore un peu plus magique que tu aies attendu mon anniversaire pour me l'annoncer. » Parce que bien sûr que c'était ce cadeau-là qui avait le plus grand symbolisme à ses yeux, quand bien même ça n'enlevait strictement rien à la valeur sentimentale et financière de cette montre qui pour sûr ne quitterait pas son poignet de si tôt. Swann le connaissait simplement par cœur et avait probablement su qu'il serait plus touché que jamais d'apprendre la nouvelle dans ces circonstances qui n'avaient définitivement rien de banales et tout de romantiques. « Je lui montrerai cette montre, un jour, et je lui expliquerai comment j'ai su qu'il ou elle allait entrer dans notre vie. Et que j'ai jamais été plus heureux de prendre un an que ce jour-là. » Heureux, il l'était, et l'acteur éprouva à nouveau le besoin de lui voler un baiser pour le lui prouver. Puis, après quelques secondes à le fixer amoureusement, un sourire mutin retrouva finalement le coin de ses lèvres. « Mais entre ça et la demande en mariage, je vais finir par croire que tu deviens un peu trop doué pour garder des secrets. Heureusement que c'est toujours pour la bonne cause et que tu t'y prends chaque fois de la plus adorable des façons pour lever le mystère. » Car loin de lui l'envie de s'en plaindre, évidemment, quand chacune de ses surprises avait abouti au plus grand des bonheurs pour le couple, sur le point de se dire « oui » mais aussi de fonder la famille qu'ils avaient toujours voulu. « On a plus à être aussi superstitieux maintenant, pas vrai ? Je veux dire, si on veut préparer sa chambre, ou réfléchir officiellement à un prénom... » Des discussions que Swann et lui avaient commencé à avoir, bien sûr, au cours des nombreux mois durant lesquels l'attente avait côtoyé l'espoir toujours plus grand de voir cette procédure d'adoption aboutir. Malgré tout ils avaient tâché de ne pas prendre trop d'avance sur les préparatifs, pas avant d'avoir l'absolue garantie que les choses iraient dans le sens qu'ils espéraient, rien que pour s'éviter une déception trop grande si les choses n'allaient pas dans le sens espéré. Ce soir, enfin, tout ne leur avait jamais semblé plus concret et c'est avec des étoiles dans les yeux que Rory envisageait la suite.

La fatigue ne se lit plus sur le visage de Rory, maintenant. Il a découvert son cadeau et la montre par la même occasion, et il a surtout lu l’inscription gravée à son dos, laquelle sera toujours près de lui désormais. « On va être... parents. Parents pour de vrai. Mon dieu, Swann. » Enfin, oui. Ils le rêvent depuis toujours, ils en parlent depuis longtemps. Enfin, tout va devenir concret et réel et enfin, une des chambres de cette maison accueillera un bambin. Le leur. L’anglais est plus heureux que jamais, pour des raisons évidentes, mais il l’est plus encore parce qu’il observe son fiancé l’être tout autant et que toutes leurs peines et leur tristesse semble désormais bien loin. “Tu vas être un papa merveilleux.” Il le lui a déjà dit et il continuera de le lui répéter, le visage de son fiancé entre ses deux mains qu’il utilise pour doucement caresser ses joues. Il en a mal aux joues à force de sourire, lui qui mourait tant d’envie de lui partager la nouvelle. « J'arrive pas à réaliser. Je réalise pas que notre patience a fini par payer, c'est... ça semble encore tellement irréel. Je suis tellement heureux. Tellement, tellement heureux Swann. » Même s’il a enfin dit les mots pour la première fois, Swann peine aussi à croire que tout va enfin finir par se concrétiser dans peu de temps. Il a l’impression qu’ils sont perdus dans la paperasse en tout genre depuis des mois, et ce parce que ce n’est justement pas qu’une impression, mais il nourrissait aussi la triste idée que cela allait perdurer pendant des mois encore, pour ne pas dire davantage. Tout s’enchaîne rapidement, finalement, et pour la première fois de sa vie il n’a pas peur de voir sa vie changer aussi brusquement. Bien au contraire, lui aussi peut le dire: il est heureux, tellement heureux. Ses bras se serrent contre le dos de son fiancé et il ancre son visage dans son cou. Ils se souviendront toujours de cette soirée, et plus généralement de cet anniversaire. “Mon coeur bat tellement fort.” Il avoue et le confesse dans un rire alors qu’il mime de prendre son rythme cardiaque contre sa carotide, sans pour autant avoir vocation à tenir le moindre calcul. Il sait seulement qu’il entend son cœur battre à tout rompre, le fait qu’il soit au courant de l’annonce depuis plusieurs jours ne retirant rien de toute la joie immense qui est aussi la sienne.

Rory est avide de réponses, sans que cela ne soit une surprise pour l’anglais. Il veut tout lui expliquer, il veut lui partager chaque détail, et il veut à nouveau qu’ils soient sur un pied d’égalité en ce qui concerne leur adoption, à en savoir autant l’un que l’autre. Mais avant toutes choses, il ressent l’envie de lui préciser son amour, sans que cela n’ait plus rien d’une surprise depuis longtemps. Il aime toujours le lui rappeler, par les mots ou par les gestes. « Mon cœur. Je t'aime, moi aussi. » Leurs fronts se reposent l’un contre l’autre, autant que le font leurs lèvres le temps d’un chaste baiser. Ce n’est qu’ensuite que Swann commence à expliquer plus en détails l’appel reçu. Il sourit parce qu’il repense à l’instant précis, il sourit aussi grâce aux caresses que Rory égare contre sa joue, sûrement par automatisme. « Donc ça y est, on doit pas... leur renvoyer une énième fois les mêmes papiers ? Ni recueillir d'autres témoignages pour prouver qu'on ferait des parents responsables ? Ils nous font confiance, alors ? » Il sent bien que sa réponse enlève un poids immense sur le cœur de son fiancé rien qu’en entendant les questions qu’il imagine à la suite. Ils ont passé beaucoup d’obstacles, la majorité d’entre eux n’ayant pas été facilités par la popularité de Rory ou par le fait qu’ils soient un couple homosexuel, et pas encore marié qui plus est. Mais ils ont bataillé, ils se sont battus, ils ont su persuader et convaincre. Ils sont faits pour être pères, tous les deux, et ils le savent aujourd’hui plus que jamais. “Non, plus de papiers, plus de tout ça. Elle m’a dit qu’ils allaient repasser pour vérifier que la maison est aux normes, mais on a pas eu de souci la première fois.” Il ne dirait pas pour autant qu’ils leur font confiance, parce que Swann veut croire que ce n’est même pas une question et qu’ils font seulement leur travail. Il se contente des faits et rassure son fiancé lorsqu’il le peut, comme en témoigne son sourire. « Et est-ce qu'ils... t'ont dit quoi que ce soit au sujet du bébé qu'ils pensent à nous confier ? Parce que quelle que soit son histoire, ça aura pas d'importance à mes yeux. Je veux juste qu'il soit en bonne santé, le reste changera rien pour moi. » Swann hoche la tête: il sait, oui, bien sûr. Ils ont à cœur d’adopter un tout jeune enfant, pour des raisons qui leurs sont propres, mais ils n’ont pas ajouté la moindre condition supplémentaire sur les papiers. “Ils ont un bébé qui est né en février. Il est en famille d’accueil pour le moment, elle m’a pas précisé les raisons mais simplement qu’ils ont besoin de quelques semaines pour s’assurer de sa santé et s’occuper des papiers.” Cette histoire, ce sera peut-être celle qu’ils rattacheront bientôt à leur propre enfant quand il sera en âge de la comprendre. Swann prend des pincettes, il ajoute les gestes aux mots pour que son fiancé comprenne que tout est hypothétique et qu’il n’a signé aucun papier ni eu aucune promesse. Mais ils n’ont jamais reçu d’appel aussi concret jusqu’à aujourd’hui. “Tu veux… Tu veux savoir si c’est un garçon ou une fille ?” Ils ne peuvent pas passer d’échographies ou demander au médecin ce genre de choses, mais Swann a quand même demandé au bout du téléphone ce qu’il en était. Ils aimeraient être parents de l’un autant que de l’autre, c’est une certitude, mais cela ne les empêche pas d’être curieux, surtout lorsque cela concerne leur enfant. Il retient encore l’information, conscient que Rory pourrait vouloir avoir la surprise, pour des raisons qui lui seraient propres. “Ca sera sûrement notre bébé, Rory. Notre petit Craine.” Il le souligne une fois de plus, utilisant seulement des mots différents pour en venir à l’éternelle même conclusion: ils vont être parents, et cela les rend extatiques.

Au gré de la conversation, Swann en profite pourtant pour prononcer quelques excuses, certain d’avoir eu une attitude distante à son égard, et ce bien malgré lui. « Eh, Swann, je te le reproche pas. Pas un seul instant. » Et il en est rassuré, en réalité, parce qu’une toute petite part de lui craignait qu’il ait pu mal interpréter son silence, même s’il a pourtant une confiance aveugle envers Rory. Maintenant plus que jamais, il évolue avec le cœur léger, et surtout rempli d’amour. La pression redescend en même temps qu’il laisse à son tour l’émotion l’emporter brièvement, rendant visible ses yeux brillants de larmes qu’il refuse de laisser couler, à commencer parce qu’elles ne portent aucune sorte de tristesse. Ils sont heureux, comblés, amoureux et futurs parents. Rien ne pourrait venir entacher leur quotidien. « Ça n'aurait pas changé grand chose si je l'avais su il y a quatre jours, et je mentirais si je disais que ça rend pas ça encore un peu plus magique que tu aies attendu mon anniversaire pour me l'annoncer. » - “Si j’avais eu l’appel plus tôt, je te l’aurais dit directement.” Cela lui semble évident, mais il veut quand même le spécifier à son compagnon. Il a profité du timing pour attendre son anniversaire et rendre ce jour d’autant plus spécial, mais jamais il n’aurait su ni voulu garder le secret plus longtemps, pas alors qu’il sait à quel point Rory rêve autant que lui de ce moment où leur vie comptera officiellement un enfant. “Mais je sais que c’est aussi important pour toi que pour moi, et je voulais rendre ce jour spécial… quitte à te l’annoncer à minuit, oui, d’accord.” Il avoue dans un maigre rire, se sentant toujours un peu coupable d’avoir mis à mal sa nuit de sommeil. Au moins, c’est pour la bonne cause, pour une très bonne et merveilleuse cause. « Je lui montrerai cette montre, un jour, et je lui expliquerai comment j'ai su qu'il ou elle allait entrer dans notre vie. Et que j'ai jamais été plus heureux de prendre un an que ce jour-là. » Le sourire du Buchanan est immense, il imagine déjà son fiancé raconter cette histoire à une petite tête blonde qui les prendra très certainement pour des ringards, le moment venu. “J’ai hâte de t’entendre lui raconter des histoires de toutes sortes.” Des histoires à leur sujet, des histoires inventées au moment de le mettre au lit. Il trouvera toujours de quoi discuter avec leur enfant, et sans doute qu’il trouvera le temps de lui partager sa passion pour le cinéma ou l’occasion par la même occasion. Swann partage de nouveau un baiser avec l’homme qu’il aime, avec qui il a la sensation de pouvoir profiter de la vie plus que jamais auparavant. « Mais entre ça et la demande en mariage, je vais finir par croire que tu deviens un peu trop doué pour garder des secrets. Heureusement que c'est toujours pour la bonne cause et que tu t'y prends chaque fois de la plus adorable des façons pour lever le mystère. » N’ayant pas réellement pris de distance avec ses lèvres, c’est encore tout près de ces dernières que Swann éclate de rire, son regard incapable de quitter le sien. “J’ai épuisé mon stock de secrets, c’est promis.” Il lui raconte même sans mal chacune de ses séances chez le psychologue, c’est pour dire à quel point il ne ressent pas le besoin de garder certaines choses pour lui. Pas lorsque la seule personne face à lui est aussi l’homme qu’il aime du plus profond de son cœur. « On a plus à être aussi superstitieux maintenant, pas vrai ? Je veux dire, si on veut préparer sa chambre, ou réfléchir officiellement à un prénom... » Leurs yeux brillent sans la moindre retenue. “On peut. On peut aussi en parler autour de nous, tu sais.” Beaucoup de leurs proches sont aussi dans l’attente des nouvelles de leur dossier, et ils seraient heureux d’avoir des nouvelles, parce qu’il est évident que si Swann a tenu le secret face à Rory, il l’a aussi tenu face à leur entourage.

L’anglais baisse les yeux un instant, un sourire définitivement imprimé sur ses lèvres. Ses mains se reposent contre les cuisses de son fiancé, qu’il caresse sans même s’en rendre compte, pensif. “J’arrive pas à me rendre compte, je crois.” Il parle tout bas, ses mots parvenant pourtant aux oreilles de Rory. “On se marie dans trois mois à peine, et on sera parents d’ici là. On a notre maison, on cache plus aucun secret…” Leur vie a changé du tout au tout ces dernières années, uniquement pour le meilleur. Ils ont franchi beaucoup d’étapes, ils se sont fait confiance et ils se sont soutenus dans des moments difficiles, uniquement pour en ressortir plus forts encore. “Tu es l’amour de ma vie, Rory. Je pensais pas qu’on pouvait aimer quelqu’un à ce point avant de te connaître.” Sa gorge se noue au fur et à mesure que ses yeux se gorgent de larmes. Il se pince les lèvres un instant et relève finalement les yeux dans ceux du brun. “Je suis tellement reconnaissant.” Envers Rory, envers la vie de façon générale. L’anglais laisse finalement retomber sa tête contre le cou de son fiancé, son front se posant contre sa clavicule. Les mots suivants sont murmurés contre sa peau. “J’ai dit à l’agence de t’appeler pour la suite. Tu n’as plus de déplacements prévus, et je me suis dit que ça te ferait plaisir.” Ils sont autant impliqués l’un que l’autre dans cette adoption, et à ce titre Rory mérite lui aussi d’être tenu informé en priorité. Quoiqu’il en soit, il ne doute pas un seul instant que le téléphone sera mis en haut parleur s’ils sont ensemble au moment T, ou qu’il lui fera un parfait résumé de l’appel si jamais ils ne se retrouvent qu’ensuite.

(c) harley & thetracker

here's to my beautiful life.

@SWANN BUCHANAN & RORY

Il n'existait pas de mot pour décrire le bonheur immense qui l'avait envahi au moment où ses yeux avaient déchiffré l'inscription au dos de cette montre et que Rory avait compris que leur plus grand souhait était sur le point de se réaliser. Que ce jour n'était pas seulement celui où il prenait un an – un détail pour le moins accessoire maintenant que l'émotion le submergeait de toute part – mais aussi celui où il apprenait que son fiancé et lui fonderaient d'ici peu la famille qu'ils désiraient plus que tout. “Tu vas être un papa merveilleux.” Ses yeux embués de larmes distinguaient presque difficilement le visage de Swann dans la pénombre de la pièce, mais ça n'avait aucune importance tant qu'il pouvait le toucher, le sentir, partager avec lui l'euphorie de cet instant. « On va être des papas merveilleux. » Et ils souriaient sans doute tels deux idiots, incapables de refréner la joie irrépressible que suscitait chez eux cette simple idée, alors qu'ils s'étaient tant battus pour réaliser ce rêve et pour prétendre aux mêmes droits que n'importe quel autre couple. Parce qu'ils avaient tout autant d'amour à donner, parce qu'ils étaient plus que capables d'élever un enfant et d'être présents pour lui. Tout ça, ils s'étaient employés à le prouver de différentes manières au fil des mois, sans jamais avoir la moindre garantie que ça finirait par payer. Jusqu'à aujourd'hui. « Toutes ces fois où on s'est entraînés avec Chloe, avec Gabriel, avec Maia... Tout ça va enfin nous servir. » Et il en était tellement heureux, Rory, après avoir si souvent imaginé ce que serait leur vie s'ils avaient leur propre enfant et n'étaient plus seulement des baby-sitters dévoués et toujours particulièrement enthousiastes à l'idée de pouvoir rendre service. Parce qu'à chaque fois, c'était aussi l'occasion de veiller sur des bouts de choux qu'à force ils aimaient presque comme s'ils étaient les leurs, à ceci près que bientôt, ils deviendraient enfin parents pour de vrai. “Mon cœur bat tellement fort.” Son corps blotti entre les bras de Swann, Rory sentit ses lèvres s'étirer d'un coin à l'autre de son visage.  « Je le sens. Je crois que le mien va bientôt exploser. » Ils avaient tant attendu ce moment, tant espéré que cette nouvelle année serait porteuse de bonnes nouvelles – ce qui était déjà le cas avec l'imminence de leur mariage mais prenait une tournure un peu plus magique encore maintenant que quelques semaines les séparaient du plus beau rôle de leur vie : celui de pères, bien sûr. Finalement, la seule chose dont Rory avait besoin de s'assurer, c'est que tout le reste était bel et bien derrière eux. La paperasse, l'attente, l'incertitude. “Non, plus de papiers, plus de tout ça. Elle m’a dit qu’ils allaient repasser pour vérifier que la maison est aux normes, mais on a pas eu de souci la première fois.” Et c'était déjà un immense poids en moins sur les épaules, quand bien même la partie n'était pas encore gagnée et eux pas encore tout à fait certains que cette visite se passerait bien. Rory voulait pourtant y croire, plus que tout. « On a fait attention à ce que tout soit conforme et le plus sûr possible, je suis certain qu'ils trouveront rien à redire cette fois non plus. » Ils avaient veillé à chaque détail, depuis le premier jour. « On a choisi la maison parfaite pour élever une famille, et je suis tellement heureux qu'on ait suivi notre coup de cœur et qu'on soit sur le point d'en faire notre foyer. » Parce qu'elle était parfaite pour la vie qu'ils voulaient y construire, il en était plus que jamais certain.

“Ils ont un bébé qui est né en février. Il est en famille d’accueil pour le moment, elle m’a pas précisé les raisons mais simplement qu’ils ont besoin de quelques semaines pour s’assurer de sa santé et s’occuper des papiers.” Son cœur se mit à battre un peu plus fort, ses yeux s'illuminèrent encore un peu plus, et le sourire sur ses lèvres redoubla lui aussi d'intensité. Si apprendre qu'ils touchaient leur rêve du doigt l'avait envahi d'une joie indescriptible, c'était ce moment-là qui resterait peut être bien gravé dans sa mémoire : celui où Swann avait mentionné pour la première fois ce bébé qui deviendrait peut être le leur, cet enfant qui viendrait peut être agrandir leur famille et combler leur vie à tous les niveaux. Ses yeux plongés dans ceux de son fiancé, Rory ne pouvait s'empêcher d'imaginer ce petit être, ses mains minuscules et ses petits doigts qui bientôt viendraient peut être serrer les leurs. Il l'imaginait gazouiller, rire aux éclats, s'émerveille d'un rien. C'était déjà comme s'il était avec eux, alors que rien ne leur garantissait pourtant que ce bébé leur serait bel et bien confié. C'était plus fort que lui, il ne savait déjà plus faire autrement que d'y penser. « Ça lui fait... un peu moins de deux mois. » Il s'attendrit, l'émotion brillant au fond de ses yeux. « Ça veut dire qu'il serait encore minuscule au moment où on nous le confierait, et je sais que tu tiens autant que moi à ce qu'on puisse vivre avec lui chaque étape de son développement. » Parce qu'ils tenaient à assurer leur rôle au maximum et dès les premières étapes de sa vie. Adopter un bambin déjà très éveillé ou un enfant leur procurerait bien évidemment la même joie, mais ils avaient toujours espéré pouvoir être auprès de lui dès ses premiers instants, le plus tôt possible. « Ce serait parfait, Swann. Ce serait tellement parfait. » Son sourire ne quittait plus ses lèvres et ses mains ne cessaient d’apposer des caresses à même la peau de Swann, immensément heureux de voir se dessiner le futur dont ils avaient si longtemps rêvé ensemble. “Tu veux… Tu veux savoir si c’est un garçon ou une fille ?” Son regard raccrocha le sien un instant, non pas parce qu'il hésitait mais parce qu'il ne s'attendait sans doute pas à ce que Swann détienne cette réponse. C'était une bonne surprise, ça aussi, une susceptible de faire son bonheur quels que soit les mots qui franchiraient bientôt les lèvres de son fiancé. « Oui... Oui j'ai envie de savoir. Et je te promets que je serai le plus heureux dans les deux cas. » Fille ou garçon, il se réjouirait de la même manière et serait un futur père comblé quoi qu'il en soit. Ça n'avait jamais été un détail d'importance à leurs yeux, en partie parce qu'ils avaient toujours été conscients qu'une fois pères, il leur serait extrêmement difficile de ne pas vouloir à nouveau agrandir leur famille par la suite. “Ça sera sûrement notre bébé, Rory. Notre petit Craine.” Il en prenait finalement peu à peu conscience, lui aussi, l'euphorie le gagnant de plus en plus. « On est si proches du but. Si proches de tenir notre enfant dans nos bras. » Si proches d'être une famille à part entière, une famille comme toutes les autres.

Swann éprouvait le besoin de s'excuser, pourtant aucune part de Rory n'éprouvait la plus petite rancœur à l'idée qu'il ait attendu quelques jours pour lui apprendre la bonne nouvelle. Justement parce que ça n'était que quelques jours, mais surtout parce que ça avait tout d'une jolie surprise et d'une merveilleuse attention. “Si j’avais eu l’appel plus tôt, je te l’aurais dit directement.” - « Je sais, Swann. » Tout comme il savait que ça avait du être difficile pour lui de garder l'information pour lui quand tout ce qu'il devait vouloir était qu'ils s'en réjouissent ensemble. “Mais je sais que c’est aussi important pour toi que pour moi, et je voulais rendre ce jour spécial… quitte à te l’annoncer à minuit, oui, d’accord.” Son rire se fit l'écho du sien et c'est doucement qu'il frotta le bout de son nez à celui de Swann, à qui il n'avait pas l'intention de laisser penser qu'il avait pu mal agir, quand c'était tout sauf le cas. « J'aurais pas voulu que t'attendes une seconde de plus pour me le dire. Et c'est de très loin la meilleure raison pour laquelle on m'ait jamais tiré du lit. » Il va sans dire qu'il avait abandonné depuis de longues minutes l'idée de retrouver les bras de Morphée quand ceux de l'homme qu'il aimait lui convenaient bien mieux. Cette nuit blanche n'était peut être pas au programme il y a encore quelques heures, mais à présent l'idée de veiller à ses cotés et de s'enthousiasmer de l'arrivée prochaine de leur enfant le rendait plus heureux que n'importe quoi d'autre. Et que toutes les nuits réparatrices au monde, sans l'ombre d'un doute. “J’ai hâte de t’entendre lui raconter des histoires de toutes sortes.” Son propre cœur s'emballait à l'idée que ce serait bientôt leur quotidien, leur réalité, et plus simplement un rêve et un espoir à caresser. « Et j'ai hâte que tu lui expliques chaque épisode de Doctor Who et que vous vous moquiez de moi parce que j'en ai toujours compris que la moitié. » Il eut un rire doux, Rory, à cette idée. “J’ai épuisé mon stock de secrets, c’est promis.” Il le savait, Rory, et son sourire ne ferait que lui assurer qu'il n'en doutait pas même un seul instant. On peut. On peut aussi en parler autour de nous, tu sais.” Et à présent si son regard brillait d'impatience, c'est parce qu'il avait évidemment hâte de mettre leurs proches dans la confidence, eux qui avaient suivi leurs démarches et nourri des espoirs aussi grands que les leurs, parfois. « Ma famille risque de sauter de joie, et je sais même pas si ce sera parce qu'ils seront heureux pour nous ou soulagés que je leur rabatte plus les oreilles constamment avec cette adoption. » Bien sûr qu'il plaisantait et qu'il savait combien ses sœurs, son frère et même ses parents seraient heureux pour eux. Si ces derniers avaient parfois pu montrer certaines réserves ou douter de ses choix, la seule perspective d'être à nouveau grands-parents suffirait assurément à leur bonheur. Et depuis que leur père les avait aidé dans leurs démarches, l'acteur aimait aussi penser qu'ils se réjouiraient sincèrement pour leur couple et pour leur petite famille, laissant pour une fois leurs éternels jugements et commentaires de coté. « J'ai hâte de l'annoncer. » Il souffla, tout sourire contre les lèvres de Swann, incapable de réprimer son impatience. « Tu dois être impatient de l'annoncer à ta mère. Je me dis qu'elle a sûrement eu le temps de se faire à l'idée, depuis la dernière fois. » Elle n'était pas totalement hermétique à leur décision, après tout, et il avait décelé chez elle l'envie de devenir elle aussi grand-mère. Ils n'étaient pas obligés d'en parler si Swann n'en avait pas envie, mais Rory aimait penser qu'elle aussi attendait depuis des mois qu'ils lui communiquent une bonne nouvelle.

Son regard contemplatif se reposa longuement sur le visage de son fiancé, dont ses yeux détaillèrent les traits avec tendresse alors qu'un nouveau sourire germait sur ses lèvres au contact des mains de l'anglais contre sa peau. “J’arrive pas à me rendre compte, je crois. On se marie dans trois mois à peine, et on sera parents d’ici là. On a notre maison, on cache plus aucun secret…” Rory non plus ne réalisait pas tout à fait que leur mariage lui aussi approchait à grands pas et qu'ils avaient à présent toutes les raisons de penser qu'ils seraient devenus pères d'ici à ce que ce grand jour arrive, rendant le tout encore un peu plus précieux. Ils rayonneraient d'autant plus sous le regard de leurs proches, ça ne faisait pas le moindre doute et le cœur de Rory s'affolait déjà à cette seule pensée. « Si on m'avait dit y'a encore quelques mois que notre enfant serait à nos cotés le jour de notre mariage, je crois que j'aurais été incapable d'y croire même si je l'aurais souhaité de tout mon cœur. » Parce que ça semblait simplement trop beau pour être seulement vrai, à l'époque où ils se lançaient tout juste dans cette procédure d'adoption et n'avaient presque aucun recul ni aucune visibilité sur ce à quoi les prochains mois pourraient bien ressembler. S'ils savaient bien évidemment qu'ils les consacreraient aux préparatifs de leur mariage et ce pour leur plus grand bonheur, ils étaient encore si loin d'imaginer que leur plus grand rêve pourrait être plus proche de se réaliser qu'ils ne l'imaginaient à ce moment-là. L'atmosphère s'adoucit encore davantage et c'est avec tout son cœur que Swann sembla finalement se confier à lui, suscitant une émotion incomparable dans le regard du brun. “Tu es l’amour de ma vie, Rory. Je pensais pas qu’on pouvait aimer quelqu’un à ce point avant de te connaître.” Doucement, ce sont ses doigts qui retrouvèrent leur chemin jusqu'à l'arrière de son crâne, s'emmêlant aux boucles de son fiancé dans de longues caresses. « Oh, Swann. » Son sourire, qui n'avait cessé de grandir au fil des minutes, se fit infiniment plus doux et plus ému tant les mots de son fiancé le bouleversaient. Au point où ses yeux scintillaient maintenant comme deux joyaux dans la nuit, son cœur tambourinant dans sa poitrine tel l'homme amoureux et comblé qu'il n'avait jamais été davantage qu'à cet instant. « Tu es la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. Parce qu'en entrant dans ma vie, tu l'as changé pour le meilleur et que je songe tous les jours à combien le Rory d'il y a dix ans aurait été heureux de savoir que quelqu'un le ferait un jour se sentir aussi aimé. » Peut être bien que ça aurait tout changé au mal-être qu'il avait longtemps éprouvé, à l'impression qu'il avait longtemps nourri d'être trop sensible et facile à blesser pour ne pas perpétuellement mettre son cœur entre les mauvaises mains. Peut être bien que ça ne l'aurait rendu qu'un peu plus idéaliste, au fond, mais c'est bien parce qu'il l'avait toujours été qu'il avait ouvert son cœur à Swann au bon moment et rencontré l'amour de sa vie, l'être qui faisait aujourd'hui de lui l'homme le plus heureux et le plus chanceux qui soit. « C'est toi, depuis le premier jour. C'est toi et je le savais bien avant de devenir ton fiancé et d'adopter un enfant avec toi. » Ses yeux plongés dans les siens se voulaient à présent la meilleure preuve de l'amour inconditionnel qu'il éprouvait pour lui. Un amour contre lequel le temps n'avait eu aucun effet, et bien au contraire : près de sept ans après leur rencontre, il se voulait au contraire plus fort et plus véritable que jamais. “Je suis tellement reconnaissant.” - « Je le suis aussi. Tout n'a pas toujours été facile, surtout au début, mais ce qu'on a enduré nous permet aussi de savourer deux fois plus ces bonheurs-là aujourd'hui. » Et à présent que repenser à tout ça n'avait plus rien de douloureux, il osait même croire qu'il leur fallait peut être en passer par là pour vivre pleinement heureux et libres, aujourd'hui. Ainsi il ne réécrirait pas une ligne de cette histoire qu'ils écrivaient ensemble depuis des années et dont le ton n'avait jamais paru plus doux et optimiste que ce soir. “J’ai dit à l’agence de t’appeler pour la suite. Tu n’as plus de déplacements prévus, et je me suis dit que ça te ferait plaisir.” Ses bras enserrant tendrement son fiancé, c'est presque contre la peau de Swann qu'il étira un nouveau sourire et ses yeux que Rory ferma un instant, non pas de fatigue mais avec l'envie de savourer l'instant. « On sera ensemble, la prochaine fois qu'ils appelleront. Et même si c'est pas le cas c'est plus qu'une question de temps avant qu'ils nous proposent de rencontrer notre bébé, et ce jour-là je sais qu'on sera tous les deux et c'est tout ce qui compte. » Il n'imaginait rien qui puisse les rendre plus heureux, Rory, alors d'ici là ils feraient simplement de leur mieux pour être prêts chaque fois que l'agence aurait besoin de les joindre, et parce que chaque coup de téléphone les rapprocherait de la réalisation de leur plus grand rêve. « J'imagine déjà l'enthousiasme de Brownie lorsqu'on fera les présentations. A voir comme il est heureux en présence d'enfants, je sais déjà qu'il attendait cette nouvelle autant que nous. » Le tableau pourrait difficilement être plus attendrissant, lorsqu'il y réfléchissait, et c'était comme s'il réalisait véritablement que Swann et lui avaient peu à peu bâti la vie dont ils rêvaient, étape après étape. Un chien d'abord, une maison, des fiançailles pour rajouter à leur bonheur et, bien sûr, cette future famille pour parfaire le tout. Certains parleraient de clichés ambulants, et ça lui convenait à vrai dire très bien : il avait toujours eu des rêves très traditionnels, Rory. « Et je sais que rien ne nous force à avoir cette discussion maintenant, mais le fait que tu porteras bientôt le nom Craine ne veut pas dire que notre enfant ne pourra pas porter nos deux noms, si on en a envie. » Rory en serait évidemment heureux, pour sa part, mais il laissait à Swann le soin d'en décider, souhaitant simplement lui assurer qu'il aurait tout son appui quoi qu'il préfère.

Les pièces du puzzle s’ajoutent peu à peu et ils semblent enfin remplir toutes les conditions nécessaires à l’adoption d’un enfant, non seulement en tant que personnes et couple, mais aussi au sujet de leur maison et un bon millier d’autres paramètres pris en compte. Une partie de Swann est soulagée de savoir que les autorités prennent autant de précautions avant de donner un enfant à sa nouvelle famille, mais bon sang qu’il n’aurait jamais pu imaginer le processus autant stressant. Ils ont été prévenus et conseillés par de nombreuses personnes, mais ils n’auraient jamais pu se douter de la réalité des choses avant de la vivre à leur tour, véritable tunnel dont ils semblent enfin voir le bout. Ils ont choisi leur maison dans l’objectif d’y élever leur famille, et d’ici peur leur rêve sera enfin réalité, tout comme Swann pourra enfin appeler Rory son mari. Les événements majeurs de leur vie vont arriver les uns à la suite des autres, après des années d’attente dont ils semblent sortir plus heureux que jamais, comme en témoignent leurs yeux brillants et leurs sourires interminables. « Ça lui fait... un peu moins de deux mois. » Comblé, l’anglais hoche la tête, déjà certain de savoir où il veut en venir avec un tel calcul. « Ça veut dire qu'il serait encore minuscule au moment où on nous le confierait, et je sais que tu tiens autant que moi à ce qu'on puisse vivre avec lui chaque étape de son développement. » Le regard toujours un peu plus brillant, il hoche la tête. Ils vont adopter un bambin de quelques mois à peine et ils lui feront découvrir le monde, c’est tout ce dont ils rêvaient. “Evidemment, oui. Et il grandira tellement vite.” En un claquement de doigt, il parlera, et l’instant d’après il négociera une heure de couvre-feu plus tardive. En attendant, leur maison accueillera un tout jeune bambin dont ils prendront soin telle la prunelle de leurs yeux, ce dernier ayant plus que jamais besoin d’eux pour se développer correctement. « Ce serait parfait, Swann. Ce serait tellement parfait. » Ils auraient accepté une adoption de tout âge, ils en ont déjà parlé et ils ne voudraient jamais refuser l’entrée de leur maison à un enfant qui en aurait besoin, mais leur rêve restait effectivement d’adopter un bambin, sans doute pour se rapprocher autant que possible des familles normales et de leurs enfants qu’elles voient même naître. Finalement, ils n’en sont pas si loin, et même si on a demandé à Swann de ne pas avoir trop d’espoirs au bout du fil, il ne sait faire autrement. Ils vont être des pères merveilleux, et tout sera parfait. Voir Rory aussi heureux est déjà parfait, mais il aspire à encore plus de bonheur pour ce soir alors qu’il propose à son fiancé de lui révéler le sexe du bébé. « Oui... Oui j'ai envie de savoir. Et je te promets que je serai le plus heureux dans les deux cas. » - “Je sais mon amour.” Il souffle d’abord doucement, bien conscient que Rory sera tout aussi heureux d’élever une petite fille qu’un garçon, l’envie d’adopter l’un ou l’autre n’ayant jamais été un débat entre eux. Après une seule seconde de silence, et justement parce qu’il ne veut pas lui en imposer davantage, il glisse ses lèvres contre l’oreille de son fiancé, comme pour lui faire part d’un secret. “C’est une petite fille.” Et il sourit, encore et encore, parce qu’au fond de lui il sait que Rory espérait peut-être un peu plus une fille qu’un garçon, pour des raisons qui lui sont propres et une histoire qui est la sienne. “On va avoir une petite fille.” Il répète un peu plus fort cette fois, comme s’il le réalisait enfin lui-même. Maintenant qu’il en parle enfin à son fiancé, tout semble bel et bien réel, et il prend le temps d’apprécier l’instant alors qu’il pose son front contre le sien un instant. « On est si proches du but. Si proches de tenir notre enfant dans nos bras. » Si proches de voir tous leurs rêves se réaliser, sans la moindre exception, raison pour laquelle Swann souffle quelques mots de plus, à peine conscient. “Notre famille.” Ils vont enfin l’avoir, leur vie de famille parfaitement normale et sans doute un peu même clichée alors qu’ils seront très bientôt, mariés et parents, en plus de déjà être parfaitement heureux.

L’instant est doux et les minutes s’égrainent sans qu’aucun ne s’en rende compte, bien trop occupés à apprécier l’instant et à oublier pour de bon l’idée d’arriver à retrouver le sommeil ensuite. « J'aurais pas voulu que t'attendes une seconde de plus pour me le dire. Et c'est de très loin la meilleure raison pour laquelle on m'ait jamais tiré du lit. » Il voudrait en rire et lui dire qu’il aurait pu trouver une autre raison particulière pour le tirer du lit, mais ses pensées sont ailleurs en cet instant et il est très loin d’imaginer une idée plus charnelle de l’instant. “On fêtera ton anniversaire comme il se doit demain.” Les vingt quatre prochaines heures seront celles de Rory, et ce n’est même pas une idée sur laquelle l’anglais souhaite revenir, pas alors qu’il a prévu de lui rappeler toutes les heures qu’il fête son anniversaire et qu’ils ont une table de réservée pour la soirée - avant que, peut-être, effectivement, un schéma plus charnel ne se dessine ensuite. Mais pour l’heure, ils se réjouissent de l’arrivée prochaine de leur fille et ne savent faire autrement que déjà l’imaginer à leurs côtés, sa présence ne pouvant chambouler leur quotidien de la plus belle des façons. « Et j'ai hâte que tu lui expliques chaque épisode de Doctor Who et que vous vous moquiez de moi parce que j'en ai toujours compris que la moitié. » Le rire de Rory est doux, sans doute parce qu’il a depuis le temps accepté l’idée que la série puisse être parfaitement incompréhensible, même avec toute la patience et le temps qu’il y a dévoué. Ce n’est pas comme si Swann lui en voulait le moins du monde non plus, bien au fait du cauchemar que les quelques milliers d'épisodes et soixante ans d’existence peuvent représenter pour quiconque n’étant pas anglais. “Tu devrais surtout t’inquiéter de toutes les spécialités anglaises qu’elle va devoir goûter et qui vont être imposées dans cette famille.” Il s’en amuse, encore et toujours, son attachement à ses racines prenant fin à la seconde où Rory pense différemment des goûts culinaires ou même médiatiques. Il présentera sa culture à leur fille, baignée au cœur de l’Australie, mais jamais il ne l’imposera - et c’est une discussion qu’ils n’ont même jamais eue en profondeur tant cela lui semble évident.

« Ma famille risque de sauter de joie, et je sais même pas si ce sera parce qu'ils seront heureux pour nous ou soulagés que je leur rabatte plus les oreilles constamment avec cette adoption. » A son tour, c’est Swann qui en rigole franchement. Entre eux, ils n’ont jamais eu de cesse de parler de leur adoption à venir, de chaque détails et du moindre de leurs espoirs, mais il est tout aussi vrai que leurs proches n’en ont que peu été épargnés, à commencer parce qu’il a toujours été évident pour quiconque les connaît un minimum qu’ils ont toujours eu à coeur de fonder une famille. Ils le rêvaient déjà avant de se connaître, et cela n’en a été que plus évident ensuite, quoique bien loin d’être plus simple. “Ils commenceront par être très heureux pour toi.” Il prend néanmoins le temps de le lui assurer, conscient que les rapports entre Rory et le reste de sa fratrie n’ont pas toujours été au beau fixe, surtout au cours de l’année écoulée. Il a besoin de l’entendre de la bouche de quelqu’un, au moins: son bonheur sera partagé par son frère et ses sœurs, à n’en pas douter. Ils l’exprimeront chacun à leur façon, mais leurs sentiments n’en seront pas moindres pour autant. “Et peut-être qu’ils seront un peu soulagés de pouvoir à nouveau parler football australien aux repas de famille, aussi.” C’est un rapide mais doux baiser contre ses lèvres qui lui assure qu’entre eux, ils pourront toujours parler adoption pendant des heures entières, et ce même s’ils s’apprêtent enfin à accueillir leur fille. « J'ai hâte de l'annoncer. » Il souffle contre ses lèvres, mots que Swann ne peut que comprendre et souligner à son tour. “J’en ai tellement hâte, moi aussi.” Il aurait adoré en faire l’annonce à Matt, imaginant déjà qu’ils n’auraient fait que pleurer dans les bras l’un de l’autre, mais à défaut de toujours avoir son frère à ses côtés, il sait avoir beaucoup d’amis sur lesquels compter. Ils attendent à leur tour des nouvelles de l’adoption, et Swann pourra enfin leur en donner des bonnes. Des merveilleuses, même. « Tu dois être impatient de l'annoncer à ta mère. Je me dis qu'elle a sûrement eu le temps de se faire à l'idée, depuis la dernière fois. » Sa mère avait accueilli l’annonce de leur adoption en demi-teinte, mais Swann pense qu’elle a su faire sa part des choses depuis le temps, pour aujourd’hui se concentrer sur l’aspect positif: elle va devenir grand-mère. Elle n’aura pas le même sang que leur fille, mais elle accepte petit à petit l’idée qu’il puisse fonder une famille différemment qu’elle-même, en son temps. L’espoir qu’il nourrit ne l’empêche pas de serrer un instant la mâchoire, puisqu’il subsiste encore quelques craintes dans son esprit. “Je crois qu’elle acceptera une bonne fois pour toutes l’idée quand elle verra sa petite-fille.” C’est ce qu’il espère, du moins, parce qu’il ne veut pas avoir à se battre une fois de plus contre elle, surtout pour un tel sujet. “Mais peu importe ce qu’elle en pense, ça n’enlève rien à mon bonheur, d’accord ?” Il tient à le lui assurer une bonne fois pour toutes, ses yeux plongés dans les siens avec un sérieux nouveau, que leur discussion n’avait jusqu’alors pas connue. Il s’apprête à fonder sa propre famille, il n’est plus dépendant de l’avis de sa mère.

Et si Swann pose doucement ses mains contre les joues de l’homme qu’il aime, ce n’est finalement que pour souligner ce fait une fois de plus, avec ses propres mots et la délicatesse qui lui est propre, elle aussi. « Si on m'avait dit y'a encore quelques mois que notre enfant serait à nos cotés le jour de notre mariage, je crois que j'aurais été incapable d'y croire même si je l'aurais souhaité de tout mon cœur. » Il sourit bien malgré lui, ne pouvant que comprendre ce qu’il lui explique. Préparer leur mariage leur a déjà demandé tout leur temps, et il en a été de même avec les papiers d’adoption, mais jamais ils n’auraient osé espérer que les deux se mêlent avec une telle perfection. “Je suis tellement heureux de savoir qu’elle sera sur les photos.” Ils en garderont non seulement le souvenir toute leur vie, mais aussi la trace de sa présence. Jamais leur enfant ne s’en souviendra, pas du haut de ses quelques mois, mais ils lui raconteront cette journée encore et encore, sûrement bien incapables de se lasser de ce souvenir symbolique. Rory fait glisser ses doigts jusqu’à l’arrière du crâne de son fiancé, laissant ce dernier naturellement poser sa tête en avant, son front retrouvant la clavicule du brun. Son cœur bat encore la chamade, se rendant difficilement compte de la perfection de l’instant. « Tu es la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. Parce qu'en entrant dans ma vie, tu l'as changé pour le meilleur et que je songe tous les jours à combien le Rory d'il y a dix ans aurait été heureux de savoir que quelqu'un le ferait un jour se sentir aussi aimé. » L’émotion le gagne à nouveau de la plus belle des façons, à commencer parce qu’il ne s’attendait pas en retour à recevoir des tels mots de Rory. S’il lui a parlé à cœur ouvert, c’est parce qu’il a depuis le premier jour pris l’habitude de ne jamais rien lui cacher, et surtout pas la puissance ou la nature de ses sentiments à son égard. “Mon amour.” Il n’a pas connu le Rory d’il y a dix ans, à quelques années près, mais il sait qu’il connaîtra encore Rory dans une décennie de plus et qu’il l’aimera avec la même intensité, incapable d’imaginer un univers dans lequel ses sentiments à son égard auraient pu changer. Rory est celui qui s’est battu pour eux depuis le premier jour, et c’était la meilleure décision qui puisse exister en ce monde. « C'est toi, depuis le premier jour. C'est toi et je le savais bien avant de devenir ton fiancé et d'adopter un enfant avec toi. » Si Swann se pince les lèvres, ce n’est plus que par pure émotivité. Ils se sont répétés leur amour des dizaines de fois, encore et encore, mais cet instant est particulier et il rend la moindre de leurs paroles bien plus puissante encore. “Tu es mon premier amour, et le seul.” Il sait que Rory a aimé avant lui, et ce n’est en rien un problème, bien au contraire. Il est heureux qu’il ait su trouver le bonheur auprès d’autres et qu’il n’ait pas attendu qu’ils se rencontrent pour être heureux ; simplement, il accepte aisément l’idée parce qu’il sait aussi et surtout qu’ils n’aimeront personne d’autre ensuite. Il était son grand amour même alors que tout dans leur quotidien était difficile, dans un temps où se marier n’était même pas envisageable, et encore moins le simple fait d’adopter.

L’anglais retrouve finalement le cours de la conversation lorsqu’il se rend compte qu’il a encore besoin de partager certains détails avec son fiancé, à commencer par ce qui les attend pour les semaines à venir. Il y aura d’autres appels. « On sera ensemble, la prochaine fois qu'ils appelleront. Et même si c'est pas le cas c'est plus qu'une question de temps avant qu'ils nous proposent de rencontrer notre bébé, et ce jour-là je sais qu'on sera tous les deux et c'est tout ce qui compte. » Leurs bras à nouveau enserrés autour de l’un l’autre, c’est contre sa peau que Swann sourit, toujours aussi ému par la bienveillance qui est celle de son fiancé. “J’en doutais pas un seul instant.” Il lui fait confiance pour chaque aspect du quotidien, et le suivi de l’adoption n’est qu’un exemple de plus. Il a demandé à ce que Rory soit le prochain à être appelé parce qu’il ne voulait pas le faire se sentir en marge, et il a demandé cela aussi parce qu’il a parfaitement confiance en lui: il ne reviendra pas sur leur décision en tant que couple, et il tiendra à son tour Swann informé de la moindre avancée, si jamais ils ne sont pas ensemble au moment de l’appel. « J'imagine déjà l'enthousiasme de Brownie lorsqu'on fera les présentations. A voir comme il est heureux en présence d'enfants, je sais déjà qu'il attendait cette nouvelle autant que nous. » - “Il va garder le berceau mieux encore que son bâton préféré du jour.” Swann en rigole à son tour, ayant hâte de présenter leur enfant à tous leurs proches autant qu’à leur chien, qui va lui aussi devoir vivre avec une personne de plus dans son quotidien. “Je suis heureux de savoir qu’elle grandira avec autant de cousins.” Parce que Rory a grandi dans une grande famille, parce que Swann en a brièvement connu une aussi ; et parce qu’ils ont tous les deux apprécié l’idée de grandir en se sachant entourés, aimés, écoutés, et ce pas seulement par des parents mais bien des semblables de leur âge, ou plus ou moins. Ils ne se sont jamais cachés l’envie d’avoir plusieurs enfants, mais cela reste une idée incertaine, surtout alors qu’ils ont eu besoin d’autant de temps pour adopter leur premier enfant: rien ne dit qu’on accédera à leur demande une seconde fois, et personne ne parle même du temps que cela prendra.

« Et je sais que rien ne nous force à avoir cette discussion maintenant, mais le fait que tu porteras bientôt le nom Craine ne veut pas dire que notre enfant ne pourra pas porter nos deux noms, si on en a envie. » Il ne s’attendait effectivement pas à aborder le sujet en cet instant, raison pour laquelle il plonge un regard curieux mais non moins doux dans celui de son petit-ami, et surtout du futur père de son enfant. “Les Craine sont ma famille, maintenant. Toi, notre fille.” Tous ses frères et sœurs, aussi, évidemment, mais Rory et leur enfant se démarquent du reste pour des raisons évidentes. Lui-même, très bientôt, portera le nom de Craine et tentera de s’en montrer digne, laissant derrière lui une bonne fois pour toutes son rapport difficile à la famille et à la figure paternelle. “Ça te semble important, nos deux noms ?” Il demande donc simplement, sans idée préconçue de son côté. Swann n’a pas peur de donner son avis lorsqu’il en a un tranché, mais en cet instant ce n’est pas le cas. Il n’a rien contre l’idée de donner leurs deux noms à leur enfant, tout comme il ne chercherait pas à l’imposer non plus. “C’est une partie de son histoire, aussi.” Il réfléchit donc, sa main glissant une dernière fois contre la joue de son fiancé avant qu’il ne se laisse retomber de son côté du lit, son regard pourtant toujours relevé dans le sien. “Mais peut-être que ça appartient au passé, justement.” Il a été un Buchanan toute sa vie, et cela n’a pas toujours été associé à son bonheur. Mais aujourd’hui, il sera un Craine pour toutes les décennies qu’il lui reste à vivre, et ce nom sera associé à son bonheur le plus pur. “Mais tu sais ce qui me rend déjà parfaitement heureux, là, maintenant ?” Parler de leur enfant contribue très largement à son bonheur, c’est un fait, mais s’il retrousse une fois de plus ses lèvres dans un immense sourire, ce n’est pas que pour ça. “Te voir sourire comme ça.” Rory a eu des hauts et des bas, ces dernières années, et tout est loin d’avoir été facile pour lui aussi. Il y a eu l’affaire Byers, il y a eu son accident en Nouvelle-Zélande, il y a eu la longue et difficile rémission ensuite ; le désastre du repas de famille, aussi, évidemment. Il a surmonté beaucoup d’épreuves, pas seulement pour eux en tant que couple mais aussi pour lui seul, en tant qu’individu, et cela ne rend Swann qu’infiniment plus fier de lui encore. “Je sais que peu importe ce qui peut se passer à l’avenir, tu seras incroyable.” Il est né pour être père.

(c) harley & thetracker

here's to my beautiful life.

@SWANN BUCHANAN & RORY

Plus les minutes s'écoulaient, plus le rêve prenait des allures de réalité. A présent conscient que quelques semaines seulement les séparaient d'une première rencontre avec leur enfant, Rory avait l'impression de ne plus toucher terre, comptant simplement sur les contacts physiques entre son fiancé et lui pour le raccrocher à la réalité. Ils seraient bientôt parents, ils auraient bientôt la famille dont ils avaient toujours rêvé, et tout ça alors qu'ils se diraient « oui » d'ici deux mois. Quelques minutes plus tôt, il aurait sans doute appréhendé de se réveiller pour s'apercevoir que tout était bien trop beau pour être vrai, mais il lui suffisait de respirer l'odeur de Swann et de sentir sa peau frissonner sous ses caresses pour savoir que oui, tout était bien réel, tout était bien entrain de se passer. Et parce qu'il se languissait à présent de tenir leur enfant dans ses bras, chaque détail susceptible de les aider à se projeter plus encore dans le rôle qui les attendait était bon à prendre, quand bien même il n'était ici question que du sexe du bébé, un détail qui ne changerait de toute façon rien à leur bonheur et à leur impatience. “C’est une petite fille.” Le regard de Rory, pourtant, s'illumina comme jamais auparavant, la joie irrépressible qui y scintillait rendant compte d'à quel point cette nouvelle le rendait heureux. “On va avoir une petite fille.” Et parce que Swann le connaissait par cœur, il savait qu'une part de lui espérait peut être bien obtenir cette réponse. C'était simplement un souhait qu'il avait formulé des années en arrière, celui d'avoir un jour une fille pour partager avec elle tout ce qu'il avait pu partager avec ses trois sœurs, envers qui il avait toujours été particulièrement protecteur. « Swann... c'est merveilleux. » L'émotion voyait sa voix trembler et les larmes perler de plus belle aux coins de ses yeux. « J'ai tellement hâte de la voir, de la tenir dans mes bras. Je sais déjà qu'elle sera parfaite. » Et que peu importe la réalité des faits, il ne pourrait pas s'empêcher de lui trouver un air de famille avec Swann, avec Wendy, ou son père, ou chaque membre de cette famille à n'en pas douter. Parce que c'est ce qu'elle serait à ses yeux dès le premier instant : la chair de leur chair, quand bien même ce ne serait pas biologiquement exact. « Notre fille sera parfaite. Et elle recevra tellement, tellement d'amour. » De leur part mais aussi de celle de toutes les personnes qui les aimaient et qui les avaient soutenu durant cette longue procédure ponctuée d'incertitudes. Leurs proches avaient tant fait pour eux et il lui tardait de faire officiellement les présentations, quand bien même ils auraient envie de garder leur fille pour eux quelques temps, lorsqu'ils auraient la chance de l'accueillir sous leur toit. “Notre famille.” Son cœur se remplissait de fierté rien que d'y penser, alors qu'ils s'étaient tant battus pour pouvoir réaliser ce rêve de longue date et pour pouvoir fonder le foyer de leurs rêves. “On fêtera ton anniversaire comme il se doit demain.” - « Je t'interdis de penser que c'est pas déjà le plus bel anniversaire qui soit à mes yeux. Parce que c'est le cas. » Rory souffla dans un sourire teinté de malice, alors que cette nuit n'aurait définitivement pas pu être plus belle et son trente-deuxième anniversaire synonyme d'un plus grand bonheur. « Cela dit une journée en amoureux pourrait rendre le tout encore un peu plus parfait. » Une lueur plus malicieuse au fond du regard, il profita de leur proximité pour apposer ses lèvres sur les siennes le temps d'un baiser doux, qui sous-entendait combien il était impatient de profiter de lui et de ces moments à deux, aussi en partie parce qu'ils ne pourraient sans doute pas s'empêcher de se projeter dans leur future vie de famille. “Tu devrais surtout t’inquiéter de toutes les spécialités anglaises qu’elle va devoir goûter et qui vont être imposées dans cette famille.” Sans l'ombre d'un doute, Swann venait de mettre le doigt sur un sujet sensible et c'est une moue faussement outrée qu'afficha cette fois Rory, le regard toutefois bien trop rieur pour paraître crédible. « J'ai le droit d'imposer une limite ? Parce que tu sais que je t'aime, mais les fruits en gelée et les haricots à la tomate à tous les repas ce serait au-dessus de mes forces. » Il était conciliant, pourtant, mais le sujet était sacré.

“Ils commenceront par être très heureux pour toi. Et peut-être qu’ils seront un peu soulagés de pouvoir à nouveau parler football australien aux repas de famille, aussi.” Une part de Rory serait bien incapable d'en douter, bien sûr, mais une autre se trouvait malgré tout soulagée d'entendre de telles paroles de la bouche de Swann. Parce qu'aussi vrai qu'il aimait profondément sa famille et se sentirait bien incapable de leur tourner le dos quoi qu'il puisse se passer, tout n'avait pas toujours été simple et les secrets tout autant que les vieilles rancœurs avaient causé beaucoup de tort aux Craine. Les choses tendaient à s'arranger, tout doucement, mais les mots rassurants de son fiancé ne lui faisaient pas moins du bien, au contraire. « Jusqu'au jour où notre fille s'invitera officiellement à un dîner de famille et où ils n'auront tous d'yeux que pour elle. A ce moment-là ce sera comme si j'existais plus, surtout pour ma mère, mais j'aurai jamais été plus heureux de partager l'attention de mes parents. » Il s'en amusait et s'en attendrissait d'avance, Rory, à l'idée que leur fille ferait assurément fondre le cœur de tous les membres de la famille dès l'instant où ils la rencontreraient tous. Parce que personne n'était plus immunisé qu'eux face au visage potelé et aux gazouillements d'un bébé. Et Rory le savait, une part de ses parents avaient sans doute douté de le voir devenir père un jour, dès l'instant où il leur avait annoncé être amoureux d'un homme et avoir la ferme intention de faire sa vie auprès de lui. C'était une chose qu'il n'avait pas besoin de formuler tout haut pour que Swann s'en doute, lui pour qui Rory n'avait pas le moindre secret. “J’en ai tellement hâte, moi aussi.” Ils étaient aujourd'hui libres d'annoncer la bonne nouvelle à leurs proches sans plus que ce soit à mettre sur le compte d'un trop plein d'optimisme : leur dossier avait été accepté et un bébé les rejoindrait bientôt. Tout n'avait jamais été plus concret, plus heureux aussi. Et s'ils avaient mentionné les réactions probables des différents Craine, Rory savait que Swann devait attendre autant qu'appréhender de pouvoir lui aussi l'annoncer à sa mère. Elle qui avait montré certaines réticences au sujet de cette adoption mais dont Rory voulait croire qu'elle se réjouirait elle aussi pour eux. “Je crois qu’elle acceptera une bonne fois pour toutes l’idée quand elle verra sa petite-fille.” Rory en était convaincu, tel que le sourire accroché à ses lèvres le lui prouverait. « On organisera ça, et pas seulement par écran interposé. Si tu veux qu'on aille la voir ou si tu veux qu'elle vienne nous rendre visite, on rendra ça possible. » Ils pourraient attendre quelques semaines, quelques mois si besoin, mais il n'avait pas l'intention d'empêcher cette rencontre, peu importe l'accueil mitigé que sa belle-mère avait pu lui adresser la dernière fois. Ce ne serait pas parfait, mais ils feraient au mieux. « Je suis sûr qu'elle aura juste à la rencontrer pour devenir complètement gaga de sa petite-fille. Au fond, c'est son premier petit-enfant, je suis sûr que ça doit beaucoup compter pour elle. » C'est pour ça qu'il voulait croire qu'elle accueillerait cette arrivée comme une bonne nouvelle, elle aussi, et que ça suffirait à dissiper les doutes qu'elle pouvait avoir en premier lieu. “Mais peu importe ce qu’elle en pense, ça n’enlève rien à mon bonheur, d’accord ?” Que Swann tienne à le lui assurer n'était au fond qu'une des nombreuses raisons pour lesquelles il l'aimait, lui qui ne laissait jamais le doute ou l'inquiétude se répandre dans le cœur de l'australien. « Bien sûr, je le sais mon cœur. On n'a jamais eu besoin de l'aval de qui que ce soit et ça risque pas de commencer aujourd'hui. » Pas alors que rien n'importerait plus à leurs yeux que leur famille.

Si les prochaines semaines verraient cette dernière s'agrandir, leur mariage lui aussi approchait à grands pas et était tout autant source de joie pour le couple. Surtout dans ces nouvelles circonstances et alors que leur fille, qui serait bientôt à leurs cotés, ferait assurément l'invitée la plus craquante de l'assemblée. “Je suis tellement heureux de savoir qu’elle sera sur les photos.” Rien ne pourrait lui non plus le rendre plus heureux et impatient que l'idée de pouvoir conserver des souvenirs de ce moment, non seulement auprès de son futur époux et de toutes les personnes chères à leur cœur, mais aussi de ce petit bout de chou qu'il lui tardait de rencontrer. « Et la bonne nouvelle c'est qu'on manquera sûrement pas de volontaires pour s'en occuper pendant la cérémonie. » Le plus amusant étant sans doute que si les rôles avaient été inversés, ils seraient eux-mêmes portés volontaires pour jouer les baby-sitters le temps de quelques instants. C'était après tout ce qu'ils avaient plus ou moins fait, un an et demi plus tôt, pendant le mariage d'Alex et Caleb et lorsque leurs jumelles avaient tout naturellement atterri dans les bras du couple. Un moment auquel Rory repensait forcément avec une émotion plus grande, face à tout le chemin parcouru et la certitude que bientôt, c'est eux qui se diraient « oui. » “Mon amour.” L'instant, d'une douceur incomparable, était comme suspendu dans le temps. Seule comptait la bulle qui les enveloppait et l'intimité si précieuse de leurs confessions, alors que son fiancé et lui s'ouvraient leur cœur avec le même besoin de s'assurer l'un à l'autre que ces derniers s'appartenaient entièrement et qu'il en avait toujours été ainsi. Près de sept ans après leur rencontre, l'amour qui les unissait était aussi fort qu'au tout premier jour et leurs regards aussi amoureux que la première fois qu'ils avaient donné une chance à leur histoire. Les bagues de fiançailles à leurs doigts, elles, étaient la preuve qu'entre eux tout avait toujours été une question d'évidence. “Tu es mon premier amour, et le seul.” Et Rory, que ces mots touchaient au plus profond de son cœur, était prêt à attester qu'il n'y avait pas de plus grand honneur et de bonheur plus entier que d'être l'unique amour de Swann Buchanan. « Je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne, Swann. J'ai compris en te rencontrant que l'amour n'était pas forcé d'être quelque chose de douloureux ou de destructeur, et c'est toi qui me l'as prouvé et qui me le prouves encore chaque jour. Je t'aime pour les bonnes raisons, depuis le premier instant, et c'est pour ça que j'ai toujours su que je ferai ma vie avec toi. » Parce qu'il était différent de ceux qui par le passé l'avaient fait souffrir, de ceux qui avaient pu profiter de sa capacité à voir le meilleur en chacun et à accorder son pardon. Swann était entré dans sa vie et l'avait transformé pour le meilleur uniquement. C'est auprès de lui que Rory avait découvert le vrai bonheur, le plaisir d'aimer sans souffrance et d'être aimé en retour. Même à l'époque où tout était loin d'être aussi simple, même lorsqu'ils ne pouvaient pas s'aimer ouvertement, il le rendait plus heureux que quiconque avant lui. Il embellissait déjà chaque journée, chaque moment. “J’en doutais pas un seul instant.” Et au même titre qu'il lui tardait de recevoir ce prochain coup de fil, celui censé concrétiser un peu plus la bonne nouvelle, Rory se languissait de chaque étape qui les rapprocherait du jour où ils rencontreraient leur fille. L'attente en aurait à ce moment-là valu la peine, tout comme l'incertitude. “Il va garder le berceau mieux encore que son bâton préféré du jour.” - « Il sera un vrai petit bodyguard pour elle, je crois qu'on n'a pas fini de s'attendrir devant le duo qu'ils formeront. » Brownie avait tenu le rôle de bébé de la famille, pour eux, depuis qu'ils avaient recueilli le chiot au cours d'un voyage que le couple n'était pas près d'oublier. Bientôt, c'est un vrai bébé qui rejoindrait leur famille et Rory ne redoutait pas la jalousie de leur chien, trop aimant de nature, lui aussi. “Je suis heureux de savoir qu’elle grandira avec autant de cousins.” C'était aussi une joie immense pour Rory, qui bientôt serait le troisième enfant Craine à devenir père à son tour. « Moi aussi. C'est important à mes yeux qu'elle soit très entourée et qu'elle puisse toujours compter sur sa famille. Je sais que la mienne est loin d'être parfaite, mais je sais qu'ils lui donneront tout l'amour du monde. » Et c'était la seule certitude dont il ait vraiment besoin.

Finalement, et parce que la question se poserait d'ici quelques semaines, Rory jugea le moment opportun pour assurer à Swann que s'il en avait envie, leur fille pourrait porter leurs deux noms. Et ça quand bien même son fiancé porterait bientôt le sien, chose dont ils avaient déjà statué des mois auparavant. “Les Craine sont ma famille, maintenant. Toi, notre fille.” Il le savait, bien sûr, et de tels mots répandaient comme toujours la plus douce chaleur là où son cœur battait lui-même un peu plus fort, sous le coup de l'émotion. « Tu sais que tu es un Craine à mes yeux depuis bien longtemps. Et je suis tellement fier à l'idée que ce soit bientôt officiel. » Parce que c'était important et symbolique pour Swann et que ça l'était pour lui aussi, de voir l'homme qu'il aimait porter son nom et rejoindre de manière officielle cette famille qui l'avait toujours considéré comme l'un des leurs. “Ça te semble important, nos deux noms ?” - « Seulement si le tien a encore un sens à tes yeux. » Et quelle que puisse être sa réponse, Rory comprendrait sans émettre le moindre jugement. Peu importe à quel point sa propre famille pouvait être importante à ses yeux, il comprendrait que pour Swann le lien symbolique qui l'unissait à la sienne et à ce nom se soit fragilisé le jour où sa quête de racines n'avait pas eu les résultats qu'il avait espéré. Il avait traversé beaucoup de choses, avait vu sa relation avec sa mère se complexifier avec le temps, alors il n'y a rien qui paraîtrait plus compréhensible à Rory que le fait qu'il ne soit plus sûr de ce que ce nom représentait pour lui. “C’est une partie de son histoire, aussi.” L'australien secoua doucement la tête, reposant un regard tendre dans celui de son fiancé. « C'est vrai. Et que tu aies ou pas envie qu'elle porte aussi ton nom, ça fera toujours partie de son héritage. Et elle sera toujours une Buchanan, à mes yeux comme aux tiens. » Ce serait toujours en elle, et personne ne chercherait à effacer une partie de ses racines. Rory le lui avait dit, il lui tardait qu'elle puisse visiter l'Angleterre, l'endroit qui avait vu naître Swann et qui faisait partie de son histoire, lui aussi, parce que c'était aussi tout ce que l'anglais y avait vécu qui avait indirectement mené à leur rencontre, plusieurs années plus tard, sur le sol australien. “Mais peut-être que ça appartient au passé, justement.” Ses doigts s'attardèrent à la naissance de sa mâchoire, caressant sa peau comme si ce simple contact avait la plus petite chance d'aider Swann à mettre de l'ordre dans ses pensées. « C'est ta décision, et on a encore du temps devant nous avant de décider quoi que ce soit. Tu sais que je te suivrai quoi que tu choisisses. » Ils n'avaient pas besoin d'être sûrs aujourd'hui, pas alors qu'ils avaient eu leur compte de paperasse au cours des derniers mois et avaient mérité de pouvoir remettre ce genre de questions à plus tard. “Mais tu sais ce qui me rend déjà parfaitement heureux, là, maintenant ?” Les lèvres de Swann s'étirèrent dans un sourire des plus adorables, valant à celui de Rory de l'imiter et de s'étendre d'un bout à l'autre de son visage. “Te voir sourire comme ça.” Un rire doux filtra d'entre les lèvres de l'acteur, dont les fossettes étaient plus creusées ce soir que jamais auparavant. Le bonheur irradiant sur leurs deux visages rendait compte de la joie que l'acceptation de leur dossier avait répandu en eux, et celui de Rory ne faisait pas exception. Après leurs fiançailles, c'était un autre rêve qu'ils réalisaient ensemble et forcément, c'est sur un petit nuage qu'il se sentait flotter. « Et c'est qu'un début, parce que la suite sera un peu plus belle encore. » Et c'était forcément la plus doux des contrastes après les épreuves qu'ils avaient traversé, après les désillusions et les obstacles, et toutes les fois où le bonheur les avait frôlé pour finalement les laisser meurtris et désenchantés. Ils revenaient de loin, l'un comme l'autre, alors son sourire était avant tout porteur d'espoir : ils avaient vécu assez de choses difficiles pour oser croire que cette fois, l'avenir serait véritablement radieux. “Je sais que peu importe ce qui peut se passer à l’avenir, tu seras incroyable.” Ses yeux brillèrent un peu plus fort, ses doigts tendrement resserrés autour de ceux de Swann. « Parce que j'aurai le meilleur des partenaires et des maris à mes cotés. » A chaque instant, ils pourraient compter l'un sur l'autre même lorsque le rêve laisserait la place aux difficultés et à l'imprévu. Ils avaient envisagé tous les scénarios mais ne pouvaient pas tout prévoir : mais quoi qu'il arrive, ils seraient ensemble. « Tout ça me terrifierait dix fois plus si t'étais pas là pour me rassurer quand j'en ai besoin. Pour me dire qu'on en est capables, ensemble, et qu'on a eu raison d'y croire pendant tout ce temps. De croire qu'on serait de bons pères, peu importe les exemples qu'on a eu. » Un père inconnu pour Swann, un autre incapable de la moindre tendresse pour Rory. Ils ne feraient pas comme leurs parents, ils feraient en fait tout pour ne pas reproduire leurs erreurs. « On forme une belle équipe, tu crois pas ? Toutes les décisions qu'on a prises ces derniers mois nous ont mené à ce moment, alors oui je crois qu'on est déjà à la hauteur et que même si tout sera pas toujours parfait, on est capables. » L'agence d'adoption le pensait elle aussi, après tout, et ils étaient sur le point de se le prouver une bonne fois pour toutes en devenant pères, enfin.

Swann n’avait véritablement aucune préférence à l’idée d’adopter un garçon ou une fille, mais il sait au fond de lui que le contexte est différent pour Rory, lui qui a grandi entouré de ses sœurs et qui passe encore aujourd’hui sa vie à vouloir les protéger ou les rendre heureuses. Il est habitué à leur présence féminine, et très bientôt il le sera aussi à la présence de sa fille. De leur fille. « Swann... c'est merveilleux. » Sa réaction ne se fait pas attendre alors qu’il parle d’une voix tremblante et que son fiancé s’occupe de chasser doucement les larmes qui perlent contre son regard. Il sait qu’il pleure de joie, il le sait du plus profond de son cœur, mais cela ne l’empêche pas de vouloir sécher son visage pour cet instant qui a tout de parfait et suspendu. Leurs sourires se répondent en écho, plus immenses que jamais. L'émotion voyait sa voix trembler et les larmes perler de plus belle aux coins de ses yeux. « J'ai tellement hâte de la voir, de la tenir dans mes bras. Je sais déjà qu'elle sera parfaite. Notre fille sera parfaite. Et elle recevra tellement, tellement d'amour. » Ils seront les parents les plus aimants qui soient et leurs proches seront parfaits dans leur rôle aussi, tous désormais habitués à les entendre parler de la future famille dont ils rêvent tant. Les caresses de l’anglais se déposent contre ses bras et contre son cou sans qu’elles n’aient de but particulier, sauf peut-être celui de toujours garder le contact avec l’homme qu’il aime autant que de tenter de le rassurer sur les craintes qui subsistent toujours malgré l’immense joie qu’ils ressentent. “On va tellement l’aimer.” Ils feront un bien meilleur travail que leurs propres parents n’ont jamais su faire, c’est certain. L’histoire n’est pas vouée à se répéter.

Entre deux caresses et autres baisers, Swann prend le temps de lui murmurer qu’ils fêteront l’anniversaire de Rory dès le soleil officiellement levé sur la ville, parce qu’il ne risque pas d’oublier qu’il fête en ce jour une bougie de plus. « Je t'interdis de penser que c'est pas déjà le plus bel anniversaire qui soit à mes yeux. Parce que c'est le cas. » Et il le croit sans le moindre mal, mais il n’y est pas pour grand-chose. Du moins, il a volontairement attendu cette date symbolique pour lui partager cette nouvelle qui l’est tout autant, mais ce n’est pas ce qui peut résumer toute une journée de célébrations d’anniversaire. “Outch, ça met la barre haute pour les années suivantes, alors.” Il lui répond avec malice et douceur, l’idée de fêter encore nombre de ses anniversaires étant une simple évidence, en réalité. « Cela dit une journée en amoureux pourrait rendre le tout encore un peu plus parfait. » Et Swann sourit davantage encore, n’ayant effectivement en tête rien d’autre qu’une journée à deux, qu’ils agrémenteront selon leurs envies et leurs désirs. “Ah oui ? Ça peut peut-être se faire.” Comme en témoigne le baiser qu’il partage tendrement avec lui dès l’instant suivant, c’est effectivement l’idée que l’anglais avait en tête dès le début. Les paupières closes, il laisse ses lèvres dériver de celles de Rory jusqu’à son cou, sans doute pour lui faire comprendre qu’il avait effectivement déjà une petite idée du programme qui pourrait être très bientôt le leur. Ses baisers contre sa peau, aussi doux et tendres soient-ils, ne durent pas éternellement. Rapidement, ils se retrouvent de nouveau pris dans tout le sérieux qu’englobe leur discussion face à l’annonce de leur nouveau statut de futurs parents.

Swann entretient un lien particulièrement paradoxal avec sa mère, incapable de pleinement l’aimer et incapable de la détester aussi. Il lui doit beaucoup, mais il lui tient bien plus de reproches encore, et il ne sait finalement pas quoi penser dès qu’elle se retrouve impliquée de près ou de loin dans une conversation. « On organisera ça, et pas seulement par écran interposé. Si tu veux qu'on aille la voir ou si tu veux qu'elle vienne nous rendre visite, on rendra ça possible. » Swann prend une profonde inspiration, ses méninges occupés à fonctionner à vive allure. “On aura sûrement pas le temps de faire l’aller-retour avant le mariage, et j’ai pas envie qu’elle la découvre sur les photos. Peut-être… Peut-être que je pourrais lui proposer de venir.” Il lui paiera l’avion et il n’oubliera certainement pas de réserver le vol retour au passage, mais cela lui permettra aussi de se rendre compte de l’état d’esprit de sa mère en ce moment et peut-être de reconsidérer l’idée de l’avoir à ses côtés à son mariage. Si ce dernier compte son absence autant que celle d’Arthur, il sait que cela lui briserait le cœur, peu importe à quel point tout le reste sera parfait. “On est pas obligés de la loger, on pourra lui trouver un bon hôtel pas très loin.” Elle n’a pas été affreuse avec Rory lorsqu’ils se sont rencontrés mais elle n’a pas été particulièrement avenante pour autant, raison pour laquelle Swann refuse de l’imposer dans leur quotidien et leur routine bien établie. Elle pourra venir voir leur fille aussi souvent qu’elle le désire, mais elle rentrera à l’hôtel une fois le soir venu, pour le bien de tous. « Je suis sûr qu'elle aura juste à la rencontrer pour devenir complètement gaga de sa petite-fille. Au fond, c'est son premier petit-enfant, je suis sûr que ça doit beaucoup compter pour elle. » Il sourit tendrement, bien incapable de comprendre comment quelqu’un ne pourrait pas être fou amoureux de son enfant, ou petit-enfant. Désormais, s’il ferme les yeux ce n’est plus pour embrasser son fiancé mais bien pour calmer des craintes qu’il sait ne pas avoir lieu d’être, son front s’échouant doucement dans le creux de l’épaule de Rory. “J’espère.” Il veut que tout se passe bien, parce qu’il n’est plus le seul concerné par les agissements de sa mère et donc le seul à en payer le prix aussi. Il y a Rory, maintenant, et il y aura aussi très bientôt leur fille, qu’il jure qu’il protégera de n’importe quoi, et n’importe qui. « Bien sûr, je le sais mon cœur. On n'a jamais eu besoin de l'aval de qui que ce soit et ça risque pas de commencer aujourd'hui. » Au contraire, il a ressenti le besoin d’avoir l’aval du monde entier lorsqu’il a doucement commencé à tomber amoureux de Rory, et ce bien malgré lui au début. Aujourd’hui plus que jamais, il sait que c’était une faute terrible et stupide qui leur a fait perdre de nombreuses années de bonheur ; et cette erreur non plus n’est pas vouée à être réitérée. Il sera toujours heureux, peu importe les mots et les décisions de sa mère. Elle ne dictera pas sa vie.

« Je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne, Swann. J'ai compris en te rencontrant que l'amour n'était pas forcé d'être quelque chose de douloureux ou de destructeur, et c'est toi qui me l'as prouvé et qui me le prouves encore chaque jour. Je t'aime pour les bonnes raisons, depuis le premier instant, et c'est pour ça que j'ai toujours su que je ferai ma vie avec toi. » Ses mots lui mettent les larmes aux yeux et tout ce qu’il n’a de cesse de se dire, c’est qu’ils sont spontanés et irréfléchis, ce qui le rend déjà anxieux de toutes les larmes qu’il ne saura pas retenir au moment d’échanger leurs vœux. Pourtant, c’est un stress plus doux que jamais, et le seul qui existe réellement au sujet de leur mariage - c’est pour dire. “Tu méritais de le comprendre.” Il méritait de savoir que l’amour peut réellement se contenter d’être doux et simple, même s’ils ont longtemps dû se contenter du doux avant de connaître le simple. Aujourd’hui, ils ont tout, et ils l’ont mérité. “Je t’aime pour les bonnes raisons aussi, Rory.” Elles sont nombreuses, sans doute un peu trop, mais elles sont aussi et surtout parfaitement pures. Il n’a pas toujours eu la bonne influence qu’il aurait voulu avoir dans la vie de l’homme qui est aujourd’hui son fiancé, mais désormais il n’existe aucun retour en arrière possible. Ils sont propriétaires de leur maison autant que de leur chien, bientôt mariés et très bientôt parents. Peu importe ce qui adviendra d’eux à l’avenir, l’histoire est déjà écrite. « Tu sais que tu es un Craine à mes yeux depuis bien longtemps. Et je suis tellement fier à l'idée que ce soit bientôt officiel. » Officiel au point où il portera bientôt leur nom, sans que cela n’ait même été sujet à débat. Swann y a réfléchi sans vraiment le faire, l’idée de prendre le nom de Rory ayant toujours été une évidence à ses yeux. Aujourd’hui, il partait aussi du principe qu’il en serait de même pour leur enfant, qui à son tour ne prendrait que le nom de Craine, mais les mots de son fiancé viennent rapidement remettre en question son idée. « Seulement si le tien a encore un sens à tes yeux. Et que tu aies ou pas envie qu'elle porte aussi ton nom, ça fera toujours partie de son héritage. Et elle sera toujours une Buchanan, à mes yeux comme aux tiens. » Elle le sera toujours, quoiqu’en dise les noms marqués sur son acte de naissance, ou ceux avec lesquels elle grandira. Swann se laisse retomber entre les coussins, son regard momentanément perdu contre le plafond de la chambre alors qu’il pense à tous les pour et les contre de ce monde tout en écoutant son coeur. “Je suis pas certain que mon nom ait encore un sens, justement.” Pas après être momentanément devenu un McGrath, pas après n’avoir jamais pu prendre le nom de son paternel comme il en est coutume, pas après avoir passé une enfance avec une mère absente dont il porte pourtant l’héritage. Ce n’est pas le genre d’histoire qu’il veut transmettre à sa fille. Rory caresse sa mâchoire et le rassure sans le moindre mot, les doigts de Swann se baladant quant à eux contre le dos de son fiancé, faufilés sous son t-shirt, occupés à suivre sa colonne vertébrale pour mieux s’en éloigner et dessiner des traits invisibles. « C'est ta décision, et on a encore du temps devant nous avant de décider quoi que ce soit. Tu sais que je te suivrai quoi que tu choisisses. » Soucieux, il hoche la tête, son regard se reportant sur son fiancé en qui il voit bien toute l’attention qu’il lui porte. Swann force un simple sourire pour le rassurer, et pour lui assurer que cette discussion n’amène avec elle aucun démon. “J’y réfléchirai mieux après une nuit de sommeil.” Il veut s’en convaincre et surtout reporter le problème à plus tard. Cette journée est celle de Rory et de personne d’autre.

Il refuse de laisser ses pensées venir assombrir à son tour celles de son fiancé, raison pour laquelle il coupe court à la discussion quant au futur nom de famille de leur fille. Après tout, ils ont encore le temps de l’aborder plus tard, et il s’en voudrait de ne pas pleinement profiter de l’instant présent et de l’immense sourire qui est celui de l’homme qu’il aime. « Et c'est qu'un début, parce que la suite sera un peu plus belle encore. » La suite ne peut qu’être merveilleuse, Swann en est convaincu. Il noue naturellement ses doigts à celui de son fiancé et pense brièvement, avec une immense fierté, à tout le chemin accompli depuis leurs débuts. « Parce que j'aurai le meilleur des partenaires et des maris à mes cotés. » - “Et moi donc.” Il est un acteur mondialement connu qui n’hésitera jamais à mettre sa carrière en pause pour le bien de sa famille, ce qui n’est qu’une énième preuve de la perfection de l’homme qu’il a à ses côtés. Jamais il ne le lui demanderait, jamais il ne voudrait non plus que cela arrive, mais il sait que Rory en serait capable. « Tout ça me terrifierait dix fois plus si t'étais pas là pour me rassurer quand j'en ai besoin. Pour me dire qu'on en est capables, ensemble, et qu'on a eu raison d'y croire pendant tout ce temps. De croire qu'on serait de bons pères, peu importe les exemples qu'on a eu. » Doucement, sa main enroulée contre l’épaule de Rory, il le fait retomber en arrière pour qu’il se repose à son tour contre le matelas, Swann pouvant ainsi l’observer à la même hauteur et replacer amoureusement une de ses mèches. “C’est mon rôle. Et c’est le tien aussi, j’imagine. Je crois qu’on arrive plutôt bien à s’en sortir là-dedans.” Ils connaissent les failles de l’autre et ils savent quand le besoin d’être rassuré se montre pressant. Rory ne veut pas être comme son père, Swann ne veut pas être comme sa mère, et tous les deux manquent sans doute de véritable figures parentales dignes de ce nom, ce qui les pousse un peu plus encore à vouloir être leurs propres modèles. Les doigts de l’anglais continuent de doucement caresser le visage de l’acteur, ces derniers ne se trouvant qu’à quelques centimètres. “Je te promets pas que tout sera toujours parfait, mais je te promets que je serai toujours là pour toi, et pour notre famille.” Parce que ça aussi, c’est son rôle. Ils se disputeront, ils peineront parfois à se comprendre, ils auront des avis divergents. C’est inévitable, quoi qu’ils en disent, mais cela ne veut pas pour autant dire que cela brisera quoi que ce soit entre eux. “Tu es celui qui m’a appris à me battre pour ceux que j’aime.” Il a plus que jamais appris la leçon, tout comme il fait de son mieux pour rassurer en retour Rory quand il le peut, lui aussi méritant plus que jamais d’être pleinement heureux, sans concession aucune. « On forme une belle équipe, tu crois pas ? Toutes les décisions qu'on a prises ces derniers mois nous ont mené à ce moment, alors oui je crois qu'on est déjà à la hauteur et que même si tout sera pas toujours parfait, on est capables. » Evidemment qu’ils forment une belle équipe. Il est le seul avec qui il souhaite s’allier, qui plus est. Les raisons sont évidentes aux yeux du monde entier aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas il y a peu encore. Swann affiche un sourire doux et apaisé, plus que jamais confiant et heureux de ses choix de vie autant que de la personne qu’il est devenu. Ses doigts se détachent de la joue de son fiancé pour venir trouver le bas de son dos, qu’il serre un peu plus près de lui alors qu’il rapproche sa tête du creux de ses clavicules par la même occasion. “Je pouvais pas rêver d’un meilleur coéquipier.” Ils se sont trouvés et ils ont eu besoin de temps pour s’amadouer, mais aujourd’hui tout est une parfaite évidence, à commencer par le simple fait de pouvoir retrouver le sommeil dans ses bras sans que rien d’autre n’ait d’importance.