Je les attendais ces deux traits sur ce tube de plastique. Depuis plus de trois semaines, j'attendais de pouvoir déballer ce test de grossesse de sa boîte et d'attendre le résultat avec Erika. La joie d'apprendre que c'est positif, que l'opération agrandissement de la famille est en route à, malgré tout, quand même encore laissé place à une certaine panique. Toutefois, l'excitation est quand même beaucoup plus grande et j' n'ai qu'une seule hâte : l'annoncer au troisième concerné.
C'est donc, pizza dans une main, pack de bières -sans alcool- dans l'autre et sac à dos sur les épaules, que je donne deux coups de pieds dans la porte de mon meilleur ami. Affichant un large sourire lorsque je le vois apparaître, je lui fourre les pizza dans les bras « Soirée surprise ! » lançais-je « Eh Mary, dehors !» m'exclamais-je pour narguer mon meilleur ami, comme s'il était en train de conclure une soirée avec mon ex. J'allais presque prononcer le prénom de Marley, mais je me suis retenue au dernier et c'est finalement le nom de celle qui a presque eu raison de notre amitié qui est sorti. Tant mieux, en vrai, car je ne suis absolument pas certaine Jackson aurait apprécié la blague sinon.
Rigolant de bon cœur, je me dirige vers le salon et dépose le six pack sur la table basse, faisant bien attention à ce que l'étiquette qui montre le pourcentage d'alcool ne soit pas visible par Jackson, puis me laisse tomber sur le canapé dans un lourd soupir « J'espère que t'avais rien prévu, parce que moi, je ne bouge plus d'ici » dis-je en reculant la tête contre le dossier « Doit bien y avoir un match à la télé, non ? Ou alors on se regarde un film, je m'en fou, j'ai juste envie de passer de nouveau une soirée avec toi » reprenais-je avant de me redresser et attraper mon sac «D'ailleurs, ça me fait penser, mais y a la deuxième partie de ton cadeau d'anniversaire qui est enfin arrivé » expliquais-je en sortant un paquet grossièrement emballé pour le tendre au jeune homme « Ils étaient en rupture de stock ensuite y a eu des problèmes avec la poste et ... bref, il a un peu de retard, mais il est enfin arrivé !»
Oh le mensonge. Evidemment que ce n'est pas son cadeau d'anniversaire, je n'avais jamais prévu de lui offrir autre chose que ce vieux mug pistolet trouvé dans un magasin de seconde main, mais il me fallait bien une excuse pour lui offrir ce magnifique t-shirt, car c'est la seule façon originale que j'ai trouvé de lui annoncer que d'ici ce nouvel an, il pourra enfin avoir le statut de papa.
Il sort de la douche pensif. Jax ne s'attendait pas à ce que Lynch se pointe au dojo afin de solliciter son aide. Certes, il a passé les trois dernières semaines à contrôler le répertoire de ses messages au cas ou la métisse aurait eu besoin de parler après son agression, mais jamais il ne l'aurait pensée capable de le rejoindre sur un ring, en tenue de sport, prête à en découdre. A-t-il bien fait d'accepter de lui enseigner l'auto-défense ? C'est la question qu'il se pose en pénétrant dans sa chambre fraîchement repeinte. Mills a fait tout ce qui était en son pouvoir pour chasser les souvenirs de Marley de son logement : le nouveau matelas n'a jamais connu les formes de son corps, les murs n'ont plus la couleur qu'elle leur avait choisi en emménageant et la salle de bain n'a désormais plus qu'une seule étagère. Alors pourquoi prendre le risque de donner à Lynch 5 occasions par semaine de l'empoisonner à nouveau ? S'il ne trouve pas de réponse à cette question, c'est parce que Jax vit dans le déni. Mais les sentiments qui l'habitent, ceux-là même l'ayant fait chialer dans le couloir de chez elle le soir de l'agression, ne se laissent pas berner par la façon dont l'agent rationnalise et tente de fuir les évidences. Mills l'aime à en crever, c'est pourquoi il a crevé la pourriture ayant tenté de la violer.
Il termine à peine d'enfiler le vieux short de basket ball lui tenant lui de pyjama que des coups impatients sont frappés à la porte. L'agent fronce les sourcils et inspire profondément comme le lui conseille régulièrement Isla. Personne ne vient pour le tuer, aucun terroriste n'envisage de défoncer sa porte ce soir. « Soirée surprise ! » Estomaqué par l'aplomb d'Aquilla, Jackson la laisse entrer en roulant des yeux au ciel lorsqu'elle interpelle une Mary imaginaire. « Il est tard ! » Souligne-t-il pour la forme, cherchant seulement à rendre la pique, alors qu'il n'y a à ses yeux pas d'heure pour 1) manger (surtout de la pizza !), 2) chiller en compagnie de sa meilleure amie qu'il est plus qu'enjoué de revoir. Leur dernier tête à tête remonte à début mars. Bières et Mordor pour coup d'un soir, de quoi le perturber quelque peu tandis que Fleming prend ses aises dans son salon. Mills l'observe. Le naturel avec lequel Louisa se vautre dans le canapé et attend de lui qu'il leur trouve quoi regarder à la télé l'amuse autant que cela le rassure. Pas de doute : ce qui s'est passé en Nouvelle-Zélande est resté au pays des kiwis. « J'crois que les raptors jouaient hier soir. » Lance-t-il, télécommande à la main, cherchant la rediffusion du match. Fleming a du sirop d'érable dans les veines. L'équipe de Toronto, seule représentante canadienne acceptée en NBA, fait vibrer son petit cœur de demi-caribou.
L'agent se laisse tomber aux côtés de la pilote. Glouton, il s'empare d'une part de pizza qu'il engouffre sans élégance, faisant couler de la sauce sur ses pectoraux de kangourou. Mills récupère du bout de l'index et se lèche le doigt. No shame ! « D'ailleurs, ça me fait penser, mais y a la deuxième partie de ton cadeau d'anniversaire qui est enfin arrivé. Ils étaient en rupture de stock ensuite y a eu des problèmes avec la poste et ... bref, il a un peu de retard, mais il est enfin arrivé ! »« Cool ! » Répond-il, agréablement surpris. Depuis le temps, Jax s'est habitué à ce que son amie lui offre chaque année un mug plus ridicule que celui de l'année précédente. La tasse de ses 36 ans a provoqué les ricanements Neo mais, contre toute attente, grandement plu à Pyro dont la passion pour ce qui produit des détonations n'est plus à prouver. Après avoir essuyé ses doigts dans le tissu de son short, l'agent s'empare du paquet. La nonchalance de sa posture ne le prépare pas au choc qu'il subit en lisant le message. « Ça a marché ?! » S'exclame-t-il, ahuri, tout en se redressant vivement. Un mois et demi plus tôt, il tombait la chemise pour lui dire qu'il acceptait d'être le père de son enfant. Ce soir, elle le rhabille afin de lui faire comprendre que leur one shot a porté ses fruits.
Mills pousse un cri de victoire à réveiller tout le quartier. Sautant sur place, il sent le besoin d'extérioriser son énergie et, comme d'habitude, attrape Louisa qu'il décolle du sofa pour la faire tournoyer dans les airs. « TIREURS D'ÉLITE ! » S'écrit-il, euphorique, le corps secoué de rires et de frissons d'excitation. Jackson finit par reposer la brune pour mieux enfiler le t-shirt dont il tire les pans et relit le texte à l'envers. Ses lèvres répètent silencieusement le mot " papa ". Il a les yeux qui brillent.
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Dernière édition par Jackson Mills le Dim 9 Avr 2023 - 11:03, édité 3 fois
Depuis notre retour de Nouvelle-Zélande, je n'ai plus vu Jackson. Et même si nous échangions, comme à notre habitude, de nombreux messages, je dois avouer que ne pas le voir en vrai à nourris un peu l'impression de malaise dont j'avais peur. C'est sans doute pour cela que je surjoue un peu, que je ne me laisse pas le temps de trop réfléchir et que c'est avec un aplomb sans précédent que je pénètre dans l'appartement de mon meilleur ami. Roulant des yeux lorsqu'il se plaint qu'il est tard, je secoue la tête et souris, mais ne répond rien, sachant pertinemment qu'il n'est pas sérieux pour le coup, et me vautre sur le canapé.
Je lui demande s'il y a un match ce soir et apprends avec déception que les Raptors ont joués hier et non aujourd'hui comme je le pensais. « Eh merde» soufflais-je en me laissant tomber contre le dossier « J'étais persuadé que c'était aujourd'hui … Bon tant pis, on trouvera bien autre chose ! » Reprenais-je en attrapant mon sac. Tout en lui sortant une excuse sur le pourquoi du comment je me balade avec un paquet cadeau à son attention dans mon sac, je le lui fourre dans les bras et lui offre un large sourire, attendant, avec impatience, sa réaction.
Et celle-ci ne tarde pas à arriver. Dès lors qu'il tient le t-shirt en main, le cerveau de Jackson se branche et il comprends instantanément l'allusion. Il se lève subitement pousse un hurlement de joie et, comme bien trop souvent, il me prends dans ses bras, me faisant tournoyer pendant quelques instants autour de lui avant que je ne me retouche le sol en rigolant de bon cœur. Alors que je l'observe qui tire le pan de son t-shirt pour le regarder les yeux brillants, je me fais la subite réflexion que ça fait plus de deux ans que je ne l'ai plus vus aussi réellement et sincèrement heureux qu'en cet instant.
« Un vrai sniper » hochais-je la tête avant de m'approcher pour poser une main sur son épaule. Je plonge un instant mon regard dans le sien et me dis que les mots ne seront pas assez forts pour dire ce que j'éprouve en ce moment même. Alors, sans plus tarder, je passe mes bras autour de ses épaules et le sers contre moi dans une étreinte dont seule nous connaissons le secret.
Après quelques instants de proximité, je le relâche et me recule avant de me détourner pour récupérer deux bières « Du coup, t'auras pas le choix que de me suivre là-dedans aujourd'hui » annonçais-je en lui tendant la sienne, lui montrant bien ce qu'il y a écrit sur l'étiquette « J'ai dis à Manchester que je devais lui parler » annonçais-je après avoir trinquer « Je vais encore voler une dernière fois après demain et ensuite je vais lui dire que c'est fini » je grimace un peu, autant au goût de la bière qui est plus que fade à la limite du dégueulasse que parce que j'ai beaucoup de mal à me dire que pendant la prochaine année mon boulot à l'armée sera quelque part dans les bureaux et, dans tous les cas, au sol. « Et puis il faudra penser à choisir le gynéco et la sage-femme qui me suivra jusqu'au bout et ...c'est toujours bon pour toi de m'accompagner aux différents examens de suivi ? Je veux dire, on sera à trois évidemment et je ...Enfin ...»
Et là, sans que je ne sache réellement pourquoi c'est la panique qui commence à prendre le dessus. Et si ça ne se passe pas comme je le voulais ? Et si la grossesse est un désastre ? Et après ? Suis-je réellement à la hauteur ? Serons-NOUS à la hauteur ? Me reculant d'un pas, je sens ma respiration qui s'accélère subitement sans que, pour autant, je ne reçoive plus d'air. Au contraire, j'ai l'impression que mes poumons ne travaillent plus correctement, de même que mon cœur qui s'emballe. « merde» soufflais-je alors que je me retourne. Posant la bouteille de la table, je commence à marcher vers la fenêtre, m'immobilise, me retourne puis me penche en avant en m'appuyant sur mes genoux, espérant peut-être avoir un peu plus d'air et pouvoir reprendre le contrôle sur ma respiration et mes pensées qui commencent à s'emballer.
« Un vrai sniper. » Jax adresse à Louisa un sourire d'une amplitude rarement atteinte. L'agent n'est pas connu pour les expressions joyeuses de ses traits. Souvent sérieux, il fronce les sourcils plus qu'il n'affiche la blancheur de ses dents et montre la fierté qui l'habite, une fois n'est pas coutume, par un air aussi enjoué que reconnaissant. Cet élan d'amour termine en accolade dans laquelle il projette toutes les bonnes ondes que la révélation de la pilote vient de faire naître en lui. Mills serre au creux de ses bras son avenir. En prendre conscience lui donne un début de tournis.
« Du coup t'auras pas le choix de me suivre là-dedans aujourd'hui ... » De la bière sans alcool ! Jackson grimace. Autant boire de l'eau. Lui qui s'imaginait fêter sa paternité au champagne s'empare de sa bouteille avec laquelle il trinque contre celle de Louisa. « Team job. » Répète-t-il. Mills peut faire cet effort. Aucune privation ne saurait ternir l'excellente humeur dans laquelle il vient de tomber. Compatissant, il écoute Aquilla parler de son dernier vol et passe dans son dos une main avec laquelle il caresse lentement la courbe de sa colonne vertébrale au travers des vêtements. L'agent sait à quel point son amie aime voler. Il anticipe le sevrage, le manque d'adrénaline, l'ennui ... « Penses à la tête de Trooper quand il apprendra que t'es à terre parce que je t'ai mise enceinte ! » Répond-il, jouant la carte de l'humour pour tenter de la réconforter. Impossible que l'américain ne soit pas au courant, Manchester lui a dit qu'il avait gardé contact avec plus de la moitié des soldats rencontrés lors du training aux USA.
Mais Fleming est dans un tout autre univers que le sien. Elle parle de sage-femme, de gynéco et d'examens dont le contenu échappe totalement à l'imagination inexistante de l'agent concernant ces choses-là. Mills s'est renseigné sur la procréation médicalement assistée lorsque son amie lui a demandé de devenir donneur et s'est arrêté là parce qu'à ses yeux rien ne valait le bon vieux papa dans maman. Laisser faire la nature, y aller confiants, à l'ancienne ! Sauf qu'un suivi de grossesse ne se fait pas dans la plus grande des ignorances moyenâgeuses. Il en prend conscience à l'instant même où Aquilla se met à paniquer. Impuissant, Jax la regarde se lever puis chercher son air auprès de la fenêtre. Il a rarement vu son amie dans cet état de stress.
C'est l'occasion pour lui de se montrer utile. Le stress, la panique - outre le fait d'y avoir été exposé tout au long de sa carrière - l'agent les connaît bien. Ses crises de paranoïa de 2022 sont peut-être derrière lui, mais il les surveille chaque jour du coin de l’œil dans le rétroviseur, armé des précieux conseil d'Isla afin de se calmer lorsqu'il sent l'angoisse refaire surface. « Inspire. » Conseille-t-il tout en rejoignant Lou sur laquelle il pose ses mains fermes et bienveillantes. L'une derrière sa nuque qu'il utilise comme point d'ancrage, l'autre sous sa poitrine, au dessus du diaphragme de la jeune femme. « Pousse dans ma main. » Un repère simple, une façon facile de l'obliger à se concentrer sur son souffle tandis qu'il pose sur elle un regard encourageant.
Lorsqu'il sent la respiration de Lou se calmer, Mills laisse sa main descendre le long de son ventre plat. La connexion lui semble délirante. C'est le nombril de la brune qu'il caresse, mais c'est son estomac à lui qui se retourne. Il y a un bébé là-dessous ! Le sien ! Impossible pour l'agent de ne pas poser les genoux au sol afin de se rapprocher d'avantage de ce nid douiller. Il interroge Aquilla du regard, constate qu'elle le laisse faire et soulève le t-shirt de cette dernière dans le but de s'adresser à sa progéniture sans autre barrière que la peau maternelle. « Maman panique. » Sa propre voix le surprend. Jax vient de trouver son timbre de père. Un son grave et calme, bien loin des grognements d'animal qu'il pousse lorsqu'il est en colère ou des vents arctiques accompagnant ses propos durant les interrogatoires. Sa voix de père est sage, posée, moelleuse comme les madeleines qu'il adorait s'enfiler avec Mickey lorsqu'ils étaient gamins. « T'es la première chose à lui faire peur ... » Sourit-il, le regard tourné vers Aquilla dont le visage le toise en contre-plongée. Mills pose une oreille sur son nombril. Il sait bien que personne ne répondra à ses paroles, mais il joue quand même le jeu car ce dernier lui permet de faire passer un message capital : « Je serai là. Quoiqu'il arrive. » Pour le suivi, pour le bébé, pour elle, pour Erika ... pour leur famille.
Je ne suis pas du genre à stresser et encore moins à paniquer pour un oui ou pour un non. Là où mes collègues se perdaient dans leurs pensées parasites, moi, je gardais mon sang-froid. Quelque part, j'ai envie de dire que c'est le métier qui veut ça tant nous étions exposés à des situations extrêmes tout au long de notre formation. Retenir mon souffle sous l'eau ? Pas de problème. Être enfermé dans une cabine étroite qui est en train de couler ? Easy. Laisser son corps supporter des forces allant jusqu'à 8G ? Aucun souci. Mais alors se rendre compte qu'on est en train de porter la vie, ça, c'est vraiment horrible. Si je panique tant, c'est sans doute parce que dorénavant, tout ce que je ferais, nous serons deux. Lorsqu'il n'y avait qu'une seule vie à être impacté, il n'y avait pas de souci. Mais là, je ne pourrais plus rien faire sans en impacter une deuxième.
Fort heureusement, dans la panique, c'est Jackson qui réagit. Avec calme et sérénité, il s'approche de moi et, posant ses mains sur moi, il m'ordonne de respirer. Il me faut encore quelques secondes de plus avant que mon corps n'obéisse à mon cerveau et que je parviens enfin à reprendre le contrôle sur ma respiration. Mes poumons et les battements de mon cœur se calment, tandis que mes pensées redeviennent rationnelles.
Puis, sans crier gare, Jackson baisse sa main, la pose sur mon ventre puis se penche en avant, met un genou au sol et… commence à parler à ce futur bébé ! J'hallucine pas mal de voir mon meilleur ami dans cet état presque second. Tout en lui à changer : que ce soit sa posture ou même sa voix, il est totalement transformé. C'est dingue comment être à l'origine d'une nouvelle vie peu changer une personne !
Attendri, c'est un doux sourire sur les lèvres, je pose une main sur la tête de Jackson et lui caresse les cheveux qui picotent sous mes doigts « Je ne suis pas sûr qu'il puisse déjà t'entendre à ce stade-là» soufflais-je, presque amusé avant de laisser glisser ma main sur la joue du jeune homme pour l'inviter à se redresser « ou elle, évidemment » haussais-je les épaules en pinçant les lèvres « T'aurais une préférence toi ?» Demandais-je en lançant un coup d'œil vers Jackson « Et au niveau des prénoms ? T'as déjà des idées ? Ou pas du tout ? » Demandais-je finalement, inclinant légèrement la tête sur le côté.
« Je ne suis pas sûr qu'il puisse déjà t'entendre à ce stade-là ... »« Moi j'en suis sûr. » Jax se moque de parler à un haricot fraîchement diagnostiqué comme tel. Lui aussi était un légume sur son lit d'hôpital. Pourtant, du fond de son coma, il se souvient avoir senti la présence de ceux venus lui tenir la main. Gabrielle, Mickey, les infirmières ... La voix de Sparrow l'avait bercé tandis qu'il flottait dans le néant, ni vivant ni mort, prisonnier d'un quelque part dont personne ne savait s'il reviendrait un jour. « ou elle, évidemment. » Mills sort de ses souvenirs pour braquer sur Louisa un regard révélateur : à aucun moment l'agent ne s'est imaginé père d'une petite fille. « T'aurais une préférence toi ? »
Le voilà pris de cours. Des images de bal de fin d'année et d'adolescents en chaleur tournant autour de sa progéniture font se froncer les sourcils de Jackson qui finit par se redresser, entraînant à sa suite la pilote qu'il tient par la main dans une invitation à retourner s'asseoir sur le canapé. « J'sais pas ... » Est-ce si important ? Sera-t-il déçu si son premier fils s'avère en réalité être une fille ? L'aimera-t-il moins qu'il n'aimerait un petit gars ? Mills récupère sa bière sur la table basse. « J'avais même pas envisagé l'option fille à papa ... » Mais, maintenant qu'il y pense, Jax se dit qu'être l'homme de la vie de sa fille ne le dérangerait pas outre mesure. Cela ne l'empêchera pas de lui apprendre à dribler et s'il faut se disputer sur la longueur de ses jupes, Mills saura faire preuve de fermeté. Il ne laissera aucun merdeux mettre des mains aux fesses de son enfant, ça c'est une certitude ! Déjà qu'il peine à se contenir lorsque Judy lui parle des petits cons de son âge prétendument " trop cool " et " trop mignons " ... « Et toi ? T'en as parlé avec Erika ? »
Des heures de discussions qu'ils ont pu avoir concernant le sujet, rarement le trio s'est projeté plus loin que l'étape de la conception. Il y avait trop d'enjeux autour du fait que Fleming et lui allaient coucher ensemble pour laisser la place à autre chose qu'aux tentatives de Jackson de rassurer la blonde. Une étape à la fois. Maintenant que la graine est plantée, un nouveau champ de préoccupations s'ouvre à eux, à commencer par le choix du prénom à propos duquel Aquilla l'interroge. Là encore, l'agent prend le temps de la réflexion, caressant sa lèvre inférieure avec le goulot de la bouteille de bière. « J'aime bien Fansi. »Le don de Dieu. Un prénom Camerounais entendu durant son enfance, mais il ne saurait plus capable de se souvenir dans la bouche de qui exactement. Sûrement qu'Idriss lui racontait des histoires de l'époque ou il vivait encore en Afrique. « Jusqu'à quel point Erika est ouverte aux prénoms africains ? » Parce qu'il aime bien Simba aussi, mais le fait que la culture blanche ait perverti le prénom à travers un Disney le gonfle plus qu'il ne le laissera paraître. La méfiance de Jackson envers les blancs est un sujet tabou qu'il partage plus facilement avec Mickey qu'avec Louisa.
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Dernière édition par Jackson Mills le Lun 10 Avr 2023 - 0:39, édité 2 fois
Très rapidement, je me rends compte que Jackson ne s'attendait pas à ce que je lui pose cette question qui, même si elle me semble presque essentielle, est totalement idiote. Car au final, peu importe la réponse, seul l'univers sait ce que l'avenir nous offre et quel sera le sexe de l'enfant que nous accueillerons d'ici décembre. Lorsque je croise le regard de mon meilleur ami, celui-ci me dit n'avoir pas du tout envisager l'option 'fille à papa' ce qui me fait doucement rire « Bonjour Mr Mills, je vous annonce que vous avez 50 % de chance d'avoir une fille » dis-je avec humour en allant lui tapoter la joue tandis qu'il se redresse pour nous entraîner vers le canapé où nous prenons place.
« Alors personnellement, je n'ai pas de préférence » haussais-je les épaules « Je sais qu'Erika préférerait avoir une fille, mais moi je m'en fou » expliquais-je « Dans tous les cas, les filles apportent autant de problèmes que les garçons. Ces problèmes sont différent, mais quand même présent. Donc ... autant se préparer à toutes les éventualités » je souris doucement « Même une fille, tu pourras l'emmener sur le terrain de basket ou au stade de rugby » reprenais-je en lui lançant un coup d’œil complice « Tout comme même un garçon peut se faire harceler à l'école » je soupire doucement et secoue la tête « Dans tous les cas, on aura encore plusieurs mois pour se préparer psychologiquement à accueillir le ou la petite dans notre vie » concluais-je en haussant, à nouveau, les épaules.
Et puis vient la question suivante et qui est encore plus importante que la première : celle des prénoms. J'apprends ainsi que Jackson aime beaucoup Fansi et me rends rapidement compte qu'il a une très grande préférence pour les prénoms africain « J'avoue que ce n'est pas forcément un thème que j'ai évoqué avec Erika » répondais-je lorsqu'il me demande dans quelle mesure ma future épouse accepterait de donner un prénom d'un autre continent à notre futur enfant « Evidemment, on ne va pas lui donner un prénom Canadien ou européen, mais il faut savoir que malgré tout, l'enfant restera avant tout australien » je pince les lèvres « Avec des origines Botswanaise du papa et Camerounaise du grand-père qu'il ne pourra pas renier » je soupire doucement.
« Je n'imaginais pas que le choix du prénom serait aussi compliqué en vrai» dis-je en posant une main sur mon ventre avant de soupirer « Mais malgré tout, je dois avouer que j'aime beaucoup Adonis » un doux sourire s'affiche sur mon visage avant que je ne repose mon attention sur mon meilleur ami « Alors oui, ce n'est pas du africain mais Grec, mais c'est … Je ne sais pas, je trouve que ça sonne bien » je me redresse et attrape un bout de pizza « Et pour une fille j'avais pensé à Aika. C'est Tanzanien et ça signifie Gratitude. »
Je pince les lèvres « Le gros problème avec les prénoms d'origines africaines c'est vraiment leur connotations qui peut être très négatives aux yeux des autres ethnies et je n'ai pas envie que le gamin ou la gamine puisse souffrir de racisme. Je ne sais que trop bien ce que ça peut faire dans la tête d'un enfant ...» Je pense que chaque personne n'ayant pas la couleur de peau de la majorité du pays dans laquelle elle vit a déjà été victime de racisme au moins une fois dans sa vie et je n'en fais pas exception. Même si j'ai réussi a passer au dessus et que j'arrive maintenant à assumer ma différence physique, je sais que ça n'a pas toujours été le cas « Si déjà physiquement il ne sera pas comme les autres, j'ai peur qu'avec un prénom qui n'a absolument rien à voir avec ce qu'on a l'habitude d'entendre il le sera encore plus » je pose mon regard sur le jeune homme « Jackson et Louisa ce n'est pas très africain et pourtant nous aussi on a eu droit à nos lots de remarques » c'est littéralement le genre de sujet qui est tellement évident que nous n'avons pas besoin d'en parler pour savoir que c'est le cas « tu vois ce que je veux dire ?»
Lou lui affirme que, garçon ou fille, c'est du pareil au même. Jax acquiesce. Il compte bien faire de son mieux, quelque soit le sexe de l'enfant. Le futur père a des valeurs à inculquer et des compétences qu'il souhaite absolument transmettre à sa progéniture. Que la chambre du bébé soit peinte en bleu ou en rose importe peu. Aquilla a raison : c'est à eux de se préparer à toutes les éventualités. « On saura quand ? » Demande-t-il, curieux. « Pour le sexe, c'est à partir de quand ? » Une semaine ? Un mois ? Plus ? L'agent réalise soudainement que la parentalité est une question de patience. Il a du attendre 4 semaines que sa meilleure amie lui confirme la grossesse et, maintenant, il doit encore attendre pour connaître le sexe. Puis il devra attendre toujours pour tenir cet enfant dans ces bras. La perspective lui donne le tournis. Qui ignore encore que Jackson Mills n'a rien d'un modèle de vertu en ce qui concernant la patience ? Un sprinteur, un bagarreur, un tireur : l'agent, explosif, vit dans la spontanéité des actions immédiates, l'improvisation face au danger et l'impulsivité de ses émotions pas toujours contrôlées. Attendre est le pire des supplices. Aquilla va devoir se priver de bien des choses pour la santé du bébé. Sa part du travail à lui consistera à rester calme alors que la simple problématique du prénom suffit d'ores et déjà à le faire dandiner sur place, tracassé à l'idée de mal faire ou de mal choisir. « (...) Avec des origines Botswanaise du papa et Camerounaise du grand-père qu'il ne pourra pas renier. » « J'espère bien ! » Affirme-t-il, autoritaire. Quelles que soient les bonnes raisons pour lesquelles il faudrait effectivement penser au contexte et aux conséquences d'avoir un nom aux consonnances étrangères, Jackson refuse de laisser son enfant croire qu'il vaut moins que les autres parce que des descendants de colons au teint pâle le laissent sous-entendre à la télévision ou sur le net. Lui est particulièrement fier de ses racines, c'est pourquoi il compte bien se rendre au Botswana avant la naissance et revenir de sa terre natale la mémoire pleines d'histoires à raconter en guise de berceuses.
« Adonis ... » Reprend-il, pensif. « C'est pas le gars qui rendait jaloux les dieux ? » Mills glousse. C'est typiquement le genre d'histoires que validerait Idriss, lui dont les croyances relatives aux prénoms relèveraient presque de la divination ! « Aika c'est joli ... » De la gratitude, Jax en a à revendre ce soir. D'abord il s'empare d'une pointe de pizza, ensuite il s'allonge et vient caler sa tête sur les cuisses de Louisa. L'impression d'être au plus proche de sa famille dans cette position l'aide à accepter que l'affaire du prénom risque de leur compliquer la vie. À deux cela semble compliqué ; à trois ça le sera encore plus. « On est en 2023, Lou. » Répond-il après l'avoir laissée parler et cerné les motivations la poussant à être plus réservée que lui sur les origines du prénoms à choisir. « On n'est pas vieux, mais notre enfance n'est pas la même que celle des petits d'aujourd'hui. » Mills s'inspire de RUN FOR JUDY et des gamins qu'il voit grandir de jour en jour dans les couloirs du service pédiatrique de l'hôpital. Les réseaux sociaux, la mode, les médias et leur propagande toujours plus travaillée, toujours plus scientifiquement calibrée pour faire mouche et influencer les façons de penser ... « J'comprends ton souhait de préserver l'innocence mais j'laisserai pas mon gosse croire que c'est à lui de rentrer dans la norme ou de s'excuser d'être comme il est. »
On lui a si souvent reproché d'être noir lorsqu'il passait ses concours de police que l'agent est vacciné à vie de ce genre de discours. La couleur de sa peau, si elle dérange certains hauts gradés aux conceptions de la vie radicalement contrastées, n'est pas un problème lorsque l'Australie cherche de braves soldats prêts à mourir sous son drapeau. Ils sont plusieurs à penser que Mills et Fleming sont assez bronzés pour être en première ligne mais pas suffisamment clairs pour mériter le respect. Jax sait que ce schéma de pensée se retrouve dans tous les domaines de la société, que leur petit(e) y sera confronté(e) quoiqu'il arrive. « J'laisserai pas ma fille penser qu'elle serait plus belle avec les cheveux lisse ou un nez plus fin ... » Conclue-t-il, son regard défiant le plafond du salon de le contredire. Mais peut-être que l'agent s'égare un peu lorsqu'il affirme cela ? Sanaa, sa cousine, se plaignait beaucoup de ce genre de détail quand ils étaient ado. Jax n'a jamais compris. Il pousse un long soupire, termine sa part de pizza et tourne son visage en direction du ventre de Louisa. Une fois encore, le nombril de la mère est à quelques centimètres de ses lèvres. Il se met à fredonner en Tswana.
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Dernière édition par Jackson Mills le Ven 5 Mai 2023 - 8:43, édité 1 fois
« Dans 20 semaines, à peu près, si on a de la chance » haussais-je les épaules lorsque Jackson me demande quand nous pourrions connaître le sexe du bébé « Tu aimerais le savoir tout de suite ? Où te garder la surprise jusqu'au bout ? » Demandais-je en tournant mon regard vers mon meilleur ami. Ma décision de savoir le plus vite possible si je vais accueillir un garçon ou une fille est prise, mais je ne suis pas la seule concernée et l'avis de Jackson est tout aussi important que le mien ou celui d'Erika. Cette question est, finalement, une façon comme une autre de savoir si nous sommes réellement en phase ou non.
Vient ensuite la question des prénoms et je remarque très vite que ce sujet-là risque de nous prendre un peu plus la tête que ce que j'imaginais. De mon côté, j'aimerais bien donner un prénom aux consonances africaines à l'enfant, mais je refuse de tomber dans le cliché. Déjà que le futur humain va avoir un peu de mal à s'intégrer correctement dans cette société qui n'est pas forcément faite pour lui, je ne souhaite pas, en plus, lui compliquer la vie en l'affublant d'un prénom trop connoté.
S'installant sur le canapé de façon à avoir la tête posée sur mes genoux, Jackson écoute mes arguments ...Et trouve directement des contres arguments ! Posant mon regard sur lui, je me rends réellement compte qu'en vrai, il n'a pas tout à fait tort lorsqu'il dit que, même si nous ne sommes pas vieux lui et moi, les temps en changés et que, de toute manière, il ne laissera jamais son gamin penser qu'il doit s'excuser d'être comme il est « On est d'accord sur ce point, clairement » je souris doucement et caresse les cheveux crépus de mon meilleur ami « Mais est-ce qu'on ne pourrait pas lui faciliter la vie en lui donnant un prénom qui n'est pas trop dur à porter ?» j'incline légèrement la tête sur le côté « Je veux dire… Exit tout ce qui est Simba, Nala ou Rafiki, ok ? » Je soupire doucement « il y a tellement de beaux prénoms qui n'ont pas été utilisé d'une quelconque manière. »
Me perdant un instant dans mes pensées, c'est Jackson qui me remet sur terre lorsqu'il reprend qu'il fera tout pour pas que sa fille ne croit qu'elle sera plus jolie avec les cheveux lisses ou un nez plus fin. « Ah ben ça… Va falloir que tu t’entraînes sur moi pour faire des tresses correctes alors ! » dis-je en laissant échapper un rire et en venant lui tapoter la joue « Non t'inquiète, je m'occuperais du côté esthétique des cheveux et je lui ferais aimer ses boucles » hochais-je la tête « Toi, tu t'occuperas de lui donner des cours d'auto-défense » je souris doucement et prends une profonde inspiration « Et puis qu'est-ce que tu feras si elle te dit qu'elle préfère faire du poney plutôt que de la boxe, hum ? » Sans perdre mon sourire, j'incline légèrement la tête sur le côté et l'observe avec une moue interrogatrice « j'ai hâte et peur en même temps. Mais je crois que l'excitation est plus grande quand même. »
« J'veux savoir ! » Évidemment qu'il veut. Sinon comment pourra-t-il se préparer à la venue du bébé quand il réalise d'ores et déjà qu'il est complétement à la bourre en ce qui concerne les examens, les suivis et toutes ces grandes étapes se profilant à l'horizon. Jackson n'est pas anxieux, mais la volonté de bien faire habite chaque cellule de son corps. C'est pourquoi la question du prénom, première d'une longue série d'autres casse-têtes à venir, lui tient à cœur. L'agent a l'impression que foirer ce choix donnerait un faux départ dans la vie de sa progéniture. Il comprend le point de vue de Louisa et se satisfait de voir que dans leurs réflexions divergentes se lit tout de même le soucis commun d'offrir à leur enfant une identité qu'il sera capable de s'approprier sans souffrir du jugement d'autrui. Jax finit par lâcher un « Cherchons encore un peu, on en reparle quand on saura le sexe. » 20 semaines pour trouver un compromis. À trois cerveaux sur le coup, Mills se dit qu'ils finiront par mettre le doigt sur LE prénom qui convient. Mentalement, il note d'appeler Erika et d'avoir avec elle une conversation sur les limites de ce qu'elle trouve acceptable. Ils en ont convenus avant qu'Aquilla et lui ne partent pour la Nouvelle-Zélande : cette affaire de co-parentalité ne pourra fonctionner que si la communication est fluide et sincère entre chacun des membres de leur trio.
Tandis qu'il fredonne contre son nombril, Louisa le taquine. Pour avoir plusieurs fois porté les dreads, Jax sait que l'entretien des cheveux est une affaire épouvantable. Pas pour rien qu'il se rase la tête. À peine s'il garde un dégradé sur le côté, histoire de séduire les filles en soirée. Mais s'il est question de cour d'auto-défense, il sera l'homme de la situation. « Et puis qu'est-ce que tu feras si elle te dit qu'elle préfère faire du poney plutôt que de la boxe, hum ? » Mills se fige. Il n'avait pas envisagé cette éventualité. Fleming s'en amuse, il peut le voir dans la façon qu'elle a de sourire tout en penchant la tête. « J'lui dirai que les poneys ça se mange et qu'on ne joue pas avec la nourriture ! » Répond-il dans un éclat de rire après avoir planté l'un de ses doigts dans les côtes de la pilote. Louisa gigotte sur place, Jax en profite pour se redresser et prendre une bière. Lui aussi grimace au moment de porter l'alcool à ses lèvres. La boisson a le goût d'eau croupie. « J'ai hâte et peur en même temps. Mais je crois que l'excitation est plus grande quand même. » Il pose une main sur la cuisse de Lou qu'il gratifie d'une pression encourageante. « J'ai hâte aussi. » Son regard se perd un instant dans le vide. Mills imagine : le parc, la poussette, les balançoires, les parties de cache-cache, les premières fois à vélo, le tobogan ... Il aimerait pouvoir mettre un visage sur ce mini-lui qu'il visualise à ses côtés, entourés d'Erika et de sa meilleure amie.
« Alors tu te maris obèse ou t'attends d'avoir retrouvé la ligne ? » Tacle-t-il sans prévenir, avec un sourire de sale gosse. Ils se sont promis que cette nuit de sexe ne changerait rien entre eux et c'est le cas. « J'te porte jusqu'à l'autel si tu veux. »