Vivre au ralenti représentait souvent un rêve qui n’était pas accessible à tout le monde, mais Halston ne faisait pas partie de ces personnes qui n’attendaient que cela, au contraire la mise à l’arrêt s’était imposée à elle. Se déconnecter de sa vie effrénée aurait dû être une évidence plus tôt, mais ne rien faire de ses journées n’avait jamais été une option pour elle, cela ne faisait pas partie de sa vision du quotidien d’une femme enceinte. L’américaine qui aimait autrefois être discrète, craignait que son manque de visibilité dans sa propre agence lui fasse perdre en importance aux yeux de ses collaborateurs ou pire encore, que cela ne leur donne l’envie de la remplacer. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait dû se faire violence pour ne pas appeler Donna, elle avait mis en place des tactiques pour penser le moins possible à son travail, comme celle d’écumer un grand nombre de magasins pour enfants. Halston n’avait jamais effectué autant de shopping de sa vie, Eddie avait pu le constater en observant le nombre grandissant de sacs qui trônaient dans la chambre de leur bébé. Est-ce qu’il trouvait qu’elle en faisait trop ? Peut-être, mais il ne le lui avait jamais dit, probablement parce qu’il était heureux de voir que son sens des priorités avait véritablement changé au cours de ces quatre dernières semaines. Elle avait progressivement apprit à apprécier cette inactivité, qui lui avait permis de renouer avec de nombreux proches, plus un jour ne se passait sans qu’elle ne passe ou ne reçoit un appel. La brune essayait de profiter de ce temps libre pour recoller les morceaux avec sa famille, qui semblait de plus en plus réceptive à l’idée de faire des excuses au danseur, qui n’avait plus recroisé leur chemin depuis son unique voyage à Los Angeles. Cette possibilité l’apaisait plus qu’elle ne l’avait imaginé, elle abordait plus sereinement la venue imminente de son enfant dans un monde où il ne serait pas entièrement privé de ses liens du sang.
Les départs d’Eddie réveillaient rarement la future mère, mais cette matinée était différente des autres, elle l’avait observé quitter leur chambre sans dire un mot. Elle ne voulait pas qu’il se sente coupable de l’avoir tiré de ses songes, ni qu’il ne prenne de retard. Il était sur tous les fronts, elle l’admirait presque tout autant qu’elle ne s’inquiétait pour sa santé. Halston se leva doucement de son lit et s’approcha de la fenêtre qui lui permettrait d’avoir la meilleure vue, elle retira le rideau et admira des oiseaux qui se trouvaient sur le toit, elle esquissa un sourire jusqu’à ce qu’elle ne comprenne que quelque chose clochait. Un liquide venait de couler le long de ses jambes, elle baissa sa tête et découvrit une flaque d’eau à ses pieds. Ses yeux verts s’écarquillèrent, elle aimerait croire qu’elle était victime d’une hallucination, mais la scène était plus que réelle. Elle saisit rapidement la poignée de sa fenêtre, qu’elle ouvrit avant de chercher son compagnon du regard. Il s’apprêtait à partir avec sa moto, avant qu’il ne la démarre elle se mit à hurler de toutes ses forces. « EDDIE NE PARS PAS. » Le rythme cardiaque de la brune s’affolait, elle avait réussit à capter son attention mais cela ne l’aidait pas à l’affaiblir. « LE BÉBÉ ARRIVE. » L’affolement prit le dessus, elle se baissa après avoir senti de fortes contractions. Elle ferma ses paupières et se répéta qu’il était beaucoup trop tôt pour lui donner naissance. Halston essaya vainement de se concentrer sur sa respiration, d’appliquer les conseils qui lui avaient été donnés durant ses cours de préparation à l’accouchement. Eddie finit par la rejoindre dans leur chambre, elle n’arrivait plus à lui adresser la parole, ses yeux étaient remplis d’un mélange de détresse et de culpabilité. Il était si dur de lui faire face après avoir autant tardé à se mettre au repos, malgré de nombreux avertissements. Et s’il perdait la vie par sa faute ? Elle ne se le pardonnerait pas.
Jamais un trajet en voiture ne lui avait paru si long, mais elle ne lui ordonnera pas une seule fois d’aller plus vite, un accident à un tel moment serait pire que tout. Les contractions étaient de plus en plus douloureuses, allaient-ils arriver à temps ? Elle expira et essaya de se calmer suffisamment pour mieux maîtriser sa respiration, voir l’hôpital qui se dessinait au loin l’aida à reprendre le contrôle. Ils arrivèrent à destination et elle fut temporairement séparée d’Eddie, afin de la mettre dans une tenue plus adéquate. Elle le chercha du regard avant d’entrer dans la salle d’accouchement, le médecin autorisa le danseur à y rentrer avec eux. L’équipe médicale continua de la préparer, elle fut branchée à de multiples machines pour surveiller la santé de son bébé et de son propre corps. Les contractions se firent de plus en plus rapprochées et intenses, Halston commença à pousser. Elle souffrait atrocement, mais elle faisait de son mieux pour l’ignorer afin de libérer son bébé de son ventre le plus rapidement possible. La directrice de l’agence de stars profita de la proximité du père pour lui serrer la main le plus fortement possible. Elle vint à bout de son accouchement au bout de plusieurs heures, le nourrisson était désormais dans les mains du médecin, mais il n’émettait pas le moindre son. Halston retint son souffle l’espace d’une minute qui ressembla à une éternité, le bébé se mit enfin à pleurer, ce qui lui déclencha instantanément des larmes de joie. « Je... je peux le prendre ? » Demanda-t-elle, impatiente de le sentir contre sa peau. Elle reçut une réponse affirmative et se retrouva avec son nourrisson dans les bras. La brune l’observa avec attention avant de lui adresser la parole pour la toute première fois. « Welcome to the world, Sasha Jae Yang. » Le petit garçon semblait avoir prit tous les traits de son père, il était brun aux yeux sombres, s'apercevoir qu'il était aussi bien partie pour être le portrait craché d'Eddie lui donnait l'impression que ses souhaits avaient été entendus. « Tu es une petite merveille, tu le sais ça ? » Même si tu m’as causé une horrible frayeur. Halston détourna sa tête en direction d’Eddie. « Tu peux le prendre si tu veux. » Les occasions d’en profiter seront nombreuses pour elle, elle ne pouvait pas en dire autant du danseur qui ne pourra probablement pas passer autant de temps avec son fils dans les jours à venir. La brune n'était pas totalement soulagée, être heureuse de voir le fruit de leur amour ne l'empêchait pas de saisir que Sasha était un petit être plus fragile que la majorité des nouveaux-nés. Elle caressa sa joue et lui promit intérieurement qu'elle ferait tout pour le protéger et le faire grandir au mieux, qu'elle ne commettrait plus d'erreurs pouvant mettre en péril sa santé.
With life just begun, my sleeping new son has eyes that roll back in his head. They flutter and dart, he slows down his heart and pictures a world past his bed. It's hard to believe as I watch you breathe, your mind drifts and weaves. When you dream, what do you dream about? Do you dream about music or mathematics or planets too far for the eye? When sleep sets in history begins, but the future will win when you dream.
C'est une matinée en apparence comme les autres qui tire le danseur de ses draps et un mercredi d'intenses répétitions qui l'attend déjà au théâtre. La préparation de son spectacle s'inscrit désormais dans une routine qu'Eddie connait sur le bout des doigts tandis que ses journées à la Northlight se veulent réglées comme du papier à musique, de quoi l'amener de plus en plus souvent à se sentir comme un robot prisonnier du célèbre moto, boulot, dodo. S'il a encore une vie en dehors du théâtre c'est uniquement parce qu'il se fait violence pour ne pas le quitter à des heures trop indécentes mais il n'en a pas moins l'impression d'y être éternellement fourré, et ne compte plus les heures de sommeil sacrifiées pour s'assurer de passer un maximum de temps auprès d'Halston quand le temps est très précisément ce qui lui manque en ce début d'année. Ses nuits sont écourtées au profit de soirées avec sa compagne auxquelles le danseur ne renoncerait pour rien au monde, préférant encore accumuler une fatigue susceptible de le faire plier à tout instant que de perdre ces précieux moments précédant la venue de leur enfant. Ils ne dureront pas, tous deux en sont bien conscients et les choses seront aussi amenées à changer drastiquement quand un petit être viendra s'ajouter à leur foyer sans que ni l'un ni l'autre n'y soient encore réellement préparés. Au fond de lui Eddie redoute de ne pas être présent le jour où le bébé choisira de pointer le bout de son nez, déplorant même déjà que le théâtre ne soit pas assez près pour lui permettre de revenir aussi vite qu'il l'aimerait et pourtant la question n'est pas censée se poser dans l'immédiat, pas alors que leur enfant est attendu pour la mi-avril comme le terme de la grossesse l'exige.
Ses craintes de futur papa s'accompagnent donc aussi de la peur d'échouer dans son rôle dès les tous premiers instants, réaliste quant au fait que ses projets au théâtre l'accaparent à outrance et qu'Haston ne peut compter sur lui qu'à distance lorsque son travail ne lui permet pas d'être aussi présent qu'il le voudrait. Et ce travail, Eddie est bien forcé d'admettre qu'il s'y rend un peu à reculons depuis que la pression du spectacle a raison de son énergie et du plaisir qu'il peut y prendre, faisant de lui une véritable boule de nerfs qui n'est un cadeau pour personne à commencer par ses collègues. Il aimerait se dire que cette journée sera un peu plus reposante que les dernières mais il sait déjà qu'il n'en sera rien, tout comme il sait que la semaine promet d'être encore longue et que le repos ne sera une fois de plus pas une option pour lui. Un repos qu'Halston a par ailleurs bien mérité, celle-ci semble même toujours entre les bras de Morphée lorsqu'il s'empare de son casque pour rejoindre le théâtre après avoir une fois de plus sauté son petit-déjeuner. Il grignotera quelque chose sur place comme il le fait toujours, attendant bien souvent la venue de ses vertiges pour se donner cette peine mais tout porte à croire qu'Eddie ne passera pas les portes du moindre théâtre cette fois, tout comme sa moto pourrait bien elle aussi rester à sa place dans l'allée du garage. Le danseur est pourtant sur le point d'enfourcher celle-ci quand une voix l'interpelle subitement depuis la fenêtre de sa chambre, lui hurlant de ne pas partir avant que trois mots ne fassent rater tous les battements du monde à son cœur. Son casque abandonné à même le sol, Eddie se précipite à l'intérieur pour retrouver sa compagne à l'étage, de toute évidence aussi affolée que lui. « Il arrive, tu.. tu es sûre ? » C'est beaucoup trop tôt, il ne peut pas s'empêcher d'y penser alors qu'un rapide examen du sol lui permet de constater de ses propres yeux que le travail a bel et bien commencé. « Okay, okay. » Il n'a pas de le droit de céder à la panique, ce n'est tout simplement pas le moment de perdre son sang-froid et jamais ses responsabilités au théâtre ne lui ont paru si loin qu'à cet instant. Eddie n'a alors plus qu'une idée en tête et celle-ci consiste à remplir son rôle de père comme de conjoint sans laisser l'occasion à ses émotions de l'envahir, en s'assurant qu'Halston ne doive pas accoucher à leur domicile sans l'assistance nécessaire. « On va tout de suite à l'hôpital. » il tranche alors, n'ayant besoin que d'une seconde pour le faire entendre et de quelques autres pour mettre la main sur les clés de voiture de l'américaine. Une chance que le danseur ait obtenu son permis tout récemment et ne soit désormais plus un simple passager de ce véhicule, de quoi l'autoriser à prendre la route sans attendre en direction d'un hôpital qu'il ne pensait pas revoir si vite.
Leurs premiers pas sont à peine effectués dans ces longs couloirs blancs qu'Halston est déjà prise en charge et amenée en salle de travail, où Eddie demande aussitôt à se rendre lui aussi car l'idée de la savoir seule au beau milieu de ces machines lui tord déjà le ventre. Il ne peut pas envisager un accouchement dont il ne ferait pas partie, pas en connaissant le rôle qu'un père peut jouer auprès de la future maman et sa présence lui semble d'autant plus indispensable lorsque les premiers cris de douleur de sa compagne retentissent à travers la salle. Une douleur qu'Eddie aimerait pouvoir lui ôter pour l'endosser à sa place mais à défaut d'en être capable, c'est une main prévenante qui s'empare de la sienne pour affronter cet éprouvant moment avec elle. Il s'interdit formellement de rompre ce contact comme de tourner de l'œil, quand bien même la fatigue mêlée à ces émotions fortes le rendent bien peu résistant face à cet océan menaçant de l’emporter. Il a autant peur pour Halston que pour leur enfant, craignant les complications qui pourraient advenir mais refusant pour autant de le montrer face à elle. Elle ne doit surtout pas sentir la terreur qui l'habite, peu importe à quel point il doit ici faire semblant. « Respire mon amour, tu y es presque. » il souffle en maintenant toujours sa main dans la sienne, son regard naviguant quant à lui entre l'américaine à bout de forces et cette tête que les sages-femmes disent apercevoir. Les prochaines minutes paraissent durer des heures et c'est finalement en début d'après-midi que leur petit trésor vient au monde, un poids plume comme se plait déjà à le nommer l'équipe médicale mais avant tout un bébé en bonne santé apparente, d'après les premiers mots qui leur parviennent. Eddie ne s'autorise toutefois à respirer qu'à l'entente des pleurs de son enfant, nichant son visage contre l'épaule d'Halston avant d'embrasser tendrement cette dernière. Le danseur habituellement trop fier laisse pour une fois échapper quelques larmes devant elle, comme un écho aux toutes premières que sa compagne avait aperçu chez lui le jour où sa grossesse lui avait été dévoilée. Ces larmes, Eddie les dédie une nouvelle fois à son fils et son regard attendri ne parvient plus à s'en détacher dès lors que le nouveau-né est confié aux bras de sa mère. « Vous êtes magnifiques. » Halston est la plus belle des mamans et Sasha le plus beau des bébés, un prénom que le couple avait d'ailleurs gardé secret tout comme son second, dont la signification n'a pas été non plus choisie au hasard. Le tout jeune papa se tient néanmoins en retrait dans la chambre, surpris par ce rôle lui tombant dessus bien plus vite que prévu mais aussi craintif de s'imposer dans ce moment entre la mère et l'enfant, avant que l'occasion de prendre son fils ne lui soit offerte à son tour. « J'aimerais beaucoup oui, en peau à peau si c'est possible. » il laisse entendre à l'attention de la sage-femme, se souvenant avoir lu les nombreux bienfaits de ce contact durant ses innombrables recherches. Il serait idéal pour apaiser le rythme cardiaque de l'enfant comme pour réguler sa température, en plus de faciliter son sommeil et d'aider à son développement, un contact d'autant plus préconisé dans le cadre d'une naissance prématurée comme le lui confirme la sage-femme parlant pour sa part d'une méthode kangourou. Eddie est donc invité à retirer sa veste et son t-shirt avant de prendre place sur le siège le plus proche, accueillant contre lui le petit Sasha qu'il enveloppe tendrement de ses mains avec toute l'hésitation que l'on imagine. « Tu étais pressé de rencontrer ta maman et ton papa, hein mon cœur. » Si pressé qu'il n'aura même pas attendu la fin du mois pour les honorer de sa venue, prenant de court ses parents mais les comblant malgré tout d'un bonheur évident. Eddie tourne délicatement sa tête vers Halston pour ne pas brusquer leur enfant, regrettant à cet instant de ne pas pouvoir tendre sa main pour s'emparer de la sienne. « Qu'est-ce qu'il est beau notre petit bélier. » Il est aussi très petit mais cette pensée, le danseur la garde pour lui. Ses idées sont encore trop confuses pour faire le lien entre son arrivée prématurée et la mise au repos tardive de sa compagne, l'heure n'étant pas à la recherche du moindre responsable mais bien à la contemplation de ce petit être qu'Eddie n'est pas peu fier de pouvoir appeler mon fils.
Quelques heures s'écoulent durant lesquelles Halston goûte à un repos une fois de plus bien mérité, probablement exténuée par une mise au monde dont le danseur ressent lui aussi le contre-coup. Il n'a pas donné la vie mais ce trop-plein d'émotions n'est pas loin de l'assommer à son tour, même s'il s'interdit de piquer du nez sur ce fauteuil sans s'être d'abord assuré que sa compagne allait bien. Une garantie qu'Eddie va enfin pouvoir obtenir tandis qu'il s'en rapproche doucement, remarquant ses yeux ouverts et étirant un sourire avant de déposer un baiser sur son front. « Comment tu te sens ? » Elle doit être épuisée, le contraire l'étonnerait assez et son regard se charge à lui seul de traduire combien il peut être fier d'elle. Halston a été courageuse aujourd'hui et même si l'arrivée précoce de leur enfant soulève quelques questions, il ne veut pas encore l'ennuyer avec ça ni même y penser de son côté. « Tu as dormi un peu et maintenant c'est au tour de notre fils. » il l'informe avec calme, sans préciser que Sasha se trouve désormais en couveuse dans le service de néonatalogie, à quelques portes de là. Elle s'en doute peut-être déjà et peut de toute façon demander à le voir quand elle le souhaite, l'équipe médicale souhaitait simplement qu'elle puisse reprendre des forces après l'accouchement et Eddie n'a lui-même pas osé la réveiller lorsque leur fils a été transféré. « J'ai parlé avec l'un des médecins et il préconise que tu restes hospitalisée quelques jours. Ce sera un peu plus long pour Sasha, possiblement jusqu'au terme. » Et cette nouvelle n'est pas celle qu'il aurait personnellement aimé recevoir, pas alors qu'il redoute déjà la séparation avec son enfant et Halston. L'inquiétude se lit d'ailleurs sur les traits du danseur dont les gestes sont un peu nerveux au moment de caresser sa joue, et cela même s'il voudrait ne rien en montrer. « On ne peut pas totalement exclure le risque de complications d'après eux mais il va bien, c'est la première chose qu'on m'ait dite. » C'est aussi la première chose qu'Eddie leur ait demandé, réellement soucieux du fait que la naissance soit arrivée si tôt. C'était sa crainte et Halston le sait, il laisse alors s'installer un silence de plusieurs secondes avant de reprendre, dans un soupir. « J'ai aucune envie de rentrer à la maison sans vous. » Cette perspective l'effraie, autant que celle de ne pas parvenir à assurer ses allers-retours à l'hôpital tous les jours. Il fera de son mieux comme toujours mais prédit déjà que sa concentration au théâtre sera proche de zéro à compter d'aujourd'hui, aussi longtemps que sa petite famille peinera à être réunie.
Rien ne devait être imaginé à l’avance, son âge rendait les choses trop incertaines et pourtant, Halston avait su l’oublier durant cet avant-dernier mois de grossesse. Elle s’était enfermée dans une bulle, dans laquelle elle apercevait un futur radieux sans l’ombre d’un nuage, elle n’avait jamais cessé de soulever la page du mois de mars pour regarder celle d’avril en souriant bêtement. Allait-il faire l’exploit de voler l’anniversaire de son père ? Serait-il son sosie à ce point-là ? Peut-être bien que oui, plus les jours avançaient et plus elle avait un fort pressentiment qu’elle donnerait naissance à un garçon. La directrice de l’agence de stars avait gardé cette pensée pour elle, mais elle relut le livre de prénoms en sa possession avec encore plus d’attention du côté des appellations masculines. Il lui arrivait de regarder Eddie au loin, avec un sourire en coin, se doutant qu’il n’arriverait jamais à percer ses pensées. Ces moments lui paraissaient déjà lointains, maintenant qu’elle se retrouvait devant cette fenêtre ouverte, à implorer de ne pas partir au père de son enfant. Une scène qui n’avait rien à voir avec celle qui l’avait imaginé, mais qui aurait pu être pire si le danseur s’était empressé de partir, un comportement qui l’aurait étonné puisqu’elle avait l’impression qu’il avait de plus en plus de mal à se détacher d’elle. Est-ce qu’il avait pressenti ce qui allait arriver ou était-il simplement heureux d’avoir retrouvé une vie de couple à peu près normale ? La question ne lui sera probablement jamais posée. Il la rejoignit sans attendre, lui demanda la confirmation que le bébé arrivait, elle hocha de la tête avant de regarder une nouvelle fois le sol. Observer à son tour cette flaque lui enleva tous les doutes qui pouvaient subsister. Il semblait avoir la tête relativement froide, assez pour l’aider à rejoindre sa voiture et retrouver des clés qu’il n’avait pourtant pas encore l’habitude de prendre. La directrice de l’agence de stars garda péniblement les yeux ouverts dans l’habitacle de son véhicule, elle observait Eddie dès qu’elle le pouvait car la vision de son visage la rassurait, à défaut de pouvoir saisir sa main.
Elle ne voulait pas être séparée de lui, la crainte d’entendre le personnel médical dire qu’il ne pourrait pas rester parce qu’il s’agissait d’un accouchement compliqué, était bien présente. Halston ne se sentait pas en position de faire la moindre exigence, mais elle savait qu’il n’hésiterait pas à en faire de son côté. L’américaine observa vaguement le danseur s’approcher d’elle, avant de se concentrer une nouvelle fois sur son travail tout en cherchant à se défouler en exprimant librement sa douleur. Un tourment qui allait peut-être affecter son compagnon, mais sur lequel elle n’avait pas d’emprise, elle ne pouvait rien faire pour le diminuer ou le masquer. Eddie était suffisamment attentif pour remarquer à quel moment elle était le plus épuisée, il lui donna l’encouragement dont elle avait besoin pour aller jusqu’au bout. Elle sentit finalement les derniers centimètres de son enfant sortir, le cordon ombilical fut coupé et ses yeux partirent à la recherche de son bébé. Un bébé petit et silencieux, mais sa taille n’était pour le moment qu’un problème secondaire. Les mots du personnel médical ne parviendront à la rassurer qu’à l’instant fatidique où elle l’entendit pour la première fois. Le danseur exprima son soulagement en déposant son visage sur son épaule, avant de faire entrer en contact leurs lèvres. Une fois libérée de ses lippes, elle demanda à ce qu’on lui confie son nourrisson. Les yeux de la brune n’arrivaient plus à le quitter, jusqu’à ce qu’elle n’entende le compliment de son compagnon. « Sasha te ressemble tellement. » Est-ce qu’il avait prit le moindre gêne des Hargreeves ? Elle le saura certainement un peu plus tard, elle avait examiné suffisamment d’évolutions de bébés pour savoir qu’ils pouvaient beaucoup changer, mais elle espérait qu’Eddie et lui continueraient à se ressembler comme deux gouttes d’eau. Halston saisit sa minuscule main pour l’embrasser, avant de proposer au père de le porter à son tour. La requête du brun la fit tendrement sourire, cette première image de Sasha et lui promettait d’être splendide. L’américaine demanda à ce qu’on lui donne le portable de son compagnon, sur lequel elle activa le mode photographique pour l’immortaliser. Un cliché qu’elle développerait sans trop tarder, pour avoir l’assurance de ne jamais le perdre. Elle éteignit le portable par la suite, pour ne rien manquer des premiers mots qu’il adresse à leur enfant. Quelques larmes dévalèrent ses joues, avant qu’Eddie ne la regarde de nouveau. « Notre fils est plus beau que dans mes rêves. » La réalité pouvait encore arriver à dépasser ses espérances, même si elle se serait bien passée de cette arrivée anticipée. Halston commença à piquer du nez et finit en un rien de temps endormie.
Les paupières de la directrice de l’agence de stars s’ouvrirent en douceur, avant de cligner plusieurs fois lorsqu’elle se demanda combien de temps elle avait pu s’assoupir. Ses yeux recherchèrent la présence d’Eddie, qui se trouvait non loin dans un fauteuil. Il s’approcha d’elle et lui offrit un signe d’affection, avant de la questionner. L’interrogation était simple, mais la réponse était confuse. « Je crois que je pourrais dormir les vingt-quatre prochaines heures. » Elle exagérait sûrement un peu, en réalité elle doutait d’être capable de pouvoir se passer autant de temps sans nouvelles de Sasha. Il anticipa l’une de ses questions en lui précisant qu’elle avait un peu dormi, que leur bébé était actuellement en train de se reposer. « D’accord. » Si les professionnels de santé avaient jugé qu’il s’agissait de ce dont il avait le plus besoin, elle les écouterait sans broncher. Elle attendra un peu avant de demander à le voir. Il lui confia les préconisations du médecin, qui n’avaient rien de surprenantes, mais qui lui décrochèrent tout de même une mine déconfite sur la fin. « Oh. » Est-ce qu’elle allait vraiment devoir laisser son bébé sans elle, plusieurs jours si ce n’était plusieurs semaines ? Elle crut sentir la main de son compagnon légèrement tremblé sur sa joue. Les prochaines informations d’Eddie n’étaient pas forcément plus réjouissantes, mais elle essaya de retenir qu’il allait tout de même bien. Il ne voulait pas le moins du monde regagner leur maison sans eux, mais il n’avait pas d’autres choix. « Je t’aurais bien gardé à mes côtés, mais tu te serais tout autant ennuyé que moi. » Il avait au moins l’avantage de ne pas avoir à passer d’interminables journées dans un hôpital. « Et toi comment tu te sens ? » Le ressenti d’Eddie était tout aussi important que le sien, elle sentait qu’il ne lui avait pas tout dit. « J’ai eu si peur... Je ne sais pas ce qu’il serait advenu de nous si le travail avait commencé juste après ton départ. Tu crois qu’il est trop tard pour se mettre à prier très fort ? » Halston n’était pas vraiment ce qu’on appelait une grande croyante, même si dans le fond elle pensait qu’il existait tout de même une force supérieure planant au-dessus de leurs têtes. Elle n’avait jamais eu autant besoin de l’existence de cette entité.
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Jamais Eddie n'aurait pu croire que sa journée commencerait ainsi car parmi tous les imprévus que le danseur et sa compagne auraient pu rencontrer, l'arrivée prématurée de leur enfant était bien le dernier auquel tous deux pouvaient s’attendre. Un imprévu aussi déconcertant qu’angoissant parce qu'il n'aurait pas fallu grand-chose pour qu'il prenne la direction du théâtre et pour qu'Halston se retrouve seule, incapable de le joindre ou tout du moins pas assez vite. La Northlight n'est pas vraiment la porte à côté et ces minutes dont Eddie aurait eu besoin pour effectuer le trajet jusqu'à celle-ci sont tout autant de minutes que l'américaine aurait pu passer à s’alarmer et à maudire le fait qu'il ne soit pas parti avec un peu de retard, cette fois-ci. C'était à lui de la conduire à l'hôpital, il était même convenu depuis le départ que le danseur serait présent lors de la naissance car l'idée de rater la venue au monde de son enfant aurait été inconcevable pour un papa déjà si investi. Son rôle, Eddie avait à cœur de l'honorer dès les toutes premières secondes et il sait que sa compagne n'aurait pas non plus voulu aborder un tel moment sans lui, pas alors que la perspective d'accoucher en avance avait déjà de quoi l'effrayer et certainement aussi de quoi la faire culpabiliser. Un peu plus de trois semaines, c'est le temps qu'ils pensaient tous deux avoir avant que leur vie ne soit amenée à changer si brusquement mais l'impatience est visiblement un trait de famille très marqué chez les Yang, une pensée qui aurait de quoi l'amuser si cette précocité ne s'accompagnait pas de complications éventuelles, et si Eddie n'était pas avant tout inquiet pour la maman et le bébé. C'est une naissance comme cet hôpital doit en voir passer beaucoup mais Halston présente une grossesse à risques, nécessitant une prise en charge en urgence qui n'aide évidemment pas à le rendre plus serein. Les tensions qui ont secoué leur couple en début d'année semblent bien loin dans cette salle d'accouchement où sa main ne lâche plus celle de l'américaine et où chaque parole, chaque regard et chaque pensée du danseur se veulent orientées vers Halston. Elle est officiellement le centre de son monde jusqu'à ce qu'un petit trésor prénommé Sasha ne vienne à son tour illuminer son univers, faisant de lui le père qu'il désirait tant devenir même si ce rôle, Eddie n'y est pas le moins du monde préparé. Ses pas sont d'ailleurs hésitants dans la pièce alors qu’il prend encore difficilement conscience du raz-de-marée qu'ils viennent de connaitre tout comme du fait qu'ils figurent désormais au nombre de trois. Ce n'était pas censé être le cas avant le mois d'avril et cette idée lui rappelle que leur maison n'est pas tout à fait prête à l'accueillir, Eddie met néanmoins très vite de telles pensées de côté pour se concentrer sur son fils, dont les traits sont déjà très semblables aux siens d'après l'américaine. « Tu penses qu’il est trop tard pour espérer qu’il aura tes yeux ? » questionne-t-il dans un sourire, conscient que la couleur des yeux de leur enfant ne sera définitive qu'au bout de plusieurs mois et qu'ils ne seront pas fixés avant ça. Le danseur espère encore un joli mélange de leurs origines même s'il ne se plaindrait pas que Sasha soit finalement sa copie conforme, comme il semble de toute évidence en prendre le chemin. Sa petite taille serait presque oubliée au profit de son adorable frimousse, qu'Eddie ne se lasse pas de contempler alors que l'enfant repose désormais contre lui. Non loin de là Halston se charge quant à elle de capturer le précieux moment, lui faisant aussitôt regretter de ne pas avoir meilleure mine pour le tout premier cliché de leur enfant même si son sourire est sincère, et son regard déjà très protecteur. « Je l'avais senti tu sais, au fond de moi j'étais presque convaincu que ce serait un garçon. » Eddie ne saurait pas vraiment l'expliquer, c'est une chose qu'il ressentait en lui depuis déjà quelques temps et il serait curieux de savoir si sa compagne avait pu s'en douter elle aussi, via notamment son lien privilégié avec l’enfant. Le petit garçon comble en tout cas ses parents de bonheur après la frayeur de son arrivée surprise, sur laquelle hier encore personne n'aurait pu miser et en ce sens, Sasha sait de toute évidence déjà comment se faire remarquer.
Le réveil de l'américaine permet à Eddie de se sentir un peu moins seul après avoir déjà passé les dernières heures loin de leur fils, des heures dont le danseur aurait d'ailleurs pu profiter pour dormir à son tour ou pour prendre l'air mais la vérité est qu'il n'a pas quitté cette chambre depuis qu'Halston y a fermé les yeux, craignant bien trop de rater le moment où elle reviendrait à elle ou la moindre nouvelle provenant des médecins. La fatigue de la jeune mère s'entend et se comprend, Eddie passe alors une main délicate sur son bras tout en la couvant d'un regard prévenant. « Tu as bien mérité de te reposer, dis-moi surtout si tu veux que je te laisse. » Il ne souhaite pas troubler son repos, pas alors qu'Halston a toutes les raisons du monde à ses yeux d'être épuisée et c'est une chose qu'ils ont finalement en commun tous les deux, quand bien même Eddie consent bien moins à reconnaître sa propre fatigue. Il préfère ensuite ne rien cacher à sa compagne, ni le fait qu'elle restera à l'hôpital plusieurs jours par mesure de précaution, ni le séjour que leur fils devra aussi y effectuer et qui dans son cas, promettra d'être plus long. Le regard de l'américaine en dit long sur ce que ces deux nouvelles lui procurent, un mélange d'espoir et d'appréhension que le danseur connait bien pour le ressentir lui aussi depuis que les médecins ont été d'une grande transparence à son égard. S'il avait pu choisir, bien sûr, le danseur serait resté à ses côtés ainsi qu'après de leur enfant mais Halston ne croit pas si bien dire en supposant qu'il y aurait trouvé le temps long, dans l'hypothèse où il n'aurait pas eu un spectacle à superviser et des chats desquels s'occuper. « Je n'aime pas les hôpitaux en plus, tu le sais. » il soupire alors, n'ayant sans doute pas besoin de lui rappeler pourquoi il entretient des rapports aussi compliqués avec ces derniers. Ses deux précédents séjours ici ne lui ont laissé que d’amers souvenirs, aussi bien son opération du genou que le geste de Diana, qui lui avait déjà valu d'interminables heures d'attente dans ces longs couloirs blancs. « Les journées seront si longues en vous sachant ici. » Eddie se retient même d'ajouter qu'il doute de trouver la motivation pour travailler durant les prochains jours, quand il semble évident que ses pensées seront ailleurs et que l'envie de les retrouver chaque soir sera de loin la plus forte. « Mais tu sais que je viendrai dès que je le peux, pas vrai ? Et je compte bien aussi terminer la chambre de Sasha pour que tout soit prêt à sa sortie, ça occupera mes soirées au moins. » C'est l'objectif que le danseur se fixe au lieu de se laisser tourner en rond dans leur maison car certaines finitions se doivent encore d'être faites pour que la chambre de leur fils soit telle qu'Eddie l'a imaginée ainsi que prête à accueillir ce dernier. Son regard ne fuit pas celui de l'américaine lorsqu'elle cherche à savoir comment il se sent, refusant de lui mentir quant à ce qui relève à présent de l'évidence. « Très fatigué, pour être honnête. Et même si les médecins n'ont rien laissé entendre d'alarmant je n'aime pas le savoir seul en couveuse, ni me dire qu'il ne rentrera pas avec nous tout de suite. » Cette idée lui fait sacrément mal au cœur même s'il sait que c'est pour son bien, car Sasha est encore trop fragile pour quitter cet hôpital et affronter le monde extérieur. « Ce n'est pas ce que j'avais imaginé et moi aussi, tu sais, j'ai eu vraiment peur. Pas seulement pour lui mais pour toi, aussi. » Sa main vient tendrement chercher la sienne tandis que son regard se charge d'appuyer ses mots, à défaut que son attitude un peu plus tôt ait trahi la peur dont il parle. Eddie n'a pas voulu montrer avant ça combien il était terrorisé car Halston n'avait pas besoin que son agitation s'ajoute à la sienne mais à présent il peut le dire, oui, il a eu peur de les perdre et a même songé au pire choix qui pourrait lui être demandé. Mais tout devrait bien se terminer à présent, c'est ce qu'Eddie ne cesse de se répéter alors qu'il ne saurait pas vers qui orienter ses prières comme Halston le suggère. « Tu es libre de prier mon amour si ça t'aide, mais s'il te plait ne pense pas au pire. Notre fils est entre de bonnes mains, j'ai confiance en l'équipe médicale et je sais aussi que Sasha est un battant, je l'ai senti en le tenant contre moi tout à l'heure. » Un battant comme son père, c'est ce qu'il aurait pu se dire s'il revendiquait encore la résistance qui l'animait autrefois. C’est un miracle qu’Eddie tienne encore debout compte tenu des forces dont il ne dispose plus et de la corde sur laquelle il n'en finit plus de tirer, son travail étant justement ce qui le préoccupe ensuite. « Tout le monde doit se demander où je suis passé au théâtre mais je t'avoue que là, je n'ai pas le courage de contacter qui que ce soit. » Ses priorités sont ailleurs et Eddie ne s'en cache pas, il n'a tout bonnement pas la tête à gérer ce qui peut à ses yeux bien attendre comme s'il pouvait sérieusement disparaître sans rendre de comptes à quiconque. « Je vais tout de même prévenir Charlie et sûrement aussi une autre amie. J'appellerai également Callie ce soir mais une fois la nouvelle partagée, je m'attends à ce qu'elle se répande assez vite. » Et Halston voit certainement où il veut en venir, non pas parce que sa sœur est selon lui incapable de garder un secret mais bien parce que ses parents le sentiront, en particulier si la benjamine Yang les honore d'une visite à l'hôpital. « Je ne sais toujours pas si je veux que ma mère soit présente, c'est son premier petit-enfant et je sais qu'elle m'en voudrait beaucoup de la priver de ces moments. Mais d'un autre côté.. je ne veux pas non plus qu'elle s'imagine que tout est oublié. » Sun-Hi aurait tort de penser que son fils ne lui en veut plus et ce dilemme qui se dresse face à lui, Eddie n'espérait pas non plus devoir l'étudier si tôt. « Qu'est-ce que tu ferais à ma place ? » il questionne en cherchant déjà une réponse dans les yeux de sa compagne, perdu quant à la meilleure chose à faire vis-à-vis de leur enfant. Sa mère pourrait prendre son rôle auprès de celui-ci comme acquis mais désire-t-il vraiment la priver de ce dernier ? Il en doute et se demande inévitablement si cette guerre a encore bien lieu d'être. « Tu ne risques pas de voir toute ta famille débarquer dès demain toi alors si tu veux prévenir tes parents, je comprendrais. » Les Hargreeves ne méritent pas beaucoup plus d'être prévenus à son sens mais il s'agit malgré tout de la famille de Sasha, une famille que leur fils se devra tôt ou tard de connaître.
Observer les visages des nourrissons avait toujours attendri Halston, mais elle ne s’était pas doutée de la puissance des sentiments qu’elle aurait une fois qu’elle pourrait regarder son propre enfant. S’il existait une mesure exacte de ceux-ci, il n’y avait nul doute qu’elle indiquerait qu’ils étaient à leur paroxysme. Elle avait toujours eu cette crainte de ne pas pouvoir devenir mère, même durant cette grossesse, parce que rien ne pouvait lui assurer qu’elle se terminerait bien, le soulagement était donc immense mais son inquiétude allait être remplacée par une autre, dont elle ne se souciait guère sur le moment. Les préoccupations d’Eddie différaient des siennes, c’est ce qu’elle comprit lorsqu’il lui demanda s’il pouvait encore espérer que Sasha hériterait de ses yeux. Elle ne pouvait pas prédire ce que la nature pouvait encore leur réserver, mais elle doutait fortement que ses prunelles sombres puissent s’éclaircir au point de devenir aussi clairs que les siennes. « Les Yang ont clairement pris le dessus sur les Hargreeves, alors je pense qu’il est effectivement trop tard pour l’espérer. » Un espoir qu’elle ne nourrirait pas, l’apparence actuelle de leur fils lui convenait totalement, les futures variations de celles-ci seront fortuites, mais cela ne ferait que rendre cette expérience parentale encore plus magique. Les souhaits de la brune n’avaient pas été entendus en intégralité, mais cela ne l’empêchait pas de se réjouir d’avoir un garçon très bien parti pour devenir le sosie de son père. Le danseur lui raconta pour la première fois qu’il avait pressenti qu’il s’agirait d’un fils, elle pencha sa tête sur le côté avant de lui confier à son tour ses songes. « Mon rêve d’avoir un enfant qui te ressemble beaucoup a été exaucé, il ne doit pas être un garçon par hasard. » Une fille aurait pu partager de nombreuses similitudes avec lui également, mais cela n’aurait certainement pas eu le même effet que d’avoir un garçon. « Je vais peut-être le regretter s’il développe le même tempérament que toi. » Halston était d’humeur à plaisanter, elle ne partait pas du principe que le sexe masculin le rendrait plus difficile à élever, puisqu’elle était certaine qu’ils feraient de leur mieux pour éviter les écueils qui feraient de lui un enfant imbuvable. « Si cet accouchement n’avait pas été aussi éprouvant je t’aurai bien fait la promesse de nous faire une fille la prochaine fois, pour l’instant je pense que cela va me vacciner quelques temps de l’envie d’être enceinte. » L’américaine n’aurait pas d’autres choix que de faire des enfants de façon rapprochée, si elle souhaitait vraiment avoir une famille nombreuse, mais elle n’avait pas envie d’y penser pour le moment. Sasha méritait d’avoir toute leur attention, il n’avait pas besoin que ses parents ne s’éparpillent à peine né. Les paupières d’Halston se faisaient lourdes, elle sentait qu’elle pourrait s’endormir à tout moment, mais la vision d’Eddie avec leur bébé contre lui la rassurait assez pour qu’elle se laisse aller.
Elle n’avait aucune idée de la durée de son assoupissement, mais elle était heureuse de constater que son compagnon était toujours à ses côtés. Il était prêt à s’en aller pour qu’elle puisse se reposer davantage, mais leurs discussions n’étaient pas une source d’épuisement, au contraire elle était persuadée qu’elles ne pourraient que lui être bénéfiques. L’américaine n’avait pas la moindre envie d’être seule, mais cela sera une fatalité tôt ou tard elle le savait pertinemment. « Non, je veux que tu restes autant que tu le pourras. » Le danseur avait d’autres obligations qui allaient finir par le rattraper, elle voulait profiter de lui avant qu’elles ne lui tombent dessus. Elle ne pourrait pas le garder captif et ne le voulait pas, elle ne le contraindrai jamais de rester trop longtemps dans un environnement qui le rendait mal à l’aise. « Je sais, je ne t’imposerai pas ce supplice. On pourra s’appeler, c’est plus simple. » Il serait plus facile pour lui de jongler entre son travail, leurs animaux de compagnie et l’hôpital en usant d’une technologie qui leur permettrait non seulement de se parler, mais aussi de se voir. Elle avait l’habitude d’en user et d’en abuser avec les Hargreeves, elle allait à présent le faire avec le père de son enfant. « On fera ce qu’on peut pour qu’elles soient moins longues pour nous. » Eddie craignait qu’elle ne s’imagine qu’il ne fera pas assez d’efforts pour venir lui rendre visite, tout en lui promettant qu’il terminera la préparation de la chambre de Sasha. « Je sais que tu feras de ton mieux pour tout. » Qu’elle lui répondit sans hésitation. « Ne te mets pas trop de pression pour autant. » Elle pourrait même ajouter qu’il devait se préserver, car leur fils avait besoin d’un père en forme, mais elle n’était pas sûre que souligner cette évidence soit bien nécessaire. Halston avait besoin d’entendre comment il se sentait, parce qu’elle ne le trouvait pas assez expansif sur son propre état. Il se montra franc, il n’aimait pas la situation dans laquelle ils se trouvaient, même si celle-ci n’était pas catastrophique, mais elle aurait pu l’être infiniment plus. Elle entrouvrit sa bouche, mais aucun son n’en sortit. La jeune mère n’avait jamais parlé de la possibilité qu’elle puisse être tout autant en danger que leur enfant, elle ne l’avait pas envisagé parce qu’elle ne voulait pas la croire plausible. Halston l’avait aussi mis de côté pour une autre raison, elle ne voulait pas lui demander l’inimaginable, parce qu’elle savait qu’elle lui aurait demandé de choisir le bébé avant de la choisir elle. « Eddie je suis désolée que tu aies dû subir autant de stress. Je vais bien mon amour, je m’en suis sortie, on s’en est sortis. » Ils avaient tous les deux vécu la minute la plus longue de leurs existences en attendant les premiers pleurs du bébé, mais elle ne s’était pas imaginée qu’il avait d’abord paniqué à l’idée de la perdre elle. La main de la brune serra légèrement la sienne.
Le danseur lui demanda de ne pas penser au pire, ce qu’elle avait déjà fait quelques heures plus tôt. Halston devrait se sentir beaucoup mieux maintenant, mais elle doutait d’arriver à se détendre complètement avant qu’ils ne puissent tous les trois regagner leur maison. Elle ne détestait pas autant se retrouver dans un hôpital que son compagnon, elle s’y rendait bien plus souvent que lui pour venir en aide aux enfants malades, mais penser que son fils pourrait se retrouver parmi eux un jour lui tordait le ventre. La brune ne savait pas si elle aurait encore la force de faire ces bonnes actions dans de telles conditions. Il décrivit Sasha comme un battant, elle fit aisément le parallèle avec lui, elle espéra qu’il avait aussi hérité de son fort caractère. « Bien sûr qu’il l’est, c’est ton fils après tout. » Tenir ses propos à haute voix eut pour effet de la rassurer. Les pensées d’Eddie divaguèrent vers le théâtre, auquel il n’avait pas encore donné d’explications. « Ne t’inquiètes pas, ils ne t’en voudront pas. » Elle préférait se dire qu’ils étaient avant tout humains, qu’ils pourraient comprendre que les prévenir n’était pas sa priorité absolue. Il lui donna l’ordre dans lequel il allait contacter ses proches pour propager la nouvelle, tout en sous-entendant qu’elle finira par parvenir aux Yang dès que Callie sera au courant. Halston sentit qu’il avait d’autres choses à lui dire, elle le laissa donc parler sans la moindre interruption. Il hésitait à inviter sa mère dans cet hôpital, il pouvait paraître cruel de la priver des prémices de la vie de son premier petit enfant, mais est-ce qu’elle méritait qu’elle lui pardonne son comportement aussi aisément ? « Je veux que Sasha ait une famille soudée autour de lui, ce qui me semble très compliquée à l’heure actuelle. Cependant, je ne pourrais pas accepter que Sun-Hi débarque la bouche en cœur, elle devra faire de véritables efforts pour être une grand-mère digne de ce nom. Est-ce qu’elle en fera si on accepte si facilement qu’elle vienne à l’hôpital ? » Le questionna-t-elle sérieusement. Eddie avait également abordé le sujet de sa famille, sur lequel elle avait déjà réfléchi de son côté. « Je vais les prévenir. Mes parents sont raisonnables, je pense qu’ils essayeront d’arranger les choses. »Elle leur avait prouvé qu’ils ne régissaient plus sa vie, qu’ils devraient se plier à ses règles pour continuer d’en faire partie.
With life just begun, my sleeping new son has eyes that roll back in his head. They flutter and dart, he slows down his heart and pictures a world past his bed. It's hard to believe as I watch you breathe, your mind drifts and weaves. When you dream, what do you dream about? Do you dream about music or mathematics or planets too far for the eye? When sleep sets in history begins, but the future will win when you dream.
Peu importe à qui leur enfant ressemble le plus dans l'immédiat car si Eddie est bien certain d'une chose, c'est qu'ils ont devant eux le plus beau bébé qu'il n'ait jamais vu. C'est avec son objectivité toute relative de père que le danseur admire le nouveau né dont les traits tendant à être aussi marqués que les siens, une ressemblance qui ne lui saute pourtant pas aux yeux avant qu'Halston en fasse la remarque car elle reste la mieux placée pour décréter que le père et le fils sont déjà très semblables, ce qu'il devine être une bonne chose à l'écoute de ses mots. D'après elle les chances pour que ses yeux viennent à s'éclaircir dans les prochains mois sont faibles compte tenu des gènes dominants des Yang mais Eddie ne doute pas que leur enfant héritera de sa mère sur bien d'autres points, sans qu'ils ne soient forcément physiques ou très visibles. Ses lèvres s'étirent en un sourire attendri lorsque sa compagne lui confie l'envie qu'elle avait que leur enfant soit son portrait craché, lui confirmant sans vraiment le dire qu'avoir un garçon n'est pas non plus pour lui déplaire alors qu'Eddie en vient déjà à se dire que Sasha deviendra une sorte de mini lui. Le danseur ne risque donc pas de douter un jour que cet enfant est le sien et l'américaine lui arrache un sourire en mentionnant après ça son tempérament, qu'elle espère ne pas voir entièrement revenir à leur fils afin que ces deux-là n'aient pas aussi en commun d'avoir un caractère bien trempé. « C'est bien parti pour jagi, je te rappelle que les béliers sont en passe de dominer les autres signes dans la famille. » Et cette pensée l'amuse tandis qu'à deux jours près seulement, Sasha aurait pu naître poissons comme d'autres membres de la famille Yang. C'est un peu comme si leur fils n'avait pas choisi son moment pour venir au hasard et s'était assuré de faire honneur à son père, malgré une avance et un terme initialement prévu autour de sa date d'anniversaire. Son sourire s'estompe quelque peu aux prochains mots de l'américaine, celle-ci partageant avec lui l'épreuve qu'a été cet accouchement et le fait que dans l'état actuel des choses, agrandir à nouveau la famille ne lui donne pas vraiment hâte. Ce n'est pourtant pas faute de songer au fait d'avoir une fille ensuite pour parfaire le tableau mais Eddie comprend que ses envies en soient très loin pour le moment, les grandes frayeurs de cette journée les empêchant encore de regarder vers l'avenir avec une possible deuxième grossesse et cela de façon parfaitement légitime. « N'y pense pas, c'est normal que tu te sentes éprouvée après tout ça. » Il l'est lui-même pour être passé par un océan d'émotions dont il se remet à peine, Halston n'a donc pas à lui promettre quoi que ce soit aujourd'hui quand bien même elle ne dispose pas de tout le temps du monde pour envisager un second enfant. « Et je crois que Sasha a déjà tout pour nous combler, avec ou sans petite sœur. » il reprend dans un doux sourire, ses mains enveloppant toujours le nouveau né contre lui alors que rien ne pourrait à cet instant troubler la joie qu'il peut ressentir.
Eddie comprend qu'il a bien fait de ne pas quitter cette chambre pendant que sa compagne s'y reposait car cette dernière ne désire pas le voir s'éloigner maintenant qu'elle est éveillée, verbalisant un souhait que le danseur a lui aussi alors qu'il n'imagine pas faire autre que de rester à ses côtés durant les prochaines heures. Il ne compte officiellement plus le temps qu'il devra passer dans cet hôpital à compter d'aujourd'hui, l'idée a pourtant quelque chose de déplaisant pour Eddie qui n'affectionne pas cet endroit et qui s'y rendra éternellement à reculons mais il n'est rien dont il soit incapable pour Halston, car œuvrer à leurs retrouvailles chaque soir vaudra bien qu'il prenne sur lui et se fasse violence pour passer ces portes et arpenter ces longs couloirs. Il remue alors la tête quand Halston soumet la possibilité de s'appeler pour lui éviter de se déplacer car il ne désire recourir à aucune solution de simplicité si celle-ci revient à limiter leurs contacts à un simple écran, quand bien même Eddie sait que l'américaine cherche aussi à lui faciliter la vie pour qu'il n'ait pas à courir partout. « Je ne pourrai pas me contenter d'appels Halston, j'aurai besoin de vous voir et de vous prendre dans mes bras tous les jours, alors je me fiche de ce que je devrai faire pour ça. » Supporter cet hôpital, notamment. Il ne dit pas que ce sera facile et prédit même déjà que ses futurs déplacements entre son domicile et le St Vincent en plus du théâtre l'épuiseront vite, mais ce n'est pas comme si le danseur se laissait le choix. Il sera là, fidèle au poste chaque jour et comme Halston le souligne il fera de son mieux, même s'il ne peut pas promettre que cette pression dont elle parle n'existera pas et ne sera pas non plus décuplée. C'est une nouvelle fois sur tous les fronts qu'Eddie cherchera à être mais pour elle, il peut encore prétendre qu'il se ménagera au mieux. « Ne t'inquiète pas pour moi, tout ira bien. Ce sera juste un peu.. sportif disons, pendant quelques temps. » Il mène déjà une vie à cent à l'heure, ce n'est pas à sa compagne qu'il va l'apprendre et ce n'est pas avec ses venues quotidiennes à l'hôpital qu'Eddie trouvera le temps de lever le pied. Cette réalité ne l'inquiète pas outre mesure, et cela malgré la corde sur laquelle il n'en finit pas de tirer et menaçant chaque jour un peu plus de lâcher. Sa santé n'est pas une chose dont le danseur veut personnellement s'inquiéter, pas alors qu'Halston demeure au centre de ses priorités et récolte de sa part toute l'attention dont il peut faire preuve. « Je te promets de prendre soin de toi quand tu rentreras à la maison, tu n'auras à t'occuper de rien et je compte également m'assurer qu'on ne reçoive pas trop de visites lorsque Sasha rentrera lui aussi. » C'est un objectif qu'Eddie se fixe même si leur fils ne risque pas de les rejoindre à Spring Hill avant plusieurs semaines, d'après les estimations des médecins. Halston aura sans doute besoin de calme à son retour pour prendre ses marques tout comme lui avec un bébé sous leur toit alors il ne sera pas question d'être envahis de visites, Sasha étant aussi bien trop fragile pour devenir la nouvelle attraction du quartier. « J'aime penser que le mois prochain, notre petite famille sera réunie et notre fils vivra à nos côtés. » Ils ne connaissent pas encore la date de sa sortie mais Eddie émet le souhait silencieux que celle-ci arrive le plus rapidement possible, impatient à l'idée de le voir dormir dans son berceau tout comme d'assister à la première réaction de ses chats en sa présence. De tendres pensées aussitôt chassées par les paroles de sa compagne, celle-ci s'excusant du stress qu'il a affronté et lui assurant qu'elle va bien à présent, avant d’ajouter qu'il n'a plus à s'inquiéter comme il a pu le faire en début de journée. « Le plus dur est passé. » approuve-t-il dans un fin sourire, le ventre et le cœur encore retournés par ces émotions fortes et par la peur qui l'animait il n'y a encore pas si longtemps. « Tu es la plus radieuse des mamans, tu sais. » Elle est aussi forte et courageuse à ses yeux en plus de lui avoir fait le plus cadeau que l'on puisse imaginer, et pour lequel Eddie pourrait éternellement la remercier.
Une légère grimace prend toutefois place sur ses traits en se voyant comparé à Sasha, qui tiendrait son côté battant de son père d'après l'américaine. Eddie n'ose pas la contredire, ce serait après tout comme admettre qu'il n'est en partie plus que l'ombre de lui-même et sa fierté autant que son déni l'en empêchent encore. Son absence injustifiée au théâtre n'est également pas un point qu'Halston juge préoccupant pour l'heure, cette dernière se disant même convaincue que personne à la Northlight ne lui en tiendra rigueur mais Eddie se permet tout de même d'émettre quelques réserves, pour sa part. « Je n'en suis pas aussi certain que toi, du moins je n'ai pas intérêt à me rendre invisible trop longtemps. » Et cela parce que de sacrées responsabilités reposent sur ses épaules avec la gestion d'un spectacle que Charles lui a personnellement confié, sous-entendant bien qu'il doive presque entièrement s'y consacrer et ce, en dépit des imprévus dont sa vie pourrait être ponctuée. Le fait qu'il devienne père ne sera une surprise pour personne entre les murs du théâtre mais l'arrivée prématurée de son fils le sera en revanche bien plus, un événement qu'Eddie se devra de faire connaître même s'il démontre pour l'heure un manque d'envie manifeste à l'idée de prévenir quiconque. Ce sera néanmoins différent en ce qui concerne ses proches, ces derniers méritant bien d'obtenir l'exclusivité de la naissance de leur fils même si avertir sa sœur reviendra à avertir aussi ses parents et donc sa mère, dans une suite logique des choses qu'Eddie ne pourra pas éviter. La question d'offrir ou non à Sun-Hi l'opportunité de remplir son rôle auprès de Sasha en vient inévitablement à se poser et Halston ne cache pas ses réticences quant aux aises que la matriarche Yang pourrait prendre, en cherchant par exemple à balayer une histoire que le couple a encore en travers de la gorge. « Je ne l'autoriserai pas à venir à l'hôpital si l'idée te déplait, on peut aussi attendre que Sasha rentre avec nous pour le lui présenter. Je ne m'attends pas forcément à ce qu'elle comprenne mais d'un autre côté, elle n'aura pas le choix. » Elle peut être prévenue sans les honorer forcément d'une visite dès le lendemain, l'enthousiasme de sa mère ne sera sûrement pas simple à contenir mais Eddie se montrera aussi ferme que nécessaire, si Sun-Hi ne veut vraiment rien entendre. « Ses efforts seront impératifs pour qu'elle fasse partie de la vie de notre fils et tu peux me croire, je veillerai personnellement à ce qu'ils existent. J'aimerais vraiment que Sasha connaisse sa grand-mère mais je ne veux pas que les choses soient trop simples, pas après ce qu'elle nous a fait. » Sa main retournant chercher la sienne appuie ces mots et sa volonté de penser à l'équilibre de leur famille avant tout, sans que sa mère ne puisse de nouveau faire trembler ce dernier par sa présence et ses remarques désobligeantes. Pour exister dans la vie de Sasha elle devra donc faire ses preuves, c'est bien ce qu'Eddie insinue avec ces efforts qu'il guettera et cette deuxième chance que Sun-Hi devra mériter. L'américaine préviendra également ses parents, bien plus aptes à faire la part des choses et à tenter de les arranger selon elle. « Raisonnables, hm. Ce n'est pas l'impression que j'ai eu en les rencontrant mais tu les connais mieux que moi, après tout. » Il hausse les épaules et tente de ne pas repenser à sa venue chez les Hargreeves dont il retire des souvenirs pour le moins amers, ainsi qu'un profond sentiment d'humiliation. « Tu penses qu'ils pourraient vouloir le rencontrer assez vite, eux aussi ? Ça ne me dérange pas qu'ils viennent si c'est leur souhait et le tien mais je ne promets pas d'être très démonstratif, comme tu t'en doutes. » Ce serait beaucoup lui en demander alors que son unique échange avec Harriett et Henry n'a pas été à la hauteur de ses attentes, mais ça ne l'empêche pas d'entrouvrir une porte pouvant mener à quelques efforts de sa part car alimenter la moindre guerre aujourd'hui ne l'intéresse pas. « Sasha et toi êtes ma priorité. Je veux votre bonheur, peu importe à quel prix alors s'il faut mettre ma fierté de côté pour accueillir tes parents malgré leurs affronts passés, je le ferai. » Parce qu'il ferait n'importe quoi pour elle et c'est désormais tout autant le cas pour leur fils, qu'Eddie se jure de protéger de ces tensions familiales par tous les moyens tout en lui permettant d'être le mieux entouré possible.
L’importance toute particulière qu’Eddie donnait aux signes astrologiques l’avait toujours amusée parce qu’elle n’avait pas le souvenir d’avoir déjà rencontré quelqu’un qui y prêtait autant d’attention. Elle n’avait jamais vraiment su si elle pouvait faire confiance à tous ces horoscopes, ces personnalités décrites qui devaient permettre de mieux cerner les autres, avec leur simple date de naissance. C’était peut-être un peu trop simpliste pour elle, mais elle lisait plus souvent les prédictions depuis qu’elle était avec lui, qu’elle n’hésitait pas à lui partager lorsqu’elle les trouvait mignonnes ou drôles. « Tu m’avais caché que tu complotais déjà avec ton fils pour obtenir ce genre de domination. » Il valait mieux en rire, voir cette arrivée prématurée d’un autre angle l’espace de quelques instants. Elle avait toute une vie devant elle pour se soucier du reste ou presque, elle n’avait pas autant de temps pour songer à agrandir cette famille, qu’elle avait toujours voulue nombreuse. La brune savait que certaines femmes n’hésitaient pas à enchaîner les grossesses pour y parvenir, mais elle s’en sentait tout bonnement incapable. Le danseur lui demandait de ne pas y penser, que ses émotions étaient légitimes. Il était compréhensif parce qu’aucune horloge biologique ne le menaçait, elle le jalousait quelque peu, mais la phrase qu’il ajouta réussit à la convaincre de ne pas trop l’envier. L’observer avec leur fils dans les bras ne faisait que le confirmer, leur petite famille était suffisante pour les combler. « Oui, nous allons pouvoir le chouchouter, profiter de lui au maximum. » Ils n’auraient pas à se départager pour un second enfant, pas dans un futur trop proche. Permettre à Eddie d’apprivoiser son rôle de père n’était peut-être pas plus mal dans un premier temps, encore plus avec ces complications. Elle ne savait même pas comment elle avait réussi à s’endormir plusieurs heures, elle ne s’était probablement pas rendu compte que Sasha n’était plus à leurs côtés. Le père de son enfant devra la quitter à son tour, elle ne voulait pas qu’il mène une vie trop compliquée, mais sa suggestion pour la faciliter ne lui convenait pas. Il était prêt à tout pour se rendre dans cet hôpital chaque jour, il ne pourrait pas se passer de contacts physiques avec eux. Halston souhaitait lui dire de faire aussi attention à lui, mais elle le savait beaucoup trop têtu pour ça. Il sous-estimait son emploi du temps, à le considérer juste un peu sportif. Eddie se lança dans une myriades de promesses, il voulait à tout prix être parfait, la laisser se reposer. « Je vais être traitée comme une véritable reine alors. » Dit-elle en penchant légèrement sa tête sur le côté. Il comptait filtrer les allers et venues et elle n’y voyait pas d’objection, les premières semaines de leur enfant devaient se passer sereinement. « Moi aussi, j’ai hâte de le voir dans le cocon que nous lui avons préparé. » Et de le voir dans tout le reste de leur maison et en compagnie des chats, qui elle l’espère sauront l’apprécier. Le tableau s’assombrit légèrement lorsque les pensées négatives d’Eddie parvinrent à ses oreilles, des pensées qui n’avaient plus lieues d’être à présent. Elle réussit à le ranger de son avis, avant de recevoir une grande louange. Halston n’était probablement dans un état physique qui lui permettait de se sentir belle, mais elle était reconnaissante envers la nature et le personnel médical de lui avoir laissé mettre au monde son enfant. « J’ai surtout la sensation d’être une guerrière, mais ce n’est pas la pire des sensations. » Après tout elle ne s’était pas laissée vaincre, la pire des sensations aurait été celle de ne pas avoir tout donner.
L’optimisme d’Eddie s’effrita à nouveau, il n’était pas convaincu que ses collègues se montreraient compréhensibles. Elle ne le pensait pas capable de bouder le théâtre plus que quelques jours, il n’était donc pas concevable pour elle qu’il soit considéré comme invisible par ses pairs. « Tu ne délaisseras pas ton travail à ce point, je le sais. » Elle regrette qu’il ne sache pas lâcher prise, encore plus maintenant qu’ils étaient parents d’un enfant prématuré. La santé mentale de son compagnon risquait de sacrément dégringoler, mais elle ne pourrait rien faire depuis sa chambre d’hôpital, mis à part de s’inquiéter pour lui. Un autre sujet de préoccupation avait été mis sur la table : celle de sa belle-famille. Il voulait son opinion sur celle-ci ou plus précisément sur l’attitude à adopter avec sa Sun-Hi, elle lui répondit en toute honnêteté qu’elle en voulait pas tout lui pardonner en un clin d’oeil. « Je ne veux pas la voir ici. » Elle pouvait difficilement être plus sûre d’elle. Il pouvait utiliser de n’importe quels stratagèmes pour l’empêcher de venir, elle s’en fichait du moment qu’il se mettait en travers de son chemin. Eddie lui assura qu’elle devra faire ses preuves, des efforts qu’ils obtiendront sûrement plus naturellement maintenant qu’ils avaient un enfant. Halston était prête à parier qu’elle ne serait pas la seule à changer d’attitude grâce à Sasha, ses parents allaient prendre son couple au sérieux à présent. Le danseur était plus perplexe, parce qu’ils ne les connaissaient pas, il n’avait pas eu la chance de véritablement faire leur connaissance, mais cela ne tarderait plus. « Je pense qu’ils pourront attendre un mois ou deux avant de venir le voir, mais pas plus. Ils ne voudront pas se priver de la première étape de sa vie, de le voir bébé. »Ils n’allaient donc pas venir du jour au lendemain, ils avaient le temps de planifier correctement leur visite. Eddie ne lui promettait pas d’être expansif avec eux, ce à quoi elle répliqua rapidement. « Je ne te demande pas de jouer la comédie, juste de les tolérer un peu sous notre toit. » Chose qu’elle fera également avec sa belle-mère en temps voulu. « Si jamais ils te mettent trop mal à l’aise je n’hésiterai pas à leur indiquer la sortie, mais ils ne se permettront jamais de se comporter comme Sun-Hi chez nous, je peux te l’assurer. » Ses aînés savaient faire preuve de respect en dehors de chez eux, même en petit comité. Il était prêt à mettre de côté sa fierté, ce qui devait énormément lui coûter et elle fera de son mieux pour qu’il ne le regrette pas. « Merci Eddie. » Elle afficha un léger sourire. « Nous n’aurons peut-être pas la famille parfaite en tous points, mais nous pouvons au moins lui permettre d’en connaître chaque membre, nous prendrons le temps qu’il faudra pour ça. Il n’a pas à être coupé d’une partie de la famille à cause de la distance et encore moins à cause de querelles. » Elle n’oubliait pas que sa sœur, ses frères et ses neveux devront eux aussi le rencontrer, elle savait d’ores et déjà que son cadet serait le premier Hargreeves à voir Sasha, une exclusivité qu’il méritait bien. « Il mettra tout le monde d’accord. » Mis à part un membre dont elle ne prononcera pas le nom, mais qui n’allait pas gâcher son bonheur pour autant.
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