I just wanna make you smile

Savannah Williams & @Ugo De Luca

«Mouais … il semblerait que cette évidence échappe à certains» Derrière cette pseudo confiance se trouve bien plus de doutes et de problèmes d'estime de soi qu'il n'y paraît. Mes échecs sentimentaux m'avaient peut être rendue plus forte, mais à certain moment, je restais persuadée que j'en étais à l'origine, sans véritablement déceler la raison qui m'amenait à cette nouvelle déception. Peut-être en demandais-je trop, ou peut-être que je n'étais pas à la hauteur des autres justement. Des contradictions qui se valaient toutes les deux, et qui selon les jours, parvenaient à surpasser l'autre. Pour autant, je m'efforce de ne pas me lamenter sur mon sort, quand bien même la possibilité de pouvoir un jour connaître la relation parfaite, celle qui mêlera désir commun, sincérité et vie de famille,me semble désormais impossible, voire hors d'atteinte. Mais peut-être que le bonheur ne devait pas se trouver auprès d'un autre, peut-être que je ne devrais pas attendre la présence d'une tierce personne pour le mériter, et que j'étais seule maître de ce qui me rendait heureuse. Le temps me le dira, pour l'instant, la situation est bien trop floue, et je suis bien trop impliquée, perdue au beau milieu de ce chaos, pour en tirer une quelconque leçon de vie et être objective à ce sujet

«J’te l’ai peut-être pas suffisamment dit … mais merci pour c’que tu fais pour elle» Il n'avait peut être pas toujours été le garçon idéal à mes yeux, mais s'il y a bien une chose que je ne pouvais lui reprocher, c'était la bienveillance dont il avait toujours fait preuve envers mes parents, parvenant à faire oublier les frasques des descendances directes avec sagesse. Les années ne semblent pas avoir changé ce point, il a une fois plus tenu à rendre service à ma mère, alors qu'il a probablement un quotidien des plus chargés, entre sa vie de famille et sa carrière professionnelle. Peut-être qu'il discerne l'authenticité dans mes propos, quoiqu'il en soit, il paraît toucher que je puisse l'évoquer à voix haute, moi qui ai si souvent du mal à baisser la garde à ses côtés. Ma vulnérabilité est un défaut que je m'affaire à vouloir dissimuler aux yeux des autres, particulièrement lorsque je sens que l'on pourrait s'en servir contre moi. Les différentes taquineries du jeune homme m'avaient parfois poussé à le faire. Mais il me paraît presque évident qu'il puisse mériter ces remerciements cette fois. «J’le fais vraiment de bon cœur et serais presque vexé si jamais je venais à être évincé» Je laisse échapper un souffle, qui s'apparente néanmoins à une sortie de rictus incontrôlable. "Je suis pas sûre que ça puisse arriver" Les années passées l'avaient bien prouvé, le lien qui le liait à cette famille n'avait pas connu de failles, pas même lorsque les drames s'étaient enchaînés. "Et tu veux que j'te dise, t'es probablement la seule personne assez folle pour s'infliger un tel supplice" Je relève les sourcils, avec un sourire évocateur. Les réunions dans la famille Williams tournaient régulièrement au fiasco, particulièrement lorsqu'il n'y avait pas "d'adulte" pour les tempérer, soit les géniteurs en question. Et encore, même leur mise en garde ne suffisaient pas toujours à nous faire rentrer dans les rangs. A côté de ça, les partenaires de chacun des membres de la famille assistaient impuissant aux différentes batailles, priant inlassablement pour ne pas se retrouver projeter au devant de la scène et devoir se battre supporter les coups à l'heure tour.

Manquant de se percuter de plein fouet, c'est par une scène pour le moins ridicule que nous tentons de reprendre notre chemin, non sans un certain amusement, alors que nos outils respectifs sonnent presque comme des dangers imminents si nous venions à échouer dans nos différentes tentatives.«Ça manque cruellement de musique. Tu veux pas nous chanter un p’tit truc ?» Ma mémoire ne me fait pourtant pas défaut, je me souviens parfaitement de cette voix qui sonne faux dès qu'elle tente de s'élever dans une certaine musicalité. J'ai juste besoin de m'assurer que les années n'ont pas provoqué un changement qui aurait remédié à ce désastre.«Chanter un petit truc ? Tu sais aussi bien que moi que je suis une véritable catastrophe … » Je fronce les sourcils, lui accordant un instant un regard perplexe, comme si je n'en avais pas le souvenir. "Mais non, ne te sous-estime pas tant…" Une pointe « c'est toi l’artiste douée pour la musique, non ?» Mon regard semble s'illuminer alors que je ralentis pour croiser le sien, presque surprise qu'il puisse encore se rappeler de ce détail me concernant. Touchée même." Tu te souviens de ça?" Demandais-je faiblement, flattée qu'il puisse avoir en tête ce genre de chose, qui m'avait tant tenu à cœur à l'époque. Une chose précieuse que je gardais en moi, et qui m'avait apporté tant de bonheur lors de ma jeunesse. Il faut dire que j'avais régulièrement imposée mes supposés talents à mon entourage, même si je m'y étais souvent attelé enfermée à double tour dans ma chambre, incapable de pouvoir supporter le jugement des miens.«En plus tu pourrais finir par constater que mes goûts musicaux n’ont pas changé … à l’époque, ça avait de la gueule, maintenant ça me donne des airs de nostalgique … version polie pour ne pas dire ringard» Mon rire se joint spontanément au sien, ne pouvant que m'amuser de ces faits bien trop vrais. "T'as passé le seuil de la quarantaine, ça fait parti de la panoplie d'être nostalgique ET ringard mon grand!" Un sourire provocateur pour accompagner mes mots, qui ne manqueront pas de le faire réagir.«J’peux nous mettre une playlist … mais tu te moques pas si jamais il y a de drôles de chansons qui se font entendre.» Je hoche brièvement de la tête, étirant le bras pour atteindre une zone plus difficile d'accès " Mes lèvres sont scellées Starcky!" Un surnom qu'il n'avait pas entendu depuis longtemps, mais que je prenais plaisir à employer, évoquant un duo tout droit sorti d'une série TV. Un duo qu'il représentait à la perfection avec Auden d'après moi. Il doute probablement de cette promesse, dont je ne saurais que faire lorsque mon impulsivité se sera chargée de se manifester sans que je ne le veuille «T’es prévenue, si jamais tu te moques …» Je relève les sourcils, un faux air rebelle pour répliquer " Eh bien quoi? Tu vas aller pleurnicher auprès de ma mère ?" Une fausse moue pour mimer une attitude à venir, avec exagération mais surtout moquerie. La musique vient animer ce moment, le rendant plus appréciable à mes yeux. Les bienfaits de la musique ne sont plus à prouver chez moi. Après quelques minutes, il y a cependant la voix masculine de Ugo qui l'accompagne, me permettant de retrouver cette petite qui m'avait fait tant sourire dès lors qu'il osait pousser la chansonnette. Pas désastreux en soit, mais suffisamment pour que je veuille pouvoir m'en servir contre lui. J'arrête mon action subitement, ouvrant grand les yeux pour marquer l'effet de gêne avec exagération. Mon visage se tourne vers lui, le jugeant sans plus attendre. "J'ai pas souvenir que c'était si catastrophique… Je t'en prie, arrête ce supplice" Un rire qui ne fait que se poursuivre face à sa réaction désabusée. "Les voisins vont nous coller un procès si tu poursuis!"Je fronce les sourcils "J'ai pas du sang qui sort des oreilles là?" demandais-je en grimaçant.

I just wanna make you smile

Savannah Williams & @Ugo De Luca

Ugo était probablement le seul à s'amuser des échanges particulièrement éprouvants de la famille Williams, du moins il savait se montrer assez hermétique pour ne pas prendre à cœur toutes les répliques récoltées en tentant de défendre l'un des nôtres. Ce qui n'était clairement pas mon cas. « Chanter un petit truc ? Tu sais aussi bien que moi que je suis une véritable catastrophe … » Il faut croire que j'étais prête à prendre le risque aujourd'hui, quand bien même je me souviens plus ou moins d'une voix particulièrement fausse. Il me faut cependant être convaincante en prétendant le contraire pour tenter de l'encourager, même si ce dernier reste sceptique malgré tout. « c'est toi l’artiste douée pour la musique, non ? » A t-il été témoin tant de fois de ces représentations que j'avais pu infliger involontairement à la famille depuis ma chambre? Le simple fait qu'il l'évoque, devinant possiblement l'intérêt que l'univers musical représentait à cette époque pour moi, soulève un bref instant mon palpitant, comme s'il était parvenu à déceler une partie de moi que beaucoup ne mentionnait plus à l'heure d'aujourd'hui, comme si elle avait été enterrée avec le temps, comme si elle appartenait à quelqu'un d'autre.. Quand bien même je ne vivais plus de cette passion, cette dernière avait sans aucun doute guidé pas mal de mes choix et eu un impact notable sur ma vie, même si elle m'avait apporté aussi en prime le plus grand drame de ma vie. Soudainement, je porte sur lui un regard différent, rempli de douceur et d'une forme d'admiration que je ne saurais expliquer. Peut-être qu'il me connaissait encore d'une certaine façon. « Tu te souviens de ça? » A travers ces mots, une fragilité qui pourrait lui donner l'occasion de se moquer, de m'abattre face à la vulnérabilité dont je suis visiblement la cible sur le moment. « Bah ouais … c’est pas comme si j’avais pu l’éviter ou ne pas l’entendre quand je passais voir Auden. T’avais pas une chambre insonorisée …» Je laisse échapper un rire des plus spontanés, les membres de la famille avaient subi de plein fouet cette vocation que je m'étais trouvée, et s'en étaient plaint à de nombreuses reprises dès lors que j'enchaînais les chansons, micro à la main. "Au plus grand damne des autres. Je donnais pourtant allègrement de ma personne pour que ce soit parfait." lançais-je avec une pointe d'ironie. Avec le recul, j'étais amplement capable d'en comprendre les raisons.

Pour l'instant, ce sont les goûts musicaux d'Ugo qui sont au centre des discussions, ceux qui n'ont probablement pas changé avec le temps, malgré qu'il soit devenu un adulte depuis de nombreuses années. Il anticipe sur de possibles moqueries, me donnant l'occasion pourtant de m'amuser des reproches de ses proches, qui sont certainement bien plus réalistes qu'il n'y paraît. « T'as passé le seuil de la quarantaine, ça fait partie de la panoplie d'être nostalgique ET ringard mon grand! » Je m'en amuse, mais je sais très bien que d'ici quelques années, Mathis se chargera de me remettre à ma place dès lors que mes goûts musicaux lui paraîtront bien loin de la tendance du moment. « Woh ! Qui a dit « ringard », il y a une différence entre nostalgique et ringard --- il est hors de question que je devienne ringard. Tu m’as vu ? Je ne suis pas ringard ! Outch ! Mon ego … » Je relève les épaules, un sourire sur les lèvres pour répliquer "Qui sait, peut être que c'est pas si négatif venant d'eux, par contre moi je n'en pense pas moins". Et je n'éprouve aucune culpabilité à l'avouer fièrement, prête à le titiller une fois de plus. « J’ai deux ados à la maison, tout ce que je fais ou dis est devenu ringard … profite le temps que tu peux, ça va pas tarder à te tomber dessus aussi. C’est comme un super pouvoir … » Je hoche la tête. "Tu parles d'un pouvoir….J'suis pas pressée de vivre ça. Déjà qu'je subis un regard rempli de jugement dès lors que je suis incapable de me souvenir d'un super-héros"


« Eh bien quoi? Tu vas aller pleurnicher auprès de ma mère ? » « Possible » J'arque un sourcil, la commissure de mes lèvres s'étirant à cette réponse. "Au risque de te décevoir, ça fait bien longtemps que je n'écoute pas ce qui peut sortir de sa bouche." C'était pas totalement vrai, mais mon caractère s'était bien forgé avec les années, assez pour être en mesure de savoir ce qui était juste ou non, sans qu'elle n'ait à intervenir. Enfin, pas toujours, mais j'aimais en donner l'impression en tout cas. Sa voix retentit finalement en arrière-plan, suffisamment pour que je puisse en avoir écho et m'amuser un instant de l'absence totale de rythme et de symbiose. « J'ai pas souvenir que c'était si catastrophique… Je t'en prie, arrête ce supplice. Les voisins vont nous coller un procès si tu poursuis ! » Et je poursuis, prenant bien trop de plaisir à l'enfoncer, lui qui donne l'impression d'être parfait sous tous les angles possibles. « Ah ah … très drôle … » Je souris fièrement, me mordant même le bout de la langue entre les dents face à toute cette espièglerie dont je fais preuve. Je reprends cependant mon sérieux en poursuivant ma tâche, ignorant les conséquences que mes mots peuvent avoir sur lui, et qui le pousse rapidement à venir faire glisser son rouleau sur mon bras. Ma bouche s'entrouvre grandement face à ce geste impardonnable. "Han! Alors ça tu vas m'le payer!" Je lui tiens fermement le poignet, m'assurant qu'il ne puisse s'échapper alors que je parviens à lui faire une légère trace sur la joue, bien trop innocente face à ce qu'il a pu me faire endurer. Mais il est hors d'atteinte, Je grimace, cherchant à riposter avec bien plus de hargne. "Tu vas voir!" Ma force est insuffisante face à la sienne. Mais je parviens pourtant à profiter d'un moment de relâchement de sa part pour atteindre le haut de sa tête, de quoi me soutirer un air surpris ainsi qu'un éclat de rire pour avoir été si cruelle.