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Message(#)Misery business ※ MAX  EmptySam 25 Mar 2023 - 13:48

Misery business


@Max Novak & Chelsea Cavanagh 

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Armé d’un magazine, Carl l’avait approché quelques jours plus tôt et lui avait fait la drôle de proposition de répondre à un quiz avec lui. Chelsea ne l’avait pas fait depuis des années, ceci représentant une activité d’adolescence qu’elle faisait plus particulièrement avec Amy, puisque Desmond jugeait que c’était une activité ‘ débile de fille ’. La rouquine accepta de jouer le jeu, appréciant que son colocataire soit plus ouvert d’esprit que son meilleur ami et sa façon de le présenter, qui était censé être un moyen original de faire plus ample connaissance avec son colocataire. Grossière erreur, l’étudiante en photographie ne s’était pas doutée une seule seconde que cet interrogatoire masqué n’avait rien d’innocent. Une fois qu’il recueillit toutes les réponses dont il avait besoin, il lui annonça qu’ils avaient la possibilité de participer à un événement spécial au Twelve Happy Spectators, qui leur permettait de voir gratuitement un film parmi une sélection durant un weekend bien précis, celui du 11 février. Après avoir vérifié qu’aucun de ses deux boulots ne pourraient l’empêcher de voir l’œuvre qui l’intéressait le plus, elle accepta de s’y rendre avec lui. L’agenda de la jeune femme en était le témoin, ils devaient tous les deux se rendre au cinéma le prochain samedi, pour voir un film qui était sorti peu de temps avant la fin du 20ième siècle ; 10 Things I Hate About You.
 
L’amour qu’elle vouait à ce que sa génération appelait des vieilleries, la rendit toute excitée le jour J, chose que son colocataire et collègue ne pouvait pas voir, car il était encore l’extérieur et devait la rejoindre une fois son déjeuner terminé. Il ne savait pas à quel point son idée d’aller dans une salle obscure pour voir un film sorti il y a plus de vingt, était considérée comme géniale par la demoiselle. Chelsea avait décidé de soigner son look pour l’occasion, elle avait étalé plusieurs vêtements dans son lit, pour rechercher ceux qui se rapprochaient le plus des styles arborés durant les années 90. Ses yeux s’attardèrent sur une petite robe en jean qu’elle allait mettre par-dessus un t-shirt blanc, une tenue qu’elle accompagnera d’un bracelet de cheville argenté et d’une paire d’escarpins blanches à talons épais. Une fois vêtue, elle opta pour un maquillage léger, composé d’un mascara et d’un rouge à lèvres rose. Elle quitta son appartement et entama une longue marche vers le petit cinéma de quartier, dans lequel ils devaient se retrouver. La sonnerie de la rousse retentit, elle prit l’appel et discuta avec une camarade de classe qui avait des questions à lui poser. Une distraction qui fut suffisamment forte pour qu’elle ne s’attarde pas sur une affiche au fond bleu marine, qui annonçait qu’un speed dating avait lieu le jour même et le lendemain, avant de pénétrer dans la bâtisse.
 
Chelsea raccrocha avant de s’approcher de l’accueil, une employée au sourire démesurément grand se mit à échanger avec elle. Elle lui attribua le siège numéro 13, tout en lui annonçant que son match n’avait pas encore pointé le bout de son nez. Ses yeux se plissèrent, pourquoi utilisait-elle un tel vocabulaire ? Elle se retourna et remarqua que plusieurs petites tables avaient été installées, disposant seulement de deux chaises à chaque fois, ses prunelles finirent par se heurter aux mots speed dating. « Wait... what ? » La rousse commença à comprendre qu’elle se trouvait dans une sorte de guet-apens. Elle ferma ses paupières, avant d’expirer suffisamment fort pour que ses narines ne s’écartent tels ceux d’un taureau en colère, prêt à foncer sur sa cible. Cible qui n’était bien évidemment pas là, après tout il n’était pas suffisamment bête pour participer à ce concept en choisissant le même film qu’elle, parce que oui elle était certaine qu’il y participait. L’étudiante en photographie n’avait pas oublié que le jeune homme courait après l’amour, mais ce n’était pas son cas à elle et elle pensait avoir été suffisamment explicite à ce sujet. L’employée lui demanda si tout allait bien, elle la regarda de nouveau et affirma que oui. La jeune femme décida finalement qu’elle n’allait pas se priver d’une séance de cinéma gratuite, après tout son binôme n’allait peut-être jamais apparaître, son numéro était certainement un signe.
 
Un paquet rouge et blanc en main, elle rejoignit la salle qui lui avait été indiquée. La curiosité de la jeune femme la poussa à jauger les personnes déjà installées, qui lui paraissaient toutes plus âgées qu’elle. Elle n’en était pas vraiment surprise, seul Carl était suffisamment désespéré pour se dire qu’il s’agissait de son dernier recours pour rencontrer quelqu’un. Objectivement, Chelsea ne savait pas trop quoi penser du concept, était-il plus effrayant de rencontrer une personne dont on ne connaissait rien ou de se retrouver face à quelqu’un que l’on avait idéalisé via des photographies et des discussions ? La première option était probablement la moins pire, celle qui causait le moins de déceptions, en plus d’être une rencontre un peu plus... naturelle ? Elle cessa de se triturer l’esprit en commençant à piocher dans ses pop-corn. Le bruit causé par sa mastication l’empêcha presque de ne pas remarquer qu’un homme venait de rejoindre sa rangée. Elle détourna sa tête vers lui et tira rapidement la conclusion qu’il ne pouvait pas être son match pour deux raisons simples ; il était trop âgé, mais surtout il était pourvu d’un physique beaucoup trop avantageux pour être associé à elle. « Est-ce que tu as besoin de passer ? » Lui demanda-t-elle persuadée qu’il devait s’installer un peu plus loin.


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Message(#)Misery business ※ MAX  EmptyMer 12 Avr 2023 - 3:18

Fortitude Valley :: Twelve Happy Spectators

« Ha ben pas trop tôt ! T'étais où, b*rdel ?! » Je sursaute légèrement, me fige l'instant d'une demi-seconde devant la caisse enregistreuse pour reprendre contenance et la refermer aussi discrètement que promptement, plus lourde de plusieurs billets supplémentaires. « Pardon ? » Je lance à l'attention de ma mère qui vient me rejoindre prestement, passant une main dans mes boucles brunes, habitude qui ne l'a - à mon plus grand damn - jamais quittée malgré le passage des années. « Normalement tu es là plus tôt, le samedi. » Je la considère curieusement avant que la méfiance n'emprunte pernicieusement mes traits. Flairant le guet-apens, je croise les bras contre ma poitrine, paré à recevoir une contrariété sous l'artifice d'intentions de la tenancière à mon égard. Au moment où sa meilleure amie passe l'entrée du bar pour s'installer face à moi, je devine l'embuscade.

« Tu as un rendez-vous, dans une heure. » Mes pupilles passent de ma mère à son amie dont le portrait s'anime d'un rictus à la fois amusé et intéressé. « Pardon ? Un rendez-vous ? Un rendez-vous de quoi ? J'ai passé l'âge que tu me programmes mes rendez-vous. » Je n'étais même pas certain de me rappeler que ma mère m'en ait programmer un seul, mais passons. Mon agacement est palpable ; j'en regretterais presque d'avoir honoré ma tradition qui m'incite à me rendre, tous les samedis, au bar où j'ai grandi et qui fait subvenir ma mère depuis ma naissance, en vue de glisser une partie de l'argent que je gagne dans sa caisse dans le but de m'assurer qu'elle parvienne toujours à joindre les deux bouts. La coutume a débuté dès le moment où j'avais assez de billets pour répondre à mes propres nécessités et assurer mes arrières. Le superflu dans mon portefeuilles finissait en grande partie sous le panier de plastique triant négligemment les dollars selon leurs valeurs, sans pour autant attirer l'attention - et les foudres - de ma mère. « Tu vas aller au cinéma. Tu verras, le film, il est génial : on l'adore. Et tu vas rencontrer une jolie jeune femme. » Je cille, incrédule, tous les poils de mon corps me semblant se hérisser devant tant d'affirmations sur mes futures actions. Moi qui abomine qu'on me dise quoi faire, ce n'allait certainement pas être le ton chantonnant de ma génitrice qui me transporterait sous les meilleures hospices. Je finis par pouffer et me dérobe de derrière le comptoir. « Ouais. Merci mais non merci. » « Maaaaax, allez. » Et la meilleure amie s'y colle. « Ca m'intéresse pas. J'aime pas le cinéma. » Ma mère pouffe en retour, ce qui me fait écarquiller les yeux, vexé. « C'est vrai ! Tu vas dans une pièce où tu sais pas à côté de qui tu vas te retrouver, où tu devras peut-être supporter quelqu'un qui pue, qui mastique trop fort ou qui te cache l'écran pendant toute la séance, tout en étant même pas aussi confortablement installé que si t'étais chez toi. Non, j'aime pas le cinéma. » « C'est une occasion spéciale. C'est différent, cette fois-ci. Puis je t'ai acheté une chemise. » « Une chemise ? » Elle a cru que s'il y avait un morceau de tissu, j'allais être conquis par ses plans ? Elle m'a pris pour un cintre ? « Oui. Vert bouteille. Ca t'ira très bien. » « Vert bouteille, » je répète, me retenant péniblement de faire un commentaire sur l'ancienneté d'une telle expression. De plus, à force de voir les bouteilles passer, tous les verts sont vert bouteille, selon ma mère. Sa meilleure amie acquiesce avec enthousiasme, comme si elle espérait m'insuffler un entrain débordant à mesure de ses cervicales qui s'agitent. « Ca te fera oublier ta copine. » « Ah non. Tu commences pas avec ça. Je t'ai dit que si tu m'en parlais, ce serait la dernière fois que je te parle d'une copine. » Je menace, sérieux. « Ca va te décoincer, va. » Le regard que j'adresse à l'amie est éloquent, mitigé entre va te faire mettre toi-même, sinon, et j'ai pas le souvenir de t'avoir demandé ton avis. « Elle était nulle, Nadia. Elle aurait pas dû te plaquer, mais tu vas en trouver une autre. » Un rire sans joie franchit la barrière de mes lèvres. J'hallucine. « Déjà, son prénom est interdit. Ensuite, pourquoi ce serait elle qui m'a plaqué, hein !? » Je méprise férocement le regard complice que ma mère et sa copine s'échangent. « Elle m'a pas plaqué ! » Je m'indigne, piqué à vif. « On me plaque pas comme ça, » j'argumente, maugréant. « Je vois bien qu'elle t'a brisé ton égo, Max. C'est moi qui t'ait fait, j'te rappelle. » Je soupire bruyamment, lève les yeux aux lèvres, quitte la pièce principale du bar pour rejoindre l'appartement de ma mère. « C'est ça. Va prendre une douche et mettre la chemise. Elle est sur la planche à repasser. »

Elle est hideuse, cette chemise, à mes yeux, parce qu'on me l'a imposée et que je sais qu'elle sort d'une de ces brocantes que ma mère arpente avec engouement. Je n'ai rien contre les vêtements de seconde main mais le fait de porter ce haut-ci me ramène à mes années de jeunesse où je ne portais que les vestiges des friqués de l'école. J'avais l'impression d'être un cas de charité, parfois un panneau publicitaire pour les marques ringardes, et manifestement, je n'étais pas encore guéri de cette sensation car désormais la trentaine passée, je ne rêvais que d'une chose : retirer cette fichue chemise et l'oublier dans le fond de ma penderie. Vert bouteille, en plus.

Les explications de la jeune femme à l'accueil sur le speed dating qui débutera bientôt me parviennent difficilement, mon esprit obnubilé à mécontenter sur la situation. Je jette un coup d'œil à l'affiche, prenant ainsi connaissance du film, puis découvre le numéro 13 sur le ticket écarlate que l'employée m'a tendu. J'inspire profondément, j'hésite sur le seuil de la salle réorganisée de manière à regrouper une multitude de duos. Étais-je censé apporter quelque chose, en plus de cette maudite chemise vert bouteille ? Dois-je aller acheter deux cocas en espérant ne pas tomber sur une fana de la diététique ? Je balaie les différentes rangées du regard à la recherche d'indices sur la démarche à adopter. Je reviens sur mes pas et me procure un paquet de bonbons de variétés, de quoi avoir plus de chance de plaire à ma future compagnie.

J'évolue dans la salle en quête des deux treizièmes places. Je ralentis après la douze et détaille du regard la place vide, juste à côté d'une rouquine apprêtée comme si elle allait réaliser un caméo dans le film. « Est-ce que tu as besoin de passer ? » J'échappe un rire bref avant de hocher la tête en signe de dénégation. Ca a le mérite d'être clair. « Non. C'est ma place. » Je désigne du menton le siège. « Mais je retiens que tu n'as pas mis long feu à me jarter de tes possibles. Qu'est-ce qui te parait si déjanté à l'idée que je sois ton match ? » J'exprime, mon intonation teintée de malice et de jeu. D'ailleurs, comment ont-ils associé les gens, ces saugrenus organisateurs ? Avec horreur, je me demande s'il y avait un questionnaire à compléter que ma mère aurait renseigné à ma place. « Je nous ai pris des bonbons. J'espère que tu les aimeras. » Je fais, muni d'un sourire en coin, me répondant intérieurement qu'au pire, ça en fera plus pour moi. En plus, elle est peut-être team salé selon l'assaisonnement de ses pop corns. Quoi qu'il en soit, j'ouvre déjà le paquet et le tends vers elle pour lui offrir des sucreries. « Tu as l'air plutôt investie dans le film, j'me trompe ? » Je remarque sur un ton confiant. Ou alors, c'est son style de tous les jours. L'un comme l'autre, elle est franchement mignonne. Adorable, même. Le genre à qui on pourrait donner le bon Dieu sans confession, quand bien même sa tignasse est de feu. Ca m'invoque l'envie de déceler si se tapit une enfant de chœur sous la silhouette féminine mais je me questionne aussi sur son âge. Ma mère ne m'aurait pas inscrit à un speed-dating ouvert aux mineurs, quand même ? La connaissant, elle aurait été capable de ne même pas s'en soucier. Cependant, demander l'âge à une femme était plutôt casse-gueule, il faudrait que j'obtienne cette information plus subtilement. En attendant, j'informe, sourire franc aux lippes : « Je m'appelle Max. »


Dernière édition par Max Novak le Lun 14 Aoû 2023 - 3:33, édité 1 fois
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Message(#)Misery business ※ MAX  EmptyLun 17 Avr 2023 - 19:44

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Il lui était confortable d’être assise toute seule, suffisamment éloignée des autres participants pour ne pas entendre leurs conversations, qui allaient déjà de bon train pour certains. Le regard de la rouquine avait suffisamment vagabondé entre les sièges pour réaliser qu’il existait surtout deux ambiances ; joviale ou glaciale. Chelsea ne ressentait pas de peine pour la seconde catégorie, parce qu’elle ne comprenait pas comment on pouvait fonder autant d’espoirs grâce à un événement aussi hasardeux, même s’il se donnait l’air d’être méticuleux. Elle ne serait pas étonnée qu’apprendre qu’en fin compte, un algorithme avait fait tout le travail pour que les organisateurs ne se cassent pas la tête. L’étudiante en photographie regarda brièvement son téléphone pour voir qu’il ne restait plus qu’une quinzaine de minutes avant que le film ne débute, une durée qui serait peut-être suffisante pour vider son paquet puisqu’elle était bien partie pour n’avoir que celui-ci comme seule occupation. Elle croqua lentement un dernier pop-corn avant de remarquer qu’elle allait devoir l’interrompre quelques secondes, du moins c’est ce qu’elle croyait avant que le jeune homme ne réponde négativement à sa question. Shit, elle ne pouvait même pas avoir le bénéfice du doute parce qu’il était beaucoup trop confiant, il s’agissait bien de sa place. Chelsea n’avait pas réussi à masquer sa surprise, un étonnement qui avait rendu son binôme interrogateur. Elle pouvait sentir qu’il n’était pas vexé par sa première supposition, qu’il cherchait plutôt à tâter le terrain. En voilà un qui ne perd pas son temps. « On détonne un peu... beaucoup ? » Plus elle l’observait et plus elle penchait pour le beaucoup. Les autres participants devaient avoir cinq ans de différence entre eux grand maximum, quand eux devaient bien en avoir le double, minimum.
 
Les sourcils de la rousse se défroissèrent quand elle l’entendit parler de bonbons, il n’était peut-être pas si âgé que cela finalement, pour opter pour ce genre de friandise. Il avait pensé à en prendre suffisamment pour qu’ils puissent les partager, mais elle n’était pas certaine de vouloir lui en prendre, de son côté elle n’avait pris qu’une portion individuelle. Est-ce que cela allait la faire passer pour une pingre ? Certainement. Est-ce qu’elle en avait quelque chose à faire ? Pas du tout, après tout il n’était qu’un inconnu, elle ne lui devait rien. Après avoir réfléchi quelques secondes, elle décida de décliner. « Non merci. » Elle avait décidé qu’elle ne voulait pas lui envoyer de faux signaux, afin de ne pas paraître trop investie dans ce speed dating dont elle se serait bien passée. Il s’était pourtant fait des idées sur son investissement, mais elle pouvait lui accorder qu’elle n’avait pas choisi cette tenue par hasard. « J’aime le vintage et j’avais des vêtements qui étaient en adéquation avec ce film, qui me paraissait plutôt cool alors... » Le choix était vite fait, elle pouvait passer pour une jeune femme déguisée, mais il n’en était rien, elle n’était juste pas raccord avec son époque. Elle n’était peut-être pas la seule à être dans ce cas-là, à voir la couleur démodée que portait son interlocuteur en guise de chemise, qu’elle trouvait en décalage avec sa décontraction. « Mais je peux constater que je ne suis pas la seule à être audacieuse ici... » Qu’est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête pour choisir d’arborer ce coloris-là ? Est-ce qu’il avait reçu le défi de séduire habillé de cette manière ? Elle ne serait pas étonnée qu’un stupide défi soit la raison qui l’ait amené ici.
 
Si elle voyait juste elle avait un excellent motif pour ne pas se forcer à avoir l’air un minimum sympathique. Le jeune homme ne se démontait pas, alors qu’il n’avait jusque-là pas réussi à lui décrocher le moindre sourire, il fallait dire qu’il souriait déjà pour deux. Il lui dévoila un prénom qu’elle n’aurait aucun mal à retenir, court et efficace. « Chelsea. » Pas d’enrobage inutile, rien que l’essentiel. La diffusion des publicités venait de débuter, la majorité des spectateurs n’y prêtaient pas attention, mais les yeux azurs de la rouquine décidèrent de ne pas s’en dérober. Il s’agissait d’un bon moyen d’oublier momentanément qu’elle se retrouvait dans une situation étrange, qui l’obligeait d’être plus ou moins en interaction avec un inconnu pendant presque deux heures. Deux heures qu’elle se répéta, pourvu qu’il ne soit pas le genre de type bavard qui allait lui empêcher de profiter du film.


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Message(#)Misery business ※ MAX  EmptySam 6 Mai 2023 - 23:17

Finalement, ce saugrenu événement de speed-dating s'annonçait prometteur, considérant la jeune femme à laquelle j'avais été associé. Son âge m'interpellait, inoculant un soupçon de souci en moi, mais sa langue se voulait assez affirmée pour que je me leurre à ignorer mes inquiétudes légales. J'aurais trouvé chiant au possible de passer la soirée aux côtés d'une gamine au teint pivoine et au verbe bourré de trémolos, le genre de personne qui s'excuserait presque d'exister et qui tient plus que tout à plaire. Au moins, la rouquine n'avait manifestement pas peur d'être franche et je n'étais pas de ceux qui se vexent facilement, la confiance que je me vouais agissant en véritable bouclier. « On détonne un peu... beaucoup ? » « Oh, tu trouves ? » Je moque sur un ton chantonnant en balayant la salle du regard, narquois. « Ca te dérange ? » Je reporte mes perles sombres sur le minois de la jeune femme, sincère et concentré sur ce que son expression pourrait dévoiler.

Je prends place sur le siège qui m'est attribué et propose des bonbons à mon rendez-vous de la soirée. La jeune paraît hésiter avant de décliner l'offre. « Non merci. » Je hausse les sourcils, désinvolte. « Tant pis. » Je marque une pause, ouvrant tout de même le paquet. « Inutile de te dire que si tu changes d'avis, l'offre tient toujours. » Inutile, en effet, car j'ose espérer qu'elle saura se servir d'elle-même sans s'encombrer d'une bienséance fleurissante et superflu. Puis, sans cérémonie, je mentionne sa tenue en harmonie avec le film programmé. « J’aime le vintage et j’avais des vêtements qui étaient en adéquation avec ce film, qui me paraissait plutôt cool alors... » Je soutiens son regard, attendant la fin de sa réplique. Est-elle de ceux qui ne terminent pas leurs phrases, même si on devine leur terme ? Offrirait-elle un imaginaire quelque peu cadré ? « Mais je peux constater que je ne suis pas la seule à être audacieuse ici... » Un rire franc file entre mes lèvres, je lorgne vers ma chemise et en profite pour faire sauter l'un des premiers boutons. Non pas dans un geste séducteur, elle n'est pas assez ouverte pour cela, mais pour gommer mon habitude vestimentaire lorsque je me rends au travail et tenter de rendre le vêtement moins ringard. « Il faut croire que ça tombe bien que t'aimes le vintage. »

Elle s'appelle Chelsea et le souvenir d'une blonde de mes années lycée me vient. Le genre de fille sportive, populaire, aimable mais pas des plus malines. Elles détonnent un peu beaucoup, je pense. « Enchanté, Chelsea, » je fais avec un sourire en coin entendu. « Qu'est-ce qui t'a amenée ici ? » Je m'enquiers. Elle cherche réellement l'amour ? Une aventure ? Ne peut-elle pas dénicher ces occupations à la fac où j'ose prétendre qu'elle étudie ? Ou à son petit job d'étudiant ? Bourré de stéréotypes, je m'en excuse même pas, toisant avec intérêt ma compagnie, avide de percer les volets de sa personne, y cueillant là l'effet grisant d'un effeuillage identitaire.
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Message(#)Misery business ※ MAX  EmptyDim 7 Mai 2023 - 22:02

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Il se moquait de sa remarque, qu’elle souligne l’évidence sans apposer de mots précis sur celle-ci. Il n’y avait pas besoin qu’elle aborde le sujet de l’âge, qui n’avait pas l’air d’être problématique pour lui. Elle n’en était pas étonnée, les hommes étaient tellement habitués à normaliser les jeux de séductions avec des femmes plus jeunes, parfois même beaucoup trop jeunes, qu’ils n’étaient pas outrés d’être associés à des midinettes de dix ans de moins. Le simple fait de penser qu’il la percevait justement comme une midinette lui donnait des boutons. Il était si facile d’imaginer de lui coller cette étiquette juste à cause de ses traits juvéniles, qu’elle avait à peine atténué avec l’aide de son maquillage, mais elle pouvait lui démontrer en quelques minutes que ce n’était pas son genre. « Non je m’en fiche. » Il ne pouvait pas savoir à quel point elle était habituée à sortir du commun, sa rousseur, son nom de famille, sa langue souvent trop pendue, tout était bon pour la considérer comme trop différente. Elle avait également le chic de s’entourer des personnes les moins ordinaires possibles, tout ce qui était mainstream avait tendance à rapidement l’ennuyer. Le match qui lui avait été attribué pouvait d’ailleurs aisément tomber dans cette catégorie, mais le répondant dont il faisait preuve l’empêchait d’être perçu comme dénué du moindre intérêt.
 
Il était plutôt généreux pour un inconnu, c’était ce qu’elle s’était dit avant de se rappeler dans quel contexte ils se trouvaient. Le but de cet événement était de rapprocher les binômes, il avait donc choisi ce qu’il y avait de plus facile pour créer une sorte de proximité : le partage de nourriture. Le refus de la rousse sembla lui déplaire légèrement, mais il ne partait pas pour autant défaitiste, il lui donnait l’autorisation de se servir dès qu’elle changerait d’avis. « Ok. » Qu’elle se contenta de lui répondre, même si elle s’était déjà persuadée que non elle n’irait pas piocher dans son sachet de friandises, ni dans les dix prochaines minutes, ni dans une heure. L’interlocuteur de la rousse n’était pas passé à côté de l’adéquation qu’elle avait avec le film, grâce à une tenue choisi avec soin. Elle n’était probablement pas la première des fashionista, mais elle prenait du plaisir à marquer les esprits avec des choix vestimentaires qui ne suivaient pas les dernières tendances. Il se mit soudainement à déboutonner sa chemise, qu’était-il en train de manigancer ? Est-ce qu’il pensait qu’elle allait encore plus l’aimer s’il la portait de façon un peu moins stricte ? « Je n’ai pas dit que je validais tout ce qui est vintage non plus. » Le corrigea-t-elle pour bien lui faire comprendre qu’il n’avait pas marqué de points avec le simple port de ce coloris.
 
Le tacle qu’elle venait de lui faire ne l’empêchera pas de se dire enchanté de la rencontrer, elle avait peut-être été un peu trop gentille dans sa façon de s’exprimer. L’envie de se comporter comme une garce pour le faire fuir était malgré tout absente, il ne lui avait rien fait de mal, il ne méritait pas qu’elle ne bascule sur son mood bad bitch. Elle préféra faire l’indifférente, en se concentrant sur l’écran. Un pop-corn se retrouva bloqué entre ses dents, lorsqu’elle l’entendit lui demander la raison de sa venue ici, il allait droit au but et cela la déstabilisa quelques secondes. Elle croqua dans son maïs soufflé avant de se confronter de nouveau au regard du brun. « Une mauvaise blague. » Elle ne pouvait que considérer cette inscription comme une plaisanterie de très mauvais goût, même si elle se doutait que Carl n’avait aucunement cherché à se moquer d’elle, qu’il pensait réellement lui avoir rendu service. Une vérité qui n’était pas très reluisante à confier à ce fameux Max qui la regardait un peu trop intensément. Elle plissa des yeux et décida de contre-attaquer. « Et toi alors ? » L’étudiante en photographie ne lui laissera pas vraiment l’occasion d’en placer une. « Qu’est-ce qu’on t’a donné comme défi ? Cap ou pas cap de participer à un speed dating ? Ou plutôt cap ou pas cap de pécho ton match ? » Elle penchait plutôt pour la seconde option, il était plus probable que des trentenaires choisissent le plus difficile des deux défis. Elle avait hâte d’avoir sa réponse, l’avait-elle percé à jour en quelques secondes comme elle le pensait ?


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Message(#)Misery business ※ MAX  EmptyDim 28 Mai 2023 - 22:02

Un sourire satisfait fend pernicieusement la commissure de mes lippes lorsque la rouquine me signifie qu'elle n'en a que cure que nous détonnions, pour reprendre son terme. Pour ma part, si je cherche encore à m'assurer que la femme avec laquelle j'ai été associé dans le cadre de ce risible événement de speed dating ne m'attire pas de prise de tête, l'assurance qu'elle irradie doublée de son franc-parler me rassurent brièvement. La compagnie pourrait être bien pire et l'intérêt que je lui voue s'embrase à mesure des tâches de rousseur que je découvre sur son portrait. Il me tarde de déceler les différents traits composant celle que je me plais à considérer vingtenaire, réfutant l'idée qu'elle soit plus jeune car cela me mettrait un brin mal à l'aise, quand bien même les adolescentes ou très jeunes adultes sont teintées de cette insolence qui les rend d'un mordant à mes yeux assez divertissant. « Bien. Nous sommes deux, » j'annonce, avant de lui proposer de piocher dans le sachet de bonbons que j'ai acquis pour l'occasion puis indiquer le caractère prolongée de cette offre à son premiers refus. Son bref « ok » m'arrache un rictus nuancé d'intrigue et d'amusement, je soutiens son regard quelques secondes, à la recherche d'élucider ce qui pourrait se tramer dans sa boîte crânienne ou les états dans lesquels son âme voguerait. J'attrape précautionneusement un crocodile en gomme, échappe un rire sans joie lorsqu'elle me recadre sur la notion de vintage qu'elle n'aime pas dans sa globalité, manifestement. « Ce serait barbant si t'aimais tout le vintage. Aucun faux pas possible, quel ennui, » je présente, narquois, avant de découvrir le prénom qu'elle arbore et de poliment lui indiquer mon enchantement de la rencontrer.

« Une mauvaise blague, » elle qualifie sa présence ici. « Tu t'investis drôlement pour une mauvaise blague. J'imagine que la personne qui te l'a faite compte un minimum pour toi, » je suppose, me calquant sur les propres motifs de ma présence à cet événement que je définis intérieurement de mascarade. Je poursuis ma description éhontée de son minois, ce qui semble attirer son attention. Les perles azurées de la jeune femme me dardent sans merci avant qu'elle ne me retourne ma question : « Et toi alors ? » J'entrouvre les lèvres, prêt à lui demander si elle était du genre à renvoyer la balle, mais la jeune femme poursuit promptement : « Qu’est-ce qu’on t’a donné comme défi ? Cap ou pas cap de participer à un speed dating ? Ou plutôt cap ou pas cap de pécho ton match ? » Je pouffe, saisis un nouveau crocodile que je ne glisse pas tout de suite entre mes lèvres. « Et toi, t'as perdu un défi ? C'est ça, la mauvaise blague dont t'es victime ? » Répondre à une question par une interrogation, je guette avidement si cela détient la capacité d'agacer mon interlocutrice, tout comme mon emploi du terme victime. « Tu t'inspires de tes propres raisons d'être ici ? » A deux doigts de lui demander effrontément si elle désirait coucher, néanmoins, je préfère rétorquer : « J'ai jamais joué à "cap' ou pas cap'". J'ai pas besoin d'un prétexte pour faire ce que j'ai envie de faire, ni pour faire des conneries, » j'annonce, soulignant la véracité de mes termes en haussant les sourcils. Aussi, mes rares amis ne s'étaient jamais risqués de me mettre au défi. Je la toise, curieux de découvrir si je causerais une montée de ton entre nous par mes provocations. Si Chelsea démontre nombreux atouts qui me plaisent pour, au moins, pécho, comme elle le dit, déterminer la limite de ses nerfs et dans quelle mesure elle peut mordre s'avère un jeu enthousiasmant en préliminaires. « Toi oui ? »
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Message(#)Misery business ※ MAX  EmptyJeu 1 Juin 2023 - 20:32

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Aucune susceptibilité n’était perceptible chez son binôme, elle avait manqué de le tester en se montrant honnête sur le fait qu’elle s’en fichait qu’ils ne soient pas assortis, mais elle avait pensé que son attaque envers la couleur de sa chemise aurait eu son petit effet. Elle avait plus que loupé le coche, puisqu’il était même satisfait de l’entendre dire qu’elle n’aimait pas tout. Les yeux de la rousse s’étaient légèrement plissés, il ne cherchait donc pas à atteindre une sorte de perfection ? Elle avait cru deviné qu’il avait une certaine carrure, qu’il n’aurait pas obtenu sans un travail acharné. Il aimait peut-être juste les filles de caractère, quand beaucoup d’autres avaient tendance à les fuir dès que possible. Si c’était bien le cas, il n’était pas prêt de quitter son siège, masquer son tempérament sur une longue durée n’avait jamais été son truc, son naturel finissait toujours par revenir à une vitesse galopante. La seule chose qu’elle serait capable de cacher, c’était bien la raison pour laquelle elle avait été inscrite à ce speed dating. Max supposa qu’elle devait drôlement tenir à la personne responsable de la mauvaise blague, pour s’investir autant. Elle grimaça. Elle, attachée à Carl ? « Je ne m’habille que pour moi-même. » C’était difficile à comprendre pour un mec, qu’une femme ne faisait pas ses choix vestimentaires uniquement pour plaire. Même si parfois elle cherchait à être admirée des autres, c’était uniquement lorsqu’elle portait le fruit de son travail lors de ses cosplay. Son esprit se bloqua de nouveau sur son colocataire, est-ce qu’elle l’appréciait tant que ça ? Peut-être qu’elle l’aimait bien dans le fond, enfin avant qu’il ne lui fasse ce sale coup, il était plutôt appréciable celui qu’elle surnommait little puppy. Elle allait bien retenir la leçon : ne pas trop s’épancher avec lui, pour qu’il n’élabore plus des plans tordus en croyant lui venir en aide.
 
En attendant, elle devait faire connaissance avec son match ou plutôt vérifier qu’elle visait juste. Chelsea avait la fâcheuse manie de vouloir rapidement analyser les autres, pour juger le plus rapidement possible de s’ils étaient dignes d’intérêt ou non. Elle n’avait pas de temps à perdre, enfin cet événement étant une exception, elle avait plus ou moins des heures à gaspiller, si elle n’arrivait pas à profiter du film pour lequel elle était venue. Max retourna ses suppositions contre elle, elle ne s’était pas attendue à ce qu’il esquive la question de base de cette façon. Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même, elle l’avait empêchée de répondre, elle aurait mieux fait d’attendre sa première réaction. L’étudiante en photographie détestait être une victime, elle n’aimait pas qu’il emploie ce mot pour la désigner, mais ce n’était rien en comparaison de ses prochaines paroles. Sa présence ne pourrait jamais être justifiée par la réalisation des défis qu’elle venait de lui donner, elle préférait encore qu’il croit qu’elle était là parce qu’elle en avait perdu un. Il se décrivit comme un esprit libre, qui n’avait besoin de rien ni de personne pour faire ce dont il avait envie, certainement pas de défis. L’interlocuteur de la rousse lui demanda si elle, elle en avait besoin. « Non je n’ai pas besoin de ça pour m’amuser ou me challenger. » C’était pourtant un challenge qu’elle était en train de relever actuellement, celui de ne pas quitter la salle malgré son espoir déchu de ne pas être seule. « Même si je ne serai jamais venue ici de ma propre initiative. » Parce qu’il fallait qu’elle soit claire, elle n’attendait rien de ce guet-apens dans lequel elle avait fini par s’enfermer. « Et je continue de penser que toi non plus, tu n’étais pas si volontaire que ça, malgré tout le baratin que tu viens de me sortir. » Têtue était son deuxième prénom. « T’es le dernier des mecs à avoir besoin d’un speed dating pour rencontrer des filles. » Elle déblatérait un peu trop là, elle venait tout de même de lui dire qu’il était loin d’être laid, elle venait de dévier totalement de son objectif initial.
 
Heureusement pour elle, le projectionniste vint à sa rescousse en lançant le film. Pitié qu’il se concentre un minimum dessus, qu’il oublie l’espèce de compliment qu’elle venait de lui faire, depuis quand elle flattait les mecs comme ça ? Encore plus un parfait inconnu. Elle esquissa un sourire lorsqu’elle vit l’héroïne faire son apparition sur la chanson bad reputation, comme si elle avait été immédiatement séduite par celle-ci avant même qu’elle n’ouvre la bouche.


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Message(#)Misery business ※ MAX  EmptySam 1 Juil 2023 - 22:57

Mon nez se plisse pendant que mes dents se plantent discrètement dans mes lèvres, marquées par un sourire narquois. Il serait mentir d'affirmer que le caractère manifestement bien trempé et assuré de mon interlocutrice ne me séduit pas ; de plus, je perçois cette jouvence des premiers pas dans l'âge adulte que je me plais à sans arrêt titiller. A chaque réplique tranchée de la rousse, je m'engaillardis de la quête de la faire camper davantage sur ses positions, en l'y bousculant par des questions et commentaires arrogants. « Le contraire serait dommage, » j'articule en réponse à l'annonce de Chelsea qu'elle ne s'habillait que pour elle-même. « J'aurais même été choqué déçu, pour m'éloigner un peu du vintage, » j'ajoute, complice et moqueur, empruntant le vocabulaire que j'approprie aux jeunes de son âge davantage aux individus de ma décennie. Je l'étudie longuement, percevant une réflexion de sa part dans son regard qui se veut plus vague l'espace de quelques instants. Intéressé, je me penche davantage sur la table que nous partageons, observant en la fixant, armé d'une certaine fascination : « Je t'ai mis le doute sur quelque chose. »

J'émets un léger rire quand mon interlocutrice enchérit, prenant le soin de victimiser un crocodile en bonbon avant de lui retourner sa propre question. Je conjecture l'avoir surprise, peut-être même vexée, et je poursuis en lui indiquant que je ne suis pas de ceux qui nécessitent les autres pour guider le rythme ou les directions de mon histoire. Tenté, je lui demande de quelle catégorie de personnes elle grossit les rangs, bien que la classer rimerait presque avec une indécence à mes yeux. « Non je n’ai pas besoin de ça pour m’amuser ou me challenger. » Spontanément, je me plais à imaginer comment l'australienne se divertit, au-delà des films des années 2000 et de la mode qui s'y apparente. « Même si je ne serai jamais venue ici de ma propre initiative. » Je hausse un sourcil. « J'avais raison, alors. Victime de la mauvaise blague, » je nargue, insolent, mon allure se voulant bien plus suffisante que pulsée de jubilation. « Et je continue de penser que toi non plus, tu n’étais pas si volontaire que ça, malgré tout le baratin que tu viens de me sortir. » « Un baratin, c'est mignon, » je commente avec un sourire en coin. « T’es le dernier des mecs à avoir besoin d’un speed dating pour rencontrer des filles. » Mon rictus s'élargit, désormais teinté d'une fierté inégalée. La lumière, quant à elle, se tamise et la projection débute, me laissant cruellement sur ma faim.

Chelsea ne m'accorde que son profil, bientôt joliment agrément d'un sourire séduit lorsque Julia Stiles débarque en annonçant la couleur de son personnage au tempo de Bad Reputation. A mesure des scènes, je me surprends à ressasser mes propres souvenirs liés à cette chanson qui est intégrée au jukebox du bar de ma mère, avant que la pièce ne soit totalement plongée dans la pénombre, le film coupé net. Quelques manifestations de mécontentement et de déception s'en veulent les conséquences, pour ma part, je saisis l'occasion pour lancer à mon match : « Merci, je suis honoré d'être le dernier des mecs à en avoir besoin à tes yeux, » j'adresse avec sincérité bien que mes pupilles brillent éhontément de malice. « Ca va de soi que tu n'en as pas besoin non plus. » Je marque une pause. « Je le dis même si tu le sais déjà. » J'attrape une nouvelle sucrerie, mon regard appuyant mes paroles l'air de dire : évidemment. « Tu ferais quoi de notre date si son planning était de ta propre initiative ? » Je lui fais écho, curiosité aguichée. Indubitablement, Chelsea m'intéresse. Au-delà de son physique, je désire ardemment l'élucider. « J'aimerais beaucoup m'amuser et me challenger à ta sauce. »
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Message(#)Misery business ※ MAX  EmptySam 15 Juil 2023 - 21:05

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Il s’était fait des idées arrêtées sur elle, il lui semblait assez vantard pour être capable de dire qu’il était doué pour déchiffrer les gens. L’image qu’il se faisait d’elle lui plaisait, même si un gouffre générationnel pourrait les empêcher de s’entendre, tout du moins si Chelsea était véritablement comme les autres jeunes de son âge, biberonnées à TikTok et aux tendances à suivre. Il se prit momentanément pour un membre de la génération Z en employant une expression qui leur était propre, elle se mit à faire semblant de taper dans ses mains. « Bravo tu viens de rajeunir de dix ans, c’est un exploit quand on est un trentenaire qui s’habille comme un cinquantenaire. » Elle avait mis les pieds dans assez de friperies pour deviner que sa chemise avait au moins le double de son âge. Plongée dans ses pensées, elle ne se rendra pas compte qu’il prenait un malin plaisir à l’observer, assez pour mettre le doigt sur les mots qui décrivaient bien sa situation. Ses sourcils se froncèrent, non seulement parce qu’elle n’aimait pas qu’on lise si facilement en elle, mais aussi parce qu’elle n’avait pas envie d’admettre qu’elle avait de l’affection pour Carl. « Oui mais non, ça n’a pas d’importance. » Parce qu’il finirait par partir sans garder le contact avec elle, comme tous les autres colocataires avant lui. Elle ne voulait donc pas s’y attacher, alors qu’elle avait déjà fait l’erreur de bien se lier à son autre colocataire.
 
Chelsea ne voulait pas lui donner raison, alors qu’elle avait un esprit de compétition assez affûté pour ne pas reculer devant la plupart des défis qui lui étaient présentés. Elle aurait pu tenter d’effacer ce statut de victime qu’il lui attribuait, en faisant mine d’être ici volontairement, mais elle trouvait cela pire que d’avoir été menée en bateau. « Une victime quand même vachement courageuse de rester ici, à te supporter. » Elle ne savait plus où elle avait entendu cette phrase, qui encourageait à se jeter des fleurs quand personne d’autre ne le faisait pour soi, mais elle devait avouer qu’elle avait un effet revigorant. L’étudiante de photographie venait de s’autopersuader qu’elle avait du mérite parce qu’elle n’était pas une lâche ayant pris la poudre d’escampette. Il trouvait sa façon de qualifier ses propos mignonne, et il allait malgré elle la trouver encore plus mignonne, à cause d’un excès de franchise qui venait de la perdre. Pourquoi n’avait elle pas tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de lui balancer cette flatterie ? Si elle avait eu autant d’aisance avec celui dont elle était amoureuse, cela lui aurait au moins permis de mettre les choses au clair. Qu’est-ce qu’elle pouvait s’agacer par moment d’avoir des attitudes aussi stupides, elle pestiféra de nouveau  intérieurement contre Carl avant de l’oublier une fois que le film débuta.
 
Max s’était laissé happé par l’introduction du film à son tour, elle était à deux doigts de s’écrier halleluyah tant elle était rassurée qu’ils puissent passer à autre chose. Il n’avait jamais été aussi silencieux, pourvu qu’il continue de se concentrer sur l’oeuvre cinématographique, qu’il le fasse jusqu’à la fin. Un problème technique lui brisa subitement cet espoir, elle aurait pu se joindre aux lamentations des autres si son binôme n’en avait pas profité pour la relancer. Elle se pinça les lèvres, comment pouvait-il se montrer aussi réceptif à ce compliment alors qu’il devait en recevoir quotidiennement ? L’étudiante en photographie ne s’était pas attendue à ce qu’il le lui rende, tout en précisant qu’elle savait déjà qu’elle n’avait rien à faire ici elle aussi. Il la croyait infiniment plus confiante en elle qu’elle ne l’était réellement, mais peut-être que cela allait inconsciemment lui donner des ailes. Max se montra très curieux sur sa manière d’aborder la séduction, qu’aurait-elle prévu si c’était elle qui avait organisé un rencard ? C’était une bonne question, malgré qu’elle soit totalement novice en la matière elle avait tout de mêmes quelques idées, qui devaient sortir du lot qui plus est. « Je pense que je t’aurais invité sur mon bateau. » Elle l’aurait convié sur son havre de paix, car peu de personnes pouvaient se targuer d’avoir un navire à leur disposition. « Je t’aurais fait une ballade en mer, peut-être que je me serai arrêtée au niveau d’une île pour qu’on puisse se poser sur une plage déserte. » C’est ce qu’elle aurait fait à condition que le date se déroule très bien, car les premières étendues de terre n’étaient pas vraiment proches de Brisbane. « Et toi qu’est-ce que t’aurais fait pour m’impressionner ? » Traduction ; essaie de faire mieux que ce que je viens de t’énoncer.


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Message(#)Misery business ※ MAX  EmptyMer 23 Aoû 2023 - 3:33

Un rire si bref qu'il ne fut composé que d'une unique note s'extrait de ma gorge en observant mon interlocutrice applaudir faussement, rebondissant sur cette chemise odieuse que j'arborais quelque peu contre mon gré. « Je ne pense pas que tu sois le genre de personne à qui il faut apprendre que l'habit ne fait pas le moine, » j'affirme avec arrogance, mon regard se plantant sur le portrait de la jeune femme dont la concentration s'efface peu à peu, mes remarques suivantes ayant manifestement suscité une réflexion en elle. « Oui mais non, ça n’a pas d’importance. » Elle concède lorsque j'annonce avoir immiscé le doute en elle. J'inspire profondément, attrape une nouvelle victime sucrée de mon sachet de bonbons et contredis sans vergogne : « Si. » Je décapite le crocodile édulcoré et complète : « Mais cogiter c'est construire son avenir. » Un compliment dissimulé. J'appréciais le mordant de la rouquine mais aussi sa vivacité d'esprit. Aussi, elle m'apparaissait tel un individu investi, une caractéristique que j'associais à l'intelligence. Les soucieux possèdent réellement leur futur entre leurs mains selon moi car ils envisagent les différents scenarii et tentent de poser le pas dans la direction qui leur est le plus judicieuse.

Une moue déçue étreint la commissure de mes lippes quand Chelsea me confirme ne pas assister à cet événement de son plein gré. Je ne me prive absolument pas de la narguer, en me basant sur mes déductions tirées des informations qu'elle m'a dédiées, et la définis telle la victime d'une mauvaise blague. « Une victime quand même vachement courageuse de rester ici, à te supporter. » Je lui souris, attendri. « Allons, ne te dévalorise pas. Le courage est pour les gens qui traversent une épreuve. Pour ton compte, j'aime penser que tu restes ici parce que tu es intéressée par le film et donc que tu le fais pour toi. » Je marque une pause, joueuse. « Une opportuniste. » Je conclus. Une attitude toute à son honneur et qui génère un point supplémentaire pour la jeune adulte dans mon estime.  

Le premier volet de nos échanges s'achève en beauté sur un compliment émis par la jeune femme. Le sourire sur mes lèvres perdure quelques bonnes minutes tandis qu'intérieurement, des répliques fusent dans ma boîte crânienne en bande sonore de Bad Reputation. Puis, le mitigé désastre s'amorce : l'écran ne reflète que pénombre ; quand le public exprime sans cérémonie sa déception face à ce problème technique, j'exulte d'obtenir une occasion de relancer mon interlocutrice sur la flatterie qu'elle m'a accordée, la lui rendant avec sincérité avant de m'enquérir sur sa définition de rendez-vous galant digne de ce nom. Mes sourcils se haussent, témoignant d'une surprise authentique, quand j'apprends que la rouquine possède un bateau. Son planning me fait rêver tout en me procurant la sensation de disposer d'une fenêtre supplémentaire sur la personne que compose Chelsea. Ma curiosité d'en apprendre davantage sur elle est indéniablement avide et je réfléchis quelques secondes alors qu'elle interroge : « Et toi qu’est-ce que t’aurais fait pour m’impressionner ? » Une idée s'impose, originale et risquée. De la haute voltige sur une mer hasardeuse. « Je te laisserai l'occasion de le découvrir lors de notre prochain date qui se déroulera comme tu viens de le décrire, louve de mer, » je déclare avant d'inscrire mon numéro de  téléphone sous le ticket affichant le nombre qui nous avait réuni à ce speed-dating atypique. « Je me rendrai disponible. » J'assure avec arrogance avant de me lever du siège. Je récupère mon sachet de bonbons pendant que les organisateurs déplorent être en incapacité de relancer le film de suite et proposent un ticket gratuit pour une prochaine séance au choix des participants. « Au plaisir, Chelsea. Tu ne seras pas déçue. » Je promets avant de tourner les talons.
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