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 the sharp knife of a short life (archie)

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Message(#)the sharp knife of a short life (archie) EmptyDim 26 Mar 2023 - 12:14

« P*tain, Max, bouge-toi, tu vas être en retard à l'école ! » gronde sévèrement ma mère en déplaçant, sans délicatesse aucune, de son pied ma jambe dans le but de m'inciter à me mettre en route. Prêt à adhérer au contexte de l'école buissonnière, je me suis discrètement faufilé entre le frigidaire et le congélateur de l'arrière-cuisine, faisant fi de la pendule qui grimace de ses aiguilles intransigeantes le fait que je devrais déjà être en route vers mon premier cours de la matinée. Malgré le mécontentement irradiant dans toute la petite pièce, je demeure plongé dans les aventures relatées par Alexandre Dumas, incapable de refermer mon livre, les yeux rivés sur chaque ligne que je dévore avidement. Arrogant, je me contente de ramener ma jambe contre moi, ignorant prodigieusement ma génitrice, ce qui n'est assurément pas pour lui plaire. Elle se penche, m'arrache le livre de mes mains sans cérémonie, provoquant une féroce expression de colère sur mon visage par la même occasion. « Tu vires. A l'école. Maintenant. Bon Dieu. » Elle pointe la porte et je me redresse enfin. D'une main sévère, elle plisse mes vêtements, s'efforce de dompter mes cheveux hirsutes puis glisse mon livre dans la poche de mon cartable que j'enfile sur mes épaules. « Tu fais attention sur la route. Ce soir je te ferais un flan, d'accord ? » Fait-elle, de sa manière d'exprimer sa culpabilité d'avoir haussé le ton. Elle caresse ma joue avant de me pousser vers la sortie du bar. « Dépêche-toi. Je veux pas avoir ta sale directrice sur le dos encore. »

Je trottine jusqu'au trottoir adjacent à notre domicile et dès que je me trouve hors de la vue de ma mère, je récupère mon livre de mon sac à dos afin de continuer la route que j'effectue machinalement depuis des années tout en parcourant les pages du roman. Lorsque je parviens à la hauteur de l'entrée de l'établissement scolaire, la sonnerie retentit tout juste. Je me presse jusqu'à ma salle de classe puis me laisse tomber sur la chaise de bois et de plastique qui m'est attitrée après avoir pendu mon cartable sur le dossier de celle-ci. J'en retire mes manuels et ma trousse de crayons et m'applique à élaborer mon subterfuge habituel pour dissimuler ma lecture des leçons à intégrer durant cette heure de cours qui ne m'intéresse que très médiocrement.

Je m'adosse avec désinvolture sur ma chaise puis remarque enfin la silhouette d'Archie. L'adolescent est livide, comme figé dans l'espace, et je le dévisage sans vergogne. Mes lèvres s'entrouvrent afin de lui adresser la parole mais Mrs Dunn impose le silence, les mathématiques commencent. Je passe une main dans mes boucles, reprends les aventures des mousquetaires pendant que le théorème de Pythagore est présenté. « Kwanteen, tu nous donnes la définition de l'hypoténuse ? » Le silence est si éloquent que j'en décroche mes pupilles de mon chapitre pour les river sur la silhouette blafarde et tendue de mon ami. Heureusement, Miss-je-sais-tout hurle le segment correspondant comme si sa vie en dépendait et la classe reprend son cours, quelques élèves gloussant à l'indémodable « Je savais pas que tu t'appelais Kwanteen, Reginald. » Je pose mon menton dans ma paume, mon coude sur la surface rayée du bureau, puis je scrute de nouveau Archie. Finalement, je déchire distraitement un bout de papier de mon cahier sur lequel je dessine un serpent à lunettes, censé représenter Harmony Reginald, sa compétition en termes de A aux bulletins de notes. Je lance vigoureusement le papier sur la tête d'Archie de sorte à l'extraire de sa torpeur pendant que la professeure a le dos tourné. « Pense à autre chose, ça va rien t'apporter d'en faire une maladie, » je lui conseille.

Gather up your tears, keep 'em in your pocket.
Save them for a time when you're really gonna need 'em.


@Archie Kwanteen  :gla:


Dernière édition par Max Novak le Mar 25 Avr 2023 - 19:14, édité 1 fois
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Message(#)the sharp knife of a short life (archie) EmptyLun 10 Avr 2023 - 20:23

Rien ne sera plus jamais pareil.

Mais la rue est pareille, les carrés de maison qui la ceinturent aussi. Le béton chaud est aussi dur sous ses semelles blanches, le poids de son sac sur son dos ralenti sa course comme il le faisait avant. Le frein rouillé de l’autobus couine de la même façon. Mais, dans le véhicule, les têtes des autres élèves se tournent vers lui différemment. Un silence s’impose, même le chauffeur reste aphone le temps de refermer la porte derrière Archie. Il aimerait avoir le cœur d’envoyer un doigt d’honneur à tout le monde mais il reste ainsi perché debout, pressant son chemin jusqu’à sa place dans l’autobus, fuyant les regards lourds comme le deuil qu’il porte dorénavant sur ses épaules. Ni Madison ni Saddie ne l’accompagnent aujourd’hui, il est le premier à être renvoyé dans la vraie vie parce que c’est son devoir de prendre de l’avance – ou de sauter dans le vide pour s’assurer que la chute n’est pas mortelle. Heureusement, la radio est allumée et les mêmes musiques qu’il entend tous les matins jouent en boucle au plafond. Ainsi, il peut presque oublier l’ambiance sèche dans laquelle il vient de s’introduire. Si un élève le regarde, il baisse aussitôt les yeux pour ne pas lui laisser le temps de trouver la motivation ou l’inspiration de lui demander s’il va bien. Que pourrait-il répondre ?

Alors tout le monde est au courant. Aujourd’hui, il n’obtiendra que de la pitié pour le décès de sa sœur ainée. Il en récoltait déjà à la tonne quand le diagnostic du cancer est tombé au début de l’année et quand Lola a quitté les bancs d’école pour se faire brancher à une machine mais, ce lundi, c’est différent. Il n’y a plus d’espoir et le miracle n’a pas eu envie de se produire dans la chambre d’hôpital de l’adolescente. Aucune prière ne l’aura sauvée, non plus. Dieu était occupé à en sauver d’autres à l’autre bout du monde.

Archie est bon élève ; il l’a toujours été. Il n’a jamais eu besoin de faire des efforts car il avait hérité d’un esprit intelligent et affuté. Souvent, il n’écoute que d’une oreille, termine la moitié des devoirs et s’en sort avec la meilleure note de la classe. Les professeurs ont toujours admiré et applaudi ses performances à un tel point qu’il s’était fait une réputation. L’inattentif allumé. C’est ce qu’il était. Un mystère pour les adultes, un motif de jalousie pour ses camarades. Dans la classe de mathématique, la première de la journée, il se perd dans ses pensées. Des cernes mauves creusent le dessous de ses yeux et immortalisent son manque de sommeil et son envie d’imploser. Mais il se retient de le faire, Archie, parce que s’il est bon élève, il est aussi un parfait enfant pour ses parents dont il fait la fierté. « Kwanteen, tu nous donnes la définition de l'hypoténuse ? » Son nom réverbère dans sa boîte crânienne déjà trop remplie. Il se perd quelque part entre deux souvenirs de crise de larmes et de promesses. Ses yeux se posent dans ceux de Mrs Dunn et il semble perdu un moment, comme s’il flottait dans l’espace sans scaphandre pour apporter l’oxygène à ses poumons. Il ne se trouve plus sur Terre, plus depuis qu’il s’est installé sur cette chaise pour ressasser les mémoires de Lola. À droite, il perçoit une voix aigüe lui emprunter la parole. Là encore, il ne semble pas comprendre ce qu’il se passe. Il se moue au ralentit, aussi quand il se replace sur son siège pour déplacer sa nausée, aussi quand il reçoit une boule de papier sur la tempe. Il pivote la tête en direction de l’origine du projectile, croise le regard de Max, le reconnait mais pas tout à fait, parce qu’il n’a pas changé alors que tout a changé. « Pense à autre chose, ça va rien t'apporter d'en faire une maladie, » Un conseil qui entre par une oreille et sort par l’autre tandis qu’il est occupé à défroisser la boule de papier pour observer le dessin. Pas un rictus ne soulève ses lèvres ou n’anime sa mine déconfite lorsqu’il découvre le serpent à lunette, franchement mal dessiné. Il déglutit, relève le menton et répond, sans même s’assurer que l’enseignante a toujours le dos tourné : « Pourquoi tout le monde est au courant ? » Une plainte émie à voix haute, une interrogation qu’il va chercher au creux de son estomac, là où toutes les injustices qu’il veut crier résident. Perdre sa sœur était déjà une chose : devenir un martyr aux yeux de ceux qui ne comprennent pas sa peine, s’en est une autre. « On me traite comme un malade en phase terminale. » Et, à ces mots, il croise le regard d’un autre élève qui en profite pour le dévisager de haut en bas avec un air angoissé. Archie n’a pas le courage de dire quoi que ce soit pour se défendre ou pour lui dire de se mêler de ses affaires. Max a toujours eu la bravoure de deux. « J’aimerais pouvoir envoyer chier tout le monde. »  

@Max Novak I love you I love you I love you
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Message(#)the sharp knife of a short life (archie) EmptyMar 25 Avr 2023 - 19:48

Les secondes durant lesquelles Archie demeure de marbre, à observer distraitement le grossier dessin de serpent à lunettes que je lui ai dédié, me sont amères. Elles détiennent ce goût âcre car je réside au coeur de la déchéance humaine ; le malheur des autres me finance le toit de mon logement et j'ai ainsi rapidement appris que les Hommes sont plus sains lorsqu'ils exposent leurs sentiments, lorsqu'ils expriment leur mal-être, lorsqu'ils explosent telle la cocotte-minute qui expulse enfin son couvercle qui fait grimper la température en elle jusqu'à l'insupportable. Le sang des humains est chaud, il lui est coutumier de bouillir et à mes sens, une réaction doit être contrecarrée pour ne pas que nous nous consumions de l'intérieur, pour ne pas que nous devenions telle une batterie de cuisine carbonisée, vestige de sinistres dégâts qui n'ont pas su être interrompues.

Le Kwanteen, paralysé dans une sombre torpeur, me représente une bouilloire qui ne sait siffler, dont l'eau s'est évaporée sous le couperet de la chaleur depuis bien longtemps, vapeur s'étant dérobée pendant que Lola s'éteignait à petit feu. Il ne reste plus que la tôle, tantôt violacée, tantôt livide, crépitant périlleusement sur ce foyer vorace goulûment alimentée par un cocktail de sentiments que je ne peux qu'imaginer. Je veux qu'Archie siffle avant que son état ne devienne irrécupérable. Je désire retirer le couvercle sur la cocotte-minute.

Ainsi, lorsque le garçon déglutit enfin et qu'il m'accorde son attention vitreuse, la concentration que je lui voue est entière, la détermination qui m'éprend est impériale. « Pourquoi tout le monde est au courant ? » Je peine à capter ses mots à travers la bande sonore du cours de mathématiques, je devine quelques syllabes à la danse fébrile des lippes livides de l'australien. Je pouffe discrètement, ma bouche arbore un rictus persiffleur. « La même raison pour laquelle les gens foutent la merde, Archie. » Je plante mes pupilles sombres dans les siennes. « Parce que les gens s'emmerdent tant qu'ils ont rien de mieux à faire que de foutre leur nez morveux dans les affaires des autres. » « On me traite comme un malade en phase terminale. » Je plisse les yeux, décris mon ami avec une compassion revancharde. Je sais peu aimer avec les gestes et les mots tendres, j'ai grandi dans les émotions qui se communiquent par les fracas. Je suis le regard de mon interlocuteur qui se tourne vers un camarade de classe qui ne se prive pas pour le dévisager et lorsque la scène devient trop irrespectueuse à mes yeux, je claque sèchement la langue pour sommer à l'élève de cesser ; une alerte assez brusque pour le remettre dans les rangs sans attirer les foudres de Mrs Dunn. « J’aimerais pouvoir envoyer chier tout le monde. » « Qu'est-ce qui t'en empêche ? On ne donne du pouvoir et du respect qu'à ceux qu'on a choisis. » Je désigne d'un geste large de la main la salle de classe. « Et ceux qui ne te respectent pas méritent pas que tu les respectes. » Je croise mes bras sur mon pupitre. « T'as tous les droits d'envoyer quelqu'un chier s'il le mérite. Puis ça fait jamais de mal de donner une leçon à quelqu'un. » Un air dédaigneux s'abat sur quelques silhouette de la salle. Des têtes à claques qui se sont perdues, je pense. « J'peux t'aider s'tu veux. Mais c'est plus jouissif quand tu le fais toi-même. Le mieux c'est d'envoyer chier quelqu'un en laissant parler ce qui gronde au fond de toi. »

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Message(#)the sharp knife of a short life (archie) EmptyLun 8 Mai 2023 - 17:07

Un bateau chavire mais l’océan demeure intact. Une catastrophe gigantesque pour les marins qui se sont en vain battu contre les vagues déferlantes, une secousse à peine perceptible vue du ciel. Des mondes sont transformés mais pas le monde entier.

Les intonations de l’enseignante sont les mêmes mais les oreilles d’Archie ne les perçoivent pas de la même façon. Tout son être semble enseveli d’une bâche épaisse qui filtre les sons les plus aigus et ne le laisse passer que les grondements et les vibrations dans le sol. Perdu dans un rêve, ou plutôt un cauchemar flou, que seule la boule de papier que lui lance Max arrive à décomposer. Au départ, il ne comprend pas. Il stagne comme les nénufars sur un étang, perçoit les traits qui forment un dessin mais ses neurones ne se connectent plus et ne lui envoient plus l’information nécessaire. Il s’agit d’un serpent avec des lunettes. Et alors ? Bien décidé à ignorer cette œuvre d’art amatrice, il préfère adresser le sujet dans lequel il se noie. « La même raison pour laquelle les gens foutent la merde, Archie. » Il ne réagit toujours pas, pauvre gamin à qui on a arraché la joie de vivre. « Parce que les gens s'emmerdent tant qu'ils ont rien de mieux à faire que de foutre leur nez morveux dans les affaires des autres. » Il déglutit, passe de tête en tête en cherchant à lire dans les pensées de tous ceux qui paraissent en connaitre plus que le concerné. Lola est décédée. La maladie a gagné la bataille. « Imbéciles. » Il n’y a rien de plus à dire, mais Archie s’imagine déjà toutes les rumeurs, les histoires dégradantes, les discours transformés du passage d’une oreille à l’autre. Que des menteurs qu’il voudrait faire disparaître de sa vue. En attendant, il est le nouveau martyr de la classe et, même si la leçon n’est toujours en cours, plus personne ne l’écoute. Les yeux fuient vers Archie ; se reposent vers le mur derrière lui quand il devient un peu trop lucide. Tous les atomes se sont regroupés autour de lui, et juste lui. À côté, Max ne se fait pas remarquer même si sa voix qui déforme les ondes graves. « Qu'est-ce qui t'en empêche ? On ne donne du pouvoir et du respect qu'à ceux qu'on a choisis. » Il s’efforce d’ignorer ce quatrième témoin pour reposer ses yeux vitreux sur le garçon. Il n’est pas certain de comprendre où il veut en venir. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il obtiendra un doctorat. « Et ceux qui ne te respectent pas méritent pas que tu les respectes. » Il ne sait pas manquer de respect. Archie est bien élevé. « Mais… Ce n’est pas ce que je veux. Je me retrouverai seul, si personne ne me respecte parce que je ne les respecte pas en retour. » Il se mord la lèvre inférieure. Rien ne fait de sens. Il se perd dans ses réflexions. « T'as tous les droits d'envoyer quelqu'un chier s'il le mérite. Puis ça fait jamais de mal de donner une leçon à quelqu'un. » Il suit son regard vers la foule, capte d’autres yeux curieux qui s’abaissent aussitôt. « Ce qui gronde en moi ? » Il l’interroge à voix basse, préférant laisser personne l’entendre parler de ça. Les garçons ne doivent pas afficher leurs émotions. Qu’il soit triste, qu’il gronde ou qu’il aime ; il doit rester une statue de marbre pour avoir de la valeur en tant qu’homme. « Je ne gronde pas. » En tout cas, il n’a pas l’impression que c’est ça qu’il se passe dans son corps. « J’en ai seulement marre. Marre de toutes ces responsabilités, marre des gens qui assument sans me parler. » Au creux de son ventre, le calme est stoïque, presque inhumain. « Mais… Je n’ai pas non plus envie qu’on vienne me parler. » C’est contradictoire. Il ne sait pas ce qu’il veut. C’est plus compliqué que prévu. « C’est pour ça que je veux juste envoyer chier, tu sais. Sans gronder, juste… » Il soupire, vide de mots. « Je ne sais pas. Juste faire peur aux gens pour qu’ils n’aient pas envie de me regarder comme ils le font. Ou être terriblement laid pour qu’on m’ignore. » Mais il ne fait pas peur, il n’est pas laid non plus. Ce n’est pas son seul physique qui le protégera des regards. « Je crois que j’aimerais être comme mon père, tu sais. » Max l’a déjà rencontré. Il connait sa stature, l’aura qu’il dégage. « Il a tellement confiance en lui qu’on dirait qu’il y a un mur autour de lui. Et il ne s’est jamais mis en colère parce qu’il ne gronde pas. Il aime et déteste en silence. » Le respect vient naturellement à lui. Oui, c’est ça. Archie veut être comme Charles. « Je ne veux pas être comme toi, enfin, tu sais ce que je veux dire. » Max se tient en retrait, Max n’a pas vraiment d’amis, Max n’interrompt que très rarement. « Mais je suis certain que si c’était toi qui avait perdu ta so… Qui était dans ma situation, personne ne te regarderait comme on me regarde en ce moment. Pourquoi ?.. »

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Message(#)the sharp knife of a short life (archie) EmptyDim 18 Juin 2023 - 12:57

Avachi sur la siège métallique de mon bureau d'école, mes iris passent du portrait blafard d'Archie aux quelques élèves qui lui dardent des regards gorgés de pitié comme de curiosité. Je me plais à les scruter sans vergogne, attribuant des capacités enflammées aux revolvers de mes sombres pupilles, et lorsque les écoliers détournent leur attention dès qu'ils croisent mon air de brute, un rictus satisfait étire mes lippes.

Ignorant prodigieusement l'institutrice qui s'applique à intégrer le théorème de Pythagore dans les jeunes têtes qui lui font face, je m'adonne pour ma part à inculquer quelques leçons de vie à l'une des rares personnes que je considère comme un ami. « Mais… Ce n’est pas ce que je veux. Je me retrouverai seul, si personne ne me respecte parce que je ne les respecte pas en retour. » Je fronce les sourcils, désapprobateur. « Tu te retrouveras mal accompagné, oui. Tu veux devenir un paillasson, Kwanteen ? » Je tranche, rhétorique, décidé à ne pas voir l'australien se faire marcher sur les pieds par des caractères qui profiteraient de ses instants de faiblesse. Ma silhouette est moins impressionnante que la sienne, même s'il n'est pas non plus doté d'un gabarit intimidant, mais je possède la hargne des mauvaises herbes pour nous défendre. « Tu ne seras pas seul. Tu seras avec des gens qui te correspondent. » Puis, je rappelle à Archie qu'il détiens tous les droits de se défendre et que les gens méritent d'être remis à leur place ; ça leur fait, de plus, des leçons salutaires à mes yeux.

Je soupire profondément devant la résilience de mon interlocuteur. Archie se dit résigné, saturé, mitigé. Puis, sa colère se montre timidement : il veut qu'on le laisse seul, il désire repousser ses pairs. Lorsqu'il exprime souhaiter être terriblement laid pour faire détourner les regards, je souffle, narquois : « Descends de tes hauts chevaux, t'es pas une beauté fatale non plus. Et ça ne t'aiderait pas d'être terriblement laid : les monstres sont aussi défigurés. » L'Homme est attiré par la différence et la juge sans scrupule : tel est inscrit dans notre éducation. On pointe du doigt les membres manquants, les cicatrices proéminentes, les bosses courbant les échines, les épidermes brûlées à jamais. La seule règle pour passer inaperçu est d'être conforme au public et exister par la masse. Néanmoins, j'assimile le souhait d'Archie, même si je n'y adhère pas.

Mes yeux se lève sans retenue au Ciel lorsqu'il évoque son père. Le jeu des sept familles de mon camarade de classe est bien fourni, le mien a perdu nombreuses pièces avant même que je l'intègre et les cartes restantes font pâle figure. Ce n'est pas de la jalousie que j'exprime, cependant, mais plutôt ce désamour profond que je voue à la notion de père. Chaque gamin que je fréquente estime leur géniteur comme un modèle, un héros. Le mien est un raté que je refuse de connaître. Alors, l'amour qu'un enfant voue à son paternel est devenu un mythe à mes yeux, une supercherie, une valeur mièvre au même titre que les contes de fée.

« Tu crois que ton père se soucie de l'avis des autres ? Justement, il se fait respecter parce qu'il a confiance en lui, il connaît sa valeur et elle ne dépend pas des gens qui l'entourent. Sa façon d'être n'est pas si différente que la mienne. Il remet les gens à leur place par son attitude. » Je formule. « T'as de la valeur, Archie. Qu'est-ce qui t'empêche d'avoir confiance en toi et de faire comme ton père ? » Je ne prends aucune offense lorsque le Kwanteen m'indique ne pas vouloir me ressembler ; je me plais même à sourciller, défiant mon ami à communiquer le bout de sa pensée. « Je suis certain que si c’était toi qui avait perdu ta so… Qui était dans ma situation, personne ne te regarderait comme on me regarde en ce moment. Pourquoi ?.. » Je soupire. « Archie... » Je commence, lorgnant vers l'enseignante qui est concentrée à son bureau. Manifestement, nous sommes censés réaliser quelques exercices de notre manuel. « Les gens te regardent avec pitié parce qu'ils ont de l'estime pour toi, ou ils te regardent avec intérêt parce qu'ils se demandent ce que ça fait, de perdre un membre de sa fratrie. » En soi, rien qui me paraît néfaste, même si je comprends que cet intérêt est une double peine pour l'adolescent. « Tu crois qu'on m'a pas regardé comme ça quand on a appris que mon père en a rien à foutre de moi ? Que ma mère est une miséreuse qui tient un bar et que ma chambre se trouve juste au-dessus des ivrognes que j'entends gueuler jusqu'à pas d'heure ? Que je m'élève seul parce que j'ai vraiment que moi sur qui j'peux compter ? » J'expose sans dentelle. « On m'a regardé de travers plus d'une fois et ça continue encore. Je t'épargne les jugements de valeur qu'on me fait. La différence c'est que je prouve vite aux gens qu'ils peuvent se garder leur avis pour eux et que c'est pas ma situation ni leur opinion qui m'empêchera de faire ou de devenir comme il me l'entend. » Je lève les sourcils, désinvolte. « Les gens compatissent avec toi mais d'ici quelques jours, ils auront oublié, » j'expose sans merci. « Ton job, maintenant, c'est de décider qui tu veux être et ce que tu veux faire. On fera pas revenir Lola. Rend la fière. Ne deviens pas qu'une ombre de toi-même. Ne baisse pas les bras. Ne te résigne pas. » J'encourage. « Lola en a assez enduré comme ça. Tu crois qu'elle veut te voir en baver ici-bas ? » Je marque une pause. « Les gens se feront toujours des idées sur toi, sans venir te parler. Tu auras toujours des responsabilités et c'est pas une mauvaise chose, ça montre juste que t'as un rôle et du pouvoir. Si tu veux être comme ton père, la prochaine personne qui te regarde d'une manière que tu n'aimes pas, fais comme lui ferait pour l'en dissuader. »

@Archie Kwanteen the sharp knife of a short life (archie) 104643470 the sharp knife of a short life (archie) 1484806105 :creepy:
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Message(#)the sharp knife of a short life (archie) EmptyDim 23 Juil 2023 - 14:40

« Tu te retrouveras mal accompagné, oui. Tu veux devenir un paillasson, Kwanteen ? » L’assurance dont fait preuve Max ne devrait pas le déboussoler puisqu’il a toujours été comme ça, mais lorsqu’Archie est celui qui se fait relever les bretelles, l’effet n’est pas le même. Il a l’impression que c’est une voix divine provenant du ciel qui lui dicte la conduite à suivre, bien que cette dernière ne s’accorde pas tout à fait à ses valeurs. Il n’est pas un mauvais garçon, Archie. Il a été bien élevé, dans un moule solide, certes, mais il a pris le meilleur de ses parents et s’applique à le redistribuer. Si le prix à payer est de ne pas pleurer pour rester plus fort que ses sœurs, qu’il en soit ainsi. « Tu ne seras pas seul. Tu seras avec des gens qui te correspondent. » Cette nouvelle réplique a l’effet d’un coup de fouet à l’arrière de son crâne. Il doit se réveiller. Max a raison. Aucun élève dans cette classe ne peut comprendre sa souffrance. Aux dernières nouvelles, Lola est la première enfant à avoir quitté l’école du jour au lendemain sans plus jamais y retourner. Tout le monde est au courant, et Archie est au courant que tout le monde est au courant, alors il ne ressemble à plus personne. Il devra filtrer les élèves pour n’en tirer que ceux qui peuvent prétendre arriver à sa cheville. « Tu as peut-être raison. » Il murmure en décroisant ses bras de contre sa poitrine, puisant le courage dans les conseils de son ami. Il arrive à soutenir le regard d’un énième curieux qui finit par reposer ses yeux sur l’enseignante, pantois.

« Descends de tes hauts chevaux, t'es pas une beauté fatale non plus. Et ça ne t'aiderait pas d'être terriblement laid : les monstres sont aussi défigurés. » La remarque lui arrache un tout premier sourire qui ne s’étale cependant pas dans le temps. Il a toujours apprécié l’intégrité de Max. Il ne fait pas tourner sa langue dans sa bouche trois fois avant de parler. Archie devrait s’inspirer de ce trait. Lorsqu’il mentionne son père, il découvre une expression agacée dans les traits de l’autre garçon et il se pince les lèvres, captant sa maladresse. Il est vrai que Max n’a jamais eu de modèle masculin à suivre, alors comment pourrait-il croire en la crédibilité de toute l’admiration que voue Archie à l’égard de son paternel ? Il est son super héros depuis toujours. Un exemple de réussite, de ténacité et de hardiesse. Toutes les qualités que devraient posséder un homme.

« T'as de la valeur, Archie. Qu'est-ce qui t'empêche d'avoir confiance en toi et de faire comme ton père ? » « Je n’ai pas encore fait mes preuves, moi. » C’est aussi simple que ça. Il n’a pas encore gagné de médailles. Certes, ses résultats scolaires sont excellents, mais il ne reçoit jamais la reconnaissance escomptée. Lorsqu’il est fier de lui, il ne reçoit qu’une tape sur l’épaule, et il retombe rapidement sur Terre. C’est seulement lorsqu’il aura réalisé autant de choses que Charles qu’il pourra daigner obtenir son approbation. Pour le moment, il n’est qu’un adolescent immature. « Archie... » Il redresse un regard intrigué sur Max. « Les gens te regardent avec pitié parce qu'ils ont de l'estime pour toi, ou ils te regardent avec intérêt parce qu'ils se demandent ce que ça fait, de perdre un membre de sa fratrie. » Ils n’ont qu’à aller faire une petite recherche à la bibliothèque pour trouver les réponses à leurs questions. Archie n’est pas une œuvre d’art dans un musée, il n’a pas envie de communiquer un message de par sa simple existence. « Tu crois qu'on m'a pas regardé comme ça quand on a appris que mon père en a rien à foutre de moi ? Que ma mère est une miséreuse qui tient un bar et que ma chambre se trouve juste au-dessus des ivrognes que j'entends gueuler jusqu'à pas d'heure ? Que je m'élève seul parce que j'ai vraiment que moi sur qui j'peux compter ? » Honteux, il se referme sur lui-même, recroisant ses bras sur sa poitrine, et se laissant reposer contre le dossier de son siège. Il n’a plus l’impression d’avoir le droit d’être triste maintenant que sa famille est comparée à celle de Max. « On m'a regardé de travers plus d'une fois et ça continue encore. [...] c'est pas ma situation ni leur opinion qui m'empêchera de faire ou de devenir comme il me l'entend. » Oui, mais à la fin, il n’a pas beaucoup d’amis. Archie ne veut pas se retrouver aussi seul que lui. Il craint le regard des autres, le jugement aussi, et ce n’est pas un simple discours qui le fera changer d’avis. Max est visiblement plus fort que lui. « Ton job, maintenant, c'est de décider qui tu veux être et ce que tu veux faire. On fera pas revenir Lola. Rend la fière. Ne deviens pas qu'une ombre de toi-même. Ne baisse pas les bras. Ne te résigne pas. » Ce discours-là le regorge d’une nouvelle énergie. Il le regarde avec une lueur indescriptible dans les prunelles. Il a tout à fait raison. « Lola en a assez enduré comme ça. Tu crois qu'elle veut te voir en baver ici-bas ? » Il secoue la tête à la négative. Il lui avait promis de bien aller, lorsqu’elle s’envolerait dans le ciel. « Les gens se feront toujours des idées sur toi, sans venir te parler. [...] Si tu veux être comme ton père, la prochaine personne qui te regarde d'une manière que tu n'aimes pas, fais comme lui ferait pour l'en dissuader. » Il ne se rend pas compte de ce qu’il fait, Max. Charles est un modèle pour son fils, certes, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Son succès, il le doit aux jambes qu’il a cassées lors de son parcours, et Archie en connait tous les détails tellement son paternel s’en vante à la maison. Alors c’est ça, la clef du succès ? C’est de piétiner les autres et de retirer l’envie à quiconque de se mesurer contre lui ?

« Alors, qui peut me donner la réponse à la question c) ? »

Archie ne prend même pas la peine de lever la main avant de s’exclamer avec confiance : « Quarante-quatre centimètres. » Parce que, si les gens le voient aujourd’hui comme un martyr, demain ils se rendront compte qu’il est un vainqueur. Jetant un dernier coup d’œil à Max, il lui adresse un signe de la tête entendu.  

@Max Novak et ainsi Max créa un monstre the sharp knife of a short life (archie) 2390413160 the sharp knife of a short life (archie) 2390413160 the sharp knife of a short life (archie) 2390413160
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