tw. adultère. « Est-ce que tu te fous de ma gueule, Valencia ? C’est à moi d’être en colère ! Tu n’as pas le droit de me voler ce rôle. Putain ! C’est toi qui se tape ton assistant … depuis quand déjà ? » L’italien essaie de se calmer, de ne pas hurler. Bien que ses propos soient prononcés en italien et dans le garage, il ne veut pas réveiller les enfants, attirer leur attention ou celle de Becca. L’italien est brisé, blessé. Son épouse le trompe. Il fait partie de ceux qui appartiennent au comité des cocus. Génial ! Il avait appris ça de la pire manière qui soit : merci les technologies. Le téléphone de son épouse s’était connectée à leur voiture et le message avait été lisible pour tous, pour Ugo et son ego qui avait implosé dans la seconde suivante. Blessé, il avait vu son monde s’écrouler en quelques minutes … Les premières secondes, il avait attendu une explication, une blague, un rire. Il aurait même préféré la voir se trouver une excuse bidon, se ridiculiser en cherchant une excuse à laquelle il n’aurait pas pu croire. Mais, elle n’avait même pas nié. Elle lui avait ouvertement parlé de cet assistant âgé de moins de trente ans avec qui elle avait le sentiment de redécouvrir ce qu’est le plaisir de l’autre. Elle vidait son chargeur dans son ego sans la moindre retenue, sans la moindre pudeur. Valencia avait attendu de se faire prendre la main dans le sac pour avouer ne plus être heureuse, pour tout lui avouer. « Oh ne fais pas une scène, Ugo. Ce n’est vraiment pas dans ton genre », qu’elle lance en lui tournant le dos. Oh ! Elle venait de se trouver un nouveau chargeur pour l’achever.
Désormais, elle lui donnait le titre de drama queen. Reine du mélodrame. Il hausse les épaules tout en lui emboîtant le pas, la colère déformant les traits de son visage. « Tu viens de chier sur notre mariage et c’est moi qui fait une scène ?» Le ton monte et elle ouvre la porte au même moment ; évidemment que Becca ait entendu l’entrée du couple. « On est censés en parler, Valencia. On est censé se poser autour d’une table et ---» « Arrête ! » lance-t-elle en anglais tout en se tournant vers lui, tendant le bras comme pour créer une distance entre eux. « Je ne peux pas rester ici ; ça ne sert à rien …» et elle agite la main pour finalement se diriger vers la porte qu’elle vient de franchir, le laissant les bras balants. Il a tout juste le temps de cracher un juron, les mains posées sur le haut de son crâne. Un nouveau juron alors qu’il fait un tour sur lui-même, se souvenant soudainement qu’il y a quelqu’un … dans la pièce voisine. Et merde !
Les mains posées sur le haut de son crâne descendent sur ses joues qu’il étire vers le bas, tout en ouvrant la bouche. Il doit gérer cette situation pour lui et désormais face à quelqu’un qu’il connait depuis trop longtemps sans vraiment la connaitre. Une tierce personne. Fuck ! Ugo ferme les yeux une seconde avant de se diriger vers le salon, essayant de prétendre gérer la situation dans ce costume hors de prix qui ne fait que le rendre encore plus pathétique. Pathétique car son ego de mâle a été bafoué : un môme a pris sa place auprès de sa femme. « Hi » dit-il gêné comme s’il n’était pas chez lui, comme s’il la dérangeait. Une main nerveuse se cale dans sa nuque qu’il masse nerveusement. « Ça s’est bien passé ? » demande-t-il en essayant de contrôler les battements de son cœur, contrôler les réactions de son être tout entier. Mais, il est incapable de la regarder dans les yeux … il a … honte.
Elle avait mis Roberto et Maya au lit, non sans que le plus âgé ne râle. C’est vrai que neuf heure trente, pour un enfant de quinze ans, c’était peut-être un peu tôt. Mais bon, Rebecca s’occupait d’eux depuis longtemps, ils connaissaient la règle : trois épisodes des Simpsons et au lit. Rapide discussion avec le plus grand, quelques mots rassurant face à ses inquiétudes de jeune ado, puis lumières étaient éteintes, les portes des chambres étaient refermés doucement et elle retournait dans le salon pour la seconde partie de sa soirée de travail : l’attente. Quand elle gardait des tout petits il fallait qu’elle tende l’oreille en cas de pleure, de cauchemar, d’accident… Mais là, avec des enfants de douze et quinze ans, elle était bien plus sereine. Une fois la cuisine nettoyé, elle pouvait regarder sagement un documentaire sur Netflix. Un petit true crime, histoire de frissonner un peu, elle s’était confortablement installée dans le canapé, entament un second épisode alors qu’elle entendait la voiture du couple rentrer dans le garage. Machinalement elle se redressait dans le canapé, récupérant son verre d’eau, posé sur la table basse, pour en prendre quelques gorgées. Elle entendait un brouhaha lointain, couvert par le bruit de la télévision, puis soudain la porte du garage s’ouvrait, un peu plus bruyamment que d’habitude et la voix grave du père de famille raisonnait dans la maison. Rebecca ne comprenait rien à l’italien, mais vu le ton, Ugo n’avait pas l’air très content. Elle grimaçait un peu, tentant de garder ses yeux sur la télévision, sans trop savoir quoi faire. Eteindre la télé pour avoir l’air plus sérieuse, mais risquer de passer pour quelqu’un qui coutait volontairement leur conversation ? Elle attrapait la télécommande, hésitante alors que Valencia coupait déjà la parole de son époux. « Je ne peux pas rester ici ; ça ne sert à rien …» Ouch. C’était pire que ce qu’elle pensait. Rebecca glissait machinalement au bord du canapé, comme déjà prête à se lever pour partir, télécommande toujours à la main. « Hi » Beca tournait la tête en direction de Ugo, avant de se lever du canapé, un sourire lumineux sur le visage. Sourire qu’elle avait presque toujours et qu’elle espérait détendrait un peu le père de famille qui semblait vraiment tendu. « Ça s’est bien passé ? » Son regard état fuyant, sa gestuelle montrait qu’il était très gênée. Rebecca l’était aussi, bien qu’elle tentait de faire comme si de rien n’était. « Oui très bien. » assurait-elle, éteignant la télévision d’une pression de bouton avant de poser la télécommande sur la table basse. « Roberto n’avait pas très envie de dormir, mais bon… » sa nervosité face à la situation était bien trop présente alors qu’elle tentait de faire la conversation. « V-votre soirée c’est bien passée ? Vous avez l’air tendu… » notait-elle, un regard compatissant alors qu’elle esquissait une sourire voulu rassurant. Elle gardait les enfants de Ugo et Valencia depuis de longues années maintenant, elle savait bien que ce n’était toute fois pas sa place de le questionner sur ce qui c’était passé, ce qui avait causé cette explosion une fois arrivée à la maison, mais elle n’avait jamais vu Ugo aussi nerveux.
tw. adultère. « Oui très bien. Roberto n’avait pas très envie de dormir, mais bon…» Pas surprenant. L’adolescent leur avait fait une crise quand ils avaient annoncé que Rebecca viendrait les surveiller. Il avait passé plus de trente minutes à essayer de convaincre ses parents qu’il était capable de prendre soin de lui-même et de sa sœur cadette. Au bout de trente minutes de crise, il avait ensuite passé les quinze minutes suivantes à les supplier de lui fairre confiance ; au moins une fois. Ils avaient fini par céder ; Rebecca viendrait une dernière fois et à l’avenir, il serait responsable en leur absence. Il lève les épaules, pas vraiment surpris. «J’espère qu’il ne t’a pas trop donné de fil à retordre», glisse-t-il alors le regard rivé sur l’écran de télévision désormais noir. Mal à l’aise, il est incapable de la regarder dans les yeux. Ugo se sent idiot. Idiot et blessé. Idiot et pathétique. Rebecca ne connaît rien de la raison de cette dispute et pourtant, il a le sentiment que c’est écrit sur son front : cornu – cocu – humilié. Oui, un tantinet mélodramatique. Valencia avait raison.
« V-votre soirée c’est bien passée ? Vous avez l’air tendu …» La question le pique. Il finit par alors ôter sa main de sur sa nuque pour poser son regard sur le petit bout de femme qui est simplement polie et inquiète : deux qualités dont il ne peut pas lui tenir rigueur. Leur soirée avait été « normale » jusqu’à ce qu’ils se mettent en chemin pour rentrer et que ce putain de message ne s’affiche sur l’écran. Joe. Des propos plus que clairs. Il en avait encore la nausée. Il soupire lourdement, abaissant ses épaules. «Je --- heu --- tu nous as entendu, c’est ça ?» Question formulée à lui-même et il désigne d’un signe de la main la direction d’où il venait. Sans lui laisser le temps de répondre, il ajoute tout en posant son regard sur elle : «Bien sûr que tu nous as entendu. Je suis désolé» Vraiment. Il est vraiment désolé qu’elle ait eu à subir cette scène. Il est vraiment désolé car il n’ose imaginer combien cela peut être inconfortable de se trouver en terrain miné sans y avoir été invité.
Et finalement, il est perdu. Ugo de Luca est perdu et ne sait plus quoi dire. Pour la première fois de sa vie, il ne sait pas quoi dire et ne sait pas quoi faire non plus. Droit comm un i, il sent la pression appuyer sur ses épaules. Il sent son estomac se tordre dans son ventre. Les sourcils se froncent, le regard quitte Rebecca pour chercher un repère. Mais plus rien ne l’aide à se concentrer, à se repérer. Il est perdu en pleine mer. Aucun phare. Aucun bateau. Aucun rocher. Juste une étendue infinie. Perdu. Alors, il se laisse tomber sur l’accoudoir du canapé et frotte ses mains nerveusement sur ses cuisses. « Je crois --- » Un soupir. « Je crois que mon mariage vient de se terminer. Là. Maintenant. Ce soir. » Il relève la tête vers elle, les yeux remplis de larmes, les mains se font toujours nerveuses sur ses cuisses. Il déglutit avec difficulté. « Oh désolé … Becca … », il se lève d’un bond à la recherche de son portefeuille.
« J’espère qu’il ne t’a pas trop donné de fil à retordre » Elle secouait aussitôt la tête. Roberto était un gamin adorable, un peu têtu, soit, mais qui appréciait tout de même suffisamment Rebecca pour respecter en minimum sa présence ici. Puis ils avaient longuement discuté avant qu’il n’accepte de se coucher. Beca appréciait ces petits moment de partage, l’entendre se confier, la questionner sur le futur, sur le comportement des autres, les petites choses de la vie… Elle avait l’impression de retrouver ce rôle de grande soeur qu’elle affectionnait tant. Elle se risquait tout de même à questionner Ugo sur sa soirée. D’habitude elle le faisait le coeur léger, demandant pas politesse, n’attendant aucun détails, une simple réponse positive, un merci et un au revoir. Mais ce soir elle voyait bien qu’il y avait des tensions dans l’air et que Ugo n’était pas dans son état habituel. « Je --- heu --- tu nous as entendu, c’est ça ? » Rebecca grimaçait n’osant même pas répondre par la positive. « Bien sûr que tu nous as entendu. Je suis désolé » Elle avait envie de lui dire que ce n’était pas grave, que ça arrivait, mais ne se sentait pas en position de dire quoi que ce soit. Ugo semblait perdu dans ses pensés avant de s’écrouler sur l’accoudoir du canapé. « Je crois --- Je crois que mon mariage vient de se terminer. Là. Maintenant. Ce soir. » Un air désolé sur le visage, Beca croisait le regard de Ugo, les yeux larmoyant. Son petit coeur se serrait dans sa poitrine en le voyant comme ça. Elle avait envie de le prendre dans ses bras, mais avait peur que ce soir déplacé, mal vu aussi bien par lui que par Valencia si celle ci venait à rentrer dans la pièce. « Oh désolé … Becca … » Il se relevait déjà du canapé visiblement à la recherche de quelques choses. « Hey, ne soyez pas désolé, asseyez vous. Ça va aller. Je vais vous chercher un verre d’eau. » insistait-elle, attrapant même le père de famille par le bras pour le ramener vers le canapé. Elle s’éclipsait un instant dans la cuisine et revenait bien vite avec un grand verre d’eau qu’elle donnait à Ugo. « Je… Je ne sais pas ce qui c’est passé précisément, mais … » Elle avait envie de lui dire qu’elle était déjà passée par là, même si elle n’avait pas été mariée, mais elle avait déjà traversé une situation similaire, une rupture après de longues années de relation… Mais est ce que lui dire tout ça allait vraiment changer quelque chose à l’état de Ugo ? Est ce qu’il allait se sentir mieux de savoir que Beca aussi avait eu une vie amoureuse décevante ? Certainement pas. « Je suis là si vous voulez parler. » Elle attrapait son sac à main, qui était au pied du canapé et en sortait un paquet de mouchoir qu’elle lui donnait, avant de s’asseoir à côté de lui dans le canapé, comme pour lui signifier qu’elle ne partirait pas tant qu’il n’irait pas un peu mieux. Elle ne l’avait jamais vu aussi nerveux et jamais vu en larme au paravant. Ça la chamboulait un peu et elle ne savait pas trop comment se rendre utile dans cette situation.
tw. adultère. « Hey, ne soyez pas désolé, asseyez-vous. Ça va aller. Je vais vous chercher un verre d’eau.» Il a envie de lui dire qu’il aurait davantage besoin d’un verre de whisky, d’une bouteille de whisky, de vider le mini-bar présent dans leur salon. Leur salon. Leur. Il n’y a plus de « leur ». Elle a été claire, suffisamment claire pour lui dire qu’il n’y avait plus rien. Pathétique réplique du genre : la flamme s’est éteinte. Connerie. Son monde s’écroule et il est là, à se ridiculiser devant celle qui s’occupe de leurs enfants. Où est l’homme charismatique confiant et plein d’assurance ? Où est l’homme à la tête d’une famille tout droit sortie d’une série télévisée américaine ? La famille idéale ? Où est-il ? S’il se regarde dans un miroir, il ne se reconnaîtrait pas. Les épaules arrondies, l’air abattu, il aurait envie de s’en coller une pour se redresser et arrêter de se lamenter sur quelque chose qui ne surprend personne. Becca l’accompagne vers le canapé dans lequel il se laisse tomber sur les fesses, les coudes posés sur les cuisses et les mains qui viennent pendre dans le vide entre ses cuisses. Il a vraiment des airs d’acteur de mélo-drame. Il ne manque plus que le fond sonore adapté pour rendre la scène extrêmement dramatique.
Le regard vide, il finit par tourner la tête vers Rebecca quand elle apparaît de nouveau avec un verre d’eau qu’il saisit sans vraiment être motivé. Son regard se perd dans celui-ci. Est-ce qu’il doit le boire ? le claquer de rage par terre ? se le renverser sur la tête pour reprendre ses esprits ? « Je – je ne sais pas ce qui c’est passé précisément, mais ….» Il la fixe, le verre entre les mains. « Je suis là si vous voulez parler.» Est-ce que c’est le genre de chose que l’on dit à la baby-sitter ? Possible. Après tout, elle est là. Après tout, elle a déjà apercu les larmes qui sont venir remplir ses yeux. Il esquisse un sourire poli quand elle vient lui tendre un paquet de mouchoirs. « C’est ridicule, pathétique … je suis désolé que tu ais à me voir comme ça …» Il prend une longue inspiration pour soupirer lourdement et poser le verre d’eau dont il n’a pas bu la moindre goutte sur la table basse. « Quinze ans … » souffle-t-il entre ses mains qu’il vient de poser sur son visage pour essayer de contrôler le masque qu’il est normalement toujours en train de porter. Il se frotte les joues bien qu’elles soient légèrement rosies par les larmes qui ont coulé sans attendre son autorisation. Regard fixe droit devant lui, il repasse les dernières années de sa vie. Il repasse les derniers mois, les dernières semaines … et il s’imagine son épouse s’envoyer en l’air avec un gamin pendant qu’il s’occupe des mômes, pendant qu’il va chercher Maya à la danse, pendant qu’il fait des heures supplémentaires à l’atelier … il s’imagine l’embrasser après qu’un inconnu se soit occupé d’elle et de son petit bonheur quelques heures auparavant. Il en a la nausée. Ses pensées le torturent. Il est son propre bourreau. « J’ai le sentiment d’être le personnage d’une sit-com débile pour quinquagénaire et de pas avoir le bon rôle …», lâche-t-il avec ironie. « Je crois que … j’suis plus blessé qu’en colère … » Blessé dans son amour-propre. Sans aucun doute. Le coude se cale sur sa cuisse, le menton se cale dans la paume de sa main et il tourne la tête vers Rebecca sans vraiment attendre quoique ce soit mais surtout pour voir sa réaction, voir à quel point il est ridiculement pathétique.
« C’est ridicule, pathétique … je suis désolé que tu ais à me voir comme ça … » Beca secouait lentement la tête à la négative. « C’est pas ridicule… » assurait-elle. Il avait bien pris le verre d’eau mais ne buvait rien, le posant sur la table basse. Rebecca se doutait bien qu’il aurait volontiers bu autre chose, vu son état, mais un verre d’eau lui avait semblé plus approprié au vu de sa position. « Quinze ans … » C’est sur que c’était une longue relation, un mariage, des enfants…. Bref quelque soit la raison, la fin de leur couple allait être une sacré changement. Rebecca elle avait été en couple douze ans avant que tout ne s’écroule. Bon la circonstance était bien différente, et Ugo, comme quasiment tout le monde, devait la croire toujours en couple. Rebecca aurait presque aimé lui dire la vérité simplement pour lui montrer a quel point elle pouvait compatir de sa situation. « J’ai le sentiment d’être le personnage d’une sit-com débile pour quinquagénaire et de pas avoir le bon rôle … » La jeune femme grimaçait un peu en entendant le rire amère de Ugo. « Je crois que … j’suis plus blessé qu’en colère … » Elle croisait le regard du père de famille et hochait lentement la tête. « C’est normal, une peine de coeur c’est toujours douloureux. » Confirmait-elle simplement, elle avait l’impression d’être un peu idiote à sortir ce genre de chose, mais bon, dans une telle situation a par lui montrer que ses sentiments étaient valides, elle ne savait pas vraiment quoi faire de mieux. « Après… je sais pas ce qui c’est passé mais il existe des thérapies de couple très efficaces. Pas forcément pour que vous vous remettiez ensemble, hein, mais … pour mettre les choses à plat, panser les plaies… passer à autre chose. » Voilà qu’elle se la jouait conseillère conjugale alors qu’elle avait eu un seul homme dans sa vie, que sa relation avait été un échec, qu’elle y avait perdu sa santé mental… oui, elle n’était peut-être pas de mauvais conseils mais pour ce qui était de suivre ses propres conseils : il n’y avait plus personne.
tw. adultère. «C’est pas ridicule…» Il n’est pas convaincu. Pas convaincu de ne pas être ridicule, de ne pas vivre la pire des situations. Encore plus ridicule quand il en vient à s’accrocher au regard de la jeune femme. Il s’y accroche car elle est la seule personne présente ici. Elle est témoin de la chute de son monde tout entier. Elle est même aux premières loges à son insu. «C’est normal, une peine de cœur c’est toujours douloureux» Une peine de cœur est un gentil euphémisme pour décrire ce qu’il a le sentiment de vivre à cet instant précis. Ce n’est pas une peine de cœur, c’est la chute totale de son monde. Son épouse le quitte. Son épouse le trompe. Son épouse la trahit. Tout est devenu un mensonge. Il en est perdu. Il se noie. Il est au fond de l’eau et il a le sentiment que quelqu’un le tire encore un peu plus vers les fonds marins. «Après… je sais pas ce qui c’est passé mais il existe des thérapies de couple très efficaces. Pas forcément pour que vous vous remettiez ensemble, hein, mais … pour mettre les choses à plat, panser les plaies… passer à autre chose» Il la fixe, toujours la bouche dissimulée derrière la paume de sa main, le regard vide. Le conseil n’est pas idiot, il est même judicieux. Il aurait très bien pu le prononcer à un ou une amie. Possible. Les lèvres se pincent derrière la paume de sa main. «Hm …», marmonne-t-il derrière la paume de sa main quand elle prononce cette phrase. Mettre les choses à plat, panser les plaies … passer à autre chose. C’est peut-être un peu trop tôt pour parler de thérapie, pour parler de réparer les pots cassés et de panser les plaies. Trop tôt. Il est sous le choc. Il a également envie d’envoyer tout en l’air, de faire tout valser.
«J’n’crois pas que ce soit le genre de truc que l’on règle en thérapie de couple ---», parvient-il à dire tout en fronçant les sourcils. «--- j’crois pas qu’il y ait beaucoup de choses à dire après un : « je te quitte, je vois un autre depuis bien trop longtemps, je ne suis plus heureuse avec toi, c’est fini… »» La voix est rauque mais basse, presque un murmure. A vrai dire, il se refait la scène dans son esprit. Il la revoit le fixer pour lui parler de leur vie comme si elle n’était pas la sienne, comme si elle parlait d’une autre vie, pas la leur. Il ferme les yeux pour quelques secondes et laisse finalement son bras retomber sur ses jambes à lui tout en soufflant lourdement. «--- du jour au lendemain …» Un murmure. Il prend conscience. Doucement. Il comprend. Très doucement. Les sourcils se froncent, le regard quitte le visage de la nounou pour se poser sur ce verre d’eau. Sa femme le quitte. Elle est même partie. Sans la moindre hésitation. Depuis combien de temps est-ce qu’elle attend ce moment ? Est-ce qu’elle a de suite appelé et informé son amant ? Est-ce qu’il est le seul à avoir le sentiment que son monde s’écroule … un soupir. Les paupières se ferment un peu plus longtemps.
« Hm … » il semblait presque réfléchir à la dernière proposition de Rebecca et celle ci esquissait un léger sourire, se sentant un peu moins inutile en cet instant. Ce ne serait certainement pas pour tout de suite, mais s’il gardait cette option dans un coin de sa tête elle pourrait certainement lui être utile à l’avenir. Qui sait. « J’n’crois pas que ce soit le genre de truc que l’on règle en thérapie de couple --- » merde. Bon, retour à la case départ… « --- j’crois pas qu’il y ait beaucoup de choses à dire après un : « je te quitte, je vois un autre depuis bien trop longtemps, je ne suis plus heureuse avec toi, c’est fini… » Ouch. Ça lui rappelait que trop bien son ex tout ça. Elle grimaçait presque malgré elle, sans quitter des yeux Ugo qui semblait une nouvelle fois perdus dans ses pensés. « --- du jour au lendemain … » concluait-il dans un murmure. Rebecca l’observait un moment, silencieuse, elle aussi un peu perdu dans ses pensés, tentant de savoir s’il était judicieux d’avouer son petit secret à Ugo. Est ce que ça allait vraiment servir à quelque chose qu’il sache qu’elle était passé par la même chose ? Non peut-être pas. Il se sentirait moins seul, serte, mais ça ne changerait rien à sa peine. Pourtant en cet instant elle considérait vraiment cette option, se sentant de trop dans ce salon et ne sachant pas quoi faire pour réconforter le père de famille qui était (et à juste titre) anéanti. « Je… » commençait-elle, encore un brin hésitante. « Je suis passée par là aussi. Douze ans de relation puis adultère et séparation. » admettait-elle enfin. « C’est difficile au début, évidemment. C’est un gros bouleversement. En plus dans votre cas y’a les enfants au milieu de tout ça…. Mais … Vous allez vous reconstruire. » assurait-elle d’un air voulu rassurant. Elle posait timidement une main sur l’épaule de Ugo. « Il faudra du temps, mais ça passera. » Dans l’immédiat évidemment il avait mal, il venait d’apprendre qu’il avait été trahi par celle qu’il aimait. Mais petit à petit la douleur s’estomperait, Beca le savait, elle avait été larguée il y avait maintenant trois ans de ça et il lui avait, personnellement, fallut un peu plus d’un an pour vraiment se recentrer sur elle même et oublier son chagrin. Elle espérait tout fois que Ugo irait mieux plus rapidement. Un an c’était long.
tw. adultère. « Je… » elle hésite, il le ressent et tourne la tête vers elle, accroché à ses lèvres sans savoir s’il s’apprête à entendre quelque chose de rassurant ou quelque chose qui lui donnera le coup fatal. « Je suis passée par là aussi. Douze ans de relation puis adultère et séparation. » Douze ans ? Mais elle a quel âge au juste, c’est la première question qu’il se pose à cette annonce. Comment un tout petit bout de femme comme elle avait d’ores et déjà pu subir ce genre de haute trahison. Soudainement, sur son radeau en piteux état, il n’est plus seul. Partager son malheur, ça a parfois du bon. Égoise mais bel et bien vrai. Il demeure alors accroché à ses lèvres, soudainement curieux d’en savoir plus. « C’est difficile au début, évidemment. C’est un gros bouleversement. En plus dans votre cas y’a les enfants au milieu de tout ça…. Mais … Vous allez vous reconstruire » Les enfants. Il acquiesce quand elle évoque leur « existence » dans ce cataclysme. Ils sont en effet pris à partie, qu’on le veuille ou non. Oh, il sait déjà que son aîné ne sera pas surpris ; il a toujours trouvé bizarre d’être le seul adolescent de sa clique à avoir ses parents encore ensemble… il rentrera dans « sa » normalité. Pour Maya, elle est encore trop jeune pour se retrouver en plein milieu d’un champ de bataille. La main amicale qu’elle pose sur son épaule a quelque chose de rassurant bien qu’insignifiant aux premiers abords. Et pourtant. Pourtant, il a le sentiment que ce n’est pas toute la peine du monde qu’il est en train de ressentir … que ce n’est pas si spectaculaire. C’est presque tristement anodin. Combien sont-ils à avoir le cœur brisé ce soir ? « Il faudra du temps, mais ça passera » Ses lèvres s’étirent en un fin sourire devant cette phrase tout aussi anodine, bien souvent répétée … le temps soignera les maux. Tu parles. Il n’y croit pas. Il n’y a jamais cru. Il se souvient même que c’est ce qu’on avait dit et répété à sa mère pendant des tas d’années … mais un cœur brisé peut parfois demeurer brisé pour l’éternité.
«J’sais que cela n’a rien de spécial ou de particulier … je me demande combien se retrouvent dans ma situation ce soir ? j’dois pas être le seul, c’est certains … j’étais idiot ou naif ou les deux … de croire que mon couple puisse faire exception aux dures lois des statistiques. » Il acquiesce ses propos d’un signe de tête presque assuré. Evidemment, il a été candide de croire pouvoir y échapper … d’autant plus que son mariage bat de l’aile depuis quelques années maintenant. Il est juste trop hypocrite pour se l’avouer … mais il finira par comprendre. Un coup d’œil à sa montre avant de reposer son attention sur la baby-sitter. «Je ne vais pas te retarder plus longtemps, Becca. Pour une dernière fois, on va dire qu’on a sorti le grand jeu. » Un sourire ironique apparaît sur ses lèvres. «Tu t’souviendras des De Luca … du coup. Au moins, on en est désormais convaincus. »
« J’sais que cela n’a rien de spécial ou de particulier … je me demande combien se retrouvent dans ma situation ce soir ? j’dois pas être le seul, c’est certains … j’étais idiot ou naif ou les deux … de croire que mon couple puisse faire exception aux dures lois des statistiques. » « Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas le seul dans ce cas que votre douleur est pas moins valide. » assurait-elle aussitôt, voyant déjà venir ce raisonnement, m’a foi légitime, mais pas très sain, qui consistait à minimiser sa douleur face à une épreuve partager par de nombreuse personne. Une trahison, quel qu’elle soit, était toujours douloureuse et Ugo avait totalement le droit d’être triste, évidemment. « Je ne vais pas te retarder plus longtemps, Becca. Pour une dernière fois, on va dire qu’on a sorti le grand jeu. » Beca esquissait un petit sourire, haussant les épaules.« Tu t’souviendras des De Luca … du coup. Au moins, on en est désormais convaincus. » « Je m’en serais souvenu même sans ça. » assurait-elle en se tirant du canapé. « Et, ne vous tracassez pas pour la payement, ça ne presse pas, vous avez mes coordonnés si besoin. Et… voilà. » concluait-elle, passant nerveusement ses mains sur son jean. Ça l’embêtait presque de le laisser comme ça, dans cet état, après ce qui venait de se passer. Mais clairement, dès que madame reviendrait dans le coin, Rebecca serait de trop. « ça va allez ? » redemandait-elle presque pas automatisme alors qu’elle récupérait son sac à main qu’elle avait laissé au pied du canapé. « Je n'voudrais pas vous laissez comme ça, alors que vous n'êtes pas bien... »
tw. adultère. « Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas le seul dans ce cas que votre douleur est pas moins valide » Les mots ont l’effet d’une étreinte et lui réchauffe le cœur. Étrange de constater combien de simples phrases peuvent avoir autant d’effet. Car les mots choisis avec soin par la baby-sitter le rassurent et surtout le réconfortent. Il a même un minuscule rictus qui prouve qu’ils ont leur petit effet. Rapidement néanmoins son regard retrouve le sol. Il va falloir remettre de l’ordre dans sa vie, dans le chaos dans lequel il se trouve désormais. Une séparation. Un divorce. Il a vu pas mal de monde passer par cette case et il sait combien on peut sous-estimer ce que cela provoque … surtout quand on a des enfants. Alors, il veut prendre la fuite. Mais il ne peut pas faire comme son épouse et disparaître : les enfants dorment à l’étage, inconscients du fait que leur monde va changer du tout au tout d’ici quelques jours.
« Je m’en serais souvenu même sans ça. Et, ne vous tracassez pas poru le payement, ça ne presse pas, vous avez mes coordonnées si besoin. Et … voilà. » Il se redresse et se tourne vers elle. Elle est véritablement un ange envoyé par le Ciel. Il n’y a pas d’autres explications pour autant de bienveillance. Ugo ne réprime pas son soupir de soulagement et vient poser la main sur son torse tout en lui offrant un sourire rassuré : « Je m’en occupe au plus vite … merci Becca » Et dans le merci, on peut entendre qu’un poids vient de disparaître de ses épaules. Un léger poids mais un poids tout de même. « Ca va aller ? Je n’voudrais pas vous laisser comme ça alors que vous n’êtes pas bien … » Il la suit du regard, s’emparer de son sac à main pour finalement lui tendre une nouvelle fois la main avec cette éternelle bienveillance. Il acquiesce d’un signe de tête, les bras croisés. A vrai dire, rien ne va … et cela ne s’arrangera pas avec les jours, les semaines mais Ugo essaie de reconquérir son ego, son image, ce bouclier qu’il porte habituellement et que son épouse a fait imploser quelques minutes plus tôt. « Oh non … ça va aller. Aucun souci à te faire là-dessus … Je vais me servir un verre ou deux et je vais retourner à ma vie de nouveau futur divorcé …» dit-il en prétendant avoir retrouvé sa superbe … mensonge sur mensonge. Dans les escaliers, Bob, son fils. « Vous divorcez ?» Le regard posé sur Becca se fige tout comme lui-même quand il entend la voix rocailleuse de son fils derrière lui. et merde ! pourquoi est-ce qu’il n’est pas en train de dormir comme convenu ? Il ferme les yeux pour quelques secondes avant de se retourner vers son fils. « T’es pas sensé dormir … ?» qu’il essaie de répondre sur un ton amusé mais il se rend compte que son fils constate ses yeux rougis, ses traits tirés et son incapacité à reporter son masque. Il fronce même les sourcils en descendant les dernières marches. Ugo se tourne vers Becca. « Je crois que les verres vont attendre …» Il tente un sourire. « Merci pour tout Becca. Et je te recontacte au plus vite pour régler cette dernière facture.» Un sourire poli jusqu’à ce qu’elle disparaisse, que la porte se ferme et qu’Ugo finisse par affronter la réalité, le regard ahuri et surpris de son fils qui sera donc le premier à être au courant.
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