| It's getting cold, I'm feeling colder. (Lara) |
| | (#)Dim 2 Avr 2023 - 19:52 | |
| C'était avec un large sourire sur les lèvres qu'Itziar avait poussé les portes de Paradise City en cette fin d'après-midi. Elle rentrait à la maison après quasiment un mois d'absence. Elle retrouvait cet endroit qui lui était si cher. Ca lui avait fait bizarre de ne pas venir ici quasiment tous les soirs pendant ces dernières semaines, mais en même temps, c'était pour la bonne cause. Elle avait pu passer du temps avec sa mère qu'elle n'avait pas vue depuis presque six ans. Une éternité quand on savait à quel point l'espagnole était proche de cette dernière. Elle avait pris du temps pour elle. Du temps pour retourner en Espagne. Elle avait hésité. Aussi idiot que cela pouvait paraitre. Elle avait hésité à partir. Pour plusieurs raisons. La première parce que ça impliquait de partir pendant un certain temps. Elle ne pouvait pas se contenter de ne partir qu'une semaine, entre le décalage horaire et le temps que ça prenait de traverser le globe, ce n'était pas envisageable. Elle avait également hésité parce que cela impliquait de délaisser le club l'espace de quelques semaines. Elle n'avait pas pris de vacances depuis des lustres et passait le plus clair de son temps à Paradise City depuis qu'elle s'était lancée dans ce projet. Elle ne le regrettait pas, loin de là, cependant, elle avait presque peur que tout s'écroule si elle s'absentait. Ce qui n'avait pas de sens puisqu'il y avait toujours Lara pour gérer les aléas d'une main de maitre et toutes les autres filles pour faire tourner la boutique, comme si de rien n'était. La dernière raison était financière. Elle avait longuement hésité. Se demandant s'il était raisonnable de dépenser autant d'argent dans un billet d'avion. Elle n'avait pas vraiment de mal à joindre les deux bouts, elle avait appris à faire avec ce qu'elle avait et le club marchait suffisamment pour que Lara et elle parviennent à se dégager un petit salaire, ce n'était donc pas une dépense hors budget, mais c'était une grosse somme, alors elle avait pesé le pour et le contre. Elle était partie, le pour l'avait emporté et elle ne le regrettait absolument pas. Les au revoir ont été un peu compliqués. Elle devait bien l'avouer. D'autant plus qu'elle ne savait pas réellement quand elle aurait l'occasion de revenir, mais elle était tout de même heureuse d'être rentrée. Si le décalage horaire ne l'avait pas clouée au lit malgré elle, elle aurait remis les pieds à Paradise City le soir même de son retour à Brisbane, mais elle n'avait pas eu d'autre choix que d'être raisonnable.
C'était donc avec impatience qu'elle avait fait le court chemin qui séparait son appartement du club. En arrivant, elle avait pris le temps de faire un tour des lieux. Comme si elle avait besoin de se rassurer et de vraiment observer de ses propres yeux que rien n'avait bougé. Que les choses étaient chacune à leur place, comme elles l'étaient il y a quelques semaines. Comme elles l'étaient avant qu'elle parte. Bien évidemment, elle s'attarde un peu plus derrière le bar, son lieu de prédilection. Forcée de constater que rien n'avait bougé et que les craintes qu'elle avait pu avoir avant son départ n'avaient pas eu lieu d'être. Elle se dirige ensuite vers l'arrière du club, là où se trouve la pièce qui leur sert de bureau. C'est là qu'elle trouve Lara, visiblement occupée à pianoter sur son clavier d'ordinateur. Elle n'est même pas certaine que cette dernière ait remarqué sa présence, captivée par ce qui se jouait devant ses yeux. “Hey !” Lance-t-elle, un large sourire sur les lèvres, pour attirer l'attention de l'australienne. “Long time no see, comme vous dites. Tu vas bien ?” Ajoute-t-elle, s'approchant un peu plus d'elle. Elle vient passer un bras autour du cou de la jeune femme pour déposer un bisou sur sa joue. “Qu'est-ce que j'ai loupé ?” demande-t-elle en suite. Parce que finalement, c'était ça, la question la plus importante après quasiment un mois d'absence. |
| | | | (#)Jeu 27 Avr 2023 - 12:41 | |
| Comme à ton habitude en fin d'après-midi, tu es de retour dans le club. Paradise City est encore fermé au public et ne sera pas ouvert avant quelques heures, mais ce n'est pas pour autant que le club est vide. Il y a de la sécurité, on nettoie et récure les espaces un peu plus privés et les pièces confinées où la plupart des danseuses gagnent leur loyer avec quelques mouvements de hanches bien placés, et il y a toi, dans le bureau que tu partages avec Izzie d'ordinaire faisant face à ton ordinateur et des chiffres. La blonde n'est pas là, comme c'est le cas depuis près d'un mois et cela ne t'atteint plus. Entre le divorce de tes parents qui a été annoncé par Marvin, le retour d'Evelyn en ville, ta décision d'ouvrir ton propre studio de danse... et même récemment, quand Trevante a pris la décision de vendre la maison dans laquelle tu as grandi. Visiblement, lui et Cassandra ont fini par se parler et ils se sont mis au moins d'accord sur cela, ton père est venu te donner ton chèque en personne, te rencontrant en bas de ton immeuble et ça n'a pas été aussi dévastateur que tu le pensais... Mais même cela, tu ne l'as dit à personne, tu l'as gardé pour toi, parce que ça ne regarde que toi et il n'y a que le boulot qui compte en ce moment et la seule chose qui te motive. Et les comptes sont bons, tout s'aligne, tu as un sourire satisfait sur le visage, tu prends une gorgée de ta boisson sucrée, le gobelet et la paille juste à côté sur le bureau, tu es sur le point de commencer à regarder les fiches de paye, quand quelqu'un rentre. Tu n'as aucune réaction en voyant Itziar, elle est partie, elle est revenue, c'est triste à dire mais tu bats tout simplement des cils, ne lui rendant pas son sourire. La barmaid arrive dans ton espace et quand elle passe un bras autour de toi, tu n'as aucune réaction. Pourquoi est-ce que tu en aurais une ? Vous devez parler affaire et c'est tout. "Pas grand-chose, assied-toi je vais te montrer le bilan du mois passé." Tu te doutes bien que la blonde ne parlait pas de boulot, mais ta vie en dehors est un bordel sans nom qui ne mérite pas ton attention. Tes projets, le club, ton argent, c'est la seule chose que tu vois et la seule chose qui compte. Tu lui fais signe de s'installer sur la chaise en face et tu attends qu'Itziar soit installée avant de tourner l'écran vers elle. "Tiens... comme tu peux le voir, tout s'est bien passé et j'ai géré. On a eu encore plus de soirées privées après la fête des un an du club et les gens semblent enfin motivés pour des performances privées donc, tout se passe bien." Oui, tu as géré, il n'y a même pas d'animosité dans ta voix quand tu dis cela, c'est la vérité, la blonde t'a laissé en charge et ce mois passé sans elle à mener le navire ne t'a prouvé qu'une seule chose : tu es une très bonne patronne. Tu laisses Itziar se pencher sur les chiffres, pendant ce temps-là, tu vas te perdre vers ton sac, tu y déniches une enveloppe. "Et ça, c'est pour toi." Tu fais glisser ça jusqu'à elle, l'enveloppe en question contient un chèque. Tu ne tournes pas autour du pot, il ne vaut mieux pas en fait. "Avant que tu ne poses la question, ça ne vient pas des poches du club, mais de la mienne, je pense qu'il est temps qu'on soit réaliste vis-à-vis de notre investissement et de nos rôles respectifs dans le club." Tu es plus impliquée qu'elle, c'était ton idée de base et tu as besoin que le club fonctionne plus que la blonde en face de toi, c'est un fait, autant l'accepter. "Je veux racheter ta part. Je peux aller à la banque dès maintenant pour payer notre prêt initial avec les intérêts et ça ferait de Paradise City, officiellement mon club." Tu conclus ta phrase par un haussement de tes épaules, comme si tu venais de dire la chose la plus naturelle du monde.
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| | | | (#)Lun 1 Mai 2023 - 22:59 | |
| Itziar ne remarque pas le manque de réaction de Lara face à son arrivée. Elle est bien trop contente d'être de retour, de retrouver Paradise City. Elle a hâte de se remettre au travail. Ces vacances étaient nécessaires et lui ont fait le plus grand bien, mais elle aime son travail, alors, si elle s'en éloigne, c'est toujours pour mieux revenir. C'est donc avec entrain qu'elle s'enquiert des dernières nouvelles auprès de Lara qui ne semble pas partager ce dernier. Elle l'invite à s'asseoir, afin de lui montrer le bilan du mois. Elle s'exécute, Itziar. Ça ne la dérange pas de parler boulot d'entrée de jeu. Entrer dans le vif du sujet tout de suite n'est pas forcément une nouvelle chose, ça lui permet de se remettre dedans. Bien sûr, elle s'attendait plutôt à ce que Lara lui parle d'elle, lui raconte ce qui avait bien pu se passer dans sa vie le mois dernier, sur le plan personnel, plus que professionnel, mais c'était Lara. Lara qui était mariée à son travail et qui par passion n'hésitait jamais à mélanger tous les aspects de sa vie. Alors, elle ne relève pas l'espagnole, elle se contente de jeter un œil à l'écran d'ordinateur que l'australienne tourne vers elle. Il y a un an de cela, il lui aurait fallu un moment pour se repérer entre les différentes lignes du tableau. Les recettes, les coûts ou encore les stocks faisaient partie du condensé d'informations qu'elle pouvait voir sur l'écran. Il y a un an, si elle n'y jetait pas un œil attentif, tout cela avait le don de ressembler à du charabia. Maintenant, elle avait pris l'habitude. Ses yeux parcouraient rapidement les diverses colonnes pour trouver les informations qu'elle cherchait. C'était devenu un automatisme. “C'est super !” Déclare-t-elle alors qu'elle parcourt les chiffres des yeux. “On revient de loin.” Un constat, aussi simple soit il quand on prenait en considération leur manque cruel d'expérience quand elles se sont lancées. Elles ont tout appris sur le tas et ont réussi à se relever de tous les obstacles leur barrant le chemin. Ça n'avait pas été gagné. D'ailleurs, ça ne l'était pas encore. Ça ne le serait peut-être même jamais. Il était impossible de dire de quoi demain serait fait. Impossible de savoir ce que le futur allait présager.
Les yeux sur l'écran, elle n'avait même pas vu que Lara s'était levée pour aller récupérer une enveloppe dans son sac. Elle ne s'en rend compte que lorsque l'australienne la lui fait glisser sur le bureau. “Qu'est-ce que c'est ?” demande-t-elle en attrapant l'enveloppe. Elle n'avait pas le souvenir que Lara devait lui donner quoi que ce soit. Elle prend donc soin de l'ouvrir, écoutant les explications de la jeune femme. Quand elle y découvre un chèque, elle ne comprend pas. Encore moins quand elle voit le montant inscrit sur celui-ci. “C'est une blague ?” Laisse-t-elle échapper. Un écho autant aux explications de Lara qu'au chèque qu'elle tient dans les mains. Elle ne sait pas quoi dire. Elle attend qu'une équipe de tournage apparaisse avec Ashton Kutcher lâchant un fameux ‘you just got punk'd', mais non, rien. Ca n'a donc pas l'air d'être une blague. “Je comprend pas là.” Déclare-t-elle ensuite. Parce que si ce n'est pas une blague, ce n'est pas non plus quelque chose dont elles avaient parlé auparavant et elle se sent donc prise de court. L'annonce de Lara faisait l'effet d'une bombe. “Pourquoi tu voudrais racheter ma part ? C'est notre club à toutes les deux, on s'est lancé là-dedans ensemble, on le gère ensemble. Pourquoi changer ça ?” Elle ne comprend pas. Elle a même du mal à trouver les mots. Elle sent son rythme cardiaque s'accélérer. Elle remet le chèque dans l'enveloppe, la referme et la glisse vers Lara. “Je sais pas ce qui te prend, honnêtement, je m'absente à peine un mois, tout va bien à mon départ et là je reviens tu sors ça de nulle part ?” Elle attend des explications. Elle a l'impression d'avoir loupé un épisode. “Il s'est passé quelque chose quand j'étais pas là ? Et je ne parle pas par rapport au club, je parle par rapport à toi ?” Elle cherchait une raison rationnelle à ce changement d'ambiance, à cette froideur, cette distance qu'elle ressentait soudain par rapport à Lara, sans comprendre ce qui avait bien pu la causer. Elles n'avaient jamais eu de problème de communication, elles s'étaient toujours comprises et là, ça ne semblait plus être le cas. “J'ai fait quelque chose ?” demande-t-elle finalement. Parce que peut-être que le problème, c'était elle. |
| | | | (#)Mar 9 Mai 2023 - 23:37 | |
| L'idée te trotte dans la tête depuis un moment. Et tes derniers échanges avec tes parents, avec Marvin et même avec Evelyn n'ont fait que cimenter les choses à tes yeux. Seule, tu dois l'être, c'est comme ça que tu peux tout gérer, comme ça que tu peux tout mener de front, comme ça, on ne pourra rien te reprocher, et tu seras en contrôle, absolument tout le temps. Ce qui veut dire dans ta vie personnelle mais également professionnelle, et là tu parles de Paradise City. Dans un sens, tu comprends la surprise qui s'affiche sur le visage d'Itziar, et peut-être que tu aurais dû la ménager un peu, en parler à un autre moment qu'à son retour immédiat, mais tu ne vois pas de bonne heure pour faire ça. Ce n'est que du business, il ne s'agit que d'une transaction à tes yeux, et rien ne pourra remplacer toutes les galères que vous avez vécues pour ouvrir le club. C'est juste une page qui se tourne. "Est-ce que j'ai l'air de plaisanter ?" La réponse, certes un peu sèche, est automatique et fait écho aux mots d'Itziar, elle devrait le savoir que tu ne possèdes pas un humour de ce genre et quand elle dit ne pas comprendre, un soupir passe la barrière de tes lèvres. Tu pensais avoir été claire, visiblement pas, et les questions arrivent, de même que l'air un peu paniqué d'Izzie et quand elle parle de son absence, tu fronces les sourcils. C'est à ton tour de vouloir lui demander si c'est une mauvaise plaisanterie, si elle réalise que son absence n'a fait que creuser un peu plus les choses entre vous. Et elle te demande ce qu'elle a loupé ? Oh je ne n'en sais rien, des tas de choses, le divorce de mes parents, le fait que ce soit la personne que je déteste le plus qui me l'ait annoncé, oh et la maison dans laquelle j'ai grandi a été vendue récemment mais hein... Les sentiments et la rancœur sont là, tu es connue pour être vive et te laisser dominer par ta colère. Pas maintenant, parce que sans la blonde, tu as eu le temps de te faire une raison, de peser le pour et le contre, de réaliser comment et à quel point tu allais la blesser. Oui, le risque est calculé, et pour autant, tu n'as pas envie de retourner en arrière ou même de t'excuser. "Tu n'as rien fait, tu l'as dit toi-même, tu n'étais pas là pendant un mois." Et si tu avais mis la clef sous la porte pour partir avec tous les sous de la caisse, hmm ? Comment est-ce qu'Itziar l'aurait su ? Non, il est temps de traiter cette affaire comme un business, c'est tout. Mettre les sentiments de côté te parait la chose la plus raisonnable à faire et tu continues ton explication sur le même ton, tu croises les bras sur ta poitrine, ton regard posé sur ton amie de longue date. "Ce qui fait beaucoup d'imprévus, beaucoup de hauts et de bas et ça m'a prouvé que je pouvais tout gérer toute seule et ça me parait juste logique." Voilà, le constat que tu as pu faire en son absence, tant pis si Izzie le prend mal, tant pis si elle trouve cela injuste, parce qu'elle n'était tout simplement pas là. Et tu veux plus, beaucoup plus : le club, ton futur studio de danse, un capital assez important pour faire ce que tu veux et ne dépendre de personne. Ce qui veut également dire Itziar, malheureusement pour elle. "Je ne te mets pas à la porte, tu peux continuer de manager le bar, c'est ton domaine d'expertise..." Elle sera juste ton employée. Ou elle pourra partir si elle le souhaite, c'est comme elle veut, l'offre que tu lui fais est correcte à tes yeux et plus que généreuse. "Mais il faut bien être honnête : c'était mon idée à la base et en plus des sous, j'ai beaucoup plus investi dans Paradise City que toi." Pas que ton argent, mais également ton temps et ton énergie, à t'assurer que l'affaire tourne et que tout tienne sur pied un an plus tard. Si ça fait de toi la méchante de l'histoire de le dire à voix haute, alors tant pis, ça ne sera pas la première fois et dans la présente, tu n'es pas là pour te faire bien voir ou même la brosser dans le sens du poil. C'est la vérité, si elle ne peut pas le voir, alors tu vas lui ouvrir les yeux.
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| | | | (#)Dim 14 Mai 2023 - 22:45 | |
| Elle aimerait bien que ce soit une blague, Itziar. De mauvais gout, certes, mais une blague tout de même. Cependant, elle le voit bien sur le visage de Lara que ce n'en est pas une. Sa question, du registre de la rhétorique ne nécessitait aucune réponse. Pourtant, si ce n'était pas encore assez clair, l'australienne prend soin de lui répondre. La réponse est sèche et Itziar se demande si c'est à présent ce ton que la danseuse lui réservera tout particulièrement. Elle ne comprend pas ce changement. Elle n'avait pas l'impression que quelque chose clochait jusqu'à présent. Elle ne s'était jamais disputée avec Lara, il n'y avait jamais eu de malentendu, jamais de non-dit. Cela semblait révolu. Ou peut-être avait-elle loupé quelque chose. Peut-être qu'elle avait dit quelque chose, ou au contraire, n'avait rien dit alors qu'elle aurait dû. Elle ne savait pas. Il y a avait beaucoup de choses en suspens actuellement. Alors, après avoir bien enregistré le fait que toute cette discussion n'était pas une mauvaise blague et que le chèque lui était bien destiné, Itziar ne peut s'empêcher de poser des questions. C'est sa manière de fonctionner. Son mode automatique quand quelque chose ne fait pas sens. Son esprit cherche à trouver de la cohérence, lui envoi mille et unes questions auxquelles elle a besoin de trouver des réponses. Elle les laisse donc échapper, espérant y voir un peu plus clair. Espérant pouvoir obtenir les pièces de puzzle manquantes. Malheureusement, Lara n'est pas particulièrement loquasse, elle n'a pas l'air décidée à lui faire une liste complète de ce qui ne va pas. Comme si cela devait être évident pour Itziar et qu'en réfléchissant un peu, elle pouvait répondre à ses propres questions.
Elle comprend cependant que son absence semble être le problème. Elle lève un sourcil. Elle est perplexe. Elle a du mal à comprendre une telle réaction. “Tu dis ça comme si j'avais abandonné le club en espérant que rien ne coule en mon absence.” Répond-elle d'abord avant d'ajouter. “Je t'ai prévenu que je voulais prendre quelques semaines pour aller voir ma mère, on a même décidé de la période qui semblait la plus appropriée. Tu m'as pas dit une seule fois que ça te dérangeait.” Ce n'était évidemment pas une décision qu'elle avait prise sur un coup de tête sans prévenir personne. Elle avait des responsabilités auxquelles elle tenait et elle avait à coeur de ne pas mettre en difficultés autant ses employées que Lara. Elle avait donc prévu ce voyage largement à l'avance, elle en avait discuté avec l'australienne, avait même fait en sorte de boucler le budget et les comptes qui devaient être faits avant son départ. Elle n'avait en rien laissé le club et son job à l'abandon. Alors, oui, elle n'aurait pas pu prévoir de quelconques incidents ou imprévus, mais c'était pour cela qu'elles étaient deux à gérer. “J'ai pris des congés comme une personne normale, tu pourrais en prendre aussi, ça te ferai sans doute du bien.” Ajoute-t-elle. Elle tente de paraître la moins froide possible, de ne pas hausser le ton, de ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Elle n'a pas envie de se disputer avec Lara. Alors, elle encaisse, elle prend les remarques de l'australienne. Ne peut s'empêcher de rire jaune quand elle lui propose de continuer à manager le bar. “T'as beaucoup plus investi que moi dans Paradise City ? En quoi ? Je remets pas en cause ton travail, ton implication ou quoi que ce soit, mais là t'es vraiment en train de tout remettre en question pour quelques semaines de congés ?” Ou alors, il y avait plus que cela ? Si tel était le cas, elle ne voyait pas quoi. Elle n'avait pas l'impression d'être moins investie. Elle était là tous les jours, des heures avant l'ouverture du club et elle ne rentrait chez elle qu'une fois les filles parties et les comptes faits. Elle n'avait jamais compté ses heures, elle n'en voyait pas l'intérêt puisque cela irait à l'encontre de la vision qu'elle se faisait de la gestion d'une entreprise et qu'elle adorait ce qu'elle faisait. Elle avait toujours été disponible … sauf pendant ces quelques semaines qui semblaient avoir tout fait basculer. “Excuse moi d'avoir une vie en dehors de mon travail et surtout excuse moi d'avoir voulu retourner chez moi voir ma famille après six ans à bosser parfois sept jours sur sept pour joindre les deux bouts.” Déclare-t-elle ensuite, l'émotion palpable dans sa voix. Outre le chèque qui voulait en dire long, c'était surtout la réaction et l'attitude de Lara qui la peinaient. Elle avait comme cette mauvaise impression d'avoir loupé quelque chose et que c'était ça, finalement le fin mot de l'histoire, mais elle était désemparée. “On dirait que quelque chose ne va pas, que ça n'a rien à voir avec moi, mais que je suis l'excuse parfaite. T'as des problèmes ? Il s'est passé un truc avec Evie ? Avec ton cousin Marvin ? Avec tes parents ?” demande-t-elle. Elle vise au hasard, mais elle connaît Lara, elle sait que la famille est un sujet sensible capable de la travailler. |
| | | | (#)Mar 23 Mai 2023 - 11:50 | |
| Tu n’es en rien surprise par la réaction de la blonde en face de toi. Du tout, c’était à prévoir et tu supposes que les gens qui vous ont mis en garde il y a près d’un an de cela pourront en rire. Toi, tu ne ris pas, il n’y a rien d’autre sur ton visage qu’un ennui profond et tu roules des yeux alors que la blonde te suggère de prendre des congés. Et sûrement de te détendre un peu. Déjà, ce que tu fais de ton temps libre ne la regarde pas vraiment, en l’occurrence, ça ne la regarde plus, ce n’est plus vers elle que tu te tournes et ce n’est pas une fin en soi. Votre amitié a évolué, ce sont des choses qui arrivent, mais si Itziar pouvait éviter d’être un brin condescendante, cela t’arrangerait bien maintenant que tu y penses. Tu prends une profonde inspiration alors qu’elle te dit ne pas remettre en cause ton travail et tu finis par te lever, ne supportant plus d’être assise pour avoir cette conversation. Sur ta pire de talons, tu te sens beaucoup plus à l’aise et tu recroises les bras, juste en dessous de ta poitrine, articulant ta pensée du mieux que tu le peux. “Je ne te reproche pas d’être partie, Izzie, ce n’est pas ce que je suis en train de te dire, mais c’était un test pour moi pour voir si je pouvais tout gérer de front, et c’est le cas.” Est-ce que c’est juste ? Bien sûr que non. Du tout, ça tu le sais, tu n’es pas aussi idiote que le laisse penser la longueur de tes jupes. Mais ça, tu as décidé depuis longtemps que tu t’en fichais, tu sais ce que tu veux, le club pour le coup, si ça implique de littéralement casser des œufs et de piétiner une amitié de longue date... c’est malheureusement un risque que tu es prête à prendre. Malheureusement, tu ne vois que le but final pour le moment, concentrée sur ça et sur les employés, sur les chiffres. Le reste ? Putain que c’est compliqué en fait, et ça finit toujours par te décevoir, tout le monde le fait. Avec le club au moins, tu sais à quoi t’attendre et tu sais comment tout gérer, c’est tout. “Et tu veux que je l’épelle, c’est ça ?” Le ton de ta voix est plus que sec au possible, chose qui ne te ressemble pas. Depuis quand est-ce que tu es aussi cruelle ? C’est nouveau ou alors c’est juste pour Itziar, tu n’en sais rien, ça aussi tu le ranges dans un coin, loin de vous et tu continues ta phrase. “Je suis là tous les soirs, autant dans les coulisses, que sur scène, que dans les salles privées. Je nous trouve des danseuses, des clients intéressés, des gens qui peuvent nous en ramener plus de clients et plus d’argent.” Le marché passé avec Marvin pour que les joueurs de son équipe viennent se détendre ici, le contrat avec Sergio et même ton carnet d’adresse... tu as fait venir beaucoup de vos clients réguliers, les numéros qui sont sur scène sortent tout droit de ta tête et... La liste est longue, tu pourrais continuer comme ça pendant longtemps et c’est bien ça que tu veux qu’Itziar comprenne. “Et on ne va pas se mentir, personne ne passe la porte de Paradise City pour avoir le cocktail de sa vie.” Tes mains se redressent pendant quelques secondes alors que tu fais une pique supplémentaire. Cela ne te ressemble pas du tout, ou alors, ça n’a jamais été retourné contre la blonde, oui, ce sont tous les indésirables de ta vie qui ont le droit à ce genre de traitement d’habitude. Certainement pas elle. “Tu veux que je te dise quoi d’autre ? Je n’ai pas envie de m'appesantir sur le divorce de mes parents, le fait que tous les Pearson savent ce que je fais désormais ou la somme colossale d’argent dont je viens d’hériter grâce à la vente de la maison dans laquelle j’ai grandi.” Voilà, ce qui te passe dans ta vie personnelle, tu la mets au courant, ça ne change rien à ta décision, il n’y a rien qu’Itziar puisse dire pour que soudainement, tout le monde s’entende et que tu deviennes une fille modèle. “Je gère, comme le reste, sans toi.” Tu le dis comme si tu parlais de la pluie ou d’une autre journée normale. “Ce n’est que du business.” |
| | | | (#)Lun 29 Mai 2023 - 22:04 | |
| Elle ne lui reproche pas d'être partie. C'est ce qu'elle lui dit. Pourtant, Itziar avait bien l'impression que c'était cela le problème, mais soit. Elle n'est pas du genre à remettre en cause la parole de Lara. Elle la connaît, elle lui fait confiance pour lui dire la vérité. Peut-être qu'elle ne devrait pas. Peut-être qu'elle ne devrait plus. Elle n'a pas envie de penser comme cela, mais elle n'a pas réellement le choix. Elle a l'impression d'avoir loupé un bout de conversation, d'avoir un début et une fin, mais un manque cruel d'informations pour tout ce qui aurait pu se trouver au milieu. Lara parle de test, Itziar n'avait même pas idée que la jeune femme avait envie de mener le navire de front, toute seule. Elle ne lui en a jamais parlé. Ce qui la blesse autant parce qu'elles avaient pour habitude d'être très claires l'une envers l'autre que parce que ce projet, elles l'avaient monté à deux et que c'était bien le genre de pensée qui ne traversait jamais l'esprit d'Itziar. Peut-être que le problème était là, finalement. Peut-être qu'elles étaient bien sur deux longueurs d'ondes complètement divergentes. Peut-être qu'elles l'avaient toujours été, mais qu'il avait fallu un certain temps pour que ces divergences ne soient si évidentes. Peut-être que si elle avait eu le même état d'esprit, elle aurait vu venir les choses. Le fait était qu'elle n'avait rien vu venir et que les explications de Lara la laissaient tout de même dans le flou. Cependant, elle ne voulait pas envenimer la situation. Elle ne voulait pas se disputer avec l'australienne. Elle savait que ça n'apporterait rien de bon. Le but n'étant pas de venir mettre à mal leur amitié qui, semblait il, venait déjà d'en prendre un coup. Alors, elle se mord la langue, elle s'empêche de rétorquer. Elle s'empêche de dire que oui, elle aimerait bien une liste détaillée de ce qui faisait d'elle une meilleure patronne ou une patronne plus investie et par extension, une liste de ce qui faisait que l'espagnole n'était clairement pas (ou plus) à la hauteur de ses attentes. Une chance pour elle, l'australienne fait les questions et les réponses. Elle lui déballe une liste, probablement non exhaustive à en juger le ton employé. Elle ne saurait dire, d'ailleurs, si c'est le ton ou les mots qui la blessent le plus. La combinaison des deux pourrait être létale. Elle ne comprend pas d'où tout cela sort. Alors, oui, elles n'apportent peut-être pas la même chose au club. Itziar n'a pas le carnet d'adresse de Lara, les habitués du pub dans lequel elle bossait avant Paradise City, n'ont rien à voir avec la clientèle d'un strip club, prêts à claquer un salaire à chaque soirée. C'est un fait. Elle n'y peut rien. Pourtant, il y a plein d'autres choses pour lesquelles son expertise ou tout du moins, ses notions théoriques avaient été nécessaires. Parce qu'elle aussi, elle était là tous les soirs. Elle arrivait bien avant l'ouverture et rentrait chez elle bien après la fermeture. Elle ne donnait peut-être pas de sa personne auprès des clients, autre que derrière le bar ou en service à table, mais en backstage, elle avait géré les stocks, les comptes et toute la partie administrative au début. Elle avait formé Lara, mais elle avait aussi passé des heures et des heures à se triturer les méninges quand certaines valeurs ne semblaient pas correspondre. Elle avait aussi fait marcher ses compétences en communication, le faisait toujours d'ailleurs. Elle était peut-être plus la femme de l'ombre, mais elle était bien là. Elle aurait envie de répondre, de défendre ses intérêts, mais elle a bien compris que le débat était hermétique. Que quoi qu'elle dise, Lara n'était pas là pour écouter. Alors, elle ferme les yeux, se pince l'arête du nez, respire un coup. Tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler ne fait parfois pas de mal. Après réflexion, elle préfère laisser couler et passer à autre chose. Parce qu'elle en est persuadée, le fond du problème ce n'est pas elle et Lara ne lui dit pas tout. Elle pense donc à la famille en premier. Sujet de discorde universel. Elle vise juste, semble-t-il bien qu'elle n'y gagne rien. “Je savais pas … Dés..” Désolée, qu'elle allait dire, mais elle se ravise, comme si ça ne sonnait pas bien. “Pourquoi tu m'en as pas parlé ?” Parce que tout cela n'avait pas dû se passer en l'espace d'un mois et qu'elle aurait donc pu trouver une oreille attentive avant qu'elle ne parte à Madrid. Elle aurait même pu l'appeler quand elle était à Madrid, Itziar l'aurait écoutée sans même y réfléchir à deux fois. Mais pour ça, finalement, il aurait fallu que ce ne soit pas que du business apparemment. “Comment on en est arrivées là en fait ?” demande-t-elle. Il n'y a aucune ironie. Aucun reproche. Un simple constat. Un ton qu'elle ne connaît pas, une attitude qui lui est tout aussi étrangère. “Parce que j'arrive pas à comprendre ce changement. Même les personnes que tu n'apprécies pas n'ont pas le droit à ce traitement. Et ne dis pas que c'est pas vrai, je te connais.” Déclare-t-elle. Non parce que d'ordinaire, elle savait rester professionnelle Lara, elle s'en vantait presque, quelques minutes plus tôt. Le business, le travail, la manière dont elle gérait, elle ne semblait avoir que ces idées en tête et pourtant … “Que tu veuilles racheter ma part, soit. On repassera pour la forme, mais là encore …” Elle hausse les épaules. Car oui, ce n'était peut-être pas ça le principal problème. “Mais je pensais qu'on était amies, tu me dis qu'apparemment tu n'as aucun problème avec moi, alors pourquoi cette froideur, pourquoi cette distance ? Si tu repousses tout le monde de la sorte, il te restera plus rien à un moment où un autre. Même le club.” Finit-elle. Les mots sont durs, elle en a conscience, mais elle veut secouer Lara, elle veut lui faire comprendre qu'il faut un certain équilibre et que tout ne peut pas être du business. |
| | | | (#)Lun 5 Juin 2023 - 20:12 | |
| Comment est-ce que Itziar aurait pu savoir ? Vraiment, ça n'a pas de sens ce qu’avance la blonde, elle n’aurait rien su de ta situation de famille parce que tu sais très bien à qui tu en as parlé ou non. Diana est au courant parce que la rouquine sait se montrer persuasive, que vous avez passé beaucoup de temps ensemble en l’absence de la blonde et qu’elle t’a vu verser des larmes après que tu sois allée annoncer la vérité à tes parents. Sur le club, ton implication dans ce dernier et tout le reste. Marvin a été le messager, celui qui t’a annoncé le divorce de Cassandra et Trevante, et tu as été tellement infecte avec lui que tu n’as plus revu ton très cher cousin depuis. Et c’est tant mieux, tu te connais assez pour savoir qu’il aurait le droit à un uppercut dans la mâchoire ou beaucoup plus bas si vos chemins venaient à se croiser, tu n’as pas besoin de te mentir à toi-même sur ce sujet. Enfin, tu en as parlé à Evelyn, le regrettant presque aussitôt en la voyant aussi calme et à ne pas s’insurger pour toi et avec toi. Cela t’a suffi, cela t’a marqué à vif et les larmes que tu as versées en face de ta cousine, tu les as aussitôt regrettées. Et tu t’es promis, juré même, de ne plus être aussi faible. Depuis quand est-ce que tu laisses la vie te mettre à genoux ? Depuis quand est-ce que tu es la femme désemparée et désœuvrée ? Non, pas Lara Pearson, certainement pas toi. C’est bien pour cela qu’Itziar a le droit à un regard noir et même acide alors qu’elle commence à prononcer des excuses. Comme si cela allait changer quoi que ce soit, que tu penses avec un temps de retard, alors que naturellement, les questions de ta meilleure amie arrivent, parce qu’elle s’inquiète pour toi malgré tout. C’est touchant, cela n’a pas vraiment sa place dans la discussion et elle va rapidement regretter ses mots si elle se lance sur cette route-là, ça ne fait aucun doute à tes yeux. “Parce que ce n’est pas important ? Parce que j’ai géré ? Parce que c’est ma famille, mes problèmes et mes emmerdes ? Je peux continuer longtemps comme ça, la liste est longue.” Voilà pourquoi tu ne lui en as pas parlé, et tu n’avais pas envie de le faire au téléphone, et vous avez des conversations plus importantes à avoir. Pas besoin d’avoir de la psychologie de bas étage, ou du soutien, ou qu’une personne de plus essaye de te persuader que tu n’es pas responsable de la séparation de tes parents et que tout va s’arranger parce que cela finit toujours par s’arranger. Tu n’as jamais cru aux contes de fées et tu ne risques pas de commencer maintenant, tu es un peu trop vieille et désabusée pour cela. Itziar continue sur sa lancée et si tu fronces les sourcils pendant une seconde, elle a le droit à un autre regard mauvais, alors qu’elle te met en garde. Parce que tu prends un chemin dangereux, parce qu’à la fin, il ne te restera plus personne. Tu veux parier ? Tu meurs d’envie de le lui dire à voix haute, ou lui demander si elle te prend vraiment pour une conne finie. Itziar devrait savoir que les tenues légères ne sont pas un reflet de ton intelligence et tu sais très bien ce que tu fais. Tu en as conscience, et peut-être que tu as envie de te retrouver seule, avec tes bénéfices, tes clients, ton club, c’est stable ça, personne ne te demande de réfléchir, ça ne te demande pas de mettre ton cœur en jeu et de devoir le récupérer en miettes. Ce qui est absolument parfait et ce que tu veux, ni plus ni moins. “Si tu me connais, tu sais que si je t’en parle, c’est que ma décision est prise et je ne compte pas revenir dessus. Et c’est parce qu’on est amies que je t’en parle de visu et que je ne fais rien dans ton dos, le chèque est là, tu devrais le prendre et continuer de bosser ici. Cela n’a pas besoin de changer.” Si Itziar veut jouer cette carte-là, c’est très bien, mais elle risque de se perdre toute seule avec sa rhétorique. Surtout si elle veut parler de votre amitié et de toutes les années et choses que vous avez partagées. Ce n’est pas cela que tu remets en cause et il serait important qu’elle le comprenne. “Je veux plus et je ne vais pas le cacher, le club n’est que la première étape. Ça ne me plait pas d’en arriver là, mais je ne vais pas m’excuser de courir après ce que je veux... c’est la vie, c’est dommage que tu sois celle qui doive en subir le contre-coup, mais c’est comme ça.” Tu hausses les épaules, t’adressant toujours à elle sur un ton sec. C’est elle qui rend les choses compliquées, tu as déjà admis que tu avais un mauvais rôle, mais au moins ton approche est directe et honnête. “Je te laisse réfléchir, mon offre est plus que généreuse, je peux même ajouter quelques zéros de plus si ça te fera changer d’avis.” L’insulte est là, tu sais que ce n’est pas une question d’argent, la blonde le sait également, cependant, tu peux faire virer la situation d’un simple claquement de doigts et cela, tu espères bien qu’elle en a conscience. “Réfléchis-y bien Itziar... sinon trouve-toi un bon avocat.” Et ton haussement de sourcils la seconde suivante, il est plus que sérieux. |
| | | | (#)Mer 14 Juin 2023 - 22:32 | |
| Elles n'avaient clairement pas la même notion de ce qui était important et ce qui ne l'était pas. Parce que pour Itziar, la famille était un sujet important. D'autant plus quand il s'agissait de la famille de sa meilleure amie. Qu'elle ait géré ou pas, là n'était pas la question. Elle ne doutait pas de sa capacité à gérer ses problèmes, loin de là. Elle la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle était parfaitement capable de gérer sa famille, ses problèmes et ses emmerdes toute seule, comme elle le disait si bien. Cependant, ce n'était pas parce qu'elle était capable de le faire seule qu'elle se devait de le faire seule. C'était pour cela qu'elle avait des amis, des personnes qui pouvaient lui prêter une oreille attentive, une épaule sur laquelle se reposer ou tout simplement, un peu de soutien. Cela ne voulait pas dire qu'elle devait tout lui dire. Elle avait beau être sa meilleure amie, elle ne lui devait rien. En revanche, elle ne pouvait pas agir comme si elle aurait dû savoir, comme si ça paraissait évident alors qu'elle n'avait pas de pouvoir magique ou de don de voyance. C'était plutôt ça qu'elle reprochait plus que le fait qu'elle ait géré seule. Elle ne lui répond même pas, se contente de lever les yeux au ciel et de faire la moue. Parce qu'à quoi bon ? Ce n'était pas ça le réel sujet de discussion, ce n'était que l'espagnole qui s'était éparpillée, à la recherche de justifications, d'un sens à la bombe que Lara venait de lui lâcher, de la raison pour laquelle ce chèque se trouvait dans une enveloppe qui lui était adressée. Si elle avait su, peut-être qu'elle aurait annulé son voyage. Peut-être que ça n'aurait rien changé, mais elle aurait sans doute eu le temps de voir quelque chose se tramait. Là, elle avait un trou de quasiment un mois, un vide, sans aucune donnée qu'elle avait besoin de combler pour essayer de comprendre. Elle n'était pas sûre de pouvoir comprendre. Finalement, plus que la décision en elle-même, c'était la façon de faire qui la contrariait. Lara n'avait pas sa langue dans sa poche, elle avait toujours dit ce qu'elle avait en tête, ne gardait pas ses opinions pour elle, alors, pour Itziar, ça paraissait insensé qu'elle ne lui ait jamais parlé de cette envie de tout gérer seule. Ça n'aurait pas été moins blessant pour elle, mais ça aurait sans doute été moins violent qu'un chèque donné sans plus d'explications.
Elle a maintenant les bras croisés sur la poitrine, Itziar. Elle est sur la défensive. Elle n'aime pas ce qu'elle entend, ni même le ton employé par Lara. Lara qui s'entête à lui dire qu'elle pourra toujours continuer à travailler là. Comme si elle ne voyait pas le problème ou n'entendait pas le ton qu'elle employait actuellement pour s'adresser à elle. “C'est justement parce que je te connais que je questionne ladite décision.” Répond-elle sèchement. Elle n'a plus envie d'argumenter. Elle n'en a pas le courage non plus, parce qu'elle n'a pas envie que ça tourne en rond. Elle n'a pas non plus envie de dire des choses qu'elle regretterait par la suite. ‘Never trust your tongue when your heart is bitter' qu'elle avait lu quelque part et même si elle n'était pas du genre à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, elle faisait toujours en sorte de s'en tenir à cette devise-là, persuadée que ça lui avait permis de ne pas envenimer bien des situations. Ca ne changerait peut-être rien à celle-ci, mais elle ne comptait pas pour autant faire exception à la règle. “Oui, c'est dommage effectivement, d'avoir une meilleure amie qui me traite comme une étrangère, mais c'est la vie.” Répond-elle ensuite en haussant les épaules, reprenant à sa sauce, les mots de l'australienne. Elle est dans une impasse, elle l'a compris. S'il y avait bien une chose qu'elle retenait de cette conversation toute entière, c'était ça. Lara ne semble quant à elle pas avoir compris que ce n'était pas une question d'argent et qu'Itziar n'avait que faire de quelques zéros de plus sur un bout de papier. Elle se demandait simplement si maintenant leur relation ne se résumait plus qu'à cela. A un accord difficile, voire impossible à trouver. A des négociations compliquées. A un début de bataille juridique ? La dernière phrase de Lara sonne comme une menace. C'est aussi la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Itziar se lève brusquement. Elle ne regarde même pas Lara. Elle se dirige vers la sortie. Elle quitte le bureau en claquant violemment la porte derrière elle. |
| | | | | | | | It's getting cold, I'm feeling colder. (Lara) |
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