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Midas Sterling & @Ruben Hartfield ☆ crédit/harley

J’ai beau penser que c’est la pire des idées que j’aurais pu avoir, je suis obligé d’admettre deux choses : la première, que Posy a besoin de passer plus de temps avec moi. De plus en plus, elle me réclame à l’heure du coucher et sa mère s’inquiète : elle craint que mon besoin de garder le secret de son existence ne commence à impacter notre fille qui lui pose de plus en plus de questions à ce sujet. La dernière en date m’a brisé le cœur : elle lui aurait demandé si j’avais honte qu’elle soit ma fille, si c’était pour ça que l’on devait se cacher lorsqu’on se voyait. Jusque-là, je réalise que je minimisais l’impact des secrets sur la psyché d’un enfant si jeune, et j’en tire la désagréable impression d’échouer en tant que père.

La deuxième chose, c’est que je suis méconnaissable. Vêtu comme l’Australien moyen, une casquette vissée sur la tête, une fausse barbe de quelques jours et une fausse moustache également, je doute que quiconque puisse m’apercevoir dans une foule et crier et que Midas Sterling se mélange au reste des citoyens pour participer au Family festival day de la ville. Personne ne m’attend là, de toute façon, et l’endroit n’est pas réellement fréquenté par des individus de la moyenne d’âge de ceux qui écoutent mes albums.

Accrochée à mon bras et marchant fièrement à mes côtés, Posy respire le bonheur. Toujours inquiet d’être reconnu, force est d’admettre qu’une part de moi se dit malgré tout que nous aurions dû utiliser ce genre de subterfuge pour s’offrir des sorties père et fille bien plus tôt. Elle qui est habituellement taciturne se montre particulièrement bavarde, et je me régale de voir ses yeux d’enfant pétiller. « Tu veux qu’on aille à la pèche aux canard ? » Sa majesté hoche la tête avant de sautiller sur place. « Oui ! Tu crois que je peux amener un poisson ? » Je secoue la tête avant d’éclater de rire. « Je crois surtout que ta mère me tuerait. Mais je peux t’offrir assez de parties pour que tu gagnes la plus grosse des peluches, deal ? » Du haut de son petit mètre, ma fille tend théâtralement une main dans ma direction, et nous échangeons une poignée de main.

C’est donc le chemin de la pêche aux canards que nous empruntons et, alors qu’elle était partie devant presque en courant pendant que je tentais de suivre le rythme, ma princesse me tend sa barbe à papa et de tendre ses deux mains vers la gaufre caramel cacahuètes que je suis en train de déguster. « Je peux goûter la gaufre ? » Incapable de dire non à ces deux billes bleues qui me dévisage, je m’exécute. « Tu peux même manger les deux si ça te fait envie. » Bien sûr que cela lui fais envie. La gaufre dans une main, la barbe à papa dans l’autre, Posy déguste l’une puis l’autre.

Ce n’est qu’au bout d’une minute, peut-être deux que je comprends que quelque chose ne va pas. Ma fille commence à tousser, puis à suffoquer et elle s’arrête finalement de marcher. « Tout va bien ma puce ? » Je m’arrête à son niveau et constate que sa lèvre est en train de gonfler et qu’elle semble avoir du mal à respirer. « Posy, inspire doucement, ne panique pas. » Moi en revanche, je suis déjà en train de m’effondrer. Je ne suis pas bâti pour gérer ce genre de cas de figure puisque je passe si peu de temps en sa compagnie. Je panique, je me demande ce qu’il se passe puisque jamais sa mère ne m’a parlé de la moindre allergie. Sauf que sous mes yeux, ma fille commence à suffoquer et son petit visage ne cesse de gonfler.  

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***
Il y avait peu de raisons qui auraient poussé Ruben à s’aventure sur un terrain comme celui où il se trouvait aujourd’hui. Pas qu’il n’appréciait pas particulièrement les événements organisés par la ville, mais disons que ce n’était pas d’ordinaire vers ces attractions là que son attirance se faisait. Il était occupé, Ruben, il avait bien d’autres choses à s’occuper que de gérer une foule de personnes qui n’avait absolument aucun instinct de préservation. Ils s’entassaient, ils se bousculaient, et ils passaient la journée à s’empiffrer de gourmandises ici et là qui seraient forcément un problème pour plus tard - pas seulement sur les hanches, mais surtout et aussi sur le coeur. La seule raison qui avait poussé Ben à se mêler à ce monde là, c’était parce-que la ville avait fait appel à des médecins donner un coup de main aux pompiers pour couvrir le poste de secours. Et encore: c’était parce-que ça finissait par bien donner sur un CV, que de participer à ce type d’opération. Cela faisait longtemps qu’il n’avait plus réellement besoin de faire des missions de la sorte, n’étant plus étudiant et étant titulaire de son poste, mais il savait surtout que des opérations intéressantes allaient arriver au sein du St Vincent et que bientôt les personnes plus haut placées que lui allaient devoir faire des choix. Entre un qui passaient par le festival pour faire le concours du plus gros buveur de bières et celui qui y allait pour donner un coup de mains aux pompiers: le choix allait rapidement être fait.

« Ca vous dérange d’aller faire un tour de ce secteur là pendant que je m’occupe de l’autre ? » Le pompier le plus proche de Ben haussa un sourcil, pendant que ce dernier secoua quelque peu sa tête. « Pas de soucis, j’ai besoin de me dégourdir les jambes de toutes façons. » Ce fut avec un sourire poli et faussement enjoué qu’il se mit à parcourir la foule, son regard s’attardant ici et là sur les personnes qui l’entouraient.

Ce ne fut qu’après plusieurs minutes que ses prunelles s’attardèrent un instant de plus sur un jeune homme avec une enfant à ses côtés, qui semblait ne pas se sentir si bien que ça. Ses pas ralentir, ses yeux se plissèrent davantage pour être sur qu’il ne se trompait pas, et décréta qu’effectivement il allait devoir intervenir pour cette fois là. Au moins, il allait être un peu occupé pendant une poignée de minutes - voire une poignée d’heures, car arrivé à hauteur du duo, il s’aperçut que la petite était clairement en train de faire une crise d’allergie. Il n’avait pas besoin de plus d’explications pour devenir ce qu’il se passait sous ses yeux. « Posy, inspire doucement, ne panique pas. » Soupirant déjà, Ruben finit par s’accroupir aux cotés de Posy, donc, et du jeune homme à ses côtés. « Et si on faisait quelque-chose pour qu’elle puisse inspirer documente bien plus facilement que ça, hm ? » Il avait pris sa voix la plus douce, ses mots les plus calmes pour ne pas jeter de l’huile sur le feu de la situation. Il tourna son regard vers le jeune homme, pointant son badge sur sa poitrine du doigt. « Docteur Hartfield, je suis avec les pompiers pour la journée. Vous venez avec moi ? » C’était formulé en tant que question, mais la négociation n’était pas possible: la petite devait recevoir une dose rapidement de médicament, sinon elle allait y passer.

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Alors que Posy s’étouffe devant mes yeux, je contemple mon impuissance. Je n’ai pas le carnet de santé de ma petite fille, j’ignore si elle est à jour dans ses vaccins – j’ai dû me battre avec Marley qui, pendant sa petite enfance, collectionnait les idées complotistes concernant ses derniers et refusait donc de m’écouter lorsque je lui disais que c’était nécessaire – j’ignore si elle a des allergies particulières ou s’il faut que je fasse attention à je ne sais quoi. J’ai toujours pensé que s’il y avait des choses importantes qu’il fallait que je sache, sa mère me le dirait mais, alors que je tente sans succès d’aider ma princesse à se calmer, je suis forcé d’admettre que je n’en suis plus aussi certain. J’en veux à la brune avant même de savoir si elle a quelque chose à se reprocher, et je m’en veux à moi-même d’avoir été aussi inconscient. Ma plus grande crainte se matérialise sous mes yeux : je suis un mauvais père. Ce qu’il est en train de se passer n’en est-il pas la preuve ? « Et si on faisait quelque-chose pour qu’elle puisse inspirer documente bien plus facilement que ça, hm ? » Un homme se glisse à mes côtés, un homme que je n’avais pas entendu arriver et qui parle d’un ton doux, mais en employant des tournures de phrases condescendantes. Honnêtement, je m’en moque. S’il parvient à aider ma fille, je ne le soulèverais même pas. J’oublie que je suis en public. J’oublie que, même grimé, on peut me reconnaître en m’observant de si près et pendant plusieurs minutes. Je ne pense qu’à ce qui peut aider Posy et je reste bouche bée jusqu’à ce que le jeune homme se présente. « Docteur Hartfield, je suis avec les pompiers pour la journée. Vous venez avec moi ? »

Qu’ai-je fais pour que le ciel me récompense en mettant un médecin sur ma route ? Je l’ignore, mais je suis prêt à le suivre sans qu’il ne me donne plus d’explications. « Vous êtes vraiment médecin ? » Je panique un peu, me redresse et finalement, ajoute. « Merci beaucoup. Je vous suis. » Sans attendre une seconde de plus, j’attrape ma gamine sous ses bras pour la prendre dans mes bras et la porter. Elle enroule ses jambes autour de ma taille, mais à cause de la panique, elle pleure et halète. « Je ne sais pas ce qu’elle a. Elle a jamais eu le moindre problème de ce genre avec moi. » C’est dans le avec moi que réside la solution : tout ce qu’il se passe quand elle est chez Marley me semble d’un coup bien mystérieux. « C’est loin ? J’ai l’impression qu’elle respire de moins en moins bien. »

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Le regard du jeune homme à ses côtés contenait un certain degré de surprise, mais Ruben ne put lui en vouloir: il était arrivé à ses côtés sans signaler sa présence, alors qu’il semblait commencer à enfin se préoccuper de l’état de santé de la petite fille. Ajoutant alors un sourire rassurant, amical comme il savait parfaitement le faire, le médecin indiqua d’un mouvement de la main la direction vers laquelle ils pouvaient tous se diriger pour atteindre le matériel médical nécessaire à sauver la gamine. Car c’était le cas: s’ils n’arrivaient pas à temps à hauteur du camion des pompiers, même Ruben ne serait pas apte à faire quoi que ce soit qui puisse lui sauver la vie.

« Vous êtes vraiment médecin ? » Oh, qu’à cet instant ce fut un brin plus compliqué de garder ce visage amical et de ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Ben aurait eu envie de lui répondre que non, simplement il s’ennuyait et n’avait pas trouvé meilleur moyen de passer le temps que de se délecter de la détresse grandissante dans cette situation, mais il n’avait pas le temps d’user de tels sarcasmes; s’il n’agissait pas tous rapidement, Posy ne pourrait même pas prendre son dernier souffle. « Oui, pour de vrai. » Il ne prit pas non plus le temps de préciser qu’il était en réalité bien plus que simplement vraiment médecin, pour toujours la même raison. « Merci beaucoup. Je vous suis. » Sage décision - il se contenta d’hocher la tête, de se relever à son tour et de commencer à fendre la foule en direction de là où il venait. Bien sur, il avait fallu croiser cet homme là à l’autre bout du secteur dans lequel il patrouillait. « Je ne sais pas ce qu’elle a. Elle a jamais eu le moindre problème de ce genre avec moi. C’est loin ? J’ai l’impression qu’elle respire de moins en moins bien. » Ben, de son côté, usait de ses meilleurs Pardon, excusez moi laissez nous passer, urgence médicale pour qu’ils arrivent le plus rapidement possible au camion des pompiers. « Elle fait une réaction allergique. » Il n’avait même pas besoin d’ausculter plus amplement la petite pour comprendre de quoi il s’agissait - et ce n’était pas simplement du à ses compétences médicales développées, simplement que c’était le genre de situation qu’il était aisé de repérer. « Qu’a t-elle mangé qu’elle ne tolère pas ? » Bien sur qu’il posait aa question comme si le jeune homme à ses côtés avait forcément la réponse, cela paraissait évident - car à voir comment la gamine s’agrippait à son cou, il s’agissait de sa fille.

Arrivés tous au camion des pompiers et à la petite tente mise en place pour l’événement, Ruben fit fi de regards de ses collègues du jour qui lui étaient lancés, plein d’interrogations: il n’avait pas le temps pour ça. « Entrez avec moi, retirez lui son pantalon et installez là sur la table d’examen. » Etant donné qu’il ne pouvait pas être au four et au moulin, en train de chercher le stock de seringues d’Epipen et de préparer la petite, il allait falloir que le jeune père soit efficace dans les prochaines secondes. Car même sans se retourner vers Posy, il pouvait entendre que sa respiration était sifflante et qu’elle ne tiendrait pas encore longtemps; ce n’était pas une petite réaction allergique qu’elle était en train de faire. Après avoir ouvert une douzaine de tiroirs - il fallait vraiment revoir l’organisation de ce type d’installations, c’était tout ce que Ruben ne tolèrerait jamais dans son bloc opératoire -, il finit par tomber sur le stock qu’il cherchait depuis le début. Une compression, un peu d’alcool sur cette dernière qu’il fit glisser sur l’épiderme de la petite la seconde suivante, et il ne perdit plus un seul instant: il accola à la peau le bout de l’Epipen pour injecter le produit contenu dans ce dernier dans la foulée.

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Je dois bien admettre que je me sens démuni et, sorti de nulle part et me proposant de l’aide, le jeune médecin – ce type ne peut pas être bien plus vieux que moi – me semble tombé du ciel. Si mes erreurs de père ou nos problèmes de communication à Marley et moi coutaient la vie ou la santé de mon bébé, je ne me le pardonnerais jamais. Ma carrière serait finie et pour cause : la petite Posy est l’une des composantes nécessaires à mon existence. Je ne comprendrai jamais l’étendue de la peine et de la douleur de mon cousin qui a perdu sa fille, la chair de sa chair, mais alors que Posy s’étouffe et qu’elle respire de moins en moins bien, j’ai l’impression d’avoir le droit à un aperçu, une fenêtre sur ce que serait ma vie si je la perdais et c’est terrifiant. Posy est un "accident". Je n’aime pas ce terme puisqu’il donne l’impression que je la considère comme une erreur et c’est tout sauf le cas, mais elle n’était pas attendue. Pourtant, elle a pris toute la place dans mon cœur à l’instant où j’ai posé les yeux sur ce petit être aux yeux bleus qui ne possédait alors que quelques cheveux sur le sommet du crâne. Je ne fais pas partie de ces pères qui se sont sentis comme tel dès l’annonce de la grossesse de leur conjointe. Je suis devenu père le jour de l’accouchement de Marley mais, pour autant, la vague d’amour et de bouleversement qui a suivi n’en a pas été moins forte en émotions.

« Elle fait une réaction allergique. » Une réaction allergique ? Mais à quoi ? Il me semble alors ne rien avoir donné de trop exotique à manger à ma fille, rien qu’elle n’ait pas déjà mangé en ma présence, non ? Les yeux écarquillés, je referme mes bras protecteurs autour de son petit corps. « Qu’a t-elle mangé qu’elle ne tolère pas ? » - « Rien je… » Essoufflé – bien plus à cause de la panique que du rythme soutenu – je me décompose. « Elle a mangé une gaufre, de la barbe à papa, rien qui sorte de l’ordinaire. » Ou en tout cas, pas à mes yeux. « Elle vit avec sa mère. C’est rare que je la prenne avec moi comme ça pour toute la journée. Je ne sais pas, elle ne m’a pas parlé d’allergie. » Marley a certainement jaugé que ce n’était pas important puisque le corps médical est à ses yeux composé de charlatans qui veulent vous volez votre argent. « Entrez avec moi, retirez lui son pantalon et installez là sur la table d’examen. »

Je suis le médecin à l’intérieur de la tente des secours installée à l’entrée de l’événement et je m’exécute sans réfléchir. « Ne t’inquiète pas ma puce. Le docteur va t’aider à respirer. » Ma fille suffoque et pleure en même temps, certainement terrorisée. J’aperçois dans les mains du médecin un appareil que je reconnais pour avoir vu ma mère en trimballer un à chaque sortie pour un Oscar qui, plus jeune, était allergique à pas mal de choses. « Il va te faire une toute petite piqûre dans la cuisse, tu sentiras rien et ça ira mieux. » J’abandonne le pantalon sur la table sans considération pour ce malheureux bout de tissu et, enroulant mes bras autour des épaules de ma fille, je l’attire contre moi pour embrasser le sommet de son crâne et cacher le stylo-seringue que le médecin lui plante dans la cuisse. Contre-moi, Posy sanglote et son visage bouffi me semble avoir doublé de volume. « Combien de temps pour que ça fasse effet ? » Elle est sauvée, n’est-ce pas ?

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« Rien je… » A voir les symptômes sans équivoque sur le visage de la petite fille, elle avait forcément mangé quelle-chose que son corps ne savait assimiler. Ou alors, c’était plus grave que ça et même Ruben n’avait pas spécialement envie d’être témoin de ce genre de chose. « Elle a mangé une gaufre, de la barbe à papa, rien qui sorte de l’ordinaire. » - « A quoi, la gaufre ? » Ce n’étaient pas là des informations qui seraient essentielles lors du moment de lui injection le produit miracle qui lui sauverait la vie, mais au moins il aurait tenté de réunir le maximum d’informations aussi rapidement que possible - car s’ils arrivaient au moment où la petite ne réussissait plus à respirer, le jeune père ne serait plus en état de répondre correctement aux questions. « Elle vit avec sa mère. C’est rare que je la prenne avec moi comme ça pour toute la journée. Je ne sais pas, elle ne m’a pas parlé d’allergie. » Ben dut retenir son petit sourire et rire allant de paire avec. C’était encore là une raison qui lui soulignait à quel point avoir des enfants n’était pas à la portée de tous, et que si vous n’étiez pas capables de les assumer correctement, autant ne pas en avoir du tout. Aujourd’hui cependant, il était là en tant que médecin, ce type de commentaire n’avait donc pas sa place - alors il se contenta de lui indiquer que faire, une fois arrivée sous la tente de fortune, pour préparer la petite à ce qui lui injecte l’Epipen le plus rapidement possible.

Et contre toutes attentes, il obtempéra sans broncher et dans les plus brefs délais. Peut-être était il celui de l’ancien couple qui avait hérité des instinct parentaux, après tout. « Ne t’inquiète pas ma puce. Le docteur va t’aider à respirer. Il va te faire une toute petite piqûre dans la cuisse, tu sentiras rien et ça ira mieux. » Hartfield était en train de chercher le stylo d’injection à ce moment là, et il fut surpris d’entendre un tel discours; c’était cohérent, et adapté pour l’enfant pour qu’elle comprenne sans en faire une montagne malgré les pleurs qui la saisissaient de part en part, il pourrait gagner un bon point en temps que père - après bien sur lui avoir donné quelque-chose à manger qui était en train de la tuer. Ben ne perdit de son côté pas un instant de plus, injection le produit: maintenant, il n’y avait plus qu’à attendre. « Combien de temps pour que ça fasse effet ? » Les yeux du médecin ne lâchaient pas le visage de Posy. « A peine quelques minutes. » Mais il pouvait d’ores et déjà affirmer quelque-chose qui allait rassurer le jeune homme: « Mais les effets sont déjà visibles, elle va s’en sortir. » N’était-ce pas tout ce dont il avait besoin, comme informations, en cet instant ? Soupirant légèrement, Ben fit quelques pas en arrière pour s’associer sur l’une des chaises en retrait; il ne lâchait pas l’étrange duo du regard, mais il savait aussi qu’ils ne pourraient rester longtemps ici et qu’ils seraient amenés aux urgences par la suite - il avait donc quelques papiers à remplir. Il sortit une pochette, de laquelle il extirpa quelques feuilles. « Posy, c’est ça ? » Il se tut un instant, se rappelant qu’il n’avait mis aucun contexte à sa phrase. « Je vais profiter du temps qu’il faut pour que le produise fasse effet pour commencer à remplir les papiers: vous passerez plus vite en arrivant aux urgences comme ça. »

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« A quoi, la gaufre ? » Comment ça à quoi la gaufre ? N’ayant ni des réflexes de médecin ni, pour être tout à fait honnête, des réflexes de père attentif, je mets quelques secondes à comprendre où le jeune homme veut en venir. Effaré par la scène qui se joue sous mes yeux, en état de choc intense, j’ai besoin de passer ma mon visage – mes yeux, puis mon menton – avant de parvenir à me rappeler d’une information pourtant simple. « Au caramel. Ah, elle avait demandé des chouchous aussi dessus, vous savez, les cacahuètes caramélisées. » Mais bon sang, c’est Posy elle-même qui a choisi ses ingrédients. Ne connaît-elle pas les aliments qui sont à risque pour elle ? Après tout, elle est encore toute petite, mais assez grande pour être éduquée à ce genre de chose non ? Ce que j’oublie, c’est que pour un enfant de cinq ans, des chouchous sont des chouchous, pas des cacahuètes et encore moins quelque chose capable de les tuer.

« A peine quelques minutes. » Ma petite fille pleure, et la seule chose qui l’empêche de hurler à pleins poumons est le fait qu’elle est en train de s’étouffer alors, pour moi, quelques minutes paraissent une éternité. Ses lèvres ont doublé de volume et ses paupières sont également bouffie : mon bébé est méconnaissable et j’ai le cœur au bord des lèvres. « Mais les effets sont déjà visibles, elle va s’en sortir. » - « Elle va aller bien ? » Les quelques mots du médecin me rassurent certainement plus qu’il ne pouvait l’imaginer. En quelques secondes, j’ai entrevu ce que je ressentirais si je perdais ma princesse, et c’est la chose la plus terrifiante qui me soit jamais arrivée. Maintenant que le pire est passé – d’après le médecin, puisque Posy est terrorisée et en larmes – je laisse un peu de ma panique ressortir. Lorsque je serre ma petite fille contre moi, je tremble comme une feuille morte. « Tout va bien aller ma chérie. Le médecin t’as donné ce qu’il fallait. » Il n’est pas l’heure de la harceler pour savoir ce qu’elle sait de ses intolérances et allergies. « Posy, c’est ça ? » Le médecin m’interpelle et je hoche la tête sans me détacher de ma fille, épelant dans cet ordre son prénom puis son nom. « Je vais profiter du temps qu’il faut pour que le produit fasse effet pour commencer à remplir les papiers: vous passerez plus vite en arrivant aux urgences comme ça. » - « Il faut qu’elle aille à l’hôpital ? » Si je ne connais pas forcément tout l’historique médical de ma fille, je sais en revanche que ce genre d’endroit la terrifie. A trois ans, elle est tombée alors qu’elle était sous la surveillance du petit ami de sa mère et a eu besoin de points de sutures : elle est ressortie plutôt traumatisée de cette expérience. « Il va falloir que je la rassure. Elle.. Elle a peur des hôpitaux. » Je m’adresse à voix basse, avant de m’installer sur la table de patient de fortune et de prendre ma petite fille sur mes genoux. « Ma puce, le médecin va t’emmener là où on pourra s’occuper de toi. Mais je reste avec toi tout du long, c’est promis. »

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Un silence d’un petit instant se fit présent entre les deux jeunes hommes lorsque Ben posa une question, qui d’apparence lui semblait pourtant simple à la base. Il n’attendait pas la lune, simplement que le père lui donne les ingrédients qui avaient composé la gaufre que la petite avait mangé - car il y avait fort à parier que ce soit à cause de l’un de ces éléments qu’elle soit en train de faire une réaction allergique. « Au caramel. Ah, elle avait demandé des chouchous aussi dessus, vous savez, les cacahuètes caramélisées. » Pinçant les lèvres, Ruben finit par hocher la tête. Il n’avait pas besoin d’être devin pour connaître l’issue de cette situation - la petite était allergique aux cacahuètes, et soit le père était irresponsable et inconscient, soit ce n’était pas quelque-chose de connue jusque maintenant et le pauvre homme à ses côtés allait se souvenir de cette sortie avec son enfant comme d’un vaste cauchemar. « Il faudra le confirmer par un spécialiste, mais je pense que c’est une allergie à la cacahuète qu’elle fait. » Ce n’était pas son domaine d’expertise, et ce n’était surement pas les informations sur lesquelles le jeune homme était focalisé en cet instant, mais au moins il aurait eu l’information.

Surtout que désormais, maintenant que l’Epipen commençait déjà à faire son effet, la petite allait rapidement se retrouver hors de danger et qu’ils allaient pouvoir commencer à discuter de la suite de la situation. « Elle va aller bien ? » - « Oui oui, tout va revenir en ordre. » - « Tout va bien aller ma chérie. Le médecin t’as donné ce qu’il fallait. » Il serrait sa fille dans ses bras, visiblement soulagé de la tournure de la situation, et une partie de Ruben pouvait comprendre à quel point il avait du être stressé de son côté. La majeure partie cependant du médecin restait justement professionnelle et pensait déjà à agir pour la suite. Récupérant le prénom et le nom de la petite - il était d’ailleurs quasiment sur d’avoir deviné le prénom de son père, désormais -, il annonça qu’ils allaient devoir se rendre aux urgences ce pourquoi il commençait à remplir les papiers. « Il faut qu’elle aille à l’hôpital ? » Sans relever la tête de la feuille qu’il était en train de remplir, Hartfield hocha cette dernière. « C’est obligatoire à la suite de réaction allergique de la sorte et d’injection d’épinéphrine. » Puis, par précaution: « Le produit qui lui a sauvé la vie. » Il étira un petit sourire et promis, ce dernier n’était pas si condescendant que ça; simplement, il n’y avait pas de situation où la petite ne se rendait pas aux urgences et Ruben désirait que le père comprenne bien l’étendue de la gravité de la situation. « Il va falloir que je la rassure. Elle.. Elle a peur des hôpitaux.  » Ces derniers mots avaient été adressés uniquement au médecin, qui prit un instant avant de répondre. « Comme beaucoup d’enfants. C’est impressionnant comme endroit. »

« Ma puce, le médecin va t’emmener là où on pourra s’occuper de toi. Mais je reste avec toi tout du long, c’est promis. » Les parents passaient trop de temps à éviter d’utiliser des mots qui, selon eux, pouvaient faire peur à leur progéniture - c’était là une des raisons pour lesquelles Ben savait qu’il ne pourrait jamais travailler auprès des enfants comme pouvait le faire sa fiancée -, alors que cela n’apportait pas forcément que du bon: il y avait de fortes chances que la petite panique dans tous les cas en arrivant sur place car elle n’aurait pas forcément compris que c’était à l’hôpital qu’ils allaient. Peu importait en réalité: ce n’était pas la responsabilité de Ben. « Vous avez de la chance, je dois retourner sur place dans tous les cas, je vais profiter de la balade en ambulance pour rentrer avec vous. » Il se leva pour aller prévenir ses collèges qu’ils allaient devoir faire le déplacement jusqu’aux urgences du St Vincent. Il revint sous la tente ensuite rapidement. « Ils préparent l’ambulance et on va pouvoir les rejoindre. » Puis, avec un faible sourire en coin et sur un tout autre sujet, Ruben posa de nouveau son regard sur le visage du jeune homme. « Vous voulez un miroir pour une retouche maquillage, ou ça importe plus tant que ça ? » Il s’était retenu de lui souligner que sa fausse moustache commençait déjà à se décoller depuis une bonne poignée de minutes, parce-que ce n’était pas le sujet principal de la situation, mais maintenant que Posy était tirée d’affaire il pouvait se le permettre.

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« Il faudra le confirmer par un spécialiste, mais je pense que c’est une allergie à la cacahuète qu’elle fait. » Attentif, choqué – mes lèvres restent légèrement entrouvertes – je hoche la tête. Cela ne change pas grand-chose, si ce n’est que l’aliment incriminé est plus que courant et qu’il me semble inconscient de la part de Marley de ne rien m’avoir dit, si toutefois elle était au courant. « C’est possible que ce soit la première fois que ça arrive ? » J’essaie de trouver une excuse à mon ex mais surtout, à la mère de ma petite fille. « Qu’elle en ait déjà mangé, mais que jusque-là il se soit rien passé ? » J’ai envie de le croire, mais je suis artiste, pas membre du corps médical. C’est pour cela que, lorsque mon interlocuteur confirme la nécessité de conduire Posy à l’hôpital, je ne tente pas de marchander ou de négocier. Non, je me contente de me demander de quelle façon je vais pouvoir l’annoncer à ma petite fille que ce genre de chose terrorise. « C’est obligatoire à la suite de réaction allergique de la sorte et d’injection d’épinéphrine. Le produit qui lui a sauvé la vie. » - « C’est dangereux ? C’est possible que ça lui ait fait quelque chose ? » Qu’il y a ait des effets secondaires qui puissent être désastreux ? Je suis reconnaissant envers ce médecin. Je ne pose pas ces questions pour lui reprocher d’avoir injecté cette substance à ma fille, puisqu’elle lui a sauvé la vie. Celle contre qui ma colère monte d’un cran, c’est sa mère. J’en suis persuadé à présent, c’est entièrement à cause de son inconscience que notre fille se retrouve dans cette situation. « Comme beaucoup d’enfants. C’est impressionnant comme endroit. » - « Oui je me doute mais… » L’air de rien, je pose mes mains sur les oreilles de ma fille. « Elle a eu besoin de quelques points de sutures plus jeune. Je crois qu’elle a pas mal été impressionnée. » Et qu’elle a associé l’endroit à la douleur et la peur.

« Vous avez de la chance, je dois retourner sur place dans tous les cas, je vais profiter de la balade en ambulance pour rentrer avec vous. » C’est effectivement rassurant puisque, sans cet inconnu, j’ignore si Posy n’aurait pas été bien plus en danger que ce qu’elle l’a été. Je n’étais même pas au courant que des postes de secours étaient présents sur l’événement. « Oui. Je ne vous ai même pas remercié. » Réalisant mon impolitesse – ce type a peut-être sauvé la vie de ma fille – je tends mon bras dans sa direction pour échanger une poignée de main. « Merci. Docteur ? Désolé, j’étais pas concentré sur votre nom. » Lorsqu’il s’est présenté, je n’ai retenu que sa qualité de médecin puisqu’elle était la seule à être primordiale sur l’instant. Le jeune médecin s’éloigne tandis que, de mon côté, je tente de rassurer Posy sur ce qui l’attend.

« Tu vas voir ma puce, tu n’auras pas besoin de rester là-bas tout la nuit. Et si c’est le cas, je t’achèterai la plus grosse peluche de la boutique et je resterai avec toi toute la nuit. » Hors de question que je la laisse seule à l’hôpital. Hors de question que je la laisse seule avec sa mère puisqu’elle était sous ma responsabilité lorsque tout ça s’est produit. En revanche, cette dernière va entendre parler de moi dès que je pourrais prendre le temps de lui envoyer un message salé. « Ils préparent l’ambulance et on va pouvoir les rejoindre. » Je hoche la tête avant de descendre ma fille de mes genoux et de me redresser. « Vous voulez un miroir pour une retouche maquillage, ou ça importe plus tant que ça ? » Surpris, je porte ma main à mes lèvres, pour réaliser que ma fausse moustache – déguisement peu séduisant mais nécessaire –est en train de se faire la malle. « Non je… » Je jette un coup d’œil autour de moi. « Je vais garder ça jusqu’à l’ambulance, il y a du monde dehors, si cela ne vous dérange pas.  » A vrai dire, il n’a pas grand-chose à dire sur ce point, mais je me sens malgré tout gêné. « Je suis pas un déséquilibré qui traîne dans les kermesses pour enfant avec un déguisement, si c’est ce que vous croyez. »

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« C’est possible que ce soit la première fois que ça arrive ? Qu’elle en ait déjà mangé, mais que jusque-là il se soit rien passé ? » - « C’est rare, mais c’est pas impossible. Ca pourrait être le cas, qu’en grandissant elle y soit devenue allergique oui. » Ben n’avait pas besoin d’entrer dans les détails, il l’avait rapidement deviné, et des réponses superficielles sur la question des allergies pour répondre au jeune père suffirait amplement; au moins, peut-être que cela pourrait lui apporter des éléments manquants à la situation présente. « C’est dangereux ? C’est possible que ça lui ait fait quelque chose ? » Cette fois-ci, sa curiosité se penchait sur l’épinéphrine et la raison qui les poussaient à devoir faire un petit passage aux urgences. « A son âge, il y a peu de risques honnêtement. » L’avantage des enfants: la plupart des produits passaient à travers leur corps, faisaient effet mais n’avaient pas le mauvais contre-coup que les adultes pouvaient eux ressentir. « Mais c’est quand même un produit puissant, et c’est pour ça qu’un passage aux urgences est obligatoire. Juste pour surveiller un peu plus et être surs. » L’inquiétude du père de Posy était réelle, et si ce n’était pas là la façon naturelle de Ruben d’agir - il avait facilement montré qu’il maitrisait quelque peu l’incompétence de ce dernier à s’occuper de sa fille et à ne pas connaître ses allergies -, il y mettait du sien pour maitriser le ton de sa voix et tenter d’apporter des réponses qui apaiseraient les tensions. Il y mettait des remarques ici et là, mais promis il tentait de faire un peu d’efforts aussi. « Oui je me doute mais… Elle a eu besoin de quelques points de sutures plus jeune. Je crois qu’elle a pas mal été impressionnée. » Il le regarda mettre les mains sur les oreilles de sa fille pour parler; les parents se rendaient-ils compte que les enfants étaient tout à fait aptes à tout de même percevoir l’importance des discussions, au delà de ces mesures prises ? « Ce sera rapide. » C’était les urgences: par définition, Ben mentait sans regrets en annonçant que ce serait rapide, mais c’était là la seule chose qu’il pouvait ajouter.

« Oui. Je ne vous ai même pas remercié. » Il accepta la poignée de main du jeune homme, serrant celle qui était tendue devant lui. « Merci. Docteur ? Désolé, j’étais pas concentré sur votre nom. » - « Hartfield. Docteur Ruben Hartfield. » Il pinça les lèvres avant de sortir un instant du champ de vision pour prévenir les ambulanciers qu’ils allaient pourvoir tous rapidement partir. Lorsqu’il fut de retour auprès du père et de sa fille, l’atmosphère étant bien plus propice à être quelque peu détendue et à aborder d’autres sujets que la santé en danger de la petite, Ben se permit de faire remarquer au jeune homme que sa fausse moustache se faisait la malle; c’était le cas depuis une bonne poignée de minutes déjà, mais le préciser avant n’était pas pertinent. Il n’y avait qu’à voir au geste semi-paniqué de Sterling lorsqu’il porta sa main à ses lèvres pour que Ruben comprenne qu’effectivement, la précision avant qu’ils ne sortent de la tente avait été la bienvenue. « Non je… Je vais garder ça jusqu’à l’ambulance, il y a du monde dehors, si cela ne vous dérange pas. » Les lèvres du médecin formaient déjà un petit sourire amusé. « Vous faites ce que vous voulez. » Ca lui importait peu à lui, qu’il ait décidé de se déguiser. « Je suis pas un déséquilibré qui traîne dans les kermesses pour enfant avec un déguisement, si c’est ce que vous croyez. » Et à ces mots là en revanche, il ne sut réfréner un rire. Secouant quelque peu la tête, il s’affaira pour rassembler le peu d’affaires qu’il avait laissé dans la tente durant le temps qu’il avait été assigné au poste de secours. « Oh non, c’est pas du tout ce que je crois. » Tirant la toile de la tente pour ouvrir sur l’extérieur, il posa son regard sur le jeune homme. « Je suis médecin, pas ermite. Je sais qui vous êtes, Midas Sterling. Mais si vous voulez bien, moustache en place ou pas, on doit y aller maintenant. »

Ce ne fut que lorsque l’ambulance fut proche d’arriver au St Vincent que Ruben se permit de finalement prendre une décision qui allait peut-être lui être reprochée - mais Dana, l’infirmière en chef des urgences, l’adorait alors elle saurait passer l’éponge une fois de plus. « Passez par la porte du coté, s’il vous plait. » Qu’il indiqua aux ambulanciers à travers la petite fenêtre de la cabine. Il y aurait moins de monde, et donc moins de chance que Midas puisse potentiellement effectivement être reconnu par d’autres alors que ce n’était pas la question du jour. Le regard de Ben se posa à la suite sur le jeune père. « Vous me serez redevable, mais on va éviter le bain foule aux urgences pour aujourd’hui. Autant pour la petite que pour vous. Si ça vous convient. » Bien sur que la question n’en était pas une, voyons.

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Midas Sterling & @Ruben Hartfield ☆ crédit/harley

Je suis naïf mais pas complètement idiot. Le médecin me dit pas impossible mais j’entends tout de même hautement improbable et ma mâchoire se contracte. Ce pauvre homme n’a pas besoin d’être témoin de mes désaccords avec mon ex, pas plus qu’un ne mérite d’être pris à parti mais, une chose est sure, Harleen va en entendre parler. « A son âge, il y a peu de risques honnêtement. Mais c’est quand même un produit puissant, et c’est pour ça qu’un passage aux urgences est obligatoire. Juste pour surveiller un peu plus et être surs. » Je hoche la tête, les mains occupées à couvrir les oreilles de ma fille, à caresser ses cheveux ou son avant-bras et à jouer avec ses doigts pour l’occuper et la distraire de ce qui s’annonce et qu’elle risque de ne pas trouver à son goût. « Ce sera rapide. » Nous prenons la route des urgences et j’ai du mal à y croire. Mais une part de moi espèce que d’arriver avec le médecin me donnera un statut à part, et que mon statut de VIP en lui-même me donnera le droit à un traitement différent de celui de la plupart des autres gens. Je ne suis pas prétentieux ou de ceux que la célébrité rend imbus d’eux même. Je ne considère pas que j’ai le droit à mieux parce que je suis une star. En revanche, je vous mets au défi d’attendre pendant des heures aux urgences avec des gens qui viennent vous parler, vous toucher et vous prendre en photo toutes les deux minutes alors que vous êtes là avec votre petite fille malade dans les bras.

J’ignore comment aborder le sujet, mais le brun le fait pour moi. Surpris – j’avais presque oublié mon déguisement dans le feu de l’action – je replace comme je peux la fausse moustache. « Vous faites ce que vous voulez. » Quelle image dois-je renvoyer à ce pauvre homme. « Oh non, c’est pas du tout ce que je crois. Je suis médecin, pas ermite. Je sais qui vous êtes, Midas Sterling. Mais si vous voulez bien, moustache en place ou pas, on doit y aller maintenant. » J’écarquille les yeux et frotte l’arrière de ma nuque, sincèrement surpris d’avoir été reconnu. Certes, j’ai donné le nom de Posy qui est aussi le mien. Mais n’est-il pas commun en Australie ? Suis-je aussi peu bien déguisé ? Je suis pris de la peur d’avoir été reconnu plus tôt par d’autres personnes. Toutefois, l’absence d’émeute me laisse penser que ce n’est pas le cas. Je ne réponds pas au médecin tout de suite, un peu sous le choc et, surtout, concentré sur Posy que je prends dans mes bras. Dans l’ambulance et alors qu’elle est mise sous moniteur cardiaque, je fais de mon mieux pour la rassurer. Finalement, lorsqu’elle me semble apaisée grâce à la caresse de mes doigts sur l’intérieur de son avant-bras, je me tourne vers le médecin pour échanger avec lui à voix basse. « Si vous me connaissez, vous savez aussi peut-être que je n’ai pas d’enfant… Officiellement. » Je m’exprime assez bas pour que Posy ne puisse pas m’entendre. Je ne veux pas abîmer son esprit d’enfant qui est déjà en manque de son père. « Il ne faut pas qu’on nous voit à l’hôpital… Pour elle. » Je le précise, pour qu’il ne pense pas que je suis un père indigne qui ne veut pas reconnaître sa gosse. J’ai reconnu Posy comme ma fille. Mais je l’ai fait dans l’intimité, pas publiquement pour lui éviter un harcèlement médiatique.

Après un trajet de quelques minutes, l’ambulance se gare finalement à côté d’une entrée de l’hôpital qui m’est inconnue. « Passez par la porte du coté, s’il vous plait. Vous me serez redevable, mais on va éviter le bain foule aux urgences pour aujourd’hui. Autant pour la petite que pour vous. Si ça vous convient. » - « Merci infiniment. » Je fais une pause, observant les ambulanciers qui préparent ma fille en mettant sur roulette le lit sur lequel elle est installée. « Si on peut lui trouver une chambre seule… Avec des rideaux clos, j’apprécierais énormément. » Je ne suis ni condescendant ni trop ferme pour ne pas sembler agressif ou rêche. Je suis juste un père qui s’inquiète pour sa fille. « Il va falloir que je prévienne sa mère aussi. Mais je préfèrerais que Posy n’entende pas ce que j’ai à lui dire. Je peux vous laisser partir devant, avec elle ? » Avec elle est ambulanciers.

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La surprise put se lire sans aucune difficulté sur les traits du jeune homme, alors que Ruben lui précise salive précisément qui il était. Ce n’était pas là une tâche bien difficile, en réalité, puisqu’il venait de passer la dernière demi-heure presque à moins d’un mètre de lui; à travers toute cette épreuve, il avait pu voir clairement le visage qui était celui également de cette figure de la culture. Et étant donné qu’il était un tantinet intéressé depuis des années par le monde de la musique… Oui, il lui avait été facile de le reconnaitre. Midas ne rebondit pas de suite sur l’information cependant, et attendit qu’ils soient à bord de l’ambulance les emmenant en direction de l’hôpital pour le faire. « Si vous me connaissez, vous savez aussi peut-être que je n’ai pas d’enfant… Officiellement. » C’était là effectivement une information qui n’était pas connue jusqu’à aujourd’hui de Ben - c’était même ce point là qui l’avait fait douter pendant un instant, au début. « J’en parlerai pas, si c’est ça la question. Je suis soumis au secret médical, je vous rappelle. » Au moins, si c’était ça, il n’aurait pas à poser la question - surtout que cette dernière ne devait pas être agréable à mettre sur le devant de la scène dès qu’une situation pouvait devenir délicate. Et puis, il s’y connaissait en secrets, après tout. « Il ne faut pas qu’on nous voit à l’hôpital… Pour elle. » Pendant une longue poignée de secondes, le médecin laissa son regard accrocher le visage du jeune homme. Et pendant tout autant de temps en plus, il pesa le pour, le contre, et tout ce vers quoi ils avançaient. Il ne pourrait jamais comprendre ce que vivait Midas en cet instant, surement; en revanche, contrairement à ce que certains pouvaient penser, il n’était pas un homme sans coeur.

Alors, lorsque l’ambulance arriva à hauteur des urgences, Ruben indiqua finalement aux ambulanciers de se garer au niveau de l’entrée du côté, et non de l’entrée principale. Il ne pourrait pas réaliser de miracles, mais il pouvait au moins tenter de mettre à profit le peu de ressources qu’il avait à disposition. « Merci infiniment. » Il hocha la tête, rassemblant ses affaires, prêt à sortir de l’arrière de l’ambulance - lorsque le jeune père reprit la parole. « Si on peut lui trouver une chambre seule… Avec des rideaux clos, j’apprécierais énormément. » Heureusement qu’il avait montré jusque maintenant que c'était pour le bien être de sa fille qu'il se montrait de la sorte, et que son ton était adapté, sinon Ruben lui aurait demandé sans vergogne s’il se moquait pas de lui présentement. Retenant un soupire, il étira un sourire sans envie. « Je sais ce que je fais, vous inquiétez pas. » Peut-être parce-que ce type de scénario là, il l’avait répété mille et une fois dans son esprit pour un au cas où Rhett ait besoin d’être admis aux urgences dans une discrétion dont il n’avait jamais fait preuve jusque maintenant. « Il va falloir que je prévienne sa mère aussi. Mais je préfèrerais que Posy n’entende pas ce que j’ai à lui dire. Je peux vous laisser partir devant, avec elle ? » Il ne voulait pas un café, non plus ? « Ce sera au bout à droite, quand vous aurez passé les doubles-portes. » Une partie des urgences qui n’était accessibles qu’aux personnes à qui on avait indiqué le chemin, puisque normalement seul le personnel était autorisé sur place. « Et si on vous demande pourquoi vous trainez là, oubliez pas que c’est Hartfield mon nom sinon ils vont vous mettre à la porte. » D’un mouvement de tête, il indiqua aux ambulanciers qu’ils pouvaient se mettre à avancer. Et, puisque ce n’était pas un monstre et qu’il y avait plein de place sur le brancard, Ruben profita de l’instant avant qu’ils ne se mettent à avancer pour s’asseoir sur ce dernier aux côtés de Posy. « On va faire un tour de manège sur le brancard, un peu à gauche et un peu à droite dans les couloirs, et après t’auras le droit de boire un soda une fois arrivée sur place si tu t’accroches bien. Tu préfères quoi, le jus d’orange ou le Coca ? »

La petite était tranquillement installée sur le brancard, dans un box privé lorsque son père arriva à son tour; Ruben n’avait pas regardé combien de temps il s’était absenté, mais étrangement la petite n’avait pas pleuré une seule fois durant toute son absence. Elle avait du comprendre que Ben était là pour son bien - peut-être que lui avoir sauvé la vie, par exemple, ça avait fonctionné. Et puis de toutes façons, il était plutôt doué avec les enfants, le bougre. « Tout est revenu à la normale. » Il remonta son regard sur le visage de Midas. « Mon collègue des urgences est passé l’ausculter, je suis en train de faire les papiers comme ça quand le temps d’observation sera terminé, vous pourrez repartir directement. » Il aurait pu partir plus rapidement, il aurait pu être déjà en train de se préparer pour sa prochaine intervention même si cette dernière n’était pas prévue avant au moins une heure trente. Mais un quelque-chose faisait qu’il se sentait presque obligé d’agir dans le bon sens pour la gamine et son père. « Il faut vraiment qu’elle voit un allergologue, par contre. Ca devient plutôt important. »

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Midas Sterling & @Ruben Hartfield ☆ crédit/harley

« J’en parlerai pas, si c’est ça la question. Je suis soumis au secret médical, je vous rappelle. » Je ne suis pas assez méfiant pour me poser plus de questions que ça. Si je l’avais été, peut-être aurais-je réalisé que le secret médical, ce n’est pas tout à fait ça – ou qu’il est en tout cas limité aux conditions médicales justement, ou au moins aurais-je douté. Sauf que je suis rassuré. Pour l’instant en tout cas, puisque le docteur Hartfield n’est qu’un des nombreux médecins que nous nous apprêtons à voir et qu’une des nombreuses personnes que nous risquons de croiser, Posy et moi. Je peux me remettre de rumeurs sur ma santé, si toutefois j’étais aperçu dans les couloir de l’établissement de soins. Ce serait bien vite démenti, en prétendant que je rendais visite à un parent ou à un ami. En revanche, personne ne doit me voir avec une petite fille dans les bras et, surtout, personne ne doit avoir l’occasion de photographier le visage de ma gamine. « Je sais ce que je fais, vous inquiétez pas. » Je hoche la tête, rempli de reconnaissance. « Merci, docteur Hartfield. » J’ai conscience d’en demander beaucoup. Mais pour Posy, je n’ai pas peur de déranger ou de passer pour un type capricieux. Je ne veux prendre aucun risque, et certainement pas l’urgence comme c’est le cas présentement. « Ce sera au bout à droite, quand vous aurez passé les doubles-portes. Et si on vous demande pourquoi vous trainez là, oubliez pas que c’est Hartfield mon nom sinon ils vont vous mettre à la porte. » - « C’est noté. » Avant qu’il descendre de l’ambulance, je tends la main dans sa direction pour échanger une poignée de main ferme. « Encore merci. » Je lui adresse un signe de la tête, me rapproche de ma fille pour lui promettre que je la retrouve vite, qu’elle va juste se promener avec le gentil médecin pendant que je préviens sa maman pour qu’elle sache où nous sommes, mais que je suis juste derrière elle. Elle semble comprendre. Elle a peur, mais elle est courageuse et intelligente, ma gamine. Lorsque l’ambulance s’éloigne, je ressens toutefois un pincement au cœur : je devrais lui tenir la main. Dans un monde parfait, je serais assis à côté d’elle et je lui tiendrais la main sans avoir peur d’être importuné à l’hôpital.

Sauf que ce n’est pas un monde parfait et que le programme est bien différent. Je passe de – trop – longues minutes à hausser le ton sur sa mère qui, comme toujours lorsqu’il est question de santé, est à côté de ses pompes. Elle ne fait pas confiance au corps médical, Harleen. Elle est persuadée que, dans ce genre d’endroit, on nous inocule tout un tas de choses vouées à faire des tests sur nous pour le gouvernement. Je finis par raccrocher, tendu et en colère contre mon ex, avant de suivre le chemin désigné plus tôt par le médecin que je retrouve au chevet de Posy. En silence et le visage fermé, je me hisse sur le lit de ma fille et je caresse doucement son front. « Tout est revenu à la normale. Mon collègue des urgences est passé l’ausculter, je suis en train de faire les papiers comme ça quand le temps d’observation sera terminé, vous pourrez repartir directement. » - « Elle n’a pas besoin de passer la nuit ici ? » C’est un soulagement, pour moi mais surtout parce à elle et à ses peurs. « Il faut vraiment qu’elle voit un allergologue, par contre. Ça devient plutôt important. » - « Ouais… C’est pas la première fois visiblement, même si c’est la première fois que c’est aussi fort. Sa mère avait pas jugé utile de me prévenir… » Et mon ton en dit long sur ma colère à l’égard de la brune. « Elle fait partie de ces illuminés qui pensent que tout se soigne avec des plantes et des bonnes ondes. Je suis même pas certain que Posy soit à jour dans ces vaccins… » Existe-t-il un moyen de le vérifier, d’ailleurs ? « Je l’emmènerai moi, chez un allergologue, merci. » Puisqu’il convient de savoir si c’est bien la cacahuète qui peut tuer mon bébé, ou si nous devons nous méfier d’autres choses. « Mon frère était allergique à tout un tas de choses quand il était plus jeune. C’est possible que ce soit génétique, ce genre de chose ? » Ce gamin est allergique à sa propre ombre, que disaient mes parents lorsqu’ils étaient fatigués de devoir faire attention à tout.
 

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« Merci, docteur Hartfield. » Au moins, il avait correctement retenu son nom de famille, c’était toujours ça de pris. Maintenant qu’il s’était assuré de cette partie là de la situation, Ruben pouvait enfin passer à celle qui l’intéressait vraiment: s’occuper de la petite dans une pièce qui était réellement destinée à accueillir des patients, et pas simplement sous une tente de fortune.

La première chose que Midas fit lorsqu’il les rejoint dans le box des urgences, ce fut de s’asseoir aux côtés de sa fille; c’était plutôt bon signe en réalité, il semblait vraiment inquiet pour son état de santé là où au début, il n’avait vraiment pas l’air d’être taillé pour s’occuper d’elle. Après tout, qui donnerait volontairement quelque-chose qui pourrait tuer son enfant ? « Elle n’a pas besoin de passer la nuit ici ? » Sans relever son visage vers lui pour autant, Ben secoua quelque peu ce dernier. « Son état est stable, on va la garder encore quelques heures pour être sûrs que rien d’autre n’apparaisse mais autant mon collègue que moi ne voyons pas d’intérêt à la garder sur la nuit. Elle sera plus à l’aise dans son lit, sans aucun doute. » Tout le monde était mieux dans son propre lit - sauf Hartfield, qui préférait tout autre que le sien une bonne partie de l’année, mais ce n’était pas le sujet du jour. Il reposa la tablette qu’il tenait dans la main, se tournant cette fois-ci vers le jeune père. Il ne pouvait pas laisser son enfant courir les rues de la sorte sans avoir un minimum d’idée sur ce qui pourrait être dangereux pour sa santé, surtout qu’il était désormais facile de pouvoir détecter ce genre de problèmes. « Ouais… C’est pas la première fois visiblement, même si c’est la première fois que c’est aussi fort. Sa mère avait pas jugé utile de me prévenir… » Haussant quelque peu un sourcil, il croisa ses bras sur son torse. « Elle fait partie de ces illuminés qui pensent que tout se soignent avec des plantes et des bonnes ondes. Je suis même pas certain que Posy soit à jour dans ces vaccins… » Pinçant les lèvres, un soupire fut retenu de justesse; c’était quelque-chose qui dépassait l’entendement pour lui, de ne pas avoir une confiance aveugle ne la médecine. Il ne serait rien sans elle, et n’hésiterait personnellement pas un seul instant avant de remettre son destin entre les mains de médecins - alors que pourtant, il connaissait tout l’envers du décor. « Il vous suffit d’aller voir le médecin traitant qui la suit. Il pourra vous dire si ses vaccins sont à jour, comme vous êtes son père. » Ce n’était pas le genre d’informations qui étaient révélées à n’importe qui, mais vu le lien qu’ils avaient tous deux, Ruben ne se faisait pas trop de soucis.

« Je l’emmènerai moi, chez un allergologue, merci. » - « C’est la bonne chose à faire. » Surtout si la mère de la petite n’était apparemment pas assez responsable pour s’occuper de toute cette partie là de la vie de la petite. « Mon frère était allergique à tout un tas de choses quand il était plus jeune. C’est possible que ce soit génétique, ce genre de chose ? » Tirant l’un des tabourets de la salle d’auscultation, Ruben hocha quelque peu la tête. « Ca joue un rôle, oui. Je suis vraiment pas le pro dans ce domaine, mais c’est prouvé qu’un terrain allergique dans la famille joue un rôle dans l’apparition chez les futures générations. » Le jeune homme pourrait lui-même être porteur de gênes qui ne s’exprimaient pas chez lui, mais qui pourraient jouer un rôle important dans la santé de sa petite fille sans qu’il n’en soit au courant. « Ca pourrait aider, de savoir à quoi votre frère est allergique. Pour la visite chez l’allergologue. Surtout si c’est à des choses peu communes, qu’elles soient testées en priorité pour Posy. » La petite était désormais toute calme, s’accrochant à son père comme à une bouée en pleine mer. Effectivement, ce fut un léger sourire en coin attendri qui s’accrocha aux lèvres de Ruben - mais un seul instant, pas un de plus. « Je connais pas toute la situation… » Avec sa mère, avec tout le reste aussi - et il ne demandait pas de détails si ces derniers se devaient de rester cachés. « Mais si c’est que pour son bien, il n’y a pas grand chose que la loi peut vous empêcher d’entreprendre. »

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Midas Sterling & @Ruben Hartfield ☆ crédit/harley

« Son état est stable, on va la garder encore quelques heures pour être sûrs que rien d’autre n’apparaisse mais autant mon collègue que moi ne voyons pas d’intérêt à la garder sur la nuit. Elle sera plus à l’aise dans son lit, sans aucun doute. » Posy qui, déjà en temps normal, est une petite fille timide et peu à l’aise avec les inconnus, et sans doute beaucoup trop en état de choc pour faire autre chose que se pelotonner contre moi et de nous observer, le médecin et moi, en luttant pour garder ses paupières ouvertes. « Dors princesse si tu veux. J’ai appelé maman, tu vas dormir chez moi ce soir et je te ramène demain. » Je dépose un baiser sur son front, avant de relever les yeux vers le médecin. « Oui. Et je serai soulagé aussi si elle ne passe pas la nuit là. » Du reste, il y a beaucoup de choses que je dois assimiler et, étrangement, je suis presque plus en colère contre moi-même pour ignorer tant de choses sur ma fille et son suivi de santé que contre sa mère, qui aurait dû me tenir au courant pour quelque chose d’aussi grave. La preuve en est : le chirurgien parle du médecin traitant de ma fille, et j’ai honte d’admettre que je n’ai pas la moindre idée de qui il s’agit. J’ignore même à quel point Harleen s’occupe avec rigueur du suivi médical de Posy. « Il vous suffit d’aller voir le médecin traitant qui la suit. Il pourra vous dire si ses vaccins sont à jour, comme vous êtes son père. » Je hoche la tête, la gorge nouée à l’idée d’admettre que je ne suis pas un si bon père que je le pensais. J’aime Posy de tout mon cœur, et je fais tout pour son confort matériel, pour être certain qu’elle est en sécurité et qu’elle vit la vie que toute petite fille de son âge devrait mener, mais suis-je à la hauteur des responsabilités qui m’incombent en tant que père ? Ma fille reçoit-elle toute l’attention et l’affection dont elle a besoin de ma part ? Suis-je assez présent ? Aujourd’hui, je réalise que non et que c’est plus préoccupant que ce que je pensais.

« C’est la bonne chose à faire. » - « Je l’aurais fait avant si j’avais su qu’elle avait des allergies. » Connaissant mon ex, je n’aurais pas dû la croire les yeux fermés. Elle n’a pas de mauvaises intentions, Harleen, elle est simplement bien trop dans la lune pour gérer ces pans-là de la vie de notre fille. « Ça joue un rôle, oui. Je suis vraiment pas le pro dans ce domaine, mais c’est prouvé qu’un terrain allergique dans la famille joue un rôle dans l’apparition chez les futures générations. » A nouveau, je note l’information en me promettant d’appeler ma mère. Cela fera plaisir à Hannah Sterling de m’avoir au bout du fil et, une fois qu’elle m’aura reproché une bonne dizaine de fois de ne pas l’appeler plus souvent, je pourrais lui poser des questions sur le rapport de la famille aux allergies. « Ça pourrait aider, de savoir à quoi votre frère est allergique. Pour la visite chez l’allergologue. Surtout si c’est à des choses peu communes, qu’elles soient testées en priorité pour Posy. » - « On peut pas réellement dire qu’on se parle, lui et moi. Mais j’appellerai ma mère, elle en saura certainement beaucoup plus. » Oscar connaît-il ce genre de problème avec son fils ? Fils que je n’ai vu qu’à de rares occasions ? « Je connais pas toute la situation… Mais si c’est que pour son bien, il n’y a pas grand-chose que la loi peut vous empêcher d’entreprendre. » Le médecin me tire de mes pensées et je pousse un soupir, avant de passer ma main devant mes yeux. « Mon ex est une bonne mère. Elle a pas mal de défauts, mais elle aime Posy. Je peux juste pas lui faire confiance pour gérer ces choses-là, mais ça veut pas dire que ce n’est pas une bonne mère. » Il y a tout un tas d’autres domaines dans lesquels elle est même formidable. « C’est elle qui l’élève. Elle lui fait découvrir pleins de choses et c’est grâce à elle que Posy est une petite fille qui s’intéresse à tout. C’est grâce à elle que ma fille est douce, empathique et qu’elle n’émet aucun jugement sur personne. » Et j’ai beau être en colère contre Harleen, je n’ai pas l’intention d’envisager d’essayer de lui prendre sa fille. « J’ai pas envie d’en arriver là. »