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{trying to make us three from that two}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji  

Une chose est certaine à tes yeux : on ne peut pas tomber amoureux d'une infirmière et avoir une aversion pour les hôpitaux. Ce n'est vraiment pas compatible, du tout, et encore plus quand ladite infirmière est enceinte, ce qui veut dire encore plus de temps passé ici, au St Vincent, dans son univers à elle et à voir les allées et venues de tous et de toutes. Cela ne te déplait pas, tu n'as jamais été particulièrement sensible à ce genre de choses, on dira merci à ton ancien boulot, et Yasmine a déjà répondu à beaucoup des questions que tu te posais et t'a confirmé que bosser ici, cela ne voulait pas dire des grandes opérations impossibles, tout en flirtant avec tout ce qui bouge. Oui, la télévision t'aurait donc menti, et tu as bien fait remarquer à ta partenaire que c'est ainsi que vous vous êtes rencontrés (ce qui est un peu ironique), ce qui n'a pas vraiment changé ton ressenti vis-à-vis du lieu. Il s'agit avant tout du lieu de travail de Yasmine, pas aujourd'hui, l'infirmière Khadji est assise à côté de toi et tu lui renvoies un léger sourire et en profite pour lui serrer la main alors que l'heure tourne. C'est bientôt à vous et tu es le premier sur tes deux pieds quand elle est appelée par le gynécologue et que c'est votre tour.
Il s'agit d'un rendez-vous normal et routinier et tu observes le médecin vérifier les constances de Yasmine et celles du bébé, les questions arrivent, sur ses habitudes, sur son quotidien et de quelle façon tout ceci l'affecte. Et oui, le ventre de la brune a gonflé, c'est perceptible et la différence est encore plus notable là tout de suite, au moment de l'échographie. Le cœur du bébé, de cette vie supplémentaire se fait entendre, c'est un tu-dum plus que rassurant, le genre de musique que tu pourrais écouter en boucle et pendant des heures. Et tu sais, tu serres sûrement la main de Yasmine un peu trop fort à ce moment-là... mais tu ne pensais pas que ce serait cela ton quotidien. C'est parfait, tout simplement, il n'y a pas d'autres mots pour le décrire et tu sais que tu hoches vigoureusement la tête quand le médecin vous confirme que tout va bien et qu'il n'y a aucune raison de s'inquiéter. Aucune, des mots importants à entendre, autant pour la brune que toi, ce n'est techniquement pas sa première grossesse, et vous devrez revenir ici dans quelques semaines. Cela parait tellement simple et normal, que c'est même rassurant en fait, les conseils arrivent tout de même, Yasmine ne doit pas être surprise d'être encore plus fatiguée dans les semaines à venir et elle ne doit pas trop pousser. Pas un problème, que tu penses, tu veilles au grain et oui, tu as déjà surpris la brune en pleine sieste plus d'une fois au cours des dernières semaines. Des moments que tu n'as jamais interrompu, ayant bien conscience qu'elle en a besoin, ou plutôt qu'ils en ont besoin. Tu l'as laissée tranquille et tu l'as même rejoint quelques fois, une main posée sur son ventre, un sourire aux lèvres en sentant la troisième personne de votre famille bouger et réagir au son de ta voix.
Le rendez-vous arrive à sa fin et tu attrapes le sac de Yasmine, le faisant balancer sur ton épaule tandis qu'elle se rhabille et dans le couloir su St Vincent, tu te tournes vers elle. "Alors..." Elle a le droit à un sourire alors que tu t'empares de nouveau de sa main."Et attention, j'attends une réponse complètement honnête, miss Khadji..." Ou alors Yasmine te dit qu'elle en a assez des questions et que c'est le moment de faire demi-tour, peut-être, tu n'en sais rien. On pourra te reprocher beaucoup de choses, mais pas ton implication, tu le sais. Et tu ne comptes pas non plus lui demander si c'est le moment où vous pouvez annoncer à la terre entière qu'elle est enceinte. Tu as tenu ta parole jusqu'ici et tu n'as annoncé la nouvelle à personne, ce n'est pas l'envie de le crier sur tous les toits qui t'a manqué pourtant... Mais tu comprends aussi la brune et son envie de faire cette annonce en étant sereine. "Qu'est-ce que ça te fait d'être patiente en tant qu'infirmière ?" Après tout, c'est elle l'experte. "Est-ce que tu détestes cela ou alors ça va ? Je me dis que ça doit te faire un peu bizarre, mais le plus important, c'est que tout se passe bien, et on a encore tout le reste de la journée pour en profiter."

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{trying to make us three from that two}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price  

Elle aurait dû être heureuse. Mais la vérité, c’était qu’au stade auquel sa grossesse était rendue, Yasmine ne retenait que le stress qui découlait de chaque manifestation, chaque nouveau symptôme, chaque pressentiment inquiétant qui la faisait se raidir et envisager la consultation en urgence — avant de rationaliser, de se reposer sur ses connaissances en la matière et de compter sur sa légendaire patience pour consulter selon un calendrier précis donné par son obstétricienne dont la voix avait été rassurante lors du rendez-vous auquel elle venait d’assister avec Edge. Elle donnait le change, elle essayait de se réjouir sincèrement des observations du médecin qui se montrait optimiste pour les six mois restants, seulement Yasmine avait gardé le souvenir de sa première mauvaise expérience, et c’était compliqué sur la durée. Elle n’était pas moins enthousiaste, mais elle sentait qu’elle ne se projetait pas dans le temps, et si les premières semaines, c’était on ne peut plus normal, à presque quatre mois de grossesse, ça commençait à peser sur sa conscience au point qu’elle se demandait en sourdine : est-ce que je le veux vraiment ce bébé ?
La question lui traversa l’esprit pendant qu’elle était en train de se rhabiller après son rendez-vous, Edge l’attendant dans le couloir. Elle ne pouvait pas lui reprocher son implication au jeune homme, il était parfait dans tous les sens du terme, et elle s’en voulait de trouver ça un peu étouffant. Mais c’était le cas ; elle partageait déjà son espace avec un autre être humain depuis quelques longues semaines maintenant, l’omniprésence d’Edge était parfois source d’une pression qu’il ne lui mettait pas volontairement, c’était aussi certain qu’elle savait qu’il s’impliquait autant parce qu’il ne voulait pas qu’on lui accole une étiquette semblable à celle de son propre père absent. Mais le fait était là, et l’amas de sentiments contradictoires qu’elle ressentait vis-à-vis de tout ça rendait sa situation délicate au point de la faire culpabiliser. Peut-être que quand ils annonceraient enfin la nouvelle à leurs proches, elle se sentirait plus apte à vivre ce qui s’apprêtait à être l’expérience de sa vie. Mais pour l’heure, elle se sentait presque prise au piège de quelque chose qu’elle avait pourtant manifesté dans ses prières au cours des dernières années.

Elle prit une profonde respiration avant de sortir du cabinet du médecin, repoussa la queue-de-cheval basse qu’elle avait laissée dans son col le temps de chercher Edge du regard, et s’approcha de lui avec un léger sourire en l’entendant l’alpaguer aussitôt qu’elle fut arrivée à ses côtés. Sa main trouva vite la sienne, et elle la serra aussi doucement que le permettait ses petites forces ; parce qu’au-delà de sa morosité, Yasmine était épuisée "Alors…" répéta-t-elle avec un sourire presque de façade, ses lèvres se roulant l’une sur l’autre comme elle inclinait la tête sur le côté pour dire au jeune homme qui la questionnait déjà "Au moins je sais que je suis entre de bonnes mains, c’est déjà ça." Un léger rire avait précédé sa réponse, et sa voix s’était éteinte lorsqu’elle avait brièvement songé à l’idée qu’au fond, elle n’était pas patiente pour la première fois. Elle se ranima, sortant de ses pensées pour tourner la tête vers Edge "Je crois que je peux m’y faire, et le docteur est sympa." Mais elle n’avait pas autre chose à dire que ça finalement, alors pour déplacer le curseur de son propre cas, elle serra un peu plus les doigts du jeune homme dans les siens pour lui demander avec une curiosité non-feinte, son autre main venant s’enrouler sur son biceps quand elle s’approcha juste un peu pour qu’il l’entende mieux "Qu’est-ce que ça t’a fait de le voir sur l’écran, d’entendre son cœur ?" À dire vrai, les battements du cœur du bébé étaient plus impressionnants que l’image qu’il renvoyait pour l’instant, et elle-même, sous la couche épaisse de déni qui commençait à recouvrir ses sensations, ça lui avait fait monter les larmes aux yeux. Mais l’expérience était différente pour un homme, et l’implication d’Edge étant impeccable, elle voulait savoir dans quel état d’esprit lui, il se trouvait après ce rendez-vous.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji  

Tu savais qu’il y avait encore des premières fois qui t’attendaient avec Yasmine, mais tu ne pensais pas que vous cocheriez celles de la catégorie de parents tout de suite. Comment le prévoir alors qu’il y a quelques mois de cela les fondations mêmes de votre couple étaient secouées et même remises en causes ? Tu n’aurais pas pu le prédire, ce qui dans un sens est une bonne chose, mais qui te rappelle bien qu’il est impossible de prévoir quoi que ce soit et que parfois, il est bien mieux de suivre le mouvement. Vous êtes bien là cependant, à enchainer les rendez-vous chez le médecin sans en louper aucun et tu supposes que si Yasmine ne s’inquiète pas, alors tu ne le feras pas non plus. C’est elle l’experte déjà et c’est elle qui est en train de subir tous les changements et de porter cette nouvelle vie. Elle est entre de bonnes mains, oui, ça ne fait aucun doute et tu hoches la tête, un fin sourire sur ton visage alors que tu sens les doigts de la brune autour de ton bras. Tu as toujours un regard pour Yasmine, qui semble ailleurs pendant un moment et tu mets cela sur le coup de la fatigue, normal avec les dernières mises en garde du médecin et tu es sur le point de suggérer que vous en profitiez pour tout simplement ne rien faire du reste de la journée. La brune l’a bien mérité après tout, mais c’est avant que sa question arrive, et tu sais que la question n’est pas anodine.
Tu côtoies Yasmine depuis suffisamment longtemps pour comprendre qu’elle cherche à savoir ce qui se passe dans ta tête en ce moment et comment tu vis tout cela. Tu pourrais lui retourner la question à elle aussi, après tout, ce sont des changements de plus et tout se passe bien maintenant, vous n’avez encore partagé la nouvelle avec personne par pudeur et précaution mais vous avez bien passé une étape importante, non ? Peut-être que Yasmine est toujours inquiète. Tu décides de répondre à sa question, plutôt que de tenter de mettre des mots derrière des choses que Yasmine n’a pas encore exprimées et qu’elle ne ressent peut-être pas dans le fond, il ne faudrait pas que tu projettes tes propres inquiétudes sur ta partenaire après tout. “Honnêtement ? C’était plus impressionnant que ce que je pensais... Je veux dire, je le sais que tu es enceinte et qu’il y a un enfant qui grandit juste là mais...” Tu t’exprimes sans doute un peu trop simplement pour quelque chose d’aussi colossal. Tu la veux cette famille pourtant, avec Yasmine, tu veux le genre de vie que certains trouvent un peu barbante, cependant, la routine ne t’a jamais paru comme la fin de tout, plus comme quelque chose de stable, une certitude sur laquelle on peut se raccrocher. Oui, que tu te dis alors que vous avancez toujours dans le couloir, ce n’est que le début pour vous deux et votre famille qui s’agrandit. La grossesse est quelque chose en soit et peu importe tous les bouquins que tu lis sur le sujet, les documentaires que tu regardes, tu n’étais pas préparé à entendre ce rythme cardiaque et tu seras très certainement dérouté quand le bébé sera là et qu’il faudra s’en occuper.
Cela ne veut pas dire que tu vas tourner les talons, non, ce sera juste une expérience complètement unique et différente. “Ce n’est pas pareil d’en avoir la preuve tangible. Je suis content, plus que content, c’est plus intense que de sentir le bébé bouger, ça, c'est sûr. ” Parce que, chose que tu n’ajoutes pas, vous n’êtes plus deux à avoir cette conversation, okay certes, votre futur enfant ne comprend pas ce que vous dites, mais ce dernier ou cette dernière, ou peu importe comment il veut se définir, est déjà là. Avec vous. Tu auras beau te le répéter des dizaines de fois, tu ne t’y fais pas... du tout. “Cela concrétise beaucoup de choses. Comme le fait que dans quelques mois et officiellement, on sera trois en fait. Et on sera parents, toi et moi responsables pour une autre personne, qui dépendra de nous deux.” Yasmine le sait déjà tout ça, cependant, la brune t’a posé une question et tu réponds, peu importe si c’est un peu décousu et que cela te fait passer pour un incompétent.
“C’est juste... je n’ai pas de mot en fait, je vais m’y faire hein, ça va juste me prendre quelques mois de plus.” La brune a le droit à un sourire avant que tu ne déposes un baiser sur son front, histoire de. “Et je ne vais pas te mentir, je suis aussi soulagé que tout se passe bien, je ne voulais pas qu’on reste sur une expérience négative...” Vous avez encore de longs mois devant vous et beaucoup de hauts et de bas pour Yasmine et pour ce bébé, tu espères de tout cœur que tout continuera d’aller dans ce sens, tu l’espères vraiment. 

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price  

C’était le genre de conversations qu’à un moment donné, Yasmine avait été capable de s’imaginer. Maintenant que les choses paraissaient concrètes, ça lui paraissait étrange pourtant, et elle ne savait pas pourquoi. Alors c’était peut-être un lâche de s’en remettre au ressenti d’Edge qu’elle tenait par le bras, mais c’était aussi un bon moyen de se rendre compte en direct de comment les gens normaux étaient supposés réagir à ce genre de choses. En ce moment, Yasmine n’avait pas l’impression de faire partie de cette catégorie, et comme le reste des changements qu’opéraient son corps depuis quelques semaines maintenant, c’était assez déroutant pour quelqu’un qui, comme elle, était bien souvent trop connectée à ses émotions pour savoir les démêler.
Là, tout paraissait vide de sens quand elle ne s’était jamais sentie aussi remplie de tout un tas de choses. Peut-être qu’un nouveau rendez-vous chez son thérapeute serait nécessaire, elle n’en savait trop rien sur l’instant, opinant du chef en entendant Edgerton répondre à sa question avec la simplicité d’un homme beaucoup plus jeune que lui.

C’était des découvertes à envisager, tout ça. Yasmine avait toujours eu des femmes enceintes dans son entourage, mais être témoin de quelque chose et le vivre, c’était des choses bien différentes. De fait, la candeur des réactions qu’ils avaient avec Edge face à tout ce qui se passait et qui concernait le bébé, ce n’était sans doute pas anormal ça en revanche, pas comme les sentiments que Yasmine ressentait et qui partaient d’un constat de pas grand-chose au final. Elle tourna la tête vers lui "Surtout qu’il ne bouge pas encore beaucoup, ça rend les choses plus réelles, c’est vrai." À quatre mois de grossesse à peine, on ne pouvait pas dire que la petite chose qui grandissait en elle était très active ni même qu’elle avait fait vraiment changer son apparence pour l’heure. Il y avait eu des manifestations, c’était une certitude, mais rien qui nécessitait vraiment de s’enthousiasmer ; une ou deux secousses que parfois, Yasmine avait pris pour pas grand-chose, rien à voir avec les coups de pieds et autre tentative de s’extirper de là par son nombril.
Elle eut de nouveau un signe de tête lorsque Edgerton mit en avant leurs futures nouvelles responsabilités, et Yasmine osa lui dire "C’est terrifiant au fond. On a déjà du mal à être responsables de nous-mêmes." Ça aurait pu la faire rire à un autre moment simplement parce qu’elle l’aurait dit sur le ton de l’humour. Mais pas là. Compte tenu des mois écoulés, il ne pourrait pas démentir que ça avait été compliqué, et que leur façon d’envisager les choses n’avait pas été bousculée. Ça avait été dur, ça l’était encore un peu à certain moment, surtout quand Yasmine songeait à l’idée que, peut-être, mettre un terme à la pause qu’ils avaient instauré durant plusieurs mois n’était induit que par l’imminence de l’arrivée du petit être qui poussait dans son ventre. C’était idiot comme réflexion, mais elle l’avait de temps à autre, elle ne pouvait pas le nier "Je pense qu’on devrait commencer à l’annoncer autour de nous, qu’est-ce t’en dis ? À nos parents, les autres suivront au fur et à mesure, mais comme tout se passe bien." Pas comme la dernière fois, aurait-elle pu ajouter, mais elle ne le fit parce qu’elle réalisait qu’elle ne voulait toujours pas penser à ça, pas quand elle sortait d'un rendez-vous qui avait mis en avant le bon déroulement des choses, pas quand il y avait toujours un risque que quelque chose se mette à clocher du jour au lendemain parce que ça pouvait arriver, que personne n’était à l’abri et que les voies de destin étaient aussi impénétrables que celles des entités qui formaient les grands préceptes de ce en quoi elle croyait personnellement.

Elle eut un soupir, sans doute trop prononcé, quand Edgerton vint pourtant à souligner son envie de ne pas rester sur une expérience négative ; et elle s’en voulut immédiatement de lui retirer la satisfaction de s’en réjouir, mais elle n’avait pas envie de parler de ça maintenant. Elle le lâcha juste pour s’engouffrer dans la cage d’escaliers qu’elle préférait prendre par habitude, les couloirs de l’hôpital étant comme sa deuxième maison, et prenant de l’avance sur le jeune homme à qui elle dit en même temps "J’ai pas envie de tirer vers le pessimisme, mais j’en suis encore à un stade où tout peut arriver tu sais." C’était cruel de le présenter de cette manière, mais c’était aussi cruel de la forcer à repenser à tout ce qu’elle avait vécu encore un peu plus alors qu’elle tentait de s’en défaire, pétrie de stress à cette idée. Pas vraiment en colère, Yasmine n’était pourtant pas ravie non plus, et alors qu’ils atteignaient chacun de leur côté la porte coupe-feu du rez-de-chaussée, elle ajouta "Je sais que tu penses pas à mal en me disant ce genre de choses. Mais je préférerais que ça ne revienne pas sur le tapis chaque fois qu’on sort d’un rendez-vous de ce genre, surtout quand les conclusions du médecin sont bonnes. J’ai pas envie d’y penser." avoua-t-elle enfin, donnant un léger coup de hanche à la porte en même temps qu’elle l’ouvrait.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji  

"Terrifiant est le bon mot, je crois..." Que tu marmonnes à la suite de Yasmine et tu ne sais pas si tu es rassuré ou pas d'entendre la brune mettre le doigt sur ce que tu ressens. Il y a peu, vous étiez chacun de votre côté et en pause, c'est à se demander si vous n'avez pas grillé les étapes car maintenant vous vous dirigez vers le chemin des futurs parents, et ce, presque comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Presque. Tu sais que l'incident n'est pas oublié, de ton côté il ne l'est pas et si tu ne veux pas répéter les conditions qui ont mené à cette séparation ou même la dispute elle-même, cela ne veut pas dire que tout va se faire d'un simple claquement de doigts. Ou que la grossesse de Yasmine fait de toi un homme différent, ça, il n'y a que toi qui y peut quelque chose et tu hoches la tête aux prochains mots de Yasmine. "Je suis pour, la nouvelle mérite d'être partagée." Cela et le fait que tu n'as jamais été très doué pour garder les secrets. Ou correction, tu as juste l'habitude tout raconter à ta mère pour qu'elle remette les choses en perspective et aussi parce que c'est aussi naturel pour toi que de respirer que de tout lui dire. Encore plus quand c'est important, quand ça concerne ton futur et que la famille s'agrandit. Sur ce coup, tu as tenu bon et si tu as pu imaginer la réaction de cette dernière des dizaines de fois et son sourire, tu as respecté ta parole, attendant que Yasmine te donne le feu vert et que vous vous mettiez d'accord pour rendre les choses plus officielles.
La brune soupire et ton regard marron ne la quitte définitivement pas et tu prends la mesure de ses mots. Oui je sais, que tu te retiens d'ajouter, mais tu ne l'interromps pas, tu sais que la jeune femme n'a pas fini sa phrase, c'est visible à l'expression qu'elle a sur son visage. Elle t'a laissé t'exprimer, autant lui retourner la pareille. Tu fronces un peu les sourcils l'instant suivant, est-ce que tu sonnes comme un disque rayé ? Peut-être. Tu n'en sais rien. "Je comprends ce que tu veux dire et je ne fais pas exprès d'en parler pour que tu y penses constamment, je te rassure..." Sa fausse couche n'est pas quelque chose d'anodin ou que tu prends à la légère, oui, le temps est passé par là, mais dans un sens, c'est toujours frais. Et peut-être que ce le sera toujours dans ton esprit dès que vous mettrez les pieds au St Vincent pour ce type de rendez-vous, cependant, tu comprends son ressenti et ce n'est pas juste dans un sens si tu en parles tout le temps. "Tu m'as demandé mon avis et forcément, ça fait partie de tout ça mais, même si c'est très cliché de dire ça, c'est une page qui se tourne pour nous aussi et tu as raison, hors de question de trop regarder en arrière." Tu hoches la tête en suivant la brune, pour sortir de bon de l'établissement hospitalier et de l'agitation qui y règne.  "Donc je n'en parlerais plus." Surtout si ça te gêne, que tu penses, et aussi, tu ne veux pas que la brune pense que tu lui renvoies des torts à la figure ou que tu as des tendances masochistes.
Loin de là, tu es en terrain complètement inconnu pour le coup, tout est nouveau, tout est à faire... cependant, hors de question qu'au final, Yasmine se souvienne de sa grossesse comme une mauvaise expérience. Ton hochement de tête revient et tu choisis de te concentrer sur le reste et ce que vous avez maintenant : elle est enceinte, le médecin vous a rassuré, il n'y a pas d'ombre au tableau pour le moment. "Comment tu veux annoncer tout ça au fait ? On s'en charge chacun de nos côtés ou alors on réunit tout le monde sous le même toi, avec si possible beaucoup de nourriture et tout ce qu'il faut ?" Tu poses la question à la fois curieux et tout en demandant son avis à la brune, peut-être qu'elle a une idée précise et qu'elle a déjà un plan pour procéder pour la suite. Autant te dire que ton côté, tout le monde aura besoin de s'asseoir pour entendre la nouvelle et la surprise sera totale. "Ce qui me fait penser qu'on ne s'est pas encore mis d'accord sur certaines choses, genre, c'est trop tôt pour penser à la chambre du bébé ou pas ?" Voilà, que tu te dis, la conversation repart dans le bon sens et pas vers le négatif.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price  

C’étaient peut-être les hormones qui la rendaient si froide, à la limite de la mauvaise humeur. Elle n’avait aucun moyen de le savoir dans le fond, mais ce qui était sûr, c’est que c’était un sentiment un peu étranger pour elle de se sentir comme elle se sentait maintenant. Elle mûrissait ses interventions, elle mûrissait encore plus ses réactions, se contenant d’un hochement de tête quand Edge affirma qu’il était temps pour eux d’annoncer à leur famille respective qu’un nouveau membre allait venir faire grossir le rang dans quelques mois seulement. Ça lui semblait inévitable à ce stade, quand bien même aucun signe n’était visible lorsqu’on la regardait, l’instinct de sa mère était assez aiguisé pour qu’elle finisse par raccorder les fils toute seule et qu’elle en fasse une affaire personnelle lorsqu’elle s’apercevrait que Yasmine n’était pas enceinte que de quelques semaines, mais bien de quatre mois révolus. Avec une annonce officielle, ce serait plus simple d’adoucir les réactions de Fatima qui se réjouirait de savoir que tout allait bien finalement, qui comprendrait pourquoi ils avaient un peu tardé à annoncer la nouvelle, et c’était ça qui comptait.

Ça, et l’idée de préserver un peu Yasmine de l’éventualité d’un nouveau drame. Elle ne reprochait pas à Edge de faire planer une ombre au-dessus de sa grossesse, mais quand même, se voir rappeler sa première fausse-couche à tout bout de champ, comme si elle n’y pensait pas déjà assez souvent, comme si elle ne sentait pas que ça tournait à l’arrière de son crâne constamment, ça avait tendance à alimenter quelque chose en elle qu’elle n’aimait pas ressentir pour le jeune homme. Les hormones, c’est les hormones, se répéta-t-elle, se sentant à nouveau un peu agacée qu’il prétende ne pas faire exprès d’en parler comme s’il n’était pas assez adulte ni assez construit pour tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de le faire tout en sachant combien elle pouvait être angoissée par nature. Soit, elle lui laissait le bénéfice du doute, et si elle trouvait ses pensées dures, elle ne les exprima pas de cette manière, lui adressant simplement un regard lorsqu’ils traversèrent le rez-de-chaussée pour enfin sortir de l’hôpital.
Dans son sac qu’elle tenait en bandoulière, elle sentit son téléphone portable vibrer. Pour échapper un peu à ses propres réactions suite aux paroles de son partenaire, elle l’extirpa de là pour voir ce qui se passait. J’ai vu ta voiture sur le parking, tu travailles pas ce matin pourtant. Molly et sa propension à laisser traîner ses petits yeux de fouine partout, ça aussi ça commençait un peu à la peser "C’est Molly. Elle a vu la Jeep sur le parking, elle me demande ce que je fiche ici alors que je ne suis pas supposée travailler. Je lui répondrai plus tard." Elle ne lui demandait pas ça en ces termes, mais le fond était le même, elle ne fit que résumer les choses. Elle soupira, délaissant son appareil pour le glisser dans la poche de poitrine de sa veste en jean, sa main venant retrouver celle d’Edge vers qui elle retourna son attention pour écouter ce qu’il avait à ajouter à propos de sa demande de ne plus parler du négatif "Merci." lui fit-elle simplement, se penchant enfin vers lui pour que son nez vienne frôler la ligne de sa mâchoire et que ses lèvres viennent déposer un baiser sur sa joue, sa main libre venant se poser sur la joue opposée au côté duquel elle était positionnée tandis qu’ils continuaient de marcher, leurs pas les menant jusqu’à la voiture de Yasmine.

"Hum de mon côté, j’ai pas envie de faire un spectacle de tout ça. Le plus simple sera le mieux, tu me connais." commença-t-elle d’abord, parlant de l’annonce à faire à leurs proches. Elle ne voulait pas de spectacle parce que Yasmine était une jeune femme simple, qui gérait mal l’attention qu’on était susceptible de lui porter, et qui avait toute sa vie appris à rester assez modeste pour ne pas se féliciter d’être le centre du monde. Elle n’avait pas envie d’une révélation comme on voyait sur les réseaux sociaux, elle n’avait pas envie d’ameuter tout le voisinage sous le prétexte que c’était une grande nouvelle à partager avec tout le monde : elle voulait quelque chose qui ressemblait à sa ligne de conduite, qui n’était pas celle d’Edge par ailleurs, plus portée sur les apparences et le fastueux qu’elle ne l’était "Mais si tu veux qu’on en fasse un grand événement, on peut trouver un compromis qui nous ira à tous les deux." Elle n’était pas la seule concernée après tout, elle n’était que celle qui portait ce qui deviendrait le plus beau cadeau qu’elle offrirait jamais à l’homme à qui elle tenait la main à ce moment-là.
Se posant contre le portière de sa voiture le temps d’un instant, elle lui lâcha la main pour lui laisser le loisir de choisir sa position quand elle émit un léger rire à sa phrase suivante "Edge, doucement." lui dit-elle, comprenant que tout se bousculait dans la tête du jeune homme pour qu’elle puisse se permettre de lui mettre en stop et de lui faire entendre que rien ne pressait "On en parlera bientôt, mais une chose à la fois. On va d’abord l’annoncer à nos familles, à nos amis, et ensuite on pourra se concentrer sur le concret ; la chambre, les prénoms et le reste." En d’autre terme, chaque chose en son temps. Ils avaient encore six mois devant eux, tout ne devait pas être décidé en une seule journée sous le prétexte qu’ils étaient rassurés quant à la bonne évolution de leur bébé.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji  

Ne pas passer inaperçu au St Vincent ? Cela ne t’étonne qu’à moitié et le fait que Molly s’interroge sur votre présence ici est quelque chose de normal pour elle. Surtout quand on sait à quel point l’autre femme est impliquée dans ta relation avec Yasmine, plus qu’une troisième roue et une amie fidèle, peut-être que certains l’auraient déjà congédiée en lui disant qu’elle en fait trop (et cela est arrivé par le passé d’ailleurs), cependant, tu sais qu’il n’y a rien de méchant derrière tout ça. Et qu’elle a avant tous tes propres intérêts et ceux de Yasmine en tête, rien de plus, rien de moins. Et cela ne te surprend pas non plus que la brune te remercie ou qu’elle te dise qu’elle a envie de faire dans le simple pour l’annoncer à vos familles respectives. En cela, vous êtes bien différents, Yasmine a toujours été plus discrète et toujours plus douée pour se fondre dans la masse que toi; toi, tu fais du bruit, tu aimes te faire bien voir et attirer l’attention. Cependant, ce n’est pas quelque chose d'anodin que vous allez annoncer et il ne s’agit pas que de toi aussi alors, tu hoches la tête aux mots de la brune, parce que vous êtes deux dans cette aventure. Tu devrais pouvoir gérer, après tout, tu te retiens de partager la nouvelle dès qu’on te demande comment ça va depuis des semaines, alors tu peux faire simple, bien sûr que tu peux.
Vous êtes arrivés près de la Jeep de l’infirmière et quand elle te ralentit encore une fois, là, la surprise est réelle, et tu finis par hausser les épaules, choisissant de conduire pour le chemin du retour et de vous ramener en lieu sûr. Une chose à la fois oui, vous en parlerez bientôt, mais, que tu ne peux t’empêcher de penser alors que tu boucles ta ceinture, elle est enceinte de quatre mois, les mois suivants vont passer très vite et le bientôt dont Yasmine parle, il va arriver plus vite que prévu. Beaucoup plus vite que prévu. Et est-ce si mal que cela de vouloir se lancer dans tout ça dès maintenant, pour avoir plus de temps pour prendre des décisions et même changer d’avis sur quelque chose d’aussi trivial que la couleur des murs ou même quelle table à langer choisir ? Tu n’en sais rien en fait, Yasmine a dit bientôt alors, ça sera pour un autre jour. “Okay, on en parle plus tard alors.” Tu paraphrases la brune en lançant le moteur de sa voiture, reprenant ce qu’elle vient de te dire. “Et ça me va, pas de grands événements alors... je te laisse t’occuper de tes parents et je m’occupe de ma mère et de tous les cousins du coup ? Je pense que ça sera plus simple, pareil pour les proches et les amis respectifs.” Tu résumes les choses et tu te dis que ta mère, comme le reste de tes cousins, savent où trouver Yasmine et qu’ils pourront aller la féliciter eux-mêmes et lui poser toutes les questions qu’ils veulent. La brune pourra alors choisir d’y répondre ou non, ce qui semble mieux lui convenir pour le moment.
Mais quand même, tu ne peux t’empêcher de repenser à l’expression qu’elle a eue sur le visage ou même son rire, est-ce que tu en fait trop ? Sans doute, oui, très certainement, tu en fais trop. Cela ne date pas d’hier, ou même de la grossesse de Yasmine. Sauf que ce n’est pas quelque chose qui arrive tous les jours, et qu’à l’entendre, tu fais dans le précipité et l’impulsif, alors que tu es juste content et que tu veux te lancer dans tout cela avec elle et personne d’autre. Pourquoi est-ce que tu as l’impression que c’est elle qui appuie sur la pédale de frein à chaque fois ? Tu n’en sais rien, et tu ne mettrais même pas cela sur le compte de la fatigue ou des hormones. À un stop, tu regardes la brune comme tu le fais souvent lorsque tu n’es pas obligé d’avoir les yeux rivés sur la route, et tu fais une autre proposition. “Et... je sais que tu es enceinte, mais avant qu’on ne soit plus que tous les deux, est-ce qu’on ne partira pas quelque part, histoire de ?” Histoire de marquer le coup, histoire d’en profiter, histoire d’honorer cette très vieille promesse que vous vous êtes faites il y a un temps, quand les choses étaient un peu plus légères et avant votre mise en point. Et même avant que beaucoup de choses ne partent en éclat. Et aussi, que tu n’ajoutes pas, mais que tu penses tellement fort que ta partenaire l’entendra très certainement, parce que ça fait longtemps et que ça fait partie de vos traditions. Tu redémarres le véhicule, continuant sur ta lancée et dans ta proposition. “Pas une destination qui nécessite un passeport hein, quelque chose de simple.”
Là encore, pas besoin de faire dans l’extravagant, ou de réserver des billets d’avion pour une destination digne d'une carte postale, quelque chose de simple, à une heure ou deux de Brisbane, sans les distractions et rien que vous deux. Yasmine connait sans doute déjà ta réponse et de quelle façon tu penses que cela est une bonne idée. “Ou alors ce n’est pas vraiment le bon moment et... on en parle plus tard ?” Et oui, ce sont les mots de Yasmine que tu reprends, pas les tiens.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price  

Il y avait de la tension, c’était évident. Ce qui était évident également, c’était que ça venait de Yasmine. Edge était parfait, il l’était bien souvent. À prendre soin d’elle, à ne jamais lésiner sur les attentions, à faire en sorte qu’elle se sente bien, qu’elle aille bien, qu’elle ne soit pas seule, qu’elle ne manque de rien, et bien sûr qu’elle l’aimait pour ça : pour le contraste auquel personne ne s’attendait quand on le croisait dans la rue, à rouler des mécaniques, cliché de la masculinité selon les codes d’une société formatée par les cases, alors qu’il était tout le contraire, aussi doux qu'il était beau. Elle ne l’expliquait toujours pas, ce sentiment qu’elle couvait depuis quelques semaines. Elle ne pouvait pas l’incomber à une rancoeur particulière à l’encontre d’Edgerton, elle lui avait dit suite à leur dernier conflit qu’il fallait tourner la page, et elle l’avait fait sans rechigner, sûre que le débat qui les avait séparés un temps était clos désormais. C’était autre chose, quelque chose qu’elle ne pouvait pas contrôler sous le prétexte qu’elle le voulait, et c’était un peu déstabilisant. Pas assez cependant pour qu’elle veuille y faire quelque chose, se sentant en droit d’être un peu ronchon quand son corps subissait ce qu’il subissait ces derniers temps, que son esprit ne cessait de tourner comme il tournait depuis qu’elle avait su qu’elle attendait un bébé. On ne prévenait personne de ça autrement qu’en en faisant une farce, des changements d’humeurs et des sentiments négatifs liés à une aventure pareille ; parce qu’ils étaient là, les pensées moins optimistes, les moments où elle s’enfonçait dans sa tête pour se demander s’ils seraient à la hauteur tout en sachant qu’elle, elle le serait. Elle ne remettrait jamais en doute la volonté d’Edge de devenir père, mais ça aussi, ça avait aussi été un point de discorde entre eux. Qu’est-ce qui avait changé soudainement pour qu’il se sente aussi investi dans un événement qui lui avait abhorré pendant un temps ? Elle n’ignorait pas qu’il réfutait l’idée d’être capable d’un schéma similaire à celui qu’avait suivi son propre père, mais Yasmine y pensait parfois, et ça aussi, ça la déstabilisait, cette fois-ci assez pour qu’elle s’en veuille de ne serait-ce qu’y songer.

Se plaçant du côté passager de sa voiture, elle boucla sa ceinture de sécurité en disant au jeune homme en même temps "On pourrait organiser un dîner simple un soir, au moins pour célébrer la nouvelle qu’on aura annoncé individuellement ? Mes parents seront contents d’avoir du monde à la maison, ça donnera l’occasion à ma mère de se mettre aux fourneaux." Et de prouver encore une fois que dans l’action de nourrir un régiment, elle savait y faire. Ça semblait être un bon compromis, un qui la fit sourire pour de bon cette fois alors que la voiture prenait son essor, conduite par Edgerton, pour sortir du parking.
Le temps de quelques mètres, Yasmine regarda à l’extérieur pour se perdre un moment dans ses pensées, se laissant seulement distraire par la voix du jeune homme à ses côtés qui lui proposait quelque chose sur lequel elle eut besoin de méditer durant quelques secondes "Ça te ferait plaisir qu’on parte ?" lui demanda-t-elle, connaissant déjà la réponse, et prenant le droit de statuer, sa tête se posant sur l’appui-tête de son siège pour le regarder "Techniquement, puisque tout va bien, je peux voyager en avion jusqu’à mon terme. Je sais que tu préfères les destinations plus exotiques, alors pourquoi pas, oui ?" fit-elle, consciente de ne pas être très facile à vivre malgré les efforts qu’elle faisait pour garder la face. Ça devait être déroutant pour Edge qui la connaissait plus passive, moins revêche, et sans doute qu’elle eut une piste claire de ce que ça lui faisait de la sentir si peu enjouée quand il reprit mot pour mot ce qu’elle lui avait dit pour souligner l’idée qu’il pouvait en parler plus tard.
Là, c’est la culpabilité qui s’insinua doucement en Yasmine dont la tête se détourna un moment pour faire le point sur ce qu’elle s’apprêtait à lui dire, se sentant idiote, soumise à ses hormones et à ses émotions. Un court silence traduisit l’idée qu’elle réfléchissait à son propre comportement qu’elle définit enfin, rouvrant la bouche pour dire au jeune homme, non sans hésiter au préalable "Je sais que je suis pas très agréable en ce moment." C’était un fait, elle ne ferait même pas mine que ce n’était pas la vérité. Retournant la tête vers lui, elle pinça les lèvres, continuant doucement "Je le fais pas exprès, c’est juste que j’ai l’impression de pas avoir les bonnes réactions à propos de tout ça." Elle rattrapa vite le coup pour qu’il ne se mette pas des mauvaises idées en tête, hochant négativement la sienne pour qu’il ne pense pas qu’elle était en train dire qu’elle n’était pas heureuse "Je suis heureuse. Je le veux ce bébé. Mais je me sens pas… connectée à lui, c’est peut-être parce qu’il ne bouge pas encore assez ? À part ressentir les effets indésirables de sa présence à l’intérieur de moi, je réussis pas à… me faire à l’idée ?" Elle termina sa phrase sur une question, comme si l’homme à ses côtés pouvait avoir une meilleure vue de ce qu’elle ressentait sur l’instant quand il était étranger à tout ce qui se passait pour elle d’un point de vue physiologique.
Captant son regard lorsque la voiture marqua un stop, elle sentit ses yeux se remplir de larmes et ses dents se serrer alors qu’un très léger rire s’expulsa de ses lèvres entrouvertes qu’elle referma après avoir dit "Je me sens horrible de dire ce genre de choses à voix haute, mais tu me regardes comme si je devenais quelqu’un d’autre." C’était sans doute un peu le cas, elle s’apprêtait à devenir maman, c’était un changement relatif dans sa façon d’envisager la vie. Dans un presque murmure, sa tête toujours posée contre l’appui-tête de son siège, le regard, qu’elle avait retourné vers son côté de la voiture, perdu au travers de la vitre de sa Jeep qui devint étouffante sur l’instant, elle ajouta "Au moins tu sais."

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{trying to make us three from that two}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji  

"Parfait, partons sur le diner alors..." Que tu marmonnes à demi-mots à la suite de Yasmine et tout ceci alors que tu hoches la tête, tes mains toujours au volant de la voiture. En vrai, ça n'a pas son importance dans la présente, du moment que tu peux annoncer ce changement qui arrive dans vos vies, tu seras content. C'est encore mieux si vous pouvez faire l'annonce ensemble, en tant que couple et comme l'unité soudée que vous savez former. En temps normal... Parce qu'il y a quelque chose qui coince, tu le sais, tu le sens, les pièces du puzzle ne s'emboitent pas aussi bien qu'elles le devraient et il vous manque un élément crucial. Est-ce que tu devrais lui poser la question de but en blanc ? Tu aurais eu la réponse à moment donné, cependant, ce n'est pas comme si tu gardais des secrets ou que tu ne partageais pas tout avec Yasmine, c'est même l'inverse et quand tu penses à la personne à qui tu peux tout dire, pour espérer avoir de la perspective, mais également pour alléger ton cœur... Yasmine Khadji est en haut de la liste, elle l'est depuis longtemps, rien ne changera cela à tes yeux, peu importe ce qui se passe entre vous, les hauts, les bas, ça sera toujours la vérité. La brune te répond par une autre question et tu te contentes d'hausser un sourcil, certain qu'elle connait déjà la réponse. Si faire une valise ou planifier des vacances était un sport de compétition, tu serais déjà reparti avec quelques médailles en or. Et il serait très facile pour toi d'en gagner plusieurs d'autres, sans faire d'efforts.
Oui, Yasmine reprend les mots du médecin, tout va bien et quand elle se prononce, ce n'est pas une vraie réponse. Il n'y a aucun doute à tes yeux et si elle n'est pas emballée par l'idée, il est hors de question de se lancer dans tout ça.  "Je te retourne la question, Yasmine, tu as envie de partir toi ?" C'est plus cela que tu cherches à déterminer, pour savoir où te situer et littéralement sur quel pied danser. La brune le sait, tu n'as jamais été très subtil de toute façon et tandis que sa Jeep avance, elle reprend la parole. Et tu te retrouves à froncer les sourcils cette fois-ci, toute trace d'un sourire ayant disparu de ton visage. Tu ne serais pas allé jusqu'à là, Yasmine est enceinte, c'est quelque chose de particulier, entre ce petit-être qui grandit, les hormones et tout ce qui se passe en temps normal dans son corps, ça fait beaucoup. Tu ne peux pas l'imaginer ça, tu ne peux qu'en faire le simple constat. "Okay." Que tu te retrouves à marmonner face aux mots de Yasmine et plus par réflexe qu'autre chose. À l'intérieur, tu es toujours en train d'analyser les mots de l'infirmière. Et tu te demandes automatiquement si elle a des regrets et si ce n'est pas une autre conversation que vous auriez dû avoir dans cette arcade ; pas à propos de votre futur mais d'une possible fin. Elle t'assure être heureuse et vouloir tout ça... Mais il y a clairement une dissonance certaine entre ses mots et l'expression de son visage, et tu connais assez l'intensité du vert de ses yeux pour savoir que là, il y a un vrai problème. 
"Okay, j'arrête la voiture." Tu le dis sans doute un peu trop fort, tu t'en moques, la seconde suivante, tu joins le geste à la parole, le clignotant est mis, tu ralentis et la voiture s'arrête enfin. Tu laisses échapper un profond soupir et sans y penser, tu attrapes une des mains de Yasmine. "Hey, Khadji, regarde-moi." Ce n'est pas un ordre, du tout, et ça elle le détectera très certainement à ton ton un peu plus doux qu'il y a quelques minutes, et tu attends patiemment que la brune le fasse. Quand vos regards se croisent dans l'habitacle de la voiture, tu reprends la parole. "Tu n'as pas à te sentir horrible et je suis content que tu m'en parles, j'avais bien conscience qu'il y avait un blocage et maintenant je sais pourquoi, et non... Non, tu n'es pas une personne horrible, je t'interdis de dire ça." Tu es catégorique sur ce point, tu n'as aucune idée de ce qu'elle traverse au quotidien, et même si tu voudrais l'aider plus, tu es plus que limité. Cependant, hors de question de la laisser se descendre en flèche. "C'est un gros changement, au quotidien, et ça ne va pas ralentir, au contraire, tout va s'enchainer... alors je pense, objectivement, que c'est normal que tu sois perdue et que tu ne puisses pas te faire à l'idée comme ça." Tu hoches la tête à la fin de ta propre phrase, c'est beaucoup d'un coup, et tu as beau tenter de faire des listes et de tout rationaliser, cela t'effraie encore dans un sens. Parce que tu pourrais dire la chose de trop, commettre une erreur qui toi te parais anodine, mais marque ce futur gamin à vie. Tu y penses, pas aussi constamment qu'avant, mais tu ne veux pas tout faire foirer et c'est quelque chose qui te prend parfois à la gorge. 
"Je ne pense pas que ça va se faire d'un claquement de doigts, vraiment pas et... j'aimerais avoir plus de réponses sincèrement mais si on partage la nouvelle peut-être que tu pourras poser des questions ? Que ce soit à ta mère ou même la mienne peu importe, c'est comme tu le sens." Ou à quelqu'un qui n'est pas dans votre cercle proche, peut-être que Yasmine se sentira un peu plus à l'aise de cette manière-là. "Et je sais que j'en fais trop en ce moment, je te présenterai bien des excuses, sauf que... Cela serait hypocrite, parce que je suis heureux aussi..." Heureux de franchir cette étape-là avec elle et assuré du fait qu'elle sera une bonne mère, alors oui, inconsciemment, la façon dont tu la regardes est en train de changer. Elle n'est plus juste ta partenaire, elle est aussi la mère de ton futur enfant, et ce n'est anodin à tes yeux. "Donc, si ça arrive et que c'est trop pour toi, tu n'as qu'à me le dire et j'irais faire autre chose pendant une heure ou deux, d'accord ?"

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price  

"Je te signale que je t’ai posé la question en premier." D’ordinaire, ça aurait été une bonne excuse pour faire tourner la situation dans le bon sens et rentrer dans un jeu de malice qu’ils menaient aussi bien l’un que l’autre, gymnastique facile à exécuter lorsqu’on avait leur expérience en la matière. Mais cette fois-ci, ça ne fit que soupirer Yasmine qui ajouta à la question d’Edgerton "Ça pourrait être bien, oui." De partir un peu, quelque part à quelques kilomètres, ou à quelques heures, de Brisbane. Edge était plus doué qu’elle pour organiser des voyages à la dernière minute. Il avait les adresses, il avait l’expérience aussi, nul doute qu’il réussirait à faire de ce séjour un qui ferait partie de ceux qu’ils garderaient longtemps à l’esprit.
Mais avait-elle vraiment le coeur à ça, la jeune femme ? Elle prétendait que oui par politesse, et parce qu’elle sentait l’agacement contenu du jeune homme à ses côtés, elle décida de sortir de son silence pour lui faire part de ce qui la tracassait. Elle avait les larmes aux yeux, comment ne pas les avoir ? Batailler aussi longtemps pour obtenir ce qu’elle voulait n’avait pas été de tout repos, et maintenant qu’elle était en passe de vivre son désir le plus cher, elle ne se sentait pas bien avec cette idée. Ses sentiments à l’égard d’Edgerton n’étaient pas à remettre en question, absolument pas ; elle l’aimait autant, si ce n’était plus, qu’au premier jour. C’était tout personnel comme sentiments, et puisqu’elle se sentait si mal de les ressentir, elle se sentait encore plus mal de les exprimer. Elle savait qu’ils feraient naître quelque chose chez le jeune homme, et elle ne se trompait pas.
Déjà il arrêtait la voiture, l’annonçant avec un ton un peu bourru qui lui fit regretter d’avoir osé dire quoi que ce soit, se souvenant que trop bien de leur dernière dispute pour ne pas redouter qu’un dialogue similaire ne vienne entacher les bonnes nouvelles qu’ils venaient d’avoir. Mais il sembla se reprendre, lui demandant de la regarder, ce qu’elle se résout à faire avec en léger décalé, retenant son chagrin avec une dignité qui lui était propre, les yeux pourtant remplis de larmes.

"J’ai jamais entendu aucune autre future maman dire ce genre de choses, et je travaille dans un hôpital, j’en ai vu et revu des femmes enceintes. Elles sont toutes surexcitées, pas comme moi." interrompit-elle Edge quand il lui interdit de penser et de dire qu’elle était horrible. Elle ferma les yeux pour dissimuler ses iris, les soustrayant à la vue du jeune homme, puis elle secoua la tête pour reprendre avant qu’il ne le fasse "J’ai peur que si je m’attache maintenant, si on fait des projets concrets maintenant, quelque chose se passe et qu’on nous enlèvera ce qu’on croyait qu’on aurait. Je veux pas qu’on souffre si ça se passe mal. Je suis pas sûre de me relever si ça se passe mal." avoua-t-elle finalement, sentant la boule nerveuse qu’elle avait dans la gorge grossir pendant qu’elle prenait sens des paroles que le jeune homme ajoutaient et qui lui firent rouvrir les yeux pour mieux le regarder.
C’était comme si les rôles étaient inversés. Lui qui voyait les choses du bon côté, elle qui ne voyait que le pire, et c’était désagréable parce que ça partait d’un ressenti qu’elle ne contrôlait pas, pas même un petit peu. Elle voulait se réjouir Yasmine, elle se réjouissait dans une certaine mesure, mais la chance n’était pas tellement de son côté depuis quelques temps, preuves étaient les deux dernières années qui avaient été compliquées — les derniers mois qui l’avaient été plus encore "Mais quand est-ce que je vais me faire à l’idée ? Le temps va vite passer, et les plus tard que je te donne à chaque fois que tu me proposes d’engager des travaux ou autres choses, ils vont défiler sans qu’on les voit arriver. Je sais pas si j’aurais la patience d’attendre d’être prête, je veux l’être avant de le rencontrer, pas quand il sera déjà là." Et là, les vannes cédèrent, et elle se mit à pleurer à chaudes larmes Yasmine, l’arrière de sa tête lourde se posant contre l’appui-tête de sa Jeep, sa poitrine tressautant sous l’amas de choses qu’elle retenait depuis des semaines maintenant. Il faisait ce qu’il pouvait Edge, il était sincèrement impliqué dans l’action même de la réconforter, comme il était sincèrement impliqué dans tout le reste, sauf qu’elle savait que ça partait de trop loin pour qu’elle réussisse à se sentir apaisée par ses mots qui étaient bien choisis au demeurant, qui ne s’ancraient pourtant pas assez en elle pour qu’elle se dise qu’il avait raison "J’ai pas besoin de conseils. Je sais comment m’occuper d’un bébé, c’est pas ça le problème. Je saurais comment faire après, c’est maintenant que j’ai besoin qu’on m’aide." finit-elle par marmotter, son nez rougissant à cause de ses pleurs, ses yeux baignés de larmes reflétant sa tristesse et sa gêne à l’idée de craquer maintenant "Je veux pas que ma mère me juge de pas être enthousiaste pendant ma grossesse. Je veux pas que la tienne se dise que t’aurais pu trouver une meilleure femme pour lui faire des petits-enfants, une qui saurait être comme les autres mamans dès le premier jour de l’annonce de leur grossesse." C’était tellement juvénile comme paroles qu’elle se sentit encore plus idiote de le dire que de le penser. S’enfonçant un moment dans les sanglots, elle entendit ce qu’Edgerton ajouta avec précision pourtant, et elle comprit qu’elle l'avait fait se sentir de trop. Recevant quelques grammes de plus de culpabilité sur les épaules, elle ne sut que lui dire qu’un "Je suis désolée. Je veux pas que tu crois que je t’aime moins ou que tu m’agaces à t’impliquer comme tu le fais." C’était un peu le cas, elle ne pouvait pas le nier. Mais jamais elle n’aurait voulu qu’il s’en rende compte de cette façon là.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji  

Tu as des tonnes d'arguments à lui donner à Yasmine alors qu'elle te répond. Tu pourrais lui dire que déjà, elle n'a pas rencontré toutes les mères du monde et ce même avec le métier qu'elle fait, et qui sait, peut-être que quelqu'un a déjà ressenti ce qu'elle ressent. Sans en faire part à son infirmière et ce même si cette infirmière était elle. Et surtout le plus important, c'est la première fois que Yasmine atteint ce stade de la grossesse, alors tout est nouveau, tout est absolument terrifiant et c'est plus que normal comme sentiment. Cependant, la dernière chose que tu vas faire c'est prétendre tout savoir mieux qu'elle (surtout quand c'est plutôt l'inverse en temps normal) et surtout pas quand le sujet concerné est la grossesse. Quelque chose que tu ne pourras jamais traverser toi-même, quelque chose de beau et compliqué, que la brune vit pour la deuxième fois. Et surtout, tu es réduit aux silences par les larmes de Yasmine qui roulent enfin sur ses joues, ses larmes qui reflètent un soupçon de ce qui serre le coeur de Yasmine. Une mine triste passe sur tes propres traits, et tu sais aussitôt que tu détestes être aussi impuissant et être incapable de la faire retrouver son sourire là tout de suite. Ce bébé, cette grossesse, c'était ce que vous vouliez, pas vrai ?
Ouais, on est loin des contes des fées et des anecdotes des parents qui disent que c'est la meilleure chose du monde. Très loin. Yasmine se met une pression folle, ça ne fait pas de doute à tes yeux et ta prise se resserre un peu plus sur les doigts de la brune alors qu'elle s'exprime davantage. Elle te dit ce qu'elle ne veut pas et tu fronces un peu les sourcils alors qu'elle décrit les réactions que Tamara et Fatima pourraient avoir. Tu ne peux pas te prononcer Fatima, tu ne connais pas toute la profondeur de sa relation avec sa seule et unique fille, cependant ta mère pourrait sans doute aider Yasmine. Après tout, même plus jeune, tu avais déjà saisi que si ta famille n'était composée que deux personnes, c'était en partie ta faute et que ta mère avait sacrifié beaucoup. Pour t'avoir, pour t'élever, ça l'a éloigné de ses parents à elle et d'une partie de sa famille pendant des années, ça et tout ce que tu sais sur ton père à présent. Sa grossesse n'a pas dû être de tout repos, mais ça, tu ne le dis pas, sachant que Yasmine pourrait voir qu'elle peut se tourner autant vers l'une que l'autre si elle était dans un meilleur état d'esprit. "Tu sais que ça ne risque pas d'arriver ce que tu viens de décrire, hmm ? Qu'on te reproche quoi que ce soit ?" Que tu dis très lentement, cherchant encore une fois à la rassurer.
Yasmine s'excuse et tu soupires à sa dernière phrase, tu prends sur toi-même, pour ravaler le mais c'est le cas, pas vrai ? qui menace de faire son apparition dans la discussion. Sauf que, déjà, ça ne ferait pas avancer les choses, tu n'es pas là pour lui envoyer des torts à la figure, et Yasmine est en train d'écrire sa propre sentence toute seule. Et tu n'as jamais douté de ses sentiments pour toi.

Tu cherches les mots pendant quelques secondes, tes yeux quittant Yasmine pendant quelques instants, pour ne pas que les tiens se remplissent également de larmes et parce que tu ne sais pas quoi dire. Qu'est-ce que tu peux répondre à tout ça ? Ce n'est pas grave tout va bien se passer ? Oh, je comprends si tu as changé d'avis, retournons chez le médecin ? Non, ça ne marche pas comme ça. "Je ne suis pas à ta place et pas dans ta tête et si je comprends pourquoi tu ressens tout ça... j'adorerais avoir une solution, vraiment, ce n'est pas le cas, malheureusement." Le dire à voix haute t'énerve réellement, tu mets ta propre irritation de côté pour le moment, pour continuer. Tes yeux trouvent de nouveau Yasmine et tu te penches vers elle, pour essuyer les larmes qui sont sur ses joues, du mieux que tu peux dans cette position et pour lui déposer un baiser sur le front. Ce n'est pas la solution, c'est juste une façon pour toi de lui dire que tu es la."Il n'y a pas de règles, on n'est pas obligés de se concentrer sur le futur et ce qui va arriver après, je sais, c'est un peu stupide de dire cela alors que tu es enceinte, je sais." Complètement stupide, et tu devrais sûrement te taire. Mais au diable les projets, les règles, ce que vous devez faire en tant que futurs parents, depuis quand est-ce que vous faites les choses dans l'ordre ? "On n'a qu'à envisager ça un jour après l'autre, et on verra bien, c'est cliché ce que je vais dire mais : je suis là, tu es là, du moment qu'on est ensemble on peut tout gérer et ce sera le cas quand le bébé sera là." Peut-être que ce sentiment va passer et que Yasmine ne se sentira plus autant accablée' dans quelques mois, ou alors dans une semaine, ou deux, il y a tout en ce moment : ce bébé, les changements de son corps, les hormones, toi, les questions qui vont arriver et les attentes quand l'annonce sera faite...  Elle mérite bien une pause. Tu t'éclaircis la gorge la seconde suivante avant de retourner ton attention sur le volant.
"Pour le moment, ton rendez-vous s'est bien passé, on a tous les deux le reste de la journée libre, tout ce que tu as à faire c'est décider ce que tu veux faire le reste de la journée." Tu hoches la tête, autant pour elle que pour toi cette fois-ci, et enfin, tu redémarres sa voiture."Okay ?" 

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{trying to make us three from that two}
crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price  

"T’en sais rien Edge." Il ne savait pas vraiment si on ne lui reprocherait pas de couver d’autres sentiments que de la joie à propos de sa grossesse. Elle était persuadée sans partir d’un constat de farouche conviction que toutes les femmes qui avaient eu des enfants dans son entourage proche n’avaient jamais réagi comme elle le faisait. Avec tout l’amour et le respect qu’elle avait pour Edge qui plus est, il n’était pas le mieux placé pour se référer à des exemples autour de lui puisque d’aussi loin qu’elle se souvenait, elle ne l’avait jamais vu à proximité d’une femme prête à pouponner, alors qu’en savait-il vraiment dans le fond ? Si elle se faisait des idées sur l’opinion des autres à son sujet, Edgerton s’en faisait autant sur l’idée même que ce soit impossible qu’on lui reproche quoi que ce soit tant la société était calibrée pour reprocher tout et n’importe quoi aux mères, et ça partait certainement d’une bonne intention, mais à ce stade, ce n’était pas ce que Yasmine voulait entendre.

Comme elle ne voulait pas l’entendre dire qu’il n’avait pas de solution à lui donner. Seulement, c’est ce qu’il lui dit, et dans une certaine mesure seulement, ça la doucha brusquement de le voir si peu entrain à lui mentir au moins un peu pour la soulager de l’état dans lequel elle se trouvait. Ça se faisait parfois, de mentir pour ceux qu’on aime, et bien qu’elle le savait honnête et droit, elle aurait aimé qu’il mette un peu de coeur à l’ouvrage au lieu de lui faire réaliser un peu plus que sa situation était sans issue, qu’elle devrait se débrouiller seule pour gérer ce qui lui tombait dessus, ce qu’elle ressentait dans son coeur, dans son corps, et qu’il faudrait qu’elle s’y fasse sans imaginer le pire. Ce n’était sûrement pas de cette manière qu’il envisageait sa rhétorique, mais c’était comme ça que Yasmine la prenait, et ça lui serra le ventre de se dire qu’il était à peine capable de la rassurer dans le seul moment où elle admettait ne pas réussir à se comprendre, à comprendre ses réactions, à comprendre pour quelle raison elle vivait ça de cette façon alors que tout le monde autours semblait enclin à le faire sans que ce ne soit un fardeau trop lourd à porter.

Elle prit une profonde inspiration, se trouvant un peu dure de penser comme ça, mais comprendre qu’elle n’aurait aucune aide alors qu’elle en avait demandé textuellement, ça avait tendance à la rendre un peu amère — et triste, surtout triste. Elle cacherait ça, comme elle avait caché le reste jusqu’à maintenant, consciente que la seule personne sur qui elle comptait pour lui accorder une solution miracle démissionnait sans même essayer, dévalant les lieux communs sans même se sentir honteux de le faire alors qu’elle lui exposait sa détresse sans aucun détour.
Elle le laissa néanmoins sécher ses larmes sans se détourner de lui, l’écoutant ajouter quelque chose, et elle comprit qu’au final, il ne saisissait absolument pas quel était le fond du problème malgré qu’elle se soit échinée à le lui expliquer avec certes des larmes dans la voix, son visage ruisselant sous la somme de son chagrin, mais de façon plutôt claire lui semblait-il. Quel autre choix avait-elle que de prendre sur elle dans ces cas-là ? Aucun, c’était une certitude qui lui fit redresser le menton et se reprendre, séchant elle-même le reste de ses larmes avec la paume de sa main. Après un instant, sentant la pâteux dans sa bouche devenir désagréable, ayant l’impression que sa langue s’agglomérait à son palais, elle se força à parler, et elle répéta après lui pour faire bonne mesure "Je suis là, tu es là, du moment qu'on est ensemble, on peut tout gérer et ce sera le cas quand le bébé sera là." Peut-être que ça marchait comme dans les contes de fée, si elle se le répétait inlassablement en fixant un point dans l’espace et le temps, elle finirait par y croire, et tout s’arrangerait comme par enchantement ? Si c’était aussi facile que ça, ça se saurait, mais encore une fois, elle était relativement seule pour soigner l’impression qu’elle avait de ne pas vivre les choses comme il le fallait.  Alors au final, elle prenait toutes les techniques qu’on lui donnerait, même les plus farfelues et c’était sûr que celle-ci en faisait partie. Se rendant compte qu’Edge redémarrait la voiture, elle l’écouta parler que d’une seule oreille, se recalant dans son siège en sentant de nouveau ses yeux se remplirent de larmes, mais se sommant de ne pas les laisser couler, fixant ses iris le plus loin possible de là où la voiture avait été arrêtée, au travers du pare-brise qui lui offrait une vue d’ensemble de la route qu’ils entreprirent d’emprunter pour rentrer "Je veux juste rentrer dormir tout le reste de la journée et ne plus penser à rien." lui fit-elle alors sans se dire qu’il s’agissait là de plans pas très engageants, voués à l’échec aussi parce que si elle était épuisée par sa grossesse et qu’elle enchainait les siestes plus souvent que d’ordinaire, elle ne réussissait pour autant pas à s’endormir sur commande comme le faisait son partenaire à qui elle n’accorda qu’un regard de biais pour lui donner un OK qu'il attendit, et qu’elle, elle  n'hésita pas à lui adresser en mentant un peu pour son propre bien.

rp terminé.