Y’avait Consuelo et Paloma qui m’avaient décidé à voler de mes propres ailes. Le genre de trucs bien stupides qu’on jette à la figure d’un type comme moi. J’en avais marre de crécher sur le canap’ entre les soutifs de celle qui était la petite nièce d’Abuelo et le reste. Y’avait que j’étais bordélique, qu’y avait Geno aussi. Et l’un dans l’autre, même si je kiffais rester des heures à parler avec mon grand-père, je devais quand même préserver mon intimité. Ken des meufs devant un public : c’était moyen. Et … mes deux jobs associés m’avaient permis de trouver un appart’ et je m’étais pas fait prier.
J’avais pas attendu. L’annonce, je l’avais eue entre les mains au moment même où elle était parue. Mais j’avais pas été assez rapide, alors le logement m’était passé sous le nez. Putain, j’avais ricané en voyant le numéro et j’avais rêvé d’y habiter : 666. Ça me collait au derme comme mes putain de tatouages et c’était une nana (ouais, fallait croire qu’un type baraqué et tatoué avec une cagoule, ça faisait délier facilement les langues), qu’on m’avait dit à l’Agence qui avait osé prendre MON numéro d’appart. Je connaissais juste son prénom : Enid. C’était le seul truc que j’avais eu sur elle, alors que l’autre couille molle de bureaucrate avait appelé la sécurité.
Moi, j’avais offert mon majeur au vigile et j’avais lentement mais sûrement préparé ma vengeance. Depuis, que je savais … je me garais chaque jour à son emplacement à elle. Bichonnant la vieille bagnole que j’avais sauvé de la casse. L’avenir me fera acheter une Camaro rouge flambant neuve, mais là, j’avais pas les moyens. Note qu’elle pouvait s’estimer heureuse la voisine : y’avait pas encore ma moto sur sa place de parking. Parce que ç’aurait pu être la caisse ET ma bécane. Qu’elle vienne pas chouiner, même si j’étais sûr et certain, qu’elle devait se les mordre ses jolies joues, pour pas venir me parler. Ouais, parce que j’avais remarqué au moins une chose chez elle : elle était jolie.
Mais, c’était pas la question. Y’avait mon égo de mâle qui en avait pris un coup et j’aimais pas ça. Et Geno, était amplement d’accord avec moi, appréciant ce petit manège que je faisais vivre à ma voisine depuis février 2020. On était en avril, et elle avait toujours rien dit. Et moi, en tant que sale gosse, j’allais pas m’empêcher de continuer pour ses jolis yeux. L’emmerder, c’était plaisant. Et, c’était encore une journée identique à une autre : je venais de terminer mes quelques heures de cours en tant qu’assistant du professeur d’histoire de l’art et voilà que je me garais à ‘mon’ emplacement.
Claquant la portière, et fouinant dans la poche extérieure de mon sweat à capuche, j’en sortais mon paquet de cigarettes et mon briquet Zippo. M’adossant contre ma bagnole, avec un petit sourire en coin, parce qu’elle allait pas tarder à arriver. La voisine. Voleuse de numéro d’appart’.
- Yo’. Que je commençais en grommelant, sans me priver d’offrir à Geno, le souhait de venir renifler la demoiselle, s’il le souhaitait.
AVENGEDINCHAINS
Dernière édition par Lúca Olivera le Mer 7 Juin 2023 - 8:14, édité 3 fois
Si y a bien un truc que tu kiffes depuis que tu t'es barrée de chez tes parents et que tu as coupé les ponts avec eux, c'est ton indépendance. On ne peut pas te retirer ta débrouillardise, qualité qu'on t'attribue souvent et que tu apprécies même si pour toi, tous les efforts que tu as fourni sont juste normaux : à tes yeux, tu n'as aucun mérite. Il y a deux mois, en dégotant le job de femme de ménage à l'hôtel cinq étoiles de Brisbane, tu as entrepris de déménager. Bien que le studio dans lequel tu étais auparavant ne te semblait pas particulièrement oppressant, tu t'es dit que ce changement professionnel serait une bonne occasion de changement d'habitation, histoire de passer au petit appartement. On ne frôle toujours pas le luxe donc, mais peu importe parce que ce n'est pas ce qui t'attire anyway.
Les recherches d'appart' se sont révélées rapidement fructueuses et peu de temps s'est écoulé avant que tu finisses par visiter l'appartement numéro 666 à Fortitude Valley. Tu avais à coeur de rester dans ce même quartier que tu affectionnes tout particulièrement. L'effervescence y est rafraichissante bien que parfois too much, mais bref tu peux très bien vivre avec. Puis au fil des années, c'est devenu ta zone de confort, c'est indéniable. Quelle joie quand tu t'es rendue compte que l'appartement te plaisait en plus que son numéro te fasse rire ! A l'époque tu avais été informée que tu n'étais pas la seule intéressée par l'endroit, mais finalement on t'avait rappelée pour te dire que tu avais obtenu l'appart'. Le tout t'a rendue tellement heureuse que tu as oublié que le bonheur des uns pouvait faire le malheur des autres.
Deux mois plus tard et tu es légèrement moins contente qu'au début. L'appartement est satisfaisant, il n'y a aucun problème de ce côté-là, et tu as eu le temps de t'installer convenablement ainsi que de ranger tes affaires. Seulement, tu as des voisins. Là encore, aucun souci en principe, ça fait partie de la vie, mais l'un de ces habitants t'intimide particulièrement. Il habite un numéro avant ou après le tien d'après tes observations, et il pique toujours ta place de parking. Cela fait de nombreuses fois que tu es contrainte de te garer dans une rue un peu plus loin en rentrant du boulot et bien que tu veuilles être compréhensive... ça t'irrite. Peut-être que c'est un simple malentendu qui pourrait être réglé en un seul échange, mais le risque de conflit subsiste et ça ne te dit rien qui vaille. Surtout que le voisin en question a une certaine carrure qu'il partage d'ailleurs avec son chien.
« Yo'. » Initialement tu veux juste passer devant lui et son chien et sa voiture sur ta place de parking pour accéder à ton immeuble. Tu ne t'attends pas particulièrement à ce qu'il ouvre la bouche surtout que tu lui as à peine adressé un regard, mais comme il t'interpelle, tu t'arrêtes à quelques mètres et poses timidement tes yeux sur lui. « ... hey ! » Salutation faussement enthousiaste très mal jouée, mais on applaudira l'effort. « Vou-, enfin, ça va ? » A tes yeux il est trop risqué de le vouvoyer comme de le tutoyer, parce qu'il pourrait prendre la mouche dans les deux cas pour différentes raisons. Tu te contenteras sûrement de t'adapter à comment lui s'adresse à toi ! Dans le même temps, son garde du corps poilu renifle tes chevilles et tu te crispes légèrement intérieurement, ce qui t'énerve vu que tu es initialement une grande amie des animaux. « Il est beau, il s'appelle comment ? » Voilà un axe neutre pour entamer une conversation tranquillement...
Je laissais la fumée de cigarette que je venais d’allumer, faire écran entre nous deux. Ça me laissait tout le temps de l’observer, elle. C’était peut-être un peu creep d’agir de la sorte mais à ce stade-là, j’en avais strictement rien à foutre. Et, fallait pas sortir de la cuisse de Jupiter, pour comprendre qu’elle était mal à l’aise en ma compagnie, la voisine. Elle était pas enjouée de me voir à sa place de parking, mais elle s’en plaignait pas. Ou peut-être, qu’elle le faisait chez elle. En me traitant de tous les noms d’oiseaux possibles et imaginables. Note pour moi-même : lui apprendre à m’insulter en Espagnol, ça serait plus que drôle à ce niveau.
Mais … nous deux, on en était pas vraiment là. Y’avait moyen qu’elle m’agace encore plus. Alors qu’elle, -Enid de son charmant petit prénom-, elle avait juste pris le numéro que je convoitais depuis le début. J’avais pas eu de chance à ce niveau, et j’aimais pas ne pas en avoir. Jusqu’à présent, j’avais toujours eu le cul bordé de nouilles et ça allait pas s’arrêter en si bon chemin, non ? Ah bah … fallait croire que si. La nana, avait balayé d’un coup de pied mon cercle vertueux. Manquait plus qu’elle me surprenne dans mon atelier en train de peindre deux ou trois petits trucs, pas franchement très officiels. Je devais alors, la jouer fine. Toutefois, j’avais pas envie de passer pour le voisin sympa qui dépannait la veuve et l’orphelin en leur donnant un paquet de sucre entamé.
De toute, je cuisinais pas. Pas le temps, pour ces conneries. Même si je faisais les meilleures tortillas du monde, ceci étant dit.
- Ouais, yo’. Que je répétais en guise de salutations encore. Crachant ma fumée entre nous deux, cette fois-ci. Haussant un sourcil, je captais bien qu’elle voulait entamer une sorte de conversation, la jolie brunette. Tout comme je pouvais être creep, c’était putain de cringe. Mais au moins, je lui décernais une médaille pour pas s’être barrée en courant. Ça va. C’est plutôt à toi, que je devrais demander ça. Autant dire que j’avais opté pour le tutoiement sans lui laisser le temps de décider.
Et parce qu’elle parlait de mijo, y’avait peut-être pas que du mauvais finalement. Geno, c’était un gentil dans le fond, mais fallait pas l’emmerder trop. C’était pas pour rien, qu’on s’était trouvés tous les deux. Et pour rien au monde, je voudrais changer ça. Avec Geno, on se comprenait. Et ça, c’était le plus important. Même si, fondamentalement, y’avait des nanas (une seule, mais on comprenait facilement de qui je voulais causer) qui se permettaient d’opter pour un numéro hyper stylé, que moi-même, j’avais voulu obtenir.
- Il s’appelle Geno. Et, il est sympa. Juste que sa vision est basée sur le mouvement, tu vois. C’était une petite blague perso’, en espérant qu’elle connaisse ses classiques. Qu’on vienne pas me dire que Jurassic Park, c’était pas un classique hein. Je l’aurais plus que mauvaise, je crois bien.
AVENGEDINCHAINS
Dernière édition par Lúca Olivera le Mer 10 Mai 2023 - 17:16, édité 2 fois
T'es pas une excellente menteuse. A vrai dire, tu es même une piètre menteuse. Tu peux afficher un sourire et faire comme si tout allait bien, tu en es capable, mais si la personne en face de toi n'est pas dupe, tu es cuite. En l'occurrence, tu te comportes comme une voisine agréable alors que la vérité c'est qu'il y a une (petite) flamme de colère qui brûle en toi. C'est bête, pourtant, on parle que d'une place de parking... mais c'est surtout le fait que ça dure qui te dérange, en fait. Parce que ça veut quand même dire qu'il y a un risque que ce soit pas une simple erreur du voisin. Que ce soit volontaire. Mais pourquoi voudrait-il te chiper ta place, au juste ? Tu as la fâcheuse impression que des éléments de l'équation t'échappent, et sans surprise, ça te met mal à l'aise.
« Ouais, yo'. » En termes de codes sociaux, c'est bizarre de répéter comme ça une salutation, non ? C'est pas la fin du monde, mais c'est le genre de détails qui te déstabilisent, si bien que tu ne peux que lui offrir un petit sourire gêné en guise de réponse. Le voisin expulse la fumée de sa cigarette en ta direction et il ne t'en faut pas plus pour avoir envie de dégainer une clope à ton tour, du paquet caché dans la poche de ton petit gilet en jean. « Ça va. C’est plutôt à toi, que je devrais demander ça. » Tes sourcils se froncent en même temps que tu allumes ton objet d'autodestruction parce que la réplique te semble louche. Qu'est-ce qu'il veut dire par là, le molosse ? Est-ce parce qu'il a décelé ton embarras ? « Ah, je suis juste crevée, je rentre du boulot. » C'est une belle excuse pour justifier ton état non ? Une voix au fond de toi rajoute et accessoirement ma place de parking est encore une fois occupée, mais évidemment ces mots ne passent pas le seuil de tes lèvres, du moins pas pour l'instant. A la place, tu tires sur ta cigarette comme si ta vie en dépendait.
Tu as parlé de molosse pour désigner le voisin mais c'est encore plus drôle en considérant que le molosse possède lui-même un molosse. Canidé qui n'a pas l'air trop agressif à l'instant T, mais tu as peur qu'un seul geste de travers de ta part signe ton arrêt de mort. L'animal a néanmoins l'avantage de pouvoir faire effet tampon entre toi et le voisin, ainsi c'est tout naturellement que tu axes la conversation sur lui. « Il s’appelle Geno. Et, il est sympa. Juste que sa vision est basée sur le mouvement, tu vois. » La référence te fait pouffer de rire immédiatement, car tu ne t'y attendais pas du tout, mais il faut reconnaître qu'elle est très bien placée. « Bien joué la ref'. » Le fait de faire fonctionner tes zygomatiques t'a détendue un instant et tu as presque envie d'essayer de donner une caresse à Geno, mais on fait quoi si le mouvement lui donne effectivement envie de te croquer la main ou autre ? Règle d'or : quand on ne sait pas, il suffit de demander. « Mais du coup... il va accepter si je lui fais un geste d'affection ? » Son maître a forcément la réponse à cette question !
En attendant d'obtenir le feu vert pour avoir un contact avec le chien, tu écrases la fin de ta cigarette, jettes le mégot dans ton petit cendrier portable et en sors immédiatement une autre. « Sinon, tu te plais ici ? Tu es arrivé il y a quelques mois c'est ça ? » Autant essayer d'apprendre à se connaître entre voisins, entre fumeurs d'autant plus... peut-être qu'ainsi la colère tapie en toi diminuera d'elle-même.
Y’avait pas à dire, j’aimais bien ce que je voyais. La petite frimousse de la voisine, qui, si on s’attardait plus de cinq minutes à l’observer, devait bouillir copieusement de colère. C’était l’un des sentiments que j’offrais aux autres, parfois. Parce qu’avec ma trop grande gueule (ça c’est Abuelo qui le dit ; pas moi), y’avait moyen que ça tourne vite à la baston. Évidemment, jamais ô grand jamais, il me viendrait à l’idée de cogner une nana. Les nanas, fallait prendre soin d’elles. Fallait les aimer mais sans plus. Et encore, aimer … quand ça devenait ‘trop’, c’était clairement pas bon. Parce que généralement, on se brûlait les ailes et y’avait pas de retour en arrière, possible.
C’était pas pour moi, que je disais ça. C’était pour un ami. Si l’ami en question était adepte des insultes dans sa langue natale, et baragouinait quelques mots en jap’, la faute aux animés qu’il se matait parfois. Entre deux séances de cours et deux commandes à la volée. Avec toutes ces pensées, je pouvais pas nier longtemps qu’elle était jolie, la voleuse d’appart’. Enfin, de numéro d’appart’. Moi, j’étais celui qui avait dérobé sa place de parking. C’était une sorte d’échange équivalent, en fait. Un peu tordu, mais c’était le mood. Et ça, ça me faisait sourire. De mes petits crocs bien brillants, alors que je crachais les dernières volutes de fumée qui s’évaporaient entre nos deux âmes.
- Tu fais quoi comme boulot ? Non pas que j’en avais quelque chose à foutre, mais Paloma aurait été outrée as fuck, si j’avais pas rebondi sur ces petits mots. Déjà, qu’elle me considérait comme un putain de gros asocial, ça allait pas arranger mes affaires, ça. Humpf. Ça, c’était le borborygme pour signifier que je savais plus vraiment quoi dire.
Fallait dire que j’avais UN PEU épuisé mon quota de sociabilité. Ç’avait été grillé comme ma clope : en deux deux. Qu’elle se formalise pas la brunette, ça le faisait avec tout le monde.
- C’est de la réf’ qui parle à tout le monde, ça. Enfin aux initiés. Est-ce qu’elle, elle l’était ? Y’avait comme qui dirait une petite voix qui me disait que ouais. Puis, j’avais pas zappé le fait que ses jolies lippes se soient retroussées en un divin sourire. Ç’avait fonctionné. Et j’avais pas pu m’empêcher d’avoir mon petit sourire en coin de gonze mystérieux. Ça faisait craquer les filles, ça.
Ça, plus les tattoos. Et Geno. Qui pouvait facilement accaparer toute l’attention quand il le souhaitait. Et, c’était le cas en ce moment. Je pouvais pas blâmer mon fils, il avait clairement raison de se mettre en avant. Même si mon interlocutrice éprouvait certaines barrières quant au règne canin. Et en soi, la demande était on ne peut plus légitime : est-ce qu’il serait disposé à accepter son geste d’affection ? Ouais. Sûrement. Ce vil traître, l’avait déjà adoptée. Vu la manière dont son regard brun la contemplait. Moi, j’étais mal barré dans cette histoire. Parce que … même si mon fils en venait à en préférer une autre … bordel, elle était où ma street-cred’ ?
- Tu peux le toucher, ouais. Il attend que ça, je crois. Ah ! Il était beau mon dur à cuire, hein ! À plier devant les belles gambettes, d’une jolie demoiselle. Et outch, en face … ça commençait à se viander. Littéralement. Car elle avait mis le doigt sur le nœud du problème. En genre quoi, à peine cinq minutes ? Dix, si j’étais sympa. Ça me plait grave ici. Juste que je suis pas vraiment au bon numéro. Prêcher le faux pour savoir le vrai ? Noyer le (gros) poisson ? J’étais passé maître dans l’art de faire ça. Et toi ? Ouais, je suis arrivé ici, y’a pas longtemps.
Puis quand même, y’avait la vérité hein. Et Geno qui foutait grave la honte, à se faire papouiller le haut du crâne, par la fille à qui je piquais l’emplacement de parking. Dans ce monde cruel, y’avait pas vraiment de justice.
AVENGEDINCHAINS
Dernière édition par Lúca Olivera le Mer 10 Mai 2023 - 17:17, édité 2 fois
« Tu fais quoi comme boulot ? » La question est classique, légitime, justifiée. Pour un instant tu voudrais même te sentir reconnaissante que le voisin montre un intérêt (aussi léger soit-il) pour ta personne, puis tu te souviens que c'est visiblement le même gars qui chipe ta place de parking depuis beaucoup trop longtemps à ton goût. Ceci dit, la colère qui bout en toi n'a pas vraiment d'importance puisque tu es bien élevée (ça dépend) et agréable. « Femme de chambre ET barmaid. Deux mondes deux ambiances. » Petit sourire que tu ne retiens pas puisque mettre ces deux métiers côte à côte dans la même phrase t'amuse toujours. « Humpf. » Le genre de son qui te met mal à l'aise quand il vient d'un autre être humain, peut-être parce que ça te rappelle ton père qui devenait bien plus dangereux lorsqu'il était taiseux plutôt que bavard. Il y a eu des périodes où tu en venais presque à être rassurée quand il passait sa colère sur toi verbalement : cela voulait dire que la violence serait plus subtile (bien que tout aussi marquante) ces jours-là.
Bref, tout ça c'est de l'extrapolation. Tu te doutes que le voisin n'a sûrement rien de spécifique contre toi, sinon il serait devenu plus agressif il y a déjà plusieurs minutes. En tout cas, c'est ce que tu te dis. C'est peut-être comme ça que tu te rassures, au fond. Parce que finalement, rien ne l'empêche de t'agresser dans la minute suivante, ou celle d'après, ou celle d'après... mais pour le bien de ta santé mentale, il ne vaut mieux pas considérer ces possibilités : basic survival instinct. Heureusement, tu n'es pas toute seule et bien que la compagnie que t'offre la vie actuellement soit un chouïa bancale, le point positif c'est que tu es tirée de tes spirales anxieuses à chaque fois que ton interlocuteur prend la parole. « C’est de la réf’ qui parle à tout le monde, ça. Enfin aux initiés. » Prise de risque incontrôlée : « Oui, c'est le principe d'avoir une ref' quoi ! » Le visage est rouge tomate, le myocarde s'accélère sans réelle raison valable. Ta propre réplique t'aura fait rire... une seconde. Et encore. Parce que tu ne connais pas les limites du sens de l'humour du molosse, et que s'il y a bien une chose que tu voudrais éviter, c'est provoquer son courroux. « J'veux dire, logiquement une ref' ne parle qu'aux initiés. » Tu t'enfonces, Enid.
Heureusement que ton sauveur est là. Je parle évidemment de Geno, le molosse du molosse. Tu connais à peine ce chien et tu ne sais pas si vous tisserez un lien important dans le futur, mais une chose est sûre, c'est que dans l'interaction avec son maître, il constitue la porte de sortie parfaite. « Tu peux le toucher, ouais. Il attend que ça, je crois. » Voilà des paroles qui t'attendrissent. Désormais rassurée, tu te permets d'approcher doucement ta main libre (puisque l'autre est constamment occupée avec une cigarette) de l'animal pour qu'il puisse la renifler rapidement avant qu'elle ne se mette à caresser son pelage. Avec un grand sourire, tu donnes de l'affection à Geno qui semble t'apprécier tout autant. « Good boy ! » Ces mots affectueux à l'attention de Geno t'échappent après que tu te sois permise de poser des questions à ton voisin sur son arrivée ici. « Ça me plait grave ici. Juste que je suis pas vraiment au bon numéro. » Tes sourcils se froncent puisque tu n'es pas sûre de comprendre ce qu'il veut dire. Enfin, l'essentiel, c'est que la ville lui plaise. « Et toi ? Ouais, je suis arrivé ici y’a pas longtemps. » Tout en étant sûre de continuer à papouiller le chien, tu prends une taffe de ta clope avant de répondre à son maître. « C'est cool que ça te plaise. Moi j'ai toujours habité à Brisbane, mais j'ai emménagé dans l'appart numéro 666 en février. » Tu déglutis en te demandant si c'était vraiment intelligent de lui donner aussi facilement le numéro de ton appartement. Tant pis, c'est fait. « Mais comment ça t'es pas au bon numéro ? » Parce que tu aimerais comprendre ce qu'il a voulu dire par-là. « Désolée si la réponse est évidente, j'ai pas la lumière à tous les étages parfois. » Nouveau demi-sourire gêné. C'est fou que tu ne manques jamais une occasion de laisser ton autodépréciation s'exprimer.
Voilà qu’on parlait comme deux humains lambdas. Alors que perso’, on avait rien de franchement normal. Je lui avais posé la question sur son taf’ et perso’, j’en avais strictement rien à foutre. Mais, c’était pour la politesse ou la bienséance. Ça, c’était un joli mot pour désigner une putain d’hypocrisie. Y’avait clairement du monde, qui se foutait du monde. Et, j’étais le premier à en faire partie. Mais, bien terrée au fond de ma couche de défauts, y’avait une toute petite voix qui me soufflait qu’elle était pas si inintéressante que ça, la voisine. Malgré, qu’elle ait pris ma place et que moi, dans une tentative vaine de remettre l’univers sur les bons rails : je me garais sur sa place de parking.
C’était du foutage de gueule level max, mais c’était du moi tout craché, ça. Consuelo, aidé sûrement par Paloma, se serait pas gêné pour me foutre un taquet derrière la nuque, comme quand gamin, j’écoutais pas ses bons conseils. La manière de gérer la lumière dans une œuvre d’art, pour qu’elle soit la plus parfaite possible. Il m’aurait targué de sale gosse de riche, -ce que j’étais pas fondamentalement-, pour mes réactions en société. Mais moi, c’était pas de ma faute, si j’étais tout cassé au niveau des codes sociaux. Si je m’éloignais de la foule, parce que je l’aimais pas cette connasse et que parfois, elle m’étouffait. J’étais le gros connard du quartier et ça me suffisait amplement.
Pas besoin de plus pour me décrire. Les autres me faisaient ma réput’ et c’était bien assez.
- Ah ouais. Deux salles, deux ambiances. J’avais sifflé devant l’aplomb de la brune et la présentation de ses deux boulots. Femme de chambre et barmaid, ça courrait pas franchement les rues. C’était bien rare tout ça. C’en était presque … quoi ? Déroutant ? Pour pas dire autre chose que fascinant en fait.
Parce que ça devait être fascinant d’évoluer ainsi dans deux mondes totalement différents. Un peu comme moi, bien que je muselasse fermement ma bouche pour pas dire ce que j’étais vraiment.
- Barmaid, où ? J’avais pas pu fermer ma gueule bien longtemps, visiblement. C’était pas que femme de chambre, ça me plaisait pas comme job mais barmaid, c’était carrément plus classe. Puis je préférais largement l’alcool aux serviettes impeccablement pliées en quatre et rangées dans un meuble de salle de bain. Humpf. Cette fois-ci, c’était le borborygme du gars, qui ferait mieux de pas continuer à lancer des interrogations à la figure de la nana qui s’était permise de lui voler son numéro de logement.
C’était plus secure. C’était d’autant plus safe. Et, elle allait sûrement me prendre pour un cringe -qu’est-ce que j’en avais à foutre sérieux ?-, si je continuais sur ma lancée, comme le gros abruti tatoué que j’étais parfois. La faute à pas réfléchir avant de causer ou de cogner avant de parler. Les actes avant les mots. Toujours.
- Ouais. Mon regard noisette la détaillait après sa splendide diatribe, qui m’aurait fait bien ricaner en d’autres circonstances. Croisant les bras sur mon torse, j’avisais Geno qui réussissait à calmer les tensions et à apaiser les âmes. Les nôtres. Je pouvais pas m’empêcher d’avoir un sourire attendri en la regardant faire. Parce qu’elle pouvait pas être mauvaise, si mon fils lui faisait autant confiance.
Elle fumait, et j’en faisais de même, alors qu’elle paraissait à l’aise mais qu’elle transpirait la gêne. Fallait pas être Freud pour déduire ça, ou un comportementaliste à deux balles qui n’était là que pour empocher le fric. Je la mettais dans le mal et inconsciemment, je le savais. C’était toujours cette première impression que j’offrais et qui me contentait. Et on continuait de se raconter des banalités. Comme le fait qu’elle était de là. De Brisbane. Qu’elle y avait toujours vécu. Je trouvais ça à la fois cool et méga triste. Enfin ‘triste’, on s’entend hein.
- Je suis né à Madrid. Mais je suis arrivé ici à l’âge de trois ans. C’était comme si ç’avait toujours été chez moi. J’avais pas attendu qu’elle me pose la question, je m’étais livré comme ça. Ce que je faisais (pratiquement) jamais. Surtout pas à une totale inconnue. Ouais, je sais pour l’appart’. Ça m’avait bouffé la gueule depuis que je m’étais garé (à nouveau) sur sa place. J’étais la seconde personne en lice pour le numéro que t’as. Je suis le gars qui est passé au second plan.
Un ricanement. Qui faisait que je lui montrais mes canines. Avant de lentement froncer les sourcils, parce qu’elle se dépréciait la demoiselle Enid. Et qu’inconsciemment, j’aimais pas ça. Même si je la faisais (sûrement) chier à être sur sa place de parking, il était hors de question que j’entende ça, sortir de sa bouche. Aussi charnue soit-elle.
- Je t’arrête de suite, je veux pas entendre ces mots, là. Ceux que tu viens de prononcer. Un silence, avant de m’approcher d’elle et de m’expliquer. J’ai pas été le voisin très exemplaire, jusqu’à présent. Et … c’est vachement con de dire que t’as pas la lumière à tous les étages. Parce que quelque chose me dit, que c’est pas vrai tout ça. J’offrais un sourire tendre que je ravalais bien vite. Parce que je montrais de la sympathie et que c’était trop en l’espace d’un quart d’heure.
Mais ouais, ça se faisait pas de dire ça. Parce que ça me mettait hors de moi.
- Sinon, je veux bien voir tes talents de barmaid à l’œuvre. En tout bien tout honneur, bien évidemment. Normal, quoi. J’avais pas oublié qu’elle devait savoir manier les alcools et la composition des cocktails comme personne, mon interlocutrice. Et, j’étais grave curieux à ce propos.
« Ah ouais. Deux salles, deux ambiances. » Oui, c'est exactement ce que tu viens de dire. Tu adresses à ton interlocuteur un petit sourire sincère mais gêné, parce qu'il a raison mais en même temps tu ne peux t'empêcher de craindre qu'il y ait un jugement négatif derrière ses paroles. Alors qu'en vérité, la seule personne qui te juge pour sûr actuellement, c'est toi. Tu n'es jamais à l'aise d'exposer tes deux professions du moment, sûrement parce que tu as peur qu'on te prenne pour une fille qui ne sait pas ce qu'elle veut. Pas que ce soit mal de se chercher... mais comme on parle de toi, c'est forcément négatif dans ta tête. « Barmaid, où ? » Une manifestation de curiosité qui te réchauffe le coeur, au fond. Il en faut peu pour te toucher. « A l'Electric Playground, la boîte de nuit du quartier. » Ta voix est bien douce pour parler d'un job si stimulant. Bizarrement, tu n'as pas peur que le voisin juge ton lieu de travail. Au contraire, quelque chose te dit qu'il pourrait même trouver ça cool.
Un autre SNI (Son Non Identifié) sort de la bouche du maître molosse et t'arrache un sourire en coin. C'est amusant, cet aspect de sa communication. Assez unique en son genre. Ca te donne presque envie de le connaître davantage. Sauf que parallèlement, il occupe ta place de parking depuis trop longtemps. Même si tu restes persuadée qu'il doit y avoir une explication tout à fait logique et rationnelle, ça n'empêche que ça reste une situation fâcheuse qui te remue pas mal intérieurement. « Ouais. » Ah, pas plus de réaction à ta boutade maladroite sur ce qu'est une référence ? Normal, tu n'es pas drôle. Et quand tu l'es, t'as aucun mérite : c'est que des coups de chance. Bref, ce sont des pensées intrusives que tu peux faire taire temporairement en t'occupant de créer un lien avec Geno, qui pour l'instant a l'air beaucoup plus commode que l'humain à qui il obéit, mais bon... ce n'est peut-être qu'une impression.
Finalement vous arrivez quand même à faire de la conversation "normale", vous n'êtes pas non plus complètement désespérés, ce qui est mine de rien rassurant. Il apprend que tu fais partie des born & raised de Brisbane, et toi tu apprends qu'il est originaire de Madrid mais qu'en gros, il a quasiment toujours vécu ici, également. La connaissance de la ville vous fait un point commun, du coup. C'est sympa. Vous parlez de numéro d'appartement, et ton interlocuteur met en lumière une information à laquelle tu n'aurais jamais pensé. « J’étais la seconde personne en lice pour le numéro que t’as. Je suis le gars qui est passé au second plan. » Il ricane, mais tu sens que ce qu'il vient de balancer, c'est du lourd en ce qui le concerne. C'est pas un ricanement associé à une anecdote un peu marrante. C'est un ricanement associé à une affaire qu'on a toujours en travers de la gorge. « Oh... » Soudainement tu te sens mal. L'autodépréciation ne tarde pas à se manifester, l'air de rien, normalisée, banalisée dans ton discours. Sauf que lui, il réagit d'un coup. Brutalement. Mais c'est le genre de brutalité utilisée à bon escient, étrangement. « Je t’arrête de suite, je veux pas entendre ces mots, là. Ceux que tu viens de prononcer. » Tes yeux s'écarquillent tandis qu'ils s'approche et qu'étrangement, tu ne ressens pas le besoin de reculer. « J’ai pas été le voisin très exemplaire, jusqu’à présent. Et … c’est vachement con de dire que t’as pas la lumière à tous les étages. Parce que quelque chose me dit, que c’est pas vrai tout ça. » Sur ces mots, il te semble que ton interlocuteur sourit, mais le dessin s'efface si rapidement de ses lèvres que tu te dis avoir sûrement rêvé. Ou halluciné. Parle-t-il de son habitude de chiper ta place de parking quand il dit ne pas avoir été un voisin exemplaire jusqu'ici ? Forcément, ça ne peut être que ça. Pourtant, actuellement, ça te passe un peu au-dessus de la tête. Tu es touchée qu'il ait pris la peine de remballer la manifestation de ton estime de soi au fond du trou. « Je... Merci. » C'est probablement le mot le plus sincère que tu puisses sortir à cet instant.
Décidément, ce voisin commence à avoir de plus en plus de qualités à tes yeux. Pourtant, ça te paraissait mal parti initialement. « Sinon, je veux bien voir tes talents de barmaid à l’œuvre. En tout bien tout honneur, bien évidemment. » Immédiatement, un petit rire dépasse le seuil de tes lèvres. « Avec plaisir. Demain dix-neuf heures chez moi ? » Comme tu es rassurée, tu te rallumes un peu. « T'auras pas beaucoup de route comme ça. » La blague est facile, mais elle n'en est pas moins efficace. « Et si tu ressors de la soirée satisfait de mes boissons, tu pourras me rendre ma place de parking par exemple ? » La tentative est belle et innocente, mais tu la regrettes instantanément quand même. « Enfin, sinon c'est pas grave hein ! » Niveau affirmation de soi, y a encore beaucoup de chemin à faire.
C'était presque comme si elle parvenait à m'émouvoir, la voisine. Comme si, malgré elle, elle parvenait à faire se baisser certains leviers (métaphoriques) que je mettais entre moi et le monde. Et putain, y'en avait beaucoup. Trop. Et, ça me semblait presque impossible de les faire s'évaporer aussi facilement. Or malgré elle, elle réussissait. Alors que j'étais le gros bourru tatoué du quartier et que tout çà là, ça me collait grave à la peau. J'aidais pas les vieilles personnes à traverser au passage piéton. J'aidais pas les vieilles dames à faire leurs courses. J'étais celui qui râlait en espagnol le plus souvent, dans la file d'attente à la caisse. Qui fronçait les sourcils quand on s'approchait de mon fils.
Ouais. J'étais pas le meilleur exemple à avoir en société, ni comme voisin dans le quartier, d'ailleurs. Cependant, j'étais curieux. Je voulais savoir où elle bossait Enid. Parce qu'elle m'avait vendu du rêve avec ses deux jobs. Mais plus celui en tant que barmaid que l'autre. Et ... apparemment, elle bosse dans le bar du quartier. Ce fut ce qu'elle m'annonça en tout cas. Levant un sourcil sous la surprise et l'intérêt que cela procurait chez moi, j'esquissais une amorce de sourire. Fallait pas trop que je détende mes zygomatiques. Ça le faisait pas. Ça collait pas avec le personnage.
- Ah ouais, sympa. J'y suis déjà allé quelquefois. Mais, j'ai pas eu la chance de t'y voir bosser. Voilà, qu'au fur et à mesure de la discussion, je devenais loquace et que putain, c'était de pire en pire.
J'avouais mes origines. D'où je venais. Que j'avais du sang ibérique qui coulait dans mes veines et que surtout, j'avais été entubé en ce qui concernait le logement et son numéro du diable. Elle était passée avant la voisine. Elle l'avait subtilisé. J'avais rien pu faire. Si ce n'était rétorquer en me garant comme un gros enculé sur sa place de parking à elle. Ça la faisait chier, comme ça m'avait chier. Pour ça, on était grave quittes. Toutefois, y'avait un petit truc que j'aimais pas entendre et qui sortait de sa jolie bouche : l'auto-sabotage.
Le cercle vicieux de la mésestime de soi. Je dis pas que j'en suis pas exempt, mais quand même. Ça me foutait les boules, quoi.
- De rien. Je soufflais mon remerciement dans un sourire que je camouflais plus vraiment cette fois-ci. Parce que j'avais remarqué que ça l'avait quelque peu émue et que malgré tout, j'étais fier. Et surtout, d'avoir une invitation aussi rapide pour venir tester ses aptitudes en tant que barmaid. Vendu. Je dois amener un truc ? T'as besoin d'un truc ? C'était ce qu'on demandait quand on était invité quelque part non ? C'était ce que stipulait la bienséance non ?
Avant que je n'éclate de rire à nouveau. Parce qu'elle me lançait sur un deal, la jolie brune là. Le genre de machin oral, que je pouvais pas refuser. Il en allait de mon égo de mâle.
- T'as intérêt à gérer, si tu veux que je te rende ta place de parking et que je sois le putain de voisin exemplaire. Te foire pas Miss. Ç'aurait pu être clairement une menace, mais je la saupoudrais d'un large sourire. Elle était hyper jolie et cool, finalement. Mais, hors de question que je m'emballe trop vite. C'était de toute façon, pas le genre de la maison.
« Ah ouais, sympa. J'y suis déjà allé quelquefois. Mais, j'ai pas eu la chance de t'y voir bosser. » Le terme de chance te fait tiquer et te fait plaisir en même temps. Assez perturbant comme sentiment. Ca te gêne autant que ça te touche. Surtout que ça se trouve il était complètement sarcastique, auquel cas tu as commis une erreur en laissant un léger sourire se dessiner sur tes lèvres. « Ah. » Comment dire que t'es confuse sans dire clairement que tu l'es.
Ta fâcheuse tendance à l'auto-dépréciation se fait remarquer sans que tu puisses la contrôler et contre toute-attente, le voisin te... rassure ? Est-ce qu'on peut dire ça ? C'est ce qui se rapproche le plus de ce que tu ressens en tout cas. Qui aurait cru que la discussion en arriverait là au moment où vous vous êtes adressés la parole tout à l'heure ? La vie a vraiment plus d'un tour dans son sac, et cette pensée te rapproche un peu du bonheur pour un bref instant. « De rien. » Il lâche ces mots comme si ça ne lui avait presque rien coûté de prendre soin de toi, avec un sourire sur les lèvres comme si ça lui avait même fait un peu plaisir, à lui aussi, de te donner un rapide coup de pouce émotionnel.
Naturellement une invitation à passer chez toi le lendemain est lancée, que tu redoutes malgré tout qu'il refuse. « Vendu. Je dois amener un truc ? T'as besoin d'un truc ? » L'inquiétude se dissipe instantanément grâce à sa réponse rapide. « Toi, Geno le garde du corps et tes capacités de juge de cocktails. » C'est déjà pas mal comme liste de choses à apporter non ? Un élan de confiance insoupçonné te pousse à le défier en lui proposant de te rendre ta place de parking s'il aime assez ce qu'il aura bu demain soir. Tu ne sais pas trop à quoi t'attendre et tu as même un peu peur d'être allée trop loin. « T'as intérêt à gérer, si tu veux que je te rende ta place de parking et que je sois le putain de voisin exemplaire. Te foire pas Miss. » Tu ne peux t'empêcher de laisser s'échapper un rire, évidemment qu'il n'allait pas se laisser faire aussi facilement. « Tu peux être sûr que je ferai de mon mieux. » Parce que c'est bien la seule chose que tu puisses promettre, à défaut de pouvoir assurer que ta performance sera parfaite. Un petit blanc s'installe et il te semble que c'est le bon moment pour rentrer chez toi. Puis il faut que tu te mettes à réfléchir à ce que tu vas proposer au voisin demain...
« Bon, » commences-tu en te baissant rapidement pour donner une dernière caresse à Geno. « Je file. » Tu adresses un sourire amical au voleur de place de parking (comment en est-on arrivés là ?) en tournant les talons vers votre bâtiment. « A demain les garçons ! »
Aujourd'hui, tu auras vécu une interaction aussi étrange qu'extraordinaire.