| | | (#)Sam 15 Avr 2023 - 4:02 | |
| Autant Raphael apprécie la solitude, autant il se sent un peu trop seul en cet instant. Les passants le contournent, leur envoie un coup de vent au passage, il sent des dizaines de parfums lui tapisser le fond du pif et il n’en apprécie que la moitié. Il n’a pas réalisé qu’il se tient si droits assis sur ce banc, que la semelle de ses chaussures à patchs pastel épouse la ligne du sol à la perfection et que ses jointures sont blanchies à force de se faire pétrir par ses deux genoux. Le centre commercial n’est pas plein en ce mardi après-midi mais la nervosité lui donne l’impression qu’il se trouve en pleine assemblée générale ou, pire, au milieu d’une manifestation qui ne rejoint pas ses valeurs. Pourtant, le jeune homme adore le shopping même s’il ne peut pas se permettre trop de fantaisies puisque son compte en banque ne dépasse pas du tout les quatre chiffres. Il passe souvent des heures à lécher les vitrines, à se faire demander s’il a besoin d’aide pour trouver quelque chose puis à rejeter la moindre attention qu’on lui donne. Il n’aime pas socialiser, c’est tout. Personne ne lui en voudra mais, surtout, personne ne se souviendra de lui une fois qu’il fera un pas en dehors de la boutique pour laquelle il n’a pas dépensé un sous. Peu importe le nombre de couleurs disparates qu’il porte, peu importe si les vagues de ses cheveux ne surfent pas dans la bonne direction. Facilement oubliable, comme tous les autres humains sur Terre.
Il a l’impression que le stand le regarde. Il s’agit d’une petite tablette suspendue au mur, sûrement un meuble Ikea, sur lequel des flyers en tout genre forment des rangs. Il a aperçu l’un d’eux de loin puisque l’arc-en-ciel qui figurait sur la première page attire même l’attention des colibris. De loin, il a lu le titre ou, du moins, ce qu’il pouvait lire. Un centre d’échange, des discussions, un groupe de soutien, quelque chose comme ça. De l’information, Raphael en a trouvé énormément sur internet. Il connait tous les termes : des préférences sexuelles aux genres. Il est devenu un dictionnaire ambulant. Mais, s’il passerait un examen LGBT les yeux fermés, il n’a jamais eu l’occasion de vraiment parler à des gens qui pensent comme lui. Quand il se regarde dans le miroir, il ne sait plus ce qu’il voit. Parfois, il a l’impression de se réveiller dans un corps qui ne lui appartient pas, qu’il flotte au-dessus de celui-ci comme un ballon de baudruche gonflé à l’hélium. D’autres jours, quand il porte ses vêtements préférés, il reconnait son reflet et il peut souffler et profiter de cet instant de répit qui, il le sait, sera bref. Encore ; il connait les termes et leur définition. Mais s’appliquent-ils à lui ? C’est compliqué. Trop compliqué. Et il n’en peut plus de trop penser à cela, à un tel point qu’il oublie parfois de prendre soin de lui et de se faire plaisir.
Trente secondes, il tourne les yeux parce qu’un petit chien dissimulé dans le sac à main d’une dame aboie. Il fixe l’animal en fronçant les sourcils, lui trouve quelques ressemblances avec un corgi, mais ce doit être parce que Waterproof lui manque. Quand il reporte son regard bleu sur le stand, une nouvelle silhouette blonde et élancée s’y trouve. Elle tient entre ses mains un petit tas de flyers arc-en-ciel et elle les place avec les autres. Raphael fronce les sourcils, analyse ce garçon de bas en haut, pense à tort qu’il s’agit d’un organisateur du groupe de soutien qui vient remplir le socle, et ainsi il trouve la dernière impulsion dont il avait besoin. Il se dresse sur ses deux jambes, redécouvre les douleurs dans ses genoux de danseur, approche l’étranger d’un pas lent est incertain avant de se racler la gorge à sa hauteur : « Eum, pardon ? Excusez-moi de déranger. » Qu’il couine, rougissant déjà du menton au front. Il pointe de son index timide la petite pile de flyers qu’il tient encore dans ses mains sans savoir que, s’il en possède autant, c’est parce qu’il venait d’en échapper la majorité au sol quand Raphael était occupé à pleurer l’absence du chien de Kieran dans sa vie. Le chien, oui. Pas le maître.
C’est déjà ça.
« C’est vous qui organisez ces… rencontres ? » Et il sent aussitôt le besoin de préciser le fond de sa pensée parce qu’il ne manquera jamais une raison de justifier sa raison d’être en vie. C’est une autre façon de s’excuser d’exister. : « Je ne vous espionnais pas, c’est que, enfin, je vous ai vu remplir le stand de flyers. » Et il se sent minuscule malgré son évidente grandeur, sent ses cheveux peser sur sa tête comme s’ils étaient écrasés par des millilitres d’huile de friture, ne sait pas quoi faire de ses mains qui flottent dans l’espace tels des astronautes détachés de leur vaisseau. Socialiser, socialiser, socialiser... Ça lui prend trop d’énergie.
@Jordan Fisher |
| | | | (#)Lun 17 Avr 2023 - 22:05 | |
| L’état de Tee se dégrade de plus en plus à ton avis même s’iel te dit que ça va. Tu n’y crois pas. Ca se voit physiquement que quelque chose est différent et ça n’a rien à avoir avec ses changements qui vont de pair avec sa transition. Il y a autre chose, tu t’inquiètes. Tu ne sais pas si c’est réellement fondé ou si tu t’imagines des choses mais le fait est que tu viens à la pèche aux informations auprès de Cherry. Cherry est très proche de Tee et pour cause, elle a déjà traversé toutes les étapes qu’iel brave depuis plusieurs mois. Elle le comprend bien mieux que toi et tu es très content.e que Tee ait une personne comme elle à ses côtés. Tu n’étais pas sensé.e te retrouver sur ce stand seul aujourd’hui. Tu voulais profiter de ce moment pour lui parler quand elle était disponible mais les plans ont un peu changé.
« Eum, pardon ? Excusez-moi de déranger. » Tu ne vois pas la personne qui est visiblement en train de s’adresser à toi. Shit. Parce que t’es pas là pour faire le speech de l’association. Mauvais concours de circonstance, même si oui, tu es bel et bien en train de remettre en place les flyers sur la table juste à côté. Quand ton regard se détourne pour donner ton attention à cette personne - car tu es poli et tu estimes beaucoup cette association- tu vois son visage écarlate. Ca ne doit pas être chose facile de venir jusqu’au stand pour ce type en face de toi. « C’est vous qui organisez ces… rencontres ? » Tu baisses les yeux vers les flyers pour en prendre un dans tes mains afin de lire plus précisément les informations. « Je ne vous espionnais pas, c’est que, enfin, je vous ai vu remplir le stand de flyers. » « Oh non y’a pas de mal j’attends la personne qui s’occupe du stand en fait… » Tu marques une brève pause avant de reprendre. « Je fais pas parti de ceux qui organisent mais je les connais plutôt bien. J’y suis allé.e plusieurs fois. » Tu marques une nouvelle pause. « Cherry devrait être de retour d’ici une heure… Elle a eu une urgence alors je garde un oeil sur le stand au cas où y’en a qui voudraient voler ces beaux flyers. » Tu tentes un brin d’humour Jordan ? On dirait oui. Tu marques une nouvelle pause. « Cherry c’est celle qui s’occupe du stand aujourd’hui. » Merci Captain Obvious. On sait jamais. « Je m’appelle Jordan, mes pronoms sont il/iel. » Ce n’est pas quelque chose que tu dis systématiquement mais quand c’est lié à l’association, oui. Car c’est comme ça que vous faites là bas et à chaque fois, ça te fait un bien fou.
Dernière édition par Jordan Fisher le Mar 9 Mai 2023 - 8:21, édité 1 fois |
| | | | (#)Sam 6 Mai 2023 - 1:23 | |
| Il dérange, c’est certain. Raphael est une mine qui cherche un pied sous lequel se faire écraser. Un boulet accroché à la cheville de quelqu’un qui n’a pas besoin de plus de problèmes qu’il n’en a déjà. Mais, juste cette fois, le garçon met cette idée de côté juste assez longtemps pour avoir le courage d’adresser la parole à cet inconnu qui est apparu dans la scène comme un ange venu du ciel. Il pense peut-être que c’est le destin qui l’envoie ; mais il sait surtout que ce n’est qu’un hasard et qui le mènera à un autre, puis un autre, puis un autre, jusqu’à ce qu’il atteigne la fin de son trajet et qu’il découvre enfin qui il est.
Le malais est palpable dans l’air. Un moment, il panique parce que les yeux du blond le fixent avec inconfort, comme s’il venait d’être pris la main dans le sac. Raphael ne se laisse pas interrompre par cette première impression et il poursuit le fil de ses pensées en regardant ailleurs. « Oh non y’a pas de mal j’attends la personne qui s’occupe du stand en fait… » Au moins, il n’a pas complètement fait erreur. Ce garçon passait dans le coin avec une idée derrière la tête. Alors il connait la personne qui s’occupe du stand, mais connait-il aussi l’existence de ces rencontres décrites dans les flyers qu’il tient encore dans ses mains, son geste ayant été interrompu ? « Je fais pas parti de ceux qui organisent mais je les connais plutôt bien. J’y suis allé.e plusieurs fois. » Raphael se mord la lèvre inférieure pour empêcher son sourire de percer le jour. Il acquiesce, regarde ses yeux un après l’autre pour lire dans ses pensées mais il les lui offre de vive voie. « Cherry devrait être de retour d’ici une heure… Elle a eu une urgence alors je garde un oeil sur le stand au cas où y’en a qui voudraient voler ces beaux flyers. » Il déglutit, l’interroge du regard, cherche l’ironie afin de détendre ses muscles qui se sont à nouveaux cambrés comme ceux d’une gazelle à l’affût. Devra-t-il prendre ses jambes à son cou et fuir cette discussion ? « Cherry c’est celle qui s’occupe du stand aujourd’hui. » Non. Il continue à parler alors l’échange est officiellement lancé. Plus de retour en arrière possible, du moins, non sans passer pour un fou. « Oh, d’accord. Cherry. » Il répète, s’humectant les lèvres, constatant qu’il n’avait jamais entendu ce nom auparavant, sauf sur Netflix au gré d’une saison de Rupaul’s drag race. Ça ressemble à un nom de scène ; un beau nom de scène qui lui inspire des couleurs et une saveur sucrée. Jetant un coup d’œil autour d’eux, comme s’il allait trouver cette fameuse Cherry, il se fait interrompre dans ses réflexions par la voix de ce fameux Jordan qui prend la peine de préciser ses pronoms. Raphael n’est pas si inculte. Il connait cette formalité plutôt nouvelle, la voit souvent passer sur internet, mais il ne l’avait jamais rencontrée au détour d’une discussion dans la vraie vie. C’est à son tour de se présenter, c’est ça ? « Euh, je suis Raphael. Je crois que je… » Qu’est-ce qu’il est ? C’est bien le problème. S’il est intéressé par les flyers qui les fixe depuis le début de la conversation, c’est parce qu’il ne comprend pas comment s’identifier. « Je n’ai pas vraiment pris le temps de penser à mes pronoms. En fait, je ne suis pas certain de comprendre tout ça. » Réalisant qu’il insulte peut-être Jordan, il se reprend aussitôt : « Pas parce que c’est bizarre ! Non, c’est pas ce que je veux dire ! C’est plutôt que je ne sais pas comment ça fonctionne, et je comptais sur… » Il désigne le stand de flyers : « Ces rencontres pour qu’on m’explique. » Il pourrait approfondir ses recherches internet, certes. Cependant, il déteste cette impression que lui prodigue cet écran le séparant du monde entier. Il y a quelque chose d’impersonnel dans ces échanges. Parler à un fantôme. Hésitant, grugeant son ongle pour faire passer la nervosité, il se risque : « Qu’est-ce que c’est « iel » exactement ? »
@Jordan Fisher |
| | | | (#)Mar 9 Mai 2023 - 8:47 | |
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« Oh, d’accord. Cherry. » Tu confirmes d’un signe de tête. La tension est palpable dans la personne qui se trouve sous tes yeux, mais quand tu te présentes, il a l’air de se débloquer un petit peu. Car il te rend la pareille. « Euh, je suis Raphael. Je crois que je… » Tu réalises pas du tout que tu aies pu le mettre dans une position nouvelle avec cette déclinaison de pronoms. Tu ne cherches pas à le presser. Il n’a pas fini sa phrase et tu as une heure devant toi. « Je n’ai pas vraiment pris le temps de penser à mes pronoms. En fait, je ne suis pas certain de comprendre tout ça. » Tu hoches la tête pour lui faire signe que tu l’as bien entendu. Il a toute ton attention. « Pas parce que c’est bizarre ! Non, c’est pas ce que je veux dire ! C’est plutôt que je ne sais pas comment ça fonctionne, et je comptais sur… » Un léger sourire sur ton visage alors qu’il se justifie. « Ces rencontres pour qu’on m’explique. » « Même si tu trouves ça bizarre je me serai pas offensé.e. » Que tu dis sur un ton bienveillant. Il n’est qu’un inconnu. Tu ne t’offenses pas de l’opinion des gens que tu ne connais ni d’Adam ni d’Eve.
« Qu’est-ce que c’est « iel » exactement ? » Et voilà qu’il pose la question avec tous les mots qu’il faut pour. Tu aimes quand les gens sont clairs comme ça. Tu n’es pas un devin, tu ne lis pas encore les pensées, même si ça serait très pratique parfois. « C’est un pronom neutre. » Tu entames. « Je me considère pas expert du tout en explications, donc je décline toute responsabilité si je donne pas tous les détails. » Tu as un petit rire - nerveux oui - après ta phrase. Car tu en as déjà beaucoup parlé de ces pronoms avec Tee, mais le contexte était tout à fait différent car iel est un.e de tes plus ancien.ne ami.e et on se sent déjà plus à l’aise de la sorte. « C’est quand tu te sens mieux de ne pas appartenir à un genre plutôt que l’autre. J’utilise il et iel parce que je sais que je suis né en tant que gars et j’ai plutôt l’aspiration de vivre ma vie tranquillement au lieu de devoir décliner mes pronoms à tout va, tout le temps. » Tu marques une pause. « La réalité c’est que tu peux me parler avec n’importe quel pronom ça me dérangera pas. Mais celui où je me sens sincèrement bien quand on l’utilise pour moi c’est le neutre. » Tu marques une nouvelle pause. « Ca a été une longue route pour réaliser ça, comprendre. J’ai un.e ami.e qui utilise ces mêmes pronoms et au fil de nos conversations je me rendais compte que tout ce qu’iel disait ça s’appliquait à moi aussi. C’est super bizarre comme feeling. » Faut un temps d’adaptation pour que tout se cale bien dans sa tête c’est certain. « Je parle que de moi alors que t’as demandé pour le pronom mais c’est tellement spécifique à chacun et comment on se sent, que je peux pas faire de généralité. » Tu te mordilles un peu la lèvre inférieure avant de continuer. « Ok je me rends compte que je parle beaucoup et que je pourrais dire encore beaucoup de chose mais…. Est-ce que ça a répondu à ta question ou je suis à côté de la plaque ? » T'es pas habitué.e a expliquer tout ça et ça se voit un petit peu. Tu pars dans tous les sens, mais tu te rends compte aussi que ça te fait du bien de développer tout ça avec des mots comme ça.
@Raphael Elly
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| | | | (#)Ven 2 Juin 2023 - 2:03 | |
| « Même si tu trouves ça bizarre je me serai pas offensé.e. » Raphael a l’impression de marcher sur des œufs. Sa pire peur est de faire mauvaise impression et de passer pour un imbécile ou, pire, un de ces types haineux qui n’y connaissent rien et qui préfèrent juger plutôt que de se laisser instruire par l’inconnu. Ce système de « pronoms » plutôt nouveau l’a toujours intrigué, parlé même, sans qu’il ne sache pourquoi. Il se sent inspiré par eux et leurs significations, mais il est persuadé de ne pas assez bien comprendre le concept pour s’y identifier. C’est peut-être sa chance, aujourd’hui, d’approfondir un peu le sujet, en commençant par ce fameux iel qui fait tinter une cloche dans sa cervelle sans pour autant qu’il ne connaisse sa signification. Il n’est pas totalement con : il sait que c’est la contraction entre le il et le elle (enfin, il croit). Mais à quel point ce mot peut-il identifier une personne, et, aussi, quel genre de personne s’y associe ? « C’est un pronom neutre. » Ses sourcils se plissent. Il se revoit quinze ans plus tôt à écouter son enseignante de langue qui explique une toute nouvelle théorie à sa classe. « Je me considère pas expert du tout en explications, donc je décline toute responsabilité si je donne pas tous les détails. » Il opine du chef, déjà reconnaissant que Jordan prenne le temps de lui expliquer ce qu’il sait. Ce sera toujours mieux que les explications bancales et étourdissantes qu’il trouve sur internet. « Oh, oui, t’inquiète, explique-moi ce que tu sais et ce que tu es à l'aise de dire. » Son opinion aura plus de valeur que le reste. Attentivement, il l’écoute tandis qu’il expose son interprétation du terme. Il ne réalise pas qu’il se mord la lèvre inférieure parce que sa concentration est à son apogée. Ces propos lui parlent. Ça lui arrive parfois de ne pas reconnaître le garçon qu’il voit dans le miroir, comme s’il n’en était pas tout à fait un, de garçon. La sensation est étrange. Parfois, il se met à flotter au-dessus de lui-même et ça lui fait le plus grand bien, de ne plus sentir son corps et les caractéristiques qui lui ont assigné un genre à la naissance. Au fils des explications, ses yeux se mettent à briller et un sourire étire ses lèvres lorsque Jordan termine de développer son récit. « Ok je me rends compte que je parle beaucoup et que je pourrais dire encore beaucoup de chose mais…. Est-ce que ça a répondu à ta question ou je suis à côté de la plaque ? » Il avait presque oublié qu’il faisait partie de la conversation et qu’il devrait reprendre la parole à un moment ou à un autre. Perdu dans ses réflexions, il se secoue un peu et prend une grande inspiration tout en hochant de la tête. « Je crois que tu as répondu, oui. » Il débute, d’abord timide, puis un peu plus courageux : « Je crois aussi que je comprends ce que tu veux dire. » Il revoit le visage de Kai derrière ses paupières, puis celui de Bea. Son nez se retrousse : « Alors tu ne te sens pas fille non plus, c’est ça ? Ce n’est pas que tu te sens garçon ET fille, c’est plutôt que tu n’appartiens pas vraiment à aucune des catégories ? » L’identité transgenre était un sujet qu’il avait un peu mieux étudiée mais il avait vite rayé cette option de sa tête. Il ne s’était jamais senti femme non plus et, à travers les costumes de Bea, il n’a jamais voulu mettre la main sur une robe, une jupe ou une perruque à rallonges. Pourtant, il se sent proche de son ami plus que quiconque. « Comment fais-tu pour te sentir… Comment dire… » Il passe sa main dans ses cheveux, se gratte l’arrière du crâne, soucieux. « Te sentir bien, avec ce que tu portes, alors que la plupart des fringues sont genrées ? » Ça, c’est une question à laquelle il aimerait bien obtenir une réponse. « Tu te maquilles parfois ? » Lui, oui, et quand il arbore un peu de couleurs sur ses paupières, il peut presque prendre une inspiration entière sans que sa poitrine ne se bloque à mi-chemin. |
| | | | (#)Mar 6 Juin 2023 - 22:52 | |
| « Oh, oui, t’inquiète, explique-moi ce que tu sais et ce que tu es à l'aise de dire. » Tu le vois qui est totalement focalisé sur tous les mots qui sortent de ta bouche au fur et à mesure de tes explications. Tu essaies de bien faire car c’est une chose qui est inné chez toi. Tu fais toujours de ton mieux pour tout ce qui te tient à coeur. Si c’est grâce à tes mots qu’il va continuer à cogiter de plus en plus sur la question, ce n’est pas rien. C’est une étape. Tu te souviens très bien quand Tee te parlait de tout ça également. Ca te faisait également grandement cogiter, car tu te reconnaissais dans tout et c’est un étrange sentiment. Son expression a l’air de changer au fur et à mesure que tu expliques. Tu ne le connais pas assez pour oser faire des déductions sur ce que tu lis de son visage mais tu penses que c’est plutôt positif. « Je crois que tu as répondu, oui. » Un sourire sincère se forme sur tes lèvres. Tu es comme soulagé.e d’avoir bien fait. « Je crois aussi que je comprends ce que tu veux dire. » Tu hoches la tête pour lui montrer qu’il a ton attention en retour et qu’il peut continuer s’il a besoin de s’exprimer.
« Alors tu ne te sens pas fille non plus, c’est ça ? Ce n’est pas que tu te sens garçon ET fille, c’est plutôt que tu n’appartiens pas vraiment à aucune des catégories ? » Tu dodelines de la tête car tu as du mal à vraiment interpréter comment tu te sens à ce niveau là. C’est encore un autre niveau qui mènerait à une conversation bien plus profonde en ce qui te concerne. La réalité c’est que tu ne serais pas dérangé.e de tout expliquer à un parfait inconnu. « Je pense que j’en aurai pour environs un petit quart d’heure pour expliquer plus en détail. » Une autre tirade en somme oui, comme celle que tu viens de lui faire mais en plus longue même.
« Comment fais-tu pour te sentir… Comment dire… » Tu attends la suite. Il prend du temps. C’est pas évident. Tu es patient.e, tu n’as rien qui t’attends et maintenant que vous avez commencé cette conversation tu veux l’aider au mieux possible. « Te sentir bien, avec ce que tu portes, alors que la plupart des fringues sont genrées ? » Ah ça. « Tu te maquilles parfois ? » « Pour les occasions. » Ca t’es déjà arrivé oui, mais ce n’est pas quelque chose que tu fais quotidiennement. « En ce qui concerne les fringues hmmm… Je déteste mon corps quoi que je porte. » Y’a un faible sourire qui s’affiche sur ton visage car bien que ce soit la réalité, le dire à voix haute, c’est pas tous les jours que tu le fais si clairement. « C’est les tatouages qui m’aident de ce côté là et aussi tout l’amour que je vois dans les yeux de ma femme quand elle me regarde. » Tu marques une pause. « Bien sûr les voix dans ma tête ont vite fait de me rappeler combien je suis détestable quand elle est pas à mes côtés. » Tu hausses une épaule. « Enfin bref ouais… Les fringues ça change rien pour moi. Le pronom neutre me fait du bien aussi. Je suis pas dérangé.e quand on utilise le féminin mais c’est rare. Je suis pas du genre à décliner mes pronoms à chaque fois que je rencontre quelqu’un. Faut les bonnes personnes autour de moi sinon je vais au plus simple et je laisse tout le monde utiliser ‘il’ par défaut car en même temps celui ci me dérange pas non plus. » Tu hausses une épaule. « Ca dépend des jours. Ca change. C’est compliqué, j’ai pas l’impression d’être très clair dans ce que je raconte. Tu me dis si tu veux j’approfondisse plus. Y’a pas de problème. »
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| | | | (#)Dim 23 Juil 2023 - 20:34 | |
| « Je pense que j’en aurai pour environs un petit quart d’heure pour expliquer plus en détail. » Attends. Est-ce un signal qu’iel lui envoie ? Le genre de signal qu’un humain envoie à un autre pour lui proposer de continuer la conversation autour d’un café (pas un verre d’alcool à cette heure, il est encore trop tôt). Hésitant, Raphael prend bien trop de temps à analyser l’information, qu’il n’analyse finalement pas tellement son cerveau déborde d’informations. De par ses deux oreilles s’échappent des cascades de questions et, au centre de son visage, ses deux yeux louchent un instant sur le nez de Jordan, puis il se rappelle l’existence de ses mains qu’il soulève et envoie se promener dans ses cheveux bouclés pour les occuper un peu. C’est étrange, des mains. Ça se pose de chaque côté d’un corps puis ça ne bouge pas. Ça devrait toujours bouger, danser, virevolter. De quoi on parlait ? Brrr. C’est compliqué de suivre une conversation. Attends… Attends… Ah, oui. La question du genre. Un tas de réponses que Raphael recherche inconsciemment tous les jours quand il croise son reflet dans le miroir et lorsqu’il réalise qu’il n’apprécie pas la ligne parfaitement droite que forme son tronc, et lorsque, le jour suivant, il apprécie de la couvrir de vêtements tantôt masculins, tantôt… Non. Il ne sait pas. Il ne se sent pas femme. Mais… C’est compliqué. « Pour les occasions. » Jordan aussi pare son visage de quelques couleurs. Si Raphael avait le temps et la motivation de le faire, il sortirait de chez lui avec du far à paupières tous les jours. « En ce qui concerne les fringues hmmm… Je déteste mon corps quoi que je porte. » « Oh. » Les traits du danseur s’affaissent un peu. Ce n’est pas de la pitié qui se traduit sur son visage, c’est plutôt de l’empathie, bien qu’il ne serait pas prêt à dire la même chose. Il ne déteste pas son corps. Il ne le comprend tout simplement pas. Et ça ne l’aide pas de constater qu’il ne réagit pas aux stimuli les plus basiques et les plus instinctifs de tous les êtres vivants sur cette planète. Il est brisé, Raphael, mais il a tellement brisé de choses dans sa vie qu’il a l’habitude de côtoyer des débris et, pour cette raison, il n’arrive pas à se détester complètement. Ça doit faire mal de détester son corps – il se dit. « C’est les tatouages qui m’aident de ce côté là et aussi tout l’amour que je vois dans les yeux de ma femme quand elle me regarde. » Un sourire reprend possession de ses lèvres. Il voit aussi l’amour dans les yeux de Jordan. Leur relation doit être parfaite. Il se demande si les yeux de Kai s’illuminent comme ceux de la femme de Jordan lorsqu’il le voit, lui. Ou quand il pense à lui. En tout cas, ce n’était pas le cas de ceux de Kieran, qui se détournaient à la moindre opportunité. Il aimerait bien retourner en arrière pour les lui arracher, tiens. Ils auront une bonne raison de se mouvoir dans ses orbites creuses. Écoutant attentivement la suite des explications de Jordan (du moins, avec le plus d’attention dont Raphael peut faire preuve en domestiquant son cerveau trop agité), il finit par croiser ses bras sur sa poitrine pour les empêcher de remuer. S’il n’a pas l’impression que ses propos sont extrêmement clairs, il ne croit cependant pas qu’il serait possible de les développer davantage puisque même Raphael ne pourrait pas mettre les mots sur ce qu’il ressent. Ce doit être ce qu’ils ont en commun, tous les deux. Ils ne savent pas quoi faire du corps qui leur a été offert à leur naissance. « Je crois que j’ai compris le plus important. Merci. » Il affirme après s’être raclé la gorge. Ceci dit, une petite question un peu gênante persiste toujours. Parler de genre avec un inconnu, c’est déjà une expérience étrange, mais arborer le sujet de la sexualité serait peut-être déplacé. Mais Raphael n’a pas trouvé les réponses sur internet, alors il n’a pas le choix de creuser un peu plus s’il veut arrêter de s’en faire et d’imaginer le pire. « Le il ne me dérange pas non plus, mais je ne me sens pas il, ni elle, en fait, pas du tout elle, mais… Pas il non plus. » Il explique encore moins bien que Jordan. Mais cette affirmation consistait seulement en une mise en situation avant de poser la vraie question : « Ne te sens pas obligé.e de répondre, vraiment, je sais que c’est un peu personnel et chelou de demander ça, mais je sais pas à qui d’autre je pourrais demander. » Il marque une pause, réalise que ce moment silencieux ne fait qu’alourdir le malaise alors il prend son courage à deux mains pour dérouler tout le fil de ses pensées : « Tu arrives à… avoir… une vie… eum… SeXueLle… » Il le bredouille honteusement, ce mot. « Malgré le fait que tu… ne te sentes pas bien dans ce corps ? » Si seulement il trouvait quelqu’un d’autre qui pensait de la même façon que lui. Ce n’est pas qu’il est dégouté de la sexualité. Au contraire. Il apprécie de regarder les autres la vivre, fantasme à l’idée de voir certaines personnes nues, mais jamais à travers ses rêveries il ne s’inclut dans les mises en situation, comme s’il n’y trouvait pas sa place. @Jordan Fisher |
| | | | (#)Jeu 3 Aoû 2023 - 22:45 | |
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« Oh. » Tu sous entends dans ta tête que ce n’est pas son cas à lui. Sinon pourquoi le voir être surpris ? C’est une bonne chose s’il ne se déteste pas. T’es content pour lui, c’est un problème de moins. Il t’écoute avec attention car tu vois au fur et à mesure de ton récit ses expressions changer. Tu es absolument honoré d’avoir un interlocuteur si intéressé par tes mots. Tu es souvent la dernière personne à parler d’elle car tu n’aimes pas te mettre en avant mais là, pour en apprendre un peu plus sur tout ces termes, il a besoin de ton histoire car c’est bien la seule chose que tu peux dire avec cent pour cent de certitude. « Je crois que j’ai compris le plus important. Merci. » « Avec plaisir si ça a pu t’aider. » C’est le principal. « Le il ne me dérange pas non plus, mais je ne me sens pas il, ni elle, en fait, pas du tout elle, mais… Pas il non plus. » Tu l’écoutes en hochant la tête pour lui montrer qu’à son tour tu lui donnes toute ton attention. « Peut être qu’avec le iel tu te sentiras plus à l’aise. Faut essayer pour voir ouais. » C’est bien la seule façon pour y voir plus clair.
« Ne te sens pas obligé.e de répondre, vraiment, je sais que c’est un peu personnel et chelou de demander ça, mais je sais pas à qui d’autre je pourrais demander. » « Non pas de soucis, j’ai rien à cacher. » Tu lui dis avec un sourire car c’est bien la vérité. Tu n’as pas honte de ton histoire, c’est qui tu es, même si c’est pas le vécu toujours le plus recommandé ou commun. Il t’intrigue en tout cas et tu as hâte de voir de quelle question il s’agit. « Tu arrives à… avoir… une vie… eum… SeXueLle… » Oh. C’était donc ça. « Malgré le fait que tu… ne te sentes pas bien dans ce corps ? » Tu fais oui de la tête. « Ouais alors là aussi… » Tu cherches comment formuler ça en étant clair. « Oui, j’ai une vie sexuelle mais ça n’a pas toujours été pour les bonnes raisons si on peut dire ça comme ça. » Tu n’as jamais vraiment mis de mots sur ton historique sexuel passé et présent. « La réponse la plus simple à ta question c’est oui, j’ai une vie sexuelle et je peux me passer de sexe également. Ca ne me dérange pas. J’ai pas un appétit débordant, sauf quand je suis en couple. Mon corps réagit extrêmement dans ces cas là. » Y’a un sourire amusé autant que doux sur ton visage. « Plus j’ai une forte connexion avec la personne plus mon appétit sexuel est grand. » Tu te mords la lèvre. « Je sais pas trop dans quelle direction tu imaginais ma réponse, si jamais hésite pas je peux élaborer. » Tu ne cherches pas à lui renvoyer la question car t’as bien vu qu’il était gêné à la poser et puis t’es pas stupide, tu as bien compris que ça doit vouloir dire que lui n’en a pas d’appétit sexuel.
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| | | | (#)Ven 1 Sep 2023 - 0:37 | |
| Ça lui fait du bien d’en parler à quelqu’un qui pourrait comprendre ou, du moins, quelqu’un qui partage certaines de ses pistes de compréhension du monde. Jordan et Raphael ne sont certainement pas identiques - ô combien la diversité s’étend plus loin que quiconque pourrait le penser – mais il reconnait en cette personne une lueur, une couleur, un brin dans le teint de sa peau qui lui rappelle tout ce qu’il aperçoit dans le reflet que lui transmet égoïstement le miroir. « Peut être qu’avec le iel tu te sentiras plus à l’aise. Faut essayer pour voir ouais. » Il aurait aimé que cette proposition soit une révélation. Qu’il se sente aussitôt transcendé par la réponse à cette éternelle question. Mais ce n’est pas le cas. Il ne sent pas proche du iel non plus. Tel l’astronaute flottant dans l’espace, il se fait contourner par tous ces pronoms, débris spatiaux qui ne le percutent pas, continuent leur chemin vers le bout du monde. Il n’a pas non plus envie de tendre sa main pour interrompre leur course. Il y a un rejet de la part des deux variables, alors comment pourrait fonctionner l’équation mathématique ?
En attendant, Raphael a d’autres questions et il a bien envie de profiter de l’avis d’un expert en la matière. Jordan semble s’y connaître bien plus en le sujet et l’élève est prêt à apprendre. Ceci dit, il prend tout de même le temps de s’assurer qu’il ne l’importune pas malgré cette séance presque intime en plein public. « Non pas de soucis, j’ai rien à cacher. » Le sourire qu’iel lui offre est la dernière impulsion dont Raphael avait besoin pour se lancer. Parler de sexe, ce n’est pas son truc. Il a l’impression d’avoir encore douze ans quand ce sujet est évoqué parce qu’il se sent aussi près de ce concept que de tous ces pronoms. Il n’a pas les papillons, ne comprend pas l’engouement chez les artistes musicaux ou littéraires qui puisent leur inspiration entre les draps. Ce qui fait vivre Raphael, c’est la danse. Son cœur bat grâce à la danse, sa tête se vide grâce à elle aussi. Certes, il n’est pas contre un moment personnel partagé avec sa propre main mais cette activité est davantage technique qu’autre chose. Un orgasme, c’est un bouton déclenché. Pas de début, pas de fin, pas de progression. Juste... Ça. Et c’est tout. Puis y’a le nettoyage qui est chiant après et qui s’apparente davantage à une corvée. « Oui, j’ai une vie sexuelle mais ça n’a pas toujours été pour les bonnes raisons si on peut dire ça comme ça. » Fronçant les sourcils, il porte son ongle à ses palettes pour le ronger. Il ne l’interrompt cependant pas. « La réponse la plus simple à ta question c’est oui, j’ai une vie sexuelle et je peux me passer de sexe également. Ca ne me dérange pas. J’ai pas un appétit débordant, sauf quand je suis en couple. Mon corps réagit extrêmement dans ces cas là. » Oh ! Alors peut-être que ça pourrait changer pour Raphael s’il était en couple à son tour. Il n’a jamais pu tester cette expérience-là. C’est peut-être ça, la solution à l’énigme : il a lui aussi besoin d’avoir une forte connexion pour avoir envie de plus. Une connexion réciproque, évidemment, pour que l’agacement des corps se fasse avec harmonie. « Je sais pas trop dans quelle direction tu imaginais ma réponse, si jamais hésite pas je peux élaborer. » Ricanant, il secoue la tête. « Je ne sais pas ce que j’avais en tête, en fait. Je ne savais pas à quoi m’attendre parce qu’on est tous différents, à la fin. Mais ça me rassure d’apprendre qu’il y a peut-être une issue. » Ce n’est pas le mot qu’il voulait emprunter. « Enfin, non, pas une issue. Ce que je veux dire, c’est que j’aimerais me sentir normal une fois dans ma vie, et peut-être que si je trouve la bonne personne, je vivrai quelque chose de similaire à ce que tu as. » Le sourire qu’il lui confie est tendre et ses joues sont roses de timidité. Un véritable enfant qui découvre les saveurs du monde et qui cherche désespérément son sucre. Peut-être que Kai est sucré. « Mais j’ai peur, aussi, de décevoir. Tu sais. Si je n’arrive pas à offrir ce que le monde entier adore. » Le sexe, c’est le centre de l’univers. Même si son ami lui a juré le contraire, il n’arrive pas à croire qu’il pourrait accepter le fait d’être le partenaire de vie d’une personne qui ne peut pas combler ses désirs. Kai a dit ça parce qu’il est trop gentil, et il ne veut pas vexer personne. « J’espère que je trouverai quelqu’un qui me fera le même effet que ta personne te fait à toi. » Il conclut à ce sujet.
« Qu'est-ce que tu voulais dire par "tu ne l'as pas toujours fait pour les bonnes raisons" ? » Qu'il se risque à demander à voix basse. @Jordan Fisher |
| | | | (#)Lun 4 Sep 2023 - 12:01 | |
| Le sujet est à présent sur ta vie sexuelle et y’en a un sacré rayon à ce propos là. Tu sais pas si t’es allé dans la bonne direction mais ça fait sourire Raphael ce que tu dis. Tu supposes que c’est une bonne chose. Tu as le même sourire qui se reflette sur tes lèvres, attendant de voir la suite de la conversation que tu trouves intéressante toi aussi. C’est pas très souvent que tu exposes tout ça aussi nettement à quelqu’un. « Je ne sais pas ce que j’avais en tête, en fait. Je ne savais pas à quoi m’attendre parce qu’on est tous différents, à la fin. Mais ça me rassure d’apprendre qu’il y a peut-être une issue. » Tu confirmes d’un hochement de tête. Tout le monde est différent c’est super important comme détail dans l’affaire ouais. « Enfin, non, pas une issue. Ce que je veux dire, c’est que j’aimerais me sentir normal une fois dans ma vie, et peut-être que si je trouve la bonne personne, je vivrai quelque chose de similaire à ce que tu as. » Tu comprends ce qu’il veut dire. Il n’a pas l’air d’avoir fini alors tu l’écoutes avec attention sans le couper. « Mais j’ai peur, aussi, de décevoir. Tu sais. Si je n’arrive pas à offrir ce que le monde entier adore. » Il vit dans le futur Raphael, tu connais bien ça. L’anxiété. « J’espère que je trouverai quelqu’un qui me fera le même effet que ta personne te fait à toi. » Tu fais oui de la tête. « J’espère aussi. » Pour lui bien évidemment. « J’en ai trouvé que deux comme ça et j’ai bien cru que je serai seul à tout jamais pendant de longues années. » Pour lui montrer que ça ne tombe pas du ciel aisément malheureusement. Tu ne l’as pas eu si facile mais il ne sait pas toute ton histoire, c’est pour ça qu’avec ces mots tu expliques un peu plus que oui, il faut être patient.
« Qu'est-ce que tu voulais dire par "tu ne l'as pas toujours fait pour les bonnes raisons" ? » Il n’a pas oublié ce détail et tu n’as aucun soucis pour t’expliquer un peu plus en détail à sa demande. « Y’a eu une période de ma vie où je couchais avec n’importe quel mec même s’ils m’attiraient pas. » Tu hausses une épaule machinalement. « Juste histoire de me sentir attirant pour quelqu’un même si j’ai pas de plaisir. Pour m’évader un peu plus. Pour avoir un toit pour la nuit. Pour avoir de l’argent. Pas mal de mauvaises raisons. » Que tu ajoutes pour compléter cette liste qui est allé de pire en pire à ton avis. « Même ma première fois c’est juste parce qu’on s’ennuyait avec un ami. » Tu ajoutes même si celle fois ci est quand même bien mieux que d’autres que tu as énuméré. Car c’était quelqu’un de confiance. « Mais tout ça n’a pas vraiment de saveur quand y’a pas d’amour au milieu. » C’est bien la un petit détail important car avec ton ami, il y en avait. Pas du même genre en ce qui te concerne mais tu as senti son regard sur toi bien trop doux par moment. Ça t’a fait beaucoup de bien à plusieurs niveaux. « Pour ton information je suis très romantique en plus. » Un sourire amusé est sur tes lèvres. Au moins il a une meilleure idée de qui tu es niveau sentimental.
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| | | | (#)Jeu 21 Sep 2023 - 3:39 | |
| Il y a de l’espoir, alors. Tout le monde peut avoir la chance de trouver la bonne personne, même les plus brisés, les plu fripés, ceux qui n’y connaissent rien en matière d’amour mais qui s’entêtent à chercher le coup de foudre. À ce niveau-là, Raphael est encore une enfant qui croit en la magie. Il vient à peine d’entrer dans la trentaine et il découvre tant de nouvelles facettes à ce monde qui s’avère de plus en plus grand et diversifié. Il n’est pas seul. Jordan, juste devant lui, en est la preuve. Il y aura toujours des gens qui contournent les normes instaurées par cette société démodée et, un jour, Raphael croisera le chemin de l’unique personne qui comprendra la chimie de son cerveau différent. « J’en ai trouvé que deux comme ça et j’ai bien cru que je serai seul à tout jamais pendant de longues années. » Deux c’est déjà mieux que zéro, il songe. À la fin de la journée, il aura appris que les espoirs ne sont pas morts et il regardera son reflet dans le miroir avec un peu plus d’empathie. C’est le minimum de respect dont il doit faire preuve envers lui-même pour survivre dans ce labyrinthe d’émotions. « Où se trouve le premier ? » Qu’il demande d’une voix légère et teintée d’ironie inoffensive. « Parce que je voudrais bien le rencontrer. » Puis il réalise que c’est peut-être une blague de mauvais goût. « Enfin, c’est une vanne, je plaisante, ce n’est pas vrai, hahaha... » Un rire qui s’atténue en decrescendo, la spécialité Elly servie sur un plateau en argent.
Il a noté un détail plus remarquable que le reste dans les dernières explications de Jordan ; il a parlé de relations sexuelles qui auraient été engagées pour les mauvaises raisons. Il a l’impression qu’il y a une leçon qu’il pourrait tirer de cette expérience dont iel parle, alors, même si ça le gêne de le faire, il lui demande un peu plus de détails. « Y’a eu une période de ma vie où je couchais avec n’importe quel mec même s’ils m’attiraient pas. » Un frisson traverse son échine, du bas de son coccyx jusqu’au creux de sa nuque, avant d’imploser en millier de petites étincelles dans son corps entier. La simple idée de coucher à droite et à gauche sans attache lui file la nausée. Mais il paraît que c’est quelque chose que la majorité fait pour se sentir vivant. « Juste histoire de me sentir attirant pour quelqu’un même si j’ai pas de plaisir. Pour m’évader un peu plus. Pour avoir un toit pour la nuit. Pour avoir de l’argent. Pas mal de mauvaises raisons. » Une moue triste détend ses traits. « Je suis désolé. » Il se rend compte qu’il ne sait absolument rien de son histoire, ni de celle de tous les gens qui font des vas-et-viens autour d’eux. Raphael connait son petit monde à lui, et chacun de ses problèmes, futiles soient-ils lui font l’effet de bombes atomiques dans la poitrine. Le moindre tracas le conduit directement au lit, où il doit remonter sa barre d’énergie pendant des jours entiers à contempler le plafond. Il y a des gens qui l’ont tellement plus difficile que lui. Il n’a jamais eu besoin de ce genre d’argent, et n’a jamais passé une nuit à la belle étoile. Qui est-il pour se plaindre de ne pas apprécier les cicatrices d’acnés dans son visage ? Soudain, il a l’impression de perdre toute sa légitimité. Il a envie de se faire tout petit. « Même ma première fois c’est juste parce qu’on s’ennuyait avec un ami. » Il se rassure sur le fait qu’il d’agissait au moins d’un ami et pas d’un éclair rencontré au bar. « Mais tout ça n’a pas vraiment de saveur quand y’a pas d’amour au milieu. » Il aimerait bien pouvoir acquiescer, mais il n’en sait absolument rien. « Je ne l’ai jamais fait alors je ne sais pas vraiment ce que ça fait. » Ce n’est pas nécessairement honteux d’apporter sa virginité sur la table. Il a appris à accepter cette part de lui. La maturité acquise durant les dernières années lui a permis de prendre du recul sur ce concept surfait. Il ne s’agit plus de concours de “qui l’a fait le premier” depuis longtemps. Il est dernier dans la course, autant prendre son temps jusqu’à la ligne d’arrivée. « Pour ton information je suis très romantique en plus. » Il glousse avec amusement. « Je l’avais compris. » Il informe gentiment en replaçant ses cheveux pour la millième fois. « Et... Est-ce que c’est vraiment mieux, la vie, quand tu as quelqu’un avec qui la partager ? » Il demande finalement sur un ton frôlant la naïveté. Une part de lui espère qu’il lui dira que ça ne change pas grand-chose. Qu’il y a du positif comme du négatif dans les deux scénarios. Mais il a bien vu cette brillance dans ses yeux quand il parle de sa personne. Ce n’est pas n’importe quelle lumière. C’est celle qui commençait à poindre dans ses propres iris quand il croisait Kieran dans le couloir, et peut-être quand il sent le parfum de Kai aujourd’hui. Il est perdu. Tellement perdu. Absolument rien ne fait de sens. @Jordan Fisher |
| | | | (#)Lun 25 Sep 2023 - 11:05 | |
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« Où se trouve le premier ? » Il plaisante, ça s’entend. Ca te fait sourire et tu sais très bien que tu ne vas pas répondre sincèrement à cette question s’il attend vraiment une réponse. Tu sais que ce détail funeste n’est jamais bon pour l’humeur d’une conversation. Raphael a l’air de naturellement se sentir mal à l’aise, tu ne vas pas lui rajouter une couche de plus. Ca ne te dérange pas de parler de Rosa mais c’est les autres qui sont dérangés quand ils apprennent qu’elle est morte. « Parce que je voudrais bien le rencontrer. » Intérieurement tu te dis qu’il la rencontrera de l’autre côté, dans l’au-delà. « Enfin, c’est une vanne, je plaisante, ce n’est pas vrai, hahaha... » « Ce serait bien si on pouvait être sûr à l’avance que ça va coller avec quelqu’un. » Tu t’es quand même senti obligé de répondre un petit quelque chose, pour ne pas le laisser tout seul.
« Je suis désolé. » Tu fais non de la tête car il n’a pas à l’être. « J’aime bien penser que si j’ai trouvé la bonne personne maintenant c’est parce que j’en ai chié avant. Une sorte de récompense. Pour que ça équilibre le bon avec tout le mauvais. » Tu sais pas si tu vas lui miner le moral avec ta théorie mais tu la penses sincèrement et tu la partages. Il pourra en faire ce qu’il veut de son côté après. Y croire ou pas du tout. Tout le monde est différent. Tout le monde s’accroche à des choses différentes pour que la vie soit la moins pénible. « Je ne l’ai jamais fait alors je ne sais pas vraiment ce que ça fait. » Tu hoches la tête, comprenant qu’il ne s’est jamais fait violence pour faire comme tout le monde. Ce qui est très noble de sa part. Encore plus de l’avouer comme ça là. Sans pression. Tu trouves ça cool. Il est sa propre personne à part entière et il le revendique en quelque sorte. Tu aimes les gens comme ça.
Il rit à ta précision romantique. « Je l’avais compris. » Tu aurais bien envie d’avoir un enregistrement de votre conversation pour te réécouter et voir à quel endroit, quels indices lui ont fait deviner que oui, tu étais un romantique. Peut être était-ce simplement la mention que s’il n’y avait pas d’amour y’avait pas de saveur ? Ca se pourrait. Dans tous les cas tu aimes qu’un détail pareil transparaisse chez toi. L’amour c’est important. « Et... Est-ce que c’est vraiment mieux, la vie, quand tu as quelqu’un avec qui la partager ? » Tu fais oui de la tête. « Pour moi oui. Mais j’ai su trouver comment m’épanouir seul aussi. Je pensais pas retrouver quelqu’un. J’étais résigné. Je cherchais pas. Je crois que c’est souvent quand on lâche prise que les choses viennent à nous. » Tu dis, pensif. « C’est vraiment mieux la vie à deux mais je pense que tant qu’on est bien entouré, on peut traverser la vie le plus confortablement possible. Faut juste pas être seul. » Tu serais déjà six pieds sous terre sinon. Depuis longtemps.
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| | | | (#)Ven 13 Oct 2023 - 0:54 | |
| « Ce serait bien si on pouvait être sûr à l’avance que ça va coller avec quelqu’un. » Une réflexion à laquelle il répond d’un mince pincement des lèvres. Il préfère ne pas trop y penser. Il se mettrait à overthink, et aucune bonne idée ne découle de ce genre de descente en enfer mentale. Bien évidemment qu’il appuierait sur un bouton dont la fonction est de lui révéler si son profil et celui de Kai se marient bien, et, plus important, sur le long terme. Mais il parait que l’exploration ainsi que la possibilité de rencontrer des obstacles, ça fait partie de la vie, et que les aventures ratées et réussies s’accumulent pour bâtir toute l’expérience dont Raphael aura besoin pour profiter de ce court moment qu’il a sur Terre. Il n’est peut-être qu’une simple particule dans un univers composé de milliards d’atomes, il a le droit d’aspirer à quelque chose. N’importe quoi. N’importe qui, aussi. Peut-être que Kai ne sera pas le bon. Les chances de revivre une histoire similaire à celle qu’il a vécue avec Kieran sont minces, mais elles existent. N’importe qui peut se départir d’un masque du jour au lendemain. La seule chose que Raphael peut espérer, c’est qu’il a rencontré le brésilien quand il n’en portait pas. Il s’accrochera à ce petit espoir et peut-être. Seulement peut-être. Il y a d’autres variables, aussi. « J’aime bien penser que si j’ai trouvé la bonne personne maintenant c’est parce que j’en ai chié avant. Une sorte de récompense. Pour que ça équilibre le bon avec tout le mauvais. » Il aimerait bien pouvoir penser la même chose concernant son ex-colocataire. Mais, pour le moment, il n’arrive pas encore à trouver le positif qui aura découlé de cette relation aujourd’hui dissoute. Qui sait ce que le futur lui réserve ? Il serait aussi heureux de recroiser un jour son chemin que de ne plus jamais voir son visage. L’amour-haine dans sous sa forme la plus complexe. « C’est la meilleure façon de regarder tout ça. » Il confie avec un sourire timide. Même si ce n’est plus nouveau pour Raphael de parler de son asexualité, il est toujours étonné que, à chaque fois qu’il s’y identifie, personne n’en touche mot. Il doit s’entourer des bonnes personnes. La vérité, c’est que sa toute première expérience avec cette confession s’est plutôt mal déroulée. C’est à son médecin qu’il en a parlé, lorsque celui-ci lui a demandé s’il se protégeait toujours lors de ses relations sexuelles. Ce dernier a pensé qu’il y avait peut-être un désordre hormonal et lui a proposé de faire quelques tests. Une bien mauvaise entrée en matière. Il a refusé, bien sûr, car il n’a jamais détesté l’absence de la sexualité dans son cerveau. Il ne pense jamais à ça alors il a bien plus de temps pour s’adonner à d’autres choses aussi enrichissantes. Il doit peut-être sa maitrise de la danse à son absence de libido. Pourquoi pas ? Quand les autres adolescents butinaient à gauche et à droite, il s’enfermait dans une salle de pratique et accomplissait une nouvelle routine.
Malgré tout, à la fin de la journée, il ne sait toujours pas s’il peut se contenter de ce qu’il a ou si sa vie de solitaire s’accompagne d’un manque dont il ne peut connaître la source. Jordan lui explique sa vision des choses, explique qu’il a aussi réussi à s’épanouir sans personne à ses côtés. Il y a cependant un petit quelque chose dans ses yeux qui donne l’impression à Raphael que sa compagne lui apporte quelque chose de plus grande valeur. « C’est vraiment mieux la vie à deux mais je pense que tant qu’on est bien entouré, on peut traverser la vie le plus confortablement possible. Faut juste pas être seul. » Il n’a plus qu’à espérer que les gaffes ne s’enchaineront plus. Il pourrait apprendre de ses erreurs ; ne pas refaire les mêmes.
Une jeune femme couverte de tatouages les sépare momentanément afin d’attraper un pamphlet sur l’étagère. Après, elle les regarde un à un, puis s’excuse en disparaissant à petits pas rapides. Raphael esquisse un ricanement. « C’était intéressant de te parler. Merci de t’avoir ouvert à mes questions de type un peu perdu. C’était un vent de fraicheur. » Une discussion nageant à contrecourant de cette société hétéronormative. « On peut… » Il hésite. C’est toujours gênant de réquisitionner un numéro de téléphone, même lorsque les intentions ne sont pas ambiguës. « Garder contact, peut-être ? Enfin, si ça te dit, bien sûr… »
@Jordan Fisher |
| | | | (#)Mar 7 Nov 2023 - 11:43 | |
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« C’est la meilleure façon de regarder tout ça. » Tu te dis qu’il a dû en baver aussi pour apprécier cette façon de penser également. Dans le sens inverse ça voudrait dire que sa descente aux enfers n’est pas encore entamée. C’est toujours très libérateur ce genre de conversation, d’échange avec quelqu’un qu’on rencontre tout juste et qui pourtant partage certains aspects avec toi. Celui le plus évident chez Raphael c’est sa recherche de réponse à toutes ses questions dans sa tête. Tu as beau lui en avoir données quelques unes, les tiennes, c’est différent pour tout le monde. Tu as peut être trouvé récemment ces labels qui t’ont aidé à une période, tu as toujours des questions qui seront sans réponse à propos de ta personne. Ton identité. Ta place sur cette planète, dans cette société. Ce que tu sais et réalises à chaque fois, c’est que personne n’en sait rien au final. Que le but c’est d’être plus confortable. Tu penses depuis quelques temps à aller voir une hypnotiseuse pour tenter d’avoir une idée sur qui tu étais dans tes vies antérieurs. Pour tenter de te comprendre un peu plus dans cette vie là, en 2023. Tu n’as pas encore sauté le pas car tu es autant curieux que terrifié à l’idée de découvrir un toi sans aucune morales par exemple.
Une personne vient prendre un flyer et c’est étrangement ce qui a l’air de sonner la fin de votre conversation. « C’était intéressant de te parler. Merci de t’avoir ouvert à mes questions de type un peu perdu. C’était un vent de fraicheur. » Raphael aussi le sent. Tu ne sais même pas combien de temps vous êtes restés à discuter tous les deux. « On est tous perdu si ça peut te rassurer. J’ai aimé notre conversation. » Tu lui dis avec un sourire sincère. « On peut… Garder contact, peut-être ? Enfin, si ça te dit, bien sûr… » Tu hoches la tête. « Ouais on peut. » Et tu lui donneras ton instagram en lui disant que tu le suivras en retour. Tu n’es pas le plus friand à donner ton numéro de téléphone à tout le monde rapidement. « Sinon y’a aussi mon email si tu préfères. » Et tu lui dis ton email perso également. Tu te sens mieux quand c’est bien moins frontal qu’un SMS ou un coup de téléphone. Et puis voilà Cherry qui est de retour pour s’occuper du stand. « Thank you my darling. » Elle dit à ton adresse. « Désolé ça a pris un peu plus de temps que prévu. » Mais tu ne t’en soucis pas, ce moment en tête à tête avec Raphael fut vraiment agréable.
- Spoiler:
The end
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