Singing like fairies ft @Rose Grant

My town was a wasteland ; full of cages, full of fences ; pageant queens and big pretenders ; but for some, it was paradise ∆ Taylor Swift, Midnights

Mabel commençait à faire la transition entre son emploi du temps allégé pour sa reprise post congé maternité à un emploi du temps très chargé, plein de nouveaux projets. L'influence d'Aiden dans sa vie, qui lui faisait décrocher de gros tournages même quand sa vie privée était - mal - exposée dans tous les journaux people du pays.

Mais avec tout ça, elle avait dû repousser de quelques mois le projet d'accompagner Rose à l'un de ses ateliers pour les enfants de l'association Beauregard. Il lui avait fallu du temps pour se libérer, sur un créneau sur lequel elle pouvait également confier Rosalie à quelqu'un - ces derniers mois lui avaient montré que le père n'était pas si fiable, annulant ses visites au derniers moments. Il n'avait d'ailleurs pas vu leur fille depuis cinq mois, évitant ainsi Noël et son anniversaire...

Mais l'heure n'était pas aux ruminations, et Mabel se gara en essayant de chasser toutes ses pensées parasites, pour pouvoir se consacrer à sa tâche du jour. L'angoisse de devoir gérer une dizaine d'enfants d'une huitaine d'années suffisait bien à occuper sa tête, elle qui n'était pas très à l'aise avec les plus jeunes.

Elle attrapa l'étui contenant sa guitare avant de rejoindre Rose, dont la chevelure flashy attirait facilement l’œil. Elle vérifia d'un rapide coup d’œil ne pas être en retard - et un soupir de soulagement lui échappa quand elle se rendit compte qu'elle était pile à l'heure.

« Pas vraiment prête, mais il faut bien y aller ? » répondit-elle en toute honnêté.

Mabel préférait mille fois affronter les adolescents, leur esprit plus rebelle et contradictoire, et les questions qu'ils pouvaient poser autant pour cerner leurs interlocuteurs que pour mieux comprendre les enjeux et les limites. Les bébés, elle commençait à pas trop mal s'en occuper, même si elle était vite limitée par le fait qu'elle les comparait tous à Rosie, qui était d'un naturel plutôt calme et curieux. Les enfants, c'était l'inconnu... Heureusement que Rose serait avec elle.

Elle suivit d'ailleurs la jeune femme dans les couloirs de l'association, qui lui paraissaient presque labyrinthique. Sans doute parce qu'elle ne connaissait pas les lieux, et n'avait donc pas, comme Rose, de repères pour savoir où aller.

« J'ai dû venir, mais uniquement dans la salle de réception » reprit-elle d'ailleurs. « Je connaissais de nom, bien sûr, comme tout le monde à Brisbane, mais à part quelques dons, je n'ai jamais eu l'occasion de venir. »

Elle avait participé à assez de soirées caritatives depuis son enfance pour connaître toutes les grosses associations de la ville. Elle donnait même, maintenant qu'elle était elle-même adulte - même si depuis sa fin de grossesse, elle avait été nettement moins présente pour les associations, à part celle lgbt dont elle était la marraine, plus concentrée sur sa maternité que sur autre chose.

Si Mabel se fiait au bourdonnement qu'elle entendait, elles ne devaient plus être loin de la salle des enfants. Elle se mordit les lèvres, craignant un peu le vacarme malgré le calme et la réassurance de Rose. Et effectivement, ses oreilles ne furent pas épargnées quand elle entra dans la pièce à la suite de son amie. Le silence se fit pourtant rapidement quand les enfants s'aperçurent qu'il y avait une nouvelle venue qu'ils ne connaissaient pas.

« Bonjour tout le monde, je suis Mabel... »

Elle se fit couper par des bonjours joyeux et des enfants criant leurs prénoms - de façon trop rapide pour qu'elle les retienne et sache à quel visage ils appartenaient. Elle sourit doucement, un peu mal à l'aise mais attendant qu'ils ne se calment d'eux-même.

« Et Rose a dû vous y préparer, mais je viens pour jouer et chanter avec vous sur de chansons de Disney ! »

Elle n'eut pas le temps d'aller plus loin qu'ils criaient déjà le nom de leur favorite, et le titre qu'elle entendait le plus lui fit prier que La Reine des Neiges ait perdu de sa popularité le temps que sa fille soit assez grande pour regarder des films d'animation en entier.

Elle s'installa donc dans la pièce, sortant sa guitare sous les yeux étonnés et curieux, avant de s'asseoir pour jouer les premières notes de Libérée, Délivrée.

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C'était fou, l'effet que la musique pouvait avoir sur les enfants. De troupe bruyante, ils étaient soudain devenu une petite chorale pas tout à fait harmonieuse, mais déjà bien plus agréable à écouter. Elle avait constaté rapidement que Rosalie  réagissait comme ça à la musique, arrêtant ce qu'elle faisait pour venir écouter sa mère - voire vocalisant plus ou moins un rythme ou choisissant quelque chose faisant du bruit pour accompagner la guitare. Mais elle s'était dit que la petite était juste particulièrement attirée par la musique, sans doute parce qu'elle avait été bercée depuis la grossesse par le son de la guitare.

Mais là, elle découvrait que ça fonctionnait à tout âge. Les enfants cherchaient à s'harmoniser entre eux, et ceux qui se trompaient dans les paroles semblaient ravis de découvrir que ça ne s'entendait pas, noyer parmi les voix des autres. Même Rose et sa collègue semblaient profiter de toute cette énergie.

Mabel enchaîna plusieurs chansons, avant de demander une pause, prétextant avoir la gorge sèche. Une petite aux longues boucles blondes s'empressa d'aller lui chercher un verre d'eau, avant de disparaître dans un autre coin de la pièce avec ses copains. La mannequin en profita pour se rapprocher de Rose et de sa collègue, fuyant un peu les enfants et leurs demandes parfois un peu irréalistes.

« Je vois que vous vous êtes autant amusées que les enfants ! » commenta-t-elle en souriant.

Quoique Rose, pétillante et énergique, était un peu comme un enfant elle-même. Mabel avait bien compris que la jeune femme cultivait cette partie d'elle, pleine d'impulsivité et loin des responsabilités. Elle le comprenait même un peu, surtout que c'était toujours plus sain que ce qu'elle avait fait elle pour éviter d'être trop adulte - le goût sucré des cocktails alcoolisés sur les lèvres, parfois la seule chose qu'elle ingurgitait de la journée...

« Finalement, vous n'aviez pas besoin de moi pour fonder une chorale avec les enfants. Vous vous débrouillez très bien toutes les deux » ajouta-t-elle.

Elle n'était pas sûre d'être une grande plus value. Surtout qu'elle n'avait pas spécialement le temps de s'investir dans ce genre d'activités avec son travail, et sa volonté de passer la majorité de son temps libre avec sa fille, ou dans des activités où elle pouvait l'impliquer. Rosie était encore trop petite pour aller n'importe où, elle en avait conscience - heureusement qu'elle avait été plutôt bien acceptée sur le tournage de Roaring, la série sur laquelle elle travaillait actuellement.

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« Enchantée Lindsay » répondit Mabel, avec un brin de réserve.

Elle n'était pas habituée à ce qu'on parle si bien d'elle dans son dos quand elle n'était pas là. C'était plutôt des commérages, voire des insultes, et peut-être encore plus depuis la sortie de la biographie de Rhett - un livre qu'elle avait bien envie de lui faire manger, vu toutes réactions négatives qu'elle se prenait à cause de lui.

« Il vous faudrait plus un prof de chorale qu'une musicienne pour vraiment bien les encadrer sur le chant » avoua-t-elle.

Elle savait jouer de la guitare, certes, et chanter aussi. Mais elle n'avait pas spécialement de capacités de pédagogue ou de professeur. Elle-même avait appris seule, en autodidacte, mais elle n'avait jamais été très douée pour retransmettre.

« Je suis désolée Rose, mais je ne pense pas pouvoir venir régulièrement. On a déjà mis des mois à réussir à caler une date... »

L'activité était agréable, elle n'allait pas dire le contraire. Même si c'était des enfants, et donc pas la tranche d'âge avec laquelle elle était la plus à l'aise. Mais son activité professionnelle allait prendre plus de place dans les mois à venir, sa manager lui ayant trouvé plusieurs castings qui semblaient bien fonctionner si elle en croyait les retours qu'elle commençait à avoir. Et surtout, c'était encore un moment où elle devait faire garder Rosie, alors qu'elle avait déjà l'impression de ne pas passer assez de temps à sa fille.

Les notes de musique qui s'élevèrent d'un coup lui firent tourner la tête, et elle se dépêcha de retourner vers son instrument, qu'elle avait laissé là où Rose avait tout installé pour l'activité. Mabel avait naïvement cru qu'à huit ou dix ans, les enfants seraient moins tenté de venir gratter une ou deux notes que sa fille de seize mois, mais elle avait apparemment été trop optimiste.

« Vous ne devriez pas toucher aux affaires des autres sans demander avant » dit-elle une fois qu'elle se fut rapprocher d'eux. « C'est un instrument de musique, c'est plus fragile que ce que vous pourriez croire. »

Les enfants ne semblaient pas reculer pour autant, même s'ils avaient arrêté de toucher aux cordes. Pas très sûre de comment réagir, Mabel releva les yeux vers Rose pour que la jeune femme vienne l'aider.

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Mabel hocha la tête quand Rose lui dit qu'elle la resolliciterai. Elle pouvait, bien évidemment, mais Mabel savait que les mois à venir allaient être chargés, avec le tournage de sa série qui allait commencer, plus différentes campagnes de publicité. Elle avait réussi à garder du temps pour Rosalie, qui restait sa priorité, mais elle n'était pas de pouvoir dégager d'autre temps libre. Surtout qu'elle aurait aimé pouvoir prendre des vacances avec sa fille, peut-être allé jusqu'à Londres, la présenter à ceux de ses amis qu'elle n'avait pas vu depuis son accouchement et qui voyait Rosie grandir par facetime.

Et les rendez-vous à l'association Beauregard allaient être compromis si sa guitare se retrouvait cassée dès le premier jour. Certes, elle avait les moyens d'en racheter une, mais au-delà de l'aspect financier, ses guitares avaient aussi une valeur sentimentale, et elle ne voulait pas en voir une réduite en cendres - même Rosalie, du haut de ses quinze mois, avait appris à y faire attention.

La menace de Rose les fit vite se rasseoir loin de la précieuse guitare, même si Mabel doutait que Rose ait vraiment mis sa menace à exécution. Elle aurait de toute façon bien vite craqué devant les bouilles des enfants !

« Est-ce que tu as déjà joué d'un instrument ? » demanda-t-elle à la petite Sasha, désireuse d'apprendre à jouer.

La petite se lança dans un véritable déroulé de ce qui devaient être des jouets pour enfants, si Mabel suivait bien toutes les explications. Le genre de jeux au bruit assez désagréable, qui l'avait vite poussée à retirer les piles - surtout le petit piano faisant un son de crécelle.

« Tu vas avoir du mal à tout faire d'un coup, parce que tes bras sont pas assez longs » commença-t-elle à dire, souriant quand Sasha essaya de tendre les bras comme si elle était Elastigirl.

Elle lui montra donc quelle corde bouger, tout en les pinçant à différents endroits, pour que Sasha puisse se rendre compte des différents sons. La petite sembla intéressée, bien que vite lassée par le fait qu'elle ne pouvait pas vraiment jouer de la guitare - une pour enfant aurait bien convenue, mais Mabel n'était pas sûre qu'il y en ait à l'association.

« On reprend ? » proposa-t-elle.

Elle partit cette fois sur des chansons de Disney plus anciennes, celles que Rose et elle avaient écouté enfant ou adolescente. La plupart des enfants connaissaient quand même bien l'air et les paroles, entonnant avec joie les chansons.

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Les enfants semblaient apprécier l'instant musical, plutôt plein d'entrain pour la rejoindre et chanter à plein poumons, sans se demander s'ils chantaient faux ou non. Un changement amusant pour elle qui était habituée aux adolescents, bien plus conscients de tout ça, et qui se contentaient au mieux de fredonner.

L'attention semblait pourtant se dissiper, les petits chantant moins, voire commençant à regarder autour d'eux. L'un d'eux alla même voir Rose alors qu'elle approchait de la fin du morceau qu'elle était en train de jouer, et elle comprit vite pourquoi quand la jeune femme annonça l'heure du goûter. L'estomac vide ne les aidaient donc pas à rester focaliser, et elle sourit en les voyant se presser pour aller chercher de quoi manger, avec une impatience qu'elle avait vu chez Rosalie et qui lui semblait donc appartenir aux bambins !

Mabel allait reposer sa guitare, et se rapprocher des enfants, quand Rose et sa collègue arrivèrent avec un gâteau orné de bougies. Un anniversaire, sans doute celui du petit garçon qui s'était collé à Rose, vu les regards entendus des autres. Sur un signe de tête de la jeune femme, Mabel commença d'ailleurs à jouer les notes de "Joyeux anniversaire", même si elle n'était pas très sûre d'être entendue au milieu du vacarme de toutes les voix mêlées.

La chanson finit par se terminer et chacun se rua à une place. Ils souriaient tous, manifestement ravis d'avoir du gâteaux, et tous pressés, maintenant que Sam avait été célébré. Mabel reposa sa guitare, refermant l'étui pour éviter que d'autres petites mains ne viennent tenter de jouer avec, avant de s'approcher de la table du goûter.

« Joyeux anniversaire, Sam ! » lui souhaita-t-elle alors que le héros du jour recevait la première part de gâteau.

Elle chercha ensuite Rose ou Lindsay des yeux, pour savoir s'il y avait du thé ou du café de prévu pour les adultes. Elle avait la bouche sèche d'avoir chanté si longtemps, et les jus de fruits ne la tenaient vraiment pas, elle qui ne mangeait plus tellement de choses sucrées.

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Mabel accepta le thé que lui proposa Rose, s'échappant avec joie du chocolat et des jus de fruits, qu'elle n'avait jamais apprécié. Elle ne s'y connaissait pas assez pour choisir son parfum, optant pour un sachet bleu nuit sans trop savoir sur quoi elle allait tomber. Elle prépara sa tasse pendant que Rose faisait chauffer l'eau, avant de se retrouver avec la chaleur réconfortante entre ses mains. Autour d'elles, une majorité d'enfants semblaient avoir fini le goûter, certains commençant à jouer tandis que d'autres cherchaient à récupérer les parts restantes. Des sourires chocolatés au visage, ils avaient tous l'air ravi.

« Je pense que le chocolat a fait plus que moi » répondit-elle, sans fausse modestie. « La musique c'est bien, mais le gâteau ça rassemble encore plus ! »

Elle le savait d'expérience, surtout depuis que Rosie avait débuté la diversification. Les compotes de pomme et les boudoirs la mettaient en joie - et encore, Mabel n'avait pas vraiment intégré d'autres sortes de gâteau, se contentant de la laisser grignoter ses biscuits comme elle pouvait avec ses quelques dents.

« Je suis sûre qu'ils sont tout aussi ravis, quelle que soit l'activité proposée ! »

A cet âge-là, il ne fallait pas grand chose pour les mettre en joie, que ce soit une activité musicale ou quelque chose de plus créatif, comme de la peinture ou du dessin. Les enfants étaient faciles à distraire, même s'il fallait savoir garder leur attention pleine et entière - Mabel préférait laisser ça à d'autres, plus expérimentés dans l'animation. Quoi que l'attrait pour la nouveauté, et pour le fait de voir un instrument de près, semblait avoir plutôt bien fonctionné cette fois-là.

« Les anniversaires, c'est toujours chouette quand on est enfant ! »

Peut-être encore plus pour des enfants malades, avec des pronostics parfois mal engagés. Il leur fallait ces souvenirs heureux pour affronter la maladie, et les longs couloirs trop blancs de l'hôpital. Des petits temps de rires et d'innocence, pour pouvoir affronter tout le reste.

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« Pourtant, je t'assure qu'il y a une période où ils aiment le rangement et le ménage ! Je suis en plein dedans avec Rosie ! »

Peut-être parce que du haut de son année et demi, Rosalie commençait à apprendre par l'imitation et prenait donc plaisir à faire les poussières ou courir derrière l'aspirateur quand sa mère faisait le ménage. De même qu'elle n'avait aucun problème à ranger un jeu pour prendre le suivant si elle voyait que l'adulte avec elle le faisait. Un trait qui visiblement était vite oublié en grandissant...

Pour un peu, Mabel aurait préféré une activité rangement à son propre anniversaire. Elle ne le fêtait plus - elle postait quelques mots de remerciements à ses fans sur ses réseaux sociaux, et des messages plus personnalisés à son entourage, mais c'était tout.

« Le mien est en août, mais je ne le fête pas » répondit-elle quand même à Rose. « Je crois que Rosie a eu une plus grosse fête que moi ! »

Parce que c'était son premier anniversaire, et qu'il fallait marquer le coup, même si ça tombait en même temps que Noël - Mabel avait prévu la chose et l'avait fêté la semaine précédente, histoire que sa fille ait quand même deux célébrations.

« Enfin, elle, elle en aura pas beaucoup de souvenirs, mais j'ai plein de photos toutes mignonnes ! »

De celles qu'elle avait eu envie d'accrocher partout chez elle, pour admirer ces petites joues toutes roses, et ce grand sourire ravi en découvrant le gâteau. A croquer, vraiment, mais elle savait aussi ne pas être objective quand ça concernait sa fille.