| Across the ocean (Vittorio) |
| | (#)Sam 22 Avr 2023 - 15:38 | |
| La séance de cours collectif de boxe américaine touche à sa fin, et Mila est convaincue que ce n’est pas un sport pour elle : trop de violence, trop de risques de se blesser et d’abîmer son corps sublime et son magnifique visage. Or, elle mise beaucoup sur son physique, à défaut de pouvoir miser sur ses diplômes ou son intelligence. Elle est loin d’être stupide, est même au contraire plutôt futée, et très cultivée, mais ce n’est rien par rapport à sa sœur aînée Gaïa, qui brille par son esprit aiguisé et sa plume affutée. D’ailleurs, Gaïa a toujours semblé exceller dans tous les domaines, éblouissant par ses nombreux talents, et ne laissant à sa sœur que la possibilité d’évoluer dans l’ombre. La benjamine semble cependant en capacité de rivaliser avec la journaliste sur un élément : le physique. Il est donc hors de question pour Mila de risquer d’endommager ses traits fins avec une ecchymose disgracieuse. La brunette s’étire avec application, suivant les indications du coach, Vittorio, le copain de sa sœur. A défaut d’avoir brillé sur le ring, elle tente de se rattraper ici, montrant à tous sa souplesse et mettant en avant ses courbes. Son brassière et son legging, ultra moulants, ne laissent pas beaucoup de place à l’imagination et quand Vitto sonne la fin du cours, la brunette tire discrètement sur sa brassière pour accroître son décolleté. Son teint hâlé est mis en valeur par ses vêtements blancs, et elle plaque sur son visage son plus sourire en s’approchant du coach. « Santo cielo, c’était intense ! » Elle utilise un peu d’italien, laisse son accent méditerranéen ressortir sur la partie en anglais. Elle tente de semer des indices, Vittorio ne semblant pas l’avoir reconnu. Elle est vexée, Mila. Une nouvelle fois, le coach semble lui rappeler une vérité absolue : à côté de sa sœur, elle passe inaperçue. Elle est pourtant Mila Salvatori et pour beaucoup d’hommes, elle est inoubliable ! Mais visiblement pas pour ceux dont le cœur a été conquis par Gaïa. Et si elle n’était pas venue pour draguer l’italien et tenter de faire capoter le couple de sa sœur, par vengeance et par amusement, elle aurait déjà snobé le Giovinazzo et tourné les talons. « Je suis très impressionnée par la puissance et la précision de vos coups ! C’était incroyable ! » Elle bat des cils, complimente Vittorio sur ses attributs masculins : sa force et sa réussite professionnelle en tant que coach. Elle tente de le brosser dans le sens du poil, mais ne se sent pas très à l’aise. D’habitude, ses compliments sont plus pertinents et plus développés. Elle a plus de facilité à broder quand elle connait le sujet dont elle parle, et la boxe n’en clairement pas partie. « Tu as appris à boxer comme ça en arrivant à Brisbane, ou ça date de ton passage au bureau du Procureur ? » Un sourire amusé a pris place sur les traits de la brunette. Elle a fait ses recherches, sait qui il est, connaît des éléments de son passé. Elle ne sait cependant pas si lui a fait le rapprochement. Elle hésite à se présenter, mais préfère laisser encore un peu de suspense, ou une chance à Vitto de la reconnaître. S’il finit par se souvenir d’elle avant qu’elle ne décline son identité, promis, elle pourrait être plus sympathique et moins diabolique. Elle portait pourtant une robe magnifique au mariage de son frère, là où ils se sont rencontrés, il y a quelques années. Elle était rayonnante, même étouffée par l’envie et la jalousie. |
| | | | (#)Ven 7 Juil 2023 - 3:04 | |
| You saw me standing by the wall, corner of a main street, and the lights are flashing on your window sill. All alone ain't much fun, so you're looking for the thrill, and you know just what it takes and where to go. ☆☆A chaque embryon de ce qui pouvait ressembler à une habitude, la réaction de Vittorio était toujours la même : se demander par quoi ou par qui les choses finiraient par dégénérer. Il n’avait jamais le droit à la tranquillité, ou tout du moins c’était ce que sa paranoïa latente était parvenue à imprimer dans son esprit de façon indélébile – il y aurait toujours une lettre de menace, un article assassin, un frère à récupérer au poste de police ou une colocataire au nez dans la poudre pour venir gâcher l’illusion d’apaisement qu’il tentait de se créer, et à force de désillusions l’italien avait cessé d’essayer. Ainsi, chaque fois qu’il partait le matin en échangeant une dernière caresse sur le crâne de Brusco et un dernier baiser au goût de caféine avec Gaïa et sentait qu’il pourrait vraiment s’y habituer, il se sentait obligé d’échafauder mille et un scénarios pouvant mener à la fin de ce status quo. Si les choses allaient bien, alors elles allaient trop bien : voilà la vérité, et le napolitain parvenait à se fatiguer lui-même de ne pas savoir seulement apprécier la simplicité du nouveau quotidien que sa moitié et lui se créaient tranquillement, maintenant qu’ils partageaient officiellement un toit et une adresse. Des réflexions pessimistes et désabusées qu’il gardait bien évidemment pour lui, et qui ne l’avaient pas empêché, encore ce matin-là, de déposer sur les lèvres de la jeune femme le même baiser que la veille et tous les jours précédents, et de penser déjà à celui qu’ils échangeraient à son retour du Dojo le soir venu. Profitant de la lumière qu’offrait l’immense baie vitrée du rez-de-chaussée, quelques élèves immortalisaient d’un selfie la fin du cours collectif dans la plus pure tradition des sportifs débutants et encore plein de bonnes résolutions, et prenant sur lui de ne pas rouler des yeux puisque cela n’était pas pRoFeSsIoNeL l’italien avait pris son mal en patience, mais pas attendu que tout ce petit monde quitte la salle pour terminer de ranger et jeter un coup d’oeil à sa montre. Il donnait un cours particulier dans une heure mais n’avait rien de prévu d’ici là – en cherchant on trouvait toujours de quoi s’occuper, c’était ce qu’aurait dit Donnie s’il avait été là, mais le bonhomme n’étant pas là pour lui chercher des poux Vitto entendait bien occuper ce temps comme bon lui semblait, autrement dit dans son bureau, près de la machine à café qu’il ne partageait qu’avec ceux qu’il estimait en être dignes. Dans sa vision périphérique, une silhouette féminine s’était néanmoins frayée un chemin dans sa direction, et déjà la jeune femme se fendait d’un « Santo cielo, c’était intense ! » avec au moins l’assurance de s’attirer par le choix de la langue l’entière attention de son interlocuteur. Affublé de son habituel brin de méfiance, le napolitain avait jaugé l’inconnue des pieds à la tête pourtant sans y mettre toute son attention, et y voyant probablement une perche au fait de poursuivre dans la même direction celle-ci avait aussitôt enchaîné « Je suis très impressionnée par la puissance et la précision de vos coups ! C’était incroyable ! » avec dans la voix une tendance à la minauderie qu’il avait presque la sensation d’avoir déjà entendu ailleurs. « Je ne marche pas à la flatterie, carina. Même avec les compatriotes. » avait-il alors menti avec assurance, croisant les bras comme pour faire passer subtilement son message : il n’était pas d’humeur à bavarder, quand bien même l’accent chantant aurait normalement suffit à lui faire revoir ses certitudes. « Il vous fallait quelque chose ? Un renseignement ? » Prenant une grande respiration par le nez, il avait tenté de retrouver une allure plus professionnelle ; Le café dont il rêvait ne s’envolerait pas sous prétexte qu’il le boirait dix minutes plus tard, et conserver la clientèle encore trop jeune pour être fidèle était un travail de tous les instants. Bien mal lui en avait pris cependant, car si la boxeuse en herbe avait bien une question, elle se situait bien loin de là où Vittorio l’attendait, et lui avait échappé d’un ton narquois « Tu as appris à boxer comme ça en arrivant à Brisbane, ou ça date de ton passage au bureau du procureur ? » tout en battant des cils. Allons bon. Le visage désormais bel et bien fermé, il avait rétorqué d’un ton mauvais « Je n’aime pas ne pas savoir à qui j’ai affaire … et j’aime encore moins qu’on se paie ma tête. » et tenté de rattraper à toute vitesse ce qu’il aurait dû faire dès le départ : se creuser les méninges pour savoir non plus si il avait déjà eu affaire à son interlocutrice, mais où il avait déjà eu affaire à elle. Elle n’avait pas l’allure des adolescentes qu’il aurait déjà croisé lorsqu’il foulait encore le pavé du tribunal Via Lepanto, et paraissait trop jeune pour avoir été autre chose qu’à peine majeure lorsqu’il avait traversé le globe pour venir s’enterrer ici. Trop maniérée aussi pour venir de la même fange dans laquelle ses frères et lui avaient grandis, elle n’en avait même pas l’accent, et malgré tout quelque chose dans son intonation sonnait trop familier pour ne pas lui donner une impression de déjà-vu : elle piquait ses fins de phrases et appuyaient ses voyelles presque comme Gaïa le faisait. Non, exactement comme Gaïa le faisait, et son visage trahissant cette réalisation soudaine, il n’avait su que s’empêcher au dernier moment d’appuyer sa surprise par des mots, et avait tenté de retrouver une contenance en questionnant « L’oiseau a l’air d’être tombé un peu loin de son nid, uh ? » d’un ton narquois, l’esprit déjà occupé à se demander pour quelle sombre raison Gaïa avait décidé de lui cacher la présence en terres australes d’une Salvatori qui, aux dernières nouvelles, était bien implantée dans leur Campanie natale.
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| | | | (#)Sam 5 Aoû 2023 - 14:10 | |
| La séance de sport traînait en longueur et, alors que les minutes semblaient s’étirer inlassablement, Mila douta un instant des raisons de sa présence ici. Oh, elle était bien sportive, mais avait une large préférence pour la course à pied ou le surf. A un moment, sa motivation flancha, et elle faillit attraper sa gourde, sa serviette, et prendre la poudre d’escampette. Puis elle se rappela les raisons de sa présence ici : agacer sa sœur. Soudain, la fatigue se fit moins écrasante, et l’italienne trouva le courage d’aller jusqu’au bout de la séance. La session de torture avait enfin pris fin, et Mila attendait désespérément que les retardataires quittent la salle pour aller minauder devant Vittorio. Elle usa de l’italien et complimenta sa technique et sa puissance. Pourtant, non seulement le coach ne semblait pas l’avoir reconnu, mais en plus, il l’envoya balader en quelques mots déplaisants. « Je ne marche pas à la flatterie, carina. Même avec les compatriotes. » Mila réprima un rire, se contentant de hausser un sourcil parfaitement dessiné alors qu’un sourire amusé se peignait sur ses traits : tous les hommes marchaient à la flatterie, surtout quand on encensait leur force, leur musculature, ou toutes ces choses que devaient affectionner un coach sportif. « Il vous fallait quelque chose ? Un renseignement ? » On sentait le commercial, l’homme qui était payé pour attirer les membres et les garder. En un sens, cela rassura la brunette : il était finalement plus ou moins obligé de lui parler et d’être agréable avec elle. Plus ou moins, certes, mais c’était mieux que rien. « A boire ? Ma gourde est vide. » Elle fit la moue, comme si c’était la chose la plus triste au monde, exagérant comme habituellement. Elle s’éventa avec sa main pour souligner à quel point il faisait chaud. « Tu m’offres quelque chose ? » Pitié, qu’il ne lui dise pas qu’il y avait un distributeur près des vestiaires, ou elle risquait de se demander sérieusement ce que sa sœur lui trouvait. Pour l’instant, à part son physique avantageux, elle avait du mal à voir comment le bel italien avait pu conquérir le cœur de la fille parfaite, celle qui avait fini par délaisser sa famille pour un ancien procureur aux fréquentations douteuses. La conversation se poursuivait, les minutes défilaient et pourtant, Vittorio ne semblait toujours pas la reconnaître. A vrai dire, il ne semblait même pas chercher. Un simple regard semblait avoir suffi à ce qu’il se fasse une idée : ils ne s’étaient jamais vus, et elle n’était qu’une élève, une cliente, à qui il devait un minimum d’amabilité. La patience de Mila flancha, et son côté peste ressortit nettement dans la question suivante qu’elle posa au jeune homme. Elle mentionna son bref passage au sein du bureau du procureur, lui indiquant ainsi qu’elle savait qui il était, et qu’il devrait lui aussi savoir qui elle était. Le visage fermé, le ton glacial, il s’était contenté de répondre. « Je n’aime pas ne pas savoir à qui j’ai affaire … et j’aime encore moins qu’on se paie ma tête. » Mila laissa échapper un soupire théâtral et se hissa sur le bureau de Vitto, y posant ses fesses. Son ton était aussi froid que celui du coach lorsqu’elle reprit. « Et moi, je n’aime pas qu’on me fasse croire que je suis oubliable … » Parce qu’elle voulait être inoubliable ! Parce qu’elle devait être inoubliable ! Elle voulait qu’on se rappelle d’elle, de sa beauté, de son intelligence, de son humour ! Elle ne voulait pas être dissimulée entre les pages d’un roman, comme un personnage secondaire qui disparaissait dès que l’héroïne faisait son entrée. Tapotant sur le bureau du bout des doigts, elle observait Vitto qui enfin la détaillait. Il aurait dû le faire dès qu’elle s’était approchée de lui et lui avait fait les yeux doux. Il aurait dû réagir comme tous les hommes, laisser son regard courir sur ses courbes et se remémorer leur rencontre. Les yeux bleus de Mila lançaient des éclairs alors que les secondes s’étiraient, accroissant sa mauvaise humeur toujours davantage. « L’oiseau a l’air d’être tombé un peu loin de son nid, uh ? » Félicitations, le coach avait réussi à connecter ses deux seuls neurones pour retrouver la mémoire ! Le visage de Mila exprimait toute sa colère et son mépris, vexée d’avoir été une nouvelle fois oubliée au profit de sa sœur, reléguée au second rang. « Faut croire que l’Australie a un côté attirant pour les Salvatori … même si pour l’instant, je le cherche encore. » Sans aucune gêne, elle laissa ses yeux détailler le corps du copain de sa sœur, admirant sans ciller le corps sportif et musclé qui était devant elle. « Je crois pourtant qu’en réalité, rien ne vaut le charme italien, non ? » Un sourire charmeur illuminait à nouveau de la jeune femme : elle avait beau être vexée, elle n’en oubliait pas moins la raison de sa présence ici. Elle imaginait déjà la conversation que les amoureux auraient le soir venu, dans l’intimité de leur demeure. Elle pouvait presque entendre les questions de sa sœur, alors que son copain lui avouerait avoir croisé la route de sa sœur, celle qui charmait à outrance et tentait de mettre les hommes qui pouvaient lui apporter quelque chose dans son lit. Elle ne voulait qu’une chose : que, pour une fois, sa sœur soit jalouse d’elle. « Alors comme ça, Gaïa et toi avez décidé de partager une armoire ? C’est sans doute pour le mieux, il n’y a pas meilleur pour apprendre à réellement connaître quelqu’un. Et Dieu sait que Gaïa n’est pas facile à vivre … » Elle affichait une mine contrite, comme si elle compatissait avec la peine de Vitto, dissimulant ses airs de peste derrière un regard empli d’empathie. |
| | | | (#)Dim 1 Oct 2023 - 2:50 | |
| You saw me standing by the wall, corner of a main street, and the lights are flashing on your window sill. All alone ain't much fun, so you're looking for the thrill, and you know just what it takes and where to go. ☆☆N’aurait été d’avis que celui de Vittorio, le dojo aurait depuis longtemps recentré son activité sur des pratiques moins tout public, et de fil en aiguille la présence féminine se serait amoindrie à mesure que la gente masculine aurait marqué son territoire sans vergogne dans les locaux. Mais peu importe la latitude que lui laissait Donnie depuis qu’il lui avait confié la gestion du Dojo, l’italien ne restait qu’un exécutant, dans l’impossibilité la plus totale d’apporter des changements en profondeur sans l’aval du grand chef. Aussi prenait-il son mal en patience, et tâchait-il de faire bonne figure en dispensant des cours pour midinettes en legging fluo, quand tout ce dont il rêvait secrètement était plutôt de découvrir un futur grand nom du ring. Un rêve sans doute illusoire, car aucun australien n’avait marqué l’histoire de la boxe au sens qu’il trouvait noble – un défaut de plus à la longue liste de ceux que Vittorio comptait à ce pays de malheur. Et à défaut de l'intéresser sincèrement, l’accent chantant de la “midinette en legging” venue l’alpaguer à la sortie de la leçon avait au moins eu le mérite de le faire se sentir chez lui l’espace d’une demi-seconde, un luxe dont il s’était délecté un bref instant avant que le naturel ne revienne au galop : il détestait jouer les commerciaux de première cordée. « A boire ? Ma gourde est vide. Tu m’offres quelque chose ? » J’ai connu des clébards plus subtils en reniflant le derrière de leurs congénères, voilà ce qu’il aurait voulu répondre si des années de pratique ne lui avaient pas appris à tourner mille fois sa langue dans sa bouche. Au lieu de cela, et toujours armé de ce sourire artificiellement aimable, il avait désigné du menton la porte par laquelle le reste des élèves étaient sortis. « Il y a une fontaine à eau à l’entrée, près du distributeur. » Elle le savait, il le savait, il n’était pas né de la dernière pluie et elle perdait son temps. Du moins l’avait-il pensé jusqu’à ce qu’elle appuie sur le bon bouton, et ne pique son égo autant que sa méfiance en mentionnant une carrière avortée dont il ne parlait que très peu, depuis que plusieurs océans le séparaient du palais de justice romain où il avait un temps eu ses quartiers. Vittorio en avait fini de jouer, et le manège de l’inconnue ne l’amusait pas. « Et moi, je n’aime pas qu’on me fasse croire que je suis oubliable … » Inconnue qui n’en était pas réellement une, il l’avait bien compris, quand bien même les points ne s’étaient pas reliés aussi vite que l’un et l’autre l’auraient souhaité, pour des motifs bien différents. « Alors c’est peut-être une question d’attitude. » n’avait-il dès lors pas pu s’empêcher de rétorquer, certain qu’elle aurait gagné au change à ne pas se comporter comme la grande majorité des greluches déjà venues l’aborder à la sortie d’un cours. Elle gagnait au moins le fait d’avoir suffisamment dépoussiéré les souvenirs de l’italien pour que l’évidence ne lui saute enfin aux yeux : évidemment qu’il la connaissait, et ce fait désormais établi la menace qu’elle représentait venait de redescendre à un niveau anecdotique. « Faut croire que l’Australie a un côté attirant pour les Salvatori … même si pour l’instant, je le cherche encore. » Presque malgré lui, la remarque était parvenue à lui arracher un sourire entendu tandis qu’il entassait les tapis dans un coin et donnait un coup de talon dans ce qui dépassait pour tout remettre en ordre. « Je crois pourtant qu’en réalité, rien ne vaut le charme italien, non ? » Les mains pointant dans la direction de la jeune femme de manière un peu théâtrale, il avait poussé le cliché de son accent italien au paroxysme pour rétorquer « And still, there you are. » dans un anglais dont l’un et l’autre se passeraient volontiers pour la suite de la conversation. Les occasions pour Vittorio de montrer toute la nuance de son vocabulaire dans sa langue natale ne se résumaient qu’à Gaïa, et parfois cela semblait trop peu. « Si t’as besoin d’un guide touristique tu devrais plutôt voir ça avec ta sœur, c’est elle la pro pour trouver des qualités à ce caillou. » A ses yeux l’Australie n’était que cela, un caillou sans charme. Prenant désormais pour acquis que son interlocuteur ne la chasserait plus, maintenant que son identité n’était plus un mystère, la jeune femme avait pris ses aises et poussé la minauderie à un niveau encore supérieur, s’armant d’un ton moqueur au moment de mentionner à son tour la Salvatori qu’ils avaient en commun. « Alors comme ça, Gaïa et toi avez décidé de partager une armoire ? C’est sans doute pour le mieux, il n’y a pas meilleur pour apprendre à réellement connaître quelqu’un. Et Dieu sait que Gaïa n’est pas facile à vivre … » La vérité c’est que Vittorio ne comprenait pas. La relation qu’entretenait Gaïa avec ses frères et sœurs demeurait un mystère à ses yeux, tant leurs schémas familiaux n’étaient comparables sur aucun point. Vitto n’était pas tendre avec Nino, il ne s’en cachait pas, mais jamais rien de ce qu’il distillait à son sujet ne l’était gratuitement, ni ne venait sans que son frère n’ait d’abord amorcé la colère et l’agacement chez lui. Mila, au contraire, semblait se délecter de dépeindre un portrait peu flatteur de son aînée, pour des raisons que l’italien peinait à s’expliquer. « Et tu le tiens de ton expérience sous le même toit qu’elle vieille de … quoi, quinze ans ? Merci du tuyau, j’suis un grand garçon, ça devrait aller. » La cadette arrivait de toute façon un peu tard pour jouer les Cassandre. Et maintenant qu’il prenait le temps d’y penser, une question aurait théoriquement dû lui venir avant toutes les autres, aussi avait-il fait remarquer « Je ne crois pas me souvenir que Gaïa m’ait mentionné que sa famille lui rendait visite. » Oh, il était même certain que si sa moitié avait mentionné sa famille de quelque manière que ce soit, l’information ne serait pas ressortie de la seconde oreille après être entrée par la première.
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| | | | (#)Lun 9 Oct 2023 - 16:06 | |
| L’échange se poursuivait et pourtant, Vittorio ne semblait toujours pas reconnaître la Salvatori. Elle avait pourtant usé de l’italien pour lui donner un indice, même si son accent chantant aurait suffi à trahir ses origines. Pourtant, le coach semblait incapable de connecter ses neurones et ne faisait aucun effort pour chercher. Mila commençait à s’agacer. Il commençait à l’agacer, et elle dut faire preuve de patience pour ne pas s’énerver et continuer à le charmer comme ses petites écervelées qui voulaient draguer le beau coach à la fin du cours. Elle faisait traîner la conversation, trouvait des prétextes pour ne pas s’en aller et continuer à échanger, alors que Vitto lui opposait une amabilité feinte, celle d’un commercial qui ne doit pas chasser une cliente. Elle réclama à boire et ce qu’elle craignait arriva quand il lui indiqua qu’elle pouvait aller se servir plus loin. « Il y a une fontaine à eau à l’entrée, près du distributeur. » Et alors qu’il arborait un sourire de façade, la mâchoire de Mila se crispa et ses yeux lancèrent des éclairs. S’il semblait capable de prétendre plus longtemps qu’elle, sans doute motivé par sa carrière insipide au sein de cette salle de sport minable, l’italienne, elle, perdait patience. Et elle avait du mal à comprendre comment sa sœur parfaite avait pu abandonner Sorrento pour un type comme lui. Certes, il était beau et musclé, mais un corps de rêve ne pouvait pas justifier que l’on change de continent. Il n’était pas riche, puisqu’il devait travailler dans cet endroit qui sentait la transpiration. Il n’était visiblement pas aimable. Alors qu’avait-il donc qui avait tant attiré son aînée ? Les fesses sur le bureau installé dans un coin de la salle, la brunette tapotait le meuble bon marché du bout des doigts, en rythme, soulignant son agacement : qu’il se dépêche de la reconnaître, où elle allait réellement finir par s’agacer. Enfin, il sembla retrouver la mémoire. Pas assez rapidement pour qu’elle n’en prenne pas ombrage pour autant. Elle n’oublia cependant pas la raison de sa venue ici, faire enrager sa sœur, et la voilà qui reprend son petit numéro de charme en draguant plutôt sagement Vitto, encensant les qualités des italiens. « And still, there you are. » Et elle se demandait souvent pourquoi elle ne retournait pas chez elle, auprès de ses frères, de sa famille, dans le domaine des Salvatori. Elle se questionnait souvent, se demandant si elle rentrerait quand elle aurait épongé ses dettes. Ou bien s’était-elle elle aussi laissée convaincre par l’amour, celui qu’elle portait à son patron ? Ou bien était-ce la présence de son mari sur le continent australien qui lui faisait revivre avec nostalgie ses folles années qui lui manquaient tant ? « Si t’as besoin d’un guide touristique tu devrais plutôt voir ça avec ta sœur, c’est elle la pro pour trouver des qualités à ce caillou. » A ces mots, Mila laissa échapper un petit rire. « Mouais, pas qu’à ce caillou visiblement … » Elle répliqua de suite, laissa son regard bleuté détailler à nouveau Vitto de bas en haut, afin de faire comprendre au coach qu’elle parlait clairement de lui : sérieusement, qu’est-ce que sa sœur lui trouvait ?! Dans tous les cas, cette dernière semblait heureuse avec son ancien procureur, c’était en tout cas ce qui ressortait des derniers échanges de Mila avec sa famille. Alors, bien évidemment, bien décidée à venir perturber le bonheur de son aînée, la plus jeune critiqua Gaïa et son fort caractère, espérant ébranler le coach qui commençait à peine à vivre avec sa sœur. « Et tu le tiens de ton expérience sous le même toit qu’elle vieille de … quoi, quinze ans ? Merci du tuyau, j’suis un grand garçon, ça devrait aller. » Une nouvelle fois, un petit rire amer franchit les lèvres de la brunette sans qu’elle ne puisse le retenir. « Ho oui, un grand garçon qui fait des choix très pertinents, notamment en termes de plan de carrière ou de caillou pour s’installer ! » Il semblait être la sagesse et la réussite incarnée, et maintenant qu’il semblait clair qu’il était insensible aux charmes de Mila et à ses tentatives de drague, elle ne se gênerait pas pour instiller également son poison dans l’esprit de l’italien. « Je ne crois pas me souvenir que Gaïa m’ait mentionné que sa famille lui rendait visite. » Mila haussa un sourcil parfaitement dessiné, surprise de cette affirmation tardive : décidément, le coach n’avait pas l’air d’avoir les neurones bien connectés. Etait-il né aussi lent, ou avait-il pris trop de coups depuis son arrivée dans cette salle miteuse ? Prenant dans tous les cas cette assertion comme sa porte de sortie, la jeune femme descendit du bureau, affichant un sourire innocent. « Ha oui ? Elle a dû oublier. » Ils savaient tous les deux que c’était faux, mais la jeune femme était loin de s’en formaliser. « Tu lui passeras le bonjour de ma part, d’ailleurs. Je suis sûre qu’elle sera ravie de savoir qu’on a pu se croiser. » Non, du tout, et Mila comptait bien sur ça : que Gaïa écume de rage et de jalousie. |
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