| (craker #30) stumbling in the dark |
| | (#)Mer 26 Avr 2023 - 22:41 | |
| En une bouffée, la nicotine vient me brûler les poumons dans une sensation familière qui vient apaiser la tempête de mes pensées. Adossé au mur de la maison, mon regard se perd dans le vide, les paroles de ma mère se rejouant en boucle comme une mélodie entêtante. « Je suis malade Wyatt. » Trois mots qui brisent tout. La semaine dernière, on venait lui annoncer qu’elle allait être à nouveau grand-mère et aujourd’hui elle m’apprend qu’elle n’aura peut-être pas le temps de voir naître mon deuxième enfant. On trouvait enfin un équilibre sans aucun reproche d’un côté ou de l’autre, notre relation devenait enfin celle d’une mère et de son fils et rien n’allait pouvoir durer. Tant bien que mal, je cherche à ravaler la boule qui s’est formée dans le fond de ma gorgée, la noyant à grand coup de bouffée de cigarette. Le mégot à peine consumé, je me précipite pour en allumer une nouvelle, mes doigts tremblant contre le briquet. Cela ne devait pas se dérouler ainsi, on devait avoir le temps de se réparer, elle devait pouvoir profiter de ses petits-enfants comme elle n’avait pas su profiter de nous. Je n’ai entendu que la moitié du diagnostic annoncer, mon cerveau ayant opéré un blocage complet dès l’instant où ma mère m’a fait comprendre que son cancer ressemblait en tout point à celui qui avait emporté sa sœur quelques années auparavant. Il n’y a pas eu de véritable conversation, elle m’a dit avoir rendez-vous avec plusieurs médecins, elle a évoqué la volonté de se battre, mais tout ce que j’ai entendu, c’est que ma mère était malade et qu’importe le nombre de cigarettes que j’allais fumer sur sa terrasse cela ne changerait pas. Ses doigts vinrent m’arracher mon mégot avant de le jeter dans le cendrier. « Rentre chez toi mon garçon. » Le regard toujours vrillé sur l’avant, je sens la main de ma mère qui vient frôler ma joue. « On parlera à Leo plus tard, prend quelques jours. » Quelques jours pour digérer l’information avant de devoir dire à ma cousine que la deuxième personne qui a toujours veillé sur elle allait probablement nous quitter de manière prématurée. Je hoche la tête avant de me pencher vers l’avant pour enrouler mes bras autour de ses épaules, à défaut de trouver le courage de dire quoi que ce soit, ma voix pouvant à tout moment venir trahir mes émotions. « Tu fais attention en rentrant. » - « Promis maman. » J’ai la sensation d’être un petit garçon qui promet à sa mère de ne pas faire de bêtises. Je voudrais lui promettre ça des années encore s’il le fallait, pour que rien ne change.
Le trajet me paraît interminable et en même temps, je n’ai aucune envie de grimper les escaliers qui me ramèneront auprès de Rosalie et Gabriel. Alors une fois devant notre immeuble, je prends une pause, pour m’allumer une énième cigarette comme si me détruire les poumons allait changer quelque chose. Les explications de ma mère se rejouent comme un disque rayé dans un coin de ma tête, venant envahir toutes mes pensées, me laissant assis sur le muret de la résidence, le regard perdu dans le vide. Rien ne fais sens, j’ai beau tout retourné sous tous les angles, rien ne vient justifier ce qui viens de nous tomber dessus. J’étais sur le point de m’allumer une deuxième clope avant que mon regard se pose sur ma montre. À cette heure-ci Rosalie a déjà préparé le repas de Gabriel, il allait passer à table et après viendrait la routine du soir. Si je l’ai parfois manqué à cause du travail, ce soir, je n’ai pas l’intention de louper ce moment. Alors j’abandonne mon mégot et me décide enfin à rejoindre ma famille qui m’attend depuis des heures.
Dans le couloir, je prends une seconde pour lisser mon expression. Rien ne doit se voir, je n’ai pas le courage d’entamer cette conversation maintenant, qu’importe tout ce que j’avais pu promettre à Rosalie. Plus tard, mais pas maintenant. Je peins un léger sourire sur mes lèvres avant de faire tourner ma clé dans la serrure et de me faire accueillir par mon garçon qui débarque en trottant. « Dada ! » Le meilleur des accueils, celui dont je ne pourrais plus me passer désormais. Pourtant, c’est avec un pincement au cœur que je viens prendre mon fils dans mes bras. Il m’offre un bisou baveux et je me racle la gorge pour ne pas laisser les émotions me gagner. Évidemment, Gabriel ne compte pas s’éterniser et il veut rapidement retourner à ses jouets. J’en profite pour me glisser dans la cuisine et retrouver Rosalie qui est en train de préparer son assiette. « Bonjour vous. » Le nouveau rituel veut que je vienne embrasser ses lèvres avant de me pencher pour embrasser la légère bump qui commence à se dessiner sous son tee-shirt. Tout est normal, un soir comme les autres.
Ou presque. Je suis incapable de suivre la moindre conversation. J’entends ce que me dit Rosalie, mais je réponds à côté ou d’un simple mot, parce que mon esprit ne sais plus se défaire de la nouvelle et tout ce qui hurle dans ma tête, c’est que ma mère est malade. Je prétends être présent, mais mon esprit est loin, plus réellement capable de faire semblant. « Je m’occupe de le coucher ce soir. » Habituellement, on se partage les tâches, mais j’ai ce besoin animal de passer du temps avec mon fils, de l’avoir près de moi. Et c’est comme ça que l’on se retrouve tous les deux dans la salle de bain, Gabriel assis dans la baignoire, projetant de l’eau sur toutes les surfaces disponibles. Ses éclats de rire m’arrachent quelques sourires, sa joie de vivre me rappelant qu’il reste quelque chose en dehors de la noirceur qui paraît nous entourer constamment. Après le bain, on retourne dans le salon pour que Gabriel puisse faire un bisou à sa maman. « Je reviens. » que j’annonce à Rosalie. Ces derniers temps, le coucher, c’était enfin faciliter, une petite histoire et Gabriel s’endormait désormais seul, sans notre assistance. Mais ce soir, je ne le mets pas dans son lit pour lui lire son histoire, je préfère le garder contre moi et nous installer dans le fauteuil à basculer toujours présent dans sa chambre. Il ne faudra que trois pages pour que le petit garçon s’endorme sur mon torse sans que jamais je ne trouve l’envie de me lever pour aller le poser dans son lit. Du bout du pied, je crée un mouvement de balancement avec le fauteuil, ma main glissant sur le dos de Gabriel. Le nez enfoui dans ses boucles de bébé, je profite du moment, essayant de me persuader que tout cela était une mauvaise journée et que demain les choses auront changé. Mais les minutes défilent sans que jamais les mots de ma mère ne s’altèrent dans mon esprit me poussant à garder mon petit garçon encore plus près de moi. Lentement, je commence à lui parler, en français, de sa grand-mère, ne choisissant que les bons souvenirs et j’en oublie complètement Rosalie qui m’attend dans le salon depuis trop longtemps déjà.
@rosalie craine |
| | | | (#)Sam 29 Avr 2023 - 8:20 | |
| « Tu réalises que j’ai une famille et que je peux pas me libérer à chaque fois que tu prétends avoir une idée de génie, oui? » Tu roules légèrement des yeux, ton téléphone coincé entre ton oreille et ton épaule alors que tu continues de préparer le repas de Gabriel qui s’impatiente à tes pieds. Apparemment que c’est ça ta vie maintenant : gérer de jeunes auteurs qui pensent que ton horaire peut machinalement s’accorder à leur soudaine poussée d’inspiration et un fils qui s’impatiente dès la seconde où il juge que les choses ne vont pas assez vite à son goût. Tu tentes au mieux de faire une séparation distincte entre ta vie de famille et ta vie professionnelle qui a repris sous une toute nouvelle forme depuis quelques mois, mais il y a des fois – comme présentement – où c’est tout simplement impossible de faire une délimitation claire et précise. Un nouveau cri de Gabriel se fait entendre au même moment que Tyler tente de t’expliquer sa nouvelle idée sans que tu ne sois en mesure de visualiser quoique ce soit, ton esprit déjà bien trop préoccupé entre les multiples choses que tu tentes de gérer à l’instant. « Demain 13h au bureau, c’est le mieux que je puisse t’offrir, ok? Et ton idée est mieux d’être bien articulée. » Parce que si tu te fis à ce que tu viens d’entendre, ou du moins le peu que tu as réellement écouter, c’est encore bien loin d’être le cas. Il ne prend même pas la chance de s’obstiner avec toi plus longtemps – fort heureusement qu’il semble apprendre – et sans formelle salutation de ta part, tu termines le l’appel, venant déposer ton téléphone sur le comptoir avant d’enfin offrir à ton fils l’attention qu’il désirait tant. Tu l’installes contre ta hanche et viens déposer plusieurs bisous contre ses joues potelées, ce qui ne manque jamais de le faire éclater de rire. Quand le bruit d’une clé dans la serrure se fait entendre toutefois, Gabriel demande instantanément à se libérer de ton étreinte, bien trop excité d’accueillir son père dès la seconde où il met les pieds dans l’appartement. De la cuisine, tu peux apercevoir le doux moment entre père et fils, et ton cœur se gonfle d’amour comme il le fait chaque fois devant la tendresse de cette simple interaction. Heureux de savoir sa personne préférée de retour, Gabriel retourne rapidement à ses jouets et tu offres un sourire à Wyatt qui s’approche de toi, t’offrant un baiser avant de se concentrer sur ton ventre qui prend forme peu à peu au fil des semaines. L’accueil typique de la famille que tu ne pensais jamais avoir un jour, une réalité que tu ne viendrais jamais prendre pour acquise.
Wyatt te semble légèrement plus distrait qu’à l’habitude alors que tu lui racontes ta journée, cette dernière rempli des derniers exploits de votre fils, des nouveaux mots qui semblent désormais faire partie de son vocabulaire jusqu’à cette nouvelle mauvaise habitude qu’il a de venir dérouler un rouleau entier de papier de toilette si tu n’es pas assez vigilante pour une seule et courte minute. Tu lui parles aussi du nouvel auteur que Boyd t’a attitré, le Tyler à qui tu parlais il y a quelques minutes à peine, celui qui a toujours trop d’idées et un penchant franchement agaçant à la discussion inutile. Si tu aimes bien ton nouveau rôle d’éditrice la plupart du temps, tu es forcée de réaliser que l’expérience est loin d’être toujours aussi simple et agréable qu’elle ne l’a été avec Gaïa et ça aussi, ça implique un certain ajustement de ta part. Par trois fois, tu demandes à Wyatt s’il est libre pour passer l’après-midi avec Gabriel demain, mais son esprit est ailleurs et tu n’obtiens que des marmonnements imprécis de sa part. « Je m’occupe de le coucher ce soir. » Tu acceptes d’un simple hochement de la tête, te concentrant déjà sur le bordel de la cuisine à ranger alors que Wyatt disparaît dans la salle de bain avec votre fils. Les fous rires émanent de la pièce, baume sur ton cœur alors que tu ne peux t’empêcher de te demander ce qui peut bien se passer avec le Parker qui ne semble pas totalement dans son assiette, malgré les sourires qu’il a continué de t’offrir depuis qu’il est entré. « Bonne nuit mon trésor. » que tu souffles à ton fils qui vient se blottir contre toi quelques instants avant de suivre son père jusqu’à sa chambre. « Je reviens. » qu’il t’annonce avant de disparaître. Une fois que l’état de la cuisine est satisfaisant à tes yeux, tu viens t’installer sur le canapé, roman entre les mains.
Tu plonges dans un univers sombre de meurtres et de gangs, ayant récemment retrouver l’envie de te perdre dans les mots des autres pour autre chose que le travail, et c’est avec surprise que tu réalises que tu as pu enchaîner plusieurs chapitres sans que Wyatt ne vienne te rejoindre. Reposant ton livre sur la table basse du salon, tu te diriges vers la chambre de ton fils, là où tu le découvres paisiblement endormi dans les bras de son père qui ne cesse de marmonner des mots en français que tu ne saurais réellement comprendre tellement il lui parle tout bas. Silencieusement, tu viens te placer derrière Wyatt, posant une main doucement sur son épaule. « Si tu ne le mets pas dans son lit bientôt, il risque de se réveiller et demander à dormir avec nous. » que tu murmures contre son oreille, avec un sourire sur les lèvres. Gabriel s’endormait assez facilement par lui-même depuis quelques semaines, mais il n’était pas rare que le petit bonhomme se réveille au beau milieu de la nuit et demande à venir finir sa nuit entre vous deux. Tu le regardes se lever et délicatement déposer votre fils dans son lit, et tu viens attraper sa main pour le guider jusqu’à la porte que tu refermes derrière lui. Sans jamais le laisser filer, tu le guides jusqu’au salon, venant te réinstaller sur le divan et l’invitant à prendre place à côté de toi. « Ça fait longtemps que je t’ai pas vu bercer Gabi comme ça. Tu te pratiques pour le bébé? » que tu lui demandes avec humour, ton regard analysant avec précision son visage qui te semble plus sombre qu’à l’habitude. « Est-ce que ça va? T’es silencieux ce soir. » Non pas que Wyatt soit l’être le plus bavard qui soit d’habitude, mais reste que ce soir, il te semble plus distant qu’il ne l’a été depuis longtemps et tu crains que cela ne cache quelque chose. Tu te blotties contre lui et viens naturellement placer ses mains contre ton ventre, lui qui aime toujours venir le caresser et qui s’impatiente déjà de pouvoir sentir le bébé bouger. « Tout va bien avec ta mère? » C’est avec elle qu’il t’avait dit qu’il passerait l’après-midi, et normalement, il n’hésite jamais à te raconter en détails comment elle va, sans jamais oublier de se plaindre sur les dernières lubies de Rain, ce qu’il n’a toutefois pas fait depuis qu’il est rentré. |
| | | | (#)Lun 1 Mai 2023 - 18:01 | |
| La soirée se déroule dans un brouillard duquel je n’arrive pas à m’extirper. J’ai conscience que Rosalie me parle de sa journée, j’entends des bribes de mots, les quelques questions qu’elle me pose, mais rien ne semble s’ancrer dans la réalité, tout ce qui résonne dans ma tête ce sont les mots de ma mère. Je suis malade. Le couperet était tombé sans prévenir venant entacher l’horizon qui avait pourtant finis par s’éclaircir. Tout devait aller bien. Rosalie est à nouveau enceinte, le médecin nous a fait entendre les battements de cœur du bébé il y a quelques jours de cela nous assurant que tout était dans les normes, je venais de retrouver un rythme de travail décent en m’associant avec Damon. Tout s’en allait de l’avant, sans encombre, sans noirceur au tableau. A croire que le nom Parker était irrémédiable relié à un quelconque malheur qui se décidait à frapper au moindre répit ayant un peu trop duré. Le destin pouvait être joueur, on en avait fait les frais au fil des années, mais cette nouvelle paraît bien plus dure à encaisser. Probablement parce que l’on avait déjà joué cette partie et que l’on avait fini par la perdre malgré quelques coups de bluff. A chaque seconde, je m’attends à me réveiller, pour réaliser que tout cela n’était que le fruit de mon imagination, mais la soirée se poursuivait sans encombre ou manifestation étrange. Une soirée comme les autres dans cet appartement, un repas préparé avec attention, Gabriel qui me babille des histoires et Rosalie qui s’enquiert de ma journée sans que jamais je ne lui réponde réellement. Je me sens comme sonner, mit KO par un uppercut surprise qui m’a laissé sans souffle et avec la sensation d’errer sans but. Mais le quotidien prend le dessus, le repas de Gabriel terminé, il doit passer par le bain et après il faudra aller le coucher pour espérer avoir une fin de soirée tranquille. Depuis plusieurs mois, on s’efforce à suivre la même routine pour Gabriel et il est simple de suivre le même pattern quand bien même j’ai la sensation d’être complètement déconnecté.
Habituellement, je laisse Gabriel s’endormir seule après lui avoir lu une histoire. Ce soir, je suis incapable de déposer mon fils dans son lit. Je ressens ce besoin inexplicable de le garder près de moi, de sentir sa peau de bébé et son petit souffle dans le creux de mon cou. Les paroles de ma mère paralysent mes pensées, elle est malade, comme l’avait été ma tante Cassie. Je me souviens, de sa fatigue, de tous les allers-retours à l’hôpital, du moment où elle nous avait avoué ne plus savoir prendre soin de Leo. Tout me revient sous forme de flashbacks, les médecins qui ne pouvaient que manager la douleur sans jamais trouver une solution viable. Je sens mes yeux s’humidifier à la simple idée de devoir traverser tout cela à nouveau, comme si on n’avait pas assez donné, comme si une fois n’avait pas été suffisante. « Si tu ne le mets pas dans son lit bientôt, il risque de se réveiller et demander à dormir avec nous. » Tous mes muscles se verrouillent pour empêcher mon corps de sursauter sous le coup de la surprise. La main de Rosalie glisse sur mon épaule et Gabriel dort toujours aussi profondément, absolument pas déranger par le mouvement. « Oui je vais le coucher. » Il me faudra un instant pour finir par me lever du fauteuil pour aller allonger mon fils dans son petit lit. « Bonne nuit Gabi. » J’embrasse son front et il s’agite une seconde, avant de poser sa main sur sa joue pour se rendormir. Sa position m’arrache un sourire tandis que la main de Rosalie vient chercher la mienne pour me tirer en dehors de la chambre.
Une fois dans le couloir, les doigts de Rosie ne relâchent pas leur pression sur les miens. Elle ne me laissera pas l’occasion de m’échapper même si je pouvais encore utiliser l’excuse d’avoir besoin de prendre une douche, je venais de passer la soirée à semer des indices et elle allait vouloir comprendre. « Ça fait longtemps que je t’ai pas vu bercé Gabi comme ça. Tu te pratiques pour le bébé? » Je hausse les épaules pas certaines que cela soit si inhabituel que cela. « Il voulait un câlin. » Depuis qu’il est en âge de nous faire comprendre ce qu’il veut, Gabriel nous a souvent démontré qu’il n’était pas un bébé très câlin. Il aimait sa petite indépendance, mais parfois le soir, juste avant de dormir, il aimait s’allonger contre nous pour un moment plus calme. Que j’ai profité de la situation n’est qu’une simple coïncidence. « Est-ce que ça va? T’es silencieux ce soir. » Je savais qu’elle allait poser la question, je pouvais le voir venir depuis le moment où elle m’avait traîné en dehors de la chambre de notre fils. Je n’étais pas sûr d’être capable de trouver les mots. « Ça va, Rosie. » J’ai conscience qu’il était idiot de se lancer dans ce genre de cercle vicieux où je prétendais être simplement fatigué, mais les habitudes ont parfois la vie dure. Il a toujours été plus simple de prétendre plutôt que de déverser mon sac en une fois.
Blotti contre Rosalie, j’aimerais juste que le moment perdure dans un silence le plus complet. Juste une soirée, afin de laisser les mots s’imprimer, pour prendre conscience que tout cela sera encore présent au réveil demain. Je ne sais pas si ce sont les années de pratique ou son caractère naturel, mais Rosie n’est clairement pas de mon avis. « Tout va bien avec ta mère? » La question est simple, je lui avais dit passer l’après-midi en sa compagnie. Ce n’est qu’une question banale, pour me faire parler de ma journée. Je pourrais mentir pourtant. Ce serait si simple de dire que je m’étais pris la tête avec ma mère, il suffirait d’évoquer le prénom de sœur pour que tout paraisse crédible. C’est le prénom d’Ariane qui vient affoler les battements de mon cœur. Je n’ai aucune idée de l’endroit où se trouve ma sœur, je n’ai aucun moyen de la contacter pour lui apprendre la nouvelle. Ariane sera encore absente, elle viendra encore décevoir notre mère. Tout me heurte de pleins fouets soudainement. Je vais être seul dans tout ça. Celui qui va devoir annoncer la nouvelle à Leo, celui qui va s’assurer que maman se rend bien à tous ses rendez-vous et qu’elle n’essaye pas de simplement se soigner avec des plantes. L’accumulation me submerge et je finis par me détacher de l’étreinte de Rosalie. Les coudes plantés sur mes cuisses, le visage enfoui dans le creux de mes mains, je relâche un souffle que je ne pensais pas retenir. Durant une longue seconde, j’ai la sensation que je ne serais jamais capable de dire les mots à haute voix avant de sentir la paume de Rosalie venir glisser entre mes omoplates comme un soutien silencieux. « Ma mère est malade… » Et désormais tout paraît plus vrai que jamais. Je l’ai dit à quelqu’un d’autre, ce n’est plus juste une phrase qui joue en boucle dans un coin de ma tête. « Je sais pas ce que je vais faire Rosalie… » Il y a cette boule dans le fond de ma gorge qui laisse ma voix tremblante et mes yeux humides. J’aimerais encore me dire que tout cela n’est pas réel, qu’il ne s’agit que d’un cauchemar qui va prendre fin. Mais les minutes défilent sans que personne ne vienne me réveiller. |
| | | | (#)Ven 5 Mai 2023 - 13:53 | |
| Tu ne peux pas prétendre que tu sais exactement ce qu’il se passe dans la tête de Wyatt, tu ne peux même pas pointer un comportement en particulier qui est loin de ses habitudes, mais il y a quelque chose dans l’air, dans la manière dont ses sourires n’illuminent pas ses yeux comme ils le font normalement, ou dans la manière où il semble complètement dans la lune qui te laisse comprendre que quelque chose est différent. Que quelque chose ne va pas. Quand la routine pour endormir Gabriel s’éternise, tu ne peux t’empêcher d’avoir l’impression que, peut-être, Wyatt cherche à t’ignorer. Tu te rejoues la soirée, la journée d’avant, la semaine qui se termine, n’importe quoi à la recherche d’un indice qui pourrait expliquer pourquoi il voudrait t’ignorer, mais pour une rare fois, tu ne trouves absolument rien qui pourrait être en train de cuisiner sous la surface. Pas de dispute, pas de sujet houleux, rien à signaler. Tu fais même l’effort de te contenter d’une seule et unique tasse de café avant de changer pour du décaféiné pour le reste de la journée, même si l’arrière-goût te dérange, tout ça simplement pour suivre au maximum toutes les recommandations faites par ton médecin et sagement renforcé par le Parker qui prend son rôle de soutien bien à cœur avec cette nouvelle grossesse. Plutôt que de te perdre dans des hypothèses qui ne font pas de sens dès l’instant où elles sont émises, tu le rejoins dans la chambre de votre fils, l’incite à poser ce dernier dans son lit et observe la scène silencieusement, le cœur toujours aussi plein d’amour pour les deux hommes, te demandant comme tu le fais souvent si le petit-être sous ton nombril allait venir rejoindre les rangs masculins ayant déjà une longueur d’avance sous ton toit, ou si l’équilibre gars/fille serait rétabli. Ton cœur et ton corps s’efforcent à te garder dans le moment présent alors que ton esprit lui se perd dans les scénarios et les peut-être, mais le contact de la main de Wyatt qui joint la tienne, la facilité avec laquelle il choisit de te suivre jusqu’au salon te laisse croire que peu importe ce qui se passe, ça ne se passe pas entre vous deux, pas directement du moins.
« Il voulait un câlin. » Les réponses de Wyatt sont courtes et directes, mais la manière dont il s’enroule autour de toi te laisse comprendre qu’il semble avoir besoin de cette proximité encore plus que toi et tu n’hésites pas à lui faire comprendre que tu es là physiquement, à défaut de savoir quoi dire vu les silences qui s’étirent constamment entre vous sans qu’il ne cherche à les remplir, malgré tes nombreuses tentatives. « Ça va, Rosie. » Tu connais trop bien cette réponse pour la croire, autant que tu sais que venir le contredire lorsqu’il est comme ça est la meilleure façon d’agir pour qu’il se referme encore plus sur lui-même. Doigts entremêlés, ton corps se moulant naturellement contre le sien, tu attends, tu acceptes le silence pour ce qu’il est, même s’il te dérange, même s’il te rend folle. Tu ne veux rien brusquer, mais tu cherches tout de même à ce qu’il s’ouvre à toi, quitte à simplement lui demander comment va sa mère après leur rencontre un peu plus tôt. Tu réalises toutefois que tu viens de toucher un sujet sensible lorsqu’il se défait de votre étreinte, comme si son corps imposait une barrière invisible entre vous. Tu l’observes silencieusement, n’aimant pas l’air sombre qui est déjà venu habiter son visage et ton cœur se serre lorsque son visage se relève vers le tien et que la vérité s’écroule à tes pieds. Une vérité à des milliers de kilomètres de tous les scénarios que ton esprit avait su conjurer dans la dernière heure. « Ma mère est malade… » Le mot résonne comme une fatalité et tu en comprends qu’il n’est pas en train de te dire que sa mère souffre d’un rhume passager ou d’un mal temporaire rapidement guéri. Sara que tu revois encore heureuse et pleine de vie il y a quelques mois à peine, le jour de son mariage, est malade? Les images peinent à s’additionner l’une à l’autre et tu ne peux que t’imaginer à quel point cela doit être difficile pour Wyatt. Une main dans son dos effectue un mouvement de va-et-vient qui se veut rassurant, ton autre main se posant sur sa joue alors que tu aperçois des larmes dans le fond de ses yeux anormalement foncés, la détresse ayant changé complètement son regard. « Je sais pas ce que je vais faire Rosalie… » Tu secoues la tête doucement avant de placer tes bras autour de son cou, tes doigts caressant ses cheveux avec toute la douceur que tu possèdes.
Pendant quelques secondes, quelques minutes peut-être, tu ne fais qu’être là avec lui, dans le silence, alors que la nouvelle semble s’ancrer dans une réalité à laquelle vous ne vouliez pas faire face ni l’un ni l’autre, bien qu’inévitable. Tu t’accroches à lui autant qu’il s’accroche à toi, et il y a quelque chose d’incroyablement fragile et vulnérable qui ressort de ce moment, une facette de Wyatt qu’il garde normalement si profondément caché que tu n’as jamais réellement l’occasion de la croiser, ni de l’apaiser. « Je suis là, d’accord? Peu importe la prochaine étape, je suis là. » Tu ne bouges pas. Tu ne bougeras pas. Tu continueras de le serrer dans tes bras exactement comme ça aussi longtemps que nécessaire si c’est la seule chose que tu peux faire pour lui, pour elle, pour une tragédie qui n’avait pas d’affaire à tomber une fois de plus sur cette famille. « Qu’est-ce qu’elle a dit? Elle l’a su récemment? » Tu as tant de questions que tu voudrais lui poser, l’analyste en toi à la recherche d’explications et de donnés qui peuvent rendre le tout un peu plus concret, mais la dernière chose que tu souhaites, c’est de submerger Wyatt sous des questions trop techniques qui ne changeront en rien la douleur de la réalité. « Dis-moi ce dont tu as besoin. » Ne me tourne pas le dos quand tu as mal comme tu l’as toujours fait, Wyatt. que tu le plaides du regard alors que tu t’éloignes de lui légèrement, craignant de le voir disparaître sous tes yeux sans savoir comment le garder près de toi. |
| | | | (#)Lun 8 Mai 2023 - 12:22 | |
| « Ma mère est malade… »
Les mots résonnent avec fatalité, sans jamais donner la possibilité d’une interprétation contraire. J’ai beau cherché à les répéter d’une manière différente, changeant le ton ou les mots employés, la conclusion reste la même, l’impact me laissant tremblant entre les bras de Rosalie. Ma mère qui venait tout juste de se marier, mettant au placard des années de galère et de conflits, allait devoir se battre à nouveau contre un mal qui était déjà venu frapper à notre porte par le passé. La main de Rosalie qui glisse entre mes omoplates s’apparente à un grappin qui cherche désespérément à me garder dans le présent au milieu de mes pensées m’emportant vers des souvenirs que j’aurais préféré ne jamais voir ressortir. Il m’est impossible de prétendre que l’onde de choc provoqué par cette nouvelle ne m’atteint pas. Les émotions s’enchaînent en cascade la colère de ne pas être capable d’agir immédiatement se mêlant à une tristesse nouvelle qui s’en vient perturber le masque froid que j’ai toujours su enfiler dans ce genre de moment. Prétendre ne mènerait à rien quand Rosalie est probablement la seule personne capable de voir au-delà de ce que je projette. Elle me le fait comprendre, encore une fois, quand ses bras se glissent autour de mon cou, dans une étreinte qui ne laisse aucune place au doute. « Je suis là, d’accord? Peu importe la prochaine étape, je suis là. » Et les minutes défilent sans que jamais elle ne desserre l’étau de ses bras rendant sa présence aussi rassurante qu’elle me paraît oppressante. Mon silence s’étire à mesure que j’aimerais lui demander de me lâcher pour ne pas la laisser voir au travers des failles que je m’efforçais de lui cacher depuis des années. Mon instinct me crie de me lever, de balancer quelques mots bien choisis et surtout de fuir. Être seul a toujours été ma solution dans ce genre de moment. Seul pour retirer le masque et craquer, seul pour crier et demander au ciel pourquoi il fallait que tout tombe sur nous encore une fois. Je n’ai jamais traversé les épreuves avec qui que ce soit, me présentant toujours comme le roc de la famille, celui qui ne flanche pas et qui prête ses bras pour que les autres s’en servent de béquilles. Elle était prête à inverser les rôles et j’ai tant de mal à lui laisser cette place qui lui revient pourtant de droit. « Qu’est-ce qu’elle a dit? Elle l’a su récemment? » Sa question me fait réaliser à quel point je n’ai rien écouté de tout ce que ma mère avait cherché à me dire. Je me souviens de bribes de mots qui ne font guère de sens lorsque je cherche à recoller les morceaux. Elle était malade, c’était les mêmes mots horribles que l’on avait entendus pour le diagnostic de Cassie, mon cerveau n’avait pas été en capacité d’encaisser plus que ça. « Je sais pas… C’est la même chose que pour Cassie. » Les mots ont du mal à passer au travers de la boule qui s’est formée dans le fond de ma gorge dès l’instant où mon regard à croiser celui de Rosalie empli d’une peine que je n’avais jamais vue auparavant.
Je ne pouvais pas rester assis dans ce canapé, il fallait qu’elle me lâche, que je respire. Peut-être que je devrais aller fumer sur le balcon, couper la conversation sans un mot. Est-ce qu’elle comprendrait ? Que j’ai besoin d’air ? Que ses bras m’oppressent ? « Dis-moi ce dont tu as besoin. » Je n’ai pas le temps de formuler la moindre pensée cohérente que Rosalie s’est déjà reculée, me dégageant de son étreinte sans pour autant me laisser seul. Dans un besoin de reprendre le contrôle, je me décale à mon tour, juste d’un centimètre ou deux, sans jamais croiser son regard. Je ne pouvais pas juste m’effondrer, ce n’est pas le moment et cela ne l’a jamais été. Ma mère est malade et je n’ai pas entendu ce qu’elle avait à me dire, est-ce qu’il existait un traitement désormais ? Est-ce qu’elle allait suivre les conseils du médecin ? Il devait probablement avoir une question de génétique dans tout cela ou bien la possibilité de lui faire gagner du temps sur le pronostic. Mes pensées déraillent à vive allure, cherchant une solution que je ne trouverais jamais, tout en conservant le fait qu’un jour il allait falloir dire tout cela à Eleonora. Pensé à ma cousine, à nouveau, fut la goutte de trop. Trouver mon souffle me paraît être un exercice fastidieux, ma gorge laissant échapper un bruit trop proche d’un sanglot pour que cela ne soit acceptable. Dans le simple désir de vouloir disparaître du regard des autres, de Rosalie, je viens enfoncer mes yeux contre mes paumes, appuyant avec la force d'un dégénéré, brouillant ma vision d’un millier d’étoiles noires. Une fois encore, les minutes défilent avant que je ne lâche un souffle tremblant, cherchant ma voix pour ne pas laisser Rosalie paniquer à son tour. « Il va falloir le dire à Leo. » Cette idée me hante. « Je peux pas faire ça une deuxième fois… » Je n’ai jamais eu de problème à gérer les accès de colère de ma cousine, à rester impassible lorsqu’elle avait décidé de jeter ses foudres sur ma personne, mais je ne voulais pas être celui qui allait briser son monde une seconde fois, pas alors qu’elle semblait perdre pied depuis des semaines déjà. Pour la première fois depuis des années, j’ai la sensation de ne pas savoir faire, de n’avoir aucune maîtrise sur les prochains évènements. « Il faut que je retrouve Ariane. » L’idée paraissait folle quand ma sœur a coupé tout contact avec nous depuis plus d’une année, mais notre mère continue à parler d’elle si souvent que je me dois d’essayer, pour les réunir encore une fois. Sans réaliser, je liste tout ce qui fera à nouveau de moi celui qui ne flanche pas, celui qui prends soins des autres avant tout sans jamais prendre en compte ce que la nouvelle venait de provoquer chez moi, sans jamais répondre à la question de Rosalie qui me demandait ce dont j’avais besoin pour moi. |
| | | | (#)Mar 9 Mai 2023 - 7:55 | |
| Tu peux compter sur les doigts d’une main les fois où tu as vu Wyatt être réellement désemparé et chaque fois, c’était en lien avec sa famille. Que ce soit celle que vous formez avec Gabriel et ce nouveau bébé à naître ou bien la famille dans laquelle il est né, celle qui te semble être dysfonctionnelle plus souvent qu’autrement, mais à laquelle il est lié d’une manière que tu ne saurais réellement comprendre. Chaque fois, la vision est déstabilisante et te rappelle à quel point derrière son extérieur parfois rude et détaché se cache quelqu’un qui a toujours mis les besoins et les envies des autres membres de sa famille avant les siens, quelqu’un qui ressent les choses avec tellement plus de sensibilité et de vulnérabilité qu’il ne veut l’admettre. Ces côtés de lui qu’il n’assume pas, qu’il tente continuellement de camoufler quand bien même il n’a pas besoin de le faire, pas avec toi, pas après ce qu’il vient d’apprendre. Si tu te doutais que quelque chose le tracassait plus tôt dans la soirée, jamais tu n’aurais pu t’imaginer l’importance et l’impact de cette nouvelle, peinant encore à croire et à saisir pleinement tout ce que ça représente. Mais tu le connais Wyatt, tu le sens qu’il a envie de se rétracter déjà, quand bien même il ne bouge pas et ne cherche pas à se défaire de l’emprise de tes bras autour de ton cou. Tu ne sais pas quoi dire ni quoi faire de plus que de le tenir près de toi toutefois, alors c’est ce que tu fais, pour une minute, ou plusieurs. Pour lui rappeler qu’il n’est pas seul, qu’il n’a pas besoin de tout retenir à l’intérieur cette fois-ci. Que s’il s’effondre, tu seras là pour ramasser les morceaux, les uns après les autres. « Je sais pas… C’est la même chose que pour Cassie. » Tu mets quelques secondes avant de te souvenir, le prénom te semblant familier, mais si peu à la fois. « Cassie… La mère d’Eleonora? » Tu poses la question, même si à voir son visage, tu sais que tu as déjà donner la bonne réponse. La réponse la plus terrible qui soit plus tu y réfléchis, parce que si tu n’as jamais connu la tante de Wyatt, tu n’es pas sans savoir qu’elle a longtemps été malade, incapable de prendre soin de sa fille qui s’est retrouvée sous les soins de Sara, sans jamais remonter la pente et laissant sa fille orpheline à peine à l’âge adulte. « Je suis désolée. » Tu voudrais lui dire tellement plus, lui offrir quelque chose qui aurait un réel impact plutôt que des excuses vides, mais qu’est-ce qu’il y a vraiment à dire lorsqu’on apprend que sa mère risque de mourir du même mal qui a tué sa tante il y a une dizaine d’années de cela maintenant?
Rien, on ne peut rien dire du tout. Mais tu essayes quand même.
Parce que tu ne peux pas rester là sans rien dire, sans rien faire. Tu ne peux pas rester simplement immobile et espérer que ça passe. Ça ne passera pas. Et tu ne peux certainement pas le laisser t’échapper comme il l’a toujours fait par le passé, à camoufler son mal sous ses poings et ses remarques acerbes, à espérer se sentir mieux une fois le trop plein de colère sorti de la pire des façons qui soit. Tu fais au mieux pour respecter son espace alors que tu vois tout son corps se tendre, ses mains qui s’enfoncent contre son visage, ce sanglot retenu qui essaye tout de même de quitter le fond de sa gorge, et ça te brise le cœur de le voir si démuni. « Il va falloir le dire à Leo. Je peux pas faire ça une deuxième fois… » Tu te pinces les lèvres avec force, tu aimerais tant pouvoir prendre le poids de cette responsabilité de ses épaules, la faire disparaître pour qu’il n’est pas à revivre ce moment d’enfer une deuxième fois. « Il faut que je retrouve Ariane. » Il te suffit d’entendre le prénom de la rousse pour savoir ce qu’il est en train de faire. À se dresser une liste de toutes les choses à faire et à gérer plutôt que de te dire ce dont il a besoin. « Wyatt, prends deux secondes. » Il est encore assis à côté de toi, mais son esprit est déjà à des kilomètres de là, sans doute à se demander comment est-ce qu’il est censé ramener un peu de sens et de raison dans l’esprit de sa sœur qui a cessé de donner des nouvelles depuis plus d’un an déjà, dont la location est inconnue et qui ne cherche pas à se faire retrouver. « Je veux pas savoir ce que tu as besoin de faire pour aider Leo ou même Ariane. Je veux même pas savoir ce que ta mère a besoin, là tout de suite. » Parce que tu sais que Rain est avec elle. Que cette nouvelle qu’elle vient d’annoncer à son fils l’a sans aucun doute chamboulé oui, mais qu’elle n’est pas toute seule pour le contre-coup et que tu peux attendre jusqu’à demain pour prendre de ses nouvelles, aller la voir et lui poser toutes les questions nécessaires sur ce qui s’en vient, les traitements à faire, les pronostics, et tout ce à quoi tu pourrais penser d’ici là. « Je veux savoir ce que toi t’as besoin. Je veux savoir ce que je peux faire pour toi. » Tu ne peux pas insister sur le toi parce que tu l’entends déjà balayer du revers de la main ta demande simplement pour se perdre un peu plus dans les choses à faire pour ne jamais avoir à faire face complètement à ce qu’il ressent. « T’as pas à garder tout pour toi. T’es plus tout seul pour gérer, Wyatt. Jamais. » C’est bien là le but d’une équipe, d’une famille, non? D’affronter les coups durs à deux, de le soutenir quand il a besoin de toi exactement comme il a su le faire quand tu t’es sentie fragile, vacillante, il n’y a pas si longtemps de cela. « Je sais que le travail d’équipe ça a jamais été ta force, et je sais que tu vas me dire que t’as l’habitude, mais pas cette fois. Pas pour ça. C’est trop grave, c’est trop important pour que tu te mettes toute la pression du monde sur les épaules sans que je dise quoique ce soit. » Alors qu’il lâche prise. Qu’il évacue. Qu’il maudisse le monde et pire encore s’il en a besoin, mais qu’il le fasse avec toi parce que jamais tu n’as l’intention de lâcher sa main. |
| | | | (#)Dim 14 Mai 2023 - 18:18 | |
| « Cassie… La mère d’Eleonora? » - « Oui. » L’hésitation de Rosalie me prit de court, avant de me souvenirs qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer ma tante. Cassie était partie depuis si longtemps maintenant que parfois il m’était difficile de me souvenir du son de sa voix ou de son rire si communicatif qui avait lentement disparu à mesure que la maladie gagnait du terrain. Petit à petit elle avait arrêté de lire tout ce que j’écrivais, elle nous proposait de moins en moins de se retrouver dans ce café qui était devenu notre quartier général non loin de son appartement, elle me laissait de plus en plus embarquer Eleonora dans tout ce que je pouvais faire. J’avais vu ma tante s’effacer au fil des mois et désormais le cauchemar allait prendre une autre forme, la maladie s’emparant d’un autre membre de ma famille. « Je suis désolée. » Un soupir m’échappe sans que je ne cherche encore à me détacher de son étreinte. « Arrête, s’il te plaît. » Je ne pourrais le dire qu’une seule fois avec autant de douceur. Je ne voulais pas Rosalie me serve le discours pathétique que l’on adresse à ceux que l’on connaît à peine et qui nous partage leur peine. Je n’ai pas besoin d’entendre qu’elle est désolée lorsqu’elle n’est responsable de rien et qu’elle se retrouve à être le simple témoin du chaos nommé Parker. Il est hors de question que l’on tombe dans une pitié ambiante où elle prendra des gants pour me dire la moindre des choses, jugeant nécessaire de me tenir à l’écart de la moindre nouvelle m’estimant trop fragile pour encaisser. J’avais su gérer la première fois, je me retrouvais rôdé à l’exercice désormais même si la nouvelle me prenait de court, même si j’avais la sensation de me noyer en voyant le pire se dérouler sous mes yeux. La maladie n’était pas une inconnue, je l’avais déjà croisée sur mon chemin, j’avais été témoin de ses ravages et je n’étais pas sûr d’avoir la force de pouvoir voire ma mère se dégrader comme cela avait été le cas pour Cassie : en étant incapable d’agir.
À toujours être celui sur lequel les autres comptes, il m’est impossible de ne pas me lancer dans l’action. J’ai besoin de réfléchir aux options, obligé de lister tout ce qui va s’en venir pour ne pas prendre le temps de laisser la nouvelle s’ancrer complètement. Tant que je serais occupé, tant qu’il restera à prendre soin des autres, tout n’aura pas la même réalité et le même impact. « Wyatt, prends deux secondes. » Je ne l’entends que d’une oreille me demandant déjà s’il ne serait pas bon de retourner en France, seule cette fois-ci, pour retrouver la trace d’Ariane. Je sais que c’est là-bas qu’elle se cache, elle ne pourra pas m’échapper éternellement, il faudra qu’elle prenne ses responsabilités à mes côtés. « Je veux pas savoir ce que tu as besoin de faire pour aider Leo ou même Ariane. Je veux même pas savoir ce que ta mère a besoin, là tout de suite. » Je suis prêt à exploser, rappelant à Rosalie que justement ma mère est devenue la personne la plus importante dans cette histoire, mais je vois bien dans son regard qu’elle s’inquiète d’une tout autre manière. Une de celles dont je ne m’habituerai jamais. « Je veux savoir ce que toi t’as besoin. Je veux savoir ce que je peux faire pour toi. » Personne ne m’avait jamais posé la question de cette manière auparavant, on attendait toujours à ce que je sois celui qui prenait les rênes, celui qui se devait de maintenir le bateau à flot. Alors la question de Rosalie me laisse sans voix, venant titiller tout ce que je ressens depuis l’annonce de cette nouvelle. « T’as pas à garder tout pour toi. T’es plus tout seul pour gérer, Wyatt. Jamais. Je sais que le travail d’équipe ça a jamais été ta force, et je sais que tu vas me dire que t’as l’habitude, mais pas cette fois. Pas pour ça. C’est trop grave, c’est trop important pour que tu te mettes toute la pression du monde sur les épaules sans que je dise quoique ce soit. » Une nouvelle vague d’émotion s’empare de moi avant que ma vieille amie la colère vienne me rappeler que Rosalie ne connaît rien de tout cela, qu’elle n’avait jamais compris comment pouvait fonctionner ma famille. Elle me demande de lâcher prise sans avoir conscience que si je ne suis pas celui qui tient le coup, ma famille partira en vrille. Un rire nerveux m’échappe alors que je finis par relever les yeux vers elle. « J’avais onze ans quand on a fait de moi l’adulte de la famille, parce que Wyatt il sait calmer Ariane, Wyatt il se laisse pas embobiner par les belles paroles de Paul, Wyatt il sait y faire avec Eleonora, Wyatt il a su trouver un job pour payer les courses, Wyatt il se dénonce pour ne pas laisser sa soeur ruiner sa vie. T’en fais pas, Wyatt il gère. » Wyatt il avait toujours géré sans que personne ne s’arrête plus d’une minute pour se demander comment je pouvais encaisser les choses, à quel point je pouvais parfois vaciller avant de reprendre mon rôle en encaissant pour ma famille. « Mais vas-y, dis- moi Rosalie, comment tu vas gérer quand la police va appeler en pleine nuit parce que Leo se sera fait coffrer pour une connerie et qu’il va falloir aller la chercher alors qu’elle en voudra à la terre entière. » Eleonora crachera les pires atrocités pour ne pas laisser entrevoir son mal, elle avait appris du meilleur (ou du pire) dans ce domaine-là. « Dis-moi, c’est toi qui vas aller regarder ma mère droit dans les yeux pour lui dire qu’elle ne reverra probablement jamais sa fille parce que t’es pas capable de la trouver ? » Je t’en prie Rosalie je te laisse le rôle avec plaisir, vraiment je n’en ai jamais voulu à la base.
Il est tellement plus facile de laisser place à une colère jamais résolue plutôt qu’admettre n’avoir aucune idée de ce qui adviendra si la maladie vient à gagner pour la seconde fois. « Je dois gérer pendant que tu dois faire attention à toi et à ta grossesse, parce que s’il arrivait quelque chose… » S’il on en venait au même stress qu’avait été sa première grossesse, je ne serais plus capable de gérer de front. « J’ai besoin que tu ailles bien Rosalie. » Au milieu de ces quelques mots se cachait l’évidence d’un aveu silencieux, j’avais besoin qu’elle aille bien pour me rattraper au vol lorsque je finirais par m’effondrer. |
| | | | (#)Lun 22 Mai 2023 - 13:39 | |
| « Arrête, s’il te plaît. » Tu hoches doucement la tête pour toute réponse, refusant de faire ou de dire quelque chose qui pourrait le brusquer et enclencher cette réaction automatique de sa part qui le forcerait à te repousser, à vivre ça par lui-même. Ton but n’est pas de lui offrir de la pitié, ou des mots vides de sens. Tu te sens simplement prise au dépourvue, sans réellement savoir quelle est la meilleure marche à suivre dans un tel contexte. Tu n’es pas familière avec la mort, tu ne l’as jamais réellement côtoyée, ni de loin, ni de près. Certes, il y avait eu la perte de grands-parents, mais ils étaient loin d’être assez impliqués dans ton quotidien, autant d’enfant que d’adulte pour que tu n’en ressentes sauvagement la perte. Ça n’avait rien à voir avec ce que Wyatt avait pu vivre lorsqu’il avait pu perdre sa tante, et cette peur qui l’habitait certainement maintenant qu’il risquait de perdre sa mère pour les mêmes raisons. Alors à défaut d’avoir des mots à lui offrir, d’avoir des paroles sincères à partager qui pourraient apaiser le mal qui l’habite sans nul doute présentement, tu le confortes de tes bras, de ta présence, de cette étreinte qu’il accepte avec réticence d’abord, avant de s’y perdre un peu plus au fil des secondes qui passent. Tu comprends un peu mieux maintenant, ce besoin qu’il avait ressenti en rentrant de prendre Gabriel dans ses bras, de le garder près de lui plus longtemps, comme s’il craignait de le voir disparaître dès l’instant où les petites menottes du garçon ne seraient plus autour de son cou. Tu en viendrais presque qu’à espérer qu’il se réveille, votre fils, petite tornade qui saurait quoi faire pour changer les idées de son père sans même avoir conscience du baume qu’il puisse être pour lui maintenant et dans les semaines à venir. Mais le moniteur pour bébé placé sur la table basse du salon n’émet pas le moindre son, l’image sur cette dernière renvoie un petit garçon profondément endormi dans un sommeil sans trouble, là où il est bien inconscient que sa nana qu’il aime tant est malade et que son temps avec elle est peut-être compté. Aura-t-il la chance de créer des souvenirs avec lui dont il se souviendra par lui-même, ou est-ce que sa mémoire lui jouera inévitablement des tours, de manière que ses seuls souvenirs d’elle seront ceux qui lui ont été relaté par Wyatt ou par toi au fil des années? Cette simple idée te paralyse sur place, ton cerveau soudainement un brouillard de pensées plus terribles les unes que les autres.
C’est à ce moment précis que l’esprit de Wyatt semble se décidé à passer en mode action, alors qu’il est déjà en train d’énumérer tout ce à quoi il doit penser, ce qu’il aura à gérer dans les jours à venir. C’est ton premier réflexe de l’arrêter dans son envoi, pour lui rappeler que ce que tu tentes de savoir, là tout de suite, c’est ce que tu peux faire pour lui. Ce que tu peux faire pour l’épauler, de quoi est-ce que tu peux prendre charge pour apaiser le poids qui vient de subitement s’installer sur ses épaules. Tu le remarques facilement, le regard mauvais qu’il te lance quand tu précises que les besoins et les attentes des autres peuvent attendre, comme tu sens l’hésitation dans le silence qui persiste pendant quelques secondes après ta tirade, comme si tu venais de lui poser la question la plus difficile qui soit, de celle pour laquelle il n’a pas de réponse concrète à t’offrir. « J’avais onze ans quand on a fait de moi l’adulte de la famille, parce que Wyatt sait calmer Ariane, Wyatt il se laisse pas embobiner par les belles paroles de Paul, Wyatt il sait y faire avec Eleonora, Wyatt il a su trouver un job pour payer les courses, Wyatt il se dénonce pour ne pas laisser sa sœur ruiner sa vie. T’en fais pas, Wyatt il gère. » Ton cœur se serre à l’entendre énumérer toutes les responsabilités qui lui sont tombées dessus alors qu’il n’était encore qu’un gamin lui-même, rôle qu’il se devait de remplir dans tellement de sphères différentes que tu ne peux que comprendre un peu mieux l’importance qu’il a toujours donner à sa famille, lui qui s’est retrouvé contraint à jouer un rôle majeur qui ne lui revenait pourtant pas. « Mais vas-y, dis-moi Rosalie, comment tu vas gérer quand la police va appeler en pleine nuit parce que Leo se sera fait coffrer et qu’il va falloir aller la chercher alors qu’elle en voudra à la terre entière. Dis-moi, c’est toi qui vas aller regarder ma mère droit dans les yeux pour lui dire qu’elle ne reverra probablement jamais sa fille parce que t’es pas capable de la trouver? » « Arrête Wyatt. Tu te fais du mal pour rien. » que tu le supplies d’une voix aussi douce que possible, consciente que non, tu ne peux pas le délivrer de ce qu’il pense être ses obligations depuis des dizaines d’années maintenant, des choses qui sont pourtant complètement hors de son contrôle. « Tu peux pas prédire les réactions de ta cousine, comme tu peux pas être responsable des choix de ta sœur. Ariane est partie de son plein gré. Elle a coupé les ponts volontairement. Tu peux pas porter la culpabilité de son absence. T’es plus le petit cul qui prend la peine à sa place. » Le sujet d’Ariane en était toujours un qui se devait d’être approché avec prudence, plus souvent oublier qu’engager parce que ça faisait trop mal, qu’importe ce que Wyatt pouvait en dire, mais cette fois-ci, il était tout simplement impossible de l’éviter.
Tu détestes voir la colère défaire les traits du visage du Parker, une émotion que tu connais trop bien, mais derrière laquelle tu vois ce qu’il ne saurait plus complètement te cacher désormais. Cette appréhension, cette inquiétude, une peur si fraîche et si vulnérable qu’il est impossible de la montrer pour ce qu’elle est. « Je dois gérer pendant que tu dois faire attention à toi et à ta grossesse, parce que s’il arrivait quelque chose… » Tu pinces les lèvres, le silence remplissant avec bien trop de clarté tous les mots qu’il n’ose pas dire. Ceux qui vous rappelle ce qui s’est passé avec Gabriel, les complications qui ont bien failli te laisser quelque part entre la vie et la mort, un traumatisme ayant laissé ses marques autant sur lui que sur toi. « J’ai besoin que tu ailles bien Rosalie. » « Je peux faire ça. » que tu le rassures aussitôt, tes mains venant se poser instinctivement contre ses joues, frottant contre sa barbe alors que ton regard s’impose dans le sien. « Je peux suivre toutes les recommandations du médecin, prendre mes vitamines prénatales, ralentir le rythme si ça peut te garder tranquille. » Ce n’est pas un problème, tu peux faire la moindre de ces petites choses aisément pour lui assurer la paix d’esprit. « Je peux prendre soin de moi Wyatt. Mais laisse-moi prendre soin de toi aussi, s’il-te-plaît. » C’est tout ce que tu demandes, tout ce dont tu as besoin. Qu’il ne s’enferme pas sur lui-même en te laissant à l’extérieur, impuissante. « Pense pas une seule seconde que t’es tout seul pour faire face aux crises de ta cousine ou pour être présent auprès de ta mère. » Tu te répètes, et tu te répéteras encore et encore jusqu’à ce qu’il sache sans l’ombre d’un doute qu’au travers de cette épreuve, et toutes les autres qui prendront place sur votre chemin, tu ne l’abandonneras pas. « Je te le promets, t’as pas besoin de tout géré. » Qu’il respire, qu’il lâche enfin ce souffle qu’il retient depuis trop longtemps, qu’il te laisse entrer pleinement, complètement. Promis, tu ne bouges pas de là et tu peux en prendre, bien plus qu’il ne semble le réaliser. |
| | | | (#)Mar 13 Juin 2023 - 20:38 | |
| « Arrête Wyatt. Tu te fais du mal pour rien. » Chacune de ses paroles est énoncée en douceur, mais je n’entends que ce qu’elle semble ne pas comprendre depuis des années déjà. « Pour rien ?! » Si intérieurement, j’ai parfaitement conscience que Rosalie cherche simplement à m’épargner et qu’elle n’est en rien responsable de tout ce qui va se dérouler, je me défends avec ferveur. « Tu comprends pas… » J’aurais beau lui expliquer avec toutes les variations possibles, je crois que Rosalie ne pourra jamais pleinement réaliser tout le poids que j’avais pris sur mes épaules au cours des années, me forçant à penser avec automatisme à toutes les éventualités possibles. Tout se doit d’être envisagé, le meilleur comme le pire. Je suis bien incapable de calmer le cours de mes pensées quand la liste semble s’étirer à ne plus en finir entre la gestion des futurs rendez-vous de ma mère, tout ce qui va découler des prochains mois et les réactions forcément explosives de Leo. « Tu peux pas prédire les réactions de ta cousine, comme tu peux pas être responsable des choix de ta sœur. Ariane est partie de son plein gré. Elle a coupé les ponts volontairement. Tu peux pas porter la culpabilité de son absence. T’es plus le petit cul qui prend la peine à sa place. » Comme à chaque fois que le prénom de ma sœur est évoqué, mon poing se serre contre ma cuisse, encore plus lorsque les paroles de Rosalie résonnent avec autant de justesse. Ariane était partie sans se retourner, sans même l’ombre d’un doute ou du moindre regret nous concernant. Elle avait laissé s’écouler les silences, jouant avec son absence en se fichant bien des promesses d’antan. « Elle veut la voir. » Ma mère l’avait déjà tant évoqué avant son mariage et je pourrais presque prédire le moment où le sujet allait inévitablement revenir sur la table. Ce qui provoquerait un énième désaccord, car il y a bien une chose que je me suis retenue d’annoncer à ma mère, mais qui vint s’échapper d’entre mes lèvres. « J’ai plus envie de la chercher. » Si j’avais dépensé énormément d’énergie à la chercher dans les premiers temps, aujourd’hui je me trouvais épuiser d’envoyer un signal qui resterait à jamais sans réponse. Ariane avait décidé de faire une croix sur tout ce qui faisait notre lien et notre complicité et s’il m’est impossible d’exprimer le résultat d’un tel abandon, je pouvais encore affirmer ne plus avoir à me torturer l’esprit avec tout cela. Et je sais que si parfois Rosalie paraît un peu perdue avec les liens que j’entretiens avec ma famille, elle allait comprendre et respecter cela.
Malgré tout ce que l’on avait su se dire, les efforts que l’on avait promis de faire l’un envers l’autre, il m’est parfois encore compliqué de relâcher toute la pression auprès de Rosalie, de lui partager tout ce qui a tendance à bouillonner trop rapidement dans mon esprit. J’ai besoin d’une seconde pour trouver mes mots, pour ne pas mettre en œuvre mes mécanismes de défense et transférer ma colère sur ses épaules de manière déraisonner. On apprend, à chaque battement, en ajustant nos pas. Je souffle et elle s’impose dans ma bulle, ne laissant aucun espace entre nous, ses mains contre mes joues m’ancrant dans la réalité qu’est notre couple. « Je peux suivre toutes les recommandations du médecin, prendre mes vitamines prénatales, ralentir le rythme si ça peut te garder tranquille. » - « S’il te plaît… » que je murmure lentement sans jamais déloger mon regard du sien. « Je peux prendre soin de moi Wyatt. Mais laisse-moi prendre soin de toi aussi, s’il-te-plaît. » Elle n’en demandait pas énormément, mais c’est tout ce que je n’ai jamais su faire : partager un fardeau. « Pense pas une seule seconde que t’es tout seul pour faire face aux crises de ta cousine ou pour être présent auprès de ta mère. » Mon instinct premier serait de la contredire, de lui rappeler que j’ai toujours géré seul, que je pouvais le faire encore une fois, qu’il ne fallait pas qu’elle s’inquiète. « Je te le promets, t’as pas besoin de tout géré. » Au travers de son regard se transmet toute sa force de conviction, tout ce qu’elle me répète depuis des mois et que je ne voulais entendre jusqu’à présent. Un soupir m’échappe tandis que je baisse la tête, venant poser mon front contre son épaule, cachant mon visage de son regard pénétrant. La main de Rosalie se glisse dans mes cheveux, appuyant de manière silencieuse, le moindre de ses mots. Elle sera là, quoiqu’il arrive et je me dois de lâcher prise.
Ma respiration se fait difficile, mes yeux devenant humides, les émotions se mélangeant alors que j’encaisse peu à peu le contrecoup de l’annonce que venait de me faire ma mère. La réalisation me heurte de plein fouet, qu’importe ce que je pourrais bien planifier et chercher à anticiper, ma mère est malade et personne ne pourra nous dire ce qui adviendra désormais. Il me faudra une minute ou deux avant de me redresser, évitant le regard de Rosalie pour mieux venir plaquer mes lèvres contre les siennes, un merci silencieux à tout ce qui venait de se dérouler entre nous. Dans un mouvement peu fluide et nous demandant un peu de contorsion, on finit par s’allonger sur le canapé, Rosalie allongée contre mon torse. C’est plus facile lorsque son regard n’est plus rivé sur moi, je me sens moins stresser quand mes doigts peuvent se glisser le long de son dos et que son souffle chatouille ma nuque. C’est bien plus simple de lâcher prise quand je peux fixer mon regard sur le plafond. « Je peux pas vivre tout ça encore une fois. » Je n’ai jamais oublié tout ce qui était arrivé à ma tante. La chimiothérapie qui l’avait obligée à se raser la tête, les heures passées à dormir sans pouvoir sortir de chez elle, sa personnalité rayonnante qui s’effaçait au fur et à mesure des traitements. « Je sais pas comment faire. » que j’avoue enfin à demi-mot. Pour une fois, je ne suis pas sûr d’être capable de gérer sans flancher. |
| | | | (#)Sam 24 Juin 2023 - 14:04 | |
| « Pour rien?! » Les mots sont mal choisis et évidemment, il se concentre pleinement sur ce que tu ne voulais pas dire. Tu le sens qui s’impatiente, qui contrôle de moins en moins le tourbillon d’émotions qui le tourmente et tu as beau vouloir faire tous dans les règles, tu sens que la situation t’échappe peu à peu et tu détestes ça. « Tu comprends pas… » « Non, je comprends pas complètement, mais j’essaye Wyatt. Je te jure que j’essaye. » Tu l’implores presque, parce que tu as besoin qu’il sache que tu ferais absolument tout et n’importe quoi pour partager le poids qui l’encombre en ce moment. Parce que pour une fois, tu veux qu’il saisisse qu’il n’est pas tout seul pour gérer avec les conséquences de la maladie de sa mère. Tu es prête à encaisser sa colère ou son désespoir, prête à prendre sur toi la moindre de ses réactions ne serait-ce que pour qu’il se vide le cœur une bonne fois pour toute, mais tu préférerais grandement qu’il te dise tout en sachant que tu ne bougerais pas, que tu l’épaulerais peu importe plutôt que de le voir essayer de te repousser et tout prendre sur lui comme il a trop souvent eu l’habitude de le faire par le passé. Tu le vois, le poing qui se serre contre sa cuisse lorsque tu mentionnes la réalité qu’Ariane a laissé derrière elle, tu n’as pas besoin qu’il te le dise pour voir à quel point il est déchiré, à quel point la nouvelle de la maladie de sa mère le confronte à des problèmes qui reposent sous le tapis en temps normal, mais qui ne sont jamais complètement réglés. L’absence d’Ariane était l’exemple parfait de cela. Ne pas la voir au mariage de Sara avait été le rappel des choix qu’elle avait fait et que de toute évidence, rien ni personne ne pourrait la convaincre de remettre les pieds à Brisbane, même si cette réalité n’était pas facile à accepter pour tout le monde. « Elle veut la voir. » Tu ne peux pas blâmer Sara pour ça. Toute mère veut avoir ses enfants près d’elle, le contraire va tout simplement à l’encontre du fonctionnement humain et d’ajouter la maladie dans le mix ne fait qu’augmenter ce besoin, tu n’en doutes pas un seul instant. Mais le devoir de la retrouver et de la ramener à Brisbane ne peut pas tomber sur les épaules de Wyatt, c’est plus qu’il est en mesure d’encaisser et s’il ne saurait le verbaliser, tu vois son visage qui se brise et qui te le confirme, abîmant ton cœur au passage. « J’ai plus envie de la chercher. » Tu hoches doucement la tête, pour lui confirmer que tu comprends, qu’il n’est pas obligé de le faire, peu importe ce dont il est convaincu. « Laisse-moi prendre le relais. Laisse-moi faire ça pour toi. » Tu n’as pas la moindre idée de comment t’y prendre, ni même s’il y a vraiment un but à cette recherche puisque de toute façon, la Parker n’a pas envie d’être trouvée, mais si cela peut lui enlever un poids, si cela peut lui donner de quoi respirer un peu moins lourdement au travers de tout ça, alors tu es prête à tenter de le faire, peu importe la manière.
La demande de Wyatt est claire, elle est tout ce qu’il y a de plus simple. Il a besoin que tu prennes soin de toi alors que le reste de son monde s’écroule à ses pieds et tu peux faire ça pour lui, tu peux faire tout ce qu’il faut pour t’assurer que ta grossesse se déroule sans accroc comme tu peux faire en sorte que tout roule aussi simplement que possible à la maison, avec Gabriel, tout et n’importe quoi pour lui assurer autant de paix d’esprit que possible. Tu peux lui faire toutes les promesses du monde, s’il accepte de baisser les armes, de faire tomber les rambardes autour de lui, s’il promet à son tour de partager le poids du monde sur ses épaules avec toi, pour que tu puisses t’occuper de lui comme il ne cesse de s’occuper de tout ceux qui lui tienne à cœur. Ta demande est rencontrée dans un silence qui pèse soudainement autour de vous, mais jamais tu ne lâches son regard, tes doigts s’enfonçant avec un peu plus de conviction, mais il t’échappe le Parker, cachant son visage contre ton épaule alors que tes mains glissent dans ses cheveux. Vous ne bougez plus pendant quelques secondes, quelques minutes peut-être, et le monde s’arrête complètement lorsqu’il relève la tête simplement pour mieux venir t’embrasser, vos lèvres se retrouvant comme un crash qui se veut complètement inévitable. Tu insuffles absolument tout ce que tu peux dans ce baiser, tout l’amour que tu as pour lui, tout le support que tu veux lui offrir. Le baiser s’arrête aussi abruptement qu’il a commencé, et tu te laisses faire quand Wyatt s’allonge sur le divan, s’arrangeant pour te faire une place contre lui. Tes doigts caressent son torse, et tu entends presque la tempête de pensée qui le mitraille alors que le silence persiste dans le salon. « Je peux pas vivre tout ça encore une fois. » Tu fermes les yeux avec force, détestant le fait que tu ne puisses pas le protéger de ce qui allait se passer. « Je sais pas comment faire. » « Une journée à la fois. » que tu murmures doucement contre lui, te retenant de lever la tête pour le regarder. « On va tout faire pour ta mère, ok? Les meilleurs traitements, les meilleurs spécialistes, les meilleurs supports. » Tu ne connais pas encore les détails, mais ça n’a pas d’importance. Le plan de match reste le même. Sara n’est pas toute seule, Wyatt non plus. Tu es prête à utiliser toutes tes connexions, supplier tes parents même pour de l’aide si ça veut dire sauver la mère de l’homme que tu aimes. « Parle-moi de Cassie. Raconte-moi des bons souvenirs. » Tu veux savoir ce qu’il a vécu, ce par quoi il est passé avant, mais tu ne veux pas juste savoir le mauvais, le difficile et le douloureux. Tu veux connaître les bons moments, ceux auxquels il s’accroche encore même après toutes ces années. Tu veux lui rappeler que même dans la pire des journées, il y a encore des traces de lumière. |
| | | | (#)Sam 8 Juil 2023 - 12:17 | |
| Tout se résumait toujours aux liens bancals qui régissaient ma famille, cette relation tardive avec ma mère, cette dépendance que Leo avait envers nous et l’absence hurlante d’une sœur qui n’en avait jamais rien eu à faire du clan familial. Chaque problème venait prendre racine dans ces liens tordus de ceux que personne ne peut comprendre tant qu’ils ne sont pas pleinement impliqués dans la dynamique tordue des Parker. Beaucoup d’autres auraient abandonné depuis longtemps l’idée même d’avoir des nouvelles d’Ariane, je m’étais juré d’arrêter de me saigner pour rien, mais tout venait de changer, encore une fois. L’obsession allait reprendre que je le veuille ou non, qu’importe si ma vie s’était bien remplie depuis son départ, elle restait ma sœur, un lien qui ne peut s’atténuer du jour au lendemain, malgré les déceptions. Je ne voulais plus courir après un fantôme, mais je ne me voyais laisser notre mère dans le flou, sans même le moindre signe de vie de sa propre fille. « Laisse-moi prendre le relais. Laisse-moi faire ça pour toi. » Un léger sourire vient étirer la commissure de mes lèvres face à la dévotion de Rosalie. L’un comme l’autre, nous sommes conscients qu’il sera impossible de contacter Ariane, mais pour une fois, elle semble ne pas vouloir descendre mes idées et je lui en suis pleinement reconnaissant. « Merci Rosie. » Ce n’est pas grand-chose, une promesse dans le vide, mais quelque chose qui compte malgré tout dans cette journée ou tout semble partir en vrille.
Il est plus simple de s’allonger sur le canapé, éloignant mon visage du regard inquisiteur de Rosalie, capable de lire entre la moindre de mes réactions. Je n’ai jamais su être vulnérable devant les autres, mais tout paraît différent quand elle s’accroche à me répéter qu’elle sera là durant toutes les étapes, quoi qu'il arrive, qu’importe ce que je pourrais dire. Elle sait déjà que rien ne sera facile, que je finirais par me renfermer à un moment où un autre, trop pris par le tourbillon d’émotions négative, trop inquiet pour voir les choses de manière claire. Ce soir pourtant, Rosalie s’évertue à me répéter que je ne serais plus jamais seul dans ce genre de processus et s’il m’est encore compliqué d’accepter l’idée pleinement, sa présence, allongée contre moi, apparaît déjà comme un pouvoir calmant. « On va tout faire pour ta mère, ok? Les meilleurs traitements, les meilleurs spécialistes, les meilleurs supports. » J’ai déjà dû lui faire promettre d’aller voir un véritable médecin et de ne pas seulement se baser sur les dires des amis de Rain, tous accrocs aux plantes et à la médecine chinoise. « Tu crois que ta sœur pourrait nous recommander quelqu’un ? » L’entente n’a jamais été pleinement cordiale avec Nina, mais elle travaille dans le meilleur hôpital de la vie et son fiancé est un futur neurochirurgien ou une connerie pédante dans le genre, elle doit bien pouvoir nous aiguiller un peu. Il doit bien y avoir plus d’un oncologue dans cette ville, alors comment savoir si on ne tombe pas sur un charlatan ? Une fois encore, mon cerveau s’élance dans un listing de tout ce qui pourrait mal tourner, m’entraînant dans une nouvelle spirale infernale qui cherche peu à peu à me déconnecter de la réalité.
Entre mes bras, je sens Rosalie se tortiller pour trouver une position confortable, avant que ma main ne vienne se glisser le long de son ventre à peine arrondi. « Parle-moi de Cassie. Raconte-moi des bons souvenirs. » Surpris par sa demande, il me faut quelques secondes pour trouver quelque chose à dire sur ma tante. « Leo est la copie conforme de sa mère, physiquement. » Parfois, c’était ce qu’il y avait de plus compliqué, de voir à quel point ma cousine ressemblait à sa mère, mais cela donnait au moins une idée à Rosalie. « Elle avait un rire… » Je ne peux m’empêcher de ricaner en repensant à cela. « Honnêtement je saurais pas te le décrire, un truc entre le rire de phoque et un rire de cochon. » Le genre de rire que l’on entendait à l’autre bout de la pièce et qui rendait les fous rires incontrôlables. « Je te jure t’aurais eu honte parce qu’elle était toujours en train de rire ma tante. » Chaque souvenir en sa compagnie s’apparentait à l’un de ses éclats de rire, empli de vie et d’étincelles. « C’est elle qui était la plus passionnée de littérature. » Si ma mère aime les livres, ma tante avait une tout autre approche de ce monde fait d’idées lunaires et de phrases alambiquées. « Elle est la première personne à qui j’ai montré mes écrits et c’est elle qui m’a poussé à poursuivre cette voie. » Ma tante était ma première fan, elle demandait toujours à lire un bout de mes écrits et elle est l’une des rares personnes à qui je laissais mes carnets sans aucune crainte. « Elle n’a jamais eu la vie facile, mais elle voyait le positif dans n’importe quelle situation, elle avait toujours le sourire même quand elle était au plus mal. » C’est avec un pincement au cœur que je pense à elle régulièrement, surtout lorsque je vois Leo se perdre sans jamais réellement trouver son chemin. « Elle me manque souvent, j’aurais adoré lui parler de Gabriel, je suis persuadé qu’elle aurait été gaga dès la première seconde. » Oh ! elle aurait jugé notre relation avec Rosalie, elle m’aurait rappelé que je ne pouvais pas jouer au con, que je devais prendre mes responsabilités. Cassie aurait été la première à me secouer parce qu’elle avait été à la place de Rosalie, la femme enceinte et seule. « Elle avait le même caractère que toi, vous auriez fait de ma vie un enfer à deux. » que je plaisante, imaginant sans mal ma tante se liguer contre moi avec Rosalie comme meilleure des alliées. « Et surtout elle était si proche de sa sœur. Du moment où on est revenu en Australie, elles étaient constamment ensemble. Il ne se passait pas une journée sans qu’elles s’engueulent, mais il fallait jamais se mettre au milieu des deux sœurs. » Et jamais ma mère n’évoquait Cassie depuis son décès, comme si elle avait décidé de garder jalousement pour elle la mémoire de sa sœur. « C’est quand elle est… Partie. » Je n’avais jamais vraiment su dire mieux. « Quand on l’a perdu tout à commencer à partir en vrille. » Ma mère était triste sans jamais vouloir le laisser percevoir, Leo était devenue ingérable, Ariane également et tout à commencer à vriller plus fort encore… « T’as encore le droit de fuir, parce que la chance ça ne rime pas vraiment avec Parker. » Je cherchais à plaisanter quand la réalité résidait dans cette affirmation, on n’avait jamais réellement eu de chance en grandissant et parfois il m’arrivait encore de retenir ma respiration à l’idée qu’une énième merde allait nous tomber sur le coin de la tête. |
| | | | (#)Ven 1 Sep 2023 - 2:56 | |
| « Tu crois que ta sœur pourrait nous recommander quelqu’un? » La dernière chose que tu veux faire ça, c’est impliqué Nina dans tout ça, mais pour Wyatt, pour Sara, tu es certainement prête à piler sur ton égo et inclure ta sœur ne serait-ce que pour la chance d’avoir les meilleurs médecins et toutes les alternatives possibles. Tu approuves d’un léger hochement de la tête. « Si quelqu’un peut nous trouver les meilleurs spécialistes, c’est Nina. » Tu essayes de le rassurer, de te rassurer. Que même si la mère d’Eleonora est décédée de cette maladie, cette même fatalité n’attend peut-être pas Sara. Tu as besoin d’y croire, parce que le contraire est tout simplement inimaginable. Wyatt est toujours tendu contre toi et tu détestes ne pas avoir les mots, ne pas avoir le remède contre cette douleur qui l’accable présentement. Alors à défaut de pouvoir faire disparaître la noirceur, tu essayes d’emmener un peu de lumière. Des doux souvenirs, de celle qui est partie trop vite. De celle dont la maladie a laissé un trou dans le cœur des Parker, celle dont on ne parle jamais trop, son absence se faisant toujours ressentir même après toutes ces années. « Leo est la copie conforme de sa mère, physiquement. » Tu ne peux même pas imaginer ce que ça doit être pour Sara de voir tant de sa sœur chez sa nièce. Ou ce que ça doit être pour Leo qu’on lui rappelle combien elle ressemble à sa mère. « Elle avait un rire… Honnêtement, je saurais pas te le décrire, un truc entre le rire d’un phoque et le rire d’un cochon. » Ton rire joint celui de Wyatt, incapable de réellement te l’imaginer. « Je te jure t’aurais eu honte parce qu’elle était toujours en train de rire ma tante. C’est elle qui était la plus passionnée de littérature. Elle est la première personne à qui j’ai montré mes écrits et c’est elle qui m’a poussé à poursuivre cette voie. » Ton cœur se serre d’entendre toute l’importance qu’elle avait eu sur le chemin choisi par Wyatt, chemin que tu avais toi-même déraillé pendant des années. Tu refuses de penser à tout cela toutefois, tes doigts caressant les siens pour l’encourager à continuer de te parler d’elle. « Elle n’a jamais eu la vie facile, mais elle voyait le positif dans n’importe quelle situation, elle avait toujours le sourire même quand elle était au plus mal. » « Ça a pas dû être facile, de la voir comme ça. » que tu murmures doucement, redoutant déjà le jour où ce serait Sara maintenant, qui allait être au plus mal si sa maladie s’annonçait aussi fracassante que celle de sa sœur. « Elle me manque souvent, j’aurais adoré lui parler de Gabriel, je suis persuadée qu’elle aurait été gaga dès la première seconde. Elle avait le même caractère que toi, vous auriez fait de ma vie un enfer à deux. » Tu lui donnes un léger coup de coude contre les côtes à ce commentaire, appréciant toutefois le fait que Wyatt parvenait à rester léger malgré le sujet de conversation lourd et émotif. « Et surtout elle était si proche de sa sœur. Du moment où on est revenu en Australie, elles étaient constamment ensemble. Il ne se passait pas une journée sans qu’elles s’engueulent, mais il fallait jamais se mettre au milieu des deux sœurs. » Tu retiens un commentaire comme quoi cette relation devait être étrangement semblable à celle entre Wyatt et Ariane, mais la dernière chose que tu veux c’est ramener l’existence, mais surtout l’absence de sa sœur sur le tapis. « C’est quand elle est… Partie. Quand on l’a perdu tout à commencer à partir en vrille. » « C’était avant la prison, c’est ça? » Avant que tu ne le rencontres, avant même que tu ne fasses la connaissance d’Ariane. Tu oublies parfois, que vous avez vécu toute une vie, Wyatt et toi, chacun de votre côté avant que vos chemins ne viennent à s’entremêler. « Je suis désolée. » que tu souffles une fois encore, parce que même si les mots sont inutiles, ils n’en sont pas moins sincères. Comme tout l’amour que tu lui insuffles lorsque tes lèvres viennent se poser délicatement contre les siennes. « T’as encore le droit de fuir, parce que la chance ça ne rime pas vraiment avec Parker. » Tu secoues la tête vigoureusement, refusant que l’idée ne germe dans son esprit, pas même dit sur un ton de plaisanterie. « Essaye même pas Parker, il est beaucoup trop tard pour te débarrasser de nous maintenant. » De toi, de Gabriel, de ce petit bébé dont la présence ne se fait pas encore ressentir, même si cela ne saurait tarder. C’est une promesse silencieuse que tu lui fais lorsque tu changes votre position actuelle pour te retrouver à califourchon sur lui, accaparant ses lèvres dans un baiser plus franc et plus électrique cette fois, de ceux qui ont toujours su vous faire perdre la carte. « Laisse-moi m’occuper de toi, ok? » que tu plaides entre deux baisers, tes doigts se faisant de plus en plus insistants contre lui, le besoin de chasser tout le reste de son esprit primordial, ne serait-ce que pour quelques heures. |
| | | | | | | | (craker #30) stumbling in the dark |
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